Texte intégral
J. Wittenberg .- Bonjour à tous, et donc bonjour à vous, E. Besson.
Bonjour.
Q.- C'est vrai que vous êtes chargé de réfléchir aux politiques du futur de la France. Et N. Sarkozy, dans ses voeux avant hier, a parlé de "politique de civilisation", alors, c'est un terme à la fois ambitieux, mais un petit peu vague. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus, E. Besson ?
R.- Je peux vous dire en tout cas tel que je l'ai compris, dire que la politique, ce n'est pas simplement des aspects matérialistes, qui sont importants, mais c'est aussi un certain nombre de valeurs. Il y en a deux qui me viennent à l'esprit dans ce qu'il a dit : placer par exemple l'éducation - la chance de donner à quelqu'un tous les outils pour maîtriser son propre destin - l'éducation au coeur des politiques publiques, ça me paraît un élément de civilisation. L'autre élément c'est juste une valeur civique, mais très importante : le respect qu'attendent les Français, qu'attendent nos concitoyens, qu'on les respecte. Tout ça, c'est un code de valeurs, un ensemble de valeurs qui donne le la d'une politique, c'est ça une politique de civilisation selon moi.
Q.- En tout cas, dans ses voeux, N. Sarkozy a dit : tout ne peut pas être résolu en un jour, j'ai pu commettre des erreurs. Est-ce que c'est déjà un aveu qu'effectivement il n'a pas réussi, notamment sur le pouvoir d'achat, qui était l'axe majeur de sa campagne, et où on attend toujours les résultats ?
R.- Non, je ne le crois pas. En campagne électorale, N. Sarkozy a dit qu'il lui semblait que l'une des plaies de notre économie, et les raisons pour lesquelles nous avions en moyenne un point de croissance en moins, c'était un retard de compétitivité, qu'il expliquait par notre retard sur le marché du travail, sur la "flex-sécurité", sur un certain nombre de sujets. Il faut du temps pour le mettre en oeuvre. Ce qu'il cherche...
Q.- Sur le pouvoir d'achat, il y a eu des mesures d'urgence, c'est lui-même qui l'a rappelé...
R.- Il y a eu des mesures d'urgence, je crois d'ailleurs, si on prend les statistiques de l'INSEE, quand on dit que le pouvoir d'achat a augmenté de 3% en 2007, on peut dire que c'est insuffisant, et ça peut l'être pour un certain nombre de personnes qui ont des fins de mois difficiles, mais on ne peut pas dire que le pouvoir d'achat soit en recul en France.
Q.- Vous pensez que les Français ont généralement le sentiment que le pouvoir d'achat a augmenté en 2007 ?
R.- Non, pas mécaniquement. Mais c'est quand même une réalité. Et en même temps, le président de la République et le Premier ministre ont dit très clairement : c'est autour de la valeur travail - entrer plus vite sur le marché du travail, en sortir moins tôt, ça concerne les plus de 50 ans, que le travail paie plus, c'est tout ce qu'on appelle la possibilité de monétiser les RTT - c'est autour de la valeur travail qu'est construite la politique économique.
Q.- Où en est le projet de TVA sociale sur lequel vous, E. Besson, vous étiez chargé de réfléchir avant l'été. On en avait parlé, on en avait parlé pendant la campagne des législatives, ce qui avait d'ailleurs coûté, on l'a dit, des sièges à l'UMP, car c'est très impopulaire. Et puis, finalement, le projet semble enterré. Vous, vous y croyez toujours à cette TVA sociale...
R.- Je ne suis pas sûr que ça ait coûté, pour l'historique, mais peu importe aujourd'hui, la vraie question, c'est : comment on finance à terme notre protection sociale ? Quand vous regardez les pays les plus ouverts sur la compétition internationale - je pense par exemple aux pays du Nord de l'Europe - ils sont à la fois très compétitifs, très ouverts sur la compétition internationale, et en même temps, ils ont un très haut niveau de protection sociale, c'est-à-dire que leurs salariés n'ont pas vu leurs droits baisser. Comment font-ils ? Ils financent leur protection sociale non pas sur les cotisations assises sur les salaires, telles que nous les connaissons, mais sur des impôts et des taxes, c'est-à-dire qu'ils ont fiscalisé, comme on dit, la protection sociale. Ça me paraît à terme, si on se place à dix ans ou à quinze ans, inéluctable.
Q.- Inéluctable, c'est-à-dire plus de taxes pour financer la protection sociale, c'est ce que vous préconisez aujourd'hui ?
R.- A mon sens, il y aura moins de cotisations sociales, et donc effectivement plus d'impôts et de taxes à long terme. Maintenant, le président de la République a demandé à C. Lagarde, la ministre de l'Economie et des Finances, et moi, j'en fais un morceau, si je puis dire, à sa demande, une réflexion sur ce qu'on appelle l'ensemble des prélèvements obligatoires, ce sera l'un des débats du printemps. Et vous aurez donc les arbitrages du président de la République et du Premier ministre sur la question que vous posiez de TVA sociale.
Q.- Alors, il y a le printemps, et puis, il y a des échéances beaucoup plus lointaines, il y a un projet qui s'appelle "France 2025", sur lequel vous travaillez. De quoi s'agit-il ? On est revenu au temps de la planification, puisque, on le rappelle, vous êtes secrétaire d'Etat à la Prospective. C'est quoi France 2025 ?
R.- C'est un exercice dit de diagnostic stratégique, comme le font les Anglais, les Danois, les Finlandais, régulièrement. On s'interrogera - le Premier ministre lancera l'exercice début février, le 11 février très exactement - on s'interrogera sur les forces, les faiblesses de notre pays, les stratégies, les scénarios du possible et les réformes souhaitables pour que, en 2025, puisque c'est l'horizon fixé, la France soit à la fois compétitive et solidaire ; c'est ça l'exercice de diagnostic stratégique, c'est l'esprit du plan, la concertation, mais c'est moins lourd que le plan.
Q.- En quoi c'est différent par exemple de ce que proposait la Commission Attali, il y a quelques semaines ? Finalement, je vous pose une question un peu provocante, à quoi sert votre ministère aujourd'hui ?
R.- D'abord, il y a complémentarité avec ce que fait J. Attali, c'est même nous qui travaillons avec le Centre d'analyse stratégique sur l'étude du financement, du combien ça coûte des propositions que J. Attali va remettre, je crois, mi-janvier. Il y a complémentarité. Lui a travaillé sur la croissance à court terme ; le projet que nous menons est complémentaire et beaucoup plus ambitieux, il touchera à toutes les politiques publiques, et pas seulement les questions liées à la croissance.
Q.- E. Besson, on le rappelle, vous êtes socialiste, vous veniez du Parti socialiste...
R.- J'étais...
Vous étiez socialiste...
R.- Je fus...
Q.- Vous fûtes socialiste. Qu'est-ce que vous pensez finalement de ce qu'a redit N. Sarkozy en appuyant le choix de l'ouverture, en s'en félicitant, vous êtes ravi, vous attendez d'autres ministres venus du PS comme vous dans les semaines à venir ?
R.- Ça, ce n'est pas une décision qui m'appartient, vous imaginez...
Q.- Vous aimeriez en tout cas...
R.- Bien sûr que je le souhaite. Après, c'est au président de la République de définir l'équilibre à l'intérieur de sa majorité, mais qu'il y ait un certain nombre d'ex-amis qui nous rejoignent, évidemment, ça ne me poserait pas de problème...
Q.- Qui par exemple, pourrait rentrer au Gouvernement, selon vous ?
R.- Je ne jouerai pas à ce jeu-là malgré les "4 Vérités" que vous proposez. Ce qui m'intéresse, c'est le fond. Pourquoi un certain nombre de femmes et d'hommes de gauche ont dit oui ? Tout simplement, parce que N. Sarkozy a proposé un projet de réforme conforme à ce que je vous disais tout à l'heure, c'est-à-dire comment être compétitif et solidaire à la fois. Nous sommes un certain nombre à nous y retrouver.
Q.- Est-ce que tout de même, on n'a pas atteint, dans certains cas, les limites de l'ouverture ? Quand vous entendez par exemple votre ami B. Kouchner dire que si B. Delanoë était réélu à Paris, ça lui ferait plaisir. C'est un petit peu bizarre. Et vous, par exemple, qu'est-ce que... vous aussi, vous seriez content si monsieur Delanoë était réélu à Paris ?
R.- J'ai déjà répondu très clairement à cette question. J'appartiens à la majorité présidentielle, j'ai même des amis appartenant à mon mouvement qui vont être sur les listes de F. de Panafieu. Donc j'ai une cohérence : je soutiens les candidats de la majorité présidentielle...
Q.- Parce que vous n'avez pas d'anciens amis socialistes dont vous souhaiteriez la réélection ?
R.- Mais justement, en même temps, je ne suis pas en train de donner un coup de griffes à B. Kouchner, il a exprimé quelque chose qu'on peut tous ressentir : on a des amis ; moi, il y a des villes où j'ai des amis où je n'irai pas soutenir les candidats en face, parce que j'ai dix ans de camaraderie...
Q.- Qui, vous avez des exemples par exemple, enfin, des exemples...
R.- J'ai beaucoup d'exemples en tête, mais je ne veux pas vous les citer, là. Donc effectivement, il peut y avoir de temps en temps, on n'a pas passé impunément... moi, j'ai passé sept ans à la direction du Parti socialiste...
Q.- Vous avez encore des contacts avec des socialistes ?
R.- Oui, j'ai des contacts, mais ce qui m'intéresse, pour eux comme pour le pays, c'est le congrès sur lequel ils vont maintenant devoir travailler. C'est un congrès essentiel, c'est un congrès d'identité, celui du Parti socialiste, c'est intéressant pour le Parti socialiste, et c'est intéressant pour la démocratie française. On a besoin de deux grands mouvements, de deux blocs qui peuvent assurer une alternative en proposant des réformes modernes.
Q.- Monsieur Besson, vous ne seriez pas quand même étonné qu'on trouve que vous avez un certain culot à faire des conseils finalement, à donner des conseils au PS, que vous avez quitté avec pertes et fracas, il y a quelques mois, pour ce congrès ?
R.- Je ne suis pas en train de donner des conseils, mais simplement à répondre à votre question. Maintenant, la question de l'identité du principal parti d'opposition ne concerne pas que ceux qui sont aujourd'hui en son sein, ça peut concerner ceux qui y ont appartenu, mais tout simplement l'avenir de la démocratie.
Q.- Dernière question, vos électeurs à Donzère, dans la Drôme, où vous allez vous représenter dans quelques semaines, vous voient encore comme une personnalité de gauche aujourd'hui ?
R.- Je crois qu'ils me voient d'abord - si vous me permettez d'être prétentieux - comme un bon maire, mais ils savent que mes valeurs fondamentales n'ont pas changé. Maintenant, il faut être humble devant le suffrage universel. On verra dans deux mois si ce que je suis en train de vous dire, et qui dégage une certaine sérénité sur mon avenir électoral sur ma commune, on verra si c'est confirmé.
Q.- Merci Monsieur Besson. Très bonne journée à vous.
R.- Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008
Bonjour.
Q.- C'est vrai que vous êtes chargé de réfléchir aux politiques du futur de la France. Et N. Sarkozy, dans ses voeux avant hier, a parlé de "politique de civilisation", alors, c'est un terme à la fois ambitieux, mais un petit peu vague. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus, E. Besson ?
R.- Je peux vous dire en tout cas tel que je l'ai compris, dire que la politique, ce n'est pas simplement des aspects matérialistes, qui sont importants, mais c'est aussi un certain nombre de valeurs. Il y en a deux qui me viennent à l'esprit dans ce qu'il a dit : placer par exemple l'éducation - la chance de donner à quelqu'un tous les outils pour maîtriser son propre destin - l'éducation au coeur des politiques publiques, ça me paraît un élément de civilisation. L'autre élément c'est juste une valeur civique, mais très importante : le respect qu'attendent les Français, qu'attendent nos concitoyens, qu'on les respecte. Tout ça, c'est un code de valeurs, un ensemble de valeurs qui donne le la d'une politique, c'est ça une politique de civilisation selon moi.
Q.- En tout cas, dans ses voeux, N. Sarkozy a dit : tout ne peut pas être résolu en un jour, j'ai pu commettre des erreurs. Est-ce que c'est déjà un aveu qu'effectivement il n'a pas réussi, notamment sur le pouvoir d'achat, qui était l'axe majeur de sa campagne, et où on attend toujours les résultats ?
R.- Non, je ne le crois pas. En campagne électorale, N. Sarkozy a dit qu'il lui semblait que l'une des plaies de notre économie, et les raisons pour lesquelles nous avions en moyenne un point de croissance en moins, c'était un retard de compétitivité, qu'il expliquait par notre retard sur le marché du travail, sur la "flex-sécurité", sur un certain nombre de sujets. Il faut du temps pour le mettre en oeuvre. Ce qu'il cherche...
Q.- Sur le pouvoir d'achat, il y a eu des mesures d'urgence, c'est lui-même qui l'a rappelé...
R.- Il y a eu des mesures d'urgence, je crois d'ailleurs, si on prend les statistiques de l'INSEE, quand on dit que le pouvoir d'achat a augmenté de 3% en 2007, on peut dire que c'est insuffisant, et ça peut l'être pour un certain nombre de personnes qui ont des fins de mois difficiles, mais on ne peut pas dire que le pouvoir d'achat soit en recul en France.
Q.- Vous pensez que les Français ont généralement le sentiment que le pouvoir d'achat a augmenté en 2007 ?
R.- Non, pas mécaniquement. Mais c'est quand même une réalité. Et en même temps, le président de la République et le Premier ministre ont dit très clairement : c'est autour de la valeur travail - entrer plus vite sur le marché du travail, en sortir moins tôt, ça concerne les plus de 50 ans, que le travail paie plus, c'est tout ce qu'on appelle la possibilité de monétiser les RTT - c'est autour de la valeur travail qu'est construite la politique économique.
Q.- Où en est le projet de TVA sociale sur lequel vous, E. Besson, vous étiez chargé de réfléchir avant l'été. On en avait parlé, on en avait parlé pendant la campagne des législatives, ce qui avait d'ailleurs coûté, on l'a dit, des sièges à l'UMP, car c'est très impopulaire. Et puis, finalement, le projet semble enterré. Vous, vous y croyez toujours à cette TVA sociale...
R.- Je ne suis pas sûr que ça ait coûté, pour l'historique, mais peu importe aujourd'hui, la vraie question, c'est : comment on finance à terme notre protection sociale ? Quand vous regardez les pays les plus ouverts sur la compétition internationale - je pense par exemple aux pays du Nord de l'Europe - ils sont à la fois très compétitifs, très ouverts sur la compétition internationale, et en même temps, ils ont un très haut niveau de protection sociale, c'est-à-dire que leurs salariés n'ont pas vu leurs droits baisser. Comment font-ils ? Ils financent leur protection sociale non pas sur les cotisations assises sur les salaires, telles que nous les connaissons, mais sur des impôts et des taxes, c'est-à-dire qu'ils ont fiscalisé, comme on dit, la protection sociale. Ça me paraît à terme, si on se place à dix ans ou à quinze ans, inéluctable.
Q.- Inéluctable, c'est-à-dire plus de taxes pour financer la protection sociale, c'est ce que vous préconisez aujourd'hui ?
R.- A mon sens, il y aura moins de cotisations sociales, et donc effectivement plus d'impôts et de taxes à long terme. Maintenant, le président de la République a demandé à C. Lagarde, la ministre de l'Economie et des Finances, et moi, j'en fais un morceau, si je puis dire, à sa demande, une réflexion sur ce qu'on appelle l'ensemble des prélèvements obligatoires, ce sera l'un des débats du printemps. Et vous aurez donc les arbitrages du président de la République et du Premier ministre sur la question que vous posiez de TVA sociale.
Q.- Alors, il y a le printemps, et puis, il y a des échéances beaucoup plus lointaines, il y a un projet qui s'appelle "France 2025", sur lequel vous travaillez. De quoi s'agit-il ? On est revenu au temps de la planification, puisque, on le rappelle, vous êtes secrétaire d'Etat à la Prospective. C'est quoi France 2025 ?
R.- C'est un exercice dit de diagnostic stratégique, comme le font les Anglais, les Danois, les Finlandais, régulièrement. On s'interrogera - le Premier ministre lancera l'exercice début février, le 11 février très exactement - on s'interrogera sur les forces, les faiblesses de notre pays, les stratégies, les scénarios du possible et les réformes souhaitables pour que, en 2025, puisque c'est l'horizon fixé, la France soit à la fois compétitive et solidaire ; c'est ça l'exercice de diagnostic stratégique, c'est l'esprit du plan, la concertation, mais c'est moins lourd que le plan.
Q.- En quoi c'est différent par exemple de ce que proposait la Commission Attali, il y a quelques semaines ? Finalement, je vous pose une question un peu provocante, à quoi sert votre ministère aujourd'hui ?
R.- D'abord, il y a complémentarité avec ce que fait J. Attali, c'est même nous qui travaillons avec le Centre d'analyse stratégique sur l'étude du financement, du combien ça coûte des propositions que J. Attali va remettre, je crois, mi-janvier. Il y a complémentarité. Lui a travaillé sur la croissance à court terme ; le projet que nous menons est complémentaire et beaucoup plus ambitieux, il touchera à toutes les politiques publiques, et pas seulement les questions liées à la croissance.
Q.- E. Besson, on le rappelle, vous êtes socialiste, vous veniez du Parti socialiste...
R.- J'étais...
Vous étiez socialiste...
R.- Je fus...
Q.- Vous fûtes socialiste. Qu'est-ce que vous pensez finalement de ce qu'a redit N. Sarkozy en appuyant le choix de l'ouverture, en s'en félicitant, vous êtes ravi, vous attendez d'autres ministres venus du PS comme vous dans les semaines à venir ?
R.- Ça, ce n'est pas une décision qui m'appartient, vous imaginez...
Q.- Vous aimeriez en tout cas...
R.- Bien sûr que je le souhaite. Après, c'est au président de la République de définir l'équilibre à l'intérieur de sa majorité, mais qu'il y ait un certain nombre d'ex-amis qui nous rejoignent, évidemment, ça ne me poserait pas de problème...
Q.- Qui par exemple, pourrait rentrer au Gouvernement, selon vous ?
R.- Je ne jouerai pas à ce jeu-là malgré les "4 Vérités" que vous proposez. Ce qui m'intéresse, c'est le fond. Pourquoi un certain nombre de femmes et d'hommes de gauche ont dit oui ? Tout simplement, parce que N. Sarkozy a proposé un projet de réforme conforme à ce que je vous disais tout à l'heure, c'est-à-dire comment être compétitif et solidaire à la fois. Nous sommes un certain nombre à nous y retrouver.
Q.- Est-ce que tout de même, on n'a pas atteint, dans certains cas, les limites de l'ouverture ? Quand vous entendez par exemple votre ami B. Kouchner dire que si B. Delanoë était réélu à Paris, ça lui ferait plaisir. C'est un petit peu bizarre. Et vous, par exemple, qu'est-ce que... vous aussi, vous seriez content si monsieur Delanoë était réélu à Paris ?
R.- J'ai déjà répondu très clairement à cette question. J'appartiens à la majorité présidentielle, j'ai même des amis appartenant à mon mouvement qui vont être sur les listes de F. de Panafieu. Donc j'ai une cohérence : je soutiens les candidats de la majorité présidentielle...
Q.- Parce que vous n'avez pas d'anciens amis socialistes dont vous souhaiteriez la réélection ?
R.- Mais justement, en même temps, je ne suis pas en train de donner un coup de griffes à B. Kouchner, il a exprimé quelque chose qu'on peut tous ressentir : on a des amis ; moi, il y a des villes où j'ai des amis où je n'irai pas soutenir les candidats en face, parce que j'ai dix ans de camaraderie...
Q.- Qui, vous avez des exemples par exemple, enfin, des exemples...
R.- J'ai beaucoup d'exemples en tête, mais je ne veux pas vous les citer, là. Donc effectivement, il peut y avoir de temps en temps, on n'a pas passé impunément... moi, j'ai passé sept ans à la direction du Parti socialiste...
Q.- Vous avez encore des contacts avec des socialistes ?
R.- Oui, j'ai des contacts, mais ce qui m'intéresse, pour eux comme pour le pays, c'est le congrès sur lequel ils vont maintenant devoir travailler. C'est un congrès essentiel, c'est un congrès d'identité, celui du Parti socialiste, c'est intéressant pour le Parti socialiste, et c'est intéressant pour la démocratie française. On a besoin de deux grands mouvements, de deux blocs qui peuvent assurer une alternative en proposant des réformes modernes.
Q.- Monsieur Besson, vous ne seriez pas quand même étonné qu'on trouve que vous avez un certain culot à faire des conseils finalement, à donner des conseils au PS, que vous avez quitté avec pertes et fracas, il y a quelques mois, pour ce congrès ?
R.- Je ne suis pas en train de donner des conseils, mais simplement à répondre à votre question. Maintenant, la question de l'identité du principal parti d'opposition ne concerne pas que ceux qui sont aujourd'hui en son sein, ça peut concerner ceux qui y ont appartenu, mais tout simplement l'avenir de la démocratie.
Q.- Dernière question, vos électeurs à Donzère, dans la Drôme, où vous allez vous représenter dans quelques semaines, vous voient encore comme une personnalité de gauche aujourd'hui ?
R.- Je crois qu'ils me voient d'abord - si vous me permettez d'être prétentieux - comme un bon maire, mais ils savent que mes valeurs fondamentales n'ont pas changé. Maintenant, il faut être humble devant le suffrage universel. On verra dans deux mois si ce que je suis en train de vous dire, et qui dégage une certaine sérénité sur mon avenir électoral sur ma commune, on verra si c'est confirmé.
Q.- Merci Monsieur Besson. Très bonne journée à vous.
R.- Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008