Texte intégral
Mes chers amis,
C'est toujours pour moi une grande joie de me retrouver à Lyon, dans cette ville où l'on met du temps à donner son coeur, où la confiance et l'amitié se méritent, où l'intimité se protège. Mais où le coeur quand il se donne, se donne sans retenue. Dans cette ville où l'on n'aime pas tout de suite, mais où l'on aime passionnément et pour toujours.
Ce soir, vous êtes venus me dire votre amitié et votre confiance et cela me touche au plus profond de moi-même parce que je sais qu'ici quand on donne son amitié et sa confiance c'est avec sincérité, c'est sans réserve, et c'est pour toujours.
Si vous êtes là avec cette ardeur, avec cet enthousiasme ce n'est pas seulement parce que vous êtes d'accord avec moi. Ce n'est pas seulement pour me dire que mon combat est aussi le vôtre.
Si vous êtes là avec votre amitié et votre confiance, c'est parce que vous savez au fond de vous que je ne vous mentirai pas, que je ne vous tromperai pas, que je ne vous trahirai pas.
Dans cette ville que la Convention voulait anéantir, dans cette ville sanctifiée par le sang de tant de martyrs, depuis les premiers chrétiens persécutés par les païens, jusqu'?? Jean Moulin assassiné par la Gestapo après avoir été atrocement torturé, en passant par les victimes des massacres révolutionnaires et par les canuts dont les révoltes désespérées furent noyées dans le sang.
Dans cette ville qui a 22 siècles d'histoire, ou jadis les 60 tribus gauloises se réunissaient chaque année, qui est devenue française il y a 7 siècles, qui a été la capitale spirituelle, qui a été la capitale commerciale et industrielle de la France, qui a été la capitale des luttes sociales, qui a même été la capitale de la Résistance,
dans cette ville où l'on connaît le prix de la sueur, des larmes et du sang, dans cette ville où l'on sait la valeur de l'effort et du sacrifice, dans cette ville où l'on a inventé le métier à tisser, le cinéma et la banque moderne, dans cette ville placée entre le Nord et le Sud, au carrefour de l'Europe et de tous les échanges,
dans cette ville qui a toujours brassé les hommes, les idées et les cultures, autant que les capitaux et les marchandises et dont Michelet disait qu'elle unissait les peuples comme les fleuves, dans cette ville qui est la vôtre, je suis venu dire que notre avenir ne dépend que de notre imagination, de notre volonté et de notre travail.
Dans cette ville qui a été tant de fois meurtrie, qui s'est tant de fois déchirée et qui n'a jamais cessé de croire à la science, au progrès, à l'industrie et au travail, dans cette ville je suis venu dire qu'il n'y a aucune fatalité au déclin de notre pays, qu'il ne dépend que de nous que la politique exprime encore une volonté et qu'elle cesse d'être un renoncement.
A force de ne plus rien oser dire, à force de ne plus être capable d'imaginer, à force de ne plus rien vouloir, la politique a fini par fabriquer sa propre impuissance.
A force, c'est la République qui s'est effritée.
A force, c'est la démocratie qui s'est abîmée.
A force, c'est la nation qui s'est affaiblie.
Au moment même où jamais nous n'avons eu autant besoin d'une volonté collective, au moment même où jamais nous n'avons eu autant besoin de politique.
Au moment même où les défis n'ont jamais été aussi grands, où tous les Etats sont à l'offensive, où la concurrence devient plus impitoyable que jamais, où la conquête des marchés devient une lutte sans merci, au moment où se raidissent les identités qui se sentent menacées, où monte la colère des peuples qui ont le sentiment de perdre la maîtrise de leur destin.
Dans ce monde plein d'opportunités et de menaces, où circulent les hommes, les capitaux, les marchandises et les informations, où tout se mélange, où s'entrechoquent les cultures, les religions et les civilisations, sur fond de guerre économique, de bouleversements technologiques de réchauffement climatique et de bulle spéculative, dans ce monde dangereux, le besoin de Nation exprime un besoin d'identité, un besoin de protection, et un besoin d'agir ensemble.
L'homme qui ne veut pas être seul dans ce monde, qui ne veut pas être condamné à subir, réclame plus de Nation.
Ceux qui après la chute du mur de Berlin prophétisaient la fin de l'histoire et la dilution des nations dans le marché mondial et la démocratie planétaire se sont trompés.
Les nations sont de retour et l'histoire n'est pas finie.
Si nous traversons une crise d'identité sans précédant, c'est d'abord parce que nous avons trop abaissé la nation au moment où le besoin de nation devenait plus grand, parce que l'avenir devenait plus angoissant.
Nous avons trop laissé dénigrer la France, son histoire et son identité.
Je déteste cette mode de la repentance qui exprime la détestation de la France et de son Histoire.
Je déteste la repentance qui veut nous interdire d'être fiers d'être français, qui est la porte ouverte à la concurrence des mémoires, qui dresse les Français les uns contre les autres en fonction de leurs origines et qui est un obstacle à l'intégration parce qu'on a rarement envie de s'intégrer à ce que l'on a appris à détester.
A force de tout détester, de détester la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l'ordre, la morale...
A force on finit par se détester soi-même. Et je pense que la détestation de soi est toujours le commencement de la détestation de l'autre.
Pour pouvoir aimer les autres, il faut commencer par être capable de s'aimer soi même.
Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté.
Je veux dire que durant la guerre tous les Français n'ont pas été pétainistes, qu'il y a eu aussi les héros de la France libre et de la Résistance, que si certains Français ont dénoncé des Juifs à la Gestapo, d'autres, beaucoup plus nombreux, les ont aidés au péril de leur vie, que des mères ont caché des enfants juifs parmi leurs propres enfants.
Je veux dire que dans les colonies, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs, qu'il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui n'avaient jamais exploité personne, qui ne devaient rien qu'à eux-mêmes, qui avaient beaucoup donné à une terre où ils étaient nés et qui un jour n'ont eu le choix qu'entre la valise et le cercueil. Ils ont tout perdu.
Je veux qu'on les respecte.
Je veux dire que si la France a une dette qu'elle n'a pas réglée, c'est celle qu'elle a vis-à-vis de ceux qui en Indochine et en Algérie se sont battus pour elle et ont du quitter leur pays pour ne pas être assassinés.
Je veux que la France reconnaisse sa dette, vis-à-vis des harkis et des supplétifs d'Indochine et qu'elle les honore. C'est une question d'honneur et l'honneur pour moi c'est encore une vertu cardinale pour un homme comme pour une nation.
La France, c'est le bien commun de tous les Français. Elle est au-delà de la droite et de la gauche, au-delà des partis, au-delà des croyances, Lorsque la France est affaiblie c'est chacun d'entre nous qui se trouve affaibli.
La France, tous ceux qui se sont battus pour elle de génération en génération ne savaient au fond qu'une chose c'est qu'ils ne voulaient pas la perdre, parce qu'ils sentaient que c'était ce qu'ils avaient de plus précieux à transmettre à leurs enfants, parce qu'ils comprenaient qu'en se battant pour elle ils se battaient pour eux, parce qu'ils avaient au fond de leur coeur le sentiment que ce lien mystérieux les rattachait à une destinée commune exceptionnelle à la grandeur de laquelle chacun avait sa part.
Je veux dire à tous les Français que nous sommes les héritiers d'une seule et même histoire dont nous avons toutes les raisons d'être fiers.
Le parti socialiste a voulu m'interdire de faire référence à Jaurès et à Blum. Mais je continuerai à citer Jaurès parce que je me sens l'héritier de Jaurès quand il défend Dreyfus au nom de la justice, et quand il dit : « contre toute menace et toute humiliation il faudrait défendre la France : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu'elle est la France et parce qu'elle est humaine ».
Je continuerai à citer Léon Blum parce que je me sens l'héritier de l'enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot « vacances ».
Oui je me reconnais dans Jaurès et dans Blum, dans Jules Ferry, dans Clemenceau, comme je me reconnais dans Péguy, dans Lyautey et dans le Général De Gaulle.
Je veux dire au parti socialiste qu'il n'y a qu'une histoire de France et non pas deux, parce qu'il n'y a pas deux France mais une seule France.
La gauche qui proclame que l'Ancien régime ce n'est pas la France, que les Croisades ce n'est pas la France, que la chrétienté ce n'est pas la France, que la droite ce n'est pas la France.
Cette gauche là je l'accuse de communautarisme historique.
Napoléon en achevant la Révolution n'a pas dit que la France commençait avec lui, il a dit : « De Clovis au Comité de Salut Public, j'assume tout ».
A Londres, le Général De Gaulle n'a pas demandé pas à Jean Moulin s'il était de droite ou s'il était de gauche.
Lorsque la Gestapo a décidé de prendre en otages Georges Mandel et Léon Blum et de les retenir prisonniers dans une petite cabane en bordure du camp de Buchenwald, elle n'a pas fait de différence entre la France de gauche et celle de droite. Dans cette cabane il n'y avait pas deux France à l'ombre sinistre des crématoires il n'y en avait qu'une.
François Mitterrand ne se disait pas qu'il trahissait la gauche quand il allait parler de la mort avec Jean Guitton ou de littérature avec Jean d'Ormesson.
A ceux qui prétendent que l'on ne peut pas admirer à la fois Saint Louis et Carnot, je conseille de relire Marc Bloch, ce grand historien républicain et laïque qui a écrit : « Il y a deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims, ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ».
Il y a ceux qui ne chercheront toujours que la victoire d'un parti sur tous les autres et il y a ceux qui ont toujours à l'esprit l'intérêt commun..
Il y a ceux qui veulent un Président de la République qui sera le porte-parole d'une partie de la France contre l'autre et il y a ceux qui veulent un Président qui parlera au nom de tous les Français.
Il y a ceux qui attisent encore la lutte des classes et il y a ceux qui disent que le sort de chacun dépend de celui de tous.
Il y a ceux qui sont attachés à l'identité nationale et qui veulent la défendre et il y a ceux qui pensent que la France a si peu d'existence qu'elle n'a même pas d'identité.
Je crois à l'identité de la France qui est faite de principes et de valeurs qui se sont forgées au cours d'une très longue histoire. Je crois que ces valeurs sont universelles, qu'elles expriment une grande idée de l'homme et qu'elles ne sont pas négociables.
Je crois que la liberté de conscience n'est pas négociable. Je crois que la laïcité n'est pas négociable, je crois que l'égalité de l'homme et de la femme n'est pas négociable, je crois que les droits de l'Homme ne sont pas négociables.
A ceux qui veulent vivre en France, la France ne demande au fond qu'une chose, c'est qu'ils admettent que la France ne commence pas avec eux mais qu'elle a commencé il y a bien longtemps et qu'elle veut seulement qu'on l'aime et qu'on respecte ses valeurs, qu'on prenne en partage son histoire, qu'on se sente partie prenante de sa destinée. Il n'y a pas de place en France pour la polygamie, pour l'excision, pour les mariages forcés, pour le voile à l'école pour la haine de la France.
On m'a reproché d'avoir dit que ceux qui méprisent la France, ceux qui la haïssent ne sont pas obligés de rester. Mais qu'avons-nous d'autre à offrir à ceux qui veulent vivre en France, sinon d'abord la fierté d'être Français ?
Je crois qu'au coeur de l'identité de la France, il y a la langue française et que pour ceux qui veulent vivre en France, la maîtrise de la langue française est une exigence qui n'est pas négociable.
Je souhaite qu'on ne puisse pas vivre durablement en France, sans savoir parler et écrire le français.
Je souhaite que le droit au regroupement familial soit subordonné non seulement à l'obligation de prouver qu'on a les moyens de loger et de faire vivre sa famille avec les revenus de son travail, mais aussi à l'obligation d'apprendre à parler le français avant d'entrer sur le territoire national.
Les Français auront à choisir entre ceux qui pensent que l'identité de la France c'est ce que la France a de plus précieux à offrir en partage à ceux qui veulent devenir français et ceux qui veulent réduire la France à une juxtaposition de communautés et la nationalité française à un statut juridique.
Je veux que l'identité de chacun soit respectée.
Je veux que nul n'oublie son origine, son histoire, sa culture, parce que je crois que la différence est une richesse.
On m'a insulté parce que j'ai dit que je voulais que la politique de l'immigration prenne en compte la question de l'identité nationale. Mais qu'est ce qu'une politique de l'immigration qui ne viserait pas l'intégration sinon une politique qui encouragerait le communautarisme ? On ne peut pas être à la fois contre l'intégration et contre le communautarisme. Prétendre le contraire c'est mentir aux Français. Et qu'est-ce qu'une intégration réussie sinon de se sentir français à part entière ? Sinon d'être fier d'être français ? Sinon d'avoir ajouté à sa culture d'origine, la culture française ? Sinon d'avoir ajouté à l'identité qu'on apporte avec soi, l'identité française qui fonde le sentiment d'appartenance à cette communauté de destins qui s'appelle la France ?
Je refuse le communautarisme qui rendrait ce qui nous sépare plus fort que ce qui nous unit.
Je refuse le communautarisme qui enfermerait chacun dans ses origines et ses croyances.
Je refuse le communautarisme qui ouvrirait la voix à la loi des tribus et à la violence.
Je refuse le communautarisme qui serait le contraire de la République.
La lutte contre le communautarisme, elle commence à l'école.
C'est par l'école que la France si diverse et tant de fois déchirée s'est rassemblée autour d'une culture commune, d'une morale partagée, d'une même idée de l'homme. L'école de la République c'était le moyen par lequel se construisait la citoyenneté réelle.
C'était là que se forgeait la culture partagée.
C'était là que s'élaborait, se transmettait, se diffusait la morale commune qui pouvait être comprise et admise par tous, croyants et non croyants.
C'était une école qui voulait parler à l'intelligence et au sentiment. C'était une école qui voulait éveiller les consciences.
C'était une école qui voulait instruire et qui voulait élever chacun le plus haut possible.
C'était une école qui disait : « l'ignorant n'est pas libre » et qui voulait aider l'enfant à devenir adulte.
C'était une école exigeante vis-à-vis des enfants, vis-à-vis des parents, vis-à-vis des enseignants. Mais c'était une école qui respectait les enfants, qui respectait les parents, qui respectait les maîtres.
Les enfants, elle voulait leur donner ce qu'il y avait de meilleur.
Les parents, elle voulait les aider par la gratuité et par les bourses, elle voulait qu'ils ne fussent choqués en rien par l'enseignement dispensé, elle voulait les aider à éduquer leurs enfants, à comprendre que l'instruction leur permettrait d'échapper à la fatalité de leur condition.
Les professeurs, les instituteurs, elle reconnaissait leur mérite, elle les valorisait, elle les soutenait, elle leur faisait une place honorable dans la société.
Elle voulait que les instituteurs soient aussi des éducateurs.
Certains d'entre vous connaissent sans doute la magnifique lettre de Jules Ferry aux instituteurs sur l'enseignement de la morale, écrite en un temps où les circulaires bureaucratiques qui étouffent notre vie administrative n'existaient pas encore :
« Monsieur l'instituteur,
Vous êtes l'auxiliaire du père de famille : parlez donc à son enfant comme vous voudriez qu'on parlât au vôtre.
Il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons ; il faut surtout que leur caractère s'en ressente : c'est surtout hors de l'école qu'on pourra juger de ce qu'a valu votre enseignement.
Vous avez flétri l'égoïsme et fait l'éloge du dévouement : ont-ils, le moment d'après, abandonné un camarade en péril pour ne songer qu'à eux-mêmes ? Votre leçon est à recommencer. Et que ces rechutes ne vous découragent pas ! Ce n'est pas l'oeuvre d'un jour de former une âme libre. »
C'était une école qui avait des principes, qui avait une morale.
C'était une école qui récompensait le travail et donnait à chacun le moyen d'aller aussi haut que ses talents le lui permettaient, quelle que fût son origine sociale.
Voilà ce que c'était cette école : une promesse de liberté, de dignité et de promotion sociale.
Est-ce plus compliqué d'instruire les enfants du début du XXIe siècle que ce ne l'était d'instruire les petits paysans ou les fils des prolétaires de la fin du XIXe siècle, enfermés dans des mondes clos sans ouverture sur le monde ?
Ce ne sont pourtant pas les moyens qui nous manquent.
Ce qui nous manque c'est autre chose. L'origine de nos difficultés vient de ce que nos politiques éducatives ont cessé de faire référence à une idée de l'homme héritée de l'humanisme des Lumières et qui était le fondement des valeurs de la République.
Le problème n'est pas technique, il est intellectuel et il est moral.
Après mai 68, il ne s'est plus agi d'élever le niveau de chacun pour l'approcher le plus possible d'un idéal humain, mais d'abaisser le niveau de l'école pour le mettre à la portée du plus grand nombre. L'école n'a plus mission de tirer tout le monde vers le haut au nom d'une certaine idée de ce que doit être un homme mais de brader les diplômes pour remplir l'objectif d'amener 80% d'une classe d'âge au baccalauréat.
Quand le critère de réussite est devenu celui du nombre, non plus celui du savoir, de la culture, de la sensibilité, de l'intelligence, tout le système de valeurs de l'école s'est effondré.
Il s'est effondré d'autant plus que l'idéologie de 68 a imposé partout le relativisme intellectuel et moral. Désormais tout se valait : plus de hiérarchie des valeurs, plus de hiérarchie des savoirs, plus de hiérarchie des oeuvres. Le dessin de l'enfant valait celui de Michel-Ange et l'élève auquel on demandait d'imaginer une autre fin au Cid pouvait légitimement se prendre pour le rival de Corneille.
A la fin c'est le principe d'autorité qui a déserté l'école puisque ce que disait l'enfant devenait aussi important que ce que le maître avait à dire. C'est aussi le respect qui a disparu puisque la hiérarchie entre le maître et l'élève a été abolie.
Le résultat c'est plus d'injustice, plus d'inégalité, moins de promotion sociale.
L'émulation scolaire, disait Blum, c'est l'égalité vraie.
Avec l'école qui tourne le dos à l'exigence et à l'excellence, tout se passe ailleurs. C'est l'origine qui prime. L'inégalité sociale n'est plus corrigée par l'école. Plus l'école est défaillante pour compenser l'inégalité de la naissance, plus l'argent et le niveau d'instruction des parents jouent un grand rôle dans la destinée de l'enfant.
L'école ne sélectionne plus par l'exigence et par l'excellence. Elle sélectionne sur la capacité des parents à compenser la défaillance de l'école.
Certes les enfants d'aujourd'hui savent des choses que leurs grands-pères et même leurs pères ne savaient pas. Cela ne compense pas la perte des repères et les lacunes dans les savoirs fondamentaux. Cela ne compense pas l'affaiblissement de l'esprit critique. Cela ne compense pas la difficulté de plus en plus grande de la jeunesse à exprimer ses pensées et ses sentiments. Cela ne compense pas non plus le fait qu'avec l'interruption de la transmission du savoir, des valeurs et de la culture les parents et les enfants finissent par ne plus pouvoir se comprendre. Déjà les enfants ne comprennent plus de quoi leur parlent leurs parents quand ils leur parlent de culture. Et bientôt, faute d'un savoir partagé, faute d'une morale et d'une culture communes, ils ne se comprendront même plus entre eux.
Au bout de la défaillance de l'école il y a la faillite notre système d'intégration. Il y a l'affaiblissement du sentiment d'appartenance à la nation. Il y a le communautarisme et les tribus. Il y a le chômage et l'exclusion.
Les professeurs, les instituteurs ne sont pas responsables de cette faillite. La plupart d'entre eux font preuve d'une grande compétence et d'un dévouement admirable dans un système qui décourage toute initiative et tout effort.
Je n'accepte pas qu'on fasse des enseignants les boucs émissaires d'un désastre dont la politique est seule responsable. C'est la politique qui a fait l'école de la République. C'est la politique qui l'a défaite.
L'éducation, c'est ce par quoi, surtout dans la période où nous sommes, devrait commencer tout projet politique.
Nous ne bâtirons pas la même soci??té selon que nous déciderons ou non de donner de nouveau une priorité à l'enseignement de la morale et du civisme à l'école.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non d'inculquer à l'école le goût de l'effort et du travail et de récompenser le mérite.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non de refaire une école du respect.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous choisirons ou non d'apprendre à respecter le principe d'autorité à l'école.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non que l'école est d'abord un lieu de transmission du savoir avant d'être un lieu de contestation de la société.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous enseignerons à nos enfants telle ou telle conception de l'homme ou selon l'idée de la laïcité à laquelle l'école se référera.
Pour que l'égalité des chances cesse d'être un mensonge, pour que le fils d'ouvrier et le fils d'immigré aient de nouveau le sentiment d'être des citoyens à part entière et non plus des laissés-pour-compte, pour qu'ils se sentent libres de choisir leur destin il faut en finir avec le nivellement par le bas, la dévalorisation des diplômes, et l'inculture. Il n'y a pas d'autre choix que l'excellence. Il n'y a pas d'autre choix qu'une éducation exigeante qui pousse les élèves à se dépasser au lieu de les inciter à la facilité. Il n'y a pas d'autre choix que de restaurer l'autorité du professeur et le respect. Notre école doit redevenir le creuset d'une culture commune.
La démocratisation de la culture c'est qu'un nombre de plus en plus grand de jeunes quitte l'école avec les moyens intellectuels et les qualifications qui leur permettent de trouver leur place dans la société.
C'est qu'un nombre de plus en plus grand de jeunes affrontent l'existence avec l'esprit ouvert pour accueillir toute la beauté du monde et les moyens d'exprimer ce qu'ils éprouvent. Les maîtres qui ont enseigné à ma génération nous ont fait un cadeau dont alors nous n'imaginions pas le prix en nous faisant réciter les fables de La Fontaine et quelques vers de Verlaine ou de Victor Hugo.
Nos enfants vivent avec Internet. Pour que ce soit pour eux un instrument d'émancipation et non d'aliénation, pour qu'ils ne se laissent pas manipuler, pour qu'ils ne soient pas à la merci de tous les prédateurs, pour qu'ils ne se laissent pas enfermer dans un monde virtuel où il n'y aurait plus aucune raison pour eux de devenir adultes, il leur faut davantage de force intellectuelle et morale et non pas moins, davantage de culture et davantage d'école.
Nous devons reconstruire une école de la transmission. Nous devons reconstruire une école du respect où les élèves se lèvent quand le professeur entre dans la classe. Je souhaite une éducation qui fasse redécouvrir aux enfants le plaisir de la connaissance après le long effort de la pensée, qui leur fasse aimer le savoir comme la récompense du travail de l'intelligence.
Je voudrais que tous les enfants, quand ils seront devenus adultes, aient un jour envie d'écrire à leur instituteur : « Merci de m'avoir rendu curieux de ce qui est beau». Nos enfants le pourront-ils encore si nous négligeons l'école ? Si nous les laissons sans valeur et sans repère ? Si nous renonçons à la culture commune qui permet aux hommes de se parler et de se comprendre ? Si nous ne leur enseignons plus la morale, le civisme, la grandeur de la raison ? Si l'enfant qui fait quelque chose de mal n'est pas sanctionné ? Si le maître ne fait pas respecter son autorité tout en respectant dans chaque enfant les possibilités infinies de l'adulte en devenir ?
Mais il faut avoir le courage de tenir à la jeunesse le langage de la vérité. Le courage c'est que les hommes politiques, les fonctionnaires, les juges, les policiers, les patrons, les parents assument leurs responsabilités s'ils veulent que les jeunes comprennent la nécessité d'assumer les leurs. Le juge qui commet une faute doit être sanctionné, comme les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école ou qui les laissent brûler des voitures.
Le courage c'est ne jamais laisser impuni le jeune qui commet une faute. Le courage c'est que la sanction soit rapide et proportionnée à la faute pour que l'enfant ou l'adolescent mesure la gravité de son geste. Il faut être juste mais il faut être sévère. La jeunesse cherche toujours des limites. Il faut les lui montrer. On ne rend pas service à l'enfant en lui passant ses caprices, en lui pardonnant toutes ses fautes. Ce n'est pas parce que l'enfant s'affirme en disant non qu'il faut toujours lui dire oui.
C'est mépriser la jeunesse que de lui laisser croire qu'elle a toujours raison, que tout lui est dû. On méprise la jeunesse quand on lui pardonne tout. Quel exemple donnerons-nous à la jeunesse si les multirécidivistes n'ont rien à craindre ? Si les mineurs peuvent se livrer aux pires excès sans être punis ? On m'a reproché d'avoir employé un jour le mot racaille pour désigner les voyous qui empoisonnent la vie des gens. Mais où allons-nous si les voyous ne peuvent même plus être appelés des voyous ?
Quels éducateurs serons-nous si nous nous laissons aller à ces petites lâchetés ?
Quel exemple offrons nous à la jeunesse si c'est toujours la société qui est coupable et jamais les délinquants.
Je suis convaincu que le respect des lois de la République est la condition de la liberté.
Je suis convaincu que lorsque les lois ne sont plus respectées, ce sont les plus faibles, les plus vulnérables, les plus modestes, qui sont les premières victimes.
Je le dis comme je le pense : le premier devoir d'un Président de la République est de faire respecter les lois de la République et je trouve indigne d'un candidat à la présidence de la République de prendre le parti des délinquants et les fraudeurs et faire porter sur la police la responsabilité des violences de la gare du Nord, ça s'appelle prendre le parti des fraudeurs et des délinquants, voilà la vérité ! Et la fraude, la gauche devrait le savoir, c'est le contraire de la République, c'est le contraire de la justice, c'est un impôt forcé sur ceux qui travaillent dur, qui payent leur billet et qui ont du mal à joindre les deux bouts parce qu'il faut bien qu'au bout du compte quelqu'un paye.
La bonne conscience de gauche dit que pour diminuer la fraude, il n'y a qu'à donner la gratuité aux Rmistes. Elle ne veut pas voir qu'ainsi, elle les enferme dans l'assistance. Pensez-donc s'ils retrouvent un travail il perdront le bénéfice de la gratuité c'est sans doute pour les socialistes ce que l'on appelle encourager le travail ! D'autres veulent la gratuité pour tout le monde. Mais, encore une fois, qui paye au bout du compte ? C'est toujours le travailleur! Les socialistes veulent toujours la gratuité comme réponse à la pauvreté. Moi je veux que les pauvres puissent gagner leur vie.
Il faut se méfier de cette politique de la bonne conscience qui ne veut voir les conséquences de ce qu'elle prône. Elle veut que les sans papier soient régularisés mais elle ne veut pas voir que l'immigration clandestine fait la fortune des marchands de sommeil et des passeurs sans scrupule qui n'hésitent pas à mettre en danger la vie des pauvres malheureux dont ils profitent de la détresse et qui sont souvent employés au noir dans des conditions honteuses.
Accepter d'accueillir toute la misère du monde, c'est tirer toute la société vers le bas. C'est faire le malheur des immigrés que l'on n'arrive plus à intégrer, et le malheur de tous les autres. Ce sont comme toujours les plus modestes et les plus vulnérables qui payent le plus cher: le jeune de 20 ans qui meurt asphyxié dans sa cachette ou qui coule au fond de l'océan avec sa pirogue, les familles brûlées vives dans des hôtels sordides où elles s'entassent parce qu'on ne sait pas où les loger. En régularisant tous les sans-papiers on incite une masse croissante de malheureux à immigrer clandestinement dans l'espoir d'être régularisés un jour et l'on fait monter le ressentiment chez ceux qu'on accueille si mal et chez ceux qui se sentent de plus en plus étrangers dans leur propre pays. Si je suis élu président de la République, il n'y aura pas de régularisation globale.
Je refuse les régularisations automatiques qui sont un encouragement à l'immigration clandestine. Je propose que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir de titre de séjour pendant les 5 ans qui suivent. Et que les étrangers en situation irrégulière soient exclus du droit au logement opposable.
La bonne conscience de gauche s'oppose à la maîtrise de l'immigration sans se soucier de savoir si nous avons les moyens d'accueillir dignement toutes la misère du monde. Voilà la vérité ! Moi je souhaite que nous passions de l'immigration subie à l'immigration choisie et que nous fixions chaque année le nombre des étrangers que nous pouvons accueillir dans des conditions qui permettent de respecter la dignité des personnes.
La crise d'identité elle est aussi dans la démoralisation de France qui travaille ou qui ne demande qu'à travailler.
Je veux rendre au travail sa valeur morale et sa capacité d'émancipation.
Je veux rendre au travailleur la première place dans la société.
C'est tout le sens de mon projet politique : je veux redonner au beau nom de travailleur le prestige qu'il a perdu, parce qu'en abaissant le travailleur on a abaissé l'Homme.
Je veux réhabiliter le travailleur qui a été trop longtemps ignoré par la droite et qui a été trahi par la gauche.
La fin du travail est un mythe. Le grand problème de la France c'est qu'elle travaille moins quand les autres travaillent plus. Le grand problème de la France c'est qu'elle ne crée plus assez de travail pour financer les retraites, la protection sociale, pour rembourser la dette, pour élever le niveau de vie, pour réduire la précarité, le chômage, les inégalités, pour faire fonctionner notre modèle d'intégration sociale. Ce problème est un problème moral. La crise de la valeur travail est au coeur de la crise morale.
Le travail c'est l'égalité des chances, c'est la promotion sociale, c'est le fondement de la citoyenneté.
Derrière la crise du travail il y a le sentiment désespérant que la promotion sociale est impossible, que le mérite n'est plus récompensé et que le travail ne paye plus, qu'il ne protège même plus de la pauvreté. Avec la crise de la valeur travail c'est l'espérance qui disparaît. Comment espérer encore si le travail ne permet plus de se mettre à l'abri de la précarité, de s'en sortir, de progresser ?
Je n'accepte pas qu'il puisse exister des travailleurs pauvres alors que l'on a déjà bien assez à faire avec ceux qui sont pauvres parce qu'ils n'ont pas de travail !
La France sans paysan, sans artisan, sans ouvrier serait une France appauvrie moralement, culturellement, économiquement. Je pense aussi aux employés, aux techniciens, aux ingénieurs, aux cadres, je pense aux infirmières, je pense aux professeurs, aux médecins, à tous ceux qui aiment leur métier, qui en sont fiers. Ils considèrent qu'ils doivent le faire le mieux qu'ils peuvent. Ils ont ce sens du devoir, ce sens moral, ce courage qui sont des valeurs auxquelles je crois, qui sont les valeurs autour desquelles les Français doivent se rassembler parce que ce sont les valeurs de la France.
Les travailleurs incarnent un type de civilisation, un type d'homme qui respecte le travail comme une condition de la liberté, qui pense que l'honneur c'est toujours s'efforcer de faire le mieux possible ce qu'on a à faire, que la dignité c'est de ne rien devoir qu'à soi-même et que le premier devoir d'un homme c'est de transmettre ses valeurs à ses enfants.
Aux ouvriers qui ont tant de savoir-faire, aux paysans qui depuis des générations font fructifier leur terre, aux artisans qui n'aiment que ce qui est parfait et dont les secrets se transmettent de génération en génération depuis des siècles, aux ingénieurs qui subissent eux aussi la concurrence des ingénieurs de l'Inde ou de la Chine dix fois moins payés, je me refuse à dire que tout est fini, qu'il n'y a plus de place pour eux, qu'ils doivent disparaître, qu'ils ne servent plus à rien. Je veux leur dire que rien n'est perdu. Un métier qui disparaît, un village qui se vide, un bassin industriel qui s'effondre, c'est un drame. Aucune nécessité économique ne justifie que la politique soit indifférente à ce drame et à la souffrance qu'il cause. Nulle impuissance publique n'oblige à accepter sans rien faire ce gâchis humain qu'un petit effort d'imagination, de volonté et de morale suffirait à éviter. A quoi sert la politique si on ne peut rien faire sur rien ? A quoi sert la politique si la seule loi qui s'impose est celle de la rentabilité à court terme ? A quoi sert la politique si elle se contente d'accompagner une sorte de sélection naturelle qui fait triompher le fort et anéantit le faible, si elle ne donne pas sa chance à chacun, à chaque territoire ?
Je veux moraliser le capitalisme, faire prévaloir la logique de la production sur celle de la rente et de la spéculation, revaloriser le travail.
Là encore, il faut dire la vérité aux Français. C'est le travail qui crée le travail et le partage du travail a freiné les salaires et détruit plus d'emplois qu'il n'en a créé. Il faut dire la vérité aux Français : dans le monde tel qu'il est, on ne peut gagner plus en travaillant moins.
Il faut dire la vérité aux Français : on ne peut pas trop taxer le capital sinon il s'en va, on ne peut pas continuer de taxer autant le travail sinon on encourage les délocalisations. Je veux être le Président qui prendra le problème des délocalisations à bras le corps. C'est pour cela que je veux taxer le pollueur plutôt que le travailleur. C'est pour cela que je veux expérimenter la TVA sociale qui taxe les importations et exonère les exportations. C'est pour cela que je veux une politique industrielle. C'est pour cela que je souhaite que l'Etat se dote des moyens de faire lorsque c'est nécessaire ce qu j'ai fait pour Alstom. Rappelez-vous, tout le monde disait : « Alstom c'est fini ! » Comme quoi avec un peu de volonté et d'imagination, on peut faire beaucoup de chose. J'ai une conviction, c'est que la politique elle ne peut rien surtout quand elle ne veut rien !
Tout concourt à la crise d'identité. Mais derrière la défaillance de l'école, derrière l'immigration non maîtrisée, derrière la désintégration du travail, derrière les délocalisations, derrière la crise des banlieues, derrière l'exclusion, c'est toujours la question nationale qui est posée. C'est toujours la question de l'identité, de la cohésion, de la solidarité, de l'indépendance, de la volonté nationale qui est posée.
L'Europe aurait pu contribuer à y répondre. Elle a été construite pour cela. Elle a été construite pour être une multiplication de puissance, un amplificateur de volonté, pour protéger, pour donner du sens et de la fraternité.
Au lieu de cela, elle a aggravé la crise.
En défaisant les politiques des Etats sans mettre à la place les politiques communes.
En démantelant toutes les protections nationales sans les remplacer par une préférence communautaire.
En laissant la banque centrale mener une politique de l'Euro fort qui met notre industrie à genou au lieu de mettre l'euro au service de l'économie comme le font tous les pays du monde qui ne sont pas dans la zone euro.
En interdisant toutes les politiques industrielles au nom d'une conception dogmatique de la concurrence,
En n'opposant rien à tous les dumpings économiques, sociaux, monétaires, au nom d'une vision naïve du libre échange qui n'est partagé par aucun autre pays du monde.
L'Europe a nourri la crise identitaire et affaibli la nation sans se renforcer elle-même.
L'Europe, il faut avoir le courage de le dire, a accentué la crise nationale tout en causant la crise européenne dans laquelle elle se débat aujourd'hui.
On ne refera pas l'Europe contre les nations. On ne sauvera pas les nations en détruisant l'Europe.
L'Europe et les nations sont condamnées à se renforcer ensemble ou à s'affaiblir ensemble.
Refonder le pacte européen et refonder le pacte national, voilà le préalable à tout.
Refonder le pacte national pour pouvoir refonder l'Europe, refonder le pacte européen pour pouvoir refonder la nation, voilà la priorité !
Refonder le pacte européen, c'est refaire une Europe qui agit au lieu de subir.
Ou nous réussirons à refaire une Europe des politiques communes, additionnant des volontés. Ou bien les peuples renverseront une Europe qui sera devenue le cheval de Troie de toutes les concurrences déloyales et qui rendra l'avenir plus angoissant au lieu de le rendre plus rassurant.
J'ai toujours dit OUI à l'Europe. J'ai dit OUI à l'Acte Unique. J'ai dit OUI à Maastricht, j'ai dit OUI à la constitution européenne. Mais je n'ai pas dit OUI à cette Europe là.
Je n'ai pas dit OUI à l'Europe de l'impuissance, à l'Europe de l'Euro fort, à l'Europe de la naïveté, à l'Europe qui ne veut pas des champions nationaux et qui préfère le rachat d'une entreprise européenne par une entreprise américaine plutôt que la moindre entorse au catéchisme de la concurrence.
Je veux réconcilier la France du NON et la France du Oui en reconstruisant une Europe de la volonté qui n'accepte plus de subir et qui se donne les moyens d'agir
L'Europe est bloquée. Pour débloquer l'Europe, je veux proposer à nos partenaires un traité simplifié qui nous permette de nouveau de parler ensemble, de décider ensemble. Ce traité simplifié ne sera pas une Constitution. Ce traité simplifié ne refondera pas l'Europe politique, car avant de refonder l'Europe politique, avant d'élaborer une nouvelle Constitution, il faudra d'abord refonder l'Europe économique et l'Europe sociale.
Avant de s'attaquer de nouveau aux problèmes des institutions, il faudra que l'Europe soit capable de répondre aux angoisses des citoyens. Il faudra que l'Europe redonne aux citoyens le sentiment qu'elle les protège et qu'elle prépare l'avenir.
Il faudra aussi qu'elle cesse d'être l'alibi de tous les renoncements de la nation.
Je suis convaincu que les générations d'aujourd'hui peuvent accomplir d'aussi grandes choses que les générations d'hier. Entre la fuite en avant dans le mondialisme et l'enfermement dans le local, entre le marché planétaire et les féodalités, entre le nomadisme et le tribalisme, je le dis haut et fort : la conception française de la nation est une force d'émancipation.
Mais pour faire changer l'Europe et pour faire changer la France, il nous faut une volonté nationale.
Cette volonté nationale, nous l'avons perdue depuis trop longtemps
Le 21 avril 2002, le non à la Constitution européenne, la montée du vote extrême et du vote protestataire qui mettent la République en péril sont d'abord l'expression d'une profonde crise de l'identité nationale. Nous n'avons pas pris cette crise suffisamment au sérieux.
Depuis trente ans on parle à votre place, on pense à votre place, on décide à votre place.
Depuis trente ans
Ce sont des commissaires européens,
des dirigeants de Banque Centrale
des cabinets ministériels
des grands corps
des experts
qui pensent à votre place, décident à votre place.
Vous en avez assez que l'Etat abdique devant les bureaucraties, les corporatismes et les lobbies.
Vous en avez assez que l'Europe ne soit pas démocratique.
Vous en avez assez que des gens qui ne sont pas élus, qui ne sont responsables devant personne, qui n'ont de comptes à rendre à personne décident de votre vie, de votre avenir, de celui de vos enfants.
Vous en avez assez de tous ces gens qui veulent toujours vous imposer des sacrifices qu'ils ne sont pas capables de s'imposer à eux-mêmes.
Vous en avez assez que l'on vous répète sans arrêt qu'il n'y a qu'une seule politique possible et que vous n'avez pas le choix.
Vous en avez assez qu'on vous dise :
« Plus de croissance, ce n'est pas possible ! »
« Le plein emploi, ce n'est pas possible ! »
« Travailler plus pour gagner plus, ce n'est pas possible ! »
« L'augmentation du pouvoir d'achat, ce n'est pas possible ! »
« Que tout le monde sache lire, écrire et compter, ce n'est pas possible ! »
« Choisir l'école de vos enfants, ce n'est pas possible ! »
« Le recul de la délinquance, ce n'est pas possible ! »
« Le service minimum dans le service public, ce n'est pas possible ! »
« La baisse des impôts, ce n'est pas possible ! »
« La politique industrielle, ce n'est pas possible ! »
« La taxation des pollutions, ce n'est pas possible ! »
« La préférence communautaire, ce n'est pas possible ! »
« La lutte contre les concurrences déloyales, ce n'est pas possible ! »
Vous en avez assez que rien ne soit possible et vous avez raison ! Regardez le trafic des poids lourds ! Vous en avez assez que l'on vous dise que l'on n'y peut rien. Les 10 000 camions qui franchissent chaque jour la frontière avec l'Italie, ceux qui traversent la vallée du Rhône provoquent, l'exaspération des populations dans les vallées et jusqu'à Nice et, ils rejettent tous les jours plusieurs centaines de tonnes de CO² dans votre atmosphère.
On n'y peut rien ?
Mais nos voisins, suisses et autrichiens, ont mis en oeuvre des solutions de report massif de ce trafic sur le rail pour éviter l'engorgement et la pollution.
Pourquoi pas nous ?.
Depuis de nombreuses années, nous travaillons avec les italiens à la réalisation de ce grand projet et ce grand chantier qu'est la liaison Lyon Turin. Sa vocation première est de transférer sur le rail le trafic des poids lourds qui encombre aujourd'hui les autoroutes et les rocades. En sortant 1 million de poids lourds des routes, il aura en outre le mérite d'éviter le rejet de près de 400 tonnes de CO² tous les jours dans le ciel des Alpes.
J'ai évoqué la semaine dernière la proposition d'une taxation du trafic poids lourds pour financer nos infrastructures. Je m'engage devant vous à ce que le produit de cette taxation dans les Alpes permette le financement de ce grand projet.
Alors oui avec de la volonté politique et de l'imagination, tout est possible. Avec de la volonté politique le Lyon Turin aussi deviendra possible !
Je m'engage à proposer à l'Italie de lancer la réalisation du Lyon Turin dès 2009.
Vous en avez assez que l'on vous dise que l'on ne peut rien à rien.
Vous en avez assez que l'on décide à votre place ce que vous avez ou non le droit de dire.
Vous en avez assez qu'il ne soit pas possible de dire que ceux qui n'aiment pas la France et qui n'aiment pas les valeurs de la République ne sont pas obligés d'y rester.
Vous en avez assez que l'identité nationale soit considérée comme un gros mot.
Vous en avez assez que l'on ne puisse plus avoir le droit de dire qu'un voyou est un voyou.
Vous en avez assez que l'on ne puisse pas parler de la nation sans être accusé de nationalisme, que l'on ne puisse pas parler de protection sans être accusé de protectionnisme, que l'on ne puisse pas dénoncer la surévaluation de l'euro sans être accusé d'être anti-européen, que l'on ne puisse pas dénoncer l'accaparement du pouvoir par la technocratie ou montrer du doigt les patrons voyous sans être aussitôt accusé de démagogie, que l'on ne puisse pas évoquer la France qui souffre sans être immédiatement taxé de populisme.
Vous en avez assez et vous avez raison !
Vous en avez assez et vous avez raison.
Je veux vous rendre votre liberté.
Votre liberté de choix.
Votre liberté de parole.
Votre liberté de penser.
Et je n'ai que deux choses à vous dire, deux choses qui viennent du fond du coeur, deux choses qui nous unissent, qui nous rassemblent :
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.u-m-p.org, le 6 avril 2007
C'est toujours pour moi une grande joie de me retrouver à Lyon, dans cette ville où l'on met du temps à donner son coeur, où la confiance et l'amitié se méritent, où l'intimité se protège. Mais où le coeur quand il se donne, se donne sans retenue. Dans cette ville où l'on n'aime pas tout de suite, mais où l'on aime passionnément et pour toujours.
Ce soir, vous êtes venus me dire votre amitié et votre confiance et cela me touche au plus profond de moi-même parce que je sais qu'ici quand on donne son amitié et sa confiance c'est avec sincérité, c'est sans réserve, et c'est pour toujours.
Si vous êtes là avec cette ardeur, avec cet enthousiasme ce n'est pas seulement parce que vous êtes d'accord avec moi. Ce n'est pas seulement pour me dire que mon combat est aussi le vôtre.
Si vous êtes là avec votre amitié et votre confiance, c'est parce que vous savez au fond de vous que je ne vous mentirai pas, que je ne vous tromperai pas, que je ne vous trahirai pas.
Dans cette ville que la Convention voulait anéantir, dans cette ville sanctifiée par le sang de tant de martyrs, depuis les premiers chrétiens persécutés par les païens, jusqu'?? Jean Moulin assassiné par la Gestapo après avoir été atrocement torturé, en passant par les victimes des massacres révolutionnaires et par les canuts dont les révoltes désespérées furent noyées dans le sang.
Dans cette ville qui a 22 siècles d'histoire, ou jadis les 60 tribus gauloises se réunissaient chaque année, qui est devenue française il y a 7 siècles, qui a été la capitale spirituelle, qui a été la capitale commerciale et industrielle de la France, qui a été la capitale des luttes sociales, qui a même été la capitale de la Résistance,
dans cette ville où l'on connaît le prix de la sueur, des larmes et du sang, dans cette ville où l'on sait la valeur de l'effort et du sacrifice, dans cette ville où l'on a inventé le métier à tisser, le cinéma et la banque moderne, dans cette ville placée entre le Nord et le Sud, au carrefour de l'Europe et de tous les échanges,
dans cette ville qui a toujours brassé les hommes, les idées et les cultures, autant que les capitaux et les marchandises et dont Michelet disait qu'elle unissait les peuples comme les fleuves, dans cette ville qui est la vôtre, je suis venu dire que notre avenir ne dépend que de notre imagination, de notre volonté et de notre travail.
Dans cette ville qui a été tant de fois meurtrie, qui s'est tant de fois déchirée et qui n'a jamais cessé de croire à la science, au progrès, à l'industrie et au travail, dans cette ville je suis venu dire qu'il n'y a aucune fatalité au déclin de notre pays, qu'il ne dépend que de nous que la politique exprime encore une volonté et qu'elle cesse d'être un renoncement.
A force de ne plus rien oser dire, à force de ne plus être capable d'imaginer, à force de ne plus rien vouloir, la politique a fini par fabriquer sa propre impuissance.
A force, c'est la République qui s'est effritée.
A force, c'est la démocratie qui s'est abîmée.
A force, c'est la nation qui s'est affaiblie.
Au moment même où jamais nous n'avons eu autant besoin d'une volonté collective, au moment même où jamais nous n'avons eu autant besoin de politique.
Au moment même où les défis n'ont jamais été aussi grands, où tous les Etats sont à l'offensive, où la concurrence devient plus impitoyable que jamais, où la conquête des marchés devient une lutte sans merci, au moment où se raidissent les identités qui se sentent menacées, où monte la colère des peuples qui ont le sentiment de perdre la maîtrise de leur destin.
Dans ce monde plein d'opportunités et de menaces, où circulent les hommes, les capitaux, les marchandises et les informations, où tout se mélange, où s'entrechoquent les cultures, les religions et les civilisations, sur fond de guerre économique, de bouleversements technologiques de réchauffement climatique et de bulle spéculative, dans ce monde dangereux, le besoin de Nation exprime un besoin d'identité, un besoin de protection, et un besoin d'agir ensemble.
L'homme qui ne veut pas être seul dans ce monde, qui ne veut pas être condamné à subir, réclame plus de Nation.
Ceux qui après la chute du mur de Berlin prophétisaient la fin de l'histoire et la dilution des nations dans le marché mondial et la démocratie planétaire se sont trompés.
Les nations sont de retour et l'histoire n'est pas finie.
Si nous traversons une crise d'identité sans précédant, c'est d'abord parce que nous avons trop abaissé la nation au moment où le besoin de nation devenait plus grand, parce que l'avenir devenait plus angoissant.
Nous avons trop laissé dénigrer la France, son histoire et son identité.
Je déteste cette mode de la repentance qui exprime la détestation de la France et de son Histoire.
Je déteste la repentance qui veut nous interdire d'être fiers d'être français, qui est la porte ouverte à la concurrence des mémoires, qui dresse les Français les uns contre les autres en fonction de leurs origines et qui est un obstacle à l'intégration parce qu'on a rarement envie de s'intégrer à ce que l'on a appris à détester.
A force de tout détester, de détester la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l'ordre, la morale...
A force on finit par se détester soi-même. Et je pense que la détestation de soi est toujours le commencement de la détestation de l'autre.
Pour pouvoir aimer les autres, il faut commencer par être capable de s'aimer soi même.
Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté.
Je veux dire que durant la guerre tous les Français n'ont pas été pétainistes, qu'il y a eu aussi les héros de la France libre et de la Résistance, que si certains Français ont dénoncé des Juifs à la Gestapo, d'autres, beaucoup plus nombreux, les ont aidés au péril de leur vie, que des mères ont caché des enfants juifs parmi leurs propres enfants.
Je veux dire que dans les colonies, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs, qu'il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui n'avaient jamais exploité personne, qui ne devaient rien qu'à eux-mêmes, qui avaient beaucoup donné à une terre où ils étaient nés et qui un jour n'ont eu le choix qu'entre la valise et le cercueil. Ils ont tout perdu.
Je veux qu'on les respecte.
Je veux dire que si la France a une dette qu'elle n'a pas réglée, c'est celle qu'elle a vis-à-vis de ceux qui en Indochine et en Algérie se sont battus pour elle et ont du quitter leur pays pour ne pas être assassinés.
Je veux que la France reconnaisse sa dette, vis-à-vis des harkis et des supplétifs d'Indochine et qu'elle les honore. C'est une question d'honneur et l'honneur pour moi c'est encore une vertu cardinale pour un homme comme pour une nation.
La France, c'est le bien commun de tous les Français. Elle est au-delà de la droite et de la gauche, au-delà des partis, au-delà des croyances, Lorsque la France est affaiblie c'est chacun d'entre nous qui se trouve affaibli.
La France, tous ceux qui se sont battus pour elle de génération en génération ne savaient au fond qu'une chose c'est qu'ils ne voulaient pas la perdre, parce qu'ils sentaient que c'était ce qu'ils avaient de plus précieux à transmettre à leurs enfants, parce qu'ils comprenaient qu'en se battant pour elle ils se battaient pour eux, parce qu'ils avaient au fond de leur coeur le sentiment que ce lien mystérieux les rattachait à une destinée commune exceptionnelle à la grandeur de laquelle chacun avait sa part.
Je veux dire à tous les Français que nous sommes les héritiers d'une seule et même histoire dont nous avons toutes les raisons d'être fiers.
Le parti socialiste a voulu m'interdire de faire référence à Jaurès et à Blum. Mais je continuerai à citer Jaurès parce que je me sens l'héritier de Jaurès quand il défend Dreyfus au nom de la justice, et quand il dit : « contre toute menace et toute humiliation il faudrait défendre la France : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu'elle est la France et parce qu'elle est humaine ».
Je continuerai à citer Léon Blum parce que je me sens l'héritier de l'enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot « vacances ».
Oui je me reconnais dans Jaurès et dans Blum, dans Jules Ferry, dans Clemenceau, comme je me reconnais dans Péguy, dans Lyautey et dans le Général De Gaulle.
Je veux dire au parti socialiste qu'il n'y a qu'une histoire de France et non pas deux, parce qu'il n'y a pas deux France mais une seule France.
La gauche qui proclame que l'Ancien régime ce n'est pas la France, que les Croisades ce n'est pas la France, que la chrétienté ce n'est pas la France, que la droite ce n'est pas la France.
Cette gauche là je l'accuse de communautarisme historique.
Napoléon en achevant la Révolution n'a pas dit que la France commençait avec lui, il a dit : « De Clovis au Comité de Salut Public, j'assume tout ».
A Londres, le Général De Gaulle n'a pas demandé pas à Jean Moulin s'il était de droite ou s'il était de gauche.
Lorsque la Gestapo a décidé de prendre en otages Georges Mandel et Léon Blum et de les retenir prisonniers dans une petite cabane en bordure du camp de Buchenwald, elle n'a pas fait de différence entre la France de gauche et celle de droite. Dans cette cabane il n'y avait pas deux France à l'ombre sinistre des crématoires il n'y en avait qu'une.
François Mitterrand ne se disait pas qu'il trahissait la gauche quand il allait parler de la mort avec Jean Guitton ou de littérature avec Jean d'Ormesson.
A ceux qui prétendent que l'on ne peut pas admirer à la fois Saint Louis et Carnot, je conseille de relire Marc Bloch, ce grand historien républicain et laïque qui a écrit : « Il y a deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims, ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ».
Il y a ceux qui ne chercheront toujours que la victoire d'un parti sur tous les autres et il y a ceux qui ont toujours à l'esprit l'intérêt commun..
Il y a ceux qui veulent un Président de la République qui sera le porte-parole d'une partie de la France contre l'autre et il y a ceux qui veulent un Président qui parlera au nom de tous les Français.
Il y a ceux qui attisent encore la lutte des classes et il y a ceux qui disent que le sort de chacun dépend de celui de tous.
Il y a ceux qui sont attachés à l'identité nationale et qui veulent la défendre et il y a ceux qui pensent que la France a si peu d'existence qu'elle n'a même pas d'identité.
Je crois à l'identité de la France qui est faite de principes et de valeurs qui se sont forgées au cours d'une très longue histoire. Je crois que ces valeurs sont universelles, qu'elles expriment une grande idée de l'homme et qu'elles ne sont pas négociables.
Je crois que la liberté de conscience n'est pas négociable. Je crois que la laïcité n'est pas négociable, je crois que l'égalité de l'homme et de la femme n'est pas négociable, je crois que les droits de l'Homme ne sont pas négociables.
A ceux qui veulent vivre en France, la France ne demande au fond qu'une chose, c'est qu'ils admettent que la France ne commence pas avec eux mais qu'elle a commencé il y a bien longtemps et qu'elle veut seulement qu'on l'aime et qu'on respecte ses valeurs, qu'on prenne en partage son histoire, qu'on se sente partie prenante de sa destinée. Il n'y a pas de place en France pour la polygamie, pour l'excision, pour les mariages forcés, pour le voile à l'école pour la haine de la France.
On m'a reproché d'avoir dit que ceux qui méprisent la France, ceux qui la haïssent ne sont pas obligés de rester. Mais qu'avons-nous d'autre à offrir à ceux qui veulent vivre en France, sinon d'abord la fierté d'être Français ?
Je crois qu'au coeur de l'identité de la France, il y a la langue française et que pour ceux qui veulent vivre en France, la maîtrise de la langue française est une exigence qui n'est pas négociable.
Je souhaite qu'on ne puisse pas vivre durablement en France, sans savoir parler et écrire le français.
Je souhaite que le droit au regroupement familial soit subordonné non seulement à l'obligation de prouver qu'on a les moyens de loger et de faire vivre sa famille avec les revenus de son travail, mais aussi à l'obligation d'apprendre à parler le français avant d'entrer sur le territoire national.
Les Français auront à choisir entre ceux qui pensent que l'identité de la France c'est ce que la France a de plus précieux à offrir en partage à ceux qui veulent devenir français et ceux qui veulent réduire la France à une juxtaposition de communautés et la nationalité française à un statut juridique.
Je veux que l'identité de chacun soit respectée.
Je veux que nul n'oublie son origine, son histoire, sa culture, parce que je crois que la différence est une richesse.
On m'a insulté parce que j'ai dit que je voulais que la politique de l'immigration prenne en compte la question de l'identité nationale. Mais qu'est ce qu'une politique de l'immigration qui ne viserait pas l'intégration sinon une politique qui encouragerait le communautarisme ? On ne peut pas être à la fois contre l'intégration et contre le communautarisme. Prétendre le contraire c'est mentir aux Français. Et qu'est-ce qu'une intégration réussie sinon de se sentir français à part entière ? Sinon d'être fier d'être français ? Sinon d'avoir ajouté à sa culture d'origine, la culture française ? Sinon d'avoir ajouté à l'identité qu'on apporte avec soi, l'identité française qui fonde le sentiment d'appartenance à cette communauté de destins qui s'appelle la France ?
Je refuse le communautarisme qui rendrait ce qui nous sépare plus fort que ce qui nous unit.
Je refuse le communautarisme qui enfermerait chacun dans ses origines et ses croyances.
Je refuse le communautarisme qui ouvrirait la voix à la loi des tribus et à la violence.
Je refuse le communautarisme qui serait le contraire de la République.
La lutte contre le communautarisme, elle commence à l'école.
C'est par l'école que la France si diverse et tant de fois déchirée s'est rassemblée autour d'une culture commune, d'une morale partagée, d'une même idée de l'homme. L'école de la République c'était le moyen par lequel se construisait la citoyenneté réelle.
C'était là que se forgeait la culture partagée.
C'était là que s'élaborait, se transmettait, se diffusait la morale commune qui pouvait être comprise et admise par tous, croyants et non croyants.
C'était une école qui voulait parler à l'intelligence et au sentiment. C'était une école qui voulait éveiller les consciences.
C'était une école qui voulait instruire et qui voulait élever chacun le plus haut possible.
C'était une école qui disait : « l'ignorant n'est pas libre » et qui voulait aider l'enfant à devenir adulte.
C'était une école exigeante vis-à-vis des enfants, vis-à-vis des parents, vis-à-vis des enseignants. Mais c'était une école qui respectait les enfants, qui respectait les parents, qui respectait les maîtres.
Les enfants, elle voulait leur donner ce qu'il y avait de meilleur.
Les parents, elle voulait les aider par la gratuité et par les bourses, elle voulait qu'ils ne fussent choqués en rien par l'enseignement dispensé, elle voulait les aider à éduquer leurs enfants, à comprendre que l'instruction leur permettrait d'échapper à la fatalité de leur condition.
Les professeurs, les instituteurs, elle reconnaissait leur mérite, elle les valorisait, elle les soutenait, elle leur faisait une place honorable dans la société.
Elle voulait que les instituteurs soient aussi des éducateurs.
Certains d'entre vous connaissent sans doute la magnifique lettre de Jules Ferry aux instituteurs sur l'enseignement de la morale, écrite en un temps où les circulaires bureaucratiques qui étouffent notre vie administrative n'existaient pas encore :
« Monsieur l'instituteur,
Vous êtes l'auxiliaire du père de famille : parlez donc à son enfant comme vous voudriez qu'on parlât au vôtre.
Il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons ; il faut surtout que leur caractère s'en ressente : c'est surtout hors de l'école qu'on pourra juger de ce qu'a valu votre enseignement.
Vous avez flétri l'égoïsme et fait l'éloge du dévouement : ont-ils, le moment d'après, abandonné un camarade en péril pour ne songer qu'à eux-mêmes ? Votre leçon est à recommencer. Et que ces rechutes ne vous découragent pas ! Ce n'est pas l'oeuvre d'un jour de former une âme libre. »
C'était une école qui avait des principes, qui avait une morale.
C'était une école qui récompensait le travail et donnait à chacun le moyen d'aller aussi haut que ses talents le lui permettaient, quelle que fût son origine sociale.
Voilà ce que c'était cette école : une promesse de liberté, de dignité et de promotion sociale.
Est-ce plus compliqué d'instruire les enfants du début du XXIe siècle que ce ne l'était d'instruire les petits paysans ou les fils des prolétaires de la fin du XIXe siècle, enfermés dans des mondes clos sans ouverture sur le monde ?
Ce ne sont pourtant pas les moyens qui nous manquent.
Ce qui nous manque c'est autre chose. L'origine de nos difficultés vient de ce que nos politiques éducatives ont cessé de faire référence à une idée de l'homme héritée de l'humanisme des Lumières et qui était le fondement des valeurs de la République.
Le problème n'est pas technique, il est intellectuel et il est moral.
Après mai 68, il ne s'est plus agi d'élever le niveau de chacun pour l'approcher le plus possible d'un idéal humain, mais d'abaisser le niveau de l'école pour le mettre à la portée du plus grand nombre. L'école n'a plus mission de tirer tout le monde vers le haut au nom d'une certaine idée de ce que doit être un homme mais de brader les diplômes pour remplir l'objectif d'amener 80% d'une classe d'âge au baccalauréat.
Quand le critère de réussite est devenu celui du nombre, non plus celui du savoir, de la culture, de la sensibilité, de l'intelligence, tout le système de valeurs de l'école s'est effondré.
Il s'est effondré d'autant plus que l'idéologie de 68 a imposé partout le relativisme intellectuel et moral. Désormais tout se valait : plus de hiérarchie des valeurs, plus de hiérarchie des savoirs, plus de hiérarchie des oeuvres. Le dessin de l'enfant valait celui de Michel-Ange et l'élève auquel on demandait d'imaginer une autre fin au Cid pouvait légitimement se prendre pour le rival de Corneille.
A la fin c'est le principe d'autorité qui a déserté l'école puisque ce que disait l'enfant devenait aussi important que ce que le maître avait à dire. C'est aussi le respect qui a disparu puisque la hiérarchie entre le maître et l'élève a été abolie.
Le résultat c'est plus d'injustice, plus d'inégalité, moins de promotion sociale.
L'émulation scolaire, disait Blum, c'est l'égalité vraie.
Avec l'école qui tourne le dos à l'exigence et à l'excellence, tout se passe ailleurs. C'est l'origine qui prime. L'inégalité sociale n'est plus corrigée par l'école. Plus l'école est défaillante pour compenser l'inégalité de la naissance, plus l'argent et le niveau d'instruction des parents jouent un grand rôle dans la destinée de l'enfant.
L'école ne sélectionne plus par l'exigence et par l'excellence. Elle sélectionne sur la capacité des parents à compenser la défaillance de l'école.
Certes les enfants d'aujourd'hui savent des choses que leurs grands-pères et même leurs pères ne savaient pas. Cela ne compense pas la perte des repères et les lacunes dans les savoirs fondamentaux. Cela ne compense pas l'affaiblissement de l'esprit critique. Cela ne compense pas la difficulté de plus en plus grande de la jeunesse à exprimer ses pensées et ses sentiments. Cela ne compense pas non plus le fait qu'avec l'interruption de la transmission du savoir, des valeurs et de la culture les parents et les enfants finissent par ne plus pouvoir se comprendre. Déjà les enfants ne comprennent plus de quoi leur parlent leurs parents quand ils leur parlent de culture. Et bientôt, faute d'un savoir partagé, faute d'une morale et d'une culture communes, ils ne se comprendront même plus entre eux.
Au bout de la défaillance de l'école il y a la faillite notre système d'intégration. Il y a l'affaiblissement du sentiment d'appartenance à la nation. Il y a le communautarisme et les tribus. Il y a le chômage et l'exclusion.
Les professeurs, les instituteurs ne sont pas responsables de cette faillite. La plupart d'entre eux font preuve d'une grande compétence et d'un dévouement admirable dans un système qui décourage toute initiative et tout effort.
Je n'accepte pas qu'on fasse des enseignants les boucs émissaires d'un désastre dont la politique est seule responsable. C'est la politique qui a fait l'école de la République. C'est la politique qui l'a défaite.
L'éducation, c'est ce par quoi, surtout dans la période où nous sommes, devrait commencer tout projet politique.
Nous ne bâtirons pas la même soci??té selon que nous déciderons ou non de donner de nouveau une priorité à l'enseignement de la morale et du civisme à l'école.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non d'inculquer à l'école le goût de l'effort et du travail et de récompenser le mérite.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non de refaire une école du respect.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous choisirons ou non d'apprendre à respecter le principe d'autorité à l'école.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous déciderons ou non que l'école est d'abord un lieu de transmission du savoir avant d'être un lieu de contestation de la société.
Nous ne bâtirons pas la même société selon que nous enseignerons à nos enfants telle ou telle conception de l'homme ou selon l'idée de la laïcité à laquelle l'école se référera.
Pour que l'égalité des chances cesse d'être un mensonge, pour que le fils d'ouvrier et le fils d'immigré aient de nouveau le sentiment d'être des citoyens à part entière et non plus des laissés-pour-compte, pour qu'ils se sentent libres de choisir leur destin il faut en finir avec le nivellement par le bas, la dévalorisation des diplômes, et l'inculture. Il n'y a pas d'autre choix que l'excellence. Il n'y a pas d'autre choix qu'une éducation exigeante qui pousse les élèves à se dépasser au lieu de les inciter à la facilité. Il n'y a pas d'autre choix que de restaurer l'autorité du professeur et le respect. Notre école doit redevenir le creuset d'une culture commune.
La démocratisation de la culture c'est qu'un nombre de plus en plus grand de jeunes quitte l'école avec les moyens intellectuels et les qualifications qui leur permettent de trouver leur place dans la société.
C'est qu'un nombre de plus en plus grand de jeunes affrontent l'existence avec l'esprit ouvert pour accueillir toute la beauté du monde et les moyens d'exprimer ce qu'ils éprouvent. Les maîtres qui ont enseigné à ma génération nous ont fait un cadeau dont alors nous n'imaginions pas le prix en nous faisant réciter les fables de La Fontaine et quelques vers de Verlaine ou de Victor Hugo.
Nos enfants vivent avec Internet. Pour que ce soit pour eux un instrument d'émancipation et non d'aliénation, pour qu'ils ne se laissent pas manipuler, pour qu'ils ne soient pas à la merci de tous les prédateurs, pour qu'ils ne se laissent pas enfermer dans un monde virtuel où il n'y aurait plus aucune raison pour eux de devenir adultes, il leur faut davantage de force intellectuelle et morale et non pas moins, davantage de culture et davantage d'école.
Nous devons reconstruire une école de la transmission. Nous devons reconstruire une école du respect où les élèves se lèvent quand le professeur entre dans la classe. Je souhaite une éducation qui fasse redécouvrir aux enfants le plaisir de la connaissance après le long effort de la pensée, qui leur fasse aimer le savoir comme la récompense du travail de l'intelligence.
Je voudrais que tous les enfants, quand ils seront devenus adultes, aient un jour envie d'écrire à leur instituteur : « Merci de m'avoir rendu curieux de ce qui est beau». Nos enfants le pourront-ils encore si nous négligeons l'école ? Si nous les laissons sans valeur et sans repère ? Si nous renonçons à la culture commune qui permet aux hommes de se parler et de se comprendre ? Si nous ne leur enseignons plus la morale, le civisme, la grandeur de la raison ? Si l'enfant qui fait quelque chose de mal n'est pas sanctionné ? Si le maître ne fait pas respecter son autorité tout en respectant dans chaque enfant les possibilités infinies de l'adulte en devenir ?
Mais il faut avoir le courage de tenir à la jeunesse le langage de la vérité. Le courage c'est que les hommes politiques, les fonctionnaires, les juges, les policiers, les patrons, les parents assument leurs responsabilités s'ils veulent que les jeunes comprennent la nécessité d'assumer les leurs. Le juge qui commet une faute doit être sanctionné, comme les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école ou qui les laissent brûler des voitures.
Le courage c'est ne jamais laisser impuni le jeune qui commet une faute. Le courage c'est que la sanction soit rapide et proportionnée à la faute pour que l'enfant ou l'adolescent mesure la gravité de son geste. Il faut être juste mais il faut être sévère. La jeunesse cherche toujours des limites. Il faut les lui montrer. On ne rend pas service à l'enfant en lui passant ses caprices, en lui pardonnant toutes ses fautes. Ce n'est pas parce que l'enfant s'affirme en disant non qu'il faut toujours lui dire oui.
C'est mépriser la jeunesse que de lui laisser croire qu'elle a toujours raison, que tout lui est dû. On méprise la jeunesse quand on lui pardonne tout. Quel exemple donnerons-nous à la jeunesse si les multirécidivistes n'ont rien à craindre ? Si les mineurs peuvent se livrer aux pires excès sans être punis ? On m'a reproché d'avoir employé un jour le mot racaille pour désigner les voyous qui empoisonnent la vie des gens. Mais où allons-nous si les voyous ne peuvent même plus être appelés des voyous ?
Quels éducateurs serons-nous si nous nous laissons aller à ces petites lâchetés ?
Quel exemple offrons nous à la jeunesse si c'est toujours la société qui est coupable et jamais les délinquants.
Je suis convaincu que le respect des lois de la République est la condition de la liberté.
Je suis convaincu que lorsque les lois ne sont plus respectées, ce sont les plus faibles, les plus vulnérables, les plus modestes, qui sont les premières victimes.
Je le dis comme je le pense : le premier devoir d'un Président de la République est de faire respecter les lois de la République et je trouve indigne d'un candidat à la présidence de la République de prendre le parti des délinquants et les fraudeurs et faire porter sur la police la responsabilité des violences de la gare du Nord, ça s'appelle prendre le parti des fraudeurs et des délinquants, voilà la vérité ! Et la fraude, la gauche devrait le savoir, c'est le contraire de la République, c'est le contraire de la justice, c'est un impôt forcé sur ceux qui travaillent dur, qui payent leur billet et qui ont du mal à joindre les deux bouts parce qu'il faut bien qu'au bout du compte quelqu'un paye.
La bonne conscience de gauche dit que pour diminuer la fraude, il n'y a qu'à donner la gratuité aux Rmistes. Elle ne veut pas voir qu'ainsi, elle les enferme dans l'assistance. Pensez-donc s'ils retrouvent un travail il perdront le bénéfice de la gratuité c'est sans doute pour les socialistes ce que l'on appelle encourager le travail ! D'autres veulent la gratuité pour tout le monde. Mais, encore une fois, qui paye au bout du compte ? C'est toujours le travailleur! Les socialistes veulent toujours la gratuité comme réponse à la pauvreté. Moi je veux que les pauvres puissent gagner leur vie.
Il faut se méfier de cette politique de la bonne conscience qui ne veut voir les conséquences de ce qu'elle prône. Elle veut que les sans papier soient régularisés mais elle ne veut pas voir que l'immigration clandestine fait la fortune des marchands de sommeil et des passeurs sans scrupule qui n'hésitent pas à mettre en danger la vie des pauvres malheureux dont ils profitent de la détresse et qui sont souvent employés au noir dans des conditions honteuses.
Accepter d'accueillir toute la misère du monde, c'est tirer toute la société vers le bas. C'est faire le malheur des immigrés que l'on n'arrive plus à intégrer, et le malheur de tous les autres. Ce sont comme toujours les plus modestes et les plus vulnérables qui payent le plus cher: le jeune de 20 ans qui meurt asphyxié dans sa cachette ou qui coule au fond de l'océan avec sa pirogue, les familles brûlées vives dans des hôtels sordides où elles s'entassent parce qu'on ne sait pas où les loger. En régularisant tous les sans-papiers on incite une masse croissante de malheureux à immigrer clandestinement dans l'espoir d'être régularisés un jour et l'on fait monter le ressentiment chez ceux qu'on accueille si mal et chez ceux qui se sentent de plus en plus étrangers dans leur propre pays. Si je suis élu président de la République, il n'y aura pas de régularisation globale.
Je refuse les régularisations automatiques qui sont un encouragement à l'immigration clandestine. Je propose que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir de titre de séjour pendant les 5 ans qui suivent. Et que les étrangers en situation irrégulière soient exclus du droit au logement opposable.
La bonne conscience de gauche s'oppose à la maîtrise de l'immigration sans se soucier de savoir si nous avons les moyens d'accueillir dignement toutes la misère du monde. Voilà la vérité ! Moi je souhaite que nous passions de l'immigration subie à l'immigration choisie et que nous fixions chaque année le nombre des étrangers que nous pouvons accueillir dans des conditions qui permettent de respecter la dignité des personnes.
La crise d'identité elle est aussi dans la démoralisation de France qui travaille ou qui ne demande qu'à travailler.
Je veux rendre au travail sa valeur morale et sa capacité d'émancipation.
Je veux rendre au travailleur la première place dans la société.
C'est tout le sens de mon projet politique : je veux redonner au beau nom de travailleur le prestige qu'il a perdu, parce qu'en abaissant le travailleur on a abaissé l'Homme.
Je veux réhabiliter le travailleur qui a été trop longtemps ignoré par la droite et qui a été trahi par la gauche.
La fin du travail est un mythe. Le grand problème de la France c'est qu'elle travaille moins quand les autres travaillent plus. Le grand problème de la France c'est qu'elle ne crée plus assez de travail pour financer les retraites, la protection sociale, pour rembourser la dette, pour élever le niveau de vie, pour réduire la précarité, le chômage, les inégalités, pour faire fonctionner notre modèle d'intégration sociale. Ce problème est un problème moral. La crise de la valeur travail est au coeur de la crise morale.
Le travail c'est l'égalité des chances, c'est la promotion sociale, c'est le fondement de la citoyenneté.
Derrière la crise du travail il y a le sentiment désespérant que la promotion sociale est impossible, que le mérite n'est plus récompensé et que le travail ne paye plus, qu'il ne protège même plus de la pauvreté. Avec la crise de la valeur travail c'est l'espérance qui disparaît. Comment espérer encore si le travail ne permet plus de se mettre à l'abri de la précarité, de s'en sortir, de progresser ?
Je n'accepte pas qu'il puisse exister des travailleurs pauvres alors que l'on a déjà bien assez à faire avec ceux qui sont pauvres parce qu'ils n'ont pas de travail !
La France sans paysan, sans artisan, sans ouvrier serait une France appauvrie moralement, culturellement, économiquement. Je pense aussi aux employés, aux techniciens, aux ingénieurs, aux cadres, je pense aux infirmières, je pense aux professeurs, aux médecins, à tous ceux qui aiment leur métier, qui en sont fiers. Ils considèrent qu'ils doivent le faire le mieux qu'ils peuvent. Ils ont ce sens du devoir, ce sens moral, ce courage qui sont des valeurs auxquelles je crois, qui sont les valeurs autour desquelles les Français doivent se rassembler parce que ce sont les valeurs de la France.
Les travailleurs incarnent un type de civilisation, un type d'homme qui respecte le travail comme une condition de la liberté, qui pense que l'honneur c'est toujours s'efforcer de faire le mieux possible ce qu'on a à faire, que la dignité c'est de ne rien devoir qu'à soi-même et que le premier devoir d'un homme c'est de transmettre ses valeurs à ses enfants.
Aux ouvriers qui ont tant de savoir-faire, aux paysans qui depuis des générations font fructifier leur terre, aux artisans qui n'aiment que ce qui est parfait et dont les secrets se transmettent de génération en génération depuis des siècles, aux ingénieurs qui subissent eux aussi la concurrence des ingénieurs de l'Inde ou de la Chine dix fois moins payés, je me refuse à dire que tout est fini, qu'il n'y a plus de place pour eux, qu'ils doivent disparaître, qu'ils ne servent plus à rien. Je veux leur dire que rien n'est perdu. Un métier qui disparaît, un village qui se vide, un bassin industriel qui s'effondre, c'est un drame. Aucune nécessité économique ne justifie que la politique soit indifférente à ce drame et à la souffrance qu'il cause. Nulle impuissance publique n'oblige à accepter sans rien faire ce gâchis humain qu'un petit effort d'imagination, de volonté et de morale suffirait à éviter. A quoi sert la politique si on ne peut rien faire sur rien ? A quoi sert la politique si la seule loi qui s'impose est celle de la rentabilité à court terme ? A quoi sert la politique si elle se contente d'accompagner une sorte de sélection naturelle qui fait triompher le fort et anéantit le faible, si elle ne donne pas sa chance à chacun, à chaque territoire ?
Je veux moraliser le capitalisme, faire prévaloir la logique de la production sur celle de la rente et de la spéculation, revaloriser le travail.
Là encore, il faut dire la vérité aux Français. C'est le travail qui crée le travail et le partage du travail a freiné les salaires et détruit plus d'emplois qu'il n'en a créé. Il faut dire la vérité aux Français : dans le monde tel qu'il est, on ne peut gagner plus en travaillant moins.
Il faut dire la vérité aux Français : on ne peut pas trop taxer le capital sinon il s'en va, on ne peut pas continuer de taxer autant le travail sinon on encourage les délocalisations. Je veux être le Président qui prendra le problème des délocalisations à bras le corps. C'est pour cela que je veux taxer le pollueur plutôt que le travailleur. C'est pour cela que je veux expérimenter la TVA sociale qui taxe les importations et exonère les exportations. C'est pour cela que je veux une politique industrielle. C'est pour cela que je souhaite que l'Etat se dote des moyens de faire lorsque c'est nécessaire ce qu j'ai fait pour Alstom. Rappelez-vous, tout le monde disait : « Alstom c'est fini ! » Comme quoi avec un peu de volonté et d'imagination, on peut faire beaucoup de chose. J'ai une conviction, c'est que la politique elle ne peut rien surtout quand elle ne veut rien !
Tout concourt à la crise d'identité. Mais derrière la défaillance de l'école, derrière l'immigration non maîtrisée, derrière la désintégration du travail, derrière les délocalisations, derrière la crise des banlieues, derrière l'exclusion, c'est toujours la question nationale qui est posée. C'est toujours la question de l'identité, de la cohésion, de la solidarité, de l'indépendance, de la volonté nationale qui est posée.
L'Europe aurait pu contribuer à y répondre. Elle a été construite pour cela. Elle a été construite pour être une multiplication de puissance, un amplificateur de volonté, pour protéger, pour donner du sens et de la fraternité.
Au lieu de cela, elle a aggravé la crise.
En défaisant les politiques des Etats sans mettre à la place les politiques communes.
En démantelant toutes les protections nationales sans les remplacer par une préférence communautaire.
En laissant la banque centrale mener une politique de l'Euro fort qui met notre industrie à genou au lieu de mettre l'euro au service de l'économie comme le font tous les pays du monde qui ne sont pas dans la zone euro.
En interdisant toutes les politiques industrielles au nom d'une conception dogmatique de la concurrence,
En n'opposant rien à tous les dumpings économiques, sociaux, monétaires, au nom d'une vision naïve du libre échange qui n'est partagé par aucun autre pays du monde.
L'Europe a nourri la crise identitaire et affaibli la nation sans se renforcer elle-même.
L'Europe, il faut avoir le courage de le dire, a accentué la crise nationale tout en causant la crise européenne dans laquelle elle se débat aujourd'hui.
On ne refera pas l'Europe contre les nations. On ne sauvera pas les nations en détruisant l'Europe.
L'Europe et les nations sont condamnées à se renforcer ensemble ou à s'affaiblir ensemble.
Refonder le pacte européen et refonder le pacte national, voilà le préalable à tout.
Refonder le pacte national pour pouvoir refonder l'Europe, refonder le pacte européen pour pouvoir refonder la nation, voilà la priorité !
Refonder le pacte européen, c'est refaire une Europe qui agit au lieu de subir.
Ou nous réussirons à refaire une Europe des politiques communes, additionnant des volontés. Ou bien les peuples renverseront une Europe qui sera devenue le cheval de Troie de toutes les concurrences déloyales et qui rendra l'avenir plus angoissant au lieu de le rendre plus rassurant.
J'ai toujours dit OUI à l'Europe. J'ai dit OUI à l'Acte Unique. J'ai dit OUI à Maastricht, j'ai dit OUI à la constitution européenne. Mais je n'ai pas dit OUI à cette Europe là.
Je n'ai pas dit OUI à l'Europe de l'impuissance, à l'Europe de l'Euro fort, à l'Europe de la naïveté, à l'Europe qui ne veut pas des champions nationaux et qui préfère le rachat d'une entreprise européenne par une entreprise américaine plutôt que la moindre entorse au catéchisme de la concurrence.
Je veux réconcilier la France du NON et la France du Oui en reconstruisant une Europe de la volonté qui n'accepte plus de subir et qui se donne les moyens d'agir
L'Europe est bloquée. Pour débloquer l'Europe, je veux proposer à nos partenaires un traité simplifié qui nous permette de nouveau de parler ensemble, de décider ensemble. Ce traité simplifié ne sera pas une Constitution. Ce traité simplifié ne refondera pas l'Europe politique, car avant de refonder l'Europe politique, avant d'élaborer une nouvelle Constitution, il faudra d'abord refonder l'Europe économique et l'Europe sociale.
Avant de s'attaquer de nouveau aux problèmes des institutions, il faudra que l'Europe soit capable de répondre aux angoisses des citoyens. Il faudra que l'Europe redonne aux citoyens le sentiment qu'elle les protège et qu'elle prépare l'avenir.
Il faudra aussi qu'elle cesse d'être l'alibi de tous les renoncements de la nation.
Je suis convaincu que les générations d'aujourd'hui peuvent accomplir d'aussi grandes choses que les générations d'hier. Entre la fuite en avant dans le mondialisme et l'enfermement dans le local, entre le marché planétaire et les féodalités, entre le nomadisme et le tribalisme, je le dis haut et fort : la conception française de la nation est une force d'émancipation.
Mais pour faire changer l'Europe et pour faire changer la France, il nous faut une volonté nationale.
Cette volonté nationale, nous l'avons perdue depuis trop longtemps
Le 21 avril 2002, le non à la Constitution européenne, la montée du vote extrême et du vote protestataire qui mettent la République en péril sont d'abord l'expression d'une profonde crise de l'identité nationale. Nous n'avons pas pris cette crise suffisamment au sérieux.
Depuis trente ans on parle à votre place, on pense à votre place, on décide à votre place.
Depuis trente ans
Ce sont des commissaires européens,
des dirigeants de Banque Centrale
des cabinets ministériels
des grands corps
des experts
qui pensent à votre place, décident à votre place.
Vous en avez assez que l'Etat abdique devant les bureaucraties, les corporatismes et les lobbies.
Vous en avez assez que l'Europe ne soit pas démocratique.
Vous en avez assez que des gens qui ne sont pas élus, qui ne sont responsables devant personne, qui n'ont de comptes à rendre à personne décident de votre vie, de votre avenir, de celui de vos enfants.
Vous en avez assez de tous ces gens qui veulent toujours vous imposer des sacrifices qu'ils ne sont pas capables de s'imposer à eux-mêmes.
Vous en avez assez que l'on vous répète sans arrêt qu'il n'y a qu'une seule politique possible et que vous n'avez pas le choix.
Vous en avez assez qu'on vous dise :
« Plus de croissance, ce n'est pas possible ! »
« Le plein emploi, ce n'est pas possible ! »
« Travailler plus pour gagner plus, ce n'est pas possible ! »
« L'augmentation du pouvoir d'achat, ce n'est pas possible ! »
« Que tout le monde sache lire, écrire et compter, ce n'est pas possible ! »
« Choisir l'école de vos enfants, ce n'est pas possible ! »
« Le recul de la délinquance, ce n'est pas possible ! »
« Le service minimum dans le service public, ce n'est pas possible ! »
« La baisse des impôts, ce n'est pas possible ! »
« La politique industrielle, ce n'est pas possible ! »
« La taxation des pollutions, ce n'est pas possible ! »
« La préférence communautaire, ce n'est pas possible ! »
« La lutte contre les concurrences déloyales, ce n'est pas possible ! »
Vous en avez assez que rien ne soit possible et vous avez raison ! Regardez le trafic des poids lourds ! Vous en avez assez que l'on vous dise que l'on n'y peut rien. Les 10 000 camions qui franchissent chaque jour la frontière avec l'Italie, ceux qui traversent la vallée du Rhône provoquent, l'exaspération des populations dans les vallées et jusqu'à Nice et, ils rejettent tous les jours plusieurs centaines de tonnes de CO² dans votre atmosphère.
On n'y peut rien ?
Mais nos voisins, suisses et autrichiens, ont mis en oeuvre des solutions de report massif de ce trafic sur le rail pour éviter l'engorgement et la pollution.
Pourquoi pas nous ?.
Depuis de nombreuses années, nous travaillons avec les italiens à la réalisation de ce grand projet et ce grand chantier qu'est la liaison Lyon Turin. Sa vocation première est de transférer sur le rail le trafic des poids lourds qui encombre aujourd'hui les autoroutes et les rocades. En sortant 1 million de poids lourds des routes, il aura en outre le mérite d'éviter le rejet de près de 400 tonnes de CO² tous les jours dans le ciel des Alpes.
J'ai évoqué la semaine dernière la proposition d'une taxation du trafic poids lourds pour financer nos infrastructures. Je m'engage devant vous à ce que le produit de cette taxation dans les Alpes permette le financement de ce grand projet.
Alors oui avec de la volonté politique et de l'imagination, tout est possible. Avec de la volonté politique le Lyon Turin aussi deviendra possible !
Je m'engage à proposer à l'Italie de lancer la réalisation du Lyon Turin dès 2009.
Vous en avez assez que l'on vous dise que l'on ne peut rien à rien.
Vous en avez assez que l'on décide à votre place ce que vous avez ou non le droit de dire.
Vous en avez assez qu'il ne soit pas possible de dire que ceux qui n'aiment pas la France et qui n'aiment pas les valeurs de la République ne sont pas obligés d'y rester.
Vous en avez assez que l'identité nationale soit considérée comme un gros mot.
Vous en avez assez que l'on ne puisse plus avoir le droit de dire qu'un voyou est un voyou.
Vous en avez assez que l'on ne puisse pas parler de la nation sans être accusé de nationalisme, que l'on ne puisse pas parler de protection sans être accusé de protectionnisme, que l'on ne puisse pas dénoncer la surévaluation de l'euro sans être accusé d'être anti-européen, que l'on ne puisse pas dénoncer l'accaparement du pouvoir par la technocratie ou montrer du doigt les patrons voyous sans être aussitôt accusé de démagogie, que l'on ne puisse pas évoquer la France qui souffre sans être immédiatement taxé de populisme.
Vous en avez assez et vous avez raison !
Vous en avez assez et vous avez raison.
Je veux vous rendre votre liberté.
Votre liberté de choix.
Votre liberté de parole.
Votre liberté de penser.
Et je n'ai que deux choses à vous dire, deux choses qui viennent du fond du coeur, deux choses qui nous unissent, qui nous rassemblent :
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.u-m-p.org, le 6 avril 2007