Déclaration de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, sur la mission du laboratoire du CERF pour le développement de la filière canne à sucre, l'innovation technologique pour cette culture et la création de zones franches globales d'activité, Saint-Denis le 4 octobre 2007.

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Circonstance : Déplacement dans l'Ile de La Réunion des 4 et 5 octobre 2007-inauguration du laboratoire du CERF (Centre d'Essai de Recherche et de Formation) à Saint-Denis le 4

Texte intégral

Monsieur le Préfet de la Région de La Réunion,
Monsieur le Député Maire de Saint Denis
Monsieur Jean-François MOSER, Président du CERF,
Monsieur Bernard SIEGMUND, Directeur du CERF,

C'est pour moi un grand plaisir d'inaugurer aujourd'hui ce laboratoire du Centre d'Essai de Recherche et de formation qui traduit l'engagement résolu de La Réunion dans l'avenir.
C'est également un honneur car ici même, le jeudi 15 Février 2007, Nicolas SARKOZY, alors Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire, avait procédé à la pose de la première pierre de ce nouveau laboratoire du Service Process Sucrier baptisé Emile HUGOT. Avec un tel parrain, comment ne pas croire à une destinée prestigieuse pour le CERF ?
Je veux avant tout remercier et encourager les hommes et le femmes de grande qualité qui ont contribué à la mise en place d'un tel outil, ici à La Réunion ; c'est une brique de plus dans l'avancée de notre chantier alliant développement économique et innovation technologique.
J'insisterai donc aujourd'hui sur ces deux points essentiels qui résument également cette double mission du CERF : l'outil de développement économique de la filière canne au service des planteurs et l'outil de développement de l'innovation technologique.
Premier point : L'Outil de développement économique
Le CERF est la démonstration concrète de l'avant-gardisme de La Réunion dans la maîtrise de son développement économique, et dans ce que l'on appelle maintenant le développement durable.
Depuis 1929, le CERF participe à l'accroissement de la production, à la rentabilité et à la pérennité de la filière canne-sucre à la Réunion. L'enjeu majeur à l'époque, et qui anime toujours le CERF, était d'augmenter les rendements des plantations, tout en préservant cette ressource des multiples maladies qui la menacent.
Ces défis ont été relevés de manière volontariste par ce laboratoire et avec des résultats probants :
Les rendements à l'hectare ont été multipliés par deux dans les cinquante dernières années, passant de 4 à 8 tonnes de sucre.
Certaines maladies particulièrement dévastatrices, ou préoccupantes, comme la mosaïque, ont disparu ou n'ont plus qu'une incidence insignifiante dans les plantations.
Ces résultats n'auraient pu être acquis sans une politique active de sélection de nouvelles variétés de canne, plus productives et plus résistantes.
La situation sanitaire des champs de canne réunionnais est aujourd'hui excellente mais ne peut être considérée comme acquise à titre définitif. C'est essentiellement grâce à la vigilance du CERF, grâce à la veille variétale permanente qu'il assure, qu'elle pourra perdurer.
Il a déjà permis à La Réunion d' intégrer et de mettre en oeuvre avant tout le monde, le principe d'anticipation, pour mieux prévenir une crise sanitaire qui serait fatale à ce secteur agricole et industriel vital pour son économie. C'est une démarche exemplaire dont vous pouvez être fiers et dont je me réjouis avec vous.
Deuxième point : L'Outil de développement de l'innovation technologique
La création variétale menée par le CERF a mis l'île à l'abri des dommages dus aux maladies et a donc participé, comme je viens de le rappeler, à l'augmentation de la productivité.
Cette réussite est avant tout le fruit d'une démarche novatrice impulsée en 1929 : la recherche technologique.
A ce titre, je souligne tout particulièrement la clairvoyance des premiers président et directeur de ce qui s'appelait à l'époque « la station d'essais ».
Clairvoyance, d'avoir misé sur la sélection des variétés en testant des millions d'échantillons.
Clairvoyance, d'avoir su, avant tout le monde, que l'addition des talents et des compétences était plus prometteuse que la compétition entre laboratoires.

Ainsi, ce qui est le plus frappant, c'est de considérer que dès cette époque, avec 76 ans d'avance, on trouve déjà l'application des grands principes directeurs des pôles de compétitivité :

  • l'association d'entreprises, de centres de recherche et d'organismes de formation,
  • engagés dans une stratégie commune de développement,
  • destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d'un marché donné.

En liaison avec les planteurs et d'autres laboratoires de recherche français comme le service pathologique du CIRAD, ou étrangers, le CERF a su s'imposer comme une référence d'excellence mondiale, et exporter son savoir-faire.
Et si de nombreux pays étrangers considèrent que l'excellente situation sanitaire des champs de canne de La Réunion est plutôt enviable, rien n'est du au hasard.
C'est donc tout naturellement que le CERF est l'un des partenaires du pôle de compétitivité agro-nutrition en milieu tropical QUALITROPIC.
C'est aussi pour cela que le CERF sollicite des instituts étrangers situés dans des pays contaminés ; pour tester toutes les variétés diffusées à la Réunion vis à vis des maladies étrangères les plus dommageables, de façon à gérer au mieux tout scénario de crise.
Et même s'il n'est pas exclu que certaines maladies existantes resurgissent, la disponibilité permanente de nombreuses variétés quasi-commerciales dans le catalogue du CERF doit permettre de contrôler et d'éviter, comme par le passé, des épidémies perdurant plusieurs années.
Le CERF est donc exemplaire à plus d'un titre. C'est incontestablement un acteur essentiel concourrant à la compétitivité de La Réunion, et qui s'est engagé à l'avance, sur le chemin du développement économique.
L'inauguration de ce nouveau laboratoire honore la mémoire de tous ceux qui ont contribué, depuis 78 ans, à forger cette excellence reconnue mondialement. Il constitue également la fierté de son équipe actuelle, et je demande à Monsieur Moser, président du CERF, et à Monsieur SIEGMUND, son directeur d'être, en ce jour solennel, mes interprètes auprès de tous les personnels du CERF, pour leur adresser mes plus vives félicitations, car vous le savez bien, ce sont eux la première force du progrès !
Je ne pourrai terminer cette intervention sans évoquer deux dossiers importants concernant la filière sucre : le protocole sucre et les zones franches globales d'activité.
Concernant le protocole sucre, le Gouvernement français a demandé jusqu'au bout son maintien. Il a été le seul Etat membre a exprimer son opposition à sa dénonciation la semaine dernière, sachant que sa remise en cause serait préjudiciable tant pour les DOM que pour les pays ACP.
Le Gouvernement s'attache maintenant à la consolidation de la protection et du développement des marchés locaux des DOM et à conforter les contreparties à la dénonciation du protocole SUCRE.
Des engagements ont été obtenus de la Commission à cet effet sur le prix minimum, les mesures de sauvegarde et pour une revue du POSEI en 2009 pour tenir compte de la situation du secteur.
L'objectif de l'Etat reste la prise en compte des préoccupations exprimées et la mise en place au niveau européen de solutions acceptables pour notre Outre-mer, ainsi que la cohérence avec l'OCM SUCRE en assurant la stabilité jusqu'en 2015.
Concernant les zones franches globales d'activité, je rappelle que l'objectif du projet présidentiel est de créer les conditions d'un progrès durable et spécifique à chaque département d'outre-mer, adapté à leur contexte local et régional. L'environnement régional des départements d'outre-mer ne doit plus être considéré comme un risque mais comme une réelle opportunité
Je m'emploie donc à mettre en place les conditions d'un nouvel élan pour accroître la compétitivité des territoires et des entreprises d'outre-mer. Il s'agit donc de viser à l'excellence et à l'égalité des chances selon des solutions adaptées à chaque département.
La mise en oeuvre de zones franches globales d'activité est la mesure phare du programme présidentiel. Il cible prioritairement le développement de plusieurs secteurs choisis en fonction de leur potentiel de croissance et de création d'emplois.
Ces zones franches globales d'activité prévoiront deux niveaux d'aides.
En effet, à un taux de base des mesures d'aides, qui concernera l'essentiel des secteurs économiques dont celui de la filière canne sucre, (tous ceux éligible à la Loi d'Orientation et de Programmation de l' Outre-mer de 2003), sera ajoutée une majoration en faveur des secteurs jugés stratégiques ainsi qu'au profit des zones géographiques avec des handicaps structurels. Les 3 ou 4 secteurs retenus comme prioritaires seront déterminés par les acteurs locaux.
En guise de conclusion, laissez-moi vous faire partager une conviction simple : notre pays est un « grand » pays. Il recèle une énergie formidable, une volonté de créer, une volonté d'avancer. Vous en êtes un formidable exemple et je continuerai de vous accompagner dans cette volonté ! Nous continuerons ensemble à libérer les énergies !

Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 5 octobre 2007