Texte intégral
Je voulais vous dire que cette rencontre pour moi est très importante. J'avais promis en venant ici au mois d'août au moment du passage du cyclone Dean ou juste après, j'avais promis de revenir avant la fin de l'année pour vérifier que tous les engagements de l'Etat avaient été tenus. J'accorde en effet une importance considérable à ce que les engagements soient tenus. Je pense que si la vie politique dans notre pays a connu depuis 20 ans autant de crise, c'est parce que la confiance s'était progressivement effritée. Et la confiance s'était effritée parce que l'habitude avait été prise de ne jamais tenir les engagements. La démocratie, ça fonctionne comme ça. On est élu sur un programme, il plaît ou il ne plaît pas mais il y a une majorité qui le choisit, et puis ensuite on le met en oeuvre. Et au bout de cinq ans les électeurs choisissent et jugent. Ca me permet d'ailleurs de dire un mot à la presse nationale, à tous ceux qui sont en train de s'émouvoir paraît-il en métropole de l'annonce que j'ai faite, de l'évaluation des membres du gouvernement. Comment peut-on s'étonner que l'on veuille évaluer les politiques que l'on met en oeuvre ? Comment peut-on s'étonner que l'on veuille évaluer l'efficacité d'une équipe gouvernementale ? Enfin est-ce qu'il y a une structure humaine dans laquelle on ne cherche pas régulièrement, à évoluer les résultats ? Pas pour noter les hommes, mais pour mettre en oeuvre les politiques et vérifier justement que les engagements sont tenus. C'est ce que vous faites dans chacune de vos entreprises. Et personne ne doit craindre cette évaluation qui est au contraire un outil pour mieux gouverner, pour être plus réactif, pour aller plus au devant des attentes de la population française.
Mesdames et messieurs, l'ambition du gouvernement vous le savez, c'est de réformer. C'est de réformer en profondeur notre pays pour créer les conditions d'une croissance qui soit saine, qui soit durable. C'est pour gagner la bataille de l'emploi, la bataille du pouvoir d'achat. Nous sommes un pays riche, nous sommes un pays avec une immense culture, une vieille histoire, nous sommes un pays avec des capacités en matière de formation, en matière de recherche, en matière d'innovation exceptionnelle, un des pays les plus en avance du monde, et pourtant depuis près de 20 ans, nous n'avons pas la croissance des autres, et nous n'avons pas les résultats en matière d'emploi des autres. Et nous traînons un déficit qui est de plus en plus un boulet pour l'ensemble de l'économie nationale. Pour atteindre le plein emploi que dix pays européens aujourd'hui ont atteint, pour avoir un taux de croissance qui soit dans la moyenne des meilleurs pays développés. Et enfin pour retrouver l'équilibre de nos finances publiques, il suffit de réformer en profondeur notre pays, c'est-à-dire il suffit de faire sauter tous les verrous, tous les blocages, que nous avons laissé s'installer au fil du temps et qui nous empêche d'obtenir les performances auxquelles nous avons droit.
Le projet du gouvernement pour l'Outre-Mer s'inscrit exactement dans la même logique, dans la même ambition, même si naturellement nous savons qu'il faut tenir compte du contexte propre à chaque département, et à chaque collectivité d'Outre-Mer. La Guadeloupe a aujourd'hui en tant que département 60 ans, et depuis le début de la départementalisation la Guadeloupe s'est dotée d'infrastructures modernes, elle s'est dotée de services publics. Le niveau de vie des habitants de la Guadeloupe s'est nettement amélioré. L'économie de la Guadeloupe a connu depuis 60 ans une véritable métamorphose. Ce rattrapage accéléré, il s'est fait au moyen d'une politique active de transfert financier, et il s'est fait à travers une très forte intégration à l'économie métropolitaine. Et ce sont ces transferts financiers et cette intégration qui ont permis l'émergence des activités que vous représentez.
Je crois que ce modèle de développement a répondu à une exigence de solidarité et d'égalité et qu'il a été à un moment donné efficace, mais nul ne peut contester aujourd'hui qu'il s'essouffle. Il s'essouffle d'abord parce que nous abordons une période où les ressources publiques de l'Etat comme de l'Europe, ou des collectivités locales, sont soumises à une contrainte plus forte. J'évoquais à l'instant la nécessité de retrouver l'équilibre des finances publiques. C'est un objectif incontournable. Aujourd'hui chaque jeune Français qui naît, naît avec une dette sur la tête de 19.000 euros. Ca fait 33 ans que la France n'a pas connu un budget en équilibre. Tous les jeunes Français qui ont moins de 33 ans pensent que ça peut toujours durer puisqu'ils n'ont jamais connu un budget en équilibre. Et quant à ceux qui ont plus de 33 ans, ils se disent que si ça dure depuis 33 ans, ça doit bien pouvoir durer encore quelques années. Non, ça ne peut plus durer. Ca ne peut plus durer parce que la dette s'accroît et parce qu'elle pèse sur les capacités d'investissement du pays, sur le coût de la vie publique, et donc naturellement sur la fiscalité, sur la compétitivité des entreprises. Ce modèle, il s'est aussi essoufflé parce qu'il a créé ses propres freins, en instaurant une relation économique quasi exclusive avec la métropole, en privilégiant les secteurs protégés, en tirant la structure des prix vers le haut. C'est la raison pour laquelle le gouvernement conformément d'ailleurs au programme sur lequel s'est engagé le Président de la République souhaite donner aux économies d'Outre-Mer une capacité de développement qui soit plus autonome.
Il ne s'agit pas de renoncer totalement à la logique de solidarité, mais il s'agit de mettre en place progressivement une nouvelle stratégie de développement, qui permette aux entreprises guadeloupéennes de consolider leurs positions sur le marché intérieur, et en même temps de relever le défi de l'export. Cette stratégie, elle est fondée sur la formation, sur la recherche et sur l'innovation. C'est l'objet même de la loi programme pour le développement économique et la promotion de l'excellence outre-mer que sont en train de préparer Christian Estrosi, qui en est le maître d'oeuvre et l'ensemble du gouvernement. Je veux vous dire que le calendrier est respecté. L'avant projet de loi sera transmis à la fois au conseil économique et social pour avis, et aux collectivités locales concernées d'ici le mois de février. Ce sera l'occasion de poursuivre avec les élus et avec vous-même les acteurs économiques, la concertation que Christian Estrosi a déjà engagé avec vous. Les quelques principes qui sous-tendent le projet du gouvernement vous sont connus. Je voudrais d'abord vous dire que malgré un contexte financier tendu, puisqu 'avec le Président de la République nous nous sommes engagés à retrouver l'équilibre budgétaire en cinq ans, ce qui suppose de ne pas augmenter pendant cinq ans les dépenses de l'Etat, malgré cet engagement, malgré cette contrainte, je veux prendre devant vous l'engagement que l'Etat fera dans la loi programme un effort financier supérieur pour les départements d'Outre-Mer. La loi programme ne sera pas un jeu d'annulation et de création de crédits nouveaux. Ce sera un jeu à somme positive puisque l'effort global de l'Etat pour les départements d'Outre-Mer sera en augmentation. Ensuite je voudrais vous dire que le socle de la loi programme de 2003 sera conservé qu'il s'agisse de la défiscalisation ou qu'il s'agisse des exonérations de charges. Nous allons simplement en concertation avec vous essayer de réformer ces dispositifs pour être plus clairement orientés vers les leviers d'un développement économique durable, et les marges de manoeuvre qui pourront être retrouvées seront intégralement destinées à combler le déficit en logements sociaux et le retard dans les équipements publics de base. La création de zones franches globales d'activités est emblématique de cette stratégie de développement, même si le contenu de la loi programme sera évidemment beaucoup plus large que cette seule mesure. L'objectif de ces zones franches globales est clair, la sélectivité, la rentabilité et la compétitivité au moyen d'exonération fiscale, intégralement compensée par l'Etat. Les secteurs éligibles à ces zones franches globales seront les mêmes que ceux de la défiscalisation, avec en outre certains services aux entreprises. Le taux d'exonération sera variable. Il y aura un taux d'exonération bonifié qui s'appliquera aux secteurs prioritaires, secteurs prioritaires identifiés par chaque département d'Outre-Mer.
Pour la Guadeloupe, c'est le tourisme, les énergies renouvelables et l'environnement. Ce taux bonifié s'appliquera également aux entreprises éligibles situées à Marie Galante, à la Désirade et aux Saintes, et aux entreprises appartenant aux secteurs de la recherche et du développement. Mais je veux vous dire qu'il serait totalement illusoire de penser que seul un outil fiscal est suffisant pour bâtir un développement économique durable. Il y a me semble-t-il deux conditions supplémentaires pour réussir, une ouverture plus grande sur l'environnement régional, et une meilleure cohérence des stratégie. D'abord l'ouverture sur l'environnement régional, c'est l'occasion de vous rappeler que l'Union européenne a signé le 18 décembre avec les pays du CARIFORUM, l'accord de partenariat économique. Le gouvernement a suivi très attentivement le déroulement des négociations qui ont été conduites par la commission européenne sans jamais cesser de plaider pour préserver l'équilibre économique des départements d'Outre-Mer. Nous avons eu la satisfaction de voir l'essentiel de nos demandes pris en compte notamment à travers des dispositions particulières pour le sucre et pour la banane. Dans le contexte d'isolement, il faut bien le dire, où nous étions à Bruxelles sur ce sujet, c'est un résultat très satisfaisant, et Michel Barnier qui m'accompagne dans ce déplacement, mieux que quiconque peut en attester. Mais il ne faut pas retenir uniquement cet aspect défensif de l'accord avec le Cariforum qui ouvre en réalité pour la Martinique et pour la Guadeloupe de réelles perspectives dans la région des Caraïbes. Cet accord prévoit la libéralisation progressive du marché du Cariforum pour 61 % des produits sur dix ans, et pour 82 % des biens au minimum sur 15 ans. Il s'agit du seul APE qui ouvre le secteur des services et notamment les services hospitaliers et de santé, les services environnementaux, de transport maritime et d'ingénierie qui sont justement des secteurs dans lesquels la Guadeloupe a un savoir-faire reconnu dans la région. Il nous faut maintenant analyser en détail et ensemble cet accord pour saisir pleinement les opportunités qu'il ouvre. La pleine mobilisation de l'ensemble des partenaires du commerce extérieur, en métropole, comme localement est nécessaire et je donnerai des instructions en ce sens. La deuxième condition consiste à mettre en cohérence les stratégies et les outils d'accompagnement, et je voudrais ici illustrer brièvement mon propos avec deux exemples. D'abord le tourisme. En identifiant le tourisme parmi les secteurs prioritaires, en le positionnant dans ce que j'appelle le deuxième étage des zones franches, les élus et les acteurs économiques ont fait un choix stratégique, un choix d'ailleurs auquel l'ensemble de la Guadeloupe va devoir maintenant adhérer. En effet, le levier fiscal permis par les zones franches n'aura de sens que si par ailleurs la Guadeloupe parvient à se différencier de la concurrence en enrichissant son offre, en développant des produits attractifs, y compris à l'intérieur des terres. Si la Guadeloupe parvient à mieux positionner sa destination y compris pour les bateaux de croisière, et enfin si la Guadeloupe parvient à restaurer la confiance de sa clientèle en améliorant sans cesse la qualité et l'amélioration de la qualité passe en particulier par la mise en place de formation adaptée, et je crois qu'on peut dire que les expériences qui ont été faites récemment dans ce domaine montrent à quel point la formation est la clef d'un tourisme de qualité. Luc CHATEL qui m'accompagne dans ce déplacement et qui aura l'occasion tout à l'heure avec Christian Estrosi, Michel Barnier et peut-être Bernard Laporte, de répondre vos questions, réunira à Paris tous les acteurs du tourisme ultramarin pour dynamiser la réflexion sur tous ces points.
Le deuxième exemple que je voulais évoquer, c'est la recherche et l'innovation. La Guadeloupe dispose en effet aujourd'hui du pôle de recherche le plus important de la France en Outre-Mer. Les différents pôles de recherche guadeloupéens sont reconnus en matière de biodiversité tropicale, d'énergie renouvelable et de matériaux. Pourtant, et je crois que c'est une évidence de faire cette remarque, la valorisation économique des compétences scientifiques présentes en Guadeloupe est insuffisante. Et d'ailleurs la visite que j'ai faite ce matin du centre de recherche de l'Inra et du Cirad illustre bien cette situation. D'un côté un outil de recherche exceptionnel avec des résultats très intéressants, très importants, pas seulement pour la Guadeloupe, pour la métropole et pour toute la région et en même temps pas vraiment d'interface, pas de centre technique permettant de transférer ces technologies vers les entreprises agricoles. Il y a donc un effort à réaliser ensemble d'ailleurs avec les collectivités territoriales pour permettre ce transfert. Là aussi l'outil fiscal est important, mais il ne suffit pas à créer les synergies indispensables. C'est la raison pour laquelle vous avez créé un pôle de compétitivité, le pôle "Synergile". Nous avons choisi d'adosser ce pôle au pôle "Capenergies", pour offrir au pôle guadeloupéen une taille critique suffisante tout en lui donnant accès au financement spécifique. Avec ses 45 entreprises, ses 20 organismes de recherche, ses partenaires institutionnels, le pôle est à l'évidence le bon outil pour dynamiser le champ des énergies renouvelables et des matériaux de construction. Voilà mesdames et messieurs à travers ce propos introductif à votre débat, je voulais simplement vous convaincre que le gouvernement fait pour la Guadeloupe le pari de l'ouverture, de l'intelligence et de l'innovation. J'ai parfaitement conscience que la Guadeloupe comme les autres départements d'Outre-Mer fait face à des handicaps spécifiques, à une situation sociale difficile, à des retards structurels importants. Changer progressivement de moteur de développement, ce n'est pas renoncer à traiter ces problèmes. Ce n'est pas se défausser, bien au contraire. C'est travailler sur le long terme. C'est refuser que la Guadeloupe reste à l'écart des changements majeurs qui sont en train d'affecter le monde qui nous entoure, et au fond il y a là le résumé de toute la philosophie qui est celle de mon gouvernement, sous l'autorité du président de la République.
Qu'est-ce que nous essayons de faire ? D'adapter notre pays à un monde qui a changé et que pendant longtemps nous avons refusé de voir changer.
C'est ce que nous avons entrepris. C'est au début de cette année 2008, profitant de l'occasion pour vous souhaiter à tous une excellente année... ce que nous avons décidé d'entreprendre. Cette année 2008 va être une année cruciale pour notre pays. Il y a eu un grand débat politique en 2007, les Français ont fait un choix. Nous avons pendant six mois commencé à mettre en place les instruments, les méthodes, les procédures pour réaliser le programme du président de la République, mais en 2008, j'ai envie de dire on entre vraiment dans le vif du sujet. Et on va engager la réforme du marché du travail, on va engager la réforme des prélèvements obligatoires, on va engager la réforme de notre système de santé, on va engager la réforme de notre économie en cherchant à faire sauter tous les freins qui aujourd'hui brident la compétitivité de l'économie française. Nous avons une lourde tâche devant nous, mais c'est en même temps une tâche exaltante, et je veux que la Guadeloupe y soit complètement associée. Merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 janvier 2008
Mesdames et messieurs, l'ambition du gouvernement vous le savez, c'est de réformer. C'est de réformer en profondeur notre pays pour créer les conditions d'une croissance qui soit saine, qui soit durable. C'est pour gagner la bataille de l'emploi, la bataille du pouvoir d'achat. Nous sommes un pays riche, nous sommes un pays avec une immense culture, une vieille histoire, nous sommes un pays avec des capacités en matière de formation, en matière de recherche, en matière d'innovation exceptionnelle, un des pays les plus en avance du monde, et pourtant depuis près de 20 ans, nous n'avons pas la croissance des autres, et nous n'avons pas les résultats en matière d'emploi des autres. Et nous traînons un déficit qui est de plus en plus un boulet pour l'ensemble de l'économie nationale. Pour atteindre le plein emploi que dix pays européens aujourd'hui ont atteint, pour avoir un taux de croissance qui soit dans la moyenne des meilleurs pays développés. Et enfin pour retrouver l'équilibre de nos finances publiques, il suffit de réformer en profondeur notre pays, c'est-à-dire il suffit de faire sauter tous les verrous, tous les blocages, que nous avons laissé s'installer au fil du temps et qui nous empêche d'obtenir les performances auxquelles nous avons droit.
Le projet du gouvernement pour l'Outre-Mer s'inscrit exactement dans la même logique, dans la même ambition, même si naturellement nous savons qu'il faut tenir compte du contexte propre à chaque département, et à chaque collectivité d'Outre-Mer. La Guadeloupe a aujourd'hui en tant que département 60 ans, et depuis le début de la départementalisation la Guadeloupe s'est dotée d'infrastructures modernes, elle s'est dotée de services publics. Le niveau de vie des habitants de la Guadeloupe s'est nettement amélioré. L'économie de la Guadeloupe a connu depuis 60 ans une véritable métamorphose. Ce rattrapage accéléré, il s'est fait au moyen d'une politique active de transfert financier, et il s'est fait à travers une très forte intégration à l'économie métropolitaine. Et ce sont ces transferts financiers et cette intégration qui ont permis l'émergence des activités que vous représentez.
Je crois que ce modèle de développement a répondu à une exigence de solidarité et d'égalité et qu'il a été à un moment donné efficace, mais nul ne peut contester aujourd'hui qu'il s'essouffle. Il s'essouffle d'abord parce que nous abordons une période où les ressources publiques de l'Etat comme de l'Europe, ou des collectivités locales, sont soumises à une contrainte plus forte. J'évoquais à l'instant la nécessité de retrouver l'équilibre des finances publiques. C'est un objectif incontournable. Aujourd'hui chaque jeune Français qui naît, naît avec une dette sur la tête de 19.000 euros. Ca fait 33 ans que la France n'a pas connu un budget en équilibre. Tous les jeunes Français qui ont moins de 33 ans pensent que ça peut toujours durer puisqu'ils n'ont jamais connu un budget en équilibre. Et quant à ceux qui ont plus de 33 ans, ils se disent que si ça dure depuis 33 ans, ça doit bien pouvoir durer encore quelques années. Non, ça ne peut plus durer. Ca ne peut plus durer parce que la dette s'accroît et parce qu'elle pèse sur les capacités d'investissement du pays, sur le coût de la vie publique, et donc naturellement sur la fiscalité, sur la compétitivité des entreprises. Ce modèle, il s'est aussi essoufflé parce qu'il a créé ses propres freins, en instaurant une relation économique quasi exclusive avec la métropole, en privilégiant les secteurs protégés, en tirant la structure des prix vers le haut. C'est la raison pour laquelle le gouvernement conformément d'ailleurs au programme sur lequel s'est engagé le Président de la République souhaite donner aux économies d'Outre-Mer une capacité de développement qui soit plus autonome.
Il ne s'agit pas de renoncer totalement à la logique de solidarité, mais il s'agit de mettre en place progressivement une nouvelle stratégie de développement, qui permette aux entreprises guadeloupéennes de consolider leurs positions sur le marché intérieur, et en même temps de relever le défi de l'export. Cette stratégie, elle est fondée sur la formation, sur la recherche et sur l'innovation. C'est l'objet même de la loi programme pour le développement économique et la promotion de l'excellence outre-mer que sont en train de préparer Christian Estrosi, qui en est le maître d'oeuvre et l'ensemble du gouvernement. Je veux vous dire que le calendrier est respecté. L'avant projet de loi sera transmis à la fois au conseil économique et social pour avis, et aux collectivités locales concernées d'ici le mois de février. Ce sera l'occasion de poursuivre avec les élus et avec vous-même les acteurs économiques, la concertation que Christian Estrosi a déjà engagé avec vous. Les quelques principes qui sous-tendent le projet du gouvernement vous sont connus. Je voudrais d'abord vous dire que malgré un contexte financier tendu, puisqu 'avec le Président de la République nous nous sommes engagés à retrouver l'équilibre budgétaire en cinq ans, ce qui suppose de ne pas augmenter pendant cinq ans les dépenses de l'Etat, malgré cet engagement, malgré cette contrainte, je veux prendre devant vous l'engagement que l'Etat fera dans la loi programme un effort financier supérieur pour les départements d'Outre-Mer. La loi programme ne sera pas un jeu d'annulation et de création de crédits nouveaux. Ce sera un jeu à somme positive puisque l'effort global de l'Etat pour les départements d'Outre-Mer sera en augmentation. Ensuite je voudrais vous dire que le socle de la loi programme de 2003 sera conservé qu'il s'agisse de la défiscalisation ou qu'il s'agisse des exonérations de charges. Nous allons simplement en concertation avec vous essayer de réformer ces dispositifs pour être plus clairement orientés vers les leviers d'un développement économique durable, et les marges de manoeuvre qui pourront être retrouvées seront intégralement destinées à combler le déficit en logements sociaux et le retard dans les équipements publics de base. La création de zones franches globales d'activités est emblématique de cette stratégie de développement, même si le contenu de la loi programme sera évidemment beaucoup plus large que cette seule mesure. L'objectif de ces zones franches globales est clair, la sélectivité, la rentabilité et la compétitivité au moyen d'exonération fiscale, intégralement compensée par l'Etat. Les secteurs éligibles à ces zones franches globales seront les mêmes que ceux de la défiscalisation, avec en outre certains services aux entreprises. Le taux d'exonération sera variable. Il y aura un taux d'exonération bonifié qui s'appliquera aux secteurs prioritaires, secteurs prioritaires identifiés par chaque département d'Outre-Mer.
Pour la Guadeloupe, c'est le tourisme, les énergies renouvelables et l'environnement. Ce taux bonifié s'appliquera également aux entreprises éligibles situées à Marie Galante, à la Désirade et aux Saintes, et aux entreprises appartenant aux secteurs de la recherche et du développement. Mais je veux vous dire qu'il serait totalement illusoire de penser que seul un outil fiscal est suffisant pour bâtir un développement économique durable. Il y a me semble-t-il deux conditions supplémentaires pour réussir, une ouverture plus grande sur l'environnement régional, et une meilleure cohérence des stratégie. D'abord l'ouverture sur l'environnement régional, c'est l'occasion de vous rappeler que l'Union européenne a signé le 18 décembre avec les pays du CARIFORUM, l'accord de partenariat économique. Le gouvernement a suivi très attentivement le déroulement des négociations qui ont été conduites par la commission européenne sans jamais cesser de plaider pour préserver l'équilibre économique des départements d'Outre-Mer. Nous avons eu la satisfaction de voir l'essentiel de nos demandes pris en compte notamment à travers des dispositions particulières pour le sucre et pour la banane. Dans le contexte d'isolement, il faut bien le dire, où nous étions à Bruxelles sur ce sujet, c'est un résultat très satisfaisant, et Michel Barnier qui m'accompagne dans ce déplacement, mieux que quiconque peut en attester. Mais il ne faut pas retenir uniquement cet aspect défensif de l'accord avec le Cariforum qui ouvre en réalité pour la Martinique et pour la Guadeloupe de réelles perspectives dans la région des Caraïbes. Cet accord prévoit la libéralisation progressive du marché du Cariforum pour 61 % des produits sur dix ans, et pour 82 % des biens au minimum sur 15 ans. Il s'agit du seul APE qui ouvre le secteur des services et notamment les services hospitaliers et de santé, les services environnementaux, de transport maritime et d'ingénierie qui sont justement des secteurs dans lesquels la Guadeloupe a un savoir-faire reconnu dans la région. Il nous faut maintenant analyser en détail et ensemble cet accord pour saisir pleinement les opportunités qu'il ouvre. La pleine mobilisation de l'ensemble des partenaires du commerce extérieur, en métropole, comme localement est nécessaire et je donnerai des instructions en ce sens. La deuxième condition consiste à mettre en cohérence les stratégies et les outils d'accompagnement, et je voudrais ici illustrer brièvement mon propos avec deux exemples. D'abord le tourisme. En identifiant le tourisme parmi les secteurs prioritaires, en le positionnant dans ce que j'appelle le deuxième étage des zones franches, les élus et les acteurs économiques ont fait un choix stratégique, un choix d'ailleurs auquel l'ensemble de la Guadeloupe va devoir maintenant adhérer. En effet, le levier fiscal permis par les zones franches n'aura de sens que si par ailleurs la Guadeloupe parvient à se différencier de la concurrence en enrichissant son offre, en développant des produits attractifs, y compris à l'intérieur des terres. Si la Guadeloupe parvient à mieux positionner sa destination y compris pour les bateaux de croisière, et enfin si la Guadeloupe parvient à restaurer la confiance de sa clientèle en améliorant sans cesse la qualité et l'amélioration de la qualité passe en particulier par la mise en place de formation adaptée, et je crois qu'on peut dire que les expériences qui ont été faites récemment dans ce domaine montrent à quel point la formation est la clef d'un tourisme de qualité. Luc CHATEL qui m'accompagne dans ce déplacement et qui aura l'occasion tout à l'heure avec Christian Estrosi, Michel Barnier et peut-être Bernard Laporte, de répondre vos questions, réunira à Paris tous les acteurs du tourisme ultramarin pour dynamiser la réflexion sur tous ces points.
Le deuxième exemple que je voulais évoquer, c'est la recherche et l'innovation. La Guadeloupe dispose en effet aujourd'hui du pôle de recherche le plus important de la France en Outre-Mer. Les différents pôles de recherche guadeloupéens sont reconnus en matière de biodiversité tropicale, d'énergie renouvelable et de matériaux. Pourtant, et je crois que c'est une évidence de faire cette remarque, la valorisation économique des compétences scientifiques présentes en Guadeloupe est insuffisante. Et d'ailleurs la visite que j'ai faite ce matin du centre de recherche de l'Inra et du Cirad illustre bien cette situation. D'un côté un outil de recherche exceptionnel avec des résultats très intéressants, très importants, pas seulement pour la Guadeloupe, pour la métropole et pour toute la région et en même temps pas vraiment d'interface, pas de centre technique permettant de transférer ces technologies vers les entreprises agricoles. Il y a donc un effort à réaliser ensemble d'ailleurs avec les collectivités territoriales pour permettre ce transfert. Là aussi l'outil fiscal est important, mais il ne suffit pas à créer les synergies indispensables. C'est la raison pour laquelle vous avez créé un pôle de compétitivité, le pôle "Synergile". Nous avons choisi d'adosser ce pôle au pôle "Capenergies", pour offrir au pôle guadeloupéen une taille critique suffisante tout en lui donnant accès au financement spécifique. Avec ses 45 entreprises, ses 20 organismes de recherche, ses partenaires institutionnels, le pôle est à l'évidence le bon outil pour dynamiser le champ des énergies renouvelables et des matériaux de construction. Voilà mesdames et messieurs à travers ce propos introductif à votre débat, je voulais simplement vous convaincre que le gouvernement fait pour la Guadeloupe le pari de l'ouverture, de l'intelligence et de l'innovation. J'ai parfaitement conscience que la Guadeloupe comme les autres départements d'Outre-Mer fait face à des handicaps spécifiques, à une situation sociale difficile, à des retards structurels importants. Changer progressivement de moteur de développement, ce n'est pas renoncer à traiter ces problèmes. Ce n'est pas se défausser, bien au contraire. C'est travailler sur le long terme. C'est refuser que la Guadeloupe reste à l'écart des changements majeurs qui sont en train d'affecter le monde qui nous entoure, et au fond il y a là le résumé de toute la philosophie qui est celle de mon gouvernement, sous l'autorité du président de la République.
Qu'est-ce que nous essayons de faire ? D'adapter notre pays à un monde qui a changé et que pendant longtemps nous avons refusé de voir changer.
C'est ce que nous avons entrepris. C'est au début de cette année 2008, profitant de l'occasion pour vous souhaiter à tous une excellente année... ce que nous avons décidé d'entreprendre. Cette année 2008 va être une année cruciale pour notre pays. Il y a eu un grand débat politique en 2007, les Français ont fait un choix. Nous avons pendant six mois commencé à mettre en place les instruments, les méthodes, les procédures pour réaliser le programme du président de la République, mais en 2008, j'ai envie de dire on entre vraiment dans le vif du sujet. Et on va engager la réforme du marché du travail, on va engager la réforme des prélèvements obligatoires, on va engager la réforme de notre système de santé, on va engager la réforme de notre économie en cherchant à faire sauter tous les freins qui aujourd'hui brident la compétitivité de l'économie française. Nous avons une lourde tâche devant nous, mais c'est en même temps une tâche exaltante, et je veux que la Guadeloupe y soit complètement associée. Merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 janvier 2008