Déclaration de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, sur le développement des énergies renouvelables dans l'Ile de La Réunion, Saint-André le 4 octobre 2007.

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Circonstance : Déplacement dans l'Ile de la Réunion les 4 et 5 octobre 2007

Texte intégral

A l'heure où les préoccupations de préservation de l'environnement doivent déterminer l'orientation de nos actions futures en tout domaine, l'énergie est un axe essentiel pour le développement des territoires d'outre-mer.

L'énergie répartie de ces problématiques d'autant plus aiguës à résoudre, que le caractère insulaire de la majorité des territoires d'outre-mer réduit l'éventail des solutions possibles qui ne peuvent être mutualisées. A la Réunion, les possibilités d'interconnexion avec d'autres réseaux électriques sont réduites. C'est donc en interne qu'il faut développer des systèmes de production énergétique, aptes à répondre à un triple impératif :

  • une croissance de la demande en électricité quatre fois supérieure à celle de métropole ;
  • une sécurisation de la production d'électricité ;
  • une limitation des émissions de gaz à effet de serre propre à la combustion de toute matière fossile.

De plus, il faut se préparer dès maintenant à une raréfaction des ressources en pétrole, prévue d'ici 2030 - 2040.
Enfin, le coût du baril de pétrole est durablement élevé, du fait des tensions croissantes sur le marché international. Ceci favorise la rentabilité économique de nouvelles énergies.
Il est évident qu'un seul mode d'énergies renouvelables ne suffira pas à remplacer le pétrole. C'est la raison pour laquelle plusieurs modes de production d'énergie doivent être testés puis mis en oeuvre. En ce sens, les énergies renouvelables ne peuvent être en compétition l'une par rapport à l'autre mais seront bien complémentaires.
S'inscrire dès maintenant dans une démarche de développement des énergies renouvelables, c'est s'inscrire dans une voie d'avenir, qui peut permettre la conquête de nouveaux marchés économiques. C'est-à-dire des emplois et de la création de richesses.
Sur ce domaine des énergies renouvelables, l'île de la Réunion possède des atouts importants. Elle peut bénéficier d'un large panel de solutions telles que l'hydroélectricité, l'éolien, le solaire, la géothermie, et l'énergie thermique des mers. Elle peut compter sur le dynamisme de ses industriels, et sur un potentiel de recherche non négligeable.
Ainsi, 13,5 % de la consommation énergétique totale de la Réunion sont assurées par des énergies renouvelables. C'est ce constat que je vous propose d'améliorer. Pour montrer au monde entier que cet engagement de la Réunion en faveur de la maîtrise de son environnement, et pour en faire une vitrine technologique incontournable. Ce savoir-faire réunionnais à vocation à s'exporter dans tous les milieux insulaires ou non interconnectés.
Il faut donc être créatif, être inventif, et savoir profiter de toutes les opportunités pour développer ces énergies renouvelables.
La sucrerie de Bois Rouge est particulièrement exemplaire sur ce sujet. Étant confrontée à la nécessité du remplacement de sa chaufferie, une solution novatrice a été mise en oeuvre. L'idée était de valoriser les 30 % de résidu du procédé de traitement de la canne à sucre.
C'est ainsi qu'a été conçu la chaudière bi-combustible où les 228 000 tonnes de bagasse sont utilisées pour la production de vapeur, utilisée pour les besoins de la sucrerie et la production d'électricité.
Dès 1991, la sucrerie de Bois Rouge était une pionnière en matière de valorisation des déchets et d'énergies renouvelables. Cette production d'électricité réalisée à partir d'installations mixtes fuel bagasse ou charbon bagasse a représenté, en 2006, 36 % de la production électrique totale de l'île. Je tiens à remercier tout particulièrement le président directeur général Jean-François MOSER de cet engagement, et de la poursuite de cet effort en faveur de la préservation de l'environnement de la Réunion.
J'aurais également l'occasion de voir demain la ferme éolienne de St Rose, ainsi que la centrale hydraulique d'EDF.
Là encore, ces réalisations démontrent l'engagement fort de la Réunion en faveur d'énergies substitutives au pétrole.
S' agissant de l'éolien, une étude menée en 2002 et 2003, a conclu à l'existence d'un potentiel de 100 mégawatts de production d'électricité. Ce potentiel représente un peu plus du sixième de la puissance électrique totale installée à la Réunion.
Ce gisement offre donc des perspectives de développement qui, avec les progrès technologiques constants sur les aérogénérateurs en termes de rendement et de rayonnement sonore, demeurent très ouvertes.
Plus globalement, je sais que, consciente de la nécessité si de développer de nouveaux modes de production d'énergies renouvelables, la Réunion a travaillé activement sur un dossier de pôle de compétitivité. L'association TEMERGIE présidée par M. Michel DIJOUX, porteur de ce projet, doit prendre sa décision pour définir le pôle avec lequel elle va travailler. Je souhaite que cette décision puisse désormais être prise rapidement.
Il faut gagner du temps sur la recherche et s'assurer d'une meilleure position pour vendre ensuite le savoir-faire acquis.
L'Etat participe à la maîtrise de la demande en énergie et du développement des énergies renouvelables par l'application de diverses mesures, prévoyant des systèmes d'aide directe ou une défiscalisation des investissements. Il contribue également, par une politique de tarifs de rachat de l'électricité par EDF, à assurer la rentabilité des entreprises.
En Outre-mer ceci est également renforcé par la péréquation des tarifs d'électricité, permise grâce au prélèvement d'une taxe sur tous les abonnés de métropole.
La loi d'orientation pour l'outre-mer confère à la région REUNION, une compétence en matière de maîtrise de la demande en énergie et de développement des énergies renouvelables. Mais par-delà cette compétence, c'est toute la population de la Réunion qui doit se sentir directement concernée.
Le développement des énergies renouvelables ne répond pas seulement un enjeu environnemental. L'apport de ces énergies à la diversification et à la sécurité d'approvisionnement en énergie ou en matière première, les enjeux industriels qui s'y rattachent, et la création d'emplois qu'elles impliquent, en font un facteur de développement durable majeur.
La loi de programmation fixant les orientations de la politique énergétique du 13 juillet 2005 a conforté la place importante des énergies renouvelables dans bouquet énergétique français.
Un tel engagement en faveur de ces énergies contribue à satisfaire nos engagements internationaux de réduction de gaz à effet de serre.
La Réunion a la chance de se situer à proximité d'un bassin économique de premier ordre. Je soutiendrai tous ses efforts pour qu'elle s'affirme comme un leader technologique en matière d'énergies renouvelables.

Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 5 octobre 2007