Article de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Pour la France" de juin 2007, sur le projet du MPF pour les institutions européennes, intitulé "Europe : l'échéance de 2009 cruciale pour faire entendre une autre voix".

Prononcé le 1er juin 2007

Intervenant(s) : 

Média : Pour la France

Texte intégral

La Constitution européenne est revenue en douce. Il ne manque rien, juste les symboles, habilement retirés pour faire avaler la pilule aux peuples européens. Mais les principales dispositions du texte de Valéry Giscard d'Estaing, elles, sont bien là. Ce « traité modificatif », c'est la Constitution Giscard « banalisée ».
Reçu à l'Elysée à deux reprises, j'ai demandé au président de la République qu'un référendum soit organisé afin de permettre au peuple de choisir lui-même son destin. Peine perdue : il entend faire ratifier ce traité par la voie parlementaire en 2008. Je le comprends : de son point de vue, c'est évidemment plus sûr. Compte tenu de la composition de l'Assemblée nationale et du Sénat, cette ratification ne sera même qu'une simple formalité.
Dans ce contexte, les élections européennes de 2009 s'imposent comme une échéance majeure pour tous ceux qui défendent la souveraineté nationale. Elles seront l'occasion de faire entendre une autre voix sur l'Europe. Nous devons les préparer activement afin de transformer cette échéance de 2009 en référendum sur le « traité modificatif », et de proposer aux Français notre projet européen.
Il est simple et ambitieux à la fois. Nous voulons que l'Union européenne retrouve l'esprit du traité de Rome du 25 mars 1957, lequel institua une Europe fondée sur deux principes : la coopération entre les Etats et la préférence communautaire. Ce n'est pas un retour en arrière mais la voie du bon sens. Les fédéralistes peuvent bien essayer de nous ringardiser ; il ne s'agit que de refermer la parenthèse ouverte par le traité de Maastricht du 7 février 1992, qui changea de logique en abandonnant ces deux principes, à nos yeux essentiels. La coopération libre entre les Etats fut remplacée par l'intégration forcée ; la préférence communautaire abandonnée au profit du dogme de la concurrence libre et non faussée. Maastricht, c'était il y a seulement quinze ans : une paille au regard de l'histoire du vieux continent !
Notre projet pourrait faire l'objet d'une charte signée avec nos partenaires européens. Elle remettrait l'Union européenne sur les rails en fixant les grands principes fondateurs de la nouvelle Europe et en gravant dans le marbre le périmètre, l'architecture et le projet européen. Le périmètre, d'abord : une Europe européenne avec des frontières immuables, fixées une fois pour toutes, qui devront être conformes à l'histoire, à la géographie et à la culture européennes. L'architecture, ensuite : une Europe démocratique où la Commission deviendra le « secrétariat administratif » du Conseil, pour la simple et bonne raison que 25 commissaires nommés ne peuvent gérer efficacement le quotidien de plus de 450 millions d'Européens. Le projet, enfin : nous devons construire l'Europe de demain, une Europe qui s'attellera aux grands chantiers du XXIe siècle, qui relèvera les défis des délocalisations, du climat, du codéveloppement et du terrorisme ; et qui remplacera l'Europe tatillonne d'aujourd'hui qui se mêle à outrance de la vie quotidienne de nos compatriotes.Source http://www.pourlafrance.fr, le 2 août 2007