Texte intégral
Q - Rapprocher l'Europe des citoyens se présente comme l'une des priorités de la présidence du Conseil de l'Europe qu'exerceront successivement la France, la République tchèque et la Suède. Le défi est-il difficile ?
R - C'est incontestablement une priorité de rapprocher l'Europe des citoyens, nous nous y employons en France. Les attitudes commencent à évoluer à l'égard de l'Europe et nous devons mieux évaluer les avantages qu'elle présente dans le cadre de la mondialisation. Le vrai défi, c'est le rôle de l'Europe face à la mondialisation et la définition de son rôle dans un monde global. C'est pourquoi nous souhaitons qu'il y ait une réflexion sur le futur de l'Europe, avec un Groupe des sages, qui pourrait être institué en fin d'année au Conseil européen. L'Europe doit adapter ses moyens et promouvoir des propres valeurs propres pour répondre à de grands défis globaux, que ce soit par exemple dans le domaine démographique, ou dans celui de l'environnement.
Q - Vous avez dit lors d'une conférence que, pour la France, l'Europe est une priorité absolue. A l'issue des pourparlers que vous avez eus avec vos interlocuteurs tchèques, pensez-vous que cette approche est entièrement partagée par la partie tchèque ?
R - J'ai le sentiment que la République tchèque sait très bien que son avenir est en Europe. De notre côté, nous avons beaucoup à apprendre de la culture, du dynamisme, de la clairvoyance de nos amis tchèques. Nous ferons de notre mieux pour faire avancer l'Europe dans le monde et pour lui permettre de défendre ses intérêts dans le monde et de donner l'image d'une Europe sûre, d'où l'importance donnée aux questions de défense et de sécurité commune.
Q - Une des priorités de la République tchèque est la liberté de mouvement des gens, des services, etc. Est-ce une priorité de la France aussi ?
R - Tout ce qui touche à la liberté est prioritaire pour la France, c'est une tradition. Simplement nous souhaitons avoir une Europe ouverte mais nous devons le faire sans être naïfs. Une Europe ouverte aux populations, cela suppose qu'il y ait une approche commune en matière de politique d'immigration, sinon vous prenez un risque de déstabilisation important. Une Europe ouverte sur le plan économique, c'est une Europe à même de défendre ses intérêts stratégiques. L'un ne va pas sans l'autre. Nous sommes d'accord au sujet de la liberté car il y a énormément d'opportunités à saisir grâce à cette liberté de mouvement, mais nous sommes également conscients de la nécessité de protéger nos citoyens car s'il n'y a pas de protection des citoyens, ceux-ci rejetteront l'Europe. L'idée européenne ne serait plus partagée par un certain nombre d'opinions publiques dans différents pays.
Q - Je pose cette question parce que nous n'avons pas la possibilité de travailler dans toute l'Europe...
R - En ce qui concerne la France, nous avons ouvert une soixantaine de secteurs. Nous continuons à progresser dans ce domaine. Les restrictions temporaires seront très largement levées d'ici la Présidence tchèque, en 2009. Nous ouvrons notre marché du travail de manière progressive et maîtrisée, conformément aux accords en vigueur.
Q - Vous pensez que la République tchèque réussira sa Présidence ?
R - Il m'a semblé que la Présidence tchèque, et c'est peut-être le meilleur signe de son engagement européen, avait une véritable volonté d'assurer cette présidence. Lorsqu'on me parle d'un euro-scepticisme tchèque, la meilleure réponse face à cela est la volonté que j'ai vue de la République tchèque d'exercer ses responsabilités au niveau européen.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2007