Interview de M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, à RMC le 28 août 2007, sur la préparation du "Grenelle de l'environnement", les biocarburants et les OGM.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

J.-J. Bourdin J.-L. Borloo est notre invité. Bonjour.

R.- Bonjour.

Q.- J.-L. Borloo sur BFM TV et sur RMC. Ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durable. On vous pose toujours la même question : est-ce que vous êtes venu à vélo ?

R.- Non, je ne suis pas venu à vélo.

Q.- On vous pose toujours la même question ?

R.- Bien sûr mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre de vélos au ministère. Mais en revanche, ce qui est tout à fait clair, c'est que l'Etat doit être exemplaire. Et je vous expliquerai, on fait un bilan carbone. C'est-à-dire qu'on regarde tout ce qu'on émet comme Co2. On va le terminer dans 15 jours et puis on va compenser, réduire les émissions de Co2 et compenser. Mais à propos de Co2, je vous propose qu'on parle de rugby.

Q.- Oui allez-y, parlez-moi du rugby. Mais avant, un mot sur le vélo quand même puisque le vélo s'étend partout. On a vu le succès à Marseille, maintenant, qui va prendre. A Lyon. A Lyon évidemment. A Paris, n'en parlons même pas. Le Vélib. Il faut développer ça dans toutes les villes de France ? Oui vous encouragez ?

R.- Oui bien entendu, le vélo, le tramway...

Q.- Ca dépasse les clivages politiques ça ?

R.- Oui, de toute façon, le sujet de la planète dépasse tous les clivages politiques, tous les continents et tous les modes de raisonnement. Vous savez, ce combat-là c'est le seul langage universel. Que vous soyez chrétien, musulman, laïc, que vous soyez de gauche, de droite, que vous soyez Jaune, Blanc, aujourd'hui si l'Himalaya il n'y a plus de neige, il n'y aura plus de vie, s'il n'y a plus d'abeilles, il n'y a plus de vie. Il y a 40% des espèces de poissons qui sont aujourd'hui en danger. Il y a une réunion des climatologues en ce moment à Vienne pour préparer l'après Kyoto. On a la capacité de redresser la situation. Simplement, il faut qu'on s'en occupe tout de suite et il faut qu'on s'en occupe tous ensemble.

Q.- Bien. On va parler, entrer dans le détail. Un mot sur le rugby donc. Conférence de presse ce matin, tout à l'heure sur l'exemplarité environnementale lors de la Coupe du monde de rugby. Qu'est-ce que vous allez faire ?

R.- D'abord, leur dire bravo. Les gars du rugby évidemment, c'est un sport d'équipe, solidaire, ballon ovale comme on dit. Et ils font, après Sidney ou indépendamment de Sidney où c'était les équipements, c'est une première mondiale à ce niveau de conception environnementale.

Q.- Qu'est-ce qui va se passer ?

R.- Avec notre ministère, ils ont regardé comment cet évènement on peut le rendre éco-responsable. Alors ils ont tout regardé : les déplacements des équipes, le train plutôt que l'avion, l'énergie, les stades ; ils sont allés regarder les stades. Le stade de Saint-Étienne, par exemple, est complètement photovoltaïque, est en énergie positive. Comment récupérer l'eau des stades ? Ca c'est pour les infrastructures. Mais pour l'évènement lui-même, du papier recyclé. L'ensemble de la conception énergétique de l'évènement est éco-responsable.

Q.- On rend la compétition écologiquement correcte ?

R.- Oui. C'est même mieux que ça parce qu'ils en profitent pour faire, ils ont fait un conte « Terre d'ovale ». Les supporters : il y a un guide du supporter éco-responsable avec tous les gestes du quotidien. Vous savez que si vous prenez une douche plutôt qu'un bain, vous utilisez quatre fois moins d'eau. L'eau étant une priorité absolue sur la planète. Donc ils vont très très loin dans l'engagement sur le recyclage des déchets par exemple. Un évènement c'est tout à coup une concentration de gens et d'énergie à un endroit donné. Alors ça peut être, au fond, assez irresponsable et dégueulasse ou ça peut être, au contraire, très très bien conçu. Alors puisque le rugby l'a fait sur un évènement aussi important, nous avons 350.000 festivals, manifestations en tout genre en France. Je demande à tous les organisateurs de manifestations sportives, culturelles, salons professionnels, grandes réunions, quel que soit le motif, de prendre contact avec l'ADEME, l'Agence pour les économies d'énergie. On leur met à disposition un guide ou un kit de l'évènement éco-responsable et il y en a qui l'ont déjà fait. On a passé un accord avec Techno-Parade. Il va y avoir des T-shirt avec « Les jeunes fêtent la planète ». Vous voyez. Donc il y a un mouvement...

Q.- Donc c'est toutes les manifestations. Vous lancez un appel : toutes les manifestations organisées en France, qu'elles soient sportives, culturelles ou autre, il faut penser écologie ?

R.- Absolument.

Q.- Environnement.

R.- Absolument.

Q.- Et les mairies aussi doivent penser environnement au lieu d'arroser parfois, à tort et à travers, les bacs de fleurs ou autres.

R.- Oui. Il y a l'eau, l'électricité, les candélabres.

Q.- Les candélabres ?

R.- Bien sûr. Les mairies sont des acteurs absolument majeurs du développement durable mais vous et moi, enfin tous les acteurs du développement durable.

Q.- Alors le Grenelle de l'environnement, je sais que vous aimez, comme moi, les solutions concrètes et efficaces, J.-L. Borloo. Alors il y aura des mesures concrètes qui sont annoncées après ce Grenelle, c'est certain ?

R.- C'est certain.

Q.- Ce ne sont pas des voeux pieux ?

R.- Non. D'abord qu'est-ce que c'est ? Alors le Grenelle - les états généraux -de l'environnement, on a mis autour de la table pour la première fois dans un pays à la fois les ONG, les agriculteurs, les industriels, les organisations syndicales, les villes, l'Etat, les régions, tous les acteurs de la société française. En disant voilà, pendant des mois et des mois il y a des groupes de travail qui sont présidés par des personnalités qualifiées, N. Notat, par exemple, sur la gouvernance écologique, en disant : "Voilà, on met tous les sujets sur la table, sans aucun tabou ; quels sont les objectifs qu'on s'assigne ? Quels sont les moyens qu'on se donne pour atteindre ces objectifs ?". On sait aujourd'hui assez bien vers quoi on va, je pense. Et une fois que ces états généraux seront terminés, on les transforme en programme. Programme opérationnel. Je vous donne un exemple. Je ne sais pas où vous habitez mais vous devez probablement émettre 200 KW/heures au m². C'est de la folie. D'abord sur 50 ans, 100 ans, ça vous coûte un fric fou. C'est du gâchis, vous foutez de l'argent par les fenêtres. Ce qui veut dire que... socialement, d'ailleurs, c'est un drame. Vous émettez du Co2 alors qu'on sait aujourd'hui construire à 50, 60, 70 ou 40 KW/heures du m². Mais c'est vrai des bureaux. Donc on va proposer des chantiers. Chantiers thermiques sur la nouvelle construction. Chantiers thermiques pour les bureaux, bureaux nouveaux, bureaux anciens. Je suis en train de discuter d'une tour de la Défense. Il faut enfin que les bureaux français soient quasiment à énergie positive. L'habitat, par exemple, c'est 25% des émissions de Co2.

Q.- Alors des mesures concrètes qui seront annoncées ?

R.- Qui seront concrètes avec un suivi comme il y a un plan de cohésion sociale.

Q.- Et imposées parfois, si il le faut ?

R.- Mais bien entendu. Mais ça ne va pas être la terreur. C'est tellement plus agréable de vivre dans une maison qui soit étanche, avec sa propre énergie en utilisant du solaire, en utilisant de l'éolienne parfois. Enfin vous savez, ça peut être une vie beaucoup plus heureuse, beaucoup plus confortable. Mais de toute façon, nous n'avons pas le choix. Nous tapons sur le capital de la planète. Pendant des millénaires, on a tapé sur les emprunts mais on a préservé le capital planète. Aujourd'hui on tape sur le capital planète, ce n'est pas tenable.

Q.- Les transports, c'est très important les transports.

R.- C'est le deuxième grand sujet en émission de Co2.

Q.- On est bien d'accord. Alors les transports, comment faire ? Qu'est-ce qu'il faut ? Je ne sais pas moi, imposer une taxe sur les poids lourds ? Ca c'est décidé ?

R.- Ce n'est pas décidé mais...

Q.- Vous y êtes favorable ?

R.- Oui j'y suis favorable. Et dans le cadre du Grenelle, ça fait partie des choses qui... Vous savez il y a beaucoup de choses qui sont en l'air ou qui paraissent relativement évidentes, simplement on ne les a pas faites.

Q.- L'éco-conduite par exemple, développer l'éco-conduite.

R.- L'éco-conduite c'est indispensable. On va refaire, c'est demain d'ailleurs ou après demain, on va regarder la carte de France pour reconcevoir complètement nos infrastructures. Comme Colbert l'a fait il y a quelques siècles. Entre les voies, les voies navigables, les voies d'eau...

Q.- Est-ce qu'il faut développer les constructions d'autoroutes ?

R.- La route ne doit plus être qu'un lien entre d'autres modes de liaison. La route, elle ne peut pas être en concurrence avec le train. On va reconcevoir la carte de France des infrastructures, notamment en développant très fortement les voies fluviales et le ferré, faire en sorte que sur les moyennes distances, on prenne le train plutôt que l'avion, qu'on prenne systématiquement pour les moyennes et les grandes distances, le train plutôt que la voiture...

Q.- Est-ce qu'on va doubler l'autoroute, par exemple, A7 qui est constamment engorgée l'été ?

R.- Non, probablement pas.

Q.- Vous n'y êtes pas favorable ?

R.- Non, je n'y suis pas favorable. Un grand principe du Grenelle...

Q.- Est-ce qu'on pourrait réserver une voie aux poids lourds, par exemple ?

R.- Oui ça c'est...sur les poids lourds ? Oui. Non, moi ce que je souhaite, c'est plutôt qu'on ait un fret, qu'on ait des voies ferrées réservées - réservées au fret ferré - parce qu'aujourd'hui sur les sillons, on privilégie le TGV plutôt que le fret. Qu'on reconcoive complètement la carte de France en fonction de cette donnée-là. Nous ne pourrons plus continuer à prendre l'avion pour faire 250 kms. On est en train de discuter en ce moment avec les compagnies aériennes, Aéroports De Paris, les fabricants. Pourquoi est-ce que les moteurs d'avions démarrent dès le point de départ alors qu'on pourrait les tracter par des systèmes électriques jusqu'au point de décollage. Comment faire en sorte que les arrivées dans les aéroports soient non plus par paliers qui consomment énormément mais par un système de pente douce. Alléger les fuselages par des matériaux pour réduire la consommation. Bref, il faut bien se rendre compte qu'au rythme auquel nous sommes, notre modèle économique du jetable, du jetable ! C'est-à-dire qu'on tape sur le capital de la planète quant à vos produits. Il y a 25 ans, vous faisiez 250 grammes de déchets. Mon cher J.-J. Bourdin : dans la journée, vous allez produire un kilo de déchets.

Q.- Oui mais alors ça, il va falloir convaincre les industriels, pardonnez-moi, J.-L. Borloo, et les distributeurs !

R.- Ca fait partie du Grenelle. Mais tout le monde, le consommateur aussi. Pourquoi est-ce que vous êtes obligé d'acheter des piles plutôt qu'acheter des piles rechargeables ?

Q.- Oui... Et pourquoi mettre trois emballages pour des yaourts ?

R.- Absolument. Pourquoi maintenant il y a des petits plastiques au bout de chaque morceau de sucre ? C'est notre conception à chacun qu'il va falloir changer. Ca va être un grand enjeu citoyen. D'ailleurs les médias vont jouer un rôle d'information et de communication majeur.

Q.- Nous serons là pour l'environnement, je peux vous le dire, avec des questions précises et les questions que nous enverrons les auditeurs et les téléspectateurs de BFM TV...

R.- J'en suis convaincu.

Q.-...Ca je peux vous dire qu'il y en aura. Des questions précises et concrètes. Et il faut qu'on en arrive là.

R.- Mais bien sûr, bien sûr.

Q.- J.-L. Borloo, on se retrouve dans deux minutes parce qu'il faut passer un peu de pub. Vous pouvez poser vos questions précisément au 32 16, rmc.fr. A tout de suite.

[Pause. Reprise à 8h47]

Q.- J.-L. Borloo, les biocarburants. Parce que c'est bien beau mais moi je regarde concrètement ce qui se passe. On nous avait promis 500 pompes de E85, ce fameux biocarburant. On en est à peine à 100. On peine. Ce qui prouve que ça ne suit pas, l'Etat, les administrations, ça ne suit pas ? Moi je me souviens des promesses du ministre de l'Economie et des Finances, c'était à l'automne dernier.

R.- Il vaut mieux que ce soit l'Ecologie, si j'ose dire. Non mais je plaisante.

Q.- Oui mais le fond du problème, il est là. Sincèrement.

R.- A. Prost anime un peu tout ça. Plus général sur les biocarburants d'ailleurs. Vous voyez qu'il y a un débat mondial. Les objectifs français me paraissent corrects, 10%. Je ne suis pas convaincu qu'il faille aller très au-delà. On en discute avec les agriculteurs, c'est un sujet français et mondial. Il ne faut pas que ça se fasse au détriment de la capacité agricole mondiale. Il ne faudrait pas que ça aille jusqu'à "déforester" parce que les puits de carbone sont là.

Q.- C'est ce que disent beaucoup d'écologistes.

R.- Oui c'est pour ça que le Grenelle, c'est aussi prendre le temps de mesurer, de faire des débats, y compris scientifiques, de faire attention aux fausses bonnes pistes, aux emballements de mode. Alors oui, on soutient les biocarburants, on n'est pas en train de changer de stratégie. Mais on ne le fera pas de manière... on n'ira pas jusqu'à 30%. Cela me paraît tout à fait clair.

Q.- D'ailleurs vous allez en parler à Rio, vous partez à Rio.

R.- La semaine prochaine, en début de semaine.

Q.- Les OGM, alors les producteurs d'OGM sont mécontents. Il n'est pas question toujours d'indiquer au public le nom des agriculteurs qui cultivent OGM mais on connaît maintenant la surface des productions par canton. Alors les producteurs d'OGM sont mécontents. Ils plaidaient pour un niveau départemental jugeant que dans les petits cantons, les faucheurs pourront repérer leur cible. Et les anti OGM ne sont pas satisfaits non plus. Sans localisation précise, disent-ils, la surveillance des contaminations sera impossible. Pourquoi ne pas rendre tout transparent, franchement ?

R.- Mais il faut rendre tout transparent. Mais attendez ! Le propre du Grenelle, c'est justement sur ces sujets-la de sortir de l'hypocrisie. Je l'ai dit : transparent, responsable. Je veux dire, à partir du moment où on fait quelque chose, on en est responsable. Il va falloir mettre en place une haute autorité, par ailleurs, qui soit absolument indiscutable. Il n'y a aucun sujet tabou. Vous avez vu que les Allemands par exemple ont suspendu l'importation du 810.

Q.- Du Monsanto.

R.- Du Monsanto. Parce qu'il y a un produit sur la maïs qui manifestement est beaucoup plus sujet à problème. De toute façon, d'ici un an, l'Europe va revoir toutes ses procédures, y compris le 810. Sur les six groupes de travail du Grenelle, j'ai fait un inter groupe de trois groupes de travail spécifiquement sur les OGM. Il y a une réunion dans quelques jours. Moi je suis extrêmement ouvert. On a évoqué avec le président de la République, on est très très ouvert sur ce sujet-là. Mais il ne faut pas mélanger la commercialisation d'un produit avec la recherche fondamentale sur les OGM. Ce sont deux sujets différents. Et les Français d'ailleurs sont parfaitement au clair dans tout ça. On peut sauver un certain nombre de maladies des gens par de la recherche sur les OGM. Il y a un problème sur le maïs, je pense qu'on va le régler.

Q.- Bien. J.-L. Borloo, j'ai deux questions, ensuite les auditeurs. Première question, réponse courte. Faut-il interdire la corrida aux moins de 15 ans ?

R.- Ecoutez ce n'est pas dans le Grenelle.

Q.- Non, ce n'est pas dans le Grenelle, mais je vous pose la question, oui ou non ?

R.- Je n'y ai pas réfléchi.

Q.- Vous n'avez pas d'idée sur la question ?

R.- Non je n'y ai pas réfléchi pour l'instant.

Q.- Vous avez aucune idée sur la question : faut-il interdire la corrida aux moins de 15 ans ? Un sentiment au moins.

R.- Oui probablement, aux moins de 15 ans, il y a beaucoup de choses à interdire, très franchement.

Q.- Donc oui la corrida, on l'interdit aux moins de 15 ans ?

R.- Ecoutez je vais réfléchir à cette question-là. Non mais je me méfie des effets d'annonce.

Q.- Mais ce n'est pas un effet d'annonce, je vous pose une question. Ce n'est pas moi qui le dis.

R.- Monsieur Bourdin, ce n'est pas la question qui est un problème. Je me méfie...

Q.- Ce n'est pas moi qui ai mis la question sur la table.

R.-...Je suis ministre d'Etat. Sur un sujet comme celui-là, les paroles ont un sens, une signification. Donc je réfléchis à cette question-là. On a prévu un groupe de travail après le Grenelle sur l'ensemble des problèmes des vivants, c'est-à-dire des animaux vivants. Ce n'est pas le seul sujet.

Q.- La SPA le demande.

R.- Ce n'est pas le seul sujet donc on va regarder ça sérieusement après.

Q.- La mairie de Paris. Oui ou non ? C'est toujours non, fermement ?

R.- Moi je suis pris par ce défi pour la planète de manière absolument massive. Il faudrait vraiment qu'il y ait une évolution forte, une demande d'un certain nombre de gens. Mais on peut difficilement...

Q.- Aujourd'hui, non ?

R.- Aujourd'hui, je ne suis pas candidat. On ne peut pas embarquer tout le monde. Parce que vous savez, les 15 ou 20 programmes concrets qu'on va faire, il y a beaucoup de choses qui vont se faire sur la confiance aussi. Que chacun soit à l'heure au rendez-vous, mette ses moyens, etc. Je trouve que c'est assez difficile de mobiliser. Vous savez dans le Grenelle, il y a 350 personnes qui, gratuitement - qui ont pourtant d'énormes responsabilités - travaillent, avancent. Ca me paraît un peu difficile, même si j'adore cette ville.

Q.- P. Dufreigne, les auditeurs de RMC que disent-ils ? P. Dufreigne (de RMC) :

Quelques réactions, très rapide. On a Sylvain tout d'abord qui réagit ici à l'émission qui dit « il faut penser écolo, dites-vous. On pense de plus en plus écolo mais pour penser écolo, ça veut aussi dire coûter plus cher au porte-monnaie et je pense que les mesures pour inciter à penser écolo ne sont pas assez nombreuses ».

Q.- Est-ce que l'écologie coûte cher ?

R.- Non, non, je vous donne un exemple. Merci Sylvain de cette remarque parce que c'est quelque chose qui est dans la tête de tout le monde.

Q.- Renverser les idées reçues.

R.- Je ne vois pas en quoi le fait d'acheter une pile qu'on jette coûte moins cher, et l'acheter souvent, qu'un système rechargeable. Je ne vois pas en quoi acheter une bouteille en verre coûte plus cher si on la consigne, si on la recycle, que des milliers de bouteilles en plastique. Je ne vois pas en quoi un rasoir jetable, plusieurs rasoirs jetables au fil de l'an, coûtent plus cher qu'une lame de rasoir qu'on change. Si vous voulez, je crois vraiment, prenons un autre exemple, le logement. L'idée qu'il y ait du gâchis parce que ce n'est pas écologique ou plus exactement ce n'est pas....enfin sous les fenêtres il y a du froid ou du chaud qui passe. Si vous voulez, avoir du gâchis éternel. Alors c'est vrai que c'est une dépense pour rendre étanche son appartement ou sa maison. On va mettre en place d'ailleurs des prêts à dix ans qui seront moins chers que les charges qu'on paie. Donc on ne peut pas dire que ça va coûter plus cher. Certains sujets peut-être mais pas tous.

Q.- Bien. Philippe ?

P. Dufreigne : J'ai Claude qui nous parle des ordures, qui dit « on produit de plus en plus d'ordures chaque jour. Est-ce qu'il ne faudrait pas essayer de généraliser ce qui se passe dans certaines villes, à savoir faire payer à chaque citoyen au prorata des ordures qu'il produit ? ». Oui en Belgique, ils le font également. Cela fait partie du Grenelle. Ce qui est sûr, c'est...

Q.- Vous êtes favorable à ça ?

R.- Oui je suis plutôt favorable à ça. Nous produisons un kilo de déchets/jour. Ce n'est pas tenable. Il y a 20 ans, c'était 250 grammes. Un, il va falloir qu'on réduise très en amont, qu'on achète nous-mêmes des produits qui ne soient pas scandaleux. Je veux dire, on n'a pas besoin de 25 sacs plastiques. Reprenons le cabas. Ce n'est pas de la dépense en plus, c'est de la dépense en moins. A chaque fois qu'on regarde un produit sur une étagère, on peut regarder la quantité de déchets qu'on va nous-mêmes générer et provoquer. Et puis l'économie du recyclage en France est trop faible. Le Grenelle, enfin les états généraux de l'environnement vont mettre en place des moyens puissants de développement du recyclage

Q.- On va terminer avec une question d'auditeur. Qui est avec nous ? Gérard ? Vous êtes où, Gérard ?

R .- Gérard : Bonjour, je suis à Lyon.

Q.- A Lyon. Alors question à J.-L. Borloo, question brève, parce que je suis en retard.

R.- Gérard : J'aurais deux questions. L'une sur le biocarburant. En novembre 2006, les ministères de l'Agriculture et des Finances ont autorisé l'utilisation, à titre expérimental, de l'huile végétale pure. Cette huile coûte en gros le prix du gasoil actuellement, compte tenu de sa défiscalisation et de la TVA qu'il supporte. Fin 2006 le ministère des Finances a saisi le Conseil d'Etat.

Q.- Alors question, s'il vous plaît.

R.- Gérard : Le ministère des Finances a saisi le Conseil d'Etat pour casser l'arrêté autorisant l'utilisation de l'huile végétale. Que comptez-vous faire monsieur le ministre pour mettre un peu d'ordre dans la maison et faire en sorte que chaque ministère accompagne cette expérimentation ?

Q.- Voilà, autoriser l'utilisation de l'huile végétale, oui ou non ?

R.- Oui on va relancer cette autorisation. Bien entendu, ça fait partie du Grenelle.

Q.- Merci Gérard. Merci J.-L. Borloo. On a un peu écourté parce qu'on est un peu à la bourre, comme on dit un peu familièrement, dans notre jargon.

R.- Je vais aller voir mes amis du rugby pour les féliciter.

Q.- Merci, on vous retrouvera évidemment sur toutes ces questions d'environnement.

Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 28 août 2007