Texte intégral
Monsieur le Ministre, cher Gilles,
Monsieur le Ministre délégué, cher François,
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous faire part de mon immense plaisir d'être ici aujourd'hui, avec vous tous.
J'ai en réalité deux raisons d'être heureux de cette rencontre :
- La première tient au choix de cette université pour cette conférence de presse. La Sorbonne, c'est le berceau de la liberté de penser, c'est le creuset des savoirs européens, cela me semble être en effet le lieu idéal pour aborder le sujet essentiel qui nous réunit aujourd'hui.
La deuxième tient à la satisfaction que j'éprouve à être aux côtés de mes collègues Gilles de Robien et François Goulard, avec qui nous avons beaucoup travaillé, même si le résultat à mon avis est très imparfait et n'est que le début de quelque chose. Nous avons travaillé ensemble pour mieux coordonner les choses. Je parcours le monde entier depuis 20 mois et je vois que les élites du monde entier choisissent souvent de partir à Berkeley ou à Harvard, ou ailleurs. C'est vrai que nous avons beaucoup d'étudiants, comme l'a dit tout à l'heure Gilles de Robien, 11,6 % d'étudiants étrangers, mais il est vrai aussi que, dans ce monde globalisé, c'est un enjeu majeur pour nous que d'être attractif.
Il s'agit tout simplement de l'avenir de nos partenariats dans le monde de la recherche internationale et donc de la place de nos universités dans un monde en mutation rapide.
Lorsque j'ai annoncé, en mai 2006, la création d'une agence capable d'assurer la promotion, je dis bien la promotion, de notre enseignement supérieur, je ne faisais, au fond, que reprendre les recommandations de nombreux rapports : ceux de deux prix Nobel, François Jacob et Jean-Marie Lehn, et deux professeurs au Collège de France, Philippe Kourilsky et Pierre-Louis Lions, qui avaient publié en 2004 un appel public, judicieusement nommé "Du nerf !" pour donner un nouvel essor à la recherche. Bien d'autres avec eux appelaient à une simplification de nos structures d'échanges et de promotion de notre enseignement supérieur.
Il aura fallu près d'un an et beaucoup d'efforts de la part de tous pour parvenir à ce résultat, et je sais qu'il est dû à l'engagement personnel, constant, de très nombreux ici d'entre vous. Mais n'ayons pas peur de le dire, pouvions-nous encore longtemps surseoir à ce début de mouvement de réforme ?
Attirer les meilleurs étudiants étrangers, mieux les accueillir, valoriser notre savoir-faire et nos formations auprès de ceux qui seront les élites de demain et qui peuvent devenir des relais essentiels pour l'influence de notre pays : telle est l'ambition que nous nous étions tous donnée. Elle trouve aujourd'hui sa concrétisation avec la création de l'agence CampusFrance que nous avons annoncée ce matin avec Gilles de Robien en conseil des ministres.
La France, c'est une évidence, doit être en mesure d'accueillir les jeunes talents étrangers dans les meilleures conditions.
Soyons clairs : si nous voulons être au rendez-vous des évolutions profondes de nos sociétés, nous devons mettre la maison France en ordre de marche : sans une politique déterminée de promotion de la connaissance, de l'intelligence et de la création, sans une politique d'accueil des étrangers désireux d'accéder à nos laboratoires, parce qu'ils comptent parmi les meilleurs du monde, nous raterions tout simplement la marche de l'avenir.
Nous disposons enfin d'un dispositif cohérent. Celui-ci s'est déjà traduit par plusieurs mesures :
- La création des centres pour les études en France.
Dès 2005, nos ambassades ont ouvert de véritables guichets uniques d'écoute et de dialogue avec les étudiants étrangers. Beaucoup de jeunes nous disent dans nos ambassades et nos consulats : "je veux étudier en France". Encore faut-il connaître leur motivation et leur projet. Ce nouveau système d'accueil permet à ces étudiants de préciser leur projet d'études, de faciliter leurs démarches de pré-inscription en liaison avec les établissements d'enseignement supérieur et donc d'accélérer la procédure de délivrance des visas. Je ne demande pas mieux que d'accélérer la procédure de délivrance du visa pour un étudiant qui veut travailler en France. La France ne doit pas être une forteresse, elle doit, au contraire, être ouverte sur le monde.
- La loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration contient plusieurs dispositions favorables aux étudiants étrangers désireux de poursuivre des études en France parce que tout simplement elle prévoit un cadre approprié pour l'obtention des titres de séjour portant la mention "étudiant" ou "scientifique".
Afin d'améliorer encore la lisibilité de notre système d'accueil, de mieux articuler nos actions et d'assurer une parfaite cohérence à notre chaîne de mobilité, il fallait surtout de la clarté. Et c'est pour avoir la clarté que nous avons regroupé les différents acteurs qui s'occupaient de la promotion de l'enseignement supérieur et de l'accueil des étudiants.
L'agence Campus France est ainsi constituée sous la forme d'un Groupement d'intérêt public rapprochant Edu-France, Egide et le CNOUS pour ses activités concernant les étudiants étrangers.
Ses missions s'ordonnent dans l'intérêt des étudiants autour de deux pôles, dont il revient à l'agence d'organiser la liaison continue.
A l'étranger, CampusFrance participera à l'animation des "espaces CampusFrance". Ces "espaces", placés sous l'autorité de l'ambassadeur, regrouperont les fonctions de promotion de notre enseignement supérieur - en expliquant qu'en France, nous avons les meilleures universités et les meilleures grandes écoles du monde -, d'information, d'orientation des étudiants, ainsi que l'ensemble des fonctions assurées par les centres pour études en France, en concertation étroite avec les établissements d'enseignement supérieur. A ces derniers revient également l'évaluation des candidatures et la décision finale d'inscription.
En France, Campus France disposera de lieux d'accueil au sein du réseau des CROUS (Centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires). Je voudrais vraiment remercier les universités et les CROUS, parce que le fait que les CROUS et le CNOUS (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires) travaillent avec le ministère des Affaires étrangères, n'était pas acquis d'avance, je le sais. Ces espaces opèreront en étroite coopération avec les établissements d'enseignement supérieur qui, conformément à leur mission traditionnelle, prendront en charge l'encadrement pédagogique des étudiants, sur la base du projet de formation ou de recherche élaboré par ces derniers en concertation avec leurs interlocuteurs français.
Ainsi, Campus France a pour ambition d'offrir aux étudiants étrangers, avant même leur arrivée en France, un véritable parcours de réussite. Celui-ci est défini par la "charte de qualité pour l'accueil des étudiants étrangers boursiers du gouvernement français". Ce document représente le fruit d'un travail commun avec le ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche mais aussi avec l'ensemble des conférences réunissant les présidents d'universités. Je voudrais remercier les présidents d'universités, d'écoles d'ingénieurs, de grandes écoles ainsi que tous les opérateurs concernés par la mobilité. Cette charte de qualité que nous allons signer ensemble aujourd'hui constitue un gage d'efficacité dont les étudiants devraient utilement tirer profit.
L'agence CampusFrance sera par conséquent l'instrument majeur de l'influence universitaire que nous devons exercer dans un monde où la compétition est de plus en plus vive.
Mesdames et Messieurs,
Au-delà du lancement de cette agence, je souhaite souligner, en conclusion, l'importance que revêt à mes yeux le secteur du savoir et de la connaissance pour l'avenir de notre pays et de sa jeunesse.
Depuis 2005, nous avons enregistré de nombreux succès pour l'exportation de nos formations. L'installation de l'Ecole centrale à Pékin, Monsieur l'Ambassadeur de Chine, celle de Paritech et des universités françaises de technologie à Shangai, la création de pôles universitaires au Vietnam, l'implantation de La Sorbonne à Abou Dabi, la création d'un Institut supérieur des affaires à Alger, que j'ai moi-même inauguré : tout cela illustre la renommée de nos écoles et de nos formations. Au-delà, cela confirme, comme je l'ai souvent observé moi-même dans mes déplacements à l'étranger, l'importance de l'attente des étudiants et des chercheurs à notre égard. Face à cette situation, il me semble évident que nous ne pouvons pas décevoir cette espérance.
Je vous remercie et j'invite maintenant les présidents de la Conférence des présidents d'université, de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs et de la Conférence des Grandes écoles à venir signer la charte de qualité.
Q - S'agit-il réellement d'une fusion ? Campus France délivrera-t-il des bourses ou bien chaque organisme restera-t-il indépendant ? Concrètement, comment les choses vont-elles se dérouler ?
R - Non, pour l'instant, il n'y a malheureusement pas qu'un seul établissement. Aujourd'hui, c'est le début d'une meilleure coordination. C'est pour cela que j'ai commencé en disant que c'était imparfait. Nous avons fait la même chose pour CulturesFrance, c'est-à-dire que nous commençons à réunir les différentes associations pour ensuite terminer, et c'est notre but, par un seul établissement. Si jamais nous devions continuer à avoir des responsabilités, c'est ce que nous ferons.
Q - Je ne comprends pas du tout la coordination entre CampusFrance et le CEF et j'aimerais être éclairé sur cette question.
R - Concernant les CEF (les Centres pour les Etudes en France), il faut en effet bien comprendre à quoi servent exactement ces organismes. Ils sont là pour assister les établissements dans leur examen de demande de pré-inscription : voilà la complémentarité avec EduFrance.
Q - Quelles sont les étapes de la procédure ou les fameux CEF, (les centres d'études en France) jouent un rôle ?
R - Premièrement, lors de l'élaboration du projet d'études. J'ai toujours été frappé par le nombre d'étudiants étrangers qui disaient vouloir étudier en France mais qui ne parvenaient pas à exprimer concrètement et véritablement leur projet. Je crois que nous sommes là aussi pour les guider. Le CEF répond à toutes les interrogations des étudiants étrangers, soit directement dans ses locaux, soit par courrier électronique. Toute la documentation d'EduFrance est disponible et c'est en effet là où vous pouvez peut-être trouver des choses un peu communes.
Le CEF aide l'étudiant à élaborer un projet d'études pertinent et cohérent par rapport à son parcours antérieur. Il est important d'expliquer à un étudiant qu'il ne peut pas faire abstraction dans ses choix d'étude en France de la formation qu'il a déjà reçue. Le CEF nous aide donc à faire en sorte que l'étudiant bénéficie d'un parcours de réussite pour le plus grand profit, le sien, bien sûr, mais aussi celui de la France et de son pays d'origine. C'est cela l'élaboration du projet d'études.
Par ailleurs, le CEF agit lors de l'inscription dans une université française. Ces centres offrent en effet aux étudiants étrangers la possibilité, grâce à un site Internet, d'enregistrer leur dossier de demande d'inscription en ligne et de suivre en temps réel, le traitement de ce dossier sur le site du CEF.
Le CEF vérifie également les diplômes, les certificats, tous les documents présentés par l'étudiant. Ces informations sont communiquées immédiatement aux établissements qui, jusqu'ici, ne pouvaient guère les vérifier.
Chaque étudiant a donc son propre espace personnel. Il peut y suivre l'ensemble de ses démarches. Un système de messagerie lui permet d'avoir des réponses à toutes ses questions en 48 heures en moyenne.
J'ai souhaité que ce soit un guichet unique - comme je l'ai rappelé au Conseil des ministres - qui serve à trois choses : à l'élaboration du projet, à l'inscription dans une université française, avec une moyenne de réponses dans les 48 heures - je crois que c'est également très important pour les familles - et, enfin, lors de la demande de visa.
Le CEF accompagne l'étudiant dans la constitution des dossiers de demande de visas et Dieu sait si nous avons un problème de délai pour délivrer les visas. Les étudiants qui sont passés par un CEF, ayant obtenu leur visa et pré-inscrit dans un d'établissement adhérant à la Convention sur les CEF, obtiennent donc de plein droit - et je me suis battu pour cela -, le titre de séjour en France. Cette simplification fera beaucoup pour notre attractivité à l'égard des étudiants étrangers.
Je voulais ajouter un mot concernant le coût du CEF, parce que c'est important de savoir combien cela coûte. Combien le CEF coûtera-t-il à l'étudiant étranger ? Les tarifs sont fixés par nos ambassades pour tenir compte des réalités locales. L'étudiant qui passe par le CEF paie un demi-droit de visa. Je prendrai un exemple : en Afrique, le CEF revient en moyenne à 25 euros. Si l'étudiant paie environ 75 euros au CEF, il bénéficie d'une réduction de 50 euros sur ce visa. Cette somme est à rapprocher des 4000 euros de conditions de ressources qui lui sont demandées.
Q - Beaucoup d'étudiants sont dans une semi-clandestinité, semi, car ils ont fini leurs études et après, la carte de séjour se termine et beaucoup d'opérateurs privés souhaitent que ces étudiants travaillent pour eux mais il y a le problème de la Direction du Travail et de l'Emploi. Y aura-t-il vraiment une clarté sur cette question ?
R - Vous posez la question de la fuite des cerveaux. Il est évident que la France, comme aujourd'hui tous les pays du monde, a besoin de cette jeunesse-là. C'est une chance absolue pour notre pays, Gilles de Robien pourrait mieux vous répondre que moi, mais nous considérons que c'est une chance absolue. Simplement, il est aussi important pour ce qui me concerne, moi qui ai la responsabilité des visas - c'est le ministère des Affaires étrangères qui est responsable des visas - de bien vérifier le projet et la destination de cet étudiant afin qu'il ne se trompe pas d'aiguillages en arrivant.
Q - Vous avez évoqué une bourse. Quels seront les critères d'attribution ? Ne sera-t-elle pas uniquement destinée aux personnes qui doivent assurer 4000 euros pour remplir les conditions de ressources minimum pour s'inscrire en France ? Et qui parle d'accueil parle aussi d'hébergement. Lorsque l'on voit tous les problèmes que les Français eux-mêmes rencontrent pour se loger, c'est-à-dire les étudiants qui viennent notamment d'autres villes au début de l'inscription universitaire pour trouver un logement, y aura-t-il un pourcentage, une politique claire concernant l'hébergement qui est intimement lié à l'accueil des étudiants étrangers ?
R - Concernant les bourses, d'abord, quel est le nombre de candidatures et quel est le nombre de bourses attribuées ? Pour vous répondre, il faut en toute transparence partir de deux chiffres : en 2006, le Programme Lavoisier a représenté 188 bourses attribuées pour 925 candidatures enregistrées ; le Programme UNIVERS a représenté 321 bourses attribuées pour 530 candidatures enregistrées.
Concernant les critères d'attribution, ces bourses ne seront pas attribuées en fonction de critères sociaux mais sur des critères d'excellence universitaire : le parcours de l'étudiant, sa motivation, son projet d'études ou de recherches sont primordiaux. Seule exception, les bourses pour les étudiants qui seront admis au Collège d'Europe : celles-là seront attribuées sur des critères sociaux. La sélection des étudiants en vu de leur admission s'effectuera elle-même sur des critères universitaires.
A propos du montant des bourses et du financement de l'ensemble du séjour à l'étranger, vous parliez du logement. Le Programme Lavoisier prévoit une allocation forfaitaire destinée à couvrir, partiellement je le reconnais, les frais occasionnés par un séjour à l'étranger. Le montant de ces allocations tient compte du projet de budget que le candidat doit joindre à son dossier ainsi que le coût de la vie dans le pays concerné. Il varie de 305 à 2200 euros mensuel, selon les pays. Les bourses Lavoisier peuvent venir en complément d'aides partielles accordées par les établissements d'accueil ou par les collectivités territoriales, à condition que ces financements soient significativement inférieurs au montant de la bourse Lavoisier.
Pour les Collèges doctoraux, ils bénéficieront d'une allocation mensuelle de 1000 euros qui peut être versée en complément d'une allocation de recherche ou d'un autre type de financement ; je rappelle qu'il y a des bourses régionales, des prêts régionaux, en tout cas dans ma région Midi-Pyrénées, cela existe.
Enfin, les bourses UNIVERS, le montant des allocations varie très largement d'un programme à l'autre, dans la mesure où il s'agit d'un financement des gouvernements étrangers et dans certains cas, je voudrais vous dire que le ministère des Affaires étrangères apporte un complément mensuel et finance les frais de voyage.
Q - Dans le paysage de l'enseignement supérieur français, il existe d'autres acteurs qui sont reconnus par l'Etat, certifiés et visés et qui sont des acteurs privés. Ma question est puisque les CEF doivent promouvoir l'enseignement supérieur, puisqu'ils doivent sélectionner les candidats et ensuite, les orienter vers les établissements français, ces établissements privés seront-ils inclus ou non dans cette orientation et dans cette sélection ?
R - Vous êtes bien placée pour savoir que dans les CEF, nous orientons les étudiants en fonction de leur projet et de leur souhait et, évidemment, aucun établissement n'est exclu de ce Programme. Il ne me viendrait pas à l'idée de dire que, parce qu'un enseignement est privé, nous ferions cela. Mais, simplement, on tombe très souvent sur des problèmes de coûts. Mais il n'y a absolument aucune raison d'empêcher des étudiants, s'ils ont le bon profil et s'ils en ont envie, de pouvoir aller chez vous.
Q - Qu'est-ce qui a déterminé le choix des lieux d'installation des Campus France dans le monde ?
R - C'est essentiellement la demande. Nous augmenterons bien entendu le nombre de Campus France, peut-être tous les 4 ou 5 ans. Tout va très vite, il faut modifier notre propre réseau consulaire, notre propre réseau diplomatique. Cette année, par exemple, en Chine, j'ai décidé d'augmenter les effectifs de 30 %, mais aussi les moyens financiers. C'est pareil pour Campus France, on voit qu'il y a des pays qui sont beaucoup plus demandeurs que d'autres. Nous avons commencé par les pays où la demande était la plus forte.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007
Monsieur le Ministre délégué, cher François,
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous faire part de mon immense plaisir d'être ici aujourd'hui, avec vous tous.
J'ai en réalité deux raisons d'être heureux de cette rencontre :
- La première tient au choix de cette université pour cette conférence de presse. La Sorbonne, c'est le berceau de la liberté de penser, c'est le creuset des savoirs européens, cela me semble être en effet le lieu idéal pour aborder le sujet essentiel qui nous réunit aujourd'hui.
La deuxième tient à la satisfaction que j'éprouve à être aux côtés de mes collègues Gilles de Robien et François Goulard, avec qui nous avons beaucoup travaillé, même si le résultat à mon avis est très imparfait et n'est que le début de quelque chose. Nous avons travaillé ensemble pour mieux coordonner les choses. Je parcours le monde entier depuis 20 mois et je vois que les élites du monde entier choisissent souvent de partir à Berkeley ou à Harvard, ou ailleurs. C'est vrai que nous avons beaucoup d'étudiants, comme l'a dit tout à l'heure Gilles de Robien, 11,6 % d'étudiants étrangers, mais il est vrai aussi que, dans ce monde globalisé, c'est un enjeu majeur pour nous que d'être attractif.
Il s'agit tout simplement de l'avenir de nos partenariats dans le monde de la recherche internationale et donc de la place de nos universités dans un monde en mutation rapide.
Lorsque j'ai annoncé, en mai 2006, la création d'une agence capable d'assurer la promotion, je dis bien la promotion, de notre enseignement supérieur, je ne faisais, au fond, que reprendre les recommandations de nombreux rapports : ceux de deux prix Nobel, François Jacob et Jean-Marie Lehn, et deux professeurs au Collège de France, Philippe Kourilsky et Pierre-Louis Lions, qui avaient publié en 2004 un appel public, judicieusement nommé "Du nerf !" pour donner un nouvel essor à la recherche. Bien d'autres avec eux appelaient à une simplification de nos structures d'échanges et de promotion de notre enseignement supérieur.
Il aura fallu près d'un an et beaucoup d'efforts de la part de tous pour parvenir à ce résultat, et je sais qu'il est dû à l'engagement personnel, constant, de très nombreux ici d'entre vous. Mais n'ayons pas peur de le dire, pouvions-nous encore longtemps surseoir à ce début de mouvement de réforme ?
Attirer les meilleurs étudiants étrangers, mieux les accueillir, valoriser notre savoir-faire et nos formations auprès de ceux qui seront les élites de demain et qui peuvent devenir des relais essentiels pour l'influence de notre pays : telle est l'ambition que nous nous étions tous donnée. Elle trouve aujourd'hui sa concrétisation avec la création de l'agence CampusFrance que nous avons annoncée ce matin avec Gilles de Robien en conseil des ministres.
La France, c'est une évidence, doit être en mesure d'accueillir les jeunes talents étrangers dans les meilleures conditions.
Soyons clairs : si nous voulons être au rendez-vous des évolutions profondes de nos sociétés, nous devons mettre la maison France en ordre de marche : sans une politique déterminée de promotion de la connaissance, de l'intelligence et de la création, sans une politique d'accueil des étrangers désireux d'accéder à nos laboratoires, parce qu'ils comptent parmi les meilleurs du monde, nous raterions tout simplement la marche de l'avenir.
Nous disposons enfin d'un dispositif cohérent. Celui-ci s'est déjà traduit par plusieurs mesures :
- La création des centres pour les études en France.
Dès 2005, nos ambassades ont ouvert de véritables guichets uniques d'écoute et de dialogue avec les étudiants étrangers. Beaucoup de jeunes nous disent dans nos ambassades et nos consulats : "je veux étudier en France". Encore faut-il connaître leur motivation et leur projet. Ce nouveau système d'accueil permet à ces étudiants de préciser leur projet d'études, de faciliter leurs démarches de pré-inscription en liaison avec les établissements d'enseignement supérieur et donc d'accélérer la procédure de délivrance des visas. Je ne demande pas mieux que d'accélérer la procédure de délivrance du visa pour un étudiant qui veut travailler en France. La France ne doit pas être une forteresse, elle doit, au contraire, être ouverte sur le monde.
- La loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration contient plusieurs dispositions favorables aux étudiants étrangers désireux de poursuivre des études en France parce que tout simplement elle prévoit un cadre approprié pour l'obtention des titres de séjour portant la mention "étudiant" ou "scientifique".
Afin d'améliorer encore la lisibilité de notre système d'accueil, de mieux articuler nos actions et d'assurer une parfaite cohérence à notre chaîne de mobilité, il fallait surtout de la clarté. Et c'est pour avoir la clarté que nous avons regroupé les différents acteurs qui s'occupaient de la promotion de l'enseignement supérieur et de l'accueil des étudiants.
L'agence Campus France est ainsi constituée sous la forme d'un Groupement d'intérêt public rapprochant Edu-France, Egide et le CNOUS pour ses activités concernant les étudiants étrangers.
Ses missions s'ordonnent dans l'intérêt des étudiants autour de deux pôles, dont il revient à l'agence d'organiser la liaison continue.
A l'étranger, CampusFrance participera à l'animation des "espaces CampusFrance". Ces "espaces", placés sous l'autorité de l'ambassadeur, regrouperont les fonctions de promotion de notre enseignement supérieur - en expliquant qu'en France, nous avons les meilleures universités et les meilleures grandes écoles du monde -, d'information, d'orientation des étudiants, ainsi que l'ensemble des fonctions assurées par les centres pour études en France, en concertation étroite avec les établissements d'enseignement supérieur. A ces derniers revient également l'évaluation des candidatures et la décision finale d'inscription.
En France, Campus France disposera de lieux d'accueil au sein du réseau des CROUS (Centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires). Je voudrais vraiment remercier les universités et les CROUS, parce que le fait que les CROUS et le CNOUS (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires) travaillent avec le ministère des Affaires étrangères, n'était pas acquis d'avance, je le sais. Ces espaces opèreront en étroite coopération avec les établissements d'enseignement supérieur qui, conformément à leur mission traditionnelle, prendront en charge l'encadrement pédagogique des étudiants, sur la base du projet de formation ou de recherche élaboré par ces derniers en concertation avec leurs interlocuteurs français.
Ainsi, Campus France a pour ambition d'offrir aux étudiants étrangers, avant même leur arrivée en France, un véritable parcours de réussite. Celui-ci est défini par la "charte de qualité pour l'accueil des étudiants étrangers boursiers du gouvernement français". Ce document représente le fruit d'un travail commun avec le ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche mais aussi avec l'ensemble des conférences réunissant les présidents d'universités. Je voudrais remercier les présidents d'universités, d'écoles d'ingénieurs, de grandes écoles ainsi que tous les opérateurs concernés par la mobilité. Cette charte de qualité que nous allons signer ensemble aujourd'hui constitue un gage d'efficacité dont les étudiants devraient utilement tirer profit.
L'agence CampusFrance sera par conséquent l'instrument majeur de l'influence universitaire que nous devons exercer dans un monde où la compétition est de plus en plus vive.
Mesdames et Messieurs,
Au-delà du lancement de cette agence, je souhaite souligner, en conclusion, l'importance que revêt à mes yeux le secteur du savoir et de la connaissance pour l'avenir de notre pays et de sa jeunesse.
Depuis 2005, nous avons enregistré de nombreux succès pour l'exportation de nos formations. L'installation de l'Ecole centrale à Pékin, Monsieur l'Ambassadeur de Chine, celle de Paritech et des universités françaises de technologie à Shangai, la création de pôles universitaires au Vietnam, l'implantation de La Sorbonne à Abou Dabi, la création d'un Institut supérieur des affaires à Alger, que j'ai moi-même inauguré : tout cela illustre la renommée de nos écoles et de nos formations. Au-delà, cela confirme, comme je l'ai souvent observé moi-même dans mes déplacements à l'étranger, l'importance de l'attente des étudiants et des chercheurs à notre égard. Face à cette situation, il me semble évident que nous ne pouvons pas décevoir cette espérance.
Je vous remercie et j'invite maintenant les présidents de la Conférence des présidents d'université, de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs et de la Conférence des Grandes écoles à venir signer la charte de qualité.
Q - S'agit-il réellement d'une fusion ? Campus France délivrera-t-il des bourses ou bien chaque organisme restera-t-il indépendant ? Concrètement, comment les choses vont-elles se dérouler ?
R - Non, pour l'instant, il n'y a malheureusement pas qu'un seul établissement. Aujourd'hui, c'est le début d'une meilleure coordination. C'est pour cela que j'ai commencé en disant que c'était imparfait. Nous avons fait la même chose pour CulturesFrance, c'est-à-dire que nous commençons à réunir les différentes associations pour ensuite terminer, et c'est notre but, par un seul établissement. Si jamais nous devions continuer à avoir des responsabilités, c'est ce que nous ferons.
Q - Je ne comprends pas du tout la coordination entre CampusFrance et le CEF et j'aimerais être éclairé sur cette question.
R - Concernant les CEF (les Centres pour les Etudes en France), il faut en effet bien comprendre à quoi servent exactement ces organismes. Ils sont là pour assister les établissements dans leur examen de demande de pré-inscription : voilà la complémentarité avec EduFrance.
Q - Quelles sont les étapes de la procédure ou les fameux CEF, (les centres d'études en France) jouent un rôle ?
R - Premièrement, lors de l'élaboration du projet d'études. J'ai toujours été frappé par le nombre d'étudiants étrangers qui disaient vouloir étudier en France mais qui ne parvenaient pas à exprimer concrètement et véritablement leur projet. Je crois que nous sommes là aussi pour les guider. Le CEF répond à toutes les interrogations des étudiants étrangers, soit directement dans ses locaux, soit par courrier électronique. Toute la documentation d'EduFrance est disponible et c'est en effet là où vous pouvez peut-être trouver des choses un peu communes.
Le CEF aide l'étudiant à élaborer un projet d'études pertinent et cohérent par rapport à son parcours antérieur. Il est important d'expliquer à un étudiant qu'il ne peut pas faire abstraction dans ses choix d'étude en France de la formation qu'il a déjà reçue. Le CEF nous aide donc à faire en sorte que l'étudiant bénéficie d'un parcours de réussite pour le plus grand profit, le sien, bien sûr, mais aussi celui de la France et de son pays d'origine. C'est cela l'élaboration du projet d'études.
Par ailleurs, le CEF agit lors de l'inscription dans une université française. Ces centres offrent en effet aux étudiants étrangers la possibilité, grâce à un site Internet, d'enregistrer leur dossier de demande d'inscription en ligne et de suivre en temps réel, le traitement de ce dossier sur le site du CEF.
Le CEF vérifie également les diplômes, les certificats, tous les documents présentés par l'étudiant. Ces informations sont communiquées immédiatement aux établissements qui, jusqu'ici, ne pouvaient guère les vérifier.
Chaque étudiant a donc son propre espace personnel. Il peut y suivre l'ensemble de ses démarches. Un système de messagerie lui permet d'avoir des réponses à toutes ses questions en 48 heures en moyenne.
J'ai souhaité que ce soit un guichet unique - comme je l'ai rappelé au Conseil des ministres - qui serve à trois choses : à l'élaboration du projet, à l'inscription dans une université française, avec une moyenne de réponses dans les 48 heures - je crois que c'est également très important pour les familles - et, enfin, lors de la demande de visa.
Le CEF accompagne l'étudiant dans la constitution des dossiers de demande de visas et Dieu sait si nous avons un problème de délai pour délivrer les visas. Les étudiants qui sont passés par un CEF, ayant obtenu leur visa et pré-inscrit dans un d'établissement adhérant à la Convention sur les CEF, obtiennent donc de plein droit - et je me suis battu pour cela -, le titre de séjour en France. Cette simplification fera beaucoup pour notre attractivité à l'égard des étudiants étrangers.
Je voulais ajouter un mot concernant le coût du CEF, parce que c'est important de savoir combien cela coûte. Combien le CEF coûtera-t-il à l'étudiant étranger ? Les tarifs sont fixés par nos ambassades pour tenir compte des réalités locales. L'étudiant qui passe par le CEF paie un demi-droit de visa. Je prendrai un exemple : en Afrique, le CEF revient en moyenne à 25 euros. Si l'étudiant paie environ 75 euros au CEF, il bénéficie d'une réduction de 50 euros sur ce visa. Cette somme est à rapprocher des 4000 euros de conditions de ressources qui lui sont demandées.
Q - Beaucoup d'étudiants sont dans une semi-clandestinité, semi, car ils ont fini leurs études et après, la carte de séjour se termine et beaucoup d'opérateurs privés souhaitent que ces étudiants travaillent pour eux mais il y a le problème de la Direction du Travail et de l'Emploi. Y aura-t-il vraiment une clarté sur cette question ?
R - Vous posez la question de la fuite des cerveaux. Il est évident que la France, comme aujourd'hui tous les pays du monde, a besoin de cette jeunesse-là. C'est une chance absolue pour notre pays, Gilles de Robien pourrait mieux vous répondre que moi, mais nous considérons que c'est une chance absolue. Simplement, il est aussi important pour ce qui me concerne, moi qui ai la responsabilité des visas - c'est le ministère des Affaires étrangères qui est responsable des visas - de bien vérifier le projet et la destination de cet étudiant afin qu'il ne se trompe pas d'aiguillages en arrivant.
Q - Vous avez évoqué une bourse. Quels seront les critères d'attribution ? Ne sera-t-elle pas uniquement destinée aux personnes qui doivent assurer 4000 euros pour remplir les conditions de ressources minimum pour s'inscrire en France ? Et qui parle d'accueil parle aussi d'hébergement. Lorsque l'on voit tous les problèmes que les Français eux-mêmes rencontrent pour se loger, c'est-à-dire les étudiants qui viennent notamment d'autres villes au début de l'inscription universitaire pour trouver un logement, y aura-t-il un pourcentage, une politique claire concernant l'hébergement qui est intimement lié à l'accueil des étudiants étrangers ?
R - Concernant les bourses, d'abord, quel est le nombre de candidatures et quel est le nombre de bourses attribuées ? Pour vous répondre, il faut en toute transparence partir de deux chiffres : en 2006, le Programme Lavoisier a représenté 188 bourses attribuées pour 925 candidatures enregistrées ; le Programme UNIVERS a représenté 321 bourses attribuées pour 530 candidatures enregistrées.
Concernant les critères d'attribution, ces bourses ne seront pas attribuées en fonction de critères sociaux mais sur des critères d'excellence universitaire : le parcours de l'étudiant, sa motivation, son projet d'études ou de recherches sont primordiaux. Seule exception, les bourses pour les étudiants qui seront admis au Collège d'Europe : celles-là seront attribuées sur des critères sociaux. La sélection des étudiants en vu de leur admission s'effectuera elle-même sur des critères universitaires.
A propos du montant des bourses et du financement de l'ensemble du séjour à l'étranger, vous parliez du logement. Le Programme Lavoisier prévoit une allocation forfaitaire destinée à couvrir, partiellement je le reconnais, les frais occasionnés par un séjour à l'étranger. Le montant de ces allocations tient compte du projet de budget que le candidat doit joindre à son dossier ainsi que le coût de la vie dans le pays concerné. Il varie de 305 à 2200 euros mensuel, selon les pays. Les bourses Lavoisier peuvent venir en complément d'aides partielles accordées par les établissements d'accueil ou par les collectivités territoriales, à condition que ces financements soient significativement inférieurs au montant de la bourse Lavoisier.
Pour les Collèges doctoraux, ils bénéficieront d'une allocation mensuelle de 1000 euros qui peut être versée en complément d'une allocation de recherche ou d'un autre type de financement ; je rappelle qu'il y a des bourses régionales, des prêts régionaux, en tout cas dans ma région Midi-Pyrénées, cela existe.
Enfin, les bourses UNIVERS, le montant des allocations varie très largement d'un programme à l'autre, dans la mesure où il s'agit d'un financement des gouvernements étrangers et dans certains cas, je voudrais vous dire que le ministère des Affaires étrangères apporte un complément mensuel et finance les frais de voyage.
Q - Dans le paysage de l'enseignement supérieur français, il existe d'autres acteurs qui sont reconnus par l'Etat, certifiés et visés et qui sont des acteurs privés. Ma question est puisque les CEF doivent promouvoir l'enseignement supérieur, puisqu'ils doivent sélectionner les candidats et ensuite, les orienter vers les établissements français, ces établissements privés seront-ils inclus ou non dans cette orientation et dans cette sélection ?
R - Vous êtes bien placée pour savoir que dans les CEF, nous orientons les étudiants en fonction de leur projet et de leur souhait et, évidemment, aucun établissement n'est exclu de ce Programme. Il ne me viendrait pas à l'idée de dire que, parce qu'un enseignement est privé, nous ferions cela. Mais, simplement, on tombe très souvent sur des problèmes de coûts. Mais il n'y a absolument aucune raison d'empêcher des étudiants, s'ils ont le bon profil et s'ils en ont envie, de pouvoir aller chez vous.
Q - Qu'est-ce qui a déterminé le choix des lieux d'installation des Campus France dans le monde ?
R - C'est essentiellement la demande. Nous augmenterons bien entendu le nombre de Campus France, peut-être tous les 4 ou 5 ans. Tout va très vite, il faut modifier notre propre réseau consulaire, notre propre réseau diplomatique. Cette année, par exemple, en Chine, j'ai décidé d'augmenter les effectifs de 30 %, mais aussi les moyens financiers. C'est pareil pour Campus France, on voit qu'il y a des pays qui sont beaucoup plus demandeurs que d'autres. Nous avons commencé par les pays où la demande était la plus forte.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007