Texte intégral
France-Antilles : Vous étiez déjà aux Antilles, il y a un mois, qu'est ce qui vous y ramène si vite ?
Christian Estrosi : Je suis venu aux Antilles le mois dernier dans un contexte très particulier et d'urgence, suite au passage du cyclone DEAN. Je reviens maintenant appréhender plus en profondeur des sujets de long terme pour l'avenir de nos deux départements. Ce voyage, planifié de longue date, va me permettre d'évaluer pleinement les difficultés et les enjeux auxquels sont confrontés nos compatriotes de Martinique et de Guadeloupe, et notamment les conditions dans lesquelles la sécurité est assurée ; le développement économique et la mise en place du projet présidentiel pour l'outre-mer, les questions environnementales et leur impact sur la santé publique au travers du dossier du Chlordécone. Je ferai également le point sur la mise en place, par le Gouvernement Fillon et sous l'impulsion du Président de la République auxquels j'avais rendu compte des besoins dès mon premier déplacement dans les deux îles, des dispositifs d'aides aux victimes de Dean.
France-Antilles : Le professeur Belpomme vient de présenter son rapport sur le chlordécone, il n'hésite pas à parler de « crise sanitaire majeure, plus grave que celle du sang contaminé », quel est le point de vue du Gouvernement ? Que pensez-vous de la démarche des socialistes qui réclament une Commission d'enquête parlementaire ?
Christian Estrosi : Ce rapport souligne dans un alinéa qu'il apporte un éclairage mais qu'il ne peut rien garantir. Je souhaite donc rencontrer le Professeur Belpomme pour qu'il m'explique. Ma responsabilité est d'assurer une transparence totale. C'est pourquoi je souhaite me rendre dans les laboratoires et les hôpitaux et rencontrer également tous les services de l'Etat. Les journalistes m'accompagneront et assisteront à tout les échanges que j'aurais. Je me réjouis d'ailleurs de la création d'une Commission d'enquête parlementaire, car celle-ci aura quasiment les pouvoirs d'un juge d'instruction ; la vérité pourra donc être faite. Pour ma part, je tiens à affirmer à tous les Martiniquais et Guadeloupéens que je privilégierai toujours la santé publique. D'ailleurs le laboratoire qui analyse le chlordécone dans les racines est actuellement à Chalons-sur-Saône, je ferai ce qu'il faut pour qu'il s'implante aux Antilles.
France-Antilles : Après le passage de Dean, Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau ont lancé un appel pour profiter de cette situation et de repenser ainsi complètement l'aménagement de la Martinique. Ces deux intellectuels martiniquais prônent un aménagement durable, que pensez-vous de leur position ?
Christian Estrosi : Toutes les contributions, si elles sont constructives, sont intéressantes. Quant à l'enjeu du développement durable pour la Martinique, comment ne pas y adhérer ! C'est d'ailleurs un des axes d'action de l'Etat sur place que de promouvoir dans ses priorités stratégiques la promotion d'un aménagement durable et équilibré de la Martinique.
La gestion de l'espace et des ressources, l'aménagement du territoire et l'équilibre entre l'agglomération foyalaise et le reste de l'île, la gestion des déchets, la préservation et la mise en valeur de la biodiversité sont autant de sujets majeurs que l'Etat accompagne.
France-Antilles : Où en est-on du chiffrage pour les réparations post Dean ?
Christian Estrosi : En Martinique, le coût total des dommages est chiffré à 504 millions d'euros. La part agricole à 157 millions est la plus importante ; ensuite 102 millions pour les infrastructures et les réseaux ; 97 millions pour les entreprises ; 56 millions pour les bâtiments et équipements publics ; 55 millions pour l'habitat des particuliers. En Guadeloupe, le coût total des dommages est chiffré à 54 millions d'euros ; la part agricole à 29 millions est la plus importante; ensuite 19 millions pour les infrastructures et les réseaux; 2,7 millions pour les bâtiments et les équipements publics..
France-Antilles : Allez-vous évoquer la lutte contre l'immigration clandestine ? Quels sont les chiffres ?
Christian Estrosi : Les chiffres pour la Guadeloupe comme pour la Martinique sont encourageants. Ils montrent que les différentes mesures prises par le gouvernement dans le domaine des moyens (effectifs de la PAF, capacité d'accueil des CRA, création d'une antenne OFPRA en janvier 2006 en Guadeloupe), en matière diplomatique (accord avec la Dominique et Sainte-Lucie) ou pour adapter la législation (loi du 24 juillet 2006) commencent à produire leurs premiers effets positifs.
En Guadeloupe, 1 246 étrangers ont été reconduits entre le 1er janvier et le 16 septembre 2007, contre 1 394 pour la même période en 2006, mais cela correspond à une moindre pression migratoire, en particulier de la part des haïtiens et des dominicains. On constate la chute du nombre de demandeurs d'asile, qui sont passées de 3 612 en 2005 à 531 en 2006 et qui seront probablement moins de 300 en 2007.
En Martinique, 276 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits entre le 1er janvier et le 16 septembre 2007, contre 335 pour la même période en 2006.
Sur ce sujet, en dépit des premières satisfactions enregistrées, l'Etat n'entend pas baisser la garde. Ainsi, par exemple, la nouvelle loi relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile, actuellement devant le Parlement, sera complètement applicable dans les DOM.
France-Antilles : Vous avez choisi d'évoquer le tourisme en Guadeloupe, le développement économique en Martinique. C'est le volet zone franche de votre déplacement ?
Christian Estrosi : La semaine dernière, le processus de concertation sur le projet présidentiel pour le développement économique de l'outre mer ea été lancé avec les élus et les socioprofessionnels des quatre départements d'Outre-Mer. Cette concertation se poursuivra localement afin de faire du canevas présenté un projet intégrant les attentes et orientations de chacune des géographies.
Le volet zone franche globale d'activité est la mesure phare du projet présidentiel. Mais il convient également de mentionner les autres mesures de ce projet qui concerneront le logement social et intermédiaire, la continuité territoriale, la réduction de la fracture numérique.... Sur ce volet également les propositions des acteurs locaux sont également attendues. Enfin, il est aussi nécessaire de mentionner le volet rationalisation du projet qui vise à accroître dans la concertation l'efficacité des dispositifs en vigueur.
France-Antilles : Concernant Saint-Martin, pensez-vous que les desiderata des Saint-Martinois concernant une adaptation du droit européen dans le cadre de leur statut de RUP soit possible ?
Christian Estrosi : La délibération de la collectivité de Saint-Martin vient d'être transmise et il faut donc prendre le temps de l'analyser et d'en regarder toutes les implications. Ceci étant, il faut aussi bien regardés les avantages et les inconvénients des statuts possibles actuels avant de se prononcer. Nous aurons l'occasion dans les prochains mois d'en rediscuter très librement avec le président Fleming.
Propos recueillis par FXG source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 septembre 2007
Christian Estrosi : Je suis venu aux Antilles le mois dernier dans un contexte très particulier et d'urgence, suite au passage du cyclone DEAN. Je reviens maintenant appréhender plus en profondeur des sujets de long terme pour l'avenir de nos deux départements. Ce voyage, planifié de longue date, va me permettre d'évaluer pleinement les difficultés et les enjeux auxquels sont confrontés nos compatriotes de Martinique et de Guadeloupe, et notamment les conditions dans lesquelles la sécurité est assurée ; le développement économique et la mise en place du projet présidentiel pour l'outre-mer, les questions environnementales et leur impact sur la santé publique au travers du dossier du Chlordécone. Je ferai également le point sur la mise en place, par le Gouvernement Fillon et sous l'impulsion du Président de la République auxquels j'avais rendu compte des besoins dès mon premier déplacement dans les deux îles, des dispositifs d'aides aux victimes de Dean.
France-Antilles : Le professeur Belpomme vient de présenter son rapport sur le chlordécone, il n'hésite pas à parler de « crise sanitaire majeure, plus grave que celle du sang contaminé », quel est le point de vue du Gouvernement ? Que pensez-vous de la démarche des socialistes qui réclament une Commission d'enquête parlementaire ?
Christian Estrosi : Ce rapport souligne dans un alinéa qu'il apporte un éclairage mais qu'il ne peut rien garantir. Je souhaite donc rencontrer le Professeur Belpomme pour qu'il m'explique. Ma responsabilité est d'assurer une transparence totale. C'est pourquoi je souhaite me rendre dans les laboratoires et les hôpitaux et rencontrer également tous les services de l'Etat. Les journalistes m'accompagneront et assisteront à tout les échanges que j'aurais. Je me réjouis d'ailleurs de la création d'une Commission d'enquête parlementaire, car celle-ci aura quasiment les pouvoirs d'un juge d'instruction ; la vérité pourra donc être faite. Pour ma part, je tiens à affirmer à tous les Martiniquais et Guadeloupéens que je privilégierai toujours la santé publique. D'ailleurs le laboratoire qui analyse le chlordécone dans les racines est actuellement à Chalons-sur-Saône, je ferai ce qu'il faut pour qu'il s'implante aux Antilles.
France-Antilles : Après le passage de Dean, Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau ont lancé un appel pour profiter de cette situation et de repenser ainsi complètement l'aménagement de la Martinique. Ces deux intellectuels martiniquais prônent un aménagement durable, que pensez-vous de leur position ?
Christian Estrosi : Toutes les contributions, si elles sont constructives, sont intéressantes. Quant à l'enjeu du développement durable pour la Martinique, comment ne pas y adhérer ! C'est d'ailleurs un des axes d'action de l'Etat sur place que de promouvoir dans ses priorités stratégiques la promotion d'un aménagement durable et équilibré de la Martinique.
La gestion de l'espace et des ressources, l'aménagement du territoire et l'équilibre entre l'agglomération foyalaise et le reste de l'île, la gestion des déchets, la préservation et la mise en valeur de la biodiversité sont autant de sujets majeurs que l'Etat accompagne.
France-Antilles : Où en est-on du chiffrage pour les réparations post Dean ?
Christian Estrosi : En Martinique, le coût total des dommages est chiffré à 504 millions d'euros. La part agricole à 157 millions est la plus importante ; ensuite 102 millions pour les infrastructures et les réseaux ; 97 millions pour les entreprises ; 56 millions pour les bâtiments et équipements publics ; 55 millions pour l'habitat des particuliers. En Guadeloupe, le coût total des dommages est chiffré à 54 millions d'euros ; la part agricole à 29 millions est la plus importante; ensuite 19 millions pour les infrastructures et les réseaux; 2,7 millions pour les bâtiments et les équipements publics..
France-Antilles : Allez-vous évoquer la lutte contre l'immigration clandestine ? Quels sont les chiffres ?
Christian Estrosi : Les chiffres pour la Guadeloupe comme pour la Martinique sont encourageants. Ils montrent que les différentes mesures prises par le gouvernement dans le domaine des moyens (effectifs de la PAF, capacité d'accueil des CRA, création d'une antenne OFPRA en janvier 2006 en Guadeloupe), en matière diplomatique (accord avec la Dominique et Sainte-Lucie) ou pour adapter la législation (loi du 24 juillet 2006) commencent à produire leurs premiers effets positifs.
En Guadeloupe, 1 246 étrangers ont été reconduits entre le 1er janvier et le 16 septembre 2007, contre 1 394 pour la même période en 2006, mais cela correspond à une moindre pression migratoire, en particulier de la part des haïtiens et des dominicains. On constate la chute du nombre de demandeurs d'asile, qui sont passées de 3 612 en 2005 à 531 en 2006 et qui seront probablement moins de 300 en 2007.
En Martinique, 276 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits entre le 1er janvier et le 16 septembre 2007, contre 335 pour la même période en 2006.
Sur ce sujet, en dépit des premières satisfactions enregistrées, l'Etat n'entend pas baisser la garde. Ainsi, par exemple, la nouvelle loi relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile, actuellement devant le Parlement, sera complètement applicable dans les DOM.
France-Antilles : Vous avez choisi d'évoquer le tourisme en Guadeloupe, le développement économique en Martinique. C'est le volet zone franche de votre déplacement ?
Christian Estrosi : La semaine dernière, le processus de concertation sur le projet présidentiel pour le développement économique de l'outre mer ea été lancé avec les élus et les socioprofessionnels des quatre départements d'Outre-Mer. Cette concertation se poursuivra localement afin de faire du canevas présenté un projet intégrant les attentes et orientations de chacune des géographies.
Le volet zone franche globale d'activité est la mesure phare du projet présidentiel. Mais il convient également de mentionner les autres mesures de ce projet qui concerneront le logement social et intermédiaire, la continuité territoriale, la réduction de la fracture numérique.... Sur ce volet également les propositions des acteurs locaux sont également attendues. Enfin, il est aussi nécessaire de mentionner le volet rationalisation du projet qui vise à accroître dans la concertation l'efficacité des dispositifs en vigueur.
France-Antilles : Concernant Saint-Martin, pensez-vous que les desiderata des Saint-Martinois concernant une adaptation du droit européen dans le cadre de leur statut de RUP soit possible ?
Christian Estrosi : La délibération de la collectivité de Saint-Martin vient d'être transmise et il faut donc prendre le temps de l'analyser et d'en regarder toutes les implications. Ceci étant, il faut aussi bien regardés les avantages et les inconvénients des statuts possibles actuels avant de se prononcer. Nous aurons l'occasion dans les prochains mois d'en rediscuter très librement avec le président Fleming.
Propos recueillis par FXG source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 septembre 2007