Interview de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur "RFI" le 16 avril 2007, sur une éventuelle alliance entre le PS et l'UDF, sur les positions de Ségolène Royal en politique étrangère ainsi que sur son appel à voter pour elle dès le premier tour.

Prononcé le

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

F. Rivière : Bonjour, F. Hollande !
Bonjour !
Q- F. Rivière : Le week-end aura été marqué par les prises de position de M. Rocard et B. Kouchner qui ont tous les deux appelé à une alliance avec F. Bayrou avant le premier tour. Quel effet, quels effets peut avoir cette double initiative, selon vous ?
R- Aucun effet, si ce n'est que de rappeler que pour gagner avec S. Royal, il faut la porter au second tour de l'élection présidentielle et ensuite rassembler autour d'elle la gauche et puis les électrices et les électeurs qui voudront bien se retrouver autour de son pacte présidentiel. La politique c'est la clarté. Et la clarté c'est de dire qu'il y a une seule candidate qui peut représenter la gauche au second tour, c'est S. Royal. Et qu'ensuite, il faut faire le rassemblement le plus large, à la fois pour susciter l'espérance d'une victoire et rejeter la droite et N. Sarkozy.
Q- F. Rivière : Aucun effet. Est-ce que vous êtes sûr qu'aujourd'hui ils sont les seuls, Kouchner et Rocard, qui n'ont pas ouvert une brèche ? Par exemple, ce matin C. Allègre reprend l'idée à peu près à son compte également, l'ancien ministre de l'Education nationale.
R- Mais ce n'est pas une idée, c'est un fantasme ! C'est-à-dire ce n'est pas une possibilité, c'est une espèce d'illusion que beaucoup au centre, à droite, parfois même à gauche, ont pu avoir. C'est-à-dire...
Q- F. Rivière : C'est ce qui s'est fait en Italie, pourtant.
R- Ah non ! En Italie, c'est une coalition de gauche, qui va du Parti communiste jusqu'au Centre et chacun acceptant le leadership, en l'occurrence de R. Prodi. Là, il ne vous a pas échappé que F. Bayrou n'évoquait de possibilité qu'autour de lui. C'est-à-dire que c'est en écartant la gauche du second tour qu'il pourrait éventuellement picorer dans les camps respectifs pour trouver son marché, mais ce n'est pas cette combinaison-là. Je reprends votre formule, la « combinazione » que nous cherchons. Ce que nous cherchons c'est un rassemblement dans la clarté et autour d'un contrat entre la candidate et les Français.
Q- F. Rivière : Ce qu'ont proposé F. Hollande et B. Kouchner, c'est bien une formule à l'italienne, c'est-à-dire un rassemblement avant l'élection.
R- Oui, mais faudrait-il encore...
Q- F. Rivière : Moins large, moins large qu'en Italie, mais sur le même principe.
R- Faudrait-il encore qu'il y ait des partenaires qui en décident. Or aujourd'hui, le Parti Communiste, les Verts n'ont pas encore décidé, mais je pense qu'ils y viendront parce que c'est la logique même, mais le centre droit de F. Bayrou -je dis bien le centre droit de F. Bayrou - allié partout avec l'UMP, dans toutes les assemblées locales, départementales, à l'Assemblée nationale et au Sénat, ne le veut pas. F. Bayrou n'est pas là pour s'offrir à la gauche pour être là un allié supplémentaire pour battre N. Sarkozy ; il est là pour empêcher la gauche d'être au second tour en laissant croire que lui pourrait battre N. Sarkozy, qui appartient à sa propre majorité et à son propre camp. Allez comprendre !
Q- F. Rivière : Alors B. Kouchner et M. Rocard sont tous les deux membres de l'équipe de campagne de S. Royal. Ils ont pris cette initiative sans même lui en parler. Est-ce qu'il n'y a pas là tout de même un manque d'ordre, de l'ordre juste... peut-être ?
R- Mais on les connaît bien, M. Rocard depuis longtemps, B. Kouchner aussi. On sait quelles sont, disons leurs inclinations. Eux, ils voudraient depuis toujours, depuis le temps même où il y avait le programme commun de gouvernement entre le PS et le PC, F. Mitterrand, à l'époque Premier secrétaire, partant à la bataille pour 1981, ils étaient déjà dans l'état d'esprit, notamment M. Rocard, qu'il fallait regarder vers le centre. Et puis on a bien compris que c'était un rassemblement de la gauche qui permettait la victoire. Et M. Rocard en a même fait l'expérience cruelle en 1988 : il était Premier ministre de F. Mitterrand, il avait lancé un appel au centre. Qui étaient venues ? Quelques personnalités, rien d'autre. Monsieur Bayrou étant resté lui-même à sa place allié au RPR de l'époque. Donc cette expérience elle a été faite. S'il doit y avoir un changement, il ne viendrait pas de nous, il viendra d'hommes et de femmes qui diront "on en a assez de rester collés avec l'UMP, on en a assez de vouloir une politique qui met depuis 2002 notre pays en danger, on en a assez d'avoir un candidat, Sarkozy en l'occurrence, qui peut être une forme d'inquiétude pour nos conceptions de la valeur de l'homme et de la société, eh bien on ira voter vers la gauche". Donc le seul appel qu'il faut lancer aujourd'hui, et je le fais à votre micro, c'est un appel large aux électrices et aux électeurs ; vous voulez le changement, c'est S. Royal, vous voulez qu'il y ait un changement, il faut la porter au second tour de l'élection, vous voulez qu'il y ait un rassemblement, vous n'êtes pas forcément issus des rangs du Parti socialiste, des Radicaux de gauche, de la gauche, du Mouvement des Citoyens, bref je ne sais quelles sont encore les formes partisanes, mais vous avez, vous, la volonté de changer, vous votez S. Royal, et au premier tour et, si c'est possible, si vous nous en donnez les moyens, au second tour pour la victoire.
Q- F. Rivière : S. Royal disait hier qu'on ne lui aura pas épargné grand-chose dans cette campagne dans son propre camp. Vous partagez ce point de vue ?
R- Je pense qu'il y a quand même des personnalités qui ont eu un mauvais rôle, je trouve. Enfin on ne va pas reprendre ici la litanie de ceux qui ont écrit des livres, de ceux qui ont fait des déclarations. Mais quand on est dans une bataille, moi je considère que quand il y a eu un vote pour désigner une candidate, en l'occurrence S. Royal, eh bien la moindre des choses c'est de faire la campagne et puis ensuite d'en tirer les conclusions. Mais aujourd'hui que la victoire est proche, parce que la victoire est proche, il suffit là d'être au second tour, ensuite de faire le rassemblement autour de S. Royal et alors l'espérance est possible. Je pense que la gauche peut gagner l'élection présidentielle avec S. Royal. Quand nous sommes à ce point-là, à huit jours, que dis-je huit jours, six jours, du premier tour de l'élection présidentielle et à treize jours du second tour... à dix-neuf jours du second tour, moi-même je m'y perds ! Dix-neuf jours du second tour, on met toutes ses forces dans la bataille parce que la victoire est possible.
Q- F. Rivière : F. Hollande, est-ce qu'on ne pourrait pas dire aussi que S. Royal n'a pas épargné grand-chose elle-même à son parti, à son équipe, je pense à un certain nombre d'initiatives ou de déclarations. Par exemple, sur le plan international, elle a créé la surprise en proposant que l'Iran ne puisse pas accéder au nucléaire civil. Est-ce qu'aujourd'hui le PS a fait sienne cette proposition ?
R- Je pense que d'abord l'Iran s'est engagé dans un processus d'accès au nucléaire militaire.
Q- F. Rivière : Ce n'est pas ce qu'ils disent, en tout cas officiellement.
R- Non, mais c'est ce qu'on sait. Et que S. Royal a été la première à nous mettre en garde, en disant : « Attention ! S'il n'y a pas là l'évocation de sanctions, de mises en garde et de condamnation de la communauté internationale, l'Iran accédera non pas au nucléaire civil mais au nucléaire militaire. »
Q- C. Boisbouvier : Traditionnellement les régimes arabes pensent que leurs intérêts sont mieux défendus par la droite que par la gauche française. Est-ce qu'ils ont tort ou est-ce qu'ils ont raison ?
R- Moi, je pense que ce serait une erreur de ma part de vouloir dire ici que la politique étrangère de la France doit être décidée en fonction de tel ou tel soutien venant de pays extérieurs. Je pense que nous devons d'abord nous déterminer par rapport à des principes, à des règles et à des objectifs. En l'occurrence, par rapport au Proche-Orient, je considère que nous avons à soutenir toutes les initiatives de paix et nous avons à dire, et aux uns et aux autres, la réalité de la situation et la gravité de la situation. Et les pays arabes devraient aujourd'hui, d'ailleurs ils y travaillent, susciter toutes les initiatives qui permettent la reprise du dialogue.
Q- F. Rivière : Le Maroc et le Polisario viennent chacun de présenter aux Nations unies un plan pour le Sahara. La droite française soutien le plan marocain, c'est-à-dire l'autonomie à l'intérieur du royaume. Et vous ?
R- Nous, nous disons qu'il faut respecter les résolutions des Nations unies. Il faut donc aller vers une consultation des Sahraouis pour qu'ils puissent décider librement de leur avenir. Mais il y a eu, il faut le dire, des avancées de la partie marocaine, qui effectivement propose un cadre. Eh bien si ce cadre peut être soumis à la consultation des Sahraouis, ce sera une étape importante qui sera franchie.
Q- F. Rivière : Si la Chine continue de soutenir le régime de Khartoum, au Darfour, est-ce qu'il faudra boycotter les Jeux olympiques de Pékin l'an prochain, comme S. Royal et F. Bayrou en ont agité la menace, il y a un mois ?
R- Avant d'en arriver là, il faut dire aux Chinois qu'on comprend qu'ils aient une politique africaine, si elle s'inscrit dans le cadre du développement, de la relation durable qu'il faut avoir entre tous les continents pour favoriser la paix, mais s'il s'agit simplement de soutenir des régimes dont on voit aujourd'hui quelles sont les conséquences pour la population, alors il faut dire à la Chine que nous n'accepterons pas sa diplomatie en Afrique.
Q- F. Rivière : L. Gbagbo est devenu infréquentable, avez-vous dit un jour de 2004. Mais avant vous aviez reçu le président ivoirien au siège du Parti socialiste, à Paris. Est-ce que la gauche ne s'est pas compromise, comme la droite, dans certaines relations d'amitié ?
R- Nous avons des relations avec des partis qui participent à l'internationale socialiste, le parti de L. Gbagbo est dans l'internationale socialiste. Donc nous travaillons avec lui, mais j'ai dit, moi, très tôt ce que je ne pensais pas pouvoir accepter, c'est-à- dire des manquements aux règles des droits de l'homme. Ensuite, je constate que L. Gbagbo a essayé de rechercher une solution de compromis en Côte-d'Ivoire, que ce compromis est en train de trouver sa mise en oeuvre, avec un Premier ministre qui vient de la partie dite rebelle, je souhaite que ce compromis puisse trouver toute sa place.
Q- F. Rivière : Les interventions militaires improvisées au Tchad et en Centrafrique nous détournent des objectifs du développement, dit S. Royal. Alors, si vous gagnez, est-ce que la France cessera son aide militaire aux régimes tchadien, centrafricain et peut-être fermera certaines bases militaires, comme celle de N'Djamena ?
R- En tout cas, il faudra refixer des principes. Il faut que les accords de défense soient de nouveau revisités, qu'on regarde quelles sont les conditions d'intervention et nous ne devons pas soutenir les régimes mais nous devons soutenir l'intégrité territoriale des pays concernés. C'est ça le fondement même de notre solidarité avec tel ou tel pays d'Afrique. Ce n'est pas le soutien à tel ou tel chef d'état, c'est le principe de l'indépendance et de la souveraineté nationale.
Q- F. Rivière : Cela dit, N. Sarkozy ne dit-il pas la même chose quand il dit : « Il faut en finir avec les officines, les secrets et les ambiguïtés entre la France et l'Afrique. » ?
R- Oui, il doit les connaître. Il doit être informé, lui, depuis tant d'années qu'il était avec J. Chirac, C. Pasqua et tant d'autres. J'imagine qu'il a même des révélations à nous faire. Ce serait bien qu'il puisse, puisqu'il a fait cette déclaration, nous faire des aveux. Ce serait souhaitable que nous puissions avoir tous les éléments de la politique africaine telle qu'il la connaît, lui, depuis tant d'années. Mais je crois effectivement...
Q- F. Rivière : Donc vous ne croyez pas ce qu'il dit ?
R- Si, je pense qu'effectivement il y a matière à faire là des déclarations intéressantes, mais il faut qu'il aille jusqu'au bout. S'il sait qu'il y a des officines, il a été ministre de l'économie et des Finances, qu'il le dise. S'il sait qu'il y a eu des complaisances, il doit le savoir puisqu'il est membre de la majorité sortante soutenue par J. Chirac, qu'il nous en fasse la déclaration. Donc moi je considère qu'effectivement il faut changer la politique africaine de la France, il faut qu'elle soit fondée sur des objectifs de développement, sur des relations équilibrées, sur une politique d'immigration qui puisse permettre de donner une responsabilité à chacun des partenaires et enfin sur une politique qui devrait être davantage liée à l'Europe qu'elle ne l'est aujourd'hui, pour éviter précisément les influences personnelles.
Q- F. Rivière : Et, si vous gagnez, il n'y aura plus de cellule africaine à l'Elysée et plus de présidente française qui prendra les chefs d'état africains au téléphone quand ils appelleront ?
R- Quand on appelle au téléphone, c'est normal de converser, mais il n'y aura pas de cellule, d'organisme ; il y aura un ministère de la Coopération, un ministère des Affaires étrangères qui fera le travail pour lequel il est finalement constitué, c'est-à- dire d'avoir des relations diplomatiques, mais aussi d'avoir une vraie politique de développement. Je pense que le changement ce ne sera pas dans l'organisation des ministères, ce sera surtout dans le contenu des politiques. Par ailleurs, je ne pense pas qu'il faille avoir des relations particulières avec tel ou tel ; des relations simplement amicales, fondées sur la politique.
Q- F. Rivière : D'un mot encore sur les grands sujets internationaux ; est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui il faut reprendre l'aide directe au gouvernement palestinien, l'autorité palestinienne, compte tenu du gouvernement d'union nationale qui vient d'être formé ?
R- Il faut des conditions, elles ont été posées : il faut qu'il y ait la reconnaissance de ce
qu'est l'état d'Israël, il faut donc que...
Q- F. Rivière : Pour vous, la reconnaissance implicite ne suffit pas ?
R- Il faut aller plus loin, parce qu'on sait qu'il y a encore des déclarations du Hamas, mais je pense que dès lors qu'il y a le dialogue qui est engagé entre le Gouvernement palestinien et l'Etat d'Israël, il est normal à ce moment-là que l'on puisse faire progresser ce dialogue par une remise en ordre des aides.
Q- F. Rivière : A propos de l'Europe, F. Hollande, que vous évoquiez il y a quelques instants, S. Royal souhaite un nouveau référendum sur un traité institutionnel. Qu'est-ce qu'on met dedans, qu'est-ce qu'on fait changer par rapport à ce que les Français ont rejeté ce fameux 29 mai ?
R- Alors avant de parler de référendum, faut-il encore qu'il y ait un nouveau traité. On ne peut pas reprendre le traité qui a été repoussé par les Français.
Q- F. Rivière : Ce ne serait pas correct.
R- Ce ne serait même pas possible ! Comment demander à nos citoyens de revenir sur le vote qu'ils ont déjà émis à partir du même texte ? Je pense que nos partenaires l'ont parfaitement compris. Donc il s'agit de repartir des bases de ce que pouvait être un accord, et notamment la partie institutionnelle, et de lui ajouter un certain nombre de dimensions, qui ne figuraient pas dans le texte initial : la dimension sociale, la dimension de politique d'avenir en terme de recherche et d'éducation, une certaine forme d'harmonisation. Et à partir justement de ce complément, de cet ajout, du retrait des parties qui étaient les plus litigieuses, contestées, c'est-à-dire ce qu'on appelait les traités existants, alors ce serait possible d'avoir un traité sans doute plus court, sans doute plus fort, sûrement plus démocratique dans son contenu, alors à ce moment-là, si ce traité a été accepté par l'ensemble des chefs d'état et de gouvernement, il nous paraît logique de redemander à ce moment-là au peuple d'adopter ce traité-là et je pense qu'il le fera, dès lors que ces préventions seront tombées.
Q- F. Rivière : S. Royal est favorable à la régularisation des sans papiers, alors en fonction d'un certain nombre de critères. Justement, dans quelle mesure, dans quelle proportion, grosso modo sur quels critères ?
R- Alors elle n'est pas favorable à une régularisation globale et sans conditions des sans papiers...
Q- F. Rivière : C'est pour ça que je vous demande de préciser.
R- Donc il faut qu'il y ait des critères et ces critères sont ceux de la vie de famille, sont ceux de la présence sur le territoire, de la capacité d'intégration et nous nous ne voulons pas qu'il puisse y avoir là de mouvement massif, ces régularisations doivent intervenir tout au long de la période, comme d'ailleurs ça devrait se faire et ça se fait depuis des années, c'est-à-dire que les préfets ont la possibilité de régulariser en fonction de ces critères et d'éviter donc des situations dramatiques. Mais ce qu'il faut dénoncer, c'est la présence sur notre territoire de personnes qui ne sont ni expulsables, ni régularisables et qui aboutit à cette situation, insupportable humainement et même politiquement, d'avoir des gens qui n'ont pas les papiers mais qui en même temps peuvent circuler sur le territoire, parfois travailler en toute illégalité et en toute impunité pour leurs employeurs. Donc je crois qu'il faut avoir cette levée d'une situation qui a été créée par N. Sarkozy.
Q- F. Rivière : Là on parle des étrangers qui viennent en France. Il y a aussi des Français qui vont à l'étranger, qui vous écoutent et qui votent d'ailleurs...
R- Beaucoup.
Q- F. Rivière : Oui, ils sont à peu près un million...
R- ... nombreux.
Q- F. Rivière : Ils sont à peu près un million à voter ; qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ? On sait d'ailleurs qu'ils votent, dit-on, traditionnellement plutôt à droite ; qu'est-ce que vous avez envie de leur dire, vous, aujourd'hui ?
R- Il faut dire qu'ils votaient traditionnellement plutôt peu et plutôt à droite. Ils étaient 350.000-400.000 inscrits il y a quelques mois...
Q- F. Rivière : En 2002.
R- Enfin, en tout cas en l'occurrence en 2002, vous avez raison, et ils seront près de 800.000...
Q- F. Rivière : Un petit peu plus, pas loin d'un million.
R- Donc c'est deux fois plus et l'on sait qu'ils vont voter comme les citoyens qui sont en France. Donc je crois qu'il faut leur dire la vérité, il n'y a pas deux catégories de citoyens. Ce sont des Français qui vivent hors de France, qui travaillent d'ailleurs pour la France, qui défendent nos valeurs, nos idées, nos conceptions et puis qui font un travail utile, y compris pour les pays dans lesquels ils vivent, et donc il faut leur dire que ce que nous voulons faire pour la France, nous le ferons aussi pour les concitoyens vivant hors de France. Ils ont des problèmes néanmoins particuliers, je veux dire l'éducation des enfants, qui est beaucoup plus lourde, beaucoup plus chère qu'ici dans notre pays, et puis aussi des problèmes d'accès à la santé, des problèmes de constitution de retraite. Bref, il faut aussi parler des problèmes spécifiques aux Français de l'étranger. Mais il faut aussi leur dire ce que nous voulons faire de la France dans le monde. Ils sont très attentifs à notre politique européenne, très attentifs à notre politique africaine. Ils sont aussi interrogatifs sur ce que nous voulons faire en Asie, ce que nous voulons faire en Amérique latine. Et puis il y en a beaucoup qui travaillent dans les entreprises françaises et qui veulent que les entreprises françaises soient plus dynamiques encore à l'étranger, avoir plus de moyens pour investir et pour exporter, donc je pense qu'il faut avoir le discours de S. Royal, la modernité économique et en même temps la justice sociale.
Q- F. Rivière : F. Hollande, vous avez dit hier que vous n'étiez pas sûr que S. Royal sera présente au second tour. Est-ce que c'est l'expression d'une véritable inquiétude ou est-ce que c'est pour provoquer un électrochoc ?
R- Mais qui peut être sûr de ce qui va se passer ?
Q- F. Rivière : Elle, elle en semble un peu convaincue, hein !
R- Elle est confiante dans la démarche qui est la sienne, elle est confiante dans les idées qu'elle porte, elle est confiante dans ce qu'elle a su créer comme relation avec les Français...
Q- F. Rivière : D'ailleurs elle a déclaré que ce serait un évènement planétaire si elle était élue !
R- Mais c'est exact !
Q- F. Rivière : Vous le pensez ça aussi ?
R- Je le pense, ce sera un évènement considérable ! En France...
Q- F. Rivière : Planétaire, ce n'est pas un peu beaucoup ?
R- D'abord en France première fois qu'une femme sera présidente de la République. Ensuite dans le monde, parce que ce sera une femme de gauche, porteuse de valeurs fortes, changeant les règles de la diplomatie jusque là posées, ayant une nouvelle politique africaine. Une femme qui sera capable de discuter d'une façon différente avec les chefs d'état et les chefs de gouvernement à l'échelle de la planète. Elle l'a dit, le G8 ne sera plus tout à fait le même, le Conseil européen non plus. Capable aussi de porter la question du réchauffement climatique au premier rang des discussions internationales. Oui, je pense que le monde regarde la France. Et l'Europe - on citait tout à l'heure le sondage sur les Européens - l'Europe attend beaucoup de l'élection en France pour avoir une nouvelle dynamique. Mais pour autant, moi je ne suis pas sûr, parce que je respecte le vote des Français, je ne suis pas sûr de ce qui va se passer dans six jours - je m'exprime bien cette fois-ci, dans six jours, dimanche prochain. Si j'en étais sûr, si je vous disais : « Ecoutez, mais vous pouvez faire ce que vous voulez au premier tour, dispersez-vous, ne venez pas voter, allez voir même le centre droit qui vous offre je ne sais quel renversement de table, en fait de tablette, en fait de tablette de nuit, pour rester couché avec le même partenaire. » Si j'étais sûr de ce qui allait se passer, mais je serais irresponsable sur le plan politique. C'est parce que je ne suis pas sûr que j'appelle les Françaises et les Français à voter massivement pour S. Royal dès le premier tour.
F. Rivière : Merci, F. Hollande.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2007