Texte intégral
Votre Majesté,
C'est pour moi un grand honneur de rendre ce soir hommage à votre action en faveur des droits de l'enfant. C'est aussi un plaisir de partager ce moment d'émotion avec vous et avec les éminentes personnalités qui nous entourent. C'est surtout une occasion salutaire de m'arrêter quelques instants sur la cause pour laquelle vous vous battez avec tant de grâce, de succès et de talent.
De toutes les victimes des injustices humaines, les enfants sont les plus faibles, les moins capables de se défendre. Pour cela au moins, les crimes qui les visent sont évidemment les plus odieux.
Mais ces crimes sont aussi les plus graves : maltraiter un enfant, c'est s'attaquer à bien plus qu'à un être humain, c'est s'attaquer à l'avenir. C'est nourrir la misère et la haine, entretenir le désespoir et cultiver la violence.
Votre majesté, en cette ville qui a tant vu de malheur et de barbarie, le Prix Quadriga qui nous réunit en ce jour anniversaire de la réunification allemande est un message à l'avenir, un acte de foi pour les générations futures.
Donner à tous les enfants la possibilité de grandir aimés et protégés contre l'exploitation, faire en sorte qu'ils deviennent des hommes et des femmes libres, c'est donner au combat pour la dignité humaine son meilleur gage d'espérance.
En disant cela, Votre Majesté, je ne parle pas d'une vérité abstraite, d'une idée vague et généreuse.
Je parle d'une réalité écrasante, étouffante même pour tous ceux qui comme vous, comme moi, ont rencontré la douleur des enfants et lu dans leur regard l'absurdité du monde.
Je parle du quotidien des milliers d'hommes et de femmes que nous honorons aujourd'hui à travers votre action.
Je parle de leur combat, de leur détermination, de leurs doutes aussi.
Je parle de notre devoir de les aider, et d'aider à travers eux tous les enfants qui souffrent à travers le monde.
Nous connaissons les chiffres : deux millions d'enfants sont aujourd'hui victimes d'insoutenables trafics. Aux malheurs vieux comme le monde - la violence, la misère, le viol, l'exploitation et l'ignorance - s'ajoutent de modernes gangrènes : le tourisme sexuel, bien sûr, et Internet avec ses prédateurs invisibles aux victimes pourtant bien réelles.
Ces maux ne frappent pas les seuls pays en développement : pas plus que les autres, les malheurs des enfants ne connaissent de frontière. Comme les autres, ils nous imposent un devoir d'ingérence, ou, pour reprendre le vocabulaire onusien, une "responsabilité de protéger" ces victimes si démunies.
C'est ce que vous avez affirmé par votre action déterminée au service de tant de causes.
Il m'est difficile, Votre Majesté, de résumer ici l'engagement multiple et infatigable qui est le vôtre. Il passe par les organisations internationales et s'incarne également dans des actions personnelles entreprises en Suède et dans le reste du monde. Il s'attaque à de nombreux fléaux et s'attache toujours aux victimes. Il repose sur un travail invisible et s'enorgueillit de succès essentiels.
Je pense au Fonds du Mariage royal, ainsi qu'au Fonds du Jubilée qui porte votre nom.
Je pense à votre rôle essentiel dans la naissance de la Fondation Mentor, créée en 1994 pour la prévention de l'usage de la drogue.
Je pense aussi à la création, en 1999, de la Fondation mondiale pour l'Enfance, pour améliorer les conditions de vie des enfants délaissés ou exploités, ceux qui sont les plus vulnérables à la consommation de drogues et à l'exploitation sexuelle.
Comme pour bien d'autres initiatives, je sais que le développement remarquable de ce réseau n'aurait pas été possible sans votre énergie, sans vos visites répétées sur le terrain, sans cet acharnement bienveillant qui vous a attiré tant de soutiens.
Par toutes ces actions, votre Majesté, vous avez su incarner cet effort qui ne va pas toujours de soi : celui de sacrifier un peu de son confort et de ses certitudes à la rencontre de ceux qui souffrent. Et vous avez su entraîner avec vous un grand nombre d'énergies, acteurs publics et privés, institutions et citoyens.
Votre pays, qui s'honore d'une longue tradition de lutte en faveur des Droits de l'Homme a trouvé en vous le porte-flambeau exemplaire d'un combat qui nous concerne tous.
Car, pour que tous ces efforts aboutissent, nous savons qu'il est d'abord impératif de conjuguer les démarches de tous. C'est le symbole du quadrige qui nous réunit aujourd'hui : une exigence d'harmonie, d'unité et d'entraînement.
Comme les quatre chevaux de ce quadrige, vous avez su rassembler vers un objectif commun les acteurs nécessaires à une action ambitieuse : pouvoirs publics, Etats et collectivités locales ; organisations internationales ; ONG et aussi entreprises.
En témoigne la variété des partenariats menés par la Fondation mondiale pour l'Enfance : c'est la garantie de l'efficacité, seul critère quand il s'agit de soigner la souffrance des gens.
Votre Majesté, au moment où vous est remis ce Prix Quadriga qui, je le disais, se veut porteur d'espoir dans ces temps de fracas, je pense aux enfants qui vous doivent tant, mais aussi à ceux qui souffrent encore dans leur chair et dans leur âme et qui appellent au secours.
Nous savons, ils savent qu'ils peuvent compter sur ces qualités, le coeur, la clarté, la force de persuasion, le charme enfin, qui vous ont permis d'être entendue dans le monde, comme elles vous ont gagné le respect et l'affection des Suédois. Je forme le voeu que ce prix Quadriga donne une résonance nouvelle à votre action déjà si éclatante.
Au nom de tous les enfants que vous avez aidés à sortir de l'enfer, au nom de tous ceux que vous aiderez demain, au nom de tous les volontaires qui oeuvrent avec vous et grâce à vous à cette noble tâche, au nom de tous les défenseurs des Droits de l'Homme, au nom de nos amis Allemands qui nous accueillent ici à Berlin, je vous remercie du fond du coeur.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2007
C'est pour moi un grand honneur de rendre ce soir hommage à votre action en faveur des droits de l'enfant. C'est aussi un plaisir de partager ce moment d'émotion avec vous et avec les éminentes personnalités qui nous entourent. C'est surtout une occasion salutaire de m'arrêter quelques instants sur la cause pour laquelle vous vous battez avec tant de grâce, de succès et de talent.
De toutes les victimes des injustices humaines, les enfants sont les plus faibles, les moins capables de se défendre. Pour cela au moins, les crimes qui les visent sont évidemment les plus odieux.
Mais ces crimes sont aussi les plus graves : maltraiter un enfant, c'est s'attaquer à bien plus qu'à un être humain, c'est s'attaquer à l'avenir. C'est nourrir la misère et la haine, entretenir le désespoir et cultiver la violence.
Votre majesté, en cette ville qui a tant vu de malheur et de barbarie, le Prix Quadriga qui nous réunit en ce jour anniversaire de la réunification allemande est un message à l'avenir, un acte de foi pour les générations futures.
Donner à tous les enfants la possibilité de grandir aimés et protégés contre l'exploitation, faire en sorte qu'ils deviennent des hommes et des femmes libres, c'est donner au combat pour la dignité humaine son meilleur gage d'espérance.
En disant cela, Votre Majesté, je ne parle pas d'une vérité abstraite, d'une idée vague et généreuse.
Je parle d'une réalité écrasante, étouffante même pour tous ceux qui comme vous, comme moi, ont rencontré la douleur des enfants et lu dans leur regard l'absurdité du monde.
Je parle du quotidien des milliers d'hommes et de femmes que nous honorons aujourd'hui à travers votre action.
Je parle de leur combat, de leur détermination, de leurs doutes aussi.
Je parle de notre devoir de les aider, et d'aider à travers eux tous les enfants qui souffrent à travers le monde.
Nous connaissons les chiffres : deux millions d'enfants sont aujourd'hui victimes d'insoutenables trafics. Aux malheurs vieux comme le monde - la violence, la misère, le viol, l'exploitation et l'ignorance - s'ajoutent de modernes gangrènes : le tourisme sexuel, bien sûr, et Internet avec ses prédateurs invisibles aux victimes pourtant bien réelles.
Ces maux ne frappent pas les seuls pays en développement : pas plus que les autres, les malheurs des enfants ne connaissent de frontière. Comme les autres, ils nous imposent un devoir d'ingérence, ou, pour reprendre le vocabulaire onusien, une "responsabilité de protéger" ces victimes si démunies.
C'est ce que vous avez affirmé par votre action déterminée au service de tant de causes.
Il m'est difficile, Votre Majesté, de résumer ici l'engagement multiple et infatigable qui est le vôtre. Il passe par les organisations internationales et s'incarne également dans des actions personnelles entreprises en Suède et dans le reste du monde. Il s'attaque à de nombreux fléaux et s'attache toujours aux victimes. Il repose sur un travail invisible et s'enorgueillit de succès essentiels.
Je pense au Fonds du Mariage royal, ainsi qu'au Fonds du Jubilée qui porte votre nom.
Je pense à votre rôle essentiel dans la naissance de la Fondation Mentor, créée en 1994 pour la prévention de l'usage de la drogue.
Je pense aussi à la création, en 1999, de la Fondation mondiale pour l'Enfance, pour améliorer les conditions de vie des enfants délaissés ou exploités, ceux qui sont les plus vulnérables à la consommation de drogues et à l'exploitation sexuelle.
Comme pour bien d'autres initiatives, je sais que le développement remarquable de ce réseau n'aurait pas été possible sans votre énergie, sans vos visites répétées sur le terrain, sans cet acharnement bienveillant qui vous a attiré tant de soutiens.
Par toutes ces actions, votre Majesté, vous avez su incarner cet effort qui ne va pas toujours de soi : celui de sacrifier un peu de son confort et de ses certitudes à la rencontre de ceux qui souffrent. Et vous avez su entraîner avec vous un grand nombre d'énergies, acteurs publics et privés, institutions et citoyens.
Votre pays, qui s'honore d'une longue tradition de lutte en faveur des Droits de l'Homme a trouvé en vous le porte-flambeau exemplaire d'un combat qui nous concerne tous.
Car, pour que tous ces efforts aboutissent, nous savons qu'il est d'abord impératif de conjuguer les démarches de tous. C'est le symbole du quadrige qui nous réunit aujourd'hui : une exigence d'harmonie, d'unité et d'entraînement.
Comme les quatre chevaux de ce quadrige, vous avez su rassembler vers un objectif commun les acteurs nécessaires à une action ambitieuse : pouvoirs publics, Etats et collectivités locales ; organisations internationales ; ONG et aussi entreprises.
En témoigne la variété des partenariats menés par la Fondation mondiale pour l'Enfance : c'est la garantie de l'efficacité, seul critère quand il s'agit de soigner la souffrance des gens.
Votre Majesté, au moment où vous est remis ce Prix Quadriga qui, je le disais, se veut porteur d'espoir dans ces temps de fracas, je pense aux enfants qui vous doivent tant, mais aussi à ceux qui souffrent encore dans leur chair et dans leur âme et qui appellent au secours.
Nous savons, ils savent qu'ils peuvent compter sur ces qualités, le coeur, la clarté, la force de persuasion, le charme enfin, qui vous ont permis d'être entendue dans le monde, comme elles vous ont gagné le respect et l'affection des Suédois. Je forme le voeu que ce prix Quadriga donne une résonance nouvelle à votre action déjà si éclatante.
Au nom de tous les enfants que vous avez aidés à sortir de l'enfer, au nom de tous ceux que vous aiderez demain, au nom de tous les volontaires qui oeuvrent avec vous et grâce à vous à cette noble tâche, au nom de tous les défenseurs des Droits de l'Homme, au nom de nos amis Allemands qui nous accueillent ici à Berlin, je vous remercie du fond du coeur.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2007