Déclaration de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle 2007, au Grand journal de "Canal Plus" le 8 mars 2007, sur quelques-unes de ses préoccupations, telles le dialogue social, les disparités homme femme dans le monde du travail, les intermittents du spectacle.

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Circonstance : Ségolène Royal, invitée et rédactrice du Grand Journal sur Canal Plus le 9 mars 2007

Média : Canal Plus

Texte intégral

Ségolène Royal
Bonjour. Je suis Ségolène Royal, rédactrice du Grand Journal de Canal+ et pour m'aider, j'appelle maintenant Michel Denisot, Frédéric Beigbeider et Ariane Massenet.
Michel Denisot
Bonsoir et merci d'accepter d'être rédactrice en chef de ce journal dont vous avez choisi les invités. On va retrouver bien entendu nos rendez-vous.
Ariane Massenet
J'aurais aimé que vous m'annonciez en premier quand même, en tant que Journée de la femme.
Michel Denisot
On va y venir.
Frédéric Beigbeder
Tu es un peu mégalo, toi.
Ariane Massenet
Bien sûr, la fille qui se la pète.
Frédéric Beigbeder
C'est la rédac' chef, c'est la rédac' chef.
Michel Denisot
L'ont déjà fait François Bayrou et puis la semaine dernière Nicolas Sarkozy. C'était assez détendu, convivial, c'est le principe de cette émission. Regardez sa dernière phrase, c'était la semaine dernière.
Extrait de l'émission avec Nicolas Sarkozy :
Nicolas Sarkozy
Ségolène, bon courage !
Michel Denisot
Voilà ! Vous êtes la première femme à occuper ce siège, qui est d'habitude le mien. C'est aujourd'hui la Journée de la femme. Qu'est-ce que cela veut dire pour vous, la Journée de la femme ?
Ségolène Royal
D'abord, c'est le moment chaque fois de faire la pause et le bilan des choses et de se dire qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour que l'égalité réelle soit acquise entre les hommes et les femmes. Par exemple, il y a encore en France 30 % d'écart salarial à qualification égale entre un homme et une femme. Là, on se dit que le pacte social est rompu et qu'il va falloir des réformes en profondeur pour que cela change. On voit aussi que ce sont les femmes qui subissent le plus durement la précarité. 80 % des travailleurs précaires sont des femmes. Celles qui subissent le chômage à temps partiel sont des femmes. Celles qui sont les moins qualifiées sont des femmes et pourtant, ce sont elles qui ont le plus de difficultés à accéder à la formation professionnelle. Je crois qu'il faut des changements profonds, des réformes profondes puisque la France a besoin du talent de tous pour se redresser et pour se moderniser. D'ailleurs, tout à l'heure je donnerai la parole à une ouvrière de Moulinex et à un chef d'entreprise qui fait de l'égalité salariale et l'investissement dans la valeur sociale une des clés de voûte de sa productivité.
Michel Denisot
Et vous avez invité beaucoup de femmes sur le plateau de ce soir. Jean-Michel Aphatie est dans la loge et il vous observe jusqu'à 20 heures 30, tout comme Thomas Ngijol. Salut Jean-Michel et Thomas ! Tout à l'heure, il viendront nous rejoindre ; Thomas dans son registre que vous connaissez, il fait partie du Jamel Comedy Club, et puis Jean-Michel qui fera une analyse politique de votre prestation de ce soir à la fin de cette émission. Vous avez choisi, c'est la règle aussi, vos images d'actualité. La première, ce sont des images d'Airbus et des manifestations de la semaine dernière.
Frédéric Beigbeder
Comme Sarkozy.
Ségolène Royal
Oui, parce que je crois que cette image prouve qu'il n'y a pas de fatalité, qu'il était possible de faire autrement et que les salariés aujourd'hui veulent comprendre ce qui se passe et les pouvoirs publics aussi. Je crois qu'il est possible de construire une autre France, une France qui fait en sorte que le dialogue social soit aussi une source d'efficacité économique. Les salariés que j'ai rencontrés à Pau m'ont dit qu'ils avaient appris les mauvaises nouvelles de façon très précipitée par rapport au moment où la décision est prise. Moi, je crois que comme dans les pays du Nord de l'Europe, si le dialogue social est plus efficace en amont, c'est-à-dire si à la fois les pouvoirs publics, le patronat et les organisations syndicales ont la capacité de regarder ensemble les mutations d'une entreprise, ont la capacité de donner à l'entreprise l'agilité dont elle a besoin, cela ne peut se faire que s'il y a un respect mutuel. Lorsque des salariés dans une entreprise ne sont pas respectés, alors l'entreprise forcément ne va pas bien.
Michel Denisot
Et qui peut sauver l'entreprise ?
Ségolène Royal
D'abord l'Etat peut sauver Airbus puisque l'Etat est un actionnaire dans cette entreprise et force est de constater que pendant plusieurs années, pendant ces 5 dernières années, il n'a pas joué son rôle d'actionnaire. L'Etat, moi tel que je le conçois, c'est un Etat fort qui est capable d'anticiper les coûts économiques de la concurrence et donc qui est capable aussi de donner les moyens à une entreprise dans laquelle il est actionnaire, les moyens d'anticiper ces mutations, d'investir dans la recherche, d'investir dans le capital humain pour que la France garde sa filière aéronautique. Aujourd'hui, je crois que les choses ont bougé puisqu'il y a quelques semaines, les dirigeants actuels de notre pays disaient qu'il n'était possible de ne rien faire et nous avons bougé. Les régions ont proposé même de rentrer au capital et donc, le gouvernement a bougé et aujourd'hui ils ont changé d'avis et ils disent qu'enfin l'Etat va pouvoir faire quelque chose. Je m'en réjouis mais il va quand même falloir surveiller que ces déclarations correspondent bien aux actes qui vont suivre. En tout cas, moi je crois que cela prouve qu'il faut regarder le développement économique autrement et surtout, s'occuper des entreprises sous-traitantes dont on ne parle jamais mais qui, aujourd'hui, sont très gravement déstabilisées.
Michel Denisot
L'autre image que vous avez choisie, c'est le salon de l'agriculture. Vous y allez quand ?
Ségolène Royal
J'y vais samedi matin. Vous savez, depuis 15 années je suis élue d'une circonscription rurale dans les Deux Sèvres et présidente d'une région agricole. Je dois dire que mes plus grandes joies d'élue, c'est quand j'ai fait avancer l'agriculture qui est un secteur moderne, c'est cela que je voudrais dire. C'est qu'il y a à la fois une nostalgie d'une France rurale qui a disparu et en même temps, il y a une nouvelle France rurale moderne qui se lève grâce à la qualité et grâce à l'exigence des consommateurs d'accéder...
Frédéric Beigbeider
Le Chabichou.
Ségolène Royal
Merci, je n'osais pas le dire !
Michel Denisot
Et le Pinot !
Ségolène Royal
Vous savez, cela fait 15 ans que j'ai effectivement crée avec les éleveurs de chèvre l'appellation d'origine contrôlée du Chabichou : c'était visionnaire à l'époque. Personne ne pensait que c'est en défendant les marques de qualité, les labels, que l'agriculture s'en sortirait, et aujourd'hui c'est le cas. Là où il y a de la valeur ajoutée, c'est quand l'agriculture produit de la qualité et la France est une des premières puissances agricoles et en même temps, il faut continuer cette mutation pour que l'agriculture soit aussi protectrice de l'environnement.
Ariane Massenet
Faites attention samedi matin à ne pas trop (mime le geste de boire).
Ségolène Royal
Oui !
Michel Denisot
On enchaîne avec une autre photo, de Yann Arthus-Bertrand sur le réchauffement de la planète.
Ségolène Royal
Oui.
Michel Denisot
Pourquoi ?
Ségolène Royal
Voyez la montée du niveau des eaux, la fonte des neiges, la disparition de la biodiversité. J'étais récemment avec Yann Arthus-Bertrand pour donner des Prix à des lycéens qui avaient mis en place dans leur lycée des projets de protection de l'environnement. Je crois qu'il a tiré la sonnette d'alarme et je crois que, là aussi, il est possible de faire autrement. Il est possible d'économiser l'énergie, il est possible de lutter contre le réchauffement planétaire et j'ai l'intention de le faire.
Ariane Massenet
Vous faites des gestes écolo au quotidien ?
Ségolène Royal
Ce n'est pas seulement au quotidien bien sûr.
Ariane Massenet
Par exemple ?
Ségolène Royal
Je crois que je lutte contre le gaspillage de l'énergie, le gaspillage du papier. J'ai appris toute petite, moi, à lutter contre les gaspillages et je crois qu'en revenir à une forme de consommation sobre et un Etat modeste, c'est aussi donner l'exemple. Très concrètement, cela voudra dire que par exemple, je ferai en sorte que plus aucun permis de construire ne soit délivré s'il n'intègre pas dès le départ les énergies renouvelables - le bois, les énergies solaires, l'énergie éolienne. Je crois qu'on peut le faire et aujourd'hui, l'Europe propose de faire en sorte que dans le bouquet énergétique, il y ait 20 % d'énergies renouvelables. Derrière, ce sont des filières de développement économique non délocalisables en plus, ces emplois, dans toutes ces énergies qui sont des énergies du futur.
Michel Denisot
Le temps passe vite. On a beaucoup de temps, on est ensemble jusqu'à 20 heures 50 mais il y a beaucoup de choses. Vous avez prévu beaucoup de choses, deux photos de femmes dans des registres très différents : Angela Merkel et Maud Fontenoy. On commence par Angela Merkel que vous avez rencontrée il y a peu de temps.
Ségolène Royal
Oui, j'ai rencontré Angela Merkel. Nous avons eu un échange très, très chaleureux. Nous avons échangé aussi les épreuves des campagnes électorales. Elle me racontait par exemple qu'une fois élue, il y avait encore un doute sur sa capacité et sur sa compétence.
Michel Denisot
Il y a une solidarité des femmes de pouvoir ?
Ségolène Royal
Oui. Oui parce que je pense que nous subissons des attaques qu'aucun homme ne subit et qu'il y a toujours un doute sur notre capacité à exercer le pouvoir. C'est tellement effectivement révolutionnaire que de se dire qu'il n'y a pas d'incompétence et que les cerveaux - entre le cerveau d'une femme et le cerveau d'un homme, comme le dit une célèbre anthropologue dont je choisirai le livre tout à l'heure - sont les mêmes, même si bien sûr il ne s'agit pas de gommer les différences. Mais je crois, oui, qu'il y a une complicité parce qu'on sait que c'est très dur et que nous devons faire deux fois plus nos preuves et que rien ne nous est épargné.
Michel Denisot
Maud Fontenoy ?
Ségolène Royal
Maud Fontenoy, je suis subjuguée. J'ai assisté au départ de sa course en solitaire. C'est extraordinaire que cette femme frêle, seule là au milieu de l'océan pour piloter son bateau avec une énergie farouche - et d'ailleurs, le point commun des invités du Grand Journal que j'ai choisis, c'est cela. Ce sont des hommes et des femmes d'une volonté farouche qui, à un moment, ont pris leur destin en main et se sont dit : 'C'est possible', et qui ont refusé la trace ou l'assignation du destin qui leur était tracé. Ils ont dit : 'Non, on va essayer de faire autrement'. Moi je voudrais - cela, c'est le coeur de la politique et de mon pacte présidentiel. Que tous les Français, tous les hommes et les femmes puissent se dire à un moment : 'Ce destin m'est tracé, bien je dis non et je décide de faire autre chose et de déployer la totalité de mes talents et de mes compétences'. C'est cela qu'on va voir...
Ariane Massenet
Juste un mot. Est-ce qu'une campagne présidentielle, cela peut être un exploit sportif pour faire le parallèle avec Maud Fontenoy ? Est-ce que vous pensez que cela serait aussi dur que cela, une campagne présidentielle ?
Fréderic Beigbeder
Il reste 45 jours.
Michel Denisot
45 jours, c'est long.
Ariane Massenet
Juste votre point de vue là-dessus.
Michel Denisot
Parce que c'est vrai que c'est 45 jours avec des changements de scénarios. C'est vrai qu'on est, j'allais dire, saoulé de sondages quotidiens. Aujourd'hui il y a des sondages ; il y a deux sondages aujourd'hui et ces deux sondages font donc apparaître François Bayrou comme étant non plus un troisième homme mais - il y avait deux candidats, deux échappés, et maintenant les deux échappés sont trois. Quel est votre point de vue ?
Ségolène Royal
Mais c'est l'histoire d'une campagne présidentielle qui est en train de s'écrire. Il y a encore plus d'un électeur sur deux qui sont indécis. Moi, je respecte cette indécision au sens où les Français aujourd'hui observent ce qui se passe et ils ont hâte de confronter les visions, les projets, les efficacités, les valeurs aussi des candidats qui se présentent à eux. Ils n'ont pas encore voté.
Michel Denisot
Est-ce que ce resserrement vous inquiète ?
Ségolène Royal
Non, ce resserrement ne m'inquiète pas au sens où pour mener une bataille comme celle-ci, vous savez, il ne faut pas être touché par l'inquiétude et en même temps, j'en déduis qu'il y a un travail considérable encore à faire, que je fais, de la vision que j'ai de la France, des valeurs que je défends. Pourquoi je crois qu'il faut des réformes en profondeur ? Pourquoi je veux incarner ce changement profond dont la France a besoin ? Moi, je crois qu'il faut qu'il faut que la France sorte des logiques d'affrontement qui ont échoué avec la droite sortante. Moi, ce que je propose, ce sont des cercles vertueux, c'est-à-dire des compromis sociaux, du respect mutuel, que chacun a sa place maîtrise son destin et donc, que le chef de l'Etat et les pouvoirs publics ont la responsabilité, notamment à gauche, de donner à chacun les mêmes possibilités d'accomplir sa vie et de transmettre les valeurs à la génération qui vient. Autrement dit, c'est en mettant aussi en place des liens de solidarité pour lutter contre toutes les formes de précarité, ce que j'appelle l'ordre juste, l'ordre social juste, qui met fin à tous les désordres. Et le principal désordre, ce sont les injustices qui démotivent les gens. La principale motivation économique, sociale, culturelle, environnementale, c'est si chacun a la conviction que les mêmes règles sont appliquées à tous, que les enfants ont les mêmes chances de réussir à l'école - en tout cas, le plus possible ; c'est pour cela qu'au coeur de mon projet il y a aussi l'éducation, le soutien scolaire gratuit, parce que je crois que c'est en donnant ces sécurités nouvelles que la France ira mieux.
Michel Denisot
On va voir tout cela dans le détail. On est ensemble, je le rappelle, jusqu'à 20 heures 50. C'est vous qui êtes rédactrice en chef et présentatrice du Grand Journal ce soir. On va marquer la première page de pub et on va recevoir vos deux premiers invités.
Ariane Massenet
Mais c'est Ségolène Royal qui doit lancer la pub.
Michel Denisot
Allez, la pub.
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Ségolène Royal
J'appelle Marie-Gisèle Chevalier et Thierry Meuriot.
Michel Denisot
Marie-Gisèle Chevalier a été ouvrière chez Moulinex pendant 34 ans mais vous êtes au chômage depuis trois ans et Thierry Meuriot est chef d'entreprise. Vous avez pris la succession familiale de votre grand-père et de votre père et vous avez 1 000 employés dans l'agroalimentaire. Pourquoi les avez-vous invités ?
Ségolène Royal
Je pense que Marie-Gisèle et Thierry Meuriot ont un point commun, c'est-à-dire un autre regard sur la façon dont on pourrait penser en France le développement économique et social. Marie-Gisèle est entrée à l'âge de 17 ans comme ouvrière chez Moulinex. Je l'ai rencontrée lors d'une rencontre avec un groupe de femmes à Caen.
Michel Denisot
C'était le 21 février dernier.
Marie-Gisèle Chevalier, ancienne employée de MOULINEX
C'est cela même.
Ségolène Royal
Elle m'a impressionnée par sa force et son humanité intérieure, parce que ces ouvrières qui ont été laissées sur le carreau, Marie-Gisèle était déléguée syndicale, non seulement a réussi à se redresser humainement, mais en plus...
Marie-Gisèle Chevalier
Je n'ai jamais été abattue.
Ségol??ne Royal
Elle n'a jamais été abattue et en plus, elle a oeuvré pour redresser et pour tenir debout les autres femmes. Et puis Thierry Meuriot a fait de son entreprise une entreprise citoyenne. Il a plus de 1 000 salariés et je crois que ce qui est en dans son entreprise, et si cela avait été mis en place chez Moulinex, peut-être qu'on n'aurait pas connu les dégâts chez Moulinex. puisque s'il y avait un dialogue social, celui que je veux mettre en France par des réformes profondes, un dialogue social, un respect mutuel entre les partenaires sociaux pour voir ensemble comment on sauve une entreprise, comment on l'accompagne dans ses mutations, alors je crois que les choses seraient différentes et beaucoup plus positives. Mais c'est à vous la parole !
Michel Denisot
Marie-Gisèle Chevalier, qu'avez-vous à dire à la candidate Ségolène Royal ?
Marie-Gisèle Chevalier
Je la remercie de m'avoir invitée. On s'est rencontré le 21 février et je lui avais dit que dans un monde de loups, il fallait être une lionne. C'était déjà pour situer les affaires. Je n'ai jamais été docile ni malléable. J'ai 34 ans d'ancienneté dans une entreprise où il y a eu un plan social, il y a eu une liquidation de l'entreprise, plus de 3 000 salariés ont été licenciés. Et c'est avec la rage au coeur quand même - il y a quelques amis qui sont ici, on s'est trouvé liquidés - mais on a aussi combattu pendant des années et des années et Moulinex, ce n'était pas d'hier que cela allait mal, c'était bien avant, dans les années 80.
Michel Denisot
On ne va pas refaire l'histoire de Moulinex, mais je voulais savoir : qu'avez-vous à demander à Ségolène Royal aujourd'hui ?
Marie-Gisèle Chevalier
Très vite. Dès 80, on a dit, on a alerté tout le monde qu'il fallait faire une procédure d'alerte : on n'a pas été suivi. Il y a eu un certain nombre de gâchis.
Ségolène Royal
C'est très important, cela.
Marie-Gisèle Chevalier
On disait aussi il faut faire la gestion des compétences. La gestion des compétences, cela n'a jamais été fait. On a dit beaucoup de choses, on a été en dépôt de bilan le 11 septembre, 3 000 licenciements. 11 septembre, le dépôt de bilan, le 19 novembre nous avions nos lettres. 11 septembre le dépôt de bilan, le 22 octobre déjà tout était fait. Seb avait repris l'entreprise.
Ariane Massenet
Il y a beaucoup d'hommes qui ont retrouvé du boulot.
Marie-Gisèle Chevalier
Beaucoup d'hommes ont retrouvé du travail, très peu de femmes.
Michel Denisot
Très vite.
Marie-Gisèle Chevalier
Vous voyez, les délais ont été très courts pour réaliser les choses. Il faut absolument que les tribunaux du commerce, il faut impérativement qu'il y ait des modifications, que vous ayez 5, 10 ou 10 000 licenciements, on a le même tempo au niveau de la justice.
Ariane Massenet
De quoi vous vivez aujourd'hui, Marie-Gisèle ?
Marie-Gisèle ChevalierMoi, je suis en allocation amiante. J'ai travaillé dans une entreprise où il y avait des produits à base d'amiante, donc aujourd'hui je suis en allocation amiante. Je perçois 1 044 euros.
Frédéric Beigbeider
Thierry, est-ce que vous allez embaucher Marie-Gisèle immédiatement ?
Thierry Meuriot, chef d'entreprise
Cela se pourrait, on est embauche.
Ségolène Royal
Ils ne sont pas dans la même région.
Thierry Meuriot
Elle est dans une région un peu plus lointaine.
Frédéric Beigbeider
Je croyais que c'était cela, le dialogue social. Pardon !
Thierry Meuriot
Déjà le dialogue social, c'est bien de le construire au sein de son entreprise. C'est déjà une chose pas toujours simple, mais il faut...
Michel Denisot
Qu'est-ce qui est différent dans votre entreprise ?
Thierry Meuriot
Ce qui est différent, c'est que - comment dire ? - par rapport à Moulinex, la différence fondamentale est que l'actionnariat déjà a été stable depuis sa création. C'est-à-dire que l'entreprise a été créée dans les années 1945, c'est une entreprise familiale qui a été dirigée par mon grand-père, ensuite par ma mère. Donc l'égalité homme / femme de ce point de vue-là est tout à fait respectée.
Ségolène Royal
Mais expliquez-nous surtout comment vous faites de la valeur humaine un outil de la productivité de l'entreprise, par rapport à la transparence qui n'a pas eu lieu chez Moulinex. Ce qu'il est important de comprendre, c'est que Moulinex n'aurait jamais dû arriver s'il y avait un autre comportement du patronat et si les salariés avaient été écoutés.
Thierry Meuriot
C'est cela, le dialogue social moderne d'une nouvelle France qui va recréer de la valeur ajoutée parce que le social sera pris à égalité avec l'économique et c'est ce que vous faites dans votre entreprise.
Thierry Meuriot
Ce qui s'est passé, c'est que nous on a connu une période de crise dans les années 99, 2000, 2001.
Michel Denisot
Vous avez repris l'entreprise.
Thierry Meuriot
Je l'ai repris à ce moment-là et ce n'était pas simple. On perdait des clients, il y avait des restructurations nécessaires dans l'entreprise. Ce que l'on a fait, c'est qu'on a été vers les salariés, on leur a tout expliqué de façon tout à fait transparente avec tous les moyens pour qu'ils comprennent les choses. Ce sont des outils, d'ailleurs, qui aujourd'hui perdurent encore. Tous les mois, moi je rencontre les...
Ségolène Royal
Et vous n'avez pas fait de licenciements.
Thierry Meuriot
Non. Il n'y a pas eu de plan social.
Ségolène Royal
C'est-à-dire que malgré la difficulté économique, il n'y a pas eu de licenciements mais il y a eu une remotivation des salariés.
Thierry Meuriot
Oui, oui, oui, une remotivation. Il y a eu la mise en place - on a mis en place l'actionnariat des salariés, l'intéressement, la participation. Je crois que la grosse différence, par rapport à ce qui s'est passé chez Moulinex, c'est que nous, on est une entreprise familiale. Ce qui nous intéresse le plus, c'est de maintenir une entreprise et des emplois dans un territoire. Si des années les résultats ne sont pas là, de ne pas distribuer de dividendes cela ne va traumatiser personne, puisque les actionnaires c'est nous.
Ségolène Royal
Voilà.
Thierry Meuriot
Et nous ce qu'on veut, c'est développer une entreprise.
Michel Denisot
Tous les deux, profitez-en : est-ce que vous avez une question à poser à Ségolène Royal ?
Thierry Meuriot
En fait la question importante aujourd'hui, dans le cadre du prochain quinquennat, à mon sens il faudra favoriser le développement des TPE et des PME parce que c'est celles qui sont créatrices d'emplois et bien souvent, le dirigeant d'entreprise, ses salariés sont pour lui quelque part une seconde famille.
Ariane Massenet
Et vous Marie-Gisèle, qu'est-ce que vous attendez de Ségolène Royal si elle est élue ?
Marie-Gisèle Chevalier
Alors ce qu'on attend de Ségolène Royal, tribunaux du commerce, il faut impérativement que ça change. Les cellules en reclassement, impérativement on ne peut plus vivre ce qu'on a vécu chez Moulinex. Alors il n'y a pas que Moulinex, mais ça c'est impératif, il faut véritablement que les cellules de reclassement, il y ait un autre type de fonctionnement. Il faut savoir que nous dans les cellules de reclassement, ils ont perçu, il fallait adhérer impérativement pour la cellule touche, il n'y a eu aucune offre d'emploi valable au bout du bout, aucune. C'est pourquoi aujourd'hui on a créé des associations. Il y a eu 600 procès, 600 personnes ont attaqué. Il y a encore 250 dossiers en stock, on a créé des associations, plus jamais ça ne doit se reproduire. Et là il faut être imaginatif, inventif, il faut faire un suivi. Et puis aussi un suivi au niveau, que les travailleurs sociaux véritablement, qu'on puisse véritablement avoir affaire à des travailleurs sociaux parce que ça n'a pas été le cas, donc c'est une réforme d'ensemble qu'il faut. Et puis moralisation aussi des salaires, des hauts cadres dirigeants, puis qui a liquidé, neuf mois, neuf mois chez Moulinex, neuf mois, le temps de faire un enfant. Okay. Eh bien il y a eu un ticket d'entrée, 3,77 millions de francs en 2000, ensuite, voilà c'est un scandale, ensuite 60 000 euros par mois et 1,2 millions de créances. C'est un scandale, on ne peut pas continuer.
Ségolène Royal
Tout ça pour liquider les salariés.
Marie-Gisèle Chevalier
On a été liquidé et aujourd'hui les femmes n'ont pas retrouvé d'activité, alors des hommes ont retrouvé de l'activité, les femmes n'ont pas retrouvé d'activité, c'est ce que je disais à Ségolène Royal quand on a pu se rencontrer au mois de février. On ne peut pas continuer parce que le temps partiel, c'est pour nous les femmes, tout est pour nous les femmes, il faut lutter trois fois plus.
Ariane Massenet
Est-ce que vous garderez le contact avec Marie-Gisèle si vous êtes élue présidente de la République, est-ce que vous pouvez vous engager devant nous à garder le contact avec elle ?
Ségolène Royal
C'est même indispensable, d'ailleurs si je les ai rencontré, c'est au nom de la démocratie participative, et c'est parce que j'entends des paroles comme celles-ci que je sais la responsabilité qui est la mienne pour que ça change en profondeur. Et ce que dit Marie-Gisèle comme ce que vous dites, c'est qu'il y en a assez aussi des gaspillages, le fonds publics, le gaspillage dans des cellules de reclassement qui ne fonctionnent pas et qu'il va falloir réformer, en effet pour qu'elles servent vraiment les salariés, que les salariés soient suivis individuellement. Et puis les gaspillages, les aides aux entreprises pour pouvoir les concentrer sur des entreprises comme la votre, si elles ont des besoins d'innovation, de formation professionnelle et qu'on arrête les effets d'aubaine, ou les aides aux grosses entreprises du CAC 40 qui pendant ces dernières années ont reçu des aides, 60 milliards d'aides économiques avec souvent aucune contrepartie en terme d'emploi. Et je crois qu'aujourd'hui le ressort du développement économique, en tout cas c'est comme cela que je vois les choses, c'est s'appuyer sur les moyennes entreprises et les petites entreprises comme celle-ci puisque c'est 60 % de l'emploi et c'est en effet un actionnariat stable lié au territoire, c'est-à-dire soucieux de ne pas délocaliser et soucieux aussi de créer à l'intérieur de l'entreprise un dialogue social de qualité. Donc ça prouve que c'est possible et que le nouveau modèle économique et social que j'appelle de mes voeux, il est déjà en place dans des entreprises qui ne se reconnaissent pas dans le Medef, mais qui tous les jours sont au corps à corps avec les salariés pour défendre l'activité et l'emploi.
Michel Denisot
Merci beaucoup à vous deux d'être venus témoigner sur ce plateau, Thierry Meuriot et Marie-Gisèle Chevalier. On va passer à un autre registre, merci. Et vos prochains invités sont ?
Ségolène Royal
Alors mes prochains invités sont Jeanne Moreau et Cali.
Michel Denisot
Alors vous avez invité une immense actrice.
Ségolène Royal
Immense actrice, la plus grande actrice du monde comme disait Orson Welles...
Jeanne Moreau
Oui à l'époque, il ne faut pas exagérer, il y en a des nouvelles.
Michel Denisot
... qui est très indépendante et un acteur, un chanteur...
Ségolène Royal
Chanteur Cali.
Jeanne Moreau
Grand acteur aussi.
Ségolène Royal
Je crois que l'un comme l'autre aussi, ils ont forcé leur destin et ils sont à la fois de grands artistes, donc ils rayonnent sur la culture, et en même temps ce sont des acteurs engagés aussi dans la citoyenneté et ils comprennent le monde dans lequel nous sommes et ils l'accompagnent. Et ils ont vécu à la fois des, souvent aussi des épreuves d'enfance, je crois l'un comme l'autre, quand on lie leur histoire. Il y avait Jeanne qui racontait qu'elle avait toujours attendu de son père qu'il lui fasse des compliments, c'est beau quand vous racontez ça aussi.
Jeanne Moreau
Vous voyez, j'ai été récompensé avec l'obstination.
Ariane Massenet
Ca a été votre cas, Ségolène Royal aussi que votre père...
Ségolène Royal
Non, non.
Intervenant
Il était autoritaire votre père, il était autoritaire quand même...
Jeanne Moreau
Tu peux être autoritaire mais juste quand même.
Ségolène Royal
Et puis Cali qui m'avait raconté l'histoire de son grand-père aussi, engagé dans les brigades internationales qui avait beaucoup marqué son enfance.
Cali
Oui, oui, il est allé se battre pour Sacco et Vanzetti, il s'est battu contre Franco et mon père est né en Espagne et ils ont vécu la retirade, l'exil et l'accueil dans les camps de concentration en France sur les plages. Donc c'est pour ça que, aujourd'hui l'actualité est assez... toutes ces lois ignobles de Sarkozy sur l'immigration me touchent beaucoup, d'autant plus.
Ariane Massenet
Alors Ségolène, Jeanne Moreau pardon, vous dites un truc sur Ségolène Royal, vous dites, c'est un homme politique comme les autres.
Jeanne Moreau
Non, j'ai dit c'est un personnage politique comme les autres, je n'ai pas dit homme.
Ariane Massenet
J'avais entendu homme.
Jeanne Moreau
Ca a été imprimé, j'ai corrigé le texte, je l'ai écrit, c'est un personnage politique comme un autre...
Intervenant
Tu fais gaffe à ce que tu dis...
Ariane Massenet
Non, mais j'ai entendu un truc très étonnant ce matin sur France Inter dans la revue de presse, dans l'édito d'Hélène Jouan, j'ai entendu que vous vous étiez plainte à plusieurs reprises de mains baladeuses, qu'il y avait eu dans certains meetings...
Ségolène Royal
Ah bon, mais c'est totalement inventé, c'est quoi cette histoire ?
Jeanne Moreau
Moi, je l'ai entendu aussi.
Ségolène Royal
Ah bon.
Ariane Massenet
Et je voulais savoir, un si c'était vrai...
Ségolène Royal
Pas du tout.
Ariane Massenet
Deux, effectivement on se dit qu'il y a quand même du chemin à faire.
Ségolène Royal
Au contraire, non, non il y a un très très grand respect. Mais moi j'ai invité Jeanne aussi parce que c'est la journée des femmes et qu'elle fait honneur à toutes les femmes. Jeanne, merci d'être là.
Jeanne Moreau
Je vous remercie. Je voulais vous dire que je vous trouve épatante et j'ai copié un petit morceau d'un entretien que vous avez donné dans Le Monde du mardi 7. J'aurais pu le traduire, mais c'est tellement bien dit que voilà je trouve ça épatant. " Je ne suis liée à aucun réseau, aucune puissance d'argent, aucun lobby, aucun grand média, aucune grande entreprise. J'ai horreur du gaspillage et du temps perdu. Je n'ai personne à placer et ne doit rien à personne, si ce n'est au peuple français. Je suis d'une indépendance d'esprit total ". Voilà.
Michel Denisot
Cali, quelle question avez-vous à poser à Ségolène Royal ?
Cali
J'ai eu la chance de discuter en privé avec madame Royal et j'ai eu pas de réponses à beaucoup de questions. Mais il y en a une, voilà, je me sens ce soir quand même un petit peu le représentant des intermittents du spectacle...
Jeanne Moreau
Oui...
Cali
Et j'ai quand même une question à vous poser parce qu'aujourd'hui l'intermittence c'est quand même l'aide la plus efficace pour le monde artistique et évidemment il y a un déséquilibre financier, on le sait, mais on sait aussi c'est terrible que c'est du à des abus d'entreprises et des entreprises de télévision, ou des entreprises de production, des entreprises même publiques qui n'hésitent pas à payer comme des intermittents des présentateurs, voilà des réalisateurs, des techniciens, alors que ces gens là ont des contrats à durée déterminée, ont des contrats long terme et évidemment pour ces entreprises, c'est beaucoup plus avantageux de payer les journées de congés ou les jours de repos, de faire payer ça à la collectivité. Mais c'est quand même scandaleux aujourd'hui de voir que ce sont les artistes les plus, qui sont dans la précarité, les plus démunis et qui sont les vrais représentants de la culture en France qui subissent ces abus, ces abus qui sont, on va dire, tolérés. Alors aujourd'hui, enfin ça fait 5 ans quand même que le gouvernement n'a pas fait grand chose, a tourné autour du pot et a fait des mauvaises propositions, et ça fait 5 ans qu'il y a un vivier d'artistes qui est en train de se tarir en France et c'est dramatique et dangereux. Alors ma question est simple, si vous êtes élue, que ferez-vous pour le statut d'intermittent du spectacle ?
Ségolène Royal
D'abord c'est vrai qu'il faut déplorer qu'un système qui fonctionnait bien ait été cassé, même si comme tout système, il a besoin d'être réformé, s'il y a des choses qui ne fonctionnent pas bien, réformons mais ne cassons pas. Donc je reprendrais la discussion avec les organisations des intermittents du spectacle parce je crois qu'il y a un paradoxe assez terrible, d'un côté une société qui a soif de culture, il n'y a pas assez de culture et il faut la mettre massivement dans tous les rouages de la société et de l'autre des artistes qui sont au chômage. Donc il y a quelque chose qui ne va pas. Et je crois que la valeur artistique n'a pas le droit d'être gaspillé. Et moi je veux une société qui intègre à tous les niveaux de l'activité la dimension culturelle. Et donc ce que je veux aussi c'est que les intermittents trouvent du travail, trouvent des activités, que les entreprises de spectacles soient fleurissantes. Et on l'a vu lorsqu'il y a eu les grèves des intermittents, on a vu à quel point la culture était aussi une filière de développement économique, social et culturel très importante, avec beaucoup d'emplois à la clé, des développements des territoires considérables. Je le vois moi avec les Francofolies de la Rochelle par exemple, ça fait vivre la restauration, l'hôtellerie, donc ça crée des emplois secondaires très très importants. Tous les festivals aujourd'hui, partout sur le territoire, les festivals constituent des points d'appui très fort du développement économique. Je ne veux pas dire que la culture ce n'est que le développement économique, mais on a trop souvent marginalisé, ou dénigré, ces aspects culturels que moi je veux les remettre au premier plan d'une dynamique, d'un pays qui se relève. Et en tout cas les négociations seront reprises très très vite.
Michel Denisot
Jeanne une question, vous avez une question à poser à Ségolène Royal ?
Jeanne Moreau
Non je voulais parler de ça aussi.
Michel Denisot
Vous vouliez parler de ça.
Jeanne Moreau
Mais simplement je voulais rajouter, en effet vous avez raison qu'il faut modifier parce que le marché du cinéma s'est transformé avec les nouveaux débouchés, avec Internet et tout ça. Donc c'est un équilibre très délicat. Et il y aussi le financement du cinéma français qui est perturbé, qui est transformé. Donc ce n'est pas seulement ne pas employer les artistes qui ont du talent ou mal les employer, mais il y a toute une organisation de productions, et d'ailleurs Pascale Ferrand en avait très très bien parlé.
Ségolène Royal
Oui, elle en a très bien parlé.
Michel Denisot
Est-ce que vous pensez Ségolène Royal, que Jeanne Moreau ferait une très bonne ministre de la Culture ?
Ségolène Royal
Pourquoi pas, Jeanne ?
Jeanne Moreau
Non, ministre moi jamais.
Ariane Massenet
Mais pourquoi Jeanne ?
Jeanne Moreau
Parce que...
Intervenant
Parce qu'elle veut être libre.
Jeanne Moreau
Il faut que je fasse des films, que je sois comédienne.
Ségolène Royal
Mais Jeanne sait faire plein de choses, c'est vraiment le symbole d'une femme accomplie, épanouie.
Jeanne Moreau
Citoyenne.
Ségolène Royal
Et en plus qui a un regard extrêmement moderne et neuf sur la France, qui évolue sur le monde, merci.
Michel Denisot
Alors il est 19h43, et à cette heure-ci si vous le voulez bien vous lancez la météo avec Louise Bourgoin.
Ségolène Royal
Alors je lance la météo, quel temps fera t-il ?
Louise Bourgoin
Bonsoir, madame Royal, on vous a beaucoup reproché d'avoir employé le néologisme de bravitude sur la grande muraille de Chine, mais enfin mais quels ignares. Tout comme B23 signifiant en chinois " poulet du chef croustillant et piquant " eh bien bravitude signifie nécessité d'une réforme démocratique. Enfin ceux qui n'ont pas compris sont des idiots, c'est ridicule, c'est du mandarin élémentaire bien sûr.
Présentation de la météo
Ségolène Royal
Merci.
Louise Bourgoin
Demain madame Royal, Juliette Binoche aura 43 ans et Jean-Pierre Chevenement aura 68 ans.
Ségolène Royal
Bonne anniversaire Jean-Pierre.
Louise Bourgoin
Pour terminer madame Royal en cette journée de la femme, permettez-moi de vous dire que vous en avez.
Michel Denisot
Merci. Elle vous plait beaucoup Jeanne ?
Jeanne Moreau
Ah oui.
PUBLICITE
Michel Denisot
Vous dites bonsoir à PPD si vous le voulez bien.
Ségolène Royal
Bonsoir PPD.
PPD guignols
Bonsoir Ségolène. Bonsoir Michel, bonsoir Jeanne Moreau, bonsoir Cali. Eh bien entre le tourbillon créé par Jeanne Moreau, celui produit par Ségolène Royal autour d'elle, j'ai un peu la tête qui tourne ce soir. Alors pour répondre à Cali, c'est peut-être que le bonheur, c'est ce soir.
Michel Denisot
Merci. Il vous reste une petite minute pour dialoguer avec Jeanne Moreau et Cali si vous le voulez bien.
Jeanne Moreau
Alors on reste ?
Michel Denisot
Vous restez, il reste une minute oui.
Ségolène Royal
Une minute pour discuter avec vous.
Cali
Moi, je tenais à dire, un jour madame Royal m'a dit, vous prenez des risques en vous engageant comme ça. Moi, je prends le risque de dire quand même vraiment c'est vous qui incarnez le changement et puis à tous les gens qui vont voter ou qui pensent voter Bayrou, voter Bayrou, c'est voter à droite, il ne faut pas se tromper. Voilà.
Michel Denisot
Le point de vue de Cali.
Ségolène Royal
Et puis Jeanne, Jeanne un jour m'a donné un bon conseil et que je n'oublierais jamais, est-ce que vous vous en souvenez Jeanne ?
Jeanne Moreau
Oui, oui, ça concernait le trac, et je lui disais que c'était du à la peur de l'effet qu' "on allait faire sur les autres et que la façon de le surmonter, c'est d'entrer à l'intérieur de soi, que ce qui comptait c'est d'être soi-même et de délivrer ce qu'on a à dire comme un cadeau.
Michel Denisot
Merci Jeanne.
Ségolène Royal
Merci.
Michel Denisot
Merci à vous d'être venus comme invité de Ségolène Royal qui est rédacteur en chef du grand journal, on va se retrouver à 20h09 après les Guignols donc avec toute l'équipe, avec Ariane, Frédéric et vous bien entendu. Et après les Guignols alors on va recevoir vos autres invités, il y a donc toute l'équipe de la Netscouade, c'est ça.
Ségolène Royal
Oui.
Michel Denisot
Et la dauphine de Miss France, Sophie Vauzelaud, mais aussi Thomas Ngijol et Jean-Michel Aphatie qui décrypte cette émission depuis les loges. A tout à l'heure.
///
Ségolène Royal
Le grand journal, la suite dont je suis rédactrice en chef, les petits papiers de Bruno Donnet.
Bruno Donnet
Chère Ségolène Royal, je suis un peu désarçonné par ce troublant dédoublement de la personnalité qui semble vous affecter comme si vous ne saviez pas très bien sur quel pied danser, vous alternez régulièrement entre deux attitudes comme brinquebaler entre la " coolitude " et la " rigiditude ". Comme si il y avait d'un côté " Ségolène " et de l'autre " madame Royal ". Ségolène, c'est la mère de famille.
Ségolène Royal
Je veux pour tous les enfants qui naissent et qui grandissent en France, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants.
Bruno Donnet
Mais madame Royal, c'est la mère fouettard.
Ségolène Royal
Je rétablis de l'ordre, de l'ordre juste et j'exerce mon autorité juste.
Bruno Donnet
Ségolène donne l'image d'une candidate un peu complexée en quête de légitimité.
Ségolène Royal
Je suis diplômée de l'école nationale d'administration, j'ai été quatre fois ministre, je suis aujourd'hui présidente de région.
Bruno Donnet
Tandis que madame Royal est déterminée et montre volontiers toute sa pugnacité.
Ségolène Royal
Et je suis plus forte qu'eux parce que c'est avec vous que j'avance.
Bruno Donnet
Du coup, c'est aussi la perception que l'on a de vous qui est un peu troublée.
Ségolène Royal
La force souriante tranquille.
Bruno Donnet
On se demande si eut égard à votre féminité, vous incarnez une fulgurante modernité...
Ségolène Royal
Ya basta.
Bruno Donnet
Ou si comme les autres candidats vous n'êtes pas aussi là depuis longtemps déjà.
Ségolène Royal
Ce que vous dites est complètement à côté des clous enfin, un discours de haine, agressions, mais écoutez arrêtez.
Bruno Donnet
Et pour votre programme, c'est pareil, comme vous, on atermoie, on se demande encore ce qu'il y a dans la ...
Ségolène Royal
Démocratie participative.
Bruno Donnet
Est-ce une idée brillante, progressiste qui permettrait enfin de rapprocher la politique abstraite des réalités concrètes ?
Intervenante
Je voudrais savoir ce que tu vas faire pour les femmes qui se barrent en pleine nuit avec des enfants parce qu'après on revient toujours avec notre mari...
Bruno Donnet
Ou est-ce simplement ça ?
Intervenant
Je suis actuellement alcoolique abstinent...
Bruno Donnet
L'émanation participative de la démagogie juste.
intervenant
J'ai une fille qui est sourde.
Intervenante
Je recherche un appartement dans Paris.
Bruno Donnet
Car si votre politique consiste uniquement à répondre à des questions persos.
Ségolène Royal
C'est vous ma force.
Bruno Donnet
Si gouverner c'est se contenter d'écouter.
Intervenants
Ségolène présidente.
Bruno Donnet
Alors le risque c'est que vous ne vous transformiez en standardiste chef.
Intervenante
J'ai acheté une maison de campagne il y a un an environ qui se révèle être très humide.
Bruno Donnet
Que votre Premier ministre ressemble à Guy Darbois.
Guy Darbois
Nous allons ce soir nous adresser à un large public de passionnés, je dirais même des spécialistes.
Bruno Donnet
Et je ne sais même pas si vous pourriez répondre à cette question là.
Intervenante
Allô.
Intervenant
Qu'elles sont les couleurs du drapeau de la République Centre Africaine ?
Bruno Donnet
C'est tout pour aujourd'hui et demain ?
Intervenante
Ne quittez pas.
Bruno Donnet
Ce sera pire.
Michel Denisot
Le drapeau de la République Centre Africaine ?
Ségolène Royal
Non, pas de colle.
Michel Denisot
On l'a, les couleurs, le voilà, c'est le bon. Alors maintenant nous accueillons vos autres invités. C'est une équipe jeune.
Ségolène Royal
C'est la Netscouade, ils sont une quinzaine de jeunes, mais ils ne sont pas tous là aujourd'hui. Mais c'est la meilleure équipe Internet qui se relaie nuit et jour.
Michel Denisot
Benoît Thieulin, Marie Tregouet, Clémence Lerondeau , Thomas Lecourbe, […]. Alors c'est Benoît Thieulin qui dirige la Netscouade de votre campagne, c'est ça.
Ségolène Royal
Je pense que c'est la meilleure équipe d'ailleurs, ils travaillent beaucoup, nuit et jour ils se relaient parce qu'il faut à la fois être modérateur, c'est-à-dire que je ne veux pas que sur mon site arrivent bien sûr des messages racistes ou dénigrants ou glauques et donc il faut effectivement surveiller tout cela. Et puis c'est aussi le nerf de la démocratie participative dont on riait à l'instant dans le billet.
Frédéric Beigbeder
Je suis en train de le bouquiner, ça a l'air bien.
Ségolène Royal
Je vous le laisse alors, je vous l'offre, ce sont les cahiers de l'espérance qui sont nés de toutes ces réunions, plus de trois millions de personnes sont venues et dans les débats et sur le site Internet puisqu'il y avait plus de 100 000 contributions, plus des blogs et je crois que c'est une richesse de la diversité de la France, à la fois des propositions concrètes, des angoisses mais aussi des espoirs, des projets et c'est au contact de tout cela qu'ils sont.
Ariane Massenet
J'avais une question assez simple, on a du mal un peu à cerner quelquefois Ségolène Royal, elle élude un peu les questions du quotidien, comment elle est au quotidien, vous qui travaillez avec elle ?
Benoît Thieulin
Elle écoute, elle écoute, c'est d'ailleurs comme ça que ça a commencé parce qu'il n'y a pas beaucoup d'hommes politiques qui ont pris, je dirais, le risque avec un certain courage de donner la parole aux gens et les gens l'ont saisi et ça, c'est un peu ce qui nous a surpris en fait. Parce que au tout début on était, pour tout dire, on était à peu près 5, pour faire la modération, à lire tous les messages et puis en fait devant l'engouement qu'il y a eu sur le site " désirsd'avenir.org " dès le début, je veux dire, je vous parle d'il y a un an, on s'attendait à 50 messages jour et puis c'est passé à 100 puis à 500, puis à 1000, puis à 2000. Et donc eh bien de 5, en 10, en 15, en 20, aujourd'hui on est... là vous avez 5 personnes illustres, mais il y a 70 modérateurs qui se relaient jour et nuit, quand on dit jour et nuit, en fait c'est parce qu'on a aussi des militants qui sont un peu partout dans le monde, on a aussi deux modérateurs à New York, un à San Francisco et même un en Thaïlande. Ce qui fait que...
Michel Denisot
Alors votre rôle, c'est de soutenir le candidat et de discréditer les adversaires ?
Ségolène Royal
La candidate.
Michel Denisot
La candidate.
Benoît Thieulin
Non, non le premier rôle, ça a été en fait tout simplement de construire ces cahiers d'espérance, aujourd'hui c'est 680 pages, mais c'est surtout 135 000 contributions et quand on dit 135 000 contributions, ça veut dire que c'est les participants qui viennent d'abord sur Internet, qui posent des messages, qui sont souvent assez longs, où ils racontent plein de choses, d'abord leur vie, c'est des tranches de vie, c'est des témoignages. Ils font un peu, ils élaborent un peu le diagnostique de tout ça et puis ils donnent des idées, des propositions, des pépites et ça c'est quelque chose qui était...
Michel Denisot
Vous avez amené des images, donc là on voit la Netscouade au travail, donc au QG de campagne de Ségolène Royal et vous créez des concepts, vous créez des choses nouvelles.
Benoît Thieulin
D'abord il y a eu toute cette période d'élaboration de ce que vous voyez ici, et puis maintenant on est dans la phase, je dirais plus participative de la campagne, on fait beaucoup de vidéos, on suit tout ce que fait Ségolène Royal, un peu en coulisse, un peu décalé. Et puis on les met en ligne et d'ailleurs là aussi deuxième engouement assez étonnant en fait, c'est que la campagne se passe aussi beaucoup sur Internet, c'est-à-dire que les gens se saisissent de ce média.
Michel Denisot
Qu'elle est la dernière création que vous avez faite ?
Benoît Thieulin
Par exemple le discours de Villepinte, il a été vu...
Frédéric Beigbeder
Dominique de Villepinte ?
Benoît Thieulin
Villepinte, le discours de Villepinte, le discours du pacte présidentiel, il a été vu quoi entre 30 secondes et une minute dans les meilleurs cas dans les JT. Il est depuis donc trois semaines, un mois maintenant, il a été vu plus de un million cinq cent mille fois sur Internet. Donc il y a un vrai phénomène extrêmement intéressant.
Michel Denisot
Aujourd'hui qu'est-ce que vous avez fait par exemple ?
Benoît Thieulin
Aujourd'hui on a modéré tous les messages, on a du mettre, Marie qu'est-ce qu'on a fait aujourd'hui ?
Frédéric Beigbeder
Donnez la parole aux femmes, c'est la journée de la femme, monsieur, vous monopolisez la parole enfin.
Ariane Massenet
La petite surprise sur le G8.
Ségolène Royal
Vas y Marie, vas-y.
Marie Trégouet
On avait une petite surprise pour Ségolène Royal donc, Benoît, peut-être que tu...
Ariane Massenet
Non, non allez-y. On va la regarder alors.
Marie Trégouet
Oui je pense qu'on va la regarder alors. C'est une surprise et Ségolène Royal ne l'a pas vu donc voilà, un petit cadeau.
Intervenant
Réunis à Rome ce 6 mai 2009 pour leur rendez-vous annuel, les grands de ce monde sont aussi grandes que grands. Quatre femmes pour quatre hommes, un sommet de la parité. Angela Merkel, Ségolène Royal, Hilary Clinton et Emma Bonino tout juste nommée présidente du conseil italien ont donné à l'évènement une ampleur exceptionnelle, de quoi attiser l'appétit de tous les grands médias internationaux.
Michel Denisot
Ca y est vous êtes élue.
Ségolène Royal
C'est joli ça.
Michel Denisot
C'est bien, c'est un beau cadeau.
Ariane Massenet
Vous avez juste deux ans de plus.
Ségolène Royal
C'est vraiment le désir d'avenir là.
Ariane Massenet
Est-ce que juste au quotidien vous utilisez Internet vous ?
Ségolène Royal
Oui.
Ariane Massenet
Beaucoup ?
Ségolène Royal
Oui je regarde beaucoup.
Ariane Massenet
Vous envoyez des mails, vous recevez des mails ?
Ségolène Royal
Oui beaucoup.
Benoît Thieulin
Elle nous spam parfois.
Ségolène Royal
Non, mais il y a tous les blogs qui se sont créés, vous savez que la France est le premier pays d'Europe pour le nombre de blogs, 12 millions de blogs en France et c'est vrai qu'il y a encore des gens qui sont éloignés d'Internet. Mais de plus en plus, ce que j'ai envie de faire, c'est qu'il y ait comme autrefois, vous savez il y avait le téléphone dans les villages, on allait téléphoner chez le seul citoyen qui avait le téléphone, on pourrait imaginer aujourd'hui la même chose avec Internet. Et quand on met par exemple Internet dans les maisons de retraite, pour que les personnes âgées constituent des sites sur leur famille, puissent échanger avec leurs petits-enfants, c'est à la fois, c'est extraordinaire. Donc Internet aussi c'est du lien social.
Michel Denisot
Alors on va maintenant accueillir votre autre invitée.
Ségolène Royal
Oui alors c'est... C'est Sophie. C'est Sophie Vouzelaud.
Michel Denisot
Sophie Vouzelaud qui était la première dauphine de Miss France. Voilà Sophie Vouzelaud qui était déjà venue sur ce plateau un soir avec Luc Besson, donc au lendemain de l'élection de Miss France, dont vous êtes la dauphine et vous êtes malentendante, donc Ségolène Royal vous avez souhaité que Sophie soit là ce soir.
Ségolène Royal
Vous voyez c'est ce fil rouge de cette émission, c'est-à-dire des hommes et des femmes de courage qui un jour ont dit non à leur destin et qui se sont dit pourquoi pas moi, pourquoi est-ce que je n'irais pas jusqu'au bout de mes rêves et de mes projets ? Et je crois qu'à travers Sophie, c'est toute la revendication justement de la différence qui ne se voit pas, qui pourtant est là et qui n'empêche pas les plus belles aventures et les plus beaux destins. Merci Sophie.
Ariane Massenet
Qu'est-ce que vous avez envie de dire, qu'est-ce que vous réclamez, qu'est-ce que vous avez envie de dire à Ségolène Royal ?
Sophie Vouzelaud
Alors en fait moi j'ai un petit peu du mal à appréhender la politique. Je me sens un petit peu noyée dans le monde politique parce qu'il y a très peu de discours politiques qui sont traduits ou sous-titrés, et j'ai du mal à prendre connaissance même de la politique en France et je ne suis pas la seule d'ailleurs, ça concerne beaucoup de personnes sourdes comme moi.
Michel Denisot
Qu'est-ce que vous attendez.
Sophie Vouzelaud
Ce que je voudrais c'est l'accessibilité pour les sourds, l'accessibilité à la télévision de façon totale, des sous titrages comme on fait aux Etats-Unis où 95 % des programmes sont sous titrés, c'est absolument incroyable là bas.
Ségolène Royal
D'ailleurs c'est pour cela que j'ai décidé que toutes mes réunions publiques sont retransmises par écrans sous titrés et puis sur Internet aussi.
Intervenant
Sur Internet comme la télévision ne permet pas forcément l'accessibilité, nous ensuite on a des militants qui sous titrent pour les personnes sourdes et malentendantes les discours de Ségolène Royal.
Ségolène Royal
Je crois que c'est le seul site politique qui est accessible aux personnes malentendantes qui sont d'ailleurs très nombreux. Je crois aussi qu'il y a beaucoup à faire sur les équipements en milieu scolaire pour que les enfants soient intégrés dans les classes ordinaires avec des équipements et avec des personnels d'accompagnement. Ca, je crois que c'est très important et dans une réunion publique, il y avait plusieurs malentendants qui étaient au premier rang, qui applaudissaient en levant les mains et en agitant comme cela, comme vous venez de le faire, et toute la salle s'est mise à applaudir de la même façon et je crois que cette intégration de la différence.
Michel Denisot
On a les images de cette ...
Ségolène Royal
Regardez, je crois que c'était merveilleux parce que tout d'un coup finalement le langage des signes est devenu le langage de tous.
Ariane Massenet
Qu'elle est Sophie la difficulté majeure à laquelle vous vous confrontez au quotidien ?
Sophie Vouzelaud
La plus grosse difficulté pour moi, c'est le retard d'informations parce qu'on manque beaucoup d'informations toujours à cause de ce problème d'accessibilité, on manque de prévention, on est un petit peu en dehors de tout l'événementiel et on est toujours donc un peu décalé, et puis je dirais qu'après c'est tout ce qui est démarche administrative, où on n'a pas toujours d'interprète pour nos démarches, on n'a pas toujours la possibilité de faire ce que l'on veut dans la vie, je dirais de tous les jours.
Ségolène Royal
Il y a énormément à faire, je crois.
Ariane Massenet
La France est très en retard selon vous ?
Ségolène Royal
La France est très en retard par rapport aux pays du Nord de l'Europe, par exemple. C'est-à-dire il faut complètement changer le regard sur le handicap, et se dire que le handicap est une chance, c'est une différence qui nous fait tous progresser. Et vous voyez par exemple lorsqu'il y a des enfants malentendants dans une classe, par exemple le professeur ne tourne plus le dos à toute la classe puisque l'enfant s'aide aussi en lisant sur les lèvres et donc c'est toute la classe qui en profite parce que du coup la diction de l'enseignant est plus lente et surtout il est constamment face aux élèves. Et donc l'intégration du handicap souvent fait progresser toute la société et je crois que c'est ça qu'il faut que tout le monde comprenne.
Michel Denisot
Alors ce soir si vous le voulez bien, vous allez continuer à traduire toute cette émission.
Ségolène Royal
C'est sympa.
Michel Denisot
Toute cette émission jusqu'à 20h50.
Ségolène Royal
C'est vrai qu'il faudrait que les télévisions, les chaînes fassent un effort pour davantage tout sous titrer, tout traduire.
Michel Denisot
Merci, message reçu.
Ségolène Royal
Et on le fera.
Michel Denisot
On va se... Oui ?
Sophie Vouzelaud
Oui, les sourds ont vraiment besoin, besoin de traduction, d'interprétation pour avoir la connaissance, pour avoir l'information comme tout le monde.
Ségolène Royal
Il y a 6 millions de personnes qui n'entendent pas bien en France, six millions, donc ça veut dire quand même qu'il faut faire vraiment quelque chose sur les médias.
Michel Denisot
Internet vous permet quand même de communiquer, je crois que quand vous avez rencontré Luc Besson sur ce plateau il y a quelques mois, depuis vous communiquez avec lui par Internet très régulièrement.
Sophie Vouzelaud
Oui, oui tout à fait. Tout à fait par SMS aussi grâce au portable, on s'envoie des messages et voilà de temps en temps on se tient au courant de nos vies.
Michel Denisot
Alors on va se retrouver dans un instant, donc avec Ségolène Royal, Sophie Vouzelaud, Benoît, Marie, Clémence, […] de la Netscouade et au programme, le billet de Thomas Ngijol, le choix culturel et le point de vue de Jean-Michel Apathie qui suit l'émission dans la loge depuis le début et la boite à questions. A tout de suite.
///
Ségolène Royal
Thomas Ngijol.
Michel Denisot
Thomas Ngijol qui arrive. Thomas ?
Thomas Ngijol
Bonjour. Salut tout le monde, journée de la femme, c'est... un honneur de se revoir madame Royal. Ca me fait très plaisir. D'autant plus qu'on va commencer direct, on est un peu des collègues, on va quand même le dire, vous étiez sur la scène du Jamel comédie club.
Ségolène Royal
Oui c'est vrai.
Thomas Ngijol
C'est vrai et tout le monde s'est levé, standing ovation, vous êtes très forte et je peux vous dire que si ça fouare en politique, vous avez votre place dans le stand-up.
Ségolène Royal
C'est parfait.
Thomas Ngijol
Mais j'ai vu l'émission se passe plutôt bien, j'ai vu le petit message que vous a fait Nicolas Sarkozy, il faut avouer qu'il était bon, il était très bon en rédacteur en chef, en même temps il a un peu l'habitude, ça fait 5 ans qu'il est rédacteur en chef sur le JT de TF1 de 20h00, donc moi... Moi pour ma part, je pense que c'était Christophe Dechavanne déguisé en Sarkozy, mais ça n'engage que moi. En tout cas, ça fait toujours plaisir de vous voir madame Royal parce qu'on est un peu cousin, vous êtes un peu africaine, vous êtes née au Sénégal.
Ségolène Royal
Oui.
Thomas Ngijol
Mais on vous trouve pâlotte pour une fille de Dakar. C'est vrai. Et je dois avouer que je me méfie...
Ségolène Royal
La chaleur est intérieure...
Thomas Ngijol
Oh c'est beau ce que vous venez... c'est pas mal, mais je vous avoue que je me méfie un peu des Africains qui se lancent dans la politique, par expérience parce que je sais que ça finit très souvent en dictature, mais on attend, on n'est pas du tout dans ce cas là. Ceci dit bravo vous avez dompté et réuni tous les éléphants du PS, ça vraiment chapeau et vous, vous ne nous faites pas du tout penser à un éléphant, pour moi vous êtes plutôt une belle gazelle dans cette savane politique.
Ségolène Royal
Merci le gazou.
Thomas Ngijol
Je tiens aussi à vous féliciter pour l'émission qui est passée dernièrement sur TF1, " j'ai une question à vous poser ", vous avez réuni 9 millions de téléspectateurs, bravo mieux que Julie Lescault et ça a énervé Nicolas Sarkozy ça, vous êtes au courant ?
Ségolène Royal
Oui.
Thomas Ngijol
Il a annoncé très prochainement qu'il allait jouer dans un épisode des Experts pour vous rétamer à nouveau, non mais c'est petit, mais bon ce n'est pas grave. Moi pour ma part, j'ai quelques questions à vous poser madame Royal. La première étant, est-ce que c'est vrai qu'en ce moment vous aussi vous êtes tentée de voter François Bayrou ?
Ségolène Royal
Non.
Thomas Ngijol
Non, okay. La deuxième c'est, quel est le plus gros défaut d'Arnaud de Montebourg ? Vous n'êtes pas forcée, c'est pour la blague, c'est le grand journal, on est en famille. La troisième, j'ai vu que vous avez rencontré récemment Angela Merkel. Vous avez dit, longtemps vous avez dit pardon, vous avez longtemps parlé du dossier Airbus, entre nous, vous n'avez pas plutôt discuté de la dernière saison de Disparate Housewives, non ?
Ségolène Royal
C'est pas loin.
Thomas Ngijol
Pas loin, oui, oui j'imagine un petit peu. Ceci dit, je vous avoue que l'idée d'une femme présidente, moi pour ma part, ça me séduit pas mal, c'est vrai, mais ça va être dur parce que d'une vous n'avez pas de calvitie, et ça c'est éliminatoire quand on veut être président en France...
Ségolène Royal
Oui mais je n'irais quand même pas jusque là. Je ne ferais pas ce sacrifice.
Thomas Ngijol
Non, surtout que vous avez une belle dégaine L'Oréal, ça il ne faut vraiment pas louper ça, c'est très beau. La deuxième, c'est un peu dur parce qu'il faut dire qu'ici en France on est un pays un peu machiste, il faut un peu le reconnaître.
Ségolène Royal
Oui maos ça évolue, rien n'est perdu.
Thomas Ngijol
Ca évolue mais vous savez que la plupart des hommes ont encore du mal avec les femmes au volant, alors une femme à l'Elysée, je ne vous raconte pas. Ceci dit...
Ségolène Royal
Je pense qu'ils sont mieux maintenant, le moment est venu.
Thomas Ngijol
Mais bon ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas les femmes, vous êtes la femme, et peut-être que le 6 mai, on va peut-être fêter une deuxième journée de la femme. Voilà je vous embrasse.
Ségolène Royal
Très bien.
Michel Denisot
Merci Thomas. On va passer à l'un de vos extraits de film favori et donc c'est un film de Pierre Tchernia qui s'appelle " la gueule de l'autre " et donc c'est un débat télévisé évidemment c'est une comédie, c'est un débat...
Ségolène Royal
C'est la séquence humour.
Michel Denisot
La séquence humour, la voici.
Extrait du film
Michel Denisot
Voilà donc une satyre du débat politique dans un film de Pierre Tchernia avec Michel Serrault, Roger Carel et Pierre Douglas.
Ségolène Royal
Sur un sujet d'actualité, vous voyez la vie chère, c'est vrai et c'est à la fois drôle et en même temps très profond, parce que le problème aujourd'hui n'a jamais été aussi aigu que sur cette question de la vie chère. J'entendais tout à l'heure, j'écoutais mais je crois que la politique, il y a la phase d'écoute et c'est par exemple dans ces débats participatifs que j'ai vu que les Français ne parlaient jamais de hausse du coût de la vie ou d'inflation etc mais, de vie chère, c'est-à-dire les mots élémentaires de la vie quotidienne et qu'en même temps après cette écoute, il y a la décision. Et c'est pourquoi après avoir entendu ce cri, cet appel de tous ceux qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, que j'ai décidé dans le pacte présidentiel qu'une de mes préoccupations premières serait la réforme de l'indice des prix pour que ça reflète vraiment la hausse des prix. Alors on m'a dit, mais un peu comme là, le prix du plat de côte etc, mais ce n'est pas du niveau présidentiel. Eh bien moi je dis si, c'est du niveau présidentiel parce que quand il y a une parole publique qui ne correspond pas à la réalité de ce que vivent les gens alors on est à côté de la plaque. Et moi je veux une politique utile, efficace et qui tranche justement, qui décide.
Frédéric Beigbeder
C'est quand même intéressant les choix culturels de quelqu'un parce que ça dit toujours beaucoup de choses, même inconscientes. Là c'est quand même une scène d'ironie aussi dans un film comique, sur la démagogie en politique, un type qui s'improvise candidat, qui débat et qui finalement dit tout de qui lui passe par la tête, est-ce que c'est aussi un message que vous vouliez adresser en disant que pour vous la politique, elle est un petit peu trop formatée, un petit peu trop... ou alors c'est involontaire ?
Ségolène Royal
Non parce que finalement il ne dit pas n'importe quoi, finalement, celui qui s'improvise là, ça paraît incongru ce qu'il dit. Et pourtant je crois que les gens qui l'ont écouté ont parfaitement compris ce qu'il avait à dire, c'est-à-dire que d'un côté il y a un discours théorique, politique, et de l'autre il y a un discours excessif bien sûr, caricatural, mais extrêmement concret, extrêmement opérationnel et d'une certaine façon si parfois je surprends c'est parce que moi je crois que maintenant la parole politique, elle doit d'abord se raccrocher bien sûr à un certain nombre de valeurs qui nous fédèrent, mais aussi elle doit se raccrocher à la vraie vie des gens par rapport à la façon dont ils attendent que cette vie soit changée avec des réformes profondes. Et c'est ça qui est dit dans ce dialogue.
Frédéric Beigbeder
Et vous croyez que si jamais vous avez un débat au second tour avec Sarkozy ou François Bayrou, vous allez parler du pot au feu ?
Ségolène Royal
Peut-être pas mais peut-être que comme je suis la seule à avoir pris ce temps de la phase d'écoute, je pense que je mettrais les mots justes sur la réalité de la vie et en tout c as si je parle d'un pacte présidentiel, c'est parce que maintenant les Français qui ont participé à ce pacte, j'ai choisi, j'ai tranché, j'ai arbitré dans les priorités, mais en les écoutant. Et donc maintenant c'est quelque chose qui m'oblige et je veux que ma parole soit tenue pour répondre à la crise démocratique, et je crois que c'est comme ça qu'il faut faire aujourd'hui avec un pays moderne parce que les Français sont intelligents.
Michel Denisot
Alors on va passer maintenant rapidement à la chanson que vous avez choisi qui est une chanson d'Alain Souchon, " foule sentimentale " et ensuite on va recevoir Jean-Michel Apathie.
Extrait chanson
Michel Denisot
Voilà donc votre choix musical du jour et on va maintenant écouter l'analyse de Jean-Michel Apathie. On parlera des livres à la fin.
Jean-Michel Aphatie
Voilà j'ai été l'auditeur attentif de toute cette émission et c'est bien que vous soyez venue un 8 mars, parce que vous avez fait le voeux que l'accès d'une femme à la tête d'une institution, ça ne change pas forcément grand chose, écoutez-vous.
Ségolène Royal
Que le nouveau modèle économique et social que j'appelle de mes voeux, il est déjà en place dans des entreprises qui ne se reconnaissent pas dans le Medef.
Jean-Michel Aphatie
Vous voyez que Laurence Parisot soit à la tête du Medef ou pas, visiblement ça ne change pas votre regard sur le monde patronal Ségolène Royal.
Ségolène Royal
Non parce que je ne confonds pas, patron et patron. Et je crois qu'il y a autant de diversité dans les entreprises que dans la société et je pense que les entreprises pourraient fonctionner autrement.
Jean-Michel Aphatie
Mais sérieusement quand une femme représentante les entreprises, est-ce que ça change quelque chose ou pas ? Dans le discours, dans la manière de présenter les choses ?
Ségolène Royal
Pas forcément, mais ce n'est pas parce qu'on est femme, qu'on est forcément différente, il y a ensuite des choix idéologiques, des valeurs qui sont différentes, et la valeur qui est la mienne et la valeur qui est celle du chef d'entreprise qui était là à l'instant, c'est le contraire de ce que prône le Medef. C'est-à-dire le Medef demande une précarisation du travail, une baisse des salaires pour rendre les entreprises compétitives et vous avez des chefs d'entreprise qui réussissent et qui disent le contraire. Donc c'est ça qui est important.
Jean-Michel Aphatie
J'a compris.
Ségolène Royal
Mais je comprends votre malice aussi.
Jean-Michel Aphatie
Donc on va passer à un autre sujet. C'était le 8 mars, journée des femmes, mais aussi cette journée là. C'est le jour anniversaire de Jean-Pierre Chevenement, et je voulais revenir là dessus parce tout le monde a été étonné voilà 15 jours, quand vous avez fait revenir les éléphants dans votre campagne, les éléphants socialistes, Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevenement est là, au fond vous n'avez pas manqué un peu ce que vous vouliez faire ? Vous vouliez apparaître indépendante, différente, et avec le retour des éléphants, l'image que vous avez donné est un peu différente.
Ségolène Royal
Non, je croisd que le moment était venu pour le faire, à partir du moment où eux-mêmes souhaitaient être là, je crois qu'on ne peut pas à la fois me reprocher de ne pas avoir rassemblé la famille socialiste et quand je la rassemble de me le reprocher.
Jean-Michel Aphatie
Pourquoi vous dites le moment, qu'est-ce qu'il avait de particulier ce moment, c'est parce que vous étiez en difficulté ?
Ségolène Royal
Non, c'est parce que j'avais arbitré mon pacte présidentiel et que je crois que l'élection présidentielle, c'est un lien singulier qui se noue entre une personnalité et le peuple français. On n'est pas au service d'un parti politique, on est soutenu par un parti politique, ce n'est pas la même chose. Et donc je veux garder farouchement comme le disait Jeanne Moreau tout à l'heure, mon indépendance d'esprit, mon originalité, ma capacité à réformer, à incarner le changement et en même temps rassembler toutes les forces socialistes et les autres partis de gauche et même au-delà qui me soutiennent parce que pour faire une majorité, il faut être soutenu aussi par des hommes et des femmes de progrès qui ont envie que ça change en profondeur et qui ont envie d'une France moderne et qui se relève.
Jean-Michel Aphatie
Est-ce que je peux vous confesser un étonnement Ségolène ROYAL ?
Ségolène Royal
Mais bien sûr, mais vous savez j'étonne beaucoup, c'est normal. Je suis atypique.
Jean-Michel Aphatie
Vous avez beaucoup parlé, vous avez employé ce soir aussi la formule de démocratie participative et vous avez eu l'occasion d'expliquer cela en disant que les citoyens étaient les meilleurs experts de ce qu'ils vivaient. Quand il s'est agit d'expertiser votre patrimoine, vous avez fait appel à un expert comptable, alors que chacun aurait du penser que vous pouviez faire appel plutôt à un expert immobilier. Ca a beaucoup étonné et du coup l'expert comptable s'est un peu trompé visiblement, il a sous-évalué vos biens et il vous met dans la difficulté aujourd'hui.
Ségolène Royal
Non, je ne suis pas dans la difficulté, moi je suis favorable à la transparence et je suis la seule à avoir rendu publique la déclaration officielle que tout parlementaire doit faire à la commission de transparence de la vie politique et aux services fiscaux. Et en effet je suis la seule à avoir eu recours à un expert indépendant qui est un expert comptable assermenté, un expert comptable son rôle, c'est ensuite de voir qu'elles sont les évaluations des biens.
Jean-Michel Aphatie
Les experts immobiliers disent par exemple que votre villa de Mougins qui est évaluée à 270 000 euros par expert comptable, elle vaut peut-être 600 000 euros. C'est ça qui est étonnant.
Ségolène Royal
Ecoutez, c'est normal que dans une campagne il y ait un besoin de transparence des citoyens. Ce qui est important c'est de savoir si oui ou non les responsables politiques sont honnêtes et moi je suis partie dans la vie avec rien, je suis une élève boursière. J'ai acheté en trente années de vie professionnelle avec mes salaires et des emprunts, une participation en effet dans une maison, il y a plus de 20 ans. Voilà cette maison n'est pas à vendre, mais si elle vous intéresse vous pouvez la visiter monsieur Aphatie.
Jean-Michel Aphatie
On m'a déjà invité...
Ségolène Royal
Mais les experts immobiliers ne l'ont pas visité.
Jean-Michel Aphatie
On m'a déjà invité à la visiter et donc c'est la deuxième fois, j'irais sans doute.
Ségolène Royal
Et comme je l'ai dit, si les services fiscaux veulent faire un réajustement, qu'ils le fassent, aujourd'hui ce n'est pas le cas, donc tout est transparent et tout est juste et je conteste ce qui a été dit.
Jean-Michel Aphatie
Démocratie participative, et ordre juste, vous l'avez défini comme ça ce soir.
Ségolène Royal
Ce que j'appelle l'ordre juste, l'ordre social juste qui met fin à tous les désordres.
Jean-Michel Aphatie
Ce qu'il y a de neuf c'est ça, en écoutant je me suis dit l'ordre social juste qui met fin à tous les désordres et ce qu'il y a d'important dans la phrase, c'est tous les désordres. C'est un peu comme la pierre philosophale, ça résout tous les problèmes l'ordre juste. C'est pas un peu beaucoup ?
Ségolène Royal
Je crois que ça résout beaucoup de problèmes.
Jean-Michel Aphatie
Pas tous.
Ségolène Royal
Parce que je crois que la précarité est un désordre, que les inégalités sont un désordre, que la destruction de la planète est un désordre, que les inégalités homme femme, c'est un désordre. C'est-à-dire ce sont des déstructurations profondes de la société, que le chômage des jeunes tel qu'il est aujourd'hui en France est un désordre, que le racisme ou les discriminations, c'est un désordre. Et il y a beaucoup de désordres aujourd'hui...
Jean-Michel Aphatie
Beaucoup mais tous ne seront pas résolus hélas, nous sommes d'accords ?
Ségolène Royal
Mais la volonté...
Jean-Michel Aphatie
La politique ne peut pas tout, comme disait quelqu'un, pas tout.
Ségolène Royal
Mais la volonté politique peut beaucoup et en tout cas c'est cette volonté politique que je veux incarner parce que je crois que la France en a besoin.
Michel Denisot
Merci beaucoup, on va passer maintenant à la boite à questions, il y a beaucoup de monde ce soir, Jamel Debbouze, Dominique de Villepin, Carole Bouquet, Michael Youn, Elie Semoun, l'équipe de Groland, Jean-Louis Murat, Nicolas Sarkozy, Philippe Torreton, Patrick Bruel, Anne Sinclair et Alain Duhamel, et Patrick Poivre D'arvor, François Bayrou, Henri Salvador, tout ça en moins de deux minutes ont répondu à des questions vous concernant.
Jamel Debbouze
Tu ne trouves pas qu'elle fait preuve de bravitude Ségolène en ce moment ? Ouais, mais je trouve qu'elle devrait faire preuve de certitude, si je peux me permettre Ségolène. Je te kiffe.
Dominique de Villepin
Elle vous fait peur Ségolène ? Non, je la connais depuis que je suis petit, donc non.
Carole Bouquet
Qui préféreriez-vous embrasser sur la bouche, Dominique de Villepin ou Ségolène Royal ? Ségolène Royal, je lui souhaite un destin national.
Michael Youn et ses amis
Qui vous choisiriez comme Marianne pour la France ? Ségolène Royal, ça va bien la faire chier qu'on l'appelle Marianne. Voilà si Sarko est élu, on prendra Ségolène Royal ça va bien lui foutre les plombs.
Elie Semon
Ségolène, je te félicite, je t'embrasse et je t'attends ce soir à la maison à l'heure habituelle, voilà je t'aime.
Nicolas Sarkozy
Pour combien vous partiriez en vacances avec Ségolène Royal ? Gratuit naturellement.
Groland
Alors vous êtes jaloux à Groland de ne pas avoir de Ségolène Royal ? Elle viendra peut-être se réfugier chez nous, on ne sait pas. Elle sera bien accueillie d'ailleurs. Oui plutôt que l'île de Ré.
Philippe Torreton
Un mot pour définir Ségolène Royal. L'espoir.
Patrick Bruel
Pour l'instant je ne suis pas convaincu que ce soit comme diraient certains l'espoir.
Patrick Poivre D'Arvor
Comment ais-je trouvé Ségolène Royal en maillot ? Eh bien, bien. Bien roulé comme tout le monde l'a dit.
Anne Sinclair
Qu'est-ce que tu préfères chez Ségolène Royal ? Ses vestes blanches parce que je les trouve très seyantes.
Alain Duhamel
Vous avez un conseil pour Ségolène Royal ? Oui, écoutez François Hollande.
Henri Salvador
Qu'est-ce qu'il y a de plus sexy chez Ségolène Royal ?
François Bayrou
Elle est très jolie Ségolène ROYAL. Je trouve qu'elle a un visage de Joconde.
Henri Salvador
Rire.
François Bayrou
Très belle allure, très beau port.
Nicolas Sarkozy
Qu'est-ce que vous souhaitez à Ségolène ? D'être heureuse.
Michel Denisot
Commentaire. Un commentaire.
Ségolène Royal
C'est merveilleux.
Michel Denisot
Tout le monde s'aime.
Ségolène Royal
C'était affectueux.
Ariane Massenet
Vous partiriez en vacances avec Nicolas Sarkozy, lui dit que oui.
Ségolène Royal
Ce ne serait pas mon premier choix.
Michel Denisot
Bon, on ne va pas insister sur qui serait le premier choix. Qui sait le premier choix ?
Ségolène Royal
Vous vous en doutez non ?
Ariane Massenet
Donc en deux, Nicolas Sarkozy en deux.
Ségolène Royal
Peut-être pas non plus.
Frédéric Beigbeder
François Bayrou ?
Ségolène Royal
Non plus.
Michel Denisot
On va passer maintenant au petit journal de l'équipe de Yann Barthez, un spécial Ségolène Royal comme c'est la règle avec nos invités rédacteur en chef, donc comme l'ont été François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Donc l'équipe du petit journal vous suit depuis plusieurs mois et voici votre vie en tournée comme on dirait dans le show business par le petit bout de la lorgnette.
Yann Barthez
François Bayrou y est passé. Nicolas Sarkozy y est passé, oui, oui c'est lui, aujourd'hui debriffing de notre relation de deux ans avec Ségolène Royal. On vous a suivi partout, on vous a vu chez Jamel, on a vu quand PPDA vous a fait ça au JT. On a chanté avec vous, mais on vous a aussi bien agacé. Oh qu'on vous agace, mais chez vous ça passe vite. On est copain. Ah, le petit journal de Ségolène Royal, c'est parti. Le week-end dernier on était avec vous dans le pays du cassoulet, le Sud Ouest, on vous a vu danser, mais dites donc quelle folie. Et pendant les meetings on a surtout vu les MJS, le Mouvement des Jeunes Socialistes très fort en banderoles, en tracts, en cartons, en tee-shirt, mais bon sang quel est le secret de leur dynamisme ? Il suffit de regarder sous la banderole MJS. Alors le jeune PS prend des vitamines, il se goinfre, le jeune boit, le jeune vous écoute et se ressource et après forcément il vous met une ambiance les MJS. En vous suivant pendant deux ans, on a également pu analyser votre entourage et aujourd'hui on balance car on n'a, mais alors aucun scrupule, on a vu Bernard Kouchner s'éclater pendant vos forums participatifs et sa réaction ?
Bernard Kouchner
C'est vrai que deux heures, c'est un peu dur, mais on aurait envie de dire que ça ne suffit pas.
Yann Barthez
On a également bien connu Julien Dray mais d'ailleurs comment faites-vous pour supporter ses bruits de bouche ? Insupportables. Par contre on n'a rencontré ni Jean-Louis, ni Martine, ni celui ou celle qui écrit vos textes et c'est bien dommage, pourquoi ? Parce que. Il faudrait qu'ils bossent un peu quand même.
Ségolène Royal
Et ça c'est le petit pineau, le petit pineau des Charente. Voilà.
Yann Barthez
Pendant ce temps, Ségolène Royal passe devant les MJS. Attention exclu le petit journal a voulu voir où Ségolène Royal travaille, on est allé au QG de campagne et c'est dans cet immeuble, on rentre et, ah voilà le gardien.
Gardien
Bonjour. Vous sortez s'il vous plait.
Yann Barthez
Non merci on préfère monter, troisième étage et bonjour tout le monde. C'est sacrément coquet, un bureau design, des affiches. On sait que vous vous asseyez quelquefois ici, que vous vous faites du café tous les matins ici, que vous faites des photocopies ici, que vous cogitez ici, on a tout vu sauf votre bureau, la porte orange là, orange comme l'UDF, interdit de filmer, et pour cause, l'accès n'y est autorisé qu'aux messieurs qui ont des couettes. Salut MJS, ils nous kiffent. Et enfin on garde les bonnes habitudes, François Bayrou avait eu droit à sa chanson gênante de militant, on lui mettait dans son urne, Nicolas Sarkozy a eu droit à son Hugues Auffray aux lunettes fumées. Mais chacun sa croix, on en a aussi un pour vous, lui aussi a des lunettes fumées car c'est la classe, on l'a trouvé dans le Sud Ouest juste avant votre meeting, c'est le groupe des Musicap go. Eh attendez, mais oui on le reconnaît c'est un MJS.
Michel Denisot
Voilà le travail de l'équipe de Yann Barthez. On arrive à la fin de cette émission.
Ségolène Royal
Non, mais il ne faut pas se moquer des militants, c'est les foules sentimentales ça, c'est tellement extraordinaire ces réunions publiques. Hier soir encore, il y avait plus de dix mille personnes à Dijon, c'est des moments merveilleux, magiques, les gens viennent, ils écoutent, ils soutiennent, c'est mon équipe de campagne. Voilà.
Michel Denisot
On ne se moque pas, on taquine.
Ségolène Royal
On taquine, c'est vrai.
Michel Denisot
On est d'accord là dessus. On n'a pas eu le temps de parler de ce livre, on déborde déjà un petit peu de deux ou trois minutes, donc il s'appelle " masculin, féminin " de Françoise Heritier chez Odile Jacob.
Ségolène Royal
Grande anthropologue qui analyse les tréfonds des inégalités homme femme et qui explique que c'est là que se trouve le ressort de toutes les inégalités, et si on règle celles-ci alors à ce moment là on réglera aussi les autres inégalités, qui freinent une société, qui l'empêche d'avancer.
Michel Denisot
Voilà merci beaucoup.
Ariane Massenet
Vous avez bien entendu Michel.
Michel Denisot
J'ai entendu oui. Un mot... on déborde... c'est pas possible.
Frédéric Beigbeder
Pour la journée de la femme, c'est que des récits érotiques et comme c'est la journée de la femme, extase de femmes, c'était pour vous.
Ségolène Royal
Merci beaucoup.
Michel Denisot
Merci Frédéric.
Frédéric Beigbeder
C'est que des récits de femmes.
Michel Denisot
Merci à vous.
Source http://www.desirdavenir.org, le 14 mars 2007