Texte intégral
T. Steiner.- Vous êtes un proche de Cécilia, je crois. Vous souhaitez bonne chance à N. Sarkozy et à sa nouvelle amie, C. Bruni ?
R.- Oui, bien sûr. D'abord, je n'ai pas de commentaire à faire ; c'est une affaire privée qui est devenue publique. Mais c'est vrai que j'aime bien Cécilia.
Q.- Cela ne vous choque pas de voir les couvertures de magazine "people" sur les amours supposées du chef de l'Etat ?
R.- C'est toujours comme cela.
Q.- Il est heureux, N. Sarkozy, en ce moment ? Il a l'air heureux sur les photos à Disneyland.
R.- J'en suis très content, parce qu'on a vraiment besoin de lui.
Q.- Trêve de "pipolerie"...
R.- Merci. Vous allez me parler de Kadhafi ?
Q.- Vous êtes le secrétaire d'Etat à la Fonction, le patron pour 5,2 millions de fonctionnaires qui, comme tous les Français, s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, et qui attendent beaucoup des négociations qui s'ouvrent aujourd'hui. Alors, allez-vous oui ou non revaloriser le point d'indice au 1er janvier 2008 ?
R.- Cela recommence, c'est vraiment votre crocodile empaillé. Premièrement, vous vous rappelez qu'on avait débattu sur ce fameux point d'indice qui ne représentait que 30 % de l'augmentation du pouvoir d'achat, le reste étant constitué par ce qu'on appelle le "GVT" - glissement, vieillesse, technicité - et par les conditions locales, qui font le total qui est 70 %. J'ai toujours été surpris qu'on parle...
Q.- Là, vous noyez le poisson...
R.- Non, attendez ! Je fais le tour et je vais y revenir. Je ne peux pas évidemment échapper à votre question. Donc, le point d'indice, oui mais l'enrichir, il n'y a pas que cela. Deuxièmement, le débat qui nous opposait aux organisations syndicales ; depuis 2000, disent-ils, nous avons perdu 6 %. Et E. Woerth, le patron de la fonction publique et du budget disait : non, c'est plus 2,4. On a donc demandé une étude...
Q.- 2,4 pour les trois quarts des fonctionnaires, dit-il.
R.- Attendez ! Non, non. Premièrement, c'était les positions frontales : moins 6, plus 2,4. On a donc demandé à l'Insee, à la direction du budget et à la direction générale de la fonction publique de nous faire une étude. Alors, effectivement, c'est là qu'on a pu constater que 24 % Et les autres...
Q.- Jusqu'à 6 %.
R.- Jusqu'à 6 % mais les autres, les trois quarts donc, ont gagné du pouvoir d'achat ; certains, 10 % des fonctionnaires, ont eu une évolution, leur rémunération a progressé de plus de 23 %.
Q.- C'est l'évolution du pouvoir d'achat depuis 2000. Mais si on prend l'évolution du point d'indice, j'y reviens, et qu'on soustrait l'inflation, on arrive à quoi ?
R.- Les 2,4 c'est hors inflation. Donc, cela prouve quand même qu'il y a eu une augmentation. On rappelle aussi...
Q.- En intégrant les primes, l'ancienneté, les promotions...
R.- Oui mais enfin, est-ce qu'on peut parler d'un traitement sans compter les primes, à Bercy, dans la police, où tout le monde sait que c'est un tiers de la rémunération ? Et on le dit aussi pour la retraite.
Q.- Est-ce qu'il y a un contentieux sur la baisse du pouvoir d'achat entre 2000 et 2006 ? La CGT dit que c'est le contentieux qui est incontournable pour les négociations qui s'ouvrent aujourd'hui.
R.- Maintenant, il n'y a plus de contentieux puisqu'il y a une étude réalisée par les trois principaux organismes de l'Etat. Donc, ce que nous voulions, nous, c'est avoir les mêmes paramètres pour débattre avec eux. Ce n'est pas possible quand même qu'on s'asseye à la table en ne sachant pas si le pouvoir d'achat a augmenté ou non. Maintenant, on a un véritable spectre où on sait où ça mène. Deuxièmement, nous voulons débattre avec eux de l'avenir. Pas un seul accord signé depuis 1998 ! C'est quand même anormal. C'est un jeu de rôle et tout le monde se cantonne là-dedans. C'est un mépris pour les fonctionnaires et les organisations syndicales. L'Etat n'est pas mécontent de cela, eux non plus, parce que cela les dispense d'acquiescer. Eh bien, il faut qu'on aille plus loin, qu'on ait des rencontres régulières. Et enfin, E. Woerth a lancé l'idée de la garantie du maintien du pouvoir d'achat. Moi, cela me semble une très idée.
Q.- Vous ne me dites pas si vous allez revaloriser le point d'indice au 1er janvier 2008.
R.- Les négociations commencent tout à l'heure et c'est E. Woerth qui va ouvrir le feu, puisque moi je serai au Sénat pour le projet de loi de finances rectificative.
Q.- Cela reste sur la table donc. Pour les années à venir, vous le disiez, E. Woerth, le ministre du Budget et de la Fonction publique, a promis des négociations chaque année au printemps pour garantir le pouvoir d'achat, garantir...
R.- Au minimum, on élabore le budget.
Q.- Garantir le pouvoir, le maintenir, cela ne veut pas dire l'augmenter. Donc comment gagner plus quand on est fonctionnaire aujourd'hui ?
R.- D'abord, les heures supplémentaires qui ont été revalorisées dans l'Education nationale - et l'heure supplémentaire était payée moins que dans le privé. Le président de la République a demandé qu'on les augmente de 25 %.
Q.- Les heures supplémentaires c'est essentiellement l'Education nationale.
R.- C'est un gros paquet d'heures supplémentaires, l'Education nationale.
Q.- Et quand on travaille ailleurs dans la fonction publique, comment on fait ?
R.- Il y a quand même beaucoup d'heures supplémentaires. Je n'aurai pas la cruauté de parler de la fonction publique hospitalière puisque là c'est par millions qu'on compte les heures supplémentaires. Ce n'est pas très normal qu'on fasse faire des heures... J'étais à Beaujon l'autre jour, et le personnel infirmier, que tout le monde adore, réclamait fort logiquement qu'on lui paye les heures qu'ils ont faites. C'est pareil pour la police, mais les opérations sont plus avancées pour le paiement, et nous voulons qu'on ne se trouve pas dans ces situations absolument humiliantes et pour les fonctionnaires et pour l'Etat.
Q.- Donc, chaque fois que cela est possible, travailler plus pour gagner plus, comme partout ailleurs ?
R.- Oui, l'appliquer pour les fonctionnaires.
Q.- N. Sarkozy a aussi parlé de la monétisation des RTT. Absolument. Il y a en gros 6 millions de journées de RTT non prises et épargnées dans la fonction publique. C'est cela, 6 millions de jours ?
R.- Oui, sans compter l'hospitalier ; vous parlez de la fonction d'Etat, là. Tout cela va être "monétisable", comme on dit. Quand on a lancé, par exemple, les quatre jours sur les CET, nos organisations syndicales n'ont rien dit. C'est un succès considérable. Cela va de 230 euros à 500. Moi, dans ma commune, j'ai vu que les petites [catégories] touchaient 180, et les autres 500, dès le début de janvier. Donc, c'est une mesure réellement de pouvoir d'achat. Et je crois qu'il faudra aller plus loin. Il faudra aller aussi vers l'épargne retraite. Quelques uns vont demander peut-être de gagner quelques jours sur leur départ en retraite, mais nous n'incitons pas cette mesure. Par contre, l'épargne retraite sera une bonne formule. Nous avons constaté aussi, par exemple, dans la fonction hospitalière que les médecins étaient en avance ; les infirmières n'avaient pas eu le temps de réfléchir au dossier. Maintenant, elles s'y mettent, et partout dans tous les secteurs de la fonction publique, c'est une réelle progression de ces CET.
Q.- Il y a une grande précarité dans la fonction publique... Non, 15 %. 15 % de contractuels mais il y a des contrats qui seraient impensables dans le privé, comme par exemple d'embaucher des enseignants en dix douzièmes, ce qui veut dire les payer dix mois sur douze. Est-ce que cette précarité-là a vocation à se généraliser, à s'étendre ? Est-ce que les 15 % ont vocation à évoluer ?
R.- Parmi les précaires, on compte aussi les contrats. L'Armée, par exemple, qui exerce une fonction régalienne, est aujourd'hui exercée majoritairement par des gens sous contrat. Je recevais l'autre jour des infirmiers libéraux qui avaient passé huit ans dans les sous-marins nucléaires comme infirmiers, et qui sont très contents de leur statut. C'est la deuxième carrière. Je pense qu'il faudra développer cette formule pour l'armée, qui le fait déjà très bien, mais aussi pour la police, par exemple.
Q.- Venons-en au Conseil de modernisation des politiques publiques qui s'est réuni pour la première fois la semaine dernière à l'Elysée ; il a arrêté 97 mesures visant essentiellement à réduire les dépenses publiques et à moderniser le service public. L'objectif est de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite à partir de 2009. Combien y a-t-il de fonctionnaires en trop dans la fonction publique aujourd'hui ?
R.- Il n'y a pas de fonctionnaires en trop. I n'y a pas de plan social. On ne va licencier personne.
Q.- Si on en supprime 35.000 chaque année...
R.- Nous profitons d'un mouvement démographique extrêmement important qui fait qu'effectivement il y a 150.000 fonctionnaires d'ici la fin du quinquennat qui doivent partir. Si nous réussissons, ce qui est un objectif, à ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux d'ici 2012, nous reviendrons aux effectifs de la fonction publique de 1992, sous Monsieur Mitterrand ; la France n'était pas sous-gouvernée à l'époque. Il y a eu une inflation incontestable de recrutements et, aujourd'hui, il faut recadrer le dossier. Enfin, l'économie réalisée par le non remplacement d'un sur deux sera affectée pour moitié au désendettement qui est considérable, vous le savez, comme nécessité - 12 milliards d'euros de dettes, et l'autre moitié, pour améliorer les fonctionnaires, donc le statut des fonctionnaires. Il y aura donc moins de fonctionnaires mais mieux payés. Je crois que c'est ce qu'on souhaiterait, moins de fonctionnaires.
Q.- Est-ce que les fonctionnaires ne sont pas en train de devenir les boucs émissaires des déficits publics ?
R.- Non, pas du tout. Les Français sont conscients qu'ils ont une bonne fonction publique, ils le disent. Quand on compare avec les autres pays comparables au niveau de l'OCDE, par exemple, on le voit. Et en même temps, ils demandent une modernisation. Et les fonctionnaires aussi.
Q.- En même temps, vous avez fait faire une étude par l'IFOP et elle montre que 23 % seulement des fonctionnaires estiment que les Français ont une bonne image de la fonction publique.
R.- Oui.
Q.- Ils sont mal aimés, les fonctionnaires ou un peu paranos ?
R.- Ils se sentent mal aimés, absolument. Et c'est vrai qu'en période de chômage, on remarque l'autre et on dit : celui-là il a une garantie de l'emploi, alors que moi je ne l'ai pas. 70 % des jeunes qui veulent entrer dans la fonction publique, je veux qu'ils y entrent parce qu'ils le souhaitent, parce qu'ils ont envie d'être au service. Ceux qui choisissent la fonction publique ne le font pas pour gagner de l'argent. Ils le font par engagement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 décembre 2007
R.- Oui, bien sûr. D'abord, je n'ai pas de commentaire à faire ; c'est une affaire privée qui est devenue publique. Mais c'est vrai que j'aime bien Cécilia.
Q.- Cela ne vous choque pas de voir les couvertures de magazine "people" sur les amours supposées du chef de l'Etat ?
R.- C'est toujours comme cela.
Q.- Il est heureux, N. Sarkozy, en ce moment ? Il a l'air heureux sur les photos à Disneyland.
R.- J'en suis très content, parce qu'on a vraiment besoin de lui.
Q.- Trêve de "pipolerie"...
R.- Merci. Vous allez me parler de Kadhafi ?
Q.- Vous êtes le secrétaire d'Etat à la Fonction, le patron pour 5,2 millions de fonctionnaires qui, comme tous les Français, s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, et qui attendent beaucoup des négociations qui s'ouvrent aujourd'hui. Alors, allez-vous oui ou non revaloriser le point d'indice au 1er janvier 2008 ?
R.- Cela recommence, c'est vraiment votre crocodile empaillé. Premièrement, vous vous rappelez qu'on avait débattu sur ce fameux point d'indice qui ne représentait que 30 % de l'augmentation du pouvoir d'achat, le reste étant constitué par ce qu'on appelle le "GVT" - glissement, vieillesse, technicité - et par les conditions locales, qui font le total qui est 70 %. J'ai toujours été surpris qu'on parle...
Q.- Là, vous noyez le poisson...
R.- Non, attendez ! Je fais le tour et je vais y revenir. Je ne peux pas évidemment échapper à votre question. Donc, le point d'indice, oui mais l'enrichir, il n'y a pas que cela. Deuxièmement, le débat qui nous opposait aux organisations syndicales ; depuis 2000, disent-ils, nous avons perdu 6 %. Et E. Woerth, le patron de la fonction publique et du budget disait : non, c'est plus 2,4. On a donc demandé une étude...
Q.- 2,4 pour les trois quarts des fonctionnaires, dit-il.
R.- Attendez ! Non, non. Premièrement, c'était les positions frontales : moins 6, plus 2,4. On a donc demandé à l'Insee, à la direction du budget et à la direction générale de la fonction publique de nous faire une étude. Alors, effectivement, c'est là qu'on a pu constater que 24 % Et les autres...
Q.- Jusqu'à 6 %.
R.- Jusqu'à 6 % mais les autres, les trois quarts donc, ont gagné du pouvoir d'achat ; certains, 10 % des fonctionnaires, ont eu une évolution, leur rémunération a progressé de plus de 23 %.
Q.- C'est l'évolution du pouvoir d'achat depuis 2000. Mais si on prend l'évolution du point d'indice, j'y reviens, et qu'on soustrait l'inflation, on arrive à quoi ?
R.- Les 2,4 c'est hors inflation. Donc, cela prouve quand même qu'il y a eu une augmentation. On rappelle aussi...
Q.- En intégrant les primes, l'ancienneté, les promotions...
R.- Oui mais enfin, est-ce qu'on peut parler d'un traitement sans compter les primes, à Bercy, dans la police, où tout le monde sait que c'est un tiers de la rémunération ? Et on le dit aussi pour la retraite.
Q.- Est-ce qu'il y a un contentieux sur la baisse du pouvoir d'achat entre 2000 et 2006 ? La CGT dit que c'est le contentieux qui est incontournable pour les négociations qui s'ouvrent aujourd'hui.
R.- Maintenant, il n'y a plus de contentieux puisqu'il y a une étude réalisée par les trois principaux organismes de l'Etat. Donc, ce que nous voulions, nous, c'est avoir les mêmes paramètres pour débattre avec eux. Ce n'est pas possible quand même qu'on s'asseye à la table en ne sachant pas si le pouvoir d'achat a augmenté ou non. Maintenant, on a un véritable spectre où on sait où ça mène. Deuxièmement, nous voulons débattre avec eux de l'avenir. Pas un seul accord signé depuis 1998 ! C'est quand même anormal. C'est un jeu de rôle et tout le monde se cantonne là-dedans. C'est un mépris pour les fonctionnaires et les organisations syndicales. L'Etat n'est pas mécontent de cela, eux non plus, parce que cela les dispense d'acquiescer. Eh bien, il faut qu'on aille plus loin, qu'on ait des rencontres régulières. Et enfin, E. Woerth a lancé l'idée de la garantie du maintien du pouvoir d'achat. Moi, cela me semble une très idée.
Q.- Vous ne me dites pas si vous allez revaloriser le point d'indice au 1er janvier 2008.
R.- Les négociations commencent tout à l'heure et c'est E. Woerth qui va ouvrir le feu, puisque moi je serai au Sénat pour le projet de loi de finances rectificative.
Q.- Cela reste sur la table donc. Pour les années à venir, vous le disiez, E. Woerth, le ministre du Budget et de la Fonction publique, a promis des négociations chaque année au printemps pour garantir le pouvoir d'achat, garantir...
R.- Au minimum, on élabore le budget.
Q.- Garantir le pouvoir, le maintenir, cela ne veut pas dire l'augmenter. Donc comment gagner plus quand on est fonctionnaire aujourd'hui ?
R.- D'abord, les heures supplémentaires qui ont été revalorisées dans l'Education nationale - et l'heure supplémentaire était payée moins que dans le privé. Le président de la République a demandé qu'on les augmente de 25 %.
Q.- Les heures supplémentaires c'est essentiellement l'Education nationale.
R.- C'est un gros paquet d'heures supplémentaires, l'Education nationale.
Q.- Et quand on travaille ailleurs dans la fonction publique, comment on fait ?
R.- Il y a quand même beaucoup d'heures supplémentaires. Je n'aurai pas la cruauté de parler de la fonction publique hospitalière puisque là c'est par millions qu'on compte les heures supplémentaires. Ce n'est pas très normal qu'on fasse faire des heures... J'étais à Beaujon l'autre jour, et le personnel infirmier, que tout le monde adore, réclamait fort logiquement qu'on lui paye les heures qu'ils ont faites. C'est pareil pour la police, mais les opérations sont plus avancées pour le paiement, et nous voulons qu'on ne se trouve pas dans ces situations absolument humiliantes et pour les fonctionnaires et pour l'Etat.
Q.- Donc, chaque fois que cela est possible, travailler plus pour gagner plus, comme partout ailleurs ?
R.- Oui, l'appliquer pour les fonctionnaires.
Q.- N. Sarkozy a aussi parlé de la monétisation des RTT. Absolument. Il y a en gros 6 millions de journées de RTT non prises et épargnées dans la fonction publique. C'est cela, 6 millions de jours ?
R.- Oui, sans compter l'hospitalier ; vous parlez de la fonction d'Etat, là. Tout cela va être "monétisable", comme on dit. Quand on a lancé, par exemple, les quatre jours sur les CET, nos organisations syndicales n'ont rien dit. C'est un succès considérable. Cela va de 230 euros à 500. Moi, dans ma commune, j'ai vu que les petites [catégories] touchaient 180, et les autres 500, dès le début de janvier. Donc, c'est une mesure réellement de pouvoir d'achat. Et je crois qu'il faudra aller plus loin. Il faudra aller aussi vers l'épargne retraite. Quelques uns vont demander peut-être de gagner quelques jours sur leur départ en retraite, mais nous n'incitons pas cette mesure. Par contre, l'épargne retraite sera une bonne formule. Nous avons constaté aussi, par exemple, dans la fonction hospitalière que les médecins étaient en avance ; les infirmières n'avaient pas eu le temps de réfléchir au dossier. Maintenant, elles s'y mettent, et partout dans tous les secteurs de la fonction publique, c'est une réelle progression de ces CET.
Q.- Il y a une grande précarité dans la fonction publique... Non, 15 %. 15 % de contractuels mais il y a des contrats qui seraient impensables dans le privé, comme par exemple d'embaucher des enseignants en dix douzièmes, ce qui veut dire les payer dix mois sur douze. Est-ce que cette précarité-là a vocation à se généraliser, à s'étendre ? Est-ce que les 15 % ont vocation à évoluer ?
R.- Parmi les précaires, on compte aussi les contrats. L'Armée, par exemple, qui exerce une fonction régalienne, est aujourd'hui exercée majoritairement par des gens sous contrat. Je recevais l'autre jour des infirmiers libéraux qui avaient passé huit ans dans les sous-marins nucléaires comme infirmiers, et qui sont très contents de leur statut. C'est la deuxième carrière. Je pense qu'il faudra développer cette formule pour l'armée, qui le fait déjà très bien, mais aussi pour la police, par exemple.
Q.- Venons-en au Conseil de modernisation des politiques publiques qui s'est réuni pour la première fois la semaine dernière à l'Elysée ; il a arrêté 97 mesures visant essentiellement à réduire les dépenses publiques et à moderniser le service public. L'objectif est de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite à partir de 2009. Combien y a-t-il de fonctionnaires en trop dans la fonction publique aujourd'hui ?
R.- Il n'y a pas de fonctionnaires en trop. I n'y a pas de plan social. On ne va licencier personne.
Q.- Si on en supprime 35.000 chaque année...
R.- Nous profitons d'un mouvement démographique extrêmement important qui fait qu'effectivement il y a 150.000 fonctionnaires d'ici la fin du quinquennat qui doivent partir. Si nous réussissons, ce qui est un objectif, à ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux d'ici 2012, nous reviendrons aux effectifs de la fonction publique de 1992, sous Monsieur Mitterrand ; la France n'était pas sous-gouvernée à l'époque. Il y a eu une inflation incontestable de recrutements et, aujourd'hui, il faut recadrer le dossier. Enfin, l'économie réalisée par le non remplacement d'un sur deux sera affectée pour moitié au désendettement qui est considérable, vous le savez, comme nécessité - 12 milliards d'euros de dettes, et l'autre moitié, pour améliorer les fonctionnaires, donc le statut des fonctionnaires. Il y aura donc moins de fonctionnaires mais mieux payés. Je crois que c'est ce qu'on souhaiterait, moins de fonctionnaires.
Q.- Est-ce que les fonctionnaires ne sont pas en train de devenir les boucs émissaires des déficits publics ?
R.- Non, pas du tout. Les Français sont conscients qu'ils ont une bonne fonction publique, ils le disent. Quand on compare avec les autres pays comparables au niveau de l'OCDE, par exemple, on le voit. Et en même temps, ils demandent une modernisation. Et les fonctionnaires aussi.
Q.- En même temps, vous avez fait faire une étude par l'IFOP et elle montre que 23 % seulement des fonctionnaires estiment que les Français ont une bonne image de la fonction publique.
R.- Oui.
Q.- Ils sont mal aimés, les fonctionnaires ou un peu paranos ?
R.- Ils se sentent mal aimés, absolument. Et c'est vrai qu'en période de chômage, on remarque l'autre et on dit : celui-là il a une garantie de l'emploi, alors que moi je ne l'ai pas. 70 % des jeunes qui veulent entrer dans la fonction publique, je veux qu'ils y entrent parce qu'ils le souhaitent, parce qu'ils ont envie d'être au service. Ceux qui choisissent la fonction publique ne le font pas pour gagner de l'argent. Ils le font par engagement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 décembre 2007