Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le soutien de l'Etat à la reconversion et au développement économique de Saint-Etienne, Saint-Etienne le 3 décembre 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Saint-Etienne (Loire) le 3 décembre 2007

Texte intégral

Monsieur le sénateur maire, cher Michel Thiollière,
Monsieur le président du Conseil général
Messieurs et mesdames les parlementaires et élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi de me retrouver à Saint-Etienne. Pardonnez-moi de commencer par là, mais cette ville qui a fait rêver la France entière, dont le seul nom fait encore vibrer les Français, cette ville restera toujours le symbole d'une épopée inoubliable, celle des "Verts", celle du désormais mythique "Chaudron". Je n'ai jamais pu passer à côté du stade Geoffroy-Guichard, lorsque mes enfants étaient adolescents, sans qu'ils faillent s'y arrêter pour faire - pardonnez-moi mon Seigneur - génuflexion devant ce temple du football. Et puisque j'en suis aux confidences, je vais vous dire que j'ai un petit lien secret avec la ville de Saint-Étienne que, naturellement tout le monde ignore : dans les années 70, Casino a investi dans la ville de Sablé-sur-Sarthe dont j'ai été le maire pendant vingt ans, et il y a toute une équipe de Stéphanois qui est venue s'installer à Sablé, une sorte de colonie stéphanoise que l'on a accueillie, je vous rassure, très gentiment, qui s'est parfaitement intégrée d'ailleurs, mais qui est restée stéphanoise et qui toujours parle de Saint-Étienne avec beaucoup de chaleur et d'émotion.
Pour la France, Saint-Etienne, c'est une fierté, c'est un état d'esprit, c'est une identité. Et c'est aussi une âme, et cette âme n'est pas dissociable de son industrie et de ses valeurs ouvrières. Pour tous ces bassins industriels qui ont produit le charbon, l'acier et le textile nécessaires à notre économie, pour tous ces travailleurs qui ont consacré leur vie à cette tâche, la nation tout entière garde une reconnaissance et une estime particulières.
Ce passé industriel, c'est vrai, Saint-Étienne l'a payé cher. Les dernières décennies ont été dures. L'histoire économique connaît parfois des virages terribles, des changements injustes, d'une rapidité et d'une brutalité sans nom. Pour les populations : le désespoir social. Pour les individus : des destins brisés. Ce furent 80 000 emplois éliminés, disparus, effacés, entre 1960 et 1980. Une baisse de 20 % de la population en l'espace de 40 ans, pour tomber à 175 000 habitants.
Mais aujourd'hui, après avoir été une ville à genoux, Saint-Etienne est à nouveau une ville debout ! C'est une ville qui regarde vers l'avenir ; grâce à un effort exceptionnel, grâce à une mobilisation de tous les talents, vous avez su reprendre les rênes de votre destin. Ce sursaut, c'est celui de la France qui se rebelle contre la fatalité et qui refuse le déclin.
Bien sûr, Michel Thiollière l'a dit avant moi, tout n'est pas réglé et il reste beaucoup à faire. Mais l'important, c'est que la volonté stéphanoise est là. Et elle doit beaucoup, cher Michel, à ta vision, à ton volontarisme et au courage de tous les Stéphanois.
Avec toute ton équipe, vous avez décidé de redevenir une ville d'avenir. Vous avez droit à notre soutien. Le pays ne vous marchande pas son estime et l'Etat ne vous marchandera pas son appui.
Attirer les entreprises de l'économie de demain ; orienter la tradition de l'excellence de la ville vers les secteurs et vers les créneaux du futur ; optimiser les potentiels de recherche et de formation ; reconstruire, rénover, réhabiliter l'habitat, le cadre de vie ; réguler la pression urbaine ; assurer un vrai développement durable ; ouvrir la ville sur l'Europe : voilà la grande et la belle ambition de Saint-Etienne !
Mesdames et messieurs,
Depuis six mois, le Gouvernement, travaille dur pour moderniser la France. Nos objectifs sont élevés, ils sont en même temps assez simples à comprendre : on veut remettre notre pays au niveau de nos principaux partenaires, on veut relancer la croissance, on veut réduire le chômage et on veut rééquilibrer nos finances publiques. Ce ne sont pas des objectifs inatteignables. Pourquoi est-ce que la France serait le seul pays européen condamné à avoir moins de croissance que les autres ? Est-ce que nous aurions moins de richesses, moins de génie, moins de culture, moins de savoir-faire, moins de tradition ? Evidemment non ! On en a plutôt plus que les autres. Et pourtant, on a régulièrement, depuis 30 ans, 1 point de croissance de moins que les pays européens les plus efficaces. Réduire le chômage, est-ce que c'est à notre portée ? Les autres l'ont fait. Le taux de chômage de tous les grands pays européens aujourd'hui est proche du plein emploi. Nous, nous avons enregistré, ces deux derniers mois, des résultats exceptionnels. Nous sommes aujourd'hui, avec un taux de chômage de l'ordre de 8 %, à un niveau qui est historiquement bas depuis 1982. C'est le meilleur résultat depuis 1982. Eh bien, même avec ce résultat, nous sommes 25ème des pays européens en terme de performance en matière de chômage. C'est dire si on a encore une grande marge de progression devant nous. Et puis enfin, ramener nos comptes à l'équilibre. Là aussi, cela fait 33 ans que nous n'avons pas connu un budget en équilibre. Cela fait 33 ans qu'on s'endette pour financer nos dépenses de fonctionnement. Eh bien là encore, pour beaucoup de Français qui sont nés avec cette situation, ils ont l'impression que cela peut durer toujours. Nous savons bien que ça ne peut pas durer toujours, et surtout quand on regarde autour de nous, on voit d'autres pays européens, qui étaient dans une situation pire que la nôtre, et qui aujourd'hui ont des excédents budgétaires. J'étais il y a quelques jours en Suède : le Premier ministre suédois me disait : "moi, mon problème, c'est de savoir ce que je vais faire de mes excédents budgétaires". Franchement, je suis prêt à changer tout de suite la situation difficile qui est la sienne avec la mienne.
Sous l'impulsion du président de la République, si nous tenons nos engagements de campagne, si nous pratiquons l'ouverture politique, et si nous lançons réformes sur réformes, c'est parce qu'on veut réenclencher la confiance. La première chose, c'est d'obtenir la confiance de nos concitoyens dans leurs institutions, dans leur système politique. Je viens de parler longuement avec les responsables de la police du département et de la ville ; c'est vrai que c'est difficile pour eux et ils me disaient de façon un peu découragée : "les gens ne nous respectent pas". Il faut rétablir la confiance dans l'autorité, rétablir la confiance dans les institutions et c'est le rôle des responsables politiques et la meilleure façon de rétablir la confiance, c'est de tenir ses engagements. C'est parce que, dans le passé, on n'a pas suffisamment les uns et les autres tenus nos engagements que la confiance dans le système politique, dans les institutions, dans al puissance publique, s'est affaiblie.
A Saint-Etienne, vous avez choisi la même méthode. Depuis quelques années, les projets et les initiatives fusent. Opérations d'urbanisme, construction du Zénith, réhabilitation de logements, embellissement d'espaces publics, projets économiques, mise en valeur du patrimoine, candidature comme capitale européenne de la culture : tout cela crée une dynamique, tout cela crée un vent de confiance.
Saint-Etienne est une des rares villes à bénéficier d'une Opération d'intérêt national. L'objectif : fédérer les moyens d'action de l'Etat et des collectivités, et bâtir pour la métropole stéphanoise un nouveau développement économique et urbanistique.
Le bilan de la première année de fonctionnement de l'Etablissement public d'aménagement de Saint-Etienne (Epase) me semble remarquable. Il a été créé en janvier dernier et il a été doté de 120 Meuros d'aides publiques, dont 60 Meuros de l'Etat sur la durée du contrat de plan Etat-région. Il va engendrer un chiffre d'affaires de 300 Meuros de travaux. Il a déjà permis la mise en oeuvre de plusieurs opérations, avec la participation de cabinets mondialement connus. Je vous confirme, monsieur le maire, que ses crédits 2008 seront sanctuarisés, pour lui permettre de poursuivre son décollage. Et je vous annonce que l'Etat apportera une contribution complémentaire de 5 Meuros pour permettre à l'Epase d'être un investisseur immobilier exemplaire, exerçant un véritable effet d'entraînement sur le marché local.
J'ai visité tout à l'heure le chantier de la Cité du Design, un des symboles du renouveau de Saint-Étienne que vous avez voulu. Comment imaginer une reconversion plus exemplaire ? Quelle transformation plus audacieuse pour la manufacture impériale des armes ? Là où Giat-Industries incarnait l'excellence du passé, vous en développez une nouvelle, fondée sur l'expertise déjà reconnue de votre ville dans le domaine du design.
De la coutellerie du Moyen-âge au Famas qui équipent aujourd'hui nos armées, en passant par les arbalètes, les sabres et les baïonnettes (qui ont valu à votre ville le surnom d'"Armeville" au 18ème siècle), des houillères à l'optique high-tech et aux lasers, Saint-Etienne a toujours su s'adapter, a toujours su rester à la pointe du progrès technique. Saint-Étienne franchit aujourd'hui une nouvelle étape, celle de l'économie de la création, de l'innovation et des nouvelles technologies.
L'Etat finance 20 % de la construction de la Cité. Je confirme qu'il entrera au conseil d'administration de l'établissement public de coopération culturelle (EPCC) qui sera créé pour la gérer, et ainsi, l'Etat continuera, fidèlement, à participer à ce projet prometteur.
L'autre symbole du renouveau de Saint-Etienne, c'est la Maison internationale, pour l'accueil de chercheurs étrangers. Ce projet, c'est le pari de l'intelligence, de la recherche ; et c'est le défi de l'ouverture internationale. Je vous indique que l'Etat participera à ce projet à hauteur de 500 000 euros.
Dans le monde de demain, c'est la formation et c'est l'innovation qui feront la différence. C'est d'ailleurs le pari et la stratégie que le gouvernement a adoptée !
Nous avons, cette année, pour le budget 2008, augmenté de 1,8 milliard d'euros le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, dans un cadre global contraint puisque j'ai fixé à l'ensemble des ministères un gel des dépenses publiques à hauteur de l'inflation. Donc, cela veut dire que pour mettre 1,8 milliard d'euros de plus sur l'enseignement supérieur, il a fallu faire quelques efforts ailleurs.
J'ai signé la semaine dernière un protocole cadre pour la réussite des universités, qui prévoit 15 milliards d'euros investis d'ici 2012 dans l'enseignement supérieur. C'est-à-dire que le budget de l'enseignement supérieur, en cinq ans, va augmenter de 50 %. Cet engagement, qui est sans précédent dans l'histoire de notre pays, se traduira chaque année par une dotation budgétaire supplémentaire d'un milliard d'euros pendant cinq ans et nous allons aller plus loin puisque le président de la République a annoncé jeudi que nous allions mettre sur le marché environ 3 % du capital d'EDF et que ces 3 % du capital d'EDF, qui représentent autour de 5 milliards d'euros, seront investis dans des grands projets d'amélioration des campus universitaires pour que la France ait enfin les grandes universités modernes dont elle a besoin et que les autres pays ont su développer
Avec la loi sur l'autonomie des universités, nous avons fait la réforme que tout le monde attendait depuis des années. Depuis longtemps, nos universités perdent des places dans les classements internationaux. Depuis plusieurs années, nos universités se battent mais sans en avoir les moyens. Avec cette réforme, elles vont pouvoir enfin être dirigées avec efficacité ; elles vont pouvoir enfin développer leur propre stratégie ; elles vont pouvoir devenir plus attractives pour les étudiants, pour les chercheurs comme pour les entreprises.
L'université Jean Monnet de Saint-Étienne a décidé de faire partie des 30 premières universités à bénéficier de ces possibilités. C'est le choix du bon sens et c'est le choix de l'audace !
Cette université, il faut aussi assurer son intégration au sein du tissu d'enseignement supérieur et de recherche régional. Elle a, je le sais, demandé à prendre toute sa place dans le Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres) de Lyon, avec 11 établissements de haut niveau, dont plusieurs universités de Lyon et l'Ecole normale supérieure : c'est une initiative qui doit être soutenue. C'est en regroupant les forces dans des grands pôles qui ont une visibilité mondiale que la France va pouvoir gagner cette bataille de la formation, de l'intelligence et de l'innovation.
Mon cher Michel, toi qui est une référence au Sénat en matière de numérique, puisque tu as été notamment le rapporteur de la loi sur les droits d'auteur, tu crois au pouvoir de la "matière grise", tu crois au pouvoir de l'innovation et de la recherche. Je veux te dire que moi aussi, j'y crois aussi de toutes mes forces. Je pense même que c'est la bataille essentielle sur laquelle nous allons gagner contre le déclin et pour le progrès.
Nous avons multiplié par trois le crédit d'impôt recherche. À terme, ce sont 2,7 milliards d'euros qui seront consacrés par l'Etat chaque année aux entreprises qui se lancent dans la recherche, avec une attention particulière pour les petites. La fusion, que nous sommes en train de conduire, de l'Agence de l'Innovation Industrielle (AII) avec OSEO entrera en vigueur au 1er janvier 2008. Elle doit permettre l'émergence des entreprises de taille moyenne nécessaire à la consolidation et au dynamisme de notre tissu industriel.
Nous voulons aussi poursuivre la dynamique lancée par les pôles de compétitivité. Grâce à l'implication conjointe de l'Etat et des collectivités locales, ils constituent un outil précieux pour maintenir une ambition industrielle, pour favoriser l'innovation et le développement des territoires. Je pense au pôle Viameca, à Saint-Etienne : un pôle solide avec une forte implication des PME du secteur de la mécanique qui ont ainsi l'opportunité d'élever leur niveau technologique. Je pense au pôle Tecchtera, notamment dans la Loire, qui fait évoluer l'industrie du textile vers ce domaine à plus forte valeur ajoutée qu'est le textile technique.
Oui, mesdames et messieurs, le progrès technique stimule l'économie. Mais au coeur de cette économie, il y a d'abord les femmes et les hommes qui, par leurs efforts et leurs espoirs de réussite, font le dynamisme du pays.
Si nous avons voulu réhabiliter la valeur du travail, c'est parce que le travail, c'est l'estime de soi ; le travail, c'est le moteur du progrès économique et social.
Ils se trouvent qu'en France, avec les 35 heures,avec le chômage des jeunes et avec le faible taux d'activité des seniors, nous sommes le pays, parmi les pays développés, qui travaille le moins. Eh bien, mesdames et messieurs, ce n'est pas un hasard si notre croissance est plus faible que les autres et si les salaires bruts moyens sont plus bas qu'ailleurs ! Il y a un lien entre le volume de travail qu'un pays produit, entre la richesse qu'il est capable de produire, sa croissance et les salaires qu'il est capable de distribuer. C'est pourquoi, avec le président de la République, nous avons tiré de cette situation une conclusion simple : il faut libérer le travail partout où c'est possible, et la libération du pouvoir d'achat passe par la libération du travail. Les résultats sont déjà positifs : je le disais tout à l'heure, le chômage n'a jamais été aussi bas depuis des années. A Saint-Etienne, vous êtes maintenant dans la moyenne nationale, à 8,5 %, alors que vous avez connu un taux qui est montré jusqu'à 17 % il y a 10 ans.
Mais il faut aller plus loin !
Et c'est la ligne que nous a fixée le président la semaine dernière. Il faut assouplir davantage les 35 heures en élargissant le champ de la négociation au sein des entreprises ; il faut libérer pour ceux qui le souhaitent le travail le dimanche avec de sérieuses contreparties salariales : nous ne négligerons aucune piste pour aller à la conquête du plein emploi et du pouvoir d'achat.
Nous voulons créer une véritable flex-sécurité à la française. C'est-à-dire d'un côté, rendre le marché du travail plus souple en sortant des réglementations rigides qui créent toujours plus de dysfonctionnements et toujours plus de désincitations. Mais de l'autre, garantir une vraie sécurisation des parcours professionnels. Voilà l'objectif qui est celui du Gouvernement ! Pour l'atteindre, il y a la réforme du service public de l'emploi, avec la fusion de l'ANPE et de l'Unedic. C'est simple : on a autant d'agents dans ces deux entreprises, dans ces deux services qu'il y en a dans les grands pays qui ont bien réussi en matière de réduction du chômage. Par contre, quand on regarde le nombre d'agents qui se consacrent à l'accompagnement des demandeurs d'emplois au quotidien, on fait à peu près deux fois moins bien que les autres. Parce que nous avons deux organismes. Il faut aujourd'hui les rassembler et faire en sorte que les demandeurs d'emploi dans notre pays soient réellement accompagnés quotidiennement vers la formation et vers l'emploi. Il y a les mesures ciblées que nous étudions pour accompagner les populations les plus frappées par le chômage : les jeunes, mais aussi les seniors. Et il y a enfin la réforme indispensable de notre système de formation professionnelle. Nous consacrons 75 milliards d'euros par an à la formation professionnelle dans notre pays et ces 75 milliards profitent à moins de 25 % des salariés. Et parmi ces 25 % de salariés, la plupart ne sont pas ceux qui sont le plus en difficulté.
Je sais qu'à Saint-Etienne, la création de la maison de l'Emploi a permis d'enclencher une dynamique positive. D'améliorer la coordination des actions, et la proximité des services, pour les publics concernés. Cette dynamique doit être soutenue et donc je vous confirme que l'Etat participera à son financement.
Là où il y a des difficultés, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer : un pouvoir d'impulsion, de coordination, d'animation. Là où les acteurs locaux se mobilisent, il faut les aider à créer un environnement favorable pour les entreprises. Là où se dessinent de nouvelles spécialisations industrielles, l'Etat a vocation non pas à les planifier mais à les accompagner.
La mondialisation et la compétition internationale constituent une réalité. Ceux qui pensent ou qui disent qu'on peut l'esquiver racontent des histoires. Mais cette réalité n'implique pas pour autant de renoncer à toute politique industrielle. La France n'a pas vocation à voir disparaître toutes ses industries ; elle a vocation à en développer de nouvelles, dans des secteurs nouveaux.
Aux pouvoirs publics de participer à leur identification et à leur soutien. Aux pouvoirs publics d'aider les entreprises à anticiper les mutations économiques et technologiques, pour justement en faire des opportunités. A Saint-Etienne, vous avez des atouts réels : un bassin de PME et PMI dynamiques, des foyers d'excellence en mécanique, en optique, en design, en technologies médicales, en biens d'équipements industriels. Ces atouts sont appréciés : la confiance des investisseurs étrangers revient. Et vous avez la plus forte plus forte densité d'entrepreneurs de moins de 30 ans en France ! Le rôle des pouvoirs publics, c'est de vous aider à valoriser ces atouts. C'est de construire un environnement favorable à l'entreprenariat, qui soit plus favorable à la recherche et à l'innovation.
C'est exactement la même approche que celle que nous voulons pour rénover nos villes : politique industrielle et politique urbaine, voilà deux leviers complémentaires d'un volontarisme public renouvelé. Améliorer le cadre de vie, c'est une condition indispensable pour attirer des entreprises, c'est une condition indispensable pour redynamiser le centre-ville, pour réenclencher une dynamique commerçante, bref, pour donner aux habitants une confiance en l'avenir.
L'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) réalise un travail considérable. A Saint-Etienne, elle a participé pour 90 Meuros aux 260 Meuros consacrés aux quartiers "Zone urbaine sensible" (Zus) de la ville. Je vous confirme que l'Etat mobilisera tous les moyens disponibles pour réhabiliter les quartiers anciens et pour lutter contre l'habitat indigne, comme l'a d'ailleurs indiqué Christine Boutin la semaine dernière, lors de sa venue à Saint-Étienne
Par ailleurs, vous savez que le gouvernement prépare un plan "respect et égalité des chances" que Fadela Amara présentera en janvier prochain. Ce plan reposera sur trois axes : l'emploi et la formation des jeunes - ce que nous voulons, c'est offrir à chaque jeune de nos quartiers, une véritable opportunité de trouver une formation et un emploi -, l'éducation - nous voulons que, dans les quartiers, il y ait un dispositif spécifique en matière d'éducation et d'accompagnement des jeunes en difficulté - et enfin le désenclavement, parce que bien souvent, ces quartiers sont des quartiers enclavés et le désenclavement est une des causes des difficultés qu'ils rencontrent.
Notre effort est global. Nous rénovons les zones urbaines qui en ont besoin. Nous renforçons les moyens pour assurer la sécurité des habitants. J'ai rencontré, je le disais tout à l'heure, les forces de police ce matin. Je veux à nouveau leur rendre hommage : elles accomplissent un travail remarquable, difficile, pour combattre la délinquance, pour élucider les faits commis, pour améliorer l'accueil des victimes. Face à la violence et aux voyous, notre politique est très claire : c'est la fermeté et l'autorité républicaine.
Mesdames et messieurs,
Trop longtemps, on a cru que le développement économique devait l'emporter sur le respect de l'environnement. C'était une erreur. Mais certains, en réaction, ont adopté une approche qui n'est que l'extrême inverse : l'écologie doit primer sur l'économie. C'était aussi une erreur. L'approche pertinente, c'est celle du Grenelle de l'environnement : l'écologie comme atout pour l'économie. Fonder la nouvelle croissance sur de nouvelles technologies plus respectueuses de l'environnement, à forte valeur ajoutée et à fort contenu en emplois.
Cette approche est pertinente pour l'agglomération stéphanoise et c'est le sens de l'engagement de l'Etat pour que votre ville bénéficie de crédits particulièrement importants du FEDER pour de grands équipements comme la station d'épuration du Porchon (qui a reçu 20 Meuros de subventions).
Je confirme aussi notre appui à l'Etablissement public Ouest-Rhône-Alpes (EPORA), chargé de la résorption des friches, dont le contrat d'établissement avec l'Etat et les collectivités sera signé prochainement.
L'agglomération stéphanoise est évidemment liée à la grande métropole lyonnaise ; le développement de ce coeur - même si j'ai bien compris tout à l'heure que vous vouliez de la complémentarité et pas de la dépendance - le développement de ce coeur de France ne peut se faire de façon isolée. L'ensemble Lyon-Saint Etienne a vocation être un pôle majeur au niveau de l'Europe. Les bassins économiques et urbains lyonnais et stéphanois sont de plus en plus intégrés. Les flux de déplacement entre vos deux villes ont une intensité qu'on ne retrouve que dans l'agglomération parisienne.
Soutenir la reconversion de Saint-Etienne, c'est donc rééquilibrer vers l'Ouest l'armature urbaine Rhône-Alpine. C'est aider l'ensemble constitué par vos deux villes à former un pôle cohérent. C'est lui permettre de rayonner et d'accomplir son destin européen. C'est donc une priorité de notre politique d'aménagement du territoire.
D'où, notamment, l'importance du désenclavement de la Loire, avec l'autoroute 89, dont la réalisation devra beaucoup à Pascal Clément. Et aujourd'hui avec l'autoroute 45. Ce projet est un bon projet : il répond à un véritable souci de décongestion ; il respecte les critères du Grenelle de l'environnement ; son bilan en termes d'impact sur l'environnement devra être irréprochable. La déclaration d'utilité publique (DUP) sera prise en 2008, et l'autoroute sera ouverte à la circulation comme prévu, en 2015.
Mesdames et Messieurs,
Saint-Etienne, c'est l'un des symboles du renouveau français.
C'est un renouveau qui est fondé sur les valeurs du travail, sur les valeurs de l'effort, de la responsabilité.
Un renouveau qui est fondé sur une culture populaire dont vous pouvez être fiers, qui est fondé sur une tradition de savoir-faire et d'excellence technique, qui est fondé enfin sur un dynamisme associatif exceptionnel.
Mon cher Michel, Je vois en Saint Etienne, l'énergie de notre pays. Je vois ici la France qui se rassemble dans les moments importants, qui se rassemble pour se battre, pour innover et pour gagner.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 5 décembre 2007