Texte intégral
R. Arzt. Bonjour J.-M. Le Pen... Alors, cette question des vacances du Président Sarkozy - combien ça coûte, qui il a invité - ce sont des questions importantes à vos yeux ?
R.- Non. À proprement parler, elles n'ont de l'importance que celle que veut bien leur suggérer le président de la République, car je crois que chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu'ici, assez bien réalisée, il faut le dire.
Q.- Vous dites "bravo l'artiste" ?
R.- C'est cela, un petit peu, oui. Même si je le prends un peu pour un illusionniste, mais un illusionniste de grand talent.
Q.- Il y a trois mois en tout cas qu'il est installé à l'Elysée ; est-ce que, globalement, à vos yeux sa politique va dans la bonne direction ?
R.- D'abord, il fait une chose qui est moralement positive, c'est qu'il tient, semble-t-il, au moins un certain nombre de ses promesses électorales. Bien sûr, pas toujours dans la dimension ni dans la profondeur que pourraient attendre ceux qui ont voté pour lui. Mais tout de même, il va dans cette direction-là, et surtout, il tient à son image d'omniprésence, de travailleur infatigable, de présence sur tous les fronts, y compris sur le front national, si j'ose dire, et cela c'est pour l'instant assez payant dans l'euphorie qui accompagne toujours les vacances, parce qu'à dire vrai, il n'y a pas de sujet de contestation grave. Il a passé la première phase de sa lune de miel avec, je crois, assez d'efficacité.
Q.- Il est à l'écoute des électeurs ? Il a, vous l'avez dit, siphonné les voix du Front national ?
R.- L'expression n'est pas de moi mais enfin... Il n'a pas siphonné les électeurs du FN ; je voudrais rappeler quand même que si j'ai fait près de 4 millions de voix, ça n'était seulement qu'un million de moins qu'en 2002. Certes, j'espérais mieux ; par rapport à ce que j'espérais et ce qu'espéraient mes électeurs, il y a eu une grosse déception...
Q.- Et maintenant donc, est-ce qu'il est à l'écoute de cette frange de l'électorat ?
R.- Ce que je crois, c'est qu'il ne met pas les pieds dans les pas de J. Chirac, qui, lui, procédait d'une détestation à l'égard du Front national, et [d'une façon] tout à fait injuste et injustifiée car il n'a jamais donné la raison de cette aversion, c'est le mot idoine...
Q.- N. Sarkozy, lui - effectivement, c'est une différence - vous a reçu deux fois, et cela s'est bien passé à chaque fois ?
R.- Oui, il est évident qu'il s'agit là d'invitations qui n'ont pas pour but de créer des problèmes. Et qu'il tient à donner l'image de rassembleur et d'un homme qui n'est pas tenu par des obligations quelles qu'elles soient, voilà. Il reçoit qui il veut, quand il veut, où il veut, et le fait qu'il m'ait reçu, par exemple un quart d'heure avant la réunion du Conseil des ministres, l'autre jour, je crois que ce n'est pas tout à fait innocent de sa part, puisque je crois que tout ce que fait N. Sarkozy est mûrement pesé.
Q.- C'est-à-dire que vous vous êtes retrouvé en sortant devant l'ensemble des ministres ?
R.- C'est cela, absolument. Qui attendaient d'entrer au Conseil des ministres que je veuille bien sortir, si je puis dire.
Q.- Et vous les avez tous salués ?
R.- Ah ben, je ne les ai pas tous salués, j'ai salué le Premier ministre mais qui représente en quelque sorte le ministère tout entier.
Q.- Il y a ce comité de réflexion sur les institutions que N. Sarkozy a mis en place et qu'E. Balladur préside, avec au menu cette idée d'instaurer une dose de proportionnelle...
R.- Il est évident que c'est une de nos revendications principales, parce que ce qui est le plus choquant pour les électeurs français, y compris quand ils ne sont pas FN, c'est qu'une grande formation politique -[et] d'autres formations politiques mais une grande formation politique - comme le FN n'ait pas un seul représentant à l'Assemblée, alors qu'en d'autres temps, avec la proportionnelle, il y en a eu quand même 35.
Q.- Et alors, à quelle dose serait-elle convenable pour vous ? À votre avis, il en faudrait combien ?
R.- Je ne sais pas du tout. Moi je suis partisan de la proportionnelle intégrale et non seulement dans cette élection-là mais dans toutes les élections, parce qu'un système, pour être représentatif, doit représenter et pour être démocratique, il doit représenter le peuple.
Q.- Vous êtes confiant dans la suite de ce comité de réflexion ?
R.- Ecoutez, je vais écrire au président de la République, parce qu'il m'a écrit, comme à tous les leaders politiques, pour m'annoncer qu'il créait cette commission et qu'il la confiait à Monsieur Balladur, avec une feuille de route assez complète sur le programme des travaux. Or, comme je le fais remarquer dans une lettre que je vais lui envoyer aujourd'hui ou demain, il dit que cette commission représente tous les courants politiques, philosophiques de la nation. Et je lui fais remarquer qu'il n'y a pas de représentant du FN, alors que nous avons des candidats d'une compétence au moins égale à celle des gens qui ont été désignés. Par exemple, le professeur Martinez, qui a été major de l'agrégation de droit public, qui est professeur à l'université de Paris II et de Montpellier, B. Gollnisch, docteur en droit, etc., polyglotte et beaucoup d'autres qualités.
Q.- Le cardinal Lustiger est mort avant-hier. Vous avez, dans un communiqué, rappelé qu'il avait qualifié le FN de "résurgence du paganisme le plus cynique et le plus dangereux", ce qui, selon vous est une calomnie. Pourquoi vous cherchez à vous démarquer de l'hommage unanime ?
R.- Vous savez, moi je ne suis pas un "bêleur" de concert. Je dis ce que je pense, je ne juge pas le cardinal Lustiger sur ses aspects religieux mais sur ses aspects politiques, car il a pris des positions politiques hostiles au FN, et d'une manière tout à fait injuste et calomnieuse, puisqu'il dit que le FN est une "magnifique résurgence du paganisme" dans notre pays, alors que le FN a certainement la doctrine politique et sociale la plus proche du programme social de l'église.
Q.- Il faut préciser les choses : c'était en septembre 1996 et vous aviez dit croire à l'inégalité des races. C'est à cela qu'il réagissait. En plus de la phrase que vous citez, il disait "cette théorie de l'inégalité des races n'est pas anodine, nous savons qu'elle entraîne des horreurs".
R.- Je n'avais pas une théorie, je n'avais pas théorisé l'inégalité des races, j'avais fait remarquer que les Noirs étaient probablement meilleurs pour la course et les Blancs pour la natation. Ce n'est quand même pas extravagant ni provocateur.
Q.- En tout cas, le cardinal Lustiger est mort. En son temps, il avait donc dit ce qu'il estimait devoir vous dire...
R.- Paix à son âme !
Q.- C'est peut-être à vous de tourner la page, maintenant.
R.- Voilà. J'ai marqué ce que j'avais... j'ai dit ce que j'avais à dire, et puis voilà. Sic transit gloria mundi ! Ainsi passe la gloire du monde.
Q.- Ce n'est pas une rancune tenace ?
R.- Non. Je ne suis pas rancunier.
Q.- Vous n'êtes pas rancunier ?
R.- Mais tout de même combatif.
Q.- Merci J.-M. Le Pen.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 7 août 2007
R.- Non. À proprement parler, elles n'ont de l'importance que celle que veut bien leur suggérer le président de la République, car je crois que chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu'ici, assez bien réalisée, il faut le dire.
Q.- Vous dites "bravo l'artiste" ?
R.- C'est cela, un petit peu, oui. Même si je le prends un peu pour un illusionniste, mais un illusionniste de grand talent.
Q.- Il y a trois mois en tout cas qu'il est installé à l'Elysée ; est-ce que, globalement, à vos yeux sa politique va dans la bonne direction ?
R.- D'abord, il fait une chose qui est moralement positive, c'est qu'il tient, semble-t-il, au moins un certain nombre de ses promesses électorales. Bien sûr, pas toujours dans la dimension ni dans la profondeur que pourraient attendre ceux qui ont voté pour lui. Mais tout de même, il va dans cette direction-là, et surtout, il tient à son image d'omniprésence, de travailleur infatigable, de présence sur tous les fronts, y compris sur le front national, si j'ose dire, et cela c'est pour l'instant assez payant dans l'euphorie qui accompagne toujours les vacances, parce qu'à dire vrai, il n'y a pas de sujet de contestation grave. Il a passé la première phase de sa lune de miel avec, je crois, assez d'efficacité.
Q.- Il est à l'écoute des électeurs ? Il a, vous l'avez dit, siphonné les voix du Front national ?
R.- L'expression n'est pas de moi mais enfin... Il n'a pas siphonné les électeurs du FN ; je voudrais rappeler quand même que si j'ai fait près de 4 millions de voix, ça n'était seulement qu'un million de moins qu'en 2002. Certes, j'espérais mieux ; par rapport à ce que j'espérais et ce qu'espéraient mes électeurs, il y a eu une grosse déception...
Q.- Et maintenant donc, est-ce qu'il est à l'écoute de cette frange de l'électorat ?
R.- Ce que je crois, c'est qu'il ne met pas les pieds dans les pas de J. Chirac, qui, lui, procédait d'une détestation à l'égard du Front national, et [d'une façon] tout à fait injuste et injustifiée car il n'a jamais donné la raison de cette aversion, c'est le mot idoine...
Q.- N. Sarkozy, lui - effectivement, c'est une différence - vous a reçu deux fois, et cela s'est bien passé à chaque fois ?
R.- Oui, il est évident qu'il s'agit là d'invitations qui n'ont pas pour but de créer des problèmes. Et qu'il tient à donner l'image de rassembleur et d'un homme qui n'est pas tenu par des obligations quelles qu'elles soient, voilà. Il reçoit qui il veut, quand il veut, où il veut, et le fait qu'il m'ait reçu, par exemple un quart d'heure avant la réunion du Conseil des ministres, l'autre jour, je crois que ce n'est pas tout à fait innocent de sa part, puisque je crois que tout ce que fait N. Sarkozy est mûrement pesé.
Q.- C'est-à-dire que vous vous êtes retrouvé en sortant devant l'ensemble des ministres ?
R.- C'est cela, absolument. Qui attendaient d'entrer au Conseil des ministres que je veuille bien sortir, si je puis dire.
Q.- Et vous les avez tous salués ?
R.- Ah ben, je ne les ai pas tous salués, j'ai salué le Premier ministre mais qui représente en quelque sorte le ministère tout entier.
Q.- Il y a ce comité de réflexion sur les institutions que N. Sarkozy a mis en place et qu'E. Balladur préside, avec au menu cette idée d'instaurer une dose de proportionnelle...
R.- Il est évident que c'est une de nos revendications principales, parce que ce qui est le plus choquant pour les électeurs français, y compris quand ils ne sont pas FN, c'est qu'une grande formation politique -[et] d'autres formations politiques mais une grande formation politique - comme le FN n'ait pas un seul représentant à l'Assemblée, alors qu'en d'autres temps, avec la proportionnelle, il y en a eu quand même 35.
Q.- Et alors, à quelle dose serait-elle convenable pour vous ? À votre avis, il en faudrait combien ?
R.- Je ne sais pas du tout. Moi je suis partisan de la proportionnelle intégrale et non seulement dans cette élection-là mais dans toutes les élections, parce qu'un système, pour être représentatif, doit représenter et pour être démocratique, il doit représenter le peuple.
Q.- Vous êtes confiant dans la suite de ce comité de réflexion ?
R.- Ecoutez, je vais écrire au président de la République, parce qu'il m'a écrit, comme à tous les leaders politiques, pour m'annoncer qu'il créait cette commission et qu'il la confiait à Monsieur Balladur, avec une feuille de route assez complète sur le programme des travaux. Or, comme je le fais remarquer dans une lettre que je vais lui envoyer aujourd'hui ou demain, il dit que cette commission représente tous les courants politiques, philosophiques de la nation. Et je lui fais remarquer qu'il n'y a pas de représentant du FN, alors que nous avons des candidats d'une compétence au moins égale à celle des gens qui ont été désignés. Par exemple, le professeur Martinez, qui a été major de l'agrégation de droit public, qui est professeur à l'université de Paris II et de Montpellier, B. Gollnisch, docteur en droit, etc., polyglotte et beaucoup d'autres qualités.
Q.- Le cardinal Lustiger est mort avant-hier. Vous avez, dans un communiqué, rappelé qu'il avait qualifié le FN de "résurgence du paganisme le plus cynique et le plus dangereux", ce qui, selon vous est une calomnie. Pourquoi vous cherchez à vous démarquer de l'hommage unanime ?
R.- Vous savez, moi je ne suis pas un "bêleur" de concert. Je dis ce que je pense, je ne juge pas le cardinal Lustiger sur ses aspects religieux mais sur ses aspects politiques, car il a pris des positions politiques hostiles au FN, et d'une manière tout à fait injuste et calomnieuse, puisqu'il dit que le FN est une "magnifique résurgence du paganisme" dans notre pays, alors que le FN a certainement la doctrine politique et sociale la plus proche du programme social de l'église.
Q.- Il faut préciser les choses : c'était en septembre 1996 et vous aviez dit croire à l'inégalité des races. C'est à cela qu'il réagissait. En plus de la phrase que vous citez, il disait "cette théorie de l'inégalité des races n'est pas anodine, nous savons qu'elle entraîne des horreurs".
R.- Je n'avais pas une théorie, je n'avais pas théorisé l'inégalité des races, j'avais fait remarquer que les Noirs étaient probablement meilleurs pour la course et les Blancs pour la natation. Ce n'est quand même pas extravagant ni provocateur.
Q.- En tout cas, le cardinal Lustiger est mort. En son temps, il avait donc dit ce qu'il estimait devoir vous dire...
R.- Paix à son âme !
Q.- C'est peut-être à vous de tourner la page, maintenant.
R.- Voilà. J'ai marqué ce que j'avais... j'ai dit ce que j'avais à dire, et puis voilà. Sic transit gloria mundi ! Ainsi passe la gloire du monde.
Q.- Ce n'est pas une rancune tenace ?
R.- Non. Je ne suis pas rancunier.
Q.- Vous n'êtes pas rancunier ?
R.- Mais tout de même combatif.
Q.- Merci J.-M. Le Pen.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 7 août 2007