Texte intégral
LE PRESIDENT CLINTON Bonjour,
Le Président CHIRAC et moi-même, comme toujours, avons eu une excellente réunion. Nous avons toujours de nombreux sujets à traiter et nous avons beaucoup à faire ensemble.
Mais, ce qui est particulièrement important, aujourdhui, cest que nous travaillons ensemble pour mettre fin à la crise au Kosovo et pour aider le peuple à obtenir lautonomie quil mérite. Aujourdhui, nous incitons les deux parties à prendre les décisions qui simposent, pour mettre fin au conflit immédiatement avant quil ny ait dautres morts et un débordement de la guerre. Les pourparlers à Rambouillet doivent finir samedi. Les Kosovars ont fait preuve de courage en allant de lavant avec laccord que nous avons proposé, nous autres, alliés de lOTAN, et Russes. Les dirigeants serbes, maintenant, ont un choix : ils peuvent signer un accord qui tient compte de leurs préoccupations légitimes et démontrer quun Kosovo autonome peut exister dans leur pays, ou bien ils peuvent faire obstacle à laccord. Sil y a un accord, lOTAN est déterminé à aider à la mise en uvre de cet accord. Jai demandé à nos avions dêtre prêts à agir dans le cas dune opération de lOTAN, et je continuerai à consulter le Congrès dans les journées à venir. Le défi au Kosovo et le défi en Bosnie soulignent le rôle central joué par lOTAN pour promouvoir la paix, la stabilité en Europe. Aujourdhui, le Président et moi-même avons parlé du cinquantième anniversaire de lOTAN qui aura lieu, ici, à Washington avec les nouveaux membres. Nous fixerons, également, la voie que suivra lOTAN pour le siècle à venir. Le conflit souligne, également, la nécessité de renforcer lEurope du Sud-Est. Aujourdhui, nous annonçons que nous allons lancer une nouvelle initiative et que nous espérons que dautres alliés se joindront à nous pour améliorer la coopération, pour aider les nouvelles démocraties en Europe du Sud-Est, pour coordonner lassistance venant des pays de lOTAN et promouvoir la coopération et le développement économique.
Nous avons, également, parlé de nos efforts pour réformer le système financier international et daider la relance économique dans les pays qui ont beaucoup souffert. En automne dernier, avec les pays du G7 et certains nouveaux pays-clés, nous avons commencé à établir un programme global. Et ce week-end, à Bonn, nos ministres des Finances parleront de ces sujets et de la création dun nouveau forum de stabilité financière. Nous voulons renforcer les pratiques de bonne conduite et aider les pays à faire face aux crises. Nous devons réduire davantage la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés alors quils essayent de faire face aux besoins de leurs habitants et d'opérer des réformes économiques. Je remercie le Président CHIRAC davoir été le champion de cette cause depuis longtemps.
Notre budget réalise de nouveaux investissements dans ce domaine et nous voulons aider le FMI à mobiliser des ressources en la matière. Nous voulons faire de réels progrès en la matière, dici le Sommet du G7, à Cologne, et japprécie pleinement le leadership du Président Chirac dans ce domaine.
Nous avons parlé de la relance économique en Russie et du fait de travailler avec la Russie pour empêcher que les armes de destruction massive, les missiles et les technologies russes tombent dans de mauvaises mains.
Nous allons continuer à renforcer notre coopération pour la paix au Moyen-Orient. Nous avons parlé du processus de paix longuement, et de notre détermination commune pour mettre fin aux armes de destruction massive de lIrak. Nous avons parlé de la coopération en Afrique. Et, aujourdhui, nous allons nous joindre, avec des pays africains, dans un effort, dont jai parlé lannée dernière au Sénégal, pour construire un centre africain pour les études de sécurité pour promouvoir la paix et la démocratie.
Et, en dernier lieu, Monsieur le Président, je tiens à remercier la France davoir fait preuve de leadership en ratifiant le traité dinterdiction globale des essais nucléaires. Cent cinquante pays ont signé ce traité. Et, à nouveau, je tiens à exprimer mes espoirs que notre Sénat votera en faveur de la ratification de ce traité cette année. Monsieur le Président, je vous donne la parole.
LE PRESIDENT Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je voudrais dire dabord combien je suis heureux de me trouver, une fois de plus, aux Etats-Unis, et ici, à Washington. Heureux dêtre dans ce pays toujours en mouvement, dans ce pays qui étonne le monde et dans un pays que jaime depuis longtemps et où je me sens bien.
Heureux, aussi, dêtre une fois de plus lhôte du Président Bill Clinton. Chacun sait les sentiments destime et damitié que je lui porte depuis longtemps. Je tiens à le remercier, une fois de plus, de son hospitalité. Le Président a évoqué la quasi-totalité des sujets qui ont été à lordre du jour de nos entretiens. Je ne ferai donc que deux réflexions. La première pour dire que notre accord sur laffaire du Kosovo est un accord sans réserve. Nous sommes tout à fait à la limite de la réflexion engagée à Rambouillet. Et après le Président Clinton, je voudrais dire aux deux parties, mais tout particulièrement au Président Milosevic qui détient, plus ou moins, la clé de la solution, que le moment est venu de prendre toutes ses responsabilités et dopter pour la voie de la sagesse, et non pas pour celle de la guerre, qui comporterait, pour ceux qui feraient ce choix, les conséquences extrêmement graves pour eux-mêmes, comme pour leur peuple. Cest une lourde responsabilité quils prendraient. Jai déjà eu loccasion de dire que, sagissant des Européens, cest notre continent qui est en question et nous voulons que notre continent soit en paix. Nous naccepterons pas que des situations telles que celles que lon connaît aujourdhui au Kosovo se prolongent. Ma deuxième réflexion concerne un sujet que le Président Clinton na pas évoqué, mais dont nous avons, également, longuement parlé et qui, pour moi, est le grand sujet du début de ce prochain siècle. Cest celui que le Président Clinton a évoqué, il y a de cela deux mois environ lors dune conférence quil a faite, lhumanisation de la globalisation. Chacun comprend que la globalisation est à la fois inéluctable et porteuse de progrès. On le voit chaque jour davantage. Cest donc un phénomène qui doit être encouragé, un processus qui doit être encouragé. Mais, chacun voit aussi quil comporte ou peut comporter des conséquences sociales et quil nous appartient de maîtriser ces conséquences sociales. Cest un des grands défis de la société de demain. Cela a été, pour nous Européens, une grande satisfaction que dentendre le Président des Etats-Unis porter ce sujet au premier rang des préoccupations du monde, dans cette conférence à laquelle je faisais allusion. Je souscris, cela va de soi, à cette préoccupation et cest également un sujet que nous avons évoqué.
Pour le reste, le Président Clinton a dit tout ce que nous avions fait et, par conséquent, je najouterai rien car je suis tout à fait daccord avec lui, et daccord, aussi, pour répondre à vos questions sur ces sujets importants qui intéressent le monde.
QUESTION Monsieur le Président Chirac, êtes-vous arrivé à un accord avec le Président Clinton sur le Kosovo, et sur les sanctions contre lIrak ?
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je pense que cela serait une erreur de reporter la date butoir. Je respecte la position de la Russie et je remercie les Russes de soutenir le processus de paix et laccord éventuel. Nous avons eu la même situation en Bosnie où nous avons travaillé ensemble pour la paix, et je pense que cest ce qui va se passer cette fois-ci. Mais, jaimerais revenir, brièvement, aux bien-fondés des arguments de M. Milosevic. Il a dit que, sil acceptait cette force de maintien de la paix multinationale, cest comme sil abandonnait le Kosovo. Personnellement, je pense que cest la seule façon par laquelle il arrivera à garder le Kosovo à lintérieur de la Serbie, parce quaux termes de leurs lois, le Kosovo doit être autonome, mais à lintérieur de la Serbie. Cette autonomie a été éliminée il y a plusieurs années de cela et, maintenant, nous trouvons de nouvelles façons de défaire le mal qui a été fait de part et dautre, et davoir une période de trois ans pendant laquelle les forces de sécurité serbes pourront se retirer, une force de police des institutions civiles pourra être établie et nous pourrons prouver quils pourront travailler ensemble. Je pense quil ny a pas dautres façons de préserver lintégrité de la Serbie en raison de lhostilité énorme, des pertes et des haines qui existent déjà. Donc, je nessaye pas et je pense que le Président Chirac, et les autres Européens partagent mon idée. Nous voulons que cela donne de bons résultats. Nous nessayons pas de démanteler la Serbie.
LE PRESIDENT Je partage tout à fait la position exprimée par le Président Clinton. Jajoute que ma conviction est que la seule possibilité pour M. Milosevic de conserver le Kosovo à lintérieur des frontières internationalement reconnues, avec naturellement comme il était effectivement prévu dans la constitution yougoslave une large autonomie, une substantielle autonomie, est daccepter les propositions qui lui sont faites aujourdhui. Toute autre solution, je le répète, comporterait pour lui les plus graves inconvénients.
QUESTION En cas déchec constaté demain à Rambouillet, quest-ce qui pourrait empêcher une punition militaire par lOTAN ?
LE PRESIDENT CLINTON - Je pense quil faudrait un accord avant que les frappes ninterviennent. Je pense quil ny a pas dautres options parce que, souvenez-vous quen partie, ce que nous avons demandé, cest que le Président Milosevic fasse certaines choses pour lesquelles il a déjà donné son accord comme je lai dit tout à lheure. Les pays de lOTAN ont décidé et ont donné lautorité au secrétaire général de lOTAN de mener une stratégie pour réduire ses capacités, de prendre dautres mesures agressives, militaires, contre les Serbes, et, bien entendu, sils nacceptent pas laccord et que les Kosovars acceptent cet accord. Voilà notre position, et je pense que cest une position que nous partageons.
QUESTION Quels conseils pouvez-vous donner aux présidents à venir en ce qui concerne la période de treize mois par laquelle nous venons de passer ?
LE PRESIDENT CLINTON Eh bien, jai appris de nombreuses leçons personnelles, dont jai déjà parlé, et les présidents sont des hommes également. Jai appris à avoir énormément de respect pour notre constitution, pour les rédacteurs de cette constitution et pour le peuple américain. Et mon conseil aux présidents à venir serait de décider ce quil faut faire pour le pays, et mettre laccent sur cela, parce que le peuple américain vous élit pour faire cela, et il réagit en fonction de ce que lon fait, et si le peuple américain pense quon prend des mesures pour lui, cest une bonne chose.
Je pense que la constitution a été ratifiée à nouveau, et jespère que lon na pas fait de tort à la présidence. Je ne le pense pas. Je ne pense pas que ceci ait été une bonne période pour le pays, cependant je pense avoir encore deux bonnes années. Je pense que le peuple américain sattend à ce que le Congrès et moi-même travaillions ensemble, et quil ny ait pas de sentiments qui nous empêchent de travailler ensemble. Ce sont des postes de responsabilité publique, et les Etats-Unis ont de grandes responsabilités envers leurs propres habitants et le reste du monde. Et je ne pense pas que nous puissions permettre à ce qui sest passé de nous gêner dans notre travail à venir pour le bien de nos habitants. Je pense quil faut tous faire preuve de discipline en ayant ceci à lesprit.
QUESTION Ma question sadresse à lun et à lautre. Je souhaiterais savoir si vous avez évoqué le dossier de la banane, puisque cest un dossier certes américano-européen, mais aussi un dossier franco-américain en raison de la banane des Antilles, et si oui, est-ce que vos discussions ont permis de faire évoluer le dossier, voire de trouver un compromis, et jaimerais que le Président Clinton mexplique pourquoi les Etats-Unis se montrent si, je dirais, offensifs sur ce dossier, puisque, à ma connaissance, contrairement à la France et à lEurope, les Etats-Unis ne produisent pas de banane ?
LE PRESIDENT CLINTON Oui, nous en avons parlé. Nous sommes fermes en la matière, parce que nous avons des sociétés en jeu. Il y a des gens qui sont impliqués dans dautres pays, aux Caraïbes, en Amérique centrale, et parce que nous pensons que la loi commerciale est bien claire. Nous avons remporté ce différend commercial. Il y a eu une décision qui a été prise, et nous essayons darriver à une solution raisonnable avec les Européens, notamment avec les Britanniques et dautres, et on ne voit pas de disponibilité pour résoudre cela. Nous ne voulons pas avoir ce type de différend, mais voici un différend, les Européens nous disent : oui, vous avez remporté cette bataille commerciale aux termes de la loi, mais nous ne pensons pas que votre position soit bien fondée, nous nallons pas céder. Eh bien, lorsquon perd des batailles, il faut savoir les perdre. Nous voulons avoir un système pour régler des différends, car en général ces différends durent trop longtemps. Et nous devrions tous respecter une décision lorsque nous perdons, car cest ce que les Etats-Unis feraient, et donc cest ce que vous voudrions que lEurope fasse. Nous avons suivi le processus et nous avons remporté le différend. La plupart des Européens pensent que nous naurions pas dû remporter ce différend, mais quelquefois nous aussi perdons dans des cas où nous pensons que nous devrions gagner. Donc nous aimerions quil y ait un règlement qui soit conforme à la décision qui a été prise conformément à la loi commerciale internationale.
LE PRESIDENT Jajouterai seulement que nous avons effectivement parlé de ce problème. Le Président Clinton vient de dire que les Etats-Unis avaient des sociétés en jeu, à quoi je lui ai répondu, que nous avions, nous, des travailleurs en jeu. Et de surcroît, jai ajouté que la banane des Antilles était, cest évident, la meilleure et la meilleure du monde, quil fallait donc absolument la sauvegarder, que cétait en quelque sorte lintérêt de lhumanité, et que je comptais sur lui pour comprendre ces exigences.
LE PRESIDENT CLINTON Cest clair.
QUESTION Est-ce que vous pourriez nous parler de vos réflexions sur léventuelle candidature de votre épouse, Hillary Clinton, aux prochaines élections sénatoriales ?
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je pense quil est important que vous compreniez tous, que cest quelque chose à quoi nous navions jamais pensé jusquà ce que dautres personnes commencent à lui en parler. Pour moi, ce qui est important, cest que mon épouse fasse ce quelle doit faire. Et je la soutiendrai dans la décision quelle prendra, et je ferai de mon mieux pour laider à cet égard, à légard dautres décisions à lavenir, tout comme elle ma aidé au cours des 25 dernières années. Et si elle décidait de présenter sa candidature au Sénat, et si elle était élue, je pense quelle serait merveilleuse. Mais souvenez-vous que cest une élection pour le mois de novembre de lan 2000, et elle vient de passer par une année très fatigante, et il y a des circonstances qui doivent être examinées, et il faut attendre un certain temps. En outre, je pense que, même lors dune campagne présidentielle, il est difficile de faire bouillir une marmite pendant deux ans. Donc, de mon point de vue, cest un peu prématuré, et jaimerais quelle attende un peu, quelle se repose, quelle écoute ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, et quelle décide exactement ce quelle veut faire, et je la soutiendrai dans sa décision.
QUESTION Une question aux deux présidents. Sil semble que les Serbes doivent être sanctionnés parce quils refusent la présence de troupes de lOTAN au Kosovo. Est-ce que vous avez lassurance que lArmée de Libération du Kosovo renoncera à sa demande dindépendance ?
LE PRESIDENT Jai dit tout à lheure que la pression que nous exerçons légitimement sexerce sur les deux parties. Nous avons répondu sur la Serbie, parce que la question portait sur la Serbie, et que -disons les choses clairement- beaucoup dépend de la position personnelle que prendra
M. Milosevic. Mais il va de soi que si léchec était imputable aux Kosovars, des sanctions, dune autre nature probablement, mais des sanctions très fermes devraient être prises à leur encontre. Nous navons pas à formuler de choix, nous voulons la paix.
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je soutiens pleinement ce que vient de dire le Président Chirac, mais permettez-moi de souligner que laccord exige quils acceptent lautonomie, tout au moins pendant trois ans, et quil établit un processus de trois ans pour résoudre toutes ces autres questions en suspens. Trois ans nous donneraient le temps de mettre fin aux tueries, de calmer la situation, et cela permettrait aux Serbes de dire que sils revenaient à lintention initiale de la constitution, cest-à-dire permettre une autonomie réelle pour le Kosovo, comme le Kosovo avait auparavant, cela serait la meilleure situation pour les Kosovars sur le plan économique et politique, et les habitants auraient le temps de ressentir tout cela. Pour linstant, après tout ce quil sest passé, après tous les meurtres, et après toutes les luttes, et après toutes les choses horribles qui ont été dites, il faut un moment de répit , il faut un processus pour permettre aux forces de sécurité de se retirer, comme M. Milosevic a dit quil ferait, et puis il faut établir des institutions à lintérieur du Kosovo qui puissent fonctionner, et puis ensuite voir ce qui se passerait. Je pense que ce sera la partie la plus importante. Pour en revenir à ce qua dit le Président Chirac, oui les deux parties ont des responsabilités. Leurs responsabilités seraient de reconnaître que cest un accord pour trois ans, et pendant cette période, on pourrait résoudre les questions à long terme.
Je vous remercie.
Le Président CHIRAC et moi-même, comme toujours, avons eu une excellente réunion. Nous avons toujours de nombreux sujets à traiter et nous avons beaucoup à faire ensemble.
Mais, ce qui est particulièrement important, aujourdhui, cest que nous travaillons ensemble pour mettre fin à la crise au Kosovo et pour aider le peuple à obtenir lautonomie quil mérite. Aujourdhui, nous incitons les deux parties à prendre les décisions qui simposent, pour mettre fin au conflit immédiatement avant quil ny ait dautres morts et un débordement de la guerre. Les pourparlers à Rambouillet doivent finir samedi. Les Kosovars ont fait preuve de courage en allant de lavant avec laccord que nous avons proposé, nous autres, alliés de lOTAN, et Russes. Les dirigeants serbes, maintenant, ont un choix : ils peuvent signer un accord qui tient compte de leurs préoccupations légitimes et démontrer quun Kosovo autonome peut exister dans leur pays, ou bien ils peuvent faire obstacle à laccord. Sil y a un accord, lOTAN est déterminé à aider à la mise en uvre de cet accord. Jai demandé à nos avions dêtre prêts à agir dans le cas dune opération de lOTAN, et je continuerai à consulter le Congrès dans les journées à venir. Le défi au Kosovo et le défi en Bosnie soulignent le rôle central joué par lOTAN pour promouvoir la paix, la stabilité en Europe. Aujourdhui, le Président et moi-même avons parlé du cinquantième anniversaire de lOTAN qui aura lieu, ici, à Washington avec les nouveaux membres. Nous fixerons, également, la voie que suivra lOTAN pour le siècle à venir. Le conflit souligne, également, la nécessité de renforcer lEurope du Sud-Est. Aujourdhui, nous annonçons que nous allons lancer une nouvelle initiative et que nous espérons que dautres alliés se joindront à nous pour améliorer la coopération, pour aider les nouvelles démocraties en Europe du Sud-Est, pour coordonner lassistance venant des pays de lOTAN et promouvoir la coopération et le développement économique.
Nous avons, également, parlé de nos efforts pour réformer le système financier international et daider la relance économique dans les pays qui ont beaucoup souffert. En automne dernier, avec les pays du G7 et certains nouveaux pays-clés, nous avons commencé à établir un programme global. Et ce week-end, à Bonn, nos ministres des Finances parleront de ces sujets et de la création dun nouveau forum de stabilité financière. Nous voulons renforcer les pratiques de bonne conduite et aider les pays à faire face aux crises. Nous devons réduire davantage la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés alors quils essayent de faire face aux besoins de leurs habitants et d'opérer des réformes économiques. Je remercie le Président CHIRAC davoir été le champion de cette cause depuis longtemps.
Notre budget réalise de nouveaux investissements dans ce domaine et nous voulons aider le FMI à mobiliser des ressources en la matière. Nous voulons faire de réels progrès en la matière, dici le Sommet du G7, à Cologne, et japprécie pleinement le leadership du Président Chirac dans ce domaine.
Nous avons parlé de la relance économique en Russie et du fait de travailler avec la Russie pour empêcher que les armes de destruction massive, les missiles et les technologies russes tombent dans de mauvaises mains.
Nous allons continuer à renforcer notre coopération pour la paix au Moyen-Orient. Nous avons parlé du processus de paix longuement, et de notre détermination commune pour mettre fin aux armes de destruction massive de lIrak. Nous avons parlé de la coopération en Afrique. Et, aujourdhui, nous allons nous joindre, avec des pays africains, dans un effort, dont jai parlé lannée dernière au Sénégal, pour construire un centre africain pour les études de sécurité pour promouvoir la paix et la démocratie.
Et, en dernier lieu, Monsieur le Président, je tiens à remercier la France davoir fait preuve de leadership en ratifiant le traité dinterdiction globale des essais nucléaires. Cent cinquante pays ont signé ce traité. Et, à nouveau, je tiens à exprimer mes espoirs que notre Sénat votera en faveur de la ratification de ce traité cette année. Monsieur le Président, je vous donne la parole.
LE PRESIDENT Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je voudrais dire dabord combien je suis heureux de me trouver, une fois de plus, aux Etats-Unis, et ici, à Washington. Heureux dêtre dans ce pays toujours en mouvement, dans ce pays qui étonne le monde et dans un pays que jaime depuis longtemps et où je me sens bien.
Heureux, aussi, dêtre une fois de plus lhôte du Président Bill Clinton. Chacun sait les sentiments destime et damitié que je lui porte depuis longtemps. Je tiens à le remercier, une fois de plus, de son hospitalité. Le Président a évoqué la quasi-totalité des sujets qui ont été à lordre du jour de nos entretiens. Je ne ferai donc que deux réflexions. La première pour dire que notre accord sur laffaire du Kosovo est un accord sans réserve. Nous sommes tout à fait à la limite de la réflexion engagée à Rambouillet. Et après le Président Clinton, je voudrais dire aux deux parties, mais tout particulièrement au Président Milosevic qui détient, plus ou moins, la clé de la solution, que le moment est venu de prendre toutes ses responsabilités et dopter pour la voie de la sagesse, et non pas pour celle de la guerre, qui comporterait, pour ceux qui feraient ce choix, les conséquences extrêmement graves pour eux-mêmes, comme pour leur peuple. Cest une lourde responsabilité quils prendraient. Jai déjà eu loccasion de dire que, sagissant des Européens, cest notre continent qui est en question et nous voulons que notre continent soit en paix. Nous naccepterons pas que des situations telles que celles que lon connaît aujourdhui au Kosovo se prolongent. Ma deuxième réflexion concerne un sujet que le Président Clinton na pas évoqué, mais dont nous avons, également, longuement parlé et qui, pour moi, est le grand sujet du début de ce prochain siècle. Cest celui que le Président Clinton a évoqué, il y a de cela deux mois environ lors dune conférence quil a faite, lhumanisation de la globalisation. Chacun comprend que la globalisation est à la fois inéluctable et porteuse de progrès. On le voit chaque jour davantage. Cest donc un phénomène qui doit être encouragé, un processus qui doit être encouragé. Mais, chacun voit aussi quil comporte ou peut comporter des conséquences sociales et quil nous appartient de maîtriser ces conséquences sociales. Cest un des grands défis de la société de demain. Cela a été, pour nous Européens, une grande satisfaction que dentendre le Président des Etats-Unis porter ce sujet au premier rang des préoccupations du monde, dans cette conférence à laquelle je faisais allusion. Je souscris, cela va de soi, à cette préoccupation et cest également un sujet que nous avons évoqué.
Pour le reste, le Président Clinton a dit tout ce que nous avions fait et, par conséquent, je najouterai rien car je suis tout à fait daccord avec lui, et daccord, aussi, pour répondre à vos questions sur ces sujets importants qui intéressent le monde.
QUESTION Monsieur le Président Chirac, êtes-vous arrivé à un accord avec le Président Clinton sur le Kosovo, et sur les sanctions contre lIrak ?
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je pense que cela serait une erreur de reporter la date butoir. Je respecte la position de la Russie et je remercie les Russes de soutenir le processus de paix et laccord éventuel. Nous avons eu la même situation en Bosnie où nous avons travaillé ensemble pour la paix, et je pense que cest ce qui va se passer cette fois-ci. Mais, jaimerais revenir, brièvement, aux bien-fondés des arguments de M. Milosevic. Il a dit que, sil acceptait cette force de maintien de la paix multinationale, cest comme sil abandonnait le Kosovo. Personnellement, je pense que cest la seule façon par laquelle il arrivera à garder le Kosovo à lintérieur de la Serbie, parce quaux termes de leurs lois, le Kosovo doit être autonome, mais à lintérieur de la Serbie. Cette autonomie a été éliminée il y a plusieurs années de cela et, maintenant, nous trouvons de nouvelles façons de défaire le mal qui a été fait de part et dautre, et davoir une période de trois ans pendant laquelle les forces de sécurité serbes pourront se retirer, une force de police des institutions civiles pourra être établie et nous pourrons prouver quils pourront travailler ensemble. Je pense quil ny a pas dautres façons de préserver lintégrité de la Serbie en raison de lhostilité énorme, des pertes et des haines qui existent déjà. Donc, je nessaye pas et je pense que le Président Chirac, et les autres Européens partagent mon idée. Nous voulons que cela donne de bons résultats. Nous nessayons pas de démanteler la Serbie.
LE PRESIDENT Je partage tout à fait la position exprimée par le Président Clinton. Jajoute que ma conviction est que la seule possibilité pour M. Milosevic de conserver le Kosovo à lintérieur des frontières internationalement reconnues, avec naturellement comme il était effectivement prévu dans la constitution yougoslave une large autonomie, une substantielle autonomie, est daccepter les propositions qui lui sont faites aujourdhui. Toute autre solution, je le répète, comporterait pour lui les plus graves inconvénients.
QUESTION En cas déchec constaté demain à Rambouillet, quest-ce qui pourrait empêcher une punition militaire par lOTAN ?
LE PRESIDENT CLINTON - Je pense quil faudrait un accord avant que les frappes ninterviennent. Je pense quil ny a pas dautres options parce que, souvenez-vous quen partie, ce que nous avons demandé, cest que le Président Milosevic fasse certaines choses pour lesquelles il a déjà donné son accord comme je lai dit tout à lheure. Les pays de lOTAN ont décidé et ont donné lautorité au secrétaire général de lOTAN de mener une stratégie pour réduire ses capacités, de prendre dautres mesures agressives, militaires, contre les Serbes, et, bien entendu, sils nacceptent pas laccord et que les Kosovars acceptent cet accord. Voilà notre position, et je pense que cest une position que nous partageons.
QUESTION Quels conseils pouvez-vous donner aux présidents à venir en ce qui concerne la période de treize mois par laquelle nous venons de passer ?
LE PRESIDENT CLINTON Eh bien, jai appris de nombreuses leçons personnelles, dont jai déjà parlé, et les présidents sont des hommes également. Jai appris à avoir énormément de respect pour notre constitution, pour les rédacteurs de cette constitution et pour le peuple américain. Et mon conseil aux présidents à venir serait de décider ce quil faut faire pour le pays, et mettre laccent sur cela, parce que le peuple américain vous élit pour faire cela, et il réagit en fonction de ce que lon fait, et si le peuple américain pense quon prend des mesures pour lui, cest une bonne chose.
Je pense que la constitution a été ratifiée à nouveau, et jespère que lon na pas fait de tort à la présidence. Je ne le pense pas. Je ne pense pas que ceci ait été une bonne période pour le pays, cependant je pense avoir encore deux bonnes années. Je pense que le peuple américain sattend à ce que le Congrès et moi-même travaillions ensemble, et quil ny ait pas de sentiments qui nous empêchent de travailler ensemble. Ce sont des postes de responsabilité publique, et les Etats-Unis ont de grandes responsabilités envers leurs propres habitants et le reste du monde. Et je ne pense pas que nous puissions permettre à ce qui sest passé de nous gêner dans notre travail à venir pour le bien de nos habitants. Je pense quil faut tous faire preuve de discipline en ayant ceci à lesprit.
QUESTION Ma question sadresse à lun et à lautre. Je souhaiterais savoir si vous avez évoqué le dossier de la banane, puisque cest un dossier certes américano-européen, mais aussi un dossier franco-américain en raison de la banane des Antilles, et si oui, est-ce que vos discussions ont permis de faire évoluer le dossier, voire de trouver un compromis, et jaimerais que le Président Clinton mexplique pourquoi les Etats-Unis se montrent si, je dirais, offensifs sur ce dossier, puisque, à ma connaissance, contrairement à la France et à lEurope, les Etats-Unis ne produisent pas de banane ?
LE PRESIDENT CLINTON Oui, nous en avons parlé. Nous sommes fermes en la matière, parce que nous avons des sociétés en jeu. Il y a des gens qui sont impliqués dans dautres pays, aux Caraïbes, en Amérique centrale, et parce que nous pensons que la loi commerciale est bien claire. Nous avons remporté ce différend commercial. Il y a eu une décision qui a été prise, et nous essayons darriver à une solution raisonnable avec les Européens, notamment avec les Britanniques et dautres, et on ne voit pas de disponibilité pour résoudre cela. Nous ne voulons pas avoir ce type de différend, mais voici un différend, les Européens nous disent : oui, vous avez remporté cette bataille commerciale aux termes de la loi, mais nous ne pensons pas que votre position soit bien fondée, nous nallons pas céder. Eh bien, lorsquon perd des batailles, il faut savoir les perdre. Nous voulons avoir un système pour régler des différends, car en général ces différends durent trop longtemps. Et nous devrions tous respecter une décision lorsque nous perdons, car cest ce que les Etats-Unis feraient, et donc cest ce que vous voudrions que lEurope fasse. Nous avons suivi le processus et nous avons remporté le différend. La plupart des Européens pensent que nous naurions pas dû remporter ce différend, mais quelquefois nous aussi perdons dans des cas où nous pensons que nous devrions gagner. Donc nous aimerions quil y ait un règlement qui soit conforme à la décision qui a été prise conformément à la loi commerciale internationale.
LE PRESIDENT Jajouterai seulement que nous avons effectivement parlé de ce problème. Le Président Clinton vient de dire que les Etats-Unis avaient des sociétés en jeu, à quoi je lui ai répondu, que nous avions, nous, des travailleurs en jeu. Et de surcroît, jai ajouté que la banane des Antilles était, cest évident, la meilleure et la meilleure du monde, quil fallait donc absolument la sauvegarder, que cétait en quelque sorte lintérêt de lhumanité, et que je comptais sur lui pour comprendre ces exigences.
LE PRESIDENT CLINTON Cest clair.
QUESTION Est-ce que vous pourriez nous parler de vos réflexions sur léventuelle candidature de votre épouse, Hillary Clinton, aux prochaines élections sénatoriales ?
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je pense quil est important que vous compreniez tous, que cest quelque chose à quoi nous navions jamais pensé jusquà ce que dautres personnes commencent à lui en parler. Pour moi, ce qui est important, cest que mon épouse fasse ce quelle doit faire. Et je la soutiendrai dans la décision quelle prendra, et je ferai de mon mieux pour laider à cet égard, à légard dautres décisions à lavenir, tout comme elle ma aidé au cours des 25 dernières années. Et si elle décidait de présenter sa candidature au Sénat, et si elle était élue, je pense quelle serait merveilleuse. Mais souvenez-vous que cest une élection pour le mois de novembre de lan 2000, et elle vient de passer par une année très fatigante, et il y a des circonstances qui doivent être examinées, et il faut attendre un certain temps. En outre, je pense que, même lors dune campagne présidentielle, il est difficile de faire bouillir une marmite pendant deux ans. Donc, de mon point de vue, cest un peu prématuré, et jaimerais quelle attende un peu, quelle se repose, quelle écoute ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, et quelle décide exactement ce quelle veut faire, et je la soutiendrai dans sa décision.
QUESTION Une question aux deux présidents. Sil semble que les Serbes doivent être sanctionnés parce quils refusent la présence de troupes de lOTAN au Kosovo. Est-ce que vous avez lassurance que lArmée de Libération du Kosovo renoncera à sa demande dindépendance ?
LE PRESIDENT Jai dit tout à lheure que la pression que nous exerçons légitimement sexerce sur les deux parties. Nous avons répondu sur la Serbie, parce que la question portait sur la Serbie, et que -disons les choses clairement- beaucoup dépend de la position personnelle que prendra
M. Milosevic. Mais il va de soi que si léchec était imputable aux Kosovars, des sanctions, dune autre nature probablement, mais des sanctions très fermes devraient être prises à leur encontre. Nous navons pas à formuler de choix, nous voulons la paix.
LE PRESIDENT CLINTON Tout dabord, je soutiens pleinement ce que vient de dire le Président Chirac, mais permettez-moi de souligner que laccord exige quils acceptent lautonomie, tout au moins pendant trois ans, et quil établit un processus de trois ans pour résoudre toutes ces autres questions en suspens. Trois ans nous donneraient le temps de mettre fin aux tueries, de calmer la situation, et cela permettrait aux Serbes de dire que sils revenaient à lintention initiale de la constitution, cest-à-dire permettre une autonomie réelle pour le Kosovo, comme le Kosovo avait auparavant, cela serait la meilleure situation pour les Kosovars sur le plan économique et politique, et les habitants auraient le temps de ressentir tout cela. Pour linstant, après tout ce quil sest passé, après tous les meurtres, et après toutes les luttes, et après toutes les choses horribles qui ont été dites, il faut un moment de répit , il faut un processus pour permettre aux forces de sécurité de se retirer, comme M. Milosevic a dit quil ferait, et puis il faut établir des institutions à lintérieur du Kosovo qui puissent fonctionner, et puis ensuite voir ce qui se passerait. Je pense que ce sera la partie la plus importante. Pour en revenir à ce qua dit le Président Chirac, oui les deux parties ont des responsabilités. Leurs responsabilités seraient de reconnaître que cest un accord pour trois ans, et pendant cette période, on pourrait résoudre les questions à long terme.
Je vous remercie.