Texte intégral
Q - A quoi sert un Conseil des ministres franco-allemand ? A faire de la communication d'abord ?
R - Absolument pas. Cela sert essentiellement à échanger des points de vues, à les comparer et à être très concrets.
Aujourd'hui, le thème était celui de l'intégration et nous avons comparé les différentes expériences qui sont conduites, en France et en Allemagne.
Par ailleurs, cela sert aussi à évoquer certains grands dossiers industriels ou internationaux et à répertorier ce qui fonctionne et ce qui n'est pas au point.
Cela sert également à se dire les choses, entre Français et Allemands.
Enfin, cela sert aussi à renouveler les méthodes. Comme vous l'avez peut-être remarqué, nous avons tenté de le faire aujourd'hui avec plusieurs visites sur le terrain, de nombreux déplacements et certaines innovations. Nous avons par exemple entendu Bernard Kouchner "pousser la chansonnette" avec son homologue et de jeunes rappeurs turcs en Allemagne.
Q - C'est aussi de la communication notamment dans l'affichage d'une relation franco-allemande très cordiale. On avait parlé d'un agacement des Allemands face à la méthode Sarkozy, qu'en est-il ? Nous sommes passés à un nouveau style : avec Jacques Chirac, c'était "le baise-main" et Nicolas Sarkozy, " lui claque la bise ". Où en est-on ?
R - Je crois que c'est plus direct. Il y a un vrai dialogue, une vraie sincérité dans l'expression. On surestime parfois les difficultés dans les relations entre la France et l'Allemagne.
Il y a d'abord une relation historique. Nous sommes au lendemain du 11 novembre et vous savez que ce 11 novembre a été placé par le président de la République sous le signe de l'Europe. Il y a, pour nous, une charge historique. Le président de la République l'a rappelé, il tient à ce que la France et l'Allemagne s'entendent.
Par ailleurs, la relation entre la France et l'Allemagne est au coeur de l'Europe.
Objectivement, je crois vraiment que les relations sont bonnes et je citerai deux faits :
On dit toujours que c'est une grosse machine qui ne fonctionne pas, on veut mettre cela sous le signe d'une cordialité de bon aloi. Mais, il y a 5 mois, il n'y avait pas de Traité européen qui soit en mesure d'être signé.
C'est bien grâce à la France et à l'Allemagne, sous présidence allemande, sur une idée du président de la République, que ce Traité a été débloqué.
Q - Angela Merkel a-t-elle été difficile à convaincre ?
R - Il a fallu dialoguer, ce n'est jamais facile. C'est justement parce que ce n'est pas facile, parce que ce n'est pas évident qu'il faut soigner cette relation.
Comme je l'ai indiqué, au-delà de la dimension pratique qui a existé aujourd'hui, il y a un devoir historique de s'entendre entre la France et l'Allemagne.
Un autre exemple, c'est un dossier industriel, plutôt mal en point il y a quelques mois. Je veux parler d'EADS. Vous avez vu qu'entre Français et Allemands, même si ce n'était pas un dossier facile, avec des contentieux datant de plusieurs années, nous avons pu trouver un accord sur la gouvernance d'EADS. Je vous signale qu'hier, à Dubaï, Airbus a connu un succès commercial absolument fantastique avec le A350.
Q - Sur un autre dossier industriel en souffrance, Galileo, y a-t-il eu des décisions prises aujourd'hui ?
R - Je crois que de grands progrès ont été faits. Nous sommes déterminés à avancer. C'est un projet stratégique sur lequel la France et l'Allemagne sont tout à fait désireux d'aboutir. Ce qu'il faut dire, c'est que ce projet concerne l'observation par satellites et engage l'Europe.
Q - Pourquoi est-ce si long et compliqué à mettre en place ? C'est pourtant un projet qui devrait fédérer au contraire ?
R - C'est un projet qui doit fédérer, mais il y a des aspects financiers, des questions de partage de charges industrielles qui sont importants. Nous comprenons qu'il faille ajuster cela. Là aussi, Galileo est un projet qui a redémarré il y a 6 mois.
La Commission a fait une proposition il y a 3 mois : nous espérons bien conclure et obtenir un accord, d'ici à la fin de l'année.
Q - Cela montre également la relation compliquée parfois entre les pays de l'Europe et la Commission européenne. Un autre exemple, les aides apportées par la France aux pêcheurs. La Commission européenne a quelque peu tancé le gouvernement français en indiquant que ce ne sont pas des aides structurelles mais des aides financières qui sont illégales en Europe. Où en est le dossier ? Vous deviez négocier avec Bruxelles, avez-vous commencé ?
R - Michel Barnier en est chargé. Nous devons, en effet, avoir un dialogue et apporter toutes les précisions voulues à la Commission européenne pour voir ce qui relève ou ce qui peut être qualifié d'aides de la part de Bruxelles.
Ce que nous disons, c'est que ces aides sont temporaires, dans cette forme.
Q - C'est d'ailleurs ce que vous reproche Bruxelles ?
R - Oui, mais lorsque la situation est extrêmement difficile, dans un certain nombre de secteurs, il y a des possibilités de sauvegarde ou de mesures temporaires afin de calmer la situation.
Q - Quoiqu'il arrive, ces aides seront maintenues ? Pouvez-vous le garantir? Bruxelles peut-elle vous empêcher de les distribuer ?
R - Nous devons avoir un dialogue avec Bruxelles et, comme sur tous les autres dossiers, je suis convaincu que nous parviendrons à trouver une solution équilibrée et, c'est le plus important, qui permette que le dispositif soit viable.
Q - En tant que secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, sur ce huitième Conseil franco-allemand consacré à l'intégration, que peut-on apprendre de l'Allemagne sur cette question ?
R - Ce que l'on apprend de l'Allemagne, c'est que c'est un pays qui a une tradition plus récente que la nôtre en termes d'intégration. C'est un pays qui a une approche plutôt fondée sur la coexistence des communautés que sur l'intégration.
Nos interlocuteurs allemands étaient plutôt intéressés par nos expériences en matière d'intégration et par ce que l'on avait fait. Ce sont plutôt eux qui nous ont demandé comment s'y prendre.
Ce que nous avons appris, c'est comment ils utilisent les communautés dans un cadre d'intégration.
J'étais ce matin avec mon homologue allemand, M. Glöser, dans un centre de formation géré par une association turque. Cette association travaille au profit de migrants qui n'ont pas du tout de formation scolaire. Elle les aide à s'insérer, soit par la formation, soit par des stages ou des activités professionnelles dans le monde économique.
Ce sont des échanges qui sont tout à fait passionnants et intéressants, alors qu'au départ, nous n'avons pas les mêmes visions. Nous essayons de travailler ensemble, par exemple sur l'apprentissage de la langue dont chacun reconnaît, Français et Allemands, chacun avec une population immigrée importante, sans avoir la même culture d'origine, qu'il est un élément d'intégration tout à fait essentiel. Nous allons donc y travailler ensemble.
Q - Et sur l'immigration plus globalement, quelles sont les positions ? Y a-t-il un rapprochement ?
R - Il y a nécessité d'une approche commune, au niveau européen, sur l'immigration. Français et Allemands le reconnaissent. Nous devons essayer, entre Français et Allemands, mais plus largement au niveau européen, de conclure des accords avec les pays d'origine pour faciliter l'intégration des ces populations au sein de l'Union européenne.
Nous devons également faire en sorte qu'il y ait, au niveau européen, un plan global pour une approche équilibrée de l'immigration qui intègre et favorise le co-développement avec les pays d'origine. Il ne faut pas que certains régularisent massivement pendant que d'autres feraient le contraire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2007
R - Absolument pas. Cela sert essentiellement à échanger des points de vues, à les comparer et à être très concrets.
Aujourd'hui, le thème était celui de l'intégration et nous avons comparé les différentes expériences qui sont conduites, en France et en Allemagne.
Par ailleurs, cela sert aussi à évoquer certains grands dossiers industriels ou internationaux et à répertorier ce qui fonctionne et ce qui n'est pas au point.
Cela sert également à se dire les choses, entre Français et Allemands.
Enfin, cela sert aussi à renouveler les méthodes. Comme vous l'avez peut-être remarqué, nous avons tenté de le faire aujourd'hui avec plusieurs visites sur le terrain, de nombreux déplacements et certaines innovations. Nous avons par exemple entendu Bernard Kouchner "pousser la chansonnette" avec son homologue et de jeunes rappeurs turcs en Allemagne.
Q - C'est aussi de la communication notamment dans l'affichage d'une relation franco-allemande très cordiale. On avait parlé d'un agacement des Allemands face à la méthode Sarkozy, qu'en est-il ? Nous sommes passés à un nouveau style : avec Jacques Chirac, c'était "le baise-main" et Nicolas Sarkozy, " lui claque la bise ". Où en est-on ?
R - Je crois que c'est plus direct. Il y a un vrai dialogue, une vraie sincérité dans l'expression. On surestime parfois les difficultés dans les relations entre la France et l'Allemagne.
Il y a d'abord une relation historique. Nous sommes au lendemain du 11 novembre et vous savez que ce 11 novembre a été placé par le président de la République sous le signe de l'Europe. Il y a, pour nous, une charge historique. Le président de la République l'a rappelé, il tient à ce que la France et l'Allemagne s'entendent.
Par ailleurs, la relation entre la France et l'Allemagne est au coeur de l'Europe.
Objectivement, je crois vraiment que les relations sont bonnes et je citerai deux faits :
On dit toujours que c'est une grosse machine qui ne fonctionne pas, on veut mettre cela sous le signe d'une cordialité de bon aloi. Mais, il y a 5 mois, il n'y avait pas de Traité européen qui soit en mesure d'être signé.
C'est bien grâce à la France et à l'Allemagne, sous présidence allemande, sur une idée du président de la République, que ce Traité a été débloqué.
Q - Angela Merkel a-t-elle été difficile à convaincre ?
R - Il a fallu dialoguer, ce n'est jamais facile. C'est justement parce que ce n'est pas facile, parce que ce n'est pas évident qu'il faut soigner cette relation.
Comme je l'ai indiqué, au-delà de la dimension pratique qui a existé aujourd'hui, il y a un devoir historique de s'entendre entre la France et l'Allemagne.
Un autre exemple, c'est un dossier industriel, plutôt mal en point il y a quelques mois. Je veux parler d'EADS. Vous avez vu qu'entre Français et Allemands, même si ce n'était pas un dossier facile, avec des contentieux datant de plusieurs années, nous avons pu trouver un accord sur la gouvernance d'EADS. Je vous signale qu'hier, à Dubaï, Airbus a connu un succès commercial absolument fantastique avec le A350.
Q - Sur un autre dossier industriel en souffrance, Galileo, y a-t-il eu des décisions prises aujourd'hui ?
R - Je crois que de grands progrès ont été faits. Nous sommes déterminés à avancer. C'est un projet stratégique sur lequel la France et l'Allemagne sont tout à fait désireux d'aboutir. Ce qu'il faut dire, c'est que ce projet concerne l'observation par satellites et engage l'Europe.
Q - Pourquoi est-ce si long et compliqué à mettre en place ? C'est pourtant un projet qui devrait fédérer au contraire ?
R - C'est un projet qui doit fédérer, mais il y a des aspects financiers, des questions de partage de charges industrielles qui sont importants. Nous comprenons qu'il faille ajuster cela. Là aussi, Galileo est un projet qui a redémarré il y a 6 mois.
La Commission a fait une proposition il y a 3 mois : nous espérons bien conclure et obtenir un accord, d'ici à la fin de l'année.
Q - Cela montre également la relation compliquée parfois entre les pays de l'Europe et la Commission européenne. Un autre exemple, les aides apportées par la France aux pêcheurs. La Commission européenne a quelque peu tancé le gouvernement français en indiquant que ce ne sont pas des aides structurelles mais des aides financières qui sont illégales en Europe. Où en est le dossier ? Vous deviez négocier avec Bruxelles, avez-vous commencé ?
R - Michel Barnier en est chargé. Nous devons, en effet, avoir un dialogue et apporter toutes les précisions voulues à la Commission européenne pour voir ce qui relève ou ce qui peut être qualifié d'aides de la part de Bruxelles.
Ce que nous disons, c'est que ces aides sont temporaires, dans cette forme.
Q - C'est d'ailleurs ce que vous reproche Bruxelles ?
R - Oui, mais lorsque la situation est extrêmement difficile, dans un certain nombre de secteurs, il y a des possibilités de sauvegarde ou de mesures temporaires afin de calmer la situation.
Q - Quoiqu'il arrive, ces aides seront maintenues ? Pouvez-vous le garantir? Bruxelles peut-elle vous empêcher de les distribuer ?
R - Nous devons avoir un dialogue avec Bruxelles et, comme sur tous les autres dossiers, je suis convaincu que nous parviendrons à trouver une solution équilibrée et, c'est le plus important, qui permette que le dispositif soit viable.
Q - En tant que secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, sur ce huitième Conseil franco-allemand consacré à l'intégration, que peut-on apprendre de l'Allemagne sur cette question ?
R - Ce que l'on apprend de l'Allemagne, c'est que c'est un pays qui a une tradition plus récente que la nôtre en termes d'intégration. C'est un pays qui a une approche plutôt fondée sur la coexistence des communautés que sur l'intégration.
Nos interlocuteurs allemands étaient plutôt intéressés par nos expériences en matière d'intégration et par ce que l'on avait fait. Ce sont plutôt eux qui nous ont demandé comment s'y prendre.
Ce que nous avons appris, c'est comment ils utilisent les communautés dans un cadre d'intégration.
J'étais ce matin avec mon homologue allemand, M. Glöser, dans un centre de formation géré par une association turque. Cette association travaille au profit de migrants qui n'ont pas du tout de formation scolaire. Elle les aide à s'insérer, soit par la formation, soit par des stages ou des activités professionnelles dans le monde économique.
Ce sont des échanges qui sont tout à fait passionnants et intéressants, alors qu'au départ, nous n'avons pas les mêmes visions. Nous essayons de travailler ensemble, par exemple sur l'apprentissage de la langue dont chacun reconnaît, Français et Allemands, chacun avec une population immigrée importante, sans avoir la même culture d'origine, qu'il est un élément d'intégration tout à fait essentiel. Nous allons donc y travailler ensemble.
Q - Et sur l'immigration plus globalement, quelles sont les positions ? Y a-t-il un rapprochement ?
R - Il y a nécessité d'une approche commune, au niveau européen, sur l'immigration. Français et Allemands le reconnaissent. Nous devons essayer, entre Français et Allemands, mais plus largement au niveau européen, de conclure des accords avec les pays d'origine pour faciliter l'intégration des ces populations au sein de l'Union européenne.
Nous devons également faire en sorte qu'il y ait, au niveau européen, un plan global pour une approche équilibrée de l'immigration qui intègre et favorise le co-développement avec les pays d'origine. Il ne faut pas que certains régularisent massivement pendant que d'autres feraient le contraire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2007