Texte intégral
à l'attention de Mme Karine Piganeau,
Quotidien du Médecin
3 avril 2007
1°) Anti-maastrichtien convaincu, vous accusez Bruxelles d'être responsable de la destruction de tous les systèmes de santé publique en Europe? N'est-ce pas un peu caricatural ?
G. Schivardi : Il ne s'agit pas d'une opinion, il s'agit de faits. Quels sont les faits ?
En août 2004 la loi Douste-Blazy a fixé que le coût des soins des malades ne pourrait en aucun cas dépasser le montant d'une enveloppe financière fermée, indépassable. Les conséquences ? Ce sont les restrictions budgétaires imposées en médecine de ville et dans les hôpitaux. Un exemple : un de mes amis, hospitalisé dans un grand CHU parisien, a du aller passer son scanner dans une clinique privée car le scanner du CHU n'était pas disponible avant 3 semaines ! Autre conséquence : les malades doivent payer de plus en plus pour se soigner, même quand ils sont à 100% pour une maladie grave et plus ils sont malades, plus ils payent : le forfait de 1 euro par consultation et par examen, le forfait de 16 euros par journée d'hospitalisation, les médicaments déremboursés, etc. Mais comment font ceux qui n'ont pas d'argent, les personnes âgées, les salariés au SMIC, les femmes seules ? Nombreux sont ceux qui retardent leurs soins ou, pire, qui y renoncent purement et simplement.
Pensez-vous que cela n'a pas de rapport avec le cadre de l'Union européenne ? C'est le traité de Maastricht-Amsterdam qui impose la destruction du droit à la santé. Voici ce qu'il stipule dans son article 104 : « 1. Les Etats membres évitent les déficits publics excessifs. 2. La Commission surveille l'évolution de la situation budgétaire (...) dans les Etats-membres en vue de déceler les erreurs manifestes. Elle examine notamment si la discipline budgétaire a été respectée ». Et le protocole annexé au traité précise : « A l'article 104 du traité et dans le présent protocole, on entend par public ce qui est relatif au gouvernement général, c'est-à-dire les administrations centrales, les autorités régionales ou locales et les fonds de Sécurité sociale. » Les dépenses de santé sont donc bien incluses dans les critères de restriction des budgets au nom des déficits excessifs. C'est dans ce cadre que toutes les mesures s'appliquent. Et d'ailleurs, fin 2004, le gouvernement français avait adressé à Bruxelles son « programme de stabilité 2006-2008 » dans lequel il s'engageait ainsi « La réforme de l'assurance maladie vise 11 milliards d'euros d'économie sur la période 2004-2007. »
Voilà pourquoi j'ai axé ma campagne sur la nécessité de la rupture avec l'Union européenne.
2°) Vous dites qu'en France, le déficit de la Sécurité sociale 8,7 milliards toutes branches confondues, 5,9 pour la seule assurance-maladie est un «leurre». Pourquoi ?
G. Schivardi : La Sécurité sociale a été bâtie en 1945 pour que tous les malades soient soignés à égalité, quels que soient leurs revenus. Ce système de solidarité était financé par les cotisations, salariales et patronales.
Or, depuis 1992, savez-vous que les exonérations de cotisations qui ont été accordées aux entreprises par les gouvernements de toutes tendances s'élèvent à 175 milliards d'euros dont 25,1 milliards n'ont jamais été compensés ? Ces chiffres, je ne les ai pas inventés, ce sont ceux de l'agence centrale des organismes de Sécurité Sociale (ACOSS), ils sont tout à fait officiels et connus des pouvoirs publics. Si on les compare avec les chiffres du prétendu « déficit » n'est-on pas en droit de parler de leurre ?
Combien, avec ces milliards d'euros, pourrait-on financer de postes d'infirmières et de médecins, combien de lits, d'hôpitaux et de maternités pourrait-on rouvrir ?
3°) Dans votre discours du 10 mars à Mailhac, vous avez à mots à peine couverts dénoncé l'existence de files d'attente à l'hôpital. Vous considérez qu'attendre pour une opération relève en France de l'exceptionnel ou du banal ?
G. Schivardi : Je ne suis pas médecin, mais il n'y a pas besoin d'être médecin pour savoir ce qui se passe dans les services d'urgences. Le personnel et les médecins suspendus au téléphone pour trouver à des malades dans un état grave des lits qui n'existent pas... parce que un tiers des lits de nos hôpitaux a été fermé...et cela continue ! Ces malades qui s'entassent sur des brancards, pendant parfois plusieurs jours, angoissés de ce qu'ils vont devenir, trouvez-vous ça humain ? Et digne d'un pays comme la France ? Ces jeunes femmes qui accouchent dans la voiture des pompiers ou sur un parking d'autoroute parce que la seule maternité restante est trop éloignée...trouvez-vous que ce soit normal ?
On m'a parlé des 15 000 enfants malades et handicapés qui, faute de places dans les établissements spécialisés trouvent, parfois, une place...en Belgique. Est-ce humain ? A la dernière rentrée, M. de Robien a décidé que ces enfants seraient inscrits dans l'école de leur quartier. Mais ils n'y trouveront jamais les soins dont ils ont besoin ! C'est un abandon pur et simple.
A l'origine de cet abandon, on trouve encore une directive européenne exigeant : « Un trop grand nombre de personnes handicapées, en particulier des enfants, continuent à être exclues de la société par le fait de vivre en institution.(...) Un groupe d'experts élaborera les recommandations pour la désinstitutionalisation des enfants handicapés, pour la prise en charge des enfants à domicile ».
4°) Vous êtes pour le maintien des hôpitaux de proximité. Comment fait-on quand les médecins n'existent pas pour les faire tourner ? Et ceux qui affirment que la sécurité n'y est pas assurée ont-ils tort ?
G. Schivardi : Je suis pour le maintien de tous les hôpitaux, petits et grands et pour la réouverture de ceux qui ont été fermés. Comment les faire tourner ? En formant des médecins et du personnel en nombre suffisant pour soigner les malades dans de bonnes conditions. Pour cela, il faut supprimer le numerus clausus qui élimine chaque année des étudiants de valeur, qui ont réussi leur examen mais qui sont éliminés quand même. Il faut rouvrir les écoles d'infirmières qui ont été fermées. Pourquoi ? Parce que les gouvernements successifs ont calculé qu'avec moins de médecins et de personnel, il y aurait moins de soins et donc moins de dépenses de santé. C'est la gauche, et je le regrette, qui a fixé le numerus clausus le plus bas, 3500 du temps de MM Kouchner et Lang. Le moyen d'assurer la sécurité des malades, n'est-ce pas qu'il y ait des médecins et personnels en nombre suffisant ?
On nous vante aujourd'hui « l'automédication », c'est-à-dire le fait de se soigner tout seul, sans médecin (et sans être remboursé). N'est-ce pas remettre en cause la sécurité des malades ? D'où vient l'automédication ? Un rapport ministériel a été publié à ce sujet. On y lit, page 2 : « La directive 2004/27/CE prévoit ( art. 88 point 2) que « les médicaments qui sont destinés à être utilisés sans l'intervention d'un médecin peuvent faire l'objet d'une publicité auprès du grand public ». Cette disposition qui subordonne la possibilité de faire de la publicité grand public à l'adaptation du médicament à un usage sans avis médical est importante ; elle sera prochainement transposée en France. »
A l'origine de chaque mesure, on trouve une directive européenne. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le ministère de la santé. Ce sont des faits.
5°) Vous défendez ardemment les services publics et donc l'hôpital public. Mais comment concevez-vous l'avenir du secteur libéral de la médecine ?
G. Schivardi : Je n'oppose pas l'un à l'autre. Il y a 10 ans, l'OMS classait notre système de soins comme le meilleur du monde. Le maillage de médecins libéraux, généralistes et spécialistes et le maillage hospitalier se complétaient. La Sécurité sociale finançait l'ensemble. Remettre en cause la Sécurité sociale, réduire les prestations, revient à étrangler les médecins et la médecine tout entière.
6°) La consultation des généralistes (21 euros aujourd'hui) doit-elle être réévaluée à 23 euros ?
G. Schivardi : Est-ce assez ? Je crois que c'est aux médecins et à leurs syndicats de le dire. Personnellement, je trouve que payer 23euros un acte aussi qualifié et qui a trait à la vie humaine, c'est bien peu considérer le médecin. Il faut rendre à la Sécurité sociale les cotisations qui lui sont dues. Elle aura alors les moyens de payer dignement les médecins. J'ai suivi les récentes négociations sur la valeur de la consultation. Avec l'enveloppe financière fermée de la loi Douste-Blazy, prise en application des directives européennes, on n'augmente les honoraires des médecins qu'à condition qu'ils fassent des économies sur le dos des malades. Mais les médecins sont faits pour soigner, pas pour économiser aux dépens des malades ! Ils doivent avoir la liberté de leurs prescriptions.
7°) Le parcours de soins coordonné est-il une bonne idée ?
G. Schivardi : La coordination n'est pas une idée neuve. Il me semble que les médecins se sont toujours coordonnés entre eux, dans l'intérêt de leurs malades. Par contre, la pénalisation des malades qui n'ont pas de médecin traitant ou qui consultent directement un spécialiste est néfaste car elle supprime leur libre choix.
8°) En tant que candidat de maires, pensez-vous que les communes aient un rôle à jouer en matière de santé. Faut-il déconcentrer ou décentraliser le système et jusqu'à quel échelon local est-il possible d'aller ?
G. Schivardi : Le rôle des maires est évident, puisqu'ils président les conseils d'administration des hôpitaux. En province, les maires sont en bonne place dans toutes les manifestations de défense des maternités et des hôpitaux, et c'est bien normal puisqu'il s'agit de la santé et de la vie des populations. Mais je suis opposé à toute remise en cause du caractère national du système de soins. Sa régionalisation ne peut qu'entraîner des droits différents d'une région à l'autre.
9°) Que proposez-vous pour lutter contre les déserts médicaux et faire revenir les médecins là où ils ne veulent plus exercer aujourd'hui ?
G. Schivardi : Premièrement, il faut former des médecins, des infirmières, des personnels de soins de toutes catégories en plus grand nombre.
Deuxièmement il faut arrêter de désertifier les communes et de démanteler les services publics. Ce qui freine l'installation de médecins dans de nombreuses communes c'est que celles-ci ont été privées de tous leurs services publics : école, bureau de poste, etc.
Pour y remédier sérieusement et rouvrir les services publics fermés, il faut rompre avec les directives européennes de privatisation et avec le cadre même du Pacte de stabilité, donc avec l'Union européenne.Source http://www.schivardi2007.com, le 6 avril 2007
Quotidien du Médecin
3 avril 2007
1°) Anti-maastrichtien convaincu, vous accusez Bruxelles d'être responsable de la destruction de tous les systèmes de santé publique en Europe? N'est-ce pas un peu caricatural ?
G. Schivardi : Il ne s'agit pas d'une opinion, il s'agit de faits. Quels sont les faits ?
En août 2004 la loi Douste-Blazy a fixé que le coût des soins des malades ne pourrait en aucun cas dépasser le montant d'une enveloppe financière fermée, indépassable. Les conséquences ? Ce sont les restrictions budgétaires imposées en médecine de ville et dans les hôpitaux. Un exemple : un de mes amis, hospitalisé dans un grand CHU parisien, a du aller passer son scanner dans une clinique privée car le scanner du CHU n'était pas disponible avant 3 semaines ! Autre conséquence : les malades doivent payer de plus en plus pour se soigner, même quand ils sont à 100% pour une maladie grave et plus ils sont malades, plus ils payent : le forfait de 1 euro par consultation et par examen, le forfait de 16 euros par journée d'hospitalisation, les médicaments déremboursés, etc. Mais comment font ceux qui n'ont pas d'argent, les personnes âgées, les salariés au SMIC, les femmes seules ? Nombreux sont ceux qui retardent leurs soins ou, pire, qui y renoncent purement et simplement.
Pensez-vous que cela n'a pas de rapport avec le cadre de l'Union européenne ? C'est le traité de Maastricht-Amsterdam qui impose la destruction du droit à la santé. Voici ce qu'il stipule dans son article 104 : « 1. Les Etats membres évitent les déficits publics excessifs. 2. La Commission surveille l'évolution de la situation budgétaire (...) dans les Etats-membres en vue de déceler les erreurs manifestes. Elle examine notamment si la discipline budgétaire a été respectée ». Et le protocole annexé au traité précise : « A l'article 104 du traité et dans le présent protocole, on entend par public ce qui est relatif au gouvernement général, c'est-à-dire les administrations centrales, les autorités régionales ou locales et les fonds de Sécurité sociale. » Les dépenses de santé sont donc bien incluses dans les critères de restriction des budgets au nom des déficits excessifs. C'est dans ce cadre que toutes les mesures s'appliquent. Et d'ailleurs, fin 2004, le gouvernement français avait adressé à Bruxelles son « programme de stabilité 2006-2008 » dans lequel il s'engageait ainsi « La réforme de l'assurance maladie vise 11 milliards d'euros d'économie sur la période 2004-2007. »
Voilà pourquoi j'ai axé ma campagne sur la nécessité de la rupture avec l'Union européenne.
2°) Vous dites qu'en France, le déficit de la Sécurité sociale 8,7 milliards toutes branches confondues, 5,9 pour la seule assurance-maladie est un «leurre». Pourquoi ?
G. Schivardi : La Sécurité sociale a été bâtie en 1945 pour que tous les malades soient soignés à égalité, quels que soient leurs revenus. Ce système de solidarité était financé par les cotisations, salariales et patronales.
Or, depuis 1992, savez-vous que les exonérations de cotisations qui ont été accordées aux entreprises par les gouvernements de toutes tendances s'élèvent à 175 milliards d'euros dont 25,1 milliards n'ont jamais été compensés ? Ces chiffres, je ne les ai pas inventés, ce sont ceux de l'agence centrale des organismes de Sécurité Sociale (ACOSS), ils sont tout à fait officiels et connus des pouvoirs publics. Si on les compare avec les chiffres du prétendu « déficit » n'est-on pas en droit de parler de leurre ?
Combien, avec ces milliards d'euros, pourrait-on financer de postes d'infirmières et de médecins, combien de lits, d'hôpitaux et de maternités pourrait-on rouvrir ?
3°) Dans votre discours du 10 mars à Mailhac, vous avez à mots à peine couverts dénoncé l'existence de files d'attente à l'hôpital. Vous considérez qu'attendre pour une opération relève en France de l'exceptionnel ou du banal ?
G. Schivardi : Je ne suis pas médecin, mais il n'y a pas besoin d'être médecin pour savoir ce qui se passe dans les services d'urgences. Le personnel et les médecins suspendus au téléphone pour trouver à des malades dans un état grave des lits qui n'existent pas... parce que un tiers des lits de nos hôpitaux a été fermé...et cela continue ! Ces malades qui s'entassent sur des brancards, pendant parfois plusieurs jours, angoissés de ce qu'ils vont devenir, trouvez-vous ça humain ? Et digne d'un pays comme la France ? Ces jeunes femmes qui accouchent dans la voiture des pompiers ou sur un parking d'autoroute parce que la seule maternité restante est trop éloignée...trouvez-vous que ce soit normal ?
On m'a parlé des 15 000 enfants malades et handicapés qui, faute de places dans les établissements spécialisés trouvent, parfois, une place...en Belgique. Est-ce humain ? A la dernière rentrée, M. de Robien a décidé que ces enfants seraient inscrits dans l'école de leur quartier. Mais ils n'y trouveront jamais les soins dont ils ont besoin ! C'est un abandon pur et simple.
A l'origine de cet abandon, on trouve encore une directive européenne exigeant : « Un trop grand nombre de personnes handicapées, en particulier des enfants, continuent à être exclues de la société par le fait de vivre en institution.(...) Un groupe d'experts élaborera les recommandations pour la désinstitutionalisation des enfants handicapés, pour la prise en charge des enfants à domicile ».
4°) Vous êtes pour le maintien des hôpitaux de proximité. Comment fait-on quand les médecins n'existent pas pour les faire tourner ? Et ceux qui affirment que la sécurité n'y est pas assurée ont-ils tort ?
G. Schivardi : Je suis pour le maintien de tous les hôpitaux, petits et grands et pour la réouverture de ceux qui ont été fermés. Comment les faire tourner ? En formant des médecins et du personnel en nombre suffisant pour soigner les malades dans de bonnes conditions. Pour cela, il faut supprimer le numerus clausus qui élimine chaque année des étudiants de valeur, qui ont réussi leur examen mais qui sont éliminés quand même. Il faut rouvrir les écoles d'infirmières qui ont été fermées. Pourquoi ? Parce que les gouvernements successifs ont calculé qu'avec moins de médecins et de personnel, il y aurait moins de soins et donc moins de dépenses de santé. C'est la gauche, et je le regrette, qui a fixé le numerus clausus le plus bas, 3500 du temps de MM Kouchner et Lang. Le moyen d'assurer la sécurité des malades, n'est-ce pas qu'il y ait des médecins et personnels en nombre suffisant ?
On nous vante aujourd'hui « l'automédication », c'est-à-dire le fait de se soigner tout seul, sans médecin (et sans être remboursé). N'est-ce pas remettre en cause la sécurité des malades ? D'où vient l'automédication ? Un rapport ministériel a été publié à ce sujet. On y lit, page 2 : « La directive 2004/27/CE prévoit ( art. 88 point 2) que « les médicaments qui sont destinés à être utilisés sans l'intervention d'un médecin peuvent faire l'objet d'une publicité auprès du grand public ». Cette disposition qui subordonne la possibilité de faire de la publicité grand public à l'adaptation du médicament à un usage sans avis médical est importante ; elle sera prochainement transposée en France. »
A l'origine de chaque mesure, on trouve une directive européenne. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le ministère de la santé. Ce sont des faits.
5°) Vous défendez ardemment les services publics et donc l'hôpital public. Mais comment concevez-vous l'avenir du secteur libéral de la médecine ?
G. Schivardi : Je n'oppose pas l'un à l'autre. Il y a 10 ans, l'OMS classait notre système de soins comme le meilleur du monde. Le maillage de médecins libéraux, généralistes et spécialistes et le maillage hospitalier se complétaient. La Sécurité sociale finançait l'ensemble. Remettre en cause la Sécurité sociale, réduire les prestations, revient à étrangler les médecins et la médecine tout entière.
6°) La consultation des généralistes (21 euros aujourd'hui) doit-elle être réévaluée à 23 euros ?
G. Schivardi : Est-ce assez ? Je crois que c'est aux médecins et à leurs syndicats de le dire. Personnellement, je trouve que payer 23euros un acte aussi qualifié et qui a trait à la vie humaine, c'est bien peu considérer le médecin. Il faut rendre à la Sécurité sociale les cotisations qui lui sont dues. Elle aura alors les moyens de payer dignement les médecins. J'ai suivi les récentes négociations sur la valeur de la consultation. Avec l'enveloppe financière fermée de la loi Douste-Blazy, prise en application des directives européennes, on n'augmente les honoraires des médecins qu'à condition qu'ils fassent des économies sur le dos des malades. Mais les médecins sont faits pour soigner, pas pour économiser aux dépens des malades ! Ils doivent avoir la liberté de leurs prescriptions.
7°) Le parcours de soins coordonné est-il une bonne idée ?
G. Schivardi : La coordination n'est pas une idée neuve. Il me semble que les médecins se sont toujours coordonnés entre eux, dans l'intérêt de leurs malades. Par contre, la pénalisation des malades qui n'ont pas de médecin traitant ou qui consultent directement un spécialiste est néfaste car elle supprime leur libre choix.
8°) En tant que candidat de maires, pensez-vous que les communes aient un rôle à jouer en matière de santé. Faut-il déconcentrer ou décentraliser le système et jusqu'à quel échelon local est-il possible d'aller ?
G. Schivardi : Le rôle des maires est évident, puisqu'ils président les conseils d'administration des hôpitaux. En province, les maires sont en bonne place dans toutes les manifestations de défense des maternités et des hôpitaux, et c'est bien normal puisqu'il s'agit de la santé et de la vie des populations. Mais je suis opposé à toute remise en cause du caractère national du système de soins. Sa régionalisation ne peut qu'entraîner des droits différents d'une région à l'autre.
9°) Que proposez-vous pour lutter contre les déserts médicaux et faire revenir les médecins là où ils ne veulent plus exercer aujourd'hui ?
G. Schivardi : Premièrement, il faut former des médecins, des infirmières, des personnels de soins de toutes catégories en plus grand nombre.
Deuxièmement il faut arrêter de désertifier les communes et de démanteler les services publics. Ce qui freine l'installation de médecins dans de nombreuses communes c'est que celles-ci ont été privées de tous leurs services publics : école, bureau de poste, etc.
Pour y remédier sérieusement et rouvrir les services publics fermés, il faut rompre avec les directives européennes de privatisation et avec le cadre même du Pacte de stabilité, donc avec l'Union européenne.Source http://www.schivardi2007.com, le 6 avril 2007