Texte intégral
Monsieur le Président, cher Jean PERRIN,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse, Monsieur le Président, de vous retrouver, ici à Lyon, à l'occasion du lancement du grand Chantier national du logement.
Comme vous le savez, j'ai décentralisé mon ministère et mon cabinet depuis dix jours dans la capitale des trois Gaules, et ceci jusqu'à la fin de cette semaine. Cette initiative est en train de dépasser toutes mes espérances quand je regarde les résultats déjà obtenus.
Ce séjour lyonnais, en fin de compte, aura été un formidable accélérateur pour l'avancement de nombreux projets en vue de faire reculer la crise du logement dans notre pays.
Une trentaine de partenaires du logement auront participé au moins une fois, et certains même plusieurs fois, aux nombreuses réunions de chantier que j'ai tenues le plus souvent place Bellecour, ou parfois ailleurs comme ici au Palais des Congrès de Lyon. C'est précisément ici, dans ce lieu prestigieux, que j'ai rencontré la semaine dernière le mouvement HLM et hier les notaires de France, que j'ai aujourd'hui le très grand plaisir de m'adresser aux propriétaires privés rassemblés dans l'UNPI, et que je concluerai demain le congrès annuel des promoteurs-constructeurs.
Je tirerai demain vendredi le bilan de cette quinzaine lyonnaise, mais je peux déjà vous dire que j'ai signé plus d'une douzaine de conventions d'engagements avec les partenaires les plus variés : partenaires sociaux du 1 % logement, ANAH, Banque européenne d'investissement (BEI), Caisse des dépôts, banquiers et financeurs du logement, FNAIM ...
Dans un instant, je signerai avec vous, Monsieur le Président, une convention très importante qui marquera l'engagement des propriétaires privés de ce pays en faveur du logement locatif social.
Vous le savez, pour résorber la crise du logement dans notre pays, le Président de la République a fixé quelques grandes orientations :
- il faut promouvoir une France de propriétaires et atteindre le chiffre de 70 % de propriétaires, avec comme moyen parmi d'autres la vente de 40 000 logements HLM aux locataires en place chaque année ;
- il s'agit aussi d'intensifier notre politique de construction, en produisant 500 000 logements neufs par an, et parmi ces 500 000 logements, 120 000 logements locatifs sociaux.
Mais la gravité de la crise du logement est telle que l'accroissement de la construction neuve ne suffira pas à la résoudre, nous devons également développer l'offre locative en favorisant le retour des logements vacants sur le marché.
La semaine dernière, j'ai signé avec les partenaires sociaux du 1 % logement réunis dans l'UESL et avec l'ANAH une convention pour remettre en location, en cinq ans, 70 000 logements vacants réhabilités, à des conditions de loyer maîtrisé, social ou très social.
De plus, la mise en place de la garantie universelle des risques locatifs, la GRL, va conduire à sécuriser la relation entre bailleurs et locataires, et donc favorisera la remise en location des logements vacants. J'attache une grande importance au développement de la GRL et j'espère que l'UNPI prendra toute sa part pour la faire connaître et la diffuser auprès des propriétaires privés.
La convention que je vais maintenant signer avec l'UNPI participe de la même intention, celle de réduire le parc des logements vacants, grâce à la solution de l'usufruit locatif social qui consiste pour un propriétaire privé à donner son logement en gestion pendant 15 ans à un organisme HLM.
Monsieur le Président PERRIN, vous m'avez promis que plusieurs dizaines de milliers de logements viendraient ainsi enrichir le parc de logements sociaux, je m'en félicite, et vous dis chiche !
Nous aurons vous et moi à convaincre aussi les organismes HLM de s'engager pleinement dans cette formule innovante de l'usufruit locatif social. Nous n'y arriverons évidemment que si le mouvement HLM perçoit, à travers cette formule, une véritable solution pour augmenter le parc des logements sociaux. Mais si nous présentons la formule de l'usufruit locatif social comme un moyen destiné à faciliter et à accélérer la vente des logements HLM, je crains fort que cette formule ne connaisse au mieux qu'un succès d'estime !
C'est pourquoi, Monsieur le Président, je crois utile, sur ce sujet très précis, que l'UNPI infléchisse légèrement l'analyse provocante figurant dans son dernier Livre blanc ! Je m'empresse évidemment de vous confirmer tout l'intérêt que je porte par ailleurs à ce Livre blanc et aux suggestions souvent intéressantes qu'il contient.
Je ne souhaite pas vendre 40 000 logements HLM par an à leurs locataires au nom de je ne sais quelle idéologie. Je veux d'abord rétablir davantage de fluidité dans le parc social, ensuite je veux accroître les moyens des organismes HLM pour favoriser la construction de nouveaux logements sociaux, sans réduire parallèlement les aides de l'Etat, enfin je veux offrir aux personnes modestes qui habitent depuis longtemps dans le parc HLM la possibilité de bénéficier de la sécurité que procure la propriété de son logement.
Mesdames et Messieurs,
Le Chantier national du logement a pour but de remettre en mouvement toute la chaîne du logement, cette chaîne de solidarité qui va de la personne sans domicile jusqu'au cadre supérieur qui profite parfois de plusieurs résidences.
Je veux que cesse ce scandale qui fait qu'aujourd'hui des hommes, des femmes et des enfants de notre pays ne sont pas logés. Je n'accepte pas la situation actuelle où près d'une personne sur deux accueillie en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), où environ une personne sur cinq accueillie en centre d'hébergement d'urgence (CHU) est en fait un « travailleur pauvre ».
Pour mettre fin à ce scandale, nous avons besoin de l'engagement de tous, et notamment des propriétaires privés, que j'aime et que j'apprécie, car je sais qu'ils peuvent être aussi généreux, bien loin des caricatures faites trop souvent à leur endroit et que je déplore profondément.
Je suis le ministre du logement et de la ville, pas seulement le ministre du logement social. Je suis le ministre de tous les logements, le garant de la solidité de l'ensemble de la chaîne du logement.
La solidité d'une chaîne se mesure à la force de son maillon le plus faible.
En signant aujourd'hui cette convention avec l'UNPI sur le développement de l'usufruit locatif social, je sais que je renforce le chaînon du logement locatif à loyer accessible.
Collectivement, les propriétaires ont naturellement un rôle majeur à jouer dans cette chaîne du logement. Je souhaite que le parc privé contribue au logement des plus fragiles d'entre nous, et donc à la mise en oeuvre du droit au logement opposable (DALO), mais aussi au logement des classes moyennes.
L'Union Nationale de la Propriété Immobilière est de longue date un intermédiaire incontournable pour l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques du logement. Présente dans tous les domaines relatifs à l'habitat privé (location, accession, copropriété), elle bénéficie d'une implantation impressionnante sur l'ensemble du territoire.
Je tiens donc, au nom du Gouvernement, à délivrer un message de confiance aux propriétaires privés. Nous soutiendrons les démarches liées à la propriété privée.
Il y a très exactement deux ans, dans une interview accordée au journal l'Expansion, le 28 septembre 2005, vous déploriez, Monsieur le Président, je vous cite, que « depuis plus de cinquante ans (...) les gouvernements successifs annoncent la crise et empilent les lois pour tenter de l'enrayer, mais personne n'a vraiment pris le taureau par les cornes ».
Je souhaite aujourd'hui vous avoir convaincue du contraire.
Je vous remercie.
Source http://www.reunions-de-chantier.org, le 28 septembre 2007