Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Arratsaldeon, (bonjour, l'après midi en basque)
Je suis heureuse de pouvoir assister aux entretiens d'Inxauseta et je tiens à remercier Jean-Luc BERHO pour l'organisation de ces rencontres.
Avant de rentrer dans le vif su sujet, je souhaiterais - si vous le voulez bien - rendre hommage à Bernard BIRSINGER. Il était pour vous l'homme en charge des questions de la ville et du logement à la direction nationale du Parti Communiste. Il était pour moi, avant tout, un collègue du Palais Bourbon, que j'aie croisé chaque semaine, des années durant. Il venait juste de présenter le programme du PC en perspective des élections lorsqu'il a été emporté ici même à Bunus, d'une crise cardiaque, le 25 août 2006, à l'âge de 51 ans.
Je pense à lui avec émotion.
« Salariés et entreprises cherchent logements », vous auriez pu ajouter, « désespérément » !
Ces rencontres du bas-navarrais, sont devenues une référence dans les sphères françaises chargées la politique du logement. Si j'ai souhaité participer à cette nouvelle édition, c'est pour vous entendre. N'attendez de moi, aucun discours programmatique. Mon intervention de politique générale viendra bientôt, à Lyon. Je la finaliserai, à mon retour à Paris.
Dans quelques semaines en effet, je vais délocaliser mon ministère Place Bellecour dans le Rhône. Au-delà du symbole, cette opération a pour moi une portée pratique : pendant 10 jours, tout le monde du logement sera là-bas. Notre secteur, étant par excellence, un domaine où l'action n'est possible qu'avec l'engagement de tous, je compte partir à Lyon avec « mon bâton de pèlerin » pour convaincre les uns et les autres, de la nécessité d'une mobilisation d'ampleur nationale en faveur du logement.
Le logement et l'emploi sont en effet les deux jambes d'une société en mouvement.
Avoir un logement et un emploi, sont les deux conditions d'un épanouissement personnel et familial. Que l'un boite et la société s'ébranle. Que les deux soient fragiles et la société est à genoux.
Ce n'est pas un hasard si la chronologie de la politique du logement est à ce point imbriquée à celle de la protection sociale.
L'intervention publique en matière de logement est apparue à la genèse de l'Etat providence ; elle s'est affermie au moment de son apogée. Plus tard, avec la crise, le logement comme la protection sociale, ont été fragilisés et soumis au même questionnement : à la discontinuité des parcours professionnels à correspondu la crise des parcours résidentiels. Et, lorsqu'on a préconisé l'abandon du seul assistanat pour les chômeurs pour construire des chemins d'insertion vers l'emploi, on s'est parallèlement, éloignés du recours au seul hébergement d'urgence, pour penser « parcours résidentiel ».
Aujourd'hui, notre pays connaît une crise majeure du logement.
En 1924, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France sur la « crise du logement », Charles GIDE - le père du mouvement coopératif français et l'oncle de l'auteur des « Nourritures terrestres » - avançait que, les crises du logement avaient été récurrentes dans l'histoire humaine. Et de citer le décret de César qui, dans une Rome sous tension, avait fait « remise » d'une année de loyer, à tous les locataires occupant un appartement de moins de 2 000 sesterces par an...
Reste que - j'en suis convaincue - la crise que nous connaissons est grave ; du même ordre probablement que celles que notre pays a traversées, aux lendemains des deux guerres mondiales. Tous les échanges que j'aie pu avoir, depuis ma nomination, concordent sur ce constat.
Les prix du logement sont exorbitants, l'offre ne correspond en rien aux attentes des personnes en terme de taille des logements ou de localisation. Et la crise est plus aiguë encore qu'il n'apparaît dans les statistiques, puisque les moyennes nationales, cachent d'importantes disparités. La plupart des zones qui concentrent l'activité économique du pays, sont sous embolie. C'est le cas de l'Île de France, des Régions Rhône-Alpes et PACA, du Nord Pas de Calais, ...
Cette crise a naturellement pour principale raison, la disproportion entre l'offre et la demande, cette loi qui règle tous les prix.
Mais cette crise du logement doit aussi être abordée, selon moi, comme le volet d'une crise plus importante qui est celle de l'adaptation de notre système de production aux enjeux de l'économie moderne.
Notre politique du logement s'est toujours développée, en effet, pour accompagner le développement économique du pays:
- Au XIXème siècle : c'est Haussmann à Paris mais aussi les villes industrielles et minières (du Nord et de l'Est de la France ; c'est aussi, Saint-Etienne),
- Au XXème siècle : ce sont les grands ensembles autour des sites industriels, en particulier les sites automobiles, avec l'accueil d'une importante population émigrée.
De tout temps, donc, le logement s'est adapté aux structures industrielles et économiques.
Or, une chose est claire, nous ne sommes plus dans le schéma des années 60, avec ses grands ensembles et ses industries de masse. Aujourd'hui, à l'heure de la société numérique et de la société de services, l'offre de logement doit s'adapter à la « nouvelle donne » de l'économie de la valeur ajoutée.
Aussi, à la formule « salariés et entreprises cherchent logements », j'ajouterais « Ministre du logement et de la ville propose nouvelle vision de la ville ».
Je crois en effet, que nous résoudrons d'autant mieux la crise actuelle que nous aurons, au préalable, réfléchi aux nécessités de la société de demain.
On peut raisonnablement prévoir que l'avenir économique « ira » aux petites structures - bureaux d'études ou petites unités industrielles, répartis de part et d'autre du territoire - dynamisées grâce au développement de la logique des « clusters».
Cette évolution économique va vraisemblablement s'accompagner d'une concurrence, d'une compétition renforcée entre les territoires, organisés en régions de dimension européenne, dans lesquelles, les élus joueront un rôle grandissant.
Quelles conséquences pour le logement ?
Nous devons prévoir un retour à une plus grande mixité des fonctions, en mêlant activités économiques et logement ; une mixité des fonctions qui exclura la spécialisation des territoires (qui, en revanche, sera tout à fait compatible avec la mixité sociale).
Les élus territoriaux doivent dès à présents intégrer ces évolutions futures dans leurs stratégies.
De même, c'est dans ce décor - ou à tout le moins, c'est dans une vision prospective - que nous devons inscrire les objectifs du Président de la République pour le logement . C'est à dire :
- Premièrement, la construction de 500 000 logements par an, dont 120 000 logements sociaux,
- Deuxièmement, la vente de 40 000 logements sociaux par an (alors qu'elle n'est aujourd'hui que de 4 000 logements),
- Troisièmement la promotion d'une France de Propriétaires,
- Et en définitive, le but ultime : le libre choix pour tous les Français en matière de logement.
Je vois donc plusieurs objectifs à court terme :
- Nous devons mobiliser l'ensemble de la structure de production.
- Nous devons mobiliser les partenaires pour la production de logements sociaux, notamment le 1 % Logement.
- Enfin, nous devons poursuivre les politiques de résorption des quartiers sensibles, grâce au concours de l'ANRU.
Je n'oublie bien sûr pas le DALO, le droit au logement opposable, qui est une réforme majeure pour notre pays. Nous fêtons, cette année le 170eme anniversaire de la naissance de Jules SIEGFRIED, le père de la politique du logement en France. Il écrivait le 18 décembre 1898 : ?? l'habitation doit être la première préoccupation de ceux qui ont à coeur le progrès social ». J'en suis convaincue !
J'ai été - vous le savez - rapporteur du projet gouvernemental après avoir moi-même déposé une proposition de loi créant un droit opposable au logement. Aujourd'hui, ministre du logement et de la ville, c'est à la fois un grand honneur et un formidable défi en perspective puisque ce droit doit devenir effectif le 1er décembre 2008, c'est à dire, demain...
Revenons à l'offre de logement :
1) La mobilisation de la structure de production doit se faire par le jeu du marché . L'enjeu est de taille puisque les besoins s'élèvent effectivement à 500 000 logements, sans oublier les évolutions possibles de cette demande, qu'elles proviennent des décohabitations ou du télétravail qui peut induire de la « multi-résidence ». Il y a donc un gros effort collectif à faire mais, cet effort - j'insiste là-dessus - sera riche en retombées pour le pays en terme d'emplois et de croissance.
D'un point de vue technique, nous devons anticiper et prévoir l'adaptation des logements aux économies de charge et aux nouvelles technologies.
2) Le développement de l'offre de logement social doit se poursuivre, en prévoyant une offre diversifiée pour tous les publics. Aujourd'hui, 72 % de la population française répond aux critères d'attribution des logements sociaux. Je propose que les nouveaux logements créés soit recentrés vers les publics qui en ont le plus besoin.
La quantité de ces logements sociaux, n'est pas le seul enjeu. Ils doivent aussi répondre aux attentes de leurs destinataires, tant en ce qui concerne leur localisation, qu'au regard de leur taille et du nombre de leurs pièces. Dans cette perspective, les collectivités, les bailleurs, les promoteurs privés et les représentants des locataires doivent fournir un important travail local. Les Programmes locaux de l'habitat constituent le moment propice pour conduire ce type de réflexion. Je crois également important que de véritables débats puissent s'installer au sein des Comités régionaux de l'habitat.
3) Tant dans le neuf que dans l'ancien, nous devons favoriser l'accession à la propriété , c'est à dire permettre à ceux qui veulent devenir propriétaires, de réaliser leur rêve.
Cela peut apparaître comme une mini- révolution pour le monde du logement social que de vendre 40 000 logements par an. Les bailleurs vont devoir développer de nouveaux métiers, comme par exemple, la gestion de syndic. Pourtant, si l'on veut bien y réfléchir, c'est un peu un retour aux sources : dans l'entre deux guerres, il s'est construit quelques 320 000 HBM (Habitation à Bon Marché », ancêtres des HLM). Or, 47 % étaient en accession (contre 53 % en locatif).
4) Notre ambition, c'est vraiment de donner à chacun le choix.
Le choix de devenir propriétaire, en particulier dans les milieux populaires parce qu'il n'est pas normal que, seuls 56 % des Français soient propriétaires de leur habitation principale contre 84 % des Espagnols.
Ou, encore, le choix d'être locataire. La Garantie des risques locatifs, en fluidifiant le marché de la location, participe assurément d'une politique de libre choix pour tous.
Je terminerai avec le volet opérationnel :
L'ANRU doit poursuivre son programme . J'ai obtenu, peu après ma prise de fonctions, que soit signée une convention qui a permis de débloquer 2 milliards d'Euros supplémentaires. Je tiens à la politique de rénovation urbaine. Le « parcours résidentiels », cela concerne aussi les habitants des quartiers fragiles et parmi eux, les jeunes. Ces derniers représentent l'avenir de notre pays. C'est pourquoi, ils doivent faire l'objet de toute notre attention, de tous nos soins et de beaucoup de précautions : nous devons être prudents, notamment, en ce qui concerne les programmes de démolition.
L'ANRU est un bel outil partenarial et je sais pouvoir compter sur elle pour mener à bien sa mission, comme je sais pouvoir compter sur l'ANAH qui réalise un travail de dentelles dans nos centres anciens et qui fait beaucoup pour la lutte contre l'habitat indigne, en collaboration avec les collectivités. Je souhaiterais d'ailleurs voir ses moyens augmentés. Nous devons rechercher des financements complémentaires à ceux de l'Etat.
En conclusion , Mesdames, Messieurs, il y a une chose dont je veux vous convaincre: il existe un intérêt non seulement social, mais économique et même d'ordre public, à ce que la crise du logement, soit d'urgence, sinon résolue, du moins en voie de résorption rapide et visible de tous. Et pour paraphraser Jules SIEGFRIED, je dirais « l'habitation doit être la première préoccupation de ceux qui ont à coeur le progrès social ... et le progrès économique de notre pays ».
C'est la raison pour laquelle, j'espère obtenir votre participation et votre soutien en faveur du grand chantier national en faveur du logement que je vais lancer très prochainement.
Je vous remercie ou .... Eskertzen Zaitout, en basque !
Arratsaldeon, (bonjour, l'après midi en basque)
Je suis heureuse de pouvoir assister aux entretiens d'Inxauseta et je tiens à remercier Jean-Luc BERHO pour l'organisation de ces rencontres.
Avant de rentrer dans le vif su sujet, je souhaiterais - si vous le voulez bien - rendre hommage à Bernard BIRSINGER. Il était pour vous l'homme en charge des questions de la ville et du logement à la direction nationale du Parti Communiste. Il était pour moi, avant tout, un collègue du Palais Bourbon, que j'aie croisé chaque semaine, des années durant. Il venait juste de présenter le programme du PC en perspective des élections lorsqu'il a été emporté ici même à Bunus, d'une crise cardiaque, le 25 août 2006, à l'âge de 51 ans.
Je pense à lui avec émotion.
« Salariés et entreprises cherchent logements », vous auriez pu ajouter, « désespérément » !
Ces rencontres du bas-navarrais, sont devenues une référence dans les sphères françaises chargées la politique du logement. Si j'ai souhaité participer à cette nouvelle édition, c'est pour vous entendre. N'attendez de moi, aucun discours programmatique. Mon intervention de politique générale viendra bientôt, à Lyon. Je la finaliserai, à mon retour à Paris.
Dans quelques semaines en effet, je vais délocaliser mon ministère Place Bellecour dans le Rhône. Au-delà du symbole, cette opération a pour moi une portée pratique : pendant 10 jours, tout le monde du logement sera là-bas. Notre secteur, étant par excellence, un domaine où l'action n'est possible qu'avec l'engagement de tous, je compte partir à Lyon avec « mon bâton de pèlerin » pour convaincre les uns et les autres, de la nécessité d'une mobilisation d'ampleur nationale en faveur du logement.
Le logement et l'emploi sont en effet les deux jambes d'une société en mouvement.
Avoir un logement et un emploi, sont les deux conditions d'un épanouissement personnel et familial. Que l'un boite et la société s'ébranle. Que les deux soient fragiles et la société est à genoux.
Ce n'est pas un hasard si la chronologie de la politique du logement est à ce point imbriquée à celle de la protection sociale.
L'intervention publique en matière de logement est apparue à la genèse de l'Etat providence ; elle s'est affermie au moment de son apogée. Plus tard, avec la crise, le logement comme la protection sociale, ont été fragilisés et soumis au même questionnement : à la discontinuité des parcours professionnels à correspondu la crise des parcours résidentiels. Et, lorsqu'on a préconisé l'abandon du seul assistanat pour les chômeurs pour construire des chemins d'insertion vers l'emploi, on s'est parallèlement, éloignés du recours au seul hébergement d'urgence, pour penser « parcours résidentiel ».
Aujourd'hui, notre pays connaît une crise majeure du logement.
En 1924, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France sur la « crise du logement », Charles GIDE - le père du mouvement coopératif français et l'oncle de l'auteur des « Nourritures terrestres » - avançait que, les crises du logement avaient été récurrentes dans l'histoire humaine. Et de citer le décret de César qui, dans une Rome sous tension, avait fait « remise » d'une année de loyer, à tous les locataires occupant un appartement de moins de 2 000 sesterces par an...
Reste que - j'en suis convaincue - la crise que nous connaissons est grave ; du même ordre probablement que celles que notre pays a traversées, aux lendemains des deux guerres mondiales. Tous les échanges que j'aie pu avoir, depuis ma nomination, concordent sur ce constat.
Les prix du logement sont exorbitants, l'offre ne correspond en rien aux attentes des personnes en terme de taille des logements ou de localisation. Et la crise est plus aiguë encore qu'il n'apparaît dans les statistiques, puisque les moyennes nationales, cachent d'importantes disparités. La plupart des zones qui concentrent l'activité économique du pays, sont sous embolie. C'est le cas de l'Île de France, des Régions Rhône-Alpes et PACA, du Nord Pas de Calais, ...
Cette crise a naturellement pour principale raison, la disproportion entre l'offre et la demande, cette loi qui règle tous les prix.
Mais cette crise du logement doit aussi être abordée, selon moi, comme le volet d'une crise plus importante qui est celle de l'adaptation de notre système de production aux enjeux de l'économie moderne.
Notre politique du logement s'est toujours développée, en effet, pour accompagner le développement économique du pays:
- Au XIXème siècle : c'est Haussmann à Paris mais aussi les villes industrielles et minières (du Nord et de l'Est de la France ; c'est aussi, Saint-Etienne),
- Au XXème siècle : ce sont les grands ensembles autour des sites industriels, en particulier les sites automobiles, avec l'accueil d'une importante population émigrée.
De tout temps, donc, le logement s'est adapté aux structures industrielles et économiques.
Or, une chose est claire, nous ne sommes plus dans le schéma des années 60, avec ses grands ensembles et ses industries de masse. Aujourd'hui, à l'heure de la société numérique et de la société de services, l'offre de logement doit s'adapter à la « nouvelle donne » de l'économie de la valeur ajoutée.
Aussi, à la formule « salariés et entreprises cherchent logements », j'ajouterais « Ministre du logement et de la ville propose nouvelle vision de la ville ».
Je crois en effet, que nous résoudrons d'autant mieux la crise actuelle que nous aurons, au préalable, réfléchi aux nécessités de la société de demain.
On peut raisonnablement prévoir que l'avenir économique « ira » aux petites structures - bureaux d'études ou petites unités industrielles, répartis de part et d'autre du territoire - dynamisées grâce au développement de la logique des « clusters».
Cette évolution économique va vraisemblablement s'accompagner d'une concurrence, d'une compétition renforcée entre les territoires, organisés en régions de dimension européenne, dans lesquelles, les élus joueront un rôle grandissant.
Quelles conséquences pour le logement ?
Nous devons prévoir un retour à une plus grande mixité des fonctions, en mêlant activités économiques et logement ; une mixité des fonctions qui exclura la spécialisation des territoires (qui, en revanche, sera tout à fait compatible avec la mixité sociale).
Les élus territoriaux doivent dès à présents intégrer ces évolutions futures dans leurs stratégies.
De même, c'est dans ce décor - ou à tout le moins, c'est dans une vision prospective - que nous devons inscrire les objectifs du Président de la République pour le logement . C'est à dire :
- Premièrement, la construction de 500 000 logements par an, dont 120 000 logements sociaux,
- Deuxièmement, la vente de 40 000 logements sociaux par an (alors qu'elle n'est aujourd'hui que de 4 000 logements),
- Troisièmement la promotion d'une France de Propriétaires,
- Et en définitive, le but ultime : le libre choix pour tous les Français en matière de logement.
Je vois donc plusieurs objectifs à court terme :
- Nous devons mobiliser l'ensemble de la structure de production.
- Nous devons mobiliser les partenaires pour la production de logements sociaux, notamment le 1 % Logement.
- Enfin, nous devons poursuivre les politiques de résorption des quartiers sensibles, grâce au concours de l'ANRU.
Je n'oublie bien sûr pas le DALO, le droit au logement opposable, qui est une réforme majeure pour notre pays. Nous fêtons, cette année le 170eme anniversaire de la naissance de Jules SIEGFRIED, le père de la politique du logement en France. Il écrivait le 18 décembre 1898 : ?? l'habitation doit être la première préoccupation de ceux qui ont à coeur le progrès social ». J'en suis convaincue !
J'ai été - vous le savez - rapporteur du projet gouvernemental après avoir moi-même déposé une proposition de loi créant un droit opposable au logement. Aujourd'hui, ministre du logement et de la ville, c'est à la fois un grand honneur et un formidable défi en perspective puisque ce droit doit devenir effectif le 1er décembre 2008, c'est à dire, demain...
Revenons à l'offre de logement :
1) La mobilisation de la structure de production doit se faire par le jeu du marché . L'enjeu est de taille puisque les besoins s'élèvent effectivement à 500 000 logements, sans oublier les évolutions possibles de cette demande, qu'elles proviennent des décohabitations ou du télétravail qui peut induire de la « multi-résidence ». Il y a donc un gros effort collectif à faire mais, cet effort - j'insiste là-dessus - sera riche en retombées pour le pays en terme d'emplois et de croissance.
D'un point de vue technique, nous devons anticiper et prévoir l'adaptation des logements aux économies de charge et aux nouvelles technologies.
2) Le développement de l'offre de logement social doit se poursuivre, en prévoyant une offre diversifiée pour tous les publics. Aujourd'hui, 72 % de la population française répond aux critères d'attribution des logements sociaux. Je propose que les nouveaux logements créés soit recentrés vers les publics qui en ont le plus besoin.
La quantité de ces logements sociaux, n'est pas le seul enjeu. Ils doivent aussi répondre aux attentes de leurs destinataires, tant en ce qui concerne leur localisation, qu'au regard de leur taille et du nombre de leurs pièces. Dans cette perspective, les collectivités, les bailleurs, les promoteurs privés et les représentants des locataires doivent fournir un important travail local. Les Programmes locaux de l'habitat constituent le moment propice pour conduire ce type de réflexion. Je crois également important que de véritables débats puissent s'installer au sein des Comités régionaux de l'habitat.
3) Tant dans le neuf que dans l'ancien, nous devons favoriser l'accession à la propriété , c'est à dire permettre à ceux qui veulent devenir propriétaires, de réaliser leur rêve.
Cela peut apparaître comme une mini- révolution pour le monde du logement social que de vendre 40 000 logements par an. Les bailleurs vont devoir développer de nouveaux métiers, comme par exemple, la gestion de syndic. Pourtant, si l'on veut bien y réfléchir, c'est un peu un retour aux sources : dans l'entre deux guerres, il s'est construit quelques 320 000 HBM (Habitation à Bon Marché », ancêtres des HLM). Or, 47 % étaient en accession (contre 53 % en locatif).
4) Notre ambition, c'est vraiment de donner à chacun le choix.
Le choix de devenir propriétaire, en particulier dans les milieux populaires parce qu'il n'est pas normal que, seuls 56 % des Français soient propriétaires de leur habitation principale contre 84 % des Espagnols.
Ou, encore, le choix d'être locataire. La Garantie des risques locatifs, en fluidifiant le marché de la location, participe assurément d'une politique de libre choix pour tous.
Je terminerai avec le volet opérationnel :
L'ANRU doit poursuivre son programme . J'ai obtenu, peu après ma prise de fonctions, que soit signée une convention qui a permis de débloquer 2 milliards d'Euros supplémentaires. Je tiens à la politique de rénovation urbaine. Le « parcours résidentiels », cela concerne aussi les habitants des quartiers fragiles et parmi eux, les jeunes. Ces derniers représentent l'avenir de notre pays. C'est pourquoi, ils doivent faire l'objet de toute notre attention, de tous nos soins et de beaucoup de précautions : nous devons être prudents, notamment, en ce qui concerne les programmes de démolition.
L'ANRU est un bel outil partenarial et je sais pouvoir compter sur elle pour mener à bien sa mission, comme je sais pouvoir compter sur l'ANAH qui réalise un travail de dentelles dans nos centres anciens et qui fait beaucoup pour la lutte contre l'habitat indigne, en collaboration avec les collectivités. Je souhaiterais d'ailleurs voir ses moyens augmentés. Nous devons rechercher des financements complémentaires à ceux de l'Etat.
En conclusion , Mesdames, Messieurs, il y a une chose dont je veux vous convaincre: il existe un intérêt non seulement social, mais économique et même d'ordre public, à ce que la crise du logement, soit d'urgence, sinon résolue, du moins en voie de résorption rapide et visible de tous. Et pour paraphraser Jules SIEGFRIED, je dirais « l'habitation doit être la première préoccupation de ceux qui ont à coeur le progrès social ... et le progrès économique de notre pays ».
C'est la raison pour laquelle, j'espère obtenir votre participation et votre soutien en faveur du grand chantier national en faveur du logement que je vais lancer très prochainement.
Je vous remercie ou .... Eskertzen Zaitout, en basque !