Déclaration de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur les convergences entre la France et les Pays-Bas concernant notamment la mondialisation, la politique du sport et la situation en Birmanie, La Haye le 28 septembre 2007.

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Circonstance : Déplacement à La Haye-conférence de presse conjointe avec M. Frans Timmermans, ministre néerlandais des affaires européennes, le 28 septembre 2007

Texte intégral

C'est vrai qu'il y a de nombreux points de convergence entre nous, parce que la France est un pays qui se réforme beaucoup et qui souhaite, grâce aux réformes entreprises sur le marché du travail, sur l'organisation du travail, la concurrence, la formation, grâce à l'importance donnée à l'écologie et au développement durable, qui souhaite donc être dans les standards européens et internationaux.
Il y a convergence, aussi, car nous pensons, comme nos partenaires néerlandais, qu'il y a plus d'opportunités dans la mondialisation que de menaces. Nous souhaitons avoir un dialogue équilibré, fondé sur la réciprocité, avec nos grands partenaires, dont bien évidemment les Etats-Unis. Les Pays-Bas qui, sur le plan international sont un grand pays, très ouvert, voient bien qu'il est important, dans le monde actuel, que nous puissions défendre nos intérêts et protéger nos consommateurs, parce qu'il y a de très fortes craintes face à la mondialisation. Nous avons également parlé énergie. Nous avons des vues communes, parce que l'énergie est pour l'Europe un sujet fondamental : il doit y avoir une stratégie européenne en matière d'énergie et ce sera une des priorités de la Présidence française avec le développement durable.
Nous avons abordé d'autres sujets sur lesquels nous sommes d'accord. Frans a parlé du sport : nous sommes préoccupés d'une situation où le sport serait une marchandise comme les autres, livrée à des intérêts purement financiers, alors que le sport a une fonction sociale essentielle d'intégration et d'équilibre social pour les peuples. Nous organisons la Coupe du monde de rugby, qui est moins populaire que le football aux Pays-Bas, et on voit bien que ce sont des moments d'émotion collective. Nous sommes prêts, avec les Pays-Bas à établir un mémorandum sur la conception que nous partageons de la politique du sport, au niveau européen, pour définir ensemble les règles du jeu dans ce domaine.
Quelles sont-elles pour nous :
- Comme je vous le disais, le sport doit conserver sa fonction sociale.
- Ce n'est pas une marchandise comme les autres.
- Certes, les activités économiques liées au sport doivent s'inscrire dans un cadre commercial concurrentiel, mais en tenant compte de la spécificité du sport et des cultures de chaque nation. Les centres de formation doivent permettre aux joueurs d'obtenir une double qualification et le bénéfice de leurs investissements doit être conservé par les clubs formateurs. Les professions qui touchent aux transactions sur les joueurs doivent être encadrées car, une fois encore, il ne s'agit pas d'une "marchandise" comme les autres. Les traditions nationales dans le domaine sportif doivent être respectées. Et la vente collective des droits de diffusion, telle qu'autorisée par la Commission, est un bon instrument pour permettre une redistribution équitable des recettes aux clubs sportifs.
Sur le traité simplifié, comme l'a dit Frans avec une très belle expression, nous sommes d'accord pour avoir des règles du jeu institutionnelles le plus rapidement possible. Nous souhaitons en rester au mandat et trouver un accord politique au prochain Conseil de Lisbonne. Nous pourrons ensuite passer aux politiques elles-mêmes, au jeu lui-même...
Nous avons un candidat européen qui vient d'être élu au FMI, Dominique Strauss-Kahn. Nous nous en félicitons. Je profite de votre présence pour adresser mes chaleureuses félicitations à Dominique Strauss-Kahn pour son élection comme directeur général du FMI.
(...)
C'est une bonne nouvelle pour l'Europe. C'est un homme très capable, un ami commun que nous aimons beaucoup. Il saura donner au FMI une bonne impulsion, notamment sur les problèmes financiers que nous avons à résoudre à l'échelon international. Nous sommes prêts à répondre à vos questions...
Q - Quand M. Verhagen est allé à Paris, on avait parlé de sanctions éventuelles, sanctions européennes contre l'Iran, est-ce que vous en avez reparlé aujourd'hui, est-ce que vous avez avancé là-dessus ?
R - C'est un sujet que nous n'avons pas abordé. Nous avons en charge les affaires européennes. Nos ministres des Affaires étrangères sont actuellement aux Etats-Unis, et ces questions sont évoquées en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Notre position est qu'il est effectivement important de renforcer l'efficacité des sanctions en privilégiant le cadre des Nations unies. Il faut trouver un accord avec nos partenaires dans le cadre des Nations unies.
(...)
Q - Aux Pays-Bas, les partis politiques, comme le parti socialiste et les sociaux démocrates ont demandé le boycott de Total. Que pensez-vous de cette position ?
R - Je pense que nous partageons avec les Néerlandais les mêmes positions sur la Birmanie. Nous devons avoir des sanctions très dures envers le pouvoir militaire. Nous devons prendre de nouvelles mesures contre la junte, au niveau européen, pour renforcer les sanctions. Nous agissons en ce sens, pour geler les avoirs financiers à l'étranger, interdire les visas...
Nous avons averti les autorités birmanes que chaque officiel serait tenu responsable des violences envers la population. Nous voulons, dans le même temps, éviter que ces sanctions touchent la population.
En ce qui concerne Total, le président Sarkozy s'est exprimé: il a appelé les entreprises investissant en Birmanie à beaucoup de prudence. Total est une entreprise privée, qui a fait une déclaration selon laquelle il cessait ses investissements en Birmanie. Je n'ai pas d'autres commentaires.
Un autre point important est que nous devons avoir une approche équilibrée envers les autres pays de la région, notamment la Chine, qui une grande influence politique et économique dans la région. Nous devons conserver cela à l'esprit.
Nous partageons la même approche. Nous voulons être aussi fermes que possible pour faire pression sur le gouvernement birman. Nous sommes préparés à le faire et à mettre en oeuvre des sanctions dures. Mais nous devons faire une distinction entre la junte et la population. Nous sommes très fermes là-dessus. Le président Sarkozy a été très clair sur ce point. L'Union européenne doit faire pression sur les militaires.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2007