Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je n'ai pas voulu faire de cette dernière conférence de presse sur la biodiversité un bilan de la stratégie nationale pour la biodiversité.
Le bilan du gouvernement est assez exceptionnel en la matière pour qu'il parle, si j'ose dire, tout seul.
Vous pourrez en juger à travers le document que vous trouverez dans votre dossier de presse intitulé « premier bilan de la stratégie nationale pour la biodiversité en 2006 ».
Avec la création ou l'agrandissement de plusieurs réserves naturelles, dont celle des terres australes françaises, la création des parcs nationaux de la Guyane et de la Réunion, la surface d'espaces protégés s'est accrue dans des proportions jusqu'alors impensables : ils ont été multipliés par plus de 4 au plan national et par 7,65 Outre-Mer, par 100 pour les espaces maritimes.
De leur côté, les espaces naturels dont les orientations de gestion et de conservation sont arrêtées par concertation locale, impliquant citoyens et collectivités, ont également fait des progrès considérables : non seulement 5 nouveaux parcs naturels régionaux ont été créés, concernant 627000 ha au total (+ 9,7 %) mais encore le réseau Natura 2000 vient d'être achevé, passant à plus de 12% du territoire métropolitain.
Pour autant d'autres progrès demeurent indispensables tant la diversité des agressions que subit aujourd'hui la biodiversité appelle une mobilisation de toute la société.
La perte accélérée de la diversité biologique constitue aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, l'une des deux principales menaces qui pèsent, sur l'environnement et sur l'avenir de l'humanité.
Autant nos concitoyens paraissent aujourd'hui, fort heureusement, sensibilisés au réchauffement climatique ; autant nous avons encore beaucoup à faire pour les convaincre et spécialement de nombreux décideurs, économiques et politiques, de l'urgence de stopper la disparition d'un nombre croissant d'espèces vivantes chaque année.
C'est pourquoi j'ai préféré mettre l'accent aujourd'hui sur deux initiatives qui cadrent parfaitement avec cette exigence de la stratégie nationale qui est de mobiliser plus largement décideurs et citoyens.
La première résulte d'une demande que j'avais adressée au conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité, le CSPNB, de me fournir davantage d'exemples convaincants des services que fournit à l'humanité la biodiversité.
Le monde vivant est en effet incontestablement le premier et le plus grand trésor de l'humanité. Elle en est issue et elle en fait partie.
Le monde vivant a été la matrice de toutes les cultures et c'est de lui d'abord que l'humanité a tiré tous ses moyens de subsistance ; elle a su l'adapter, le façonner, le domestiquer, jusqu'à, depuis quelques centaines, mais bien davantage encore depuis quelques dizaines d'années, commencer à lui porter des coups mortels.
Nous savons tous que l'humanité ne ressortira pas indemne d'une disparition massive de la diversité biologique, en cours aujourd'hui sous nos yeux.
Le monde vivant, qui a progressivement colonisé quasiment toutes les situations géographiques sur la planète, depuis les fosses océaniques les plus inhospitalières jusqu'aux confins des pôles, demeure une ressource infinie pour nos sociétés humaines.
La nature est un réservoir de modèles, de molécules complexes, d'équilibres fragiles, pour la plupart encore non élucidés, que nous serions bien incapables de produire artificiellement et dont nous n'avons, jusqu'à présent que très marginalement tiré parti.
La nature, enfin, est aussi source d'équilibre dans les sociétés humaines : les services qu'elle procure gratuitement (épuration des eaux, fertilité des sols, abondance de poissons, protection contre les maladies et les catastrophes naturelles, médicaments) sont facteurs de paix. Les déséquilibres que nous y provoquons sont pourvoyeurs de drames et de conflits.
Parler de la biodiversité c'est parler de l'homme et de son devenir.
C'est pour initier, informer et convaincre jusqu'aux plus sceptiques que j'avais demandé ce travail au CSPNB.
Sous l'impulsion de son président, Monsieur Yvon LE MAHO, membre de l'Académie des sciences et grâce à l'enthousiasme et à l'implication personnelle de chacun de ses membres, tous scientifiques de haut niveau, le Conseil a fait beaucoup plus que ce que je lui demandais : il a pris l'intiative d'écrire ce livre que nous vous présentons aujourd'hui : « la biodiversité à travers des exemples ».
Cet ouvrage est remarquable de pédagogie, de précision scientifique et, chose également essentielle, d'une présentation attractive. Je laisse le Président LE MAHO vous en dire davantage. Source http://www.environnement.gouv.fr, le 22 mars 2007