Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes désolés de vous avoir fait attendre, la journée a été longue pour vous aussi j'en suis sûr, surtout pour certains d'entre vous qui nous ont suivi dans toutes nos étapes à commencer ce matin très tôt par le Sud et par la FINUL.
Je parle au nom de ces trois pays, trois grands pays européens, trois grands pays méditerranéens, l'Italie, l'Espagne et la France, et bien sûr vous pourrez nous interroger. Massimo d'Alema et Miguel Moratinos aussi prendront la parole.
Je voudrais faire brièvement une petite introduction.
Nous avons tous, tous les trois, une certaine habitude, une certaine fréquentation du Liban et du Moyen-Orient, mais du Liban particulièrement. Nous sommes tous sentimentalement, historiquement, politiquement liés au Liban. Nous avons tous fait plus de vingt voyages. J'ai personnellement passé des années ici, dans les pires périodes. Et nous sommes tous intéressés, Massimo, Miguel et moi, à ce que les périodes de difficultés cessent, disparaissent, ne soient plus devant les Libanais. Parce que les périodes de difficultés au Liban, ce sont des périodes très cruelles, des périodes d'affrontements, de destructions, de temps perdu. Après on reconstruit et puis il y a d'autres dangers qui reviennent. Et nous pensons, c'est pourquoi nous sommes là, que l'échéance qui n'est pas celle de demain, qui est reportée d'un mois ou au moins de 15 jours, cette échéance électorale, l'élection du président de la République, selon les règles constitutionnelles, selon les Accords de Taëf, la Constitution, tous les éléments politiques écrits de ce pays, cette élection doit être tenue à l'heure et doit être réfléchie, organisée et finalement devenir un succès, grâce aux Libanais seuls.
Ce sont les Libanais qui ont en mains leur sort. Et nous ne sommes là Miguel, Massimo et moi que pour aider les Libanais : si nous pouvons les aider, s'il y a un rôle à jouer par trois pays européens. Mais ces trois pays européens ont derrière eux tous les autres pays européens, en fait nous sommes 27 ici ; même si pour des raisons méditerranéennes et historiques, et sentimentales, nous sommes plus proches, l'Espagne, la France et l'Italie, du Liban.
Nous arrivons de la conférence de Lisbonne qui a vu l'adoption du traité simplifié, l'Europe est à nouveau en marche, et tous nos amis, tous les ministres des Affaires étrangères, tous les présidents et les Premiers ministres nous ont dit : "bonne chance pour votre voyage, nous sommes avec vous".
Nous avons commencé très brièvement, vous le savez, par le Sud et par l'affirmation, par la détermination à continuer notre soutien à l'action internationale, à l'action des Nations unies, à la FINUL. Et par rapport aux bruits qui courent sur les difficultés, nous sommes déterminés à continuer notre soutien, et même à l'amplifier s'il le faut. Nous ne sommes pas venus, comme certains bruits l'ont fait entendre, pour diminuer notre participation. Nous avons donc vu nos troupes, nos soldats, ceux qui représentent nos pays, loin de chez eux, et avec détermination et succès, ceux qui sont auprès de la population civile, qui ont une conscience politique très forte de la nécessité d'être aux côtés des Libanais. Cet après-midi, nous avons rencontré les trois ministres des Affaires étrangères, M. Nabih Berry, le président du Parlement, M. Siniora, le Premier ministre et le Patriarche, Sa Béatitude Mgr Sfeir. Puis ce soir, et c'est pour cela que nous vous avons fait attendre et pardonnez-nous, nous avons eu tous les responsables politiques de tous les grands partis qui étaient là, avec lesquels nous avons répété ce message, nous n'avons pas nous à choisir, nous ne sommes pas ici pour vous livrer des noms, nous sommes d'accord dès que vous aurez vous, un consensus, le mot est un peu à la fois faible et peut-être décrié, un accord entre vous pour que l'élection se passe au mieux et qu'il y ait un candidat, deux candidats, trois candidats devant le Parlement et que l'un soit élu.
Un président de la République, qui selon les termes de la Constitution, doit être un membre de la communauté maronite. Et après tout sera ouvert pour vous et nous souhaitons seulement que le Liban soit un pays indépendant, dans son intégralité territoriale, démocratique, membre de la communauté internationale. Pour cela on nous a demandé d'user de notre influence ici à l'intérieur du Liban bien sûr, pourquoi pas, auprès de nos amis, nous l'avons fait chacun, à notre tour et ensemble. Et c'est la première fois que trois ministres de trois pays importants visitent ensemble le Liban pour affirmer leur solidarité. Puis ils nous ont demandé également de faire entendre la voix de ce consensus à venir, de cet accord, je préfère ce mot, auprès d'un certain nombre de pays dans la communauté internationale, et nous y sommes déterminés. Voilà ce que nous avons fait. Nous sommes très fiers d'avoir fait cela, voulez-vous que je vous dise, moi qui ai été médecin dans ce Liban, depuis 1975, dans tous les camps, auprès de toutes les victimes.
Certains pensaient que jamais je ne serai à leurs côtés parce que j'étais conquis par un camp ou un autre. Je ne suis conquis par aucun camp, je suis conquis par le Liban. Hier soir j'ai dansé parce qu'il y avait un mariage à côté. Et tout à l'heure je vais aller voir les gens qui sont au Phoenicia, en attendant pour ne pas être assassinés, pour pouvoir voter. Je ne choisis pas le temps, je choisis le Liban. Et cela fait très longtemps, je sais, que les crises sont terribles ici et meurtrières. Et je connais tous ces gens que j'ai rencontrés depuis parfois trente ans. Voilà et mes amis, c'est pareil, et je leur passe la parole.
Q - (Inaudible)
R - Madame, je ne peux pas répondre à leur place. Nous avons eu tous les trois le sentiment que oui cela va mieux. Oui, tous, pas seulement les chrétiens, nous n'avons pas rencontré que les chrétiens, mais si vous parlez des chrétiens, en particulier chez eux, où la division n'est pas moindre qu'ailleurs, chez les chrétiens, il nous semble que par rapport à notre dernier séjour à tous, un mouvement de coordination, sinon d'acceptation commune est en train de se dessiner. Nous pouvons nous tromper complètement. Cela peut demain être dans l'autre sens. Mais ce soir oui, et aujourd'hui nous avons trouvé que la parole est changée, qu'elle était plus amène, que c'était plus facile, que l'on ne s'insulte pas. On ne s'insulte pas à la Résidence de France. Mais souvent à la télévision ici on s'est beaucoup insulté. Nous avons demandé lors de la réunion à Paris, à La Celle-Saint-Cloud, que l'on cesse de s'insulter à la télévision : c'est très dommageable dans ce pays. Ce soir ici nous avons eu le sentiment qu'il y avait plus de compréhension des positions et des uns et des autres. Oui, à la fin de cette journée nous n'avons eu, à part quelques exceptions, qu'un discours positif. Ils ne sont pas tous d'accord ; mais ils positivent leurs différences pour arriver à une solution ; eux-mêmes, pas nous. Nous sommes contents de les entendre.
Q - (Inaudible)
R - Madame, on peut toujours négativer les choses, nous, nous les positivons. Nous ne sommes pas complètement innocents par rapport au Liban. Et même nous ne sommes pas innocents du tout. Et nous savons très bien toutes les complexités des communautés, des religions et toutes les influences extérieures, y compris les méchants pays occidentaux. Si les Libanais veulent, si l'occasion leur en est donnée, il y aura de moins en moins d'influences extérieures. Pour cela, il ne faut pas accuser les autres, les autres ont des responsabilités, dans les meurtres, dans les assassinats, les autres ont des responsabilités, nous ne les ignorons pas. Mais la façon de lutter pour que cessent ces assassinats, c'est avant que les Libanais se mettent d'accord pour une élection. Cela changera tout, je ne dis pas que cela fera disparaître toutes les influences, surtout pas extérieures. Mais c'est la première fois à mon avis, moi qui connais un peu l'histoire du Liban, c'est la première fois que les Libanais eux-mêmes peuvent compter vraiment sur quelque chose de nouveau qu'ils feraient eux-mêmes, pas les autres, eux. S'ils s'entendent assez pour qu'il y ait deux, trois, quatre candidats et qu'ils les présentent devant le parlement, en s'étant, non pas mis d'accord sur le résultat, mais au moins, sur les personnalités, eh bien ce sera décisif pour le Liban. Cela ne va pas faire disparaître toutes les difficultés, mais cela va commencer à les faire disparaître, et le Liban jouera sa partition dans un concert international où il ne la joue pas du tout et il est, en effet, sous influence. Pour que les influences cessent, il faudrait d'abord que les Libanais ensemble décident de leur sort. Je ne dis pas que ce sera fini, mais cela commencera à être mieux.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 octobre 2007
Nous sommes désolés de vous avoir fait attendre, la journée a été longue pour vous aussi j'en suis sûr, surtout pour certains d'entre vous qui nous ont suivi dans toutes nos étapes à commencer ce matin très tôt par le Sud et par la FINUL.
Je parle au nom de ces trois pays, trois grands pays européens, trois grands pays méditerranéens, l'Italie, l'Espagne et la France, et bien sûr vous pourrez nous interroger. Massimo d'Alema et Miguel Moratinos aussi prendront la parole.
Je voudrais faire brièvement une petite introduction.
Nous avons tous, tous les trois, une certaine habitude, une certaine fréquentation du Liban et du Moyen-Orient, mais du Liban particulièrement. Nous sommes tous sentimentalement, historiquement, politiquement liés au Liban. Nous avons tous fait plus de vingt voyages. J'ai personnellement passé des années ici, dans les pires périodes. Et nous sommes tous intéressés, Massimo, Miguel et moi, à ce que les périodes de difficultés cessent, disparaissent, ne soient plus devant les Libanais. Parce que les périodes de difficultés au Liban, ce sont des périodes très cruelles, des périodes d'affrontements, de destructions, de temps perdu. Après on reconstruit et puis il y a d'autres dangers qui reviennent. Et nous pensons, c'est pourquoi nous sommes là, que l'échéance qui n'est pas celle de demain, qui est reportée d'un mois ou au moins de 15 jours, cette échéance électorale, l'élection du président de la République, selon les règles constitutionnelles, selon les Accords de Taëf, la Constitution, tous les éléments politiques écrits de ce pays, cette élection doit être tenue à l'heure et doit être réfléchie, organisée et finalement devenir un succès, grâce aux Libanais seuls.
Ce sont les Libanais qui ont en mains leur sort. Et nous ne sommes là Miguel, Massimo et moi que pour aider les Libanais : si nous pouvons les aider, s'il y a un rôle à jouer par trois pays européens. Mais ces trois pays européens ont derrière eux tous les autres pays européens, en fait nous sommes 27 ici ; même si pour des raisons méditerranéennes et historiques, et sentimentales, nous sommes plus proches, l'Espagne, la France et l'Italie, du Liban.
Nous arrivons de la conférence de Lisbonne qui a vu l'adoption du traité simplifié, l'Europe est à nouveau en marche, et tous nos amis, tous les ministres des Affaires étrangères, tous les présidents et les Premiers ministres nous ont dit : "bonne chance pour votre voyage, nous sommes avec vous".
Nous avons commencé très brièvement, vous le savez, par le Sud et par l'affirmation, par la détermination à continuer notre soutien à l'action internationale, à l'action des Nations unies, à la FINUL. Et par rapport aux bruits qui courent sur les difficultés, nous sommes déterminés à continuer notre soutien, et même à l'amplifier s'il le faut. Nous ne sommes pas venus, comme certains bruits l'ont fait entendre, pour diminuer notre participation. Nous avons donc vu nos troupes, nos soldats, ceux qui représentent nos pays, loin de chez eux, et avec détermination et succès, ceux qui sont auprès de la population civile, qui ont une conscience politique très forte de la nécessité d'être aux côtés des Libanais. Cet après-midi, nous avons rencontré les trois ministres des Affaires étrangères, M. Nabih Berry, le président du Parlement, M. Siniora, le Premier ministre et le Patriarche, Sa Béatitude Mgr Sfeir. Puis ce soir, et c'est pour cela que nous vous avons fait attendre et pardonnez-nous, nous avons eu tous les responsables politiques de tous les grands partis qui étaient là, avec lesquels nous avons répété ce message, nous n'avons pas nous à choisir, nous ne sommes pas ici pour vous livrer des noms, nous sommes d'accord dès que vous aurez vous, un consensus, le mot est un peu à la fois faible et peut-être décrié, un accord entre vous pour que l'élection se passe au mieux et qu'il y ait un candidat, deux candidats, trois candidats devant le Parlement et que l'un soit élu.
Un président de la République, qui selon les termes de la Constitution, doit être un membre de la communauté maronite. Et après tout sera ouvert pour vous et nous souhaitons seulement que le Liban soit un pays indépendant, dans son intégralité territoriale, démocratique, membre de la communauté internationale. Pour cela on nous a demandé d'user de notre influence ici à l'intérieur du Liban bien sûr, pourquoi pas, auprès de nos amis, nous l'avons fait chacun, à notre tour et ensemble. Et c'est la première fois que trois ministres de trois pays importants visitent ensemble le Liban pour affirmer leur solidarité. Puis ils nous ont demandé également de faire entendre la voix de ce consensus à venir, de cet accord, je préfère ce mot, auprès d'un certain nombre de pays dans la communauté internationale, et nous y sommes déterminés. Voilà ce que nous avons fait. Nous sommes très fiers d'avoir fait cela, voulez-vous que je vous dise, moi qui ai été médecin dans ce Liban, depuis 1975, dans tous les camps, auprès de toutes les victimes.
Certains pensaient que jamais je ne serai à leurs côtés parce que j'étais conquis par un camp ou un autre. Je ne suis conquis par aucun camp, je suis conquis par le Liban. Hier soir j'ai dansé parce qu'il y avait un mariage à côté. Et tout à l'heure je vais aller voir les gens qui sont au Phoenicia, en attendant pour ne pas être assassinés, pour pouvoir voter. Je ne choisis pas le temps, je choisis le Liban. Et cela fait très longtemps, je sais, que les crises sont terribles ici et meurtrières. Et je connais tous ces gens que j'ai rencontrés depuis parfois trente ans. Voilà et mes amis, c'est pareil, et je leur passe la parole.
Q - (Inaudible)
R - Madame, je ne peux pas répondre à leur place. Nous avons eu tous les trois le sentiment que oui cela va mieux. Oui, tous, pas seulement les chrétiens, nous n'avons pas rencontré que les chrétiens, mais si vous parlez des chrétiens, en particulier chez eux, où la division n'est pas moindre qu'ailleurs, chez les chrétiens, il nous semble que par rapport à notre dernier séjour à tous, un mouvement de coordination, sinon d'acceptation commune est en train de se dessiner. Nous pouvons nous tromper complètement. Cela peut demain être dans l'autre sens. Mais ce soir oui, et aujourd'hui nous avons trouvé que la parole est changée, qu'elle était plus amène, que c'était plus facile, que l'on ne s'insulte pas. On ne s'insulte pas à la Résidence de France. Mais souvent à la télévision ici on s'est beaucoup insulté. Nous avons demandé lors de la réunion à Paris, à La Celle-Saint-Cloud, que l'on cesse de s'insulter à la télévision : c'est très dommageable dans ce pays. Ce soir ici nous avons eu le sentiment qu'il y avait plus de compréhension des positions et des uns et des autres. Oui, à la fin de cette journée nous n'avons eu, à part quelques exceptions, qu'un discours positif. Ils ne sont pas tous d'accord ; mais ils positivent leurs différences pour arriver à une solution ; eux-mêmes, pas nous. Nous sommes contents de les entendre.
Q - (Inaudible)
R - Madame, on peut toujours négativer les choses, nous, nous les positivons. Nous ne sommes pas complètement innocents par rapport au Liban. Et même nous ne sommes pas innocents du tout. Et nous savons très bien toutes les complexités des communautés, des religions et toutes les influences extérieures, y compris les méchants pays occidentaux. Si les Libanais veulent, si l'occasion leur en est donnée, il y aura de moins en moins d'influences extérieures. Pour cela, il ne faut pas accuser les autres, les autres ont des responsabilités, dans les meurtres, dans les assassinats, les autres ont des responsabilités, nous ne les ignorons pas. Mais la façon de lutter pour que cessent ces assassinats, c'est avant que les Libanais se mettent d'accord pour une élection. Cela changera tout, je ne dis pas que cela fera disparaître toutes les influences, surtout pas extérieures. Mais c'est la première fois à mon avis, moi qui connais un peu l'histoire du Liban, c'est la première fois que les Libanais eux-mêmes peuvent compter vraiment sur quelque chose de nouveau qu'ils feraient eux-mêmes, pas les autres, eux. S'ils s'entendent assez pour qu'il y ait deux, trois, quatre candidats et qu'ils les présentent devant le parlement, en s'étant, non pas mis d'accord sur le résultat, mais au moins, sur les personnalités, eh bien ce sera décisif pour le Liban. Cela ne va pas faire disparaître toutes les difficultés, mais cela va commencer à les faire disparaître, et le Liban jouera sa partition dans un concert international où il ne la joue pas du tout et il est, en effet, sous influence. Pour que les influences cessent, il faudrait d'abord que les Libanais ensemble décident de leur sort. Je ne dis pas que ce sera fini, mais cela commencera à être mieux.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 octobre 2007