Texte intégral
C. Barbier.- N. Sarkozy adresse un double message : radio, pour les otages des FARC en Colombie ; vidéo, pour le chef des ravisseurs. RFI relaye ces messages. A quoi cela peut-il servir ? Qu'est-ce que l'audiovisuel français, qu'est-ce que le président de la République française peut espérer ?
R.- Je crois que c'est un acte extrêmement fort de la part de N. Sarkozy. Je crois qu'on a tous été bouleversés par la vidéo représentant I. Betancourt extrêmement affaiblie, on a tous été touchés. On sait que N. Sarkozy est à fond, vraiment, dans cette volonté de sortir I. Betancourt et le maximum d'otages. Et je crois que sa façon de s'adresser directement aux FARC, certes, c'est un risque, mais c'est un homme qui aime prendre des risques, et je pense qu'il le mesure, et je crois que ce dialogue direct peut, peut-être, apporter une solution. En tout cas, je suis très fière, je dois dire, de cette initiative et de ce courage.
Q.- Est-ce que le Président et l'opinion ne sont pas manipulés par les FARC qui veulent simplement faire parler d'elles et essayer d'obtenir gain de cause ?
R.- C'est toujours très difficile évidemment, parce qu'il y a tout un jeu de poker menteur. C'est très complexe, on est beaucoup dans la manipulation. En même temps, peut-être aussi qu'on est à la fin de l'histoire, en tout cas il faut le souhaiter. Je crois que c'est une très longue captivité. Nous ne sommes pas loin de Noël actuellement, nous sommes à un moment évidemment très, très fort pour les familles. Il est possible que les FARC aient choisi ce moment pour jouer une carte, une carte ultime. Je ne sais pas exactement dans quelle intention. Mais en tout cas, ce qui est bien, c'est de la jouer aussitôt et de prendre tous les risques, et c'est ce que fait N. Sarkozy. Je trouve que c'est formidable.
Q.- La suite logique de ce message de N. Sarkozy n'est-ce pas d'aller en Colombie pour se prêter à cette médiation que lui demande le gouvernement colombien ?
R.- Cela, je ne sais pas ses intentions. Mais en tout cas, ce qu'on a vu déjà dans de très nombreuses affaires, c'est qu'il ne dérobe jamais. Donc...
Q.- Vous avez fait partie du voyage présidentiel en Algérie pour une partie du séjour. Pourquoi, hormis à Constantine, le dernier jour, l'accueil populaire a-t-il été si tiède, quel est le malaise ?
R.- La relation avec l'Algérie, on le sait, elle est passionnelle, elle est intense. Il y a toujours en même temps une émotion qui est présente, et qui peut l'être très, très vite.
Q.- N'y a-t-il pas un problème personnel avec "N. Sarkozy le ministre de l'Immigration, le ministre dur" ?
R.- Non, je ne pense pas, je ne pense pas. Je pense qu'on est, à la fois, dans les traces du passé, et en même temps, on est probablement aussi dans une normalisation. Et je crois qu'il y a ces deux mouvements à la fois, c'est-à-dire, qu'on est là aussi pour avoir des relations d'Etat à Etat, avec des contrats, avec des accords. J'ai moi-même signé d'ailleurs des accords par exemple sur le cinéma, l'audiovisuel. Et en même temps, il y a cette mémoire longue, il y a cette extrême sensibilité. Je crois qu'il y a ces deux mouvements à la fois. N. Sarkozy n'a pas fait la guerre d'Algérie, il avait sept ans à ce moment-là. Et donc, il a certainement une liberté certainement particulièrement grande. Mais bon, c'est compliqué, on le sent dans les contacts où il y a à la fois quelque chose de très, très affectif, et en même temps quelque chose de très attentif.
Q.- Si la mesure est votée aujourd'hui, 780.000 foyers modestes devront, à partir de janvier, payer une moitié de la redevance, soit 58 euros. N'est-ce pas injuste, et puis contradictoire à l'heure de la lutte pour le pouvoir d'achat ?
R.- C'est la suite d'une loi qui a été votée en 2004. Vous savez que la redevance c'était une usine à gaz : un millier des personnes mobilisées pour la relever. Donc, il a été décidé que le périmètre taxe d'habitation des exonérés serait le même que celui des exonérés de redevance. Et je rappelle que cela fait quand même 4 millions de foyers exonérés, dont, évidemment beaucoup de foyers de personnes âgées. Ce qui fait que les plus modestes étaient tout de même pris en compte, ainsi d'ailleurs que les handicapés et les infirmes. On est en train je crois actuellement de réfléchir pour peut-être donner un délai supplémentaire de façon à ce que les personnes qui se retrouvent à payer justement cette redevance alors qu'elles ne la payaient pas, finalement ne soient pas directement touchées. C'est en cours de discussion.
Q.- C'est en discussion, 74 députés UMP et Nouveau Centre tiennent à un amendement qui exonérerait au moins les plus âgés...
R.- Au moins la moitié.
Q.- Etes-vous prête à aller dans ce sens-là ?
R.- Nous sommes ouverts naturellement à cet amendement, parce que c'est vrai qu'il y a une difficulté, même si je le dis, 4 millions quand même de personnes sont aujourd'hui exonérées de taxe d'habitation et de redevance.
Q.- Vous compensez le manque à gagner pour l'audiovisuel public, parce que la redevance c'est pour l'audiovisuel public ?
R.- J'espère qu'E. Woerth compenserait dans ce cas-là le manque à gagner, en effet.
Q.- Vous avez refusé le regroupement des crédits de l'audiovisuel extérieur. Est-ce à dire que vous avez renoncé dans votre tête à regrouper sous une même holding, France 24, TV5-Monde et RFI ?
R.- Non, la vérité c'est qu'il y a une réforme qui est actuellement en cours, il y a donc un rapport qui a été coordonné par l'Elysée...
Q.- Remis vendredi normalement.
R.- Voilà... et auquel ont travaillé mes services, mon cabinet, les services de B. Kouchner, son cabinet, avec un certain nombre de pistes. Il faut maintenant que les décisions soient prises. Donc, ce que j'ai dit simplement c'est qu'à un moment où on va essayer de porter une réforme, qui va être une réforme à mon avis quand même sur le moyen terme, parce qu'il y a des entités, il y a des chaînes qui existent, il faut en effet voir comment les faire travailler davantage ensemble et en même temps de manière traumatisante, et pas non plus de manière traumatisante pour nos partenaires francophones qui font partie de TV5. Donc, je pense que c'est un mouvement à moyen terme...
Q.- Moyen terme, c'est quoi, c'est 2012, vous vous donnez le quinquennat ?
R.- Je pense que, peut-être, il pourrait y avoir une structure de préfiguration pendant quelques mois pour mettre en place cette holding, et après c'est un processus que je vois personnellement sur trois ans à peu près. Mais il faut quand même un certain temps. Et alors donc, c'était peut-être hâtif de prendre des mesures de regroupement alors même qu'on était dans la réflexion sur cette réforme.
Q.- Il y a une directive européenne qui s'appelle "Transfrontières", qui permet de libéraliser les marchés publicitaires et d'amener plus d'argent vers l'audiovisuel et vers les nouveaux médias. La France va-t-elle transposer cette directive vite ?
R.- C'est, en effet, une directive qui a été signée et qu'évidemment nous avons signée. Elle crée un cadre si vous voulez, un cadre nouveau, et c'est intéressant parce qu'on peut se poser de nouveau la question de : les grands équilibres effectivement financiers. Et d'ailleurs, j'ai ouvert, vous le savez, un chantier sur les relations producteurs-diffuseurs, et aussi un chantier sur la publicité, les financements et sur l'ensemble de l'audiovisuel public.
Q.- Donc, moyen terme, là aussi cela va prendre du temps ?
R.- Non, là, c'est plus court, je crois que c'est les six premiers mois 2008.
Q.- Le travail a repris à l'Opéra de Paris, mais les préavis de grève demeurent. Allez-vous prendre en main, en personne, les négociations ?
R.- Nous sommes vraiment...enfin, ce sont des négociations que nous avons suivies vraiment jour par jour. Elles sont en train... nous sommes vraiment dans la dernière, dernière, dernière phase. Hier, il y avait cinq grévistes à peu près à l'Opéra sur 1.600 personnes. Il y a les négociations bien sûr très largement commencées. Il restait des petits groupes de Sud. Je crois que les personnels se rendent compte en ce moment qu'il y a beaucoup, beaucoup de choses sur la table.
Q.- Le directeur dit : "Sud intimide justement les personnels". Vous ouvrez une enquête, vous portez plainte ?
R.- Je crois que, pour l'instant, non. Enfin, je veux dire, si nous sommes...si en effet tout reprend, ce que je souhaite, puisque maintenant les préavis sont en train d'être levés, il y a eu... Mais c'est vrai qu'il y a eu quand même 17 représentations annulées, c'était 3 millions d'euros de perte.
Q.- Qui va compenser, votre budget ? Là encore, vous allez lancer un appel à E. Woerth ?
R.- C'est ce que nous allons voir. Mais il va falloir effectivement compenser. Heureusement l'Opéra de Paris a tout de même des fonds propres. Mais enfin, c'est une énorme perte, et une perte considérable en termes de rayonnement, bien sûr. C'est toujours un vrai traumatisme. Mais actuellement, il y a beaucoup, beaucoup sur la table. Il est toujours difficile de sortir d'un mouvement comme cela, d'un mouvement long. Mais il y a beaucoup sur la table : sur les retraites complémentaires, sur les prises en compte de fins de carrière, il y a toute une série d'avancées. Il y a vraiment matière aujourd'hui à discuter, la plupart des salariés le savent.
Q.- Si cela échoue, les décrets seront signés avant de l'année, comme promis, ou souhaitez-vous pour l'Opéra et la Comédie Français, qui vous concernent, qu'on continue à discuter...
R.- Non.
Q.-...Ce ne sont pas d'énormes enjeux ?
R.- Il n'y a pas lieu de penser que ce mouvement, qui est en train quand même de se terminer, qui entre maintenant dans une phase de négociations actives, il n'y aucune raison de penser qu'il va y avoir échec et blocage complet aujourd'hui.
Q.- Pourquoi refusez-vous de lancer un "Grenelle de la Culture" comme le demandent nombre d'artistes, pour parler créations, pour parler budget, pour parler de tous les problèmes ?
R.- Parce que je pense qu'il faut en effet parler. Je suis prête à des entretiens, je suis prête à faire même un tour de France, région par région pour discuter avec les collectivités, avec tous les acteurs de : comment, quelle doit être l'action de l'Etat au fond partout sur le territoire, parce qu'on a besoin de cette remise en question-là, de cette clarification. Annoncer un Grenelle, cela me fait toujours très peur, parce que les Grenelle, cela veut souvent que l'on parle de pas grand-chose et qu'il faut tout mettre bas, et que...Voilà. Alors, que je crois que ce n'est pas le sujet de la Culture en France, ni même de l'audiovisuel. On est très riches, on a une offre culturelle qui est absolument énorme. Par contre, on a à redéfinir, à reporter, à redonner un sens à l'intervention de l'Etat. Et donc, ce n'est pas vraiment un Grenelle pour moi, c'est vraiment des entretiens, des discussions, et l'ouverture d'un grand mouvement de discussions et de précisions sur l'ensemble du territoire dans les mois qui viennent.
Q.- Pour le spectacle vivant, par exemple, dans les crédits de subventions, on stagnait. Vous vous tournez vers les collectivités locales pour qu'elles complètent ?
R.- Non, pas du tout, parce que nous sommes déjà en partenariat très étroit et très fort avec les collectivités. Non. Mais sur les crédits justement du spectacle vivant, où ils ont été effectivement consolidés, il faut voir. Je souhaiterais justement étudier, région par région, que devons-nous faire pour l'avenir ? Où est-ce le plus pertinent, comment apporter cette aide de l'Etat, faut-il continuer à compléter, je dirais des tours de table à hauteur de 2, 3 %, sans qu'il y ait un véritable sens à l'action de l'Etat ? Ou est-ce qu'on doit davantage se concentrer vers des institutions, vers des compagnies, des actions, qui rentrent plus dans nos objectifs ? C'est cela un peu la question qui se pose.
Q.- Le rapport Olivennes soulève de la colère dans les milieux d'Internet parce que c'est le monde de la gratuité, et le côté un peu policier sur les téléchargements fait réagir. Avez-vous pris de mauvaises pistes ?
R.- Non, je crois que ce sont des bonnes pistes. Je crois que la réussite, s'il a été quand même bien reçu, c'est justement parce qu'il y a d'un côté la volonté d'avoir une offre légale plus riche, et là, il y a beaucoup d'attente, il peut y avoir beaucoup de plus pour les internautes, je le redis - la suppression des droits technologiques, de ce qu'on appelle "les DRM", c'est très important. Et que, d'autre part, on n'est pas dans une réponse policière, on est dans une réponse qui va être pédagogique, et avec des sanctions quand même modérées, avec au maximum des suspensions d'abonnement. On n'est pas quand même dans quelque chose d'absolument terrible. Je crois que tout le monde peut adhérer à cette réforme.
Q.- Où serez-vous candidate aux municipales ?
R.- Je devais partir donc, on le sait, dans le 5ème, j'étais tout à fait prête. Pour l'instant, J. Tiberi a souhaité donc se représenter. Donc, à cette minute, je ne vais pas être candidate, je ne pense pas.
Q.- On dit que le conseiller du Président pour la Culture, G.- M. Benhamou, lorgne un peu votre siège pour l'après-municipales et le remaniement. Vous vous sentez menacée ?
R.- Ecoutez, je crois que... Vous savez, une semaine, je lis que X. Darcos veut s'emparer de mon siège, ce qu'il dément d'ailleurs tout à fait. Ensuite, c'est J.-M. Cavada, qui est déjà en train d'arriver avec ses valises. Alors maintenant, c'est Benhamou. Je ne sais pas qui ? Enfin, je veux dire, chaque semaine, il y a à peu près une rumeur. Bon, voilà. Je trouve que cela veut dire que le ministère de la Culture est très convoité. Et puis voilà. Je prends les choses avec philosophie. Je travaille, je sors mes dossiers, ils sont en train de sortir. Il y a énormément de projets, de réformes. Toute ma lettre de mission va sortir dans les mois qui viennent. Et puis voilà. Et je donne rendez-vous dans quelques mois, parce qu'on a besoin d'un petit peu de temps, je dois dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 décembre 2007-12-06
R.- Je crois que c'est un acte extrêmement fort de la part de N. Sarkozy. Je crois qu'on a tous été bouleversés par la vidéo représentant I. Betancourt extrêmement affaiblie, on a tous été touchés. On sait que N. Sarkozy est à fond, vraiment, dans cette volonté de sortir I. Betancourt et le maximum d'otages. Et je crois que sa façon de s'adresser directement aux FARC, certes, c'est un risque, mais c'est un homme qui aime prendre des risques, et je pense qu'il le mesure, et je crois que ce dialogue direct peut, peut-être, apporter une solution. En tout cas, je suis très fière, je dois dire, de cette initiative et de ce courage.
Q.- Est-ce que le Président et l'opinion ne sont pas manipulés par les FARC qui veulent simplement faire parler d'elles et essayer d'obtenir gain de cause ?
R.- C'est toujours très difficile évidemment, parce qu'il y a tout un jeu de poker menteur. C'est très complexe, on est beaucoup dans la manipulation. En même temps, peut-être aussi qu'on est à la fin de l'histoire, en tout cas il faut le souhaiter. Je crois que c'est une très longue captivité. Nous ne sommes pas loin de Noël actuellement, nous sommes à un moment évidemment très, très fort pour les familles. Il est possible que les FARC aient choisi ce moment pour jouer une carte, une carte ultime. Je ne sais pas exactement dans quelle intention. Mais en tout cas, ce qui est bien, c'est de la jouer aussitôt et de prendre tous les risques, et c'est ce que fait N. Sarkozy. Je trouve que c'est formidable.
Q.- La suite logique de ce message de N. Sarkozy n'est-ce pas d'aller en Colombie pour se prêter à cette médiation que lui demande le gouvernement colombien ?
R.- Cela, je ne sais pas ses intentions. Mais en tout cas, ce qu'on a vu déjà dans de très nombreuses affaires, c'est qu'il ne dérobe jamais. Donc...
Q.- Vous avez fait partie du voyage présidentiel en Algérie pour une partie du séjour. Pourquoi, hormis à Constantine, le dernier jour, l'accueil populaire a-t-il été si tiède, quel est le malaise ?
R.- La relation avec l'Algérie, on le sait, elle est passionnelle, elle est intense. Il y a toujours en même temps une émotion qui est présente, et qui peut l'être très, très vite.
Q.- N'y a-t-il pas un problème personnel avec "N. Sarkozy le ministre de l'Immigration, le ministre dur" ?
R.- Non, je ne pense pas, je ne pense pas. Je pense qu'on est, à la fois, dans les traces du passé, et en même temps, on est probablement aussi dans une normalisation. Et je crois qu'il y a ces deux mouvements à la fois, c'est-à-dire, qu'on est là aussi pour avoir des relations d'Etat à Etat, avec des contrats, avec des accords. J'ai moi-même signé d'ailleurs des accords par exemple sur le cinéma, l'audiovisuel. Et en même temps, il y a cette mémoire longue, il y a cette extrême sensibilité. Je crois qu'il y a ces deux mouvements à la fois. N. Sarkozy n'a pas fait la guerre d'Algérie, il avait sept ans à ce moment-là. Et donc, il a certainement une liberté certainement particulièrement grande. Mais bon, c'est compliqué, on le sent dans les contacts où il y a à la fois quelque chose de très, très affectif, et en même temps quelque chose de très attentif.
Q.- Si la mesure est votée aujourd'hui, 780.000 foyers modestes devront, à partir de janvier, payer une moitié de la redevance, soit 58 euros. N'est-ce pas injuste, et puis contradictoire à l'heure de la lutte pour le pouvoir d'achat ?
R.- C'est la suite d'une loi qui a été votée en 2004. Vous savez que la redevance c'était une usine à gaz : un millier des personnes mobilisées pour la relever. Donc, il a été décidé que le périmètre taxe d'habitation des exonérés serait le même que celui des exonérés de redevance. Et je rappelle que cela fait quand même 4 millions de foyers exonérés, dont, évidemment beaucoup de foyers de personnes âgées. Ce qui fait que les plus modestes étaient tout de même pris en compte, ainsi d'ailleurs que les handicapés et les infirmes. On est en train je crois actuellement de réfléchir pour peut-être donner un délai supplémentaire de façon à ce que les personnes qui se retrouvent à payer justement cette redevance alors qu'elles ne la payaient pas, finalement ne soient pas directement touchées. C'est en cours de discussion.
Q.- C'est en discussion, 74 députés UMP et Nouveau Centre tiennent à un amendement qui exonérerait au moins les plus âgés...
R.- Au moins la moitié.
Q.- Etes-vous prête à aller dans ce sens-là ?
R.- Nous sommes ouverts naturellement à cet amendement, parce que c'est vrai qu'il y a une difficulté, même si je le dis, 4 millions quand même de personnes sont aujourd'hui exonérées de taxe d'habitation et de redevance.
Q.- Vous compensez le manque à gagner pour l'audiovisuel public, parce que la redevance c'est pour l'audiovisuel public ?
R.- J'espère qu'E. Woerth compenserait dans ce cas-là le manque à gagner, en effet.
Q.- Vous avez refusé le regroupement des crédits de l'audiovisuel extérieur. Est-ce à dire que vous avez renoncé dans votre tête à regrouper sous une même holding, France 24, TV5-Monde et RFI ?
R.- Non, la vérité c'est qu'il y a une réforme qui est actuellement en cours, il y a donc un rapport qui a été coordonné par l'Elysée...
Q.- Remis vendredi normalement.
R.- Voilà... et auquel ont travaillé mes services, mon cabinet, les services de B. Kouchner, son cabinet, avec un certain nombre de pistes. Il faut maintenant que les décisions soient prises. Donc, ce que j'ai dit simplement c'est qu'à un moment où on va essayer de porter une réforme, qui va être une réforme à mon avis quand même sur le moyen terme, parce qu'il y a des entités, il y a des chaînes qui existent, il faut en effet voir comment les faire travailler davantage ensemble et en même temps de manière traumatisante, et pas non plus de manière traumatisante pour nos partenaires francophones qui font partie de TV5. Donc, je pense que c'est un mouvement à moyen terme...
Q.- Moyen terme, c'est quoi, c'est 2012, vous vous donnez le quinquennat ?
R.- Je pense que, peut-être, il pourrait y avoir une structure de préfiguration pendant quelques mois pour mettre en place cette holding, et après c'est un processus que je vois personnellement sur trois ans à peu près. Mais il faut quand même un certain temps. Et alors donc, c'était peut-être hâtif de prendre des mesures de regroupement alors même qu'on était dans la réflexion sur cette réforme.
Q.- Il y a une directive européenne qui s'appelle "Transfrontières", qui permet de libéraliser les marchés publicitaires et d'amener plus d'argent vers l'audiovisuel et vers les nouveaux médias. La France va-t-elle transposer cette directive vite ?
R.- C'est, en effet, une directive qui a été signée et qu'évidemment nous avons signée. Elle crée un cadre si vous voulez, un cadre nouveau, et c'est intéressant parce qu'on peut se poser de nouveau la question de : les grands équilibres effectivement financiers. Et d'ailleurs, j'ai ouvert, vous le savez, un chantier sur les relations producteurs-diffuseurs, et aussi un chantier sur la publicité, les financements et sur l'ensemble de l'audiovisuel public.
Q.- Donc, moyen terme, là aussi cela va prendre du temps ?
R.- Non, là, c'est plus court, je crois que c'est les six premiers mois 2008.
Q.- Le travail a repris à l'Opéra de Paris, mais les préavis de grève demeurent. Allez-vous prendre en main, en personne, les négociations ?
R.- Nous sommes vraiment...enfin, ce sont des négociations que nous avons suivies vraiment jour par jour. Elles sont en train... nous sommes vraiment dans la dernière, dernière, dernière phase. Hier, il y avait cinq grévistes à peu près à l'Opéra sur 1.600 personnes. Il y a les négociations bien sûr très largement commencées. Il restait des petits groupes de Sud. Je crois que les personnels se rendent compte en ce moment qu'il y a beaucoup, beaucoup de choses sur la table.
Q.- Le directeur dit : "Sud intimide justement les personnels". Vous ouvrez une enquête, vous portez plainte ?
R.- Je crois que, pour l'instant, non. Enfin, je veux dire, si nous sommes...si en effet tout reprend, ce que je souhaite, puisque maintenant les préavis sont en train d'être levés, il y a eu... Mais c'est vrai qu'il y a eu quand même 17 représentations annulées, c'était 3 millions d'euros de perte.
Q.- Qui va compenser, votre budget ? Là encore, vous allez lancer un appel à E. Woerth ?
R.- C'est ce que nous allons voir. Mais il va falloir effectivement compenser. Heureusement l'Opéra de Paris a tout de même des fonds propres. Mais enfin, c'est une énorme perte, et une perte considérable en termes de rayonnement, bien sûr. C'est toujours un vrai traumatisme. Mais actuellement, il y a beaucoup, beaucoup sur la table. Il est toujours difficile de sortir d'un mouvement comme cela, d'un mouvement long. Mais il y a beaucoup sur la table : sur les retraites complémentaires, sur les prises en compte de fins de carrière, il y a toute une série d'avancées. Il y a vraiment matière aujourd'hui à discuter, la plupart des salariés le savent.
Q.- Si cela échoue, les décrets seront signés avant de l'année, comme promis, ou souhaitez-vous pour l'Opéra et la Comédie Français, qui vous concernent, qu'on continue à discuter...
R.- Non.
Q.-...Ce ne sont pas d'énormes enjeux ?
R.- Il n'y a pas lieu de penser que ce mouvement, qui est en train quand même de se terminer, qui entre maintenant dans une phase de négociations actives, il n'y aucune raison de penser qu'il va y avoir échec et blocage complet aujourd'hui.
Q.- Pourquoi refusez-vous de lancer un "Grenelle de la Culture" comme le demandent nombre d'artistes, pour parler créations, pour parler budget, pour parler de tous les problèmes ?
R.- Parce que je pense qu'il faut en effet parler. Je suis prête à des entretiens, je suis prête à faire même un tour de France, région par région pour discuter avec les collectivités, avec tous les acteurs de : comment, quelle doit être l'action de l'Etat au fond partout sur le territoire, parce qu'on a besoin de cette remise en question-là, de cette clarification. Annoncer un Grenelle, cela me fait toujours très peur, parce que les Grenelle, cela veut souvent que l'on parle de pas grand-chose et qu'il faut tout mettre bas, et que...Voilà. Alors, que je crois que ce n'est pas le sujet de la Culture en France, ni même de l'audiovisuel. On est très riches, on a une offre culturelle qui est absolument énorme. Par contre, on a à redéfinir, à reporter, à redonner un sens à l'intervention de l'Etat. Et donc, ce n'est pas vraiment un Grenelle pour moi, c'est vraiment des entretiens, des discussions, et l'ouverture d'un grand mouvement de discussions et de précisions sur l'ensemble du territoire dans les mois qui viennent.
Q.- Pour le spectacle vivant, par exemple, dans les crédits de subventions, on stagnait. Vous vous tournez vers les collectivités locales pour qu'elles complètent ?
R.- Non, pas du tout, parce que nous sommes déjà en partenariat très étroit et très fort avec les collectivités. Non. Mais sur les crédits justement du spectacle vivant, où ils ont été effectivement consolidés, il faut voir. Je souhaiterais justement étudier, région par région, que devons-nous faire pour l'avenir ? Où est-ce le plus pertinent, comment apporter cette aide de l'Etat, faut-il continuer à compléter, je dirais des tours de table à hauteur de 2, 3 %, sans qu'il y ait un véritable sens à l'action de l'Etat ? Ou est-ce qu'on doit davantage se concentrer vers des institutions, vers des compagnies, des actions, qui rentrent plus dans nos objectifs ? C'est cela un peu la question qui se pose.
Q.- Le rapport Olivennes soulève de la colère dans les milieux d'Internet parce que c'est le monde de la gratuité, et le côté un peu policier sur les téléchargements fait réagir. Avez-vous pris de mauvaises pistes ?
R.- Non, je crois que ce sont des bonnes pistes. Je crois que la réussite, s'il a été quand même bien reçu, c'est justement parce qu'il y a d'un côté la volonté d'avoir une offre légale plus riche, et là, il y a beaucoup d'attente, il peut y avoir beaucoup de plus pour les internautes, je le redis - la suppression des droits technologiques, de ce qu'on appelle "les DRM", c'est très important. Et que, d'autre part, on n'est pas dans une réponse policière, on est dans une réponse qui va être pédagogique, et avec des sanctions quand même modérées, avec au maximum des suspensions d'abonnement. On n'est pas quand même dans quelque chose d'absolument terrible. Je crois que tout le monde peut adhérer à cette réforme.
Q.- Où serez-vous candidate aux municipales ?
R.- Je devais partir donc, on le sait, dans le 5ème, j'étais tout à fait prête. Pour l'instant, J. Tiberi a souhaité donc se représenter. Donc, à cette minute, je ne vais pas être candidate, je ne pense pas.
Q.- On dit que le conseiller du Président pour la Culture, G.- M. Benhamou, lorgne un peu votre siège pour l'après-municipales et le remaniement. Vous vous sentez menacée ?
R.- Ecoutez, je crois que... Vous savez, une semaine, je lis que X. Darcos veut s'emparer de mon siège, ce qu'il dément d'ailleurs tout à fait. Ensuite, c'est J.-M. Cavada, qui est déjà en train d'arriver avec ses valises. Alors maintenant, c'est Benhamou. Je ne sais pas qui ? Enfin, je veux dire, chaque semaine, il y a à peu près une rumeur. Bon, voilà. Je trouve que cela veut dire que le ministère de la Culture est très convoité. Et puis voilà. Je prends les choses avec philosophie. Je travaille, je sors mes dossiers, ils sont en train de sortir. Il y a énormément de projets, de réformes. Toute ma lettre de mission va sortir dans les mois qui viennent. Et puis voilà. Et je donne rendez-vous dans quelques mois, parce qu'on a besoin d'un petit peu de temps, je dois dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 décembre 2007-12-06