Déclaration de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur les activités du Conseil permanent et des Conseils départementaux de la jeunesse, Paris le 12 décembre 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Rencontre nationale des Conseils de la Jeunesse, à la Cité universitaire de Paris, les 12 et 13 décembre 1998

Texte intégral

Mesdames,
Mesdemoiselles,
Messieurs,
Je veux tout d'abord vous dire mon plaisir de vous accueillir ici ce matin et d'ouvrir ces deux journées auxquelles j'attache une importance particulière.
Pour la première fois, se réunissent des représentants des Conseils Départementaux de la Jeunesse et le Conseil Permanent de la Jeunesse.
Cette rencontre nous permettra de mesurer l'ampleur du chemin que nous avons parcouru ensemble depuis un an et donnera à voir le Conseil Permanent et les Conseils Départementaux de la Jeunesse comme un espace commun de dialogue et de construction.
Pour faire un bref retour sur l'histoire, rappelez-vous qu'un mois après ma prise de fonction, j'ai souhaité rencontrer des jeunes investis dans la diversité de la vie civique, associative, syndicale ou politique. Cette réunion a eu lieu en juin 1997.
Ensemble, nous avons alors souhaité que des rencontres locales du même type se déroulent dans tous les départements pour impulser une autre forme de vie publique, et impliquer les jeunes dans les décisions qui les concernent.
Ces rencontres ont rassemblé plus de 100 000 jeunes qui ont exprimé les craintes liées au chômage, à l'échec scolaire, à la violence, au manque de moyens, le refus des exclusions et des discriminations, la volonté d'être entendus et respectés, de travailler et d'étidier dans de meilleures conditions, tout simplement de vivre mieux.
Puis, nous avons organisé les journées de Marly qui, en présence de plusieurs membres du gouvernement et du Premier ministre, ont connu trois temps forts :
- La présentation de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui les 50 mesures - en fait il y en a plus de 70... ,
- L'annonce de la création des Conseils,
- Le positionnement du Ministère de la Jeunesse et des Sports comme interlocuteur sur les questions de Jeunesse.
Où en est-on aujourd'hui ?
Le Conseil Permanent de la Jeunesse a été créé en janvier et les Conseils Départementaux se sont mis en place entre février et mai, et ont commencé à fonctionner de façon diverse et contrastée. La composition et les travaux de ces Conseils sont, dans quelques départements, entravés par certaines réticences ou incompréhensions. Dans d'autres, au contraire, les avancées sont remarquables.
Vous avez parfois été limités, par la lenteur des procédures et la recherche de moyens ou de solutions pour faire fonctionner ces structures innovantes.
Ces difficultés ont été, pour plusieurs d'entre vous, une source importante de préoccupations. J'en ai tout à fait conscience.
Cependant une autre question me semble importante : a-t-on réussi l'ancrage progressif des Conseils dans la vie, celle des jeunes de vos départements ?
Lors de toutes ces rencontres, les jeunes ont manifesté la volonté forte de s'exprimer sur ce qu'ils vivent, mais aussi souvent leurs doutes sur la capacité des institutions à les écouter, à les entendre, à les respecter.
J'ai souligné que ces attentes témoignaient de la pertinence et de l'actualité de notre démarche de mise en place de nouveaux espaces de dialogue et d'élaboration des mesures qui vous concernent.
Cette pertinence se mesurera, c'est clair, dans la capacité des Conseils à se faire l'écho des préoccupations des jeunes, de leurs mouvements, à y être attentifs pour relayer ces préoccupations auprès des institutions et des élus.
Interlocuteurs des pouvoirs publics, certes, mais aussi relais, passeurs, amplificateurs de la parole des jeunes dans leur diversité, lycéens, jeunes salariés, étudiants et jeunes en situation de grande précarité. Ces jeunes dont vous avez, de façon permanente, manifesté le souci de ne pas vous couper. Les Conseils doivent favoriser leur expression sur leurs besoins et leurs attentes.
Comment? En se rapprochant mieux des établissements scolaires, des entreprises, des universités, des cités, des lieux de vie des jeunes. En diffusant des questionnaires, en organisant des réunions publiques, des débats, des forums, comme l'on déjà fait plusieurs Conseils départementaux.
Vous allez consacrer cette première journée au bilan d'un an d'activité. Le nombre d'inscrits aux débats - je crois que plus de 50 représentants de Conseils ont demandé à intervenir - , les thématiques proposées témoignent du sérieux et de la responsabilité avec lesquels vous vous êtes impliqués. Cela montre que vous vous êtes emparés des structures mises en place.
Vous voulez en faire des creusets d'élaboration de propositions nouvelles, mais aussi des lieux pour exposer vos problèmes et vos aspirations.
Vous qui êtes ici présents, dans la grande diversité de vos parcours et de vos opinions, vous avez fait la preuve, au cours de cette année, que la pluralité de vos points de vue n'était pas un obstacle mais pouvait aussi constituer un atout.
Vous avez travaillé, au cours de cette année, avec le même souci du concret que vous aviez manifesté au cours des rencontres locales. Aujourd'hui, vos réflexions et vos propositions commencent se matérialiser, vous le savez, dans des mesures importantes qui faciliteront pour les jeunes l'accès à l'emploi, aux transports, au logement, aux sports, à la culture, à la formation, etc.
Cependant, malgré ces avancées, notre démarche se heurte encore au scepticisme de nombreux jeunes et là, notre responsabilité est grande car, si nous ne portons pas l'espoir que nous avons suscité en mettant nos actes en concordance avec nos paroles, la coupure sera totale.
Un certain nombre de lois constituent, y compris pour les jeunes, des avancées importantes : la loi de prévention contre les exclusions, les emplois jeunes, les 35 heures, le PACS, la parité, mais il reste beaucoup à faire pour que vous puissiez dire " Pour moi, ça va mieux ".
Nous avons, en tant que Ministère de la Jeunesse et des Sports, notre propre responsabilité. Le budget 1999, en ouvrant des moyens pour que vous disposiez d'un outil de liaison entre les Conseils départementaux et entre ces Conseils et le Conseil Permanent de la Jeunesse vont corriger des manques.
Nous assurons, en liaison avec nos correspondants dans chaque ministère et ce depuis un an, le suivi des engagements pris pas le gouvernement à Marly. Vous pourrez échanger cet après-midi avec les représentants des ministères présents, pour en faire un point exact.
Mais, au delà du constat, nous sommes réunis ici également pour entendre vos nouvelles propositions.
Notre rencontre doit être un moment fort où il s'agira de parler concret, car cette exigence est toujours au centre de vos préoccupations : il faut des avancées mesurables des solutions palpables à vos problèmes, à vos difficultés. C'est le sens même de votre activité au sein des Conseils, de l'utilité de ces structures.
Il nous faut donc continuer à travailler. Ces Conseils sont les vôtres, ils seront ce que vous en ferez, mais je garde la détermination de vous soutenir activement pour qu'ils continuent de s'inscrire toujours plus comme des interlocuteurs à part entière des pouvoirs publics et des institutions.
Nous avons lancé ensemble un défi, celui de modifier le rapport des jeunes au pouvoir et aux institutions. Cela veut dire à la fois redonner confiance aux jeunes et les motiver à s'investir dans la vie civique mais cela veut dire aussi engager les institutions dans un processus de dialogue réel avec la jeunesse qui va plus loin que la consultation et l'écoute, qui va jusqu'à la prise en compte de la parole des jeunes.
Tout au long de l'année qui vient, plusieurs chantiers vont être ouverts ou poursuivis, nous en aurons, je pense, ces deux jours, un aperçu. Je vous laisse la parole.
(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 11 septembre 2001)