Texte intégral
N. Demorand.- Invité, ce matin... M. Barnier, ministre de l'Agriculteur et de la Pêche, ministre des "Agriculteurs et des Pêcheurs", ministre d'un secteur qui dégage 9 milliards d'excédent commercial, et qui fait vivre tous les territoires français avec 1,5 million d'emplois.
Q.- Je vais me contenter de "Bonjour M. Barnier", et bienvenue sur France Inter. Alors, parlons de la pêche précisément, on a quelques sujets : poisson, cochon, blé, abeille et la qualité de l'air aussi dans le débat public, voilà de quoi on va parler ce matin. Pour la pêche, êtes-vous finalement parvenu à un accord, pour mettre en oeuvre enfin le "Plan pêche" qui avait annoncé il y a quelques mois par le président de la République ?
R.- Nous travaillons beaucoup avec les marins pêcheurs, avec les communes, les régions, les départements, c'est un plan complexe, puisqu'il porte, pas seulement et pas d'abord sur cette question du gasoil - on ne pouvait pas envoyer un chèque pour compenser le surcoût du gasoil - mais sur l'ensemble des sujets, pour redonner de l'horizon à ce secteur vital, vital pour l'alimentation, vital pour les territoires maritimes. Un métier, je le dis, qui est le plus dangereux de tous les métiers de notre société, il y a 20 morts par an parmi les marins pêcheurs en plein travail, des accidents tout le temps. Et donc, un plan qui porte sur l'économie de la pêche, la viabilité des bateaux, qui porte sur la modernisation de la flotte, qui porte sur une meilleure recherche sur la ressource halieutique, dont il faut gérer avec précaution le contenu.
Q.- Mais un Plan qui est bloqué aujourd'hui ou pas ?
R.- Non, il n'est pas bloqué, nous le mettons, pièce par pièce, élément par élément. Aujourd'hui même, nous travaillons, par exemple, sur le salaire minimum des marins pêcheurs, et nous allons aboutir à un accord ; nous travaillons sur la sécurité des marins pêcheurs ; je veux équiper chacun des 20.000 marins pêcheurs d'une balise personnelle comme les pisteurs secouristes en montagne. Nous travaillons sur la viabilité des bateaux. Nous avons besoin de trouver les bons tuyaux, mais nous avons 310 millions utiliser dans les trois ans qui viennent pour aider cette filière qui le mérite.
Q.- La grande distribution va payer sa part du financement de ce "Plan pêche" ? 2 % prélevés sur le prix du poisson vendu ?
R.- Oui, et puis d'autres poissonneries vont être amenées à contribuer à ce plan, au titre d'une solidarité, franchement, que trouve légitime.
Q.- Ils acceptent ou pas ?
R.- C'est la loi qui prévoit cela, maintenant. Et la loi a été votée par le Parlement. C'est une contribution modeste de 2 %, pour avoir un poisson un peu plus français ; je vous rappelle que, près de 70 à 80 % du poisson que vous consommez est importé de l'étranger. Un poisson de qualité, pêché par des marins pêcheurs français. Et je pense que pour cette garantie-là, c'est une contribution modeste et acceptable.
Q.- Et le revenu minimum pour les pêcheurs s'élèvera à combien, environ ?
R.- Je ne peux pas préjuger de la conclusion de ces négociations. Ce qui est clair, c'est que nous voulons préserver ce système du paiement, du salaire à la part, auquel tiennent les marins pêcheurs, mais garantir un salaire minimum, parce ce que ces marins pêcheurs, quelquefois, en raison du prix du gasoil, se retrouvent après huit jours de pêche - j'en ai rencontré quelques-uns - sans salaire, sans revenu, sauf...
Q.- Il y aura une sorte de "Smic", entre guillemets, pour les marins pêcheurs ?
R.- C'est l'idée que j'ai proposée parmi d'autres idées - il y a 15 mesures dans ce Plan - pour redonner de l'espoir et un horizon à cette filière et à ces hommes et à ces femmes.
Q.- Alors, sur votre agenda, aujourd'hui, il y a également une rencontre avec les éleveurs de porc, qui souffrent, eux, terriblement de la hausse vertigineuse du prix des céréales. Les marins pêcheurs, c'est la hausse vertigineuse du prix du gasoil ; là, c'est le prix des céréales qui est en compte. Les cochons mangent des céréales, les céréales coûtent cher, donc problème. Qu'allez-vous leur proposer pour sortir de cet état du marché sur lequel, au fond, on a assez peu de prise ?
R.- D'abord, je n'ai pas attendu aujourd'hui pour m'occuper de cette crise qui est la plus sérieuse que nous connaissions sur le plan économique, dans toutes les filières. Il y a aussi les éleveurs ovins qui sont en grande difficulté. Nous avons déjà mis en place des crédits exceptionnels pour alléger les charges, pour faciliter les prêts de trésorerie, tout le monde est mobilisé. Le Premier ministre m'a donné des crédits importants. Et surtout au niveau européen, parce que dans ce domaine de l'agriculture beaucoup de nos solutions sont européennes, nous avons obtenu des crédits pour le stockage des porcs, en attendant des jours meilleurs, et pour aider l'exportation. Et il y a quelques jours encore, à Bruxelles, nous avons obtenu le maintien de ces aides aux exportations. Et puis, je vais travailler avec eux pour voir comment on peut tenter d'obtenir l'augmentation des prix parce que, quelque part, ce n'est pas normal que ces exploitants agricoles, ces entrepreneurs, soient étranglés, vous l'avez dit, par le prix de l'alimentation de leur bétail qui coûte de plus en plus cher - ce qui est une bonne nouvelle d'ailleurs pour ceux qui produisent des céréales, et une mauvaise pour eux - et des prix, pour leurs produits qui n'augmentent pas.
Q.- On reparle de farines animales pour nourrir les cochons, parce que la farine animale coûte moins cher, elle a laissé aussi de très mauvais souvenir, pour employer un euphémisme. C'est une rumeur, c'est une possibilité ? Quelle est votre position là-dessus ?
R.- Très simplement, je suis absolument réservé sur cette hypothèse !
Q.- "Réservé", ça veut dire "m'oui"...ou ça veut dire non" ?
R.- Ça veut dire, plutôt non !
Q.- Et, ça a malgré tout, via l'Europe, une possibilité d'arriver ?
R.- Il y a une discussion. Encore une fois, ces questions doivent être traitées ensemble avec nos partenaires puisque nous parlons de la seule politique qui est totalement mutualisée avec nos partenaires européens. Mais ma position sera négative.
Q.- Les abeilles. Surmortalité des abeilles, ce phénomène qui est très inquiétant. Le jour où l'abeille disparaîtra, comme on le dit, l'humanité serait menacée. Il y a le Cruiser, qui est un insecticide, qui vient d'être autorisé par votre ministère, le ministère de l'Agriculture. Les apiculteurs se mobilisent, ce matin, pour en demander le retrait au nom du "principe de précaution". Allez-vous les écouter, les entendre ?
R.- Je les écoute et je les ai déjà écoutés. Et ils ont raison de dire leur préoccupation qui est aussi la mienne sur la mortalité des abeilles. Nous avons besoin des abeilles, nous avons besoin de la pollinisation, ce n'est pas une question anecdotique, c'est une question très importante pour la biodiversité. Tous les rapports scientifiques démontrent d'ailleurs qu'on ne se sait pas vraiment, clairement, d'où vient cette mortalité. Donc il faut faire très attention. Et j'ai fait très attention avant d'autoriser ce produit, qui est un traitement pour les semences du maïs, en entourant cette autorisation, qui est la seule que nous avons donnée, de très grandes précautions : une année seulement d'autorisation, pour une période très limitée avant la floraison. Et enfin, une observation contradictoire avec les apiculteurs qui manifestent aujourd'hui. Et je vous promets que, selon ce qui sera observé, je serai intransigeant et prêt à revenir sur cette mesure d'autorisation. Voilà ce que je peux dire. Mais d'un autre côté, il faut aussi que les agriculteurs puissent travailler. Ce n'est pas une tâche facile d'être agriculteur. Il faut faire une synthèse, trouver un chemin entre la biodiversité, l'environnement, le développement durable, et le travail des gens.
Q.- Et "le principe de précaution" n'aurait-il pas dû s'appliquer de manière plus stricte dans cette affaire ?
R.- J'ai appliqué "le principe de précaution", que je connais bien, puisque c'est moi qui l'ai mis dans la loi française le premier, en 1995 ; je l'ai appliqué, avec les mesures que je viens de vous indiquer.
Q.- Allez, deux questions sur le fond de l'air politique. Vous n'êtes pas ministre de l'Ecologie, pour mesurer un peu les choses. Mais quel est votre sentiment sur le climat...
R.- Je m'intéresse à l'écologie.
Q.- Oui, bien sûr, mais quel est votre sentiment sur le climat politique aujourd'hui, je pense notamment à ces appels, ces pétitions qui se succèdent, en ce moment dans la presse ?
R.- J'ai trouvé que cette pétition, dont on a beaucoup parlé, n'était pas très digne, ni très décente.
Q.- "Appel à la vigilance républicaine", c'est ça, Marianne ?
R.- Oui, franchement, franchement ! Ce n'est pas d'ailleurs tellement l'agressivité de ce texte, même si j'observe que le devoir de s'opposer ne devrait pas l'emporter sur ...ou le besoin de s'opposer, sur le devoir d'objectivité. Mais c'est le caractère exagéré, agressif, systématiquement agressif de cet appel, et puis venant de gens qui ont la mémoire courte !
Q.- Alors, lesquels, parce qu'il y a pas mal de signataires ?
R.- Mme Royal, qui conseillé M. Mitterrand, M. de Villepin, qui était, lui aussi, secrétaire général de l'Elysée à une autre époque, devraient avoir un peu plus de mémoire ! Et quand j'observe la manière dont N. Sarkozy assume, c'est le président de la République depuis moins d'un an, voilà des gens d'ailleurs, qui ont perdu ou qui n'ont jamais été élus, et qui contestent immédiatement, comme de mauvais joueurs ou de mauvais perdants. Mais, mon point est le suivant : moi je vois le président de la République travailler, comme l'un de ses ministres. Je le vois travailler de manière transparente, de manière moderne, comme jamais ça n'a été le cas. On accuse ses conseillers, le secrétaire général, C. Guéant, de s'être exprimé. Moi je préfère des conseillers ou des secrétaires généraux qui s'expriment plutôt que des conseillers qui intriguent ! On a connu à d'autres époques, Mme Garaud, M. Foccart, et d'autres que je ne cite pas, qui travaillaient derrière, derrière les coulisses, derrière, dans le secret des cabinets. Je préfère cette transparence et cette modernité de N. Sarkozy.
Q.- Dernière question à l'ancien ministre des Affaires étrangères. La nomination de C. Ockrent comme directrice générale de la Holding France Monde, qui va maintenant fédérer l'audiovisuel extérieur, cela vous semble-t-il une bonne chose, est-ce normal ?
R.- Mais dès l'instant où c'est une femme compétente, elle exerçait dans l'audiovisuel public des responsabilités jusqu'à ce matin, personne ne la mettait en cause ! Tout le monde sait la qualité de son travail, l'indépendance de son ton, de son objectivité et son professionnalisme, c'est cela qui compte.
Q.- Ça ne vous chiffonne pas ?
R.- On ne va pas lui reprocher d'être la femme d'un ministre, dès l'instant où elle sait faire la différence.
Q.- Elle est difficile à faire, non, vu le type d'audiovisuel qu'elle est appelée à diriger, vu le type de fonction qu'exerce B. Kouchner ?
R.- Mais je suis sûr que C. Ockrent saura faire cette différence parce que c'est une professionnelle.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 février 2008
Q.- Je vais me contenter de "Bonjour M. Barnier", et bienvenue sur France Inter. Alors, parlons de la pêche précisément, on a quelques sujets : poisson, cochon, blé, abeille et la qualité de l'air aussi dans le débat public, voilà de quoi on va parler ce matin. Pour la pêche, êtes-vous finalement parvenu à un accord, pour mettre en oeuvre enfin le "Plan pêche" qui avait annoncé il y a quelques mois par le président de la République ?
R.- Nous travaillons beaucoup avec les marins pêcheurs, avec les communes, les régions, les départements, c'est un plan complexe, puisqu'il porte, pas seulement et pas d'abord sur cette question du gasoil - on ne pouvait pas envoyer un chèque pour compenser le surcoût du gasoil - mais sur l'ensemble des sujets, pour redonner de l'horizon à ce secteur vital, vital pour l'alimentation, vital pour les territoires maritimes. Un métier, je le dis, qui est le plus dangereux de tous les métiers de notre société, il y a 20 morts par an parmi les marins pêcheurs en plein travail, des accidents tout le temps. Et donc, un plan qui porte sur l'économie de la pêche, la viabilité des bateaux, qui porte sur la modernisation de la flotte, qui porte sur une meilleure recherche sur la ressource halieutique, dont il faut gérer avec précaution le contenu.
Q.- Mais un Plan qui est bloqué aujourd'hui ou pas ?
R.- Non, il n'est pas bloqué, nous le mettons, pièce par pièce, élément par élément. Aujourd'hui même, nous travaillons, par exemple, sur le salaire minimum des marins pêcheurs, et nous allons aboutir à un accord ; nous travaillons sur la sécurité des marins pêcheurs ; je veux équiper chacun des 20.000 marins pêcheurs d'une balise personnelle comme les pisteurs secouristes en montagne. Nous travaillons sur la viabilité des bateaux. Nous avons besoin de trouver les bons tuyaux, mais nous avons 310 millions utiliser dans les trois ans qui viennent pour aider cette filière qui le mérite.
Q.- La grande distribution va payer sa part du financement de ce "Plan pêche" ? 2 % prélevés sur le prix du poisson vendu ?
R.- Oui, et puis d'autres poissonneries vont être amenées à contribuer à ce plan, au titre d'une solidarité, franchement, que trouve légitime.
Q.- Ils acceptent ou pas ?
R.- C'est la loi qui prévoit cela, maintenant. Et la loi a été votée par le Parlement. C'est une contribution modeste de 2 %, pour avoir un poisson un peu plus français ; je vous rappelle que, près de 70 à 80 % du poisson que vous consommez est importé de l'étranger. Un poisson de qualité, pêché par des marins pêcheurs français. Et je pense que pour cette garantie-là, c'est une contribution modeste et acceptable.
Q.- Et le revenu minimum pour les pêcheurs s'élèvera à combien, environ ?
R.- Je ne peux pas préjuger de la conclusion de ces négociations. Ce qui est clair, c'est que nous voulons préserver ce système du paiement, du salaire à la part, auquel tiennent les marins pêcheurs, mais garantir un salaire minimum, parce ce que ces marins pêcheurs, quelquefois, en raison du prix du gasoil, se retrouvent après huit jours de pêche - j'en ai rencontré quelques-uns - sans salaire, sans revenu, sauf...
Q.- Il y aura une sorte de "Smic", entre guillemets, pour les marins pêcheurs ?
R.- C'est l'idée que j'ai proposée parmi d'autres idées - il y a 15 mesures dans ce Plan - pour redonner de l'espoir et un horizon à cette filière et à ces hommes et à ces femmes.
Q.- Alors, sur votre agenda, aujourd'hui, il y a également une rencontre avec les éleveurs de porc, qui souffrent, eux, terriblement de la hausse vertigineuse du prix des céréales. Les marins pêcheurs, c'est la hausse vertigineuse du prix du gasoil ; là, c'est le prix des céréales qui est en compte. Les cochons mangent des céréales, les céréales coûtent cher, donc problème. Qu'allez-vous leur proposer pour sortir de cet état du marché sur lequel, au fond, on a assez peu de prise ?
R.- D'abord, je n'ai pas attendu aujourd'hui pour m'occuper de cette crise qui est la plus sérieuse que nous connaissions sur le plan économique, dans toutes les filières. Il y a aussi les éleveurs ovins qui sont en grande difficulté. Nous avons déjà mis en place des crédits exceptionnels pour alléger les charges, pour faciliter les prêts de trésorerie, tout le monde est mobilisé. Le Premier ministre m'a donné des crédits importants. Et surtout au niveau européen, parce que dans ce domaine de l'agriculture beaucoup de nos solutions sont européennes, nous avons obtenu des crédits pour le stockage des porcs, en attendant des jours meilleurs, et pour aider l'exportation. Et il y a quelques jours encore, à Bruxelles, nous avons obtenu le maintien de ces aides aux exportations. Et puis, je vais travailler avec eux pour voir comment on peut tenter d'obtenir l'augmentation des prix parce que, quelque part, ce n'est pas normal que ces exploitants agricoles, ces entrepreneurs, soient étranglés, vous l'avez dit, par le prix de l'alimentation de leur bétail qui coûte de plus en plus cher - ce qui est une bonne nouvelle d'ailleurs pour ceux qui produisent des céréales, et une mauvaise pour eux - et des prix, pour leurs produits qui n'augmentent pas.
Q.- On reparle de farines animales pour nourrir les cochons, parce que la farine animale coûte moins cher, elle a laissé aussi de très mauvais souvenir, pour employer un euphémisme. C'est une rumeur, c'est une possibilité ? Quelle est votre position là-dessus ?
R.- Très simplement, je suis absolument réservé sur cette hypothèse !
Q.- "Réservé", ça veut dire "m'oui"...ou ça veut dire non" ?
R.- Ça veut dire, plutôt non !
Q.- Et, ça a malgré tout, via l'Europe, une possibilité d'arriver ?
R.- Il y a une discussion. Encore une fois, ces questions doivent être traitées ensemble avec nos partenaires puisque nous parlons de la seule politique qui est totalement mutualisée avec nos partenaires européens. Mais ma position sera négative.
Q.- Les abeilles. Surmortalité des abeilles, ce phénomène qui est très inquiétant. Le jour où l'abeille disparaîtra, comme on le dit, l'humanité serait menacée. Il y a le Cruiser, qui est un insecticide, qui vient d'être autorisé par votre ministère, le ministère de l'Agriculture. Les apiculteurs se mobilisent, ce matin, pour en demander le retrait au nom du "principe de précaution". Allez-vous les écouter, les entendre ?
R.- Je les écoute et je les ai déjà écoutés. Et ils ont raison de dire leur préoccupation qui est aussi la mienne sur la mortalité des abeilles. Nous avons besoin des abeilles, nous avons besoin de la pollinisation, ce n'est pas une question anecdotique, c'est une question très importante pour la biodiversité. Tous les rapports scientifiques démontrent d'ailleurs qu'on ne se sait pas vraiment, clairement, d'où vient cette mortalité. Donc il faut faire très attention. Et j'ai fait très attention avant d'autoriser ce produit, qui est un traitement pour les semences du maïs, en entourant cette autorisation, qui est la seule que nous avons donnée, de très grandes précautions : une année seulement d'autorisation, pour une période très limitée avant la floraison. Et enfin, une observation contradictoire avec les apiculteurs qui manifestent aujourd'hui. Et je vous promets que, selon ce qui sera observé, je serai intransigeant et prêt à revenir sur cette mesure d'autorisation. Voilà ce que je peux dire. Mais d'un autre côté, il faut aussi que les agriculteurs puissent travailler. Ce n'est pas une tâche facile d'être agriculteur. Il faut faire une synthèse, trouver un chemin entre la biodiversité, l'environnement, le développement durable, et le travail des gens.
Q.- Et "le principe de précaution" n'aurait-il pas dû s'appliquer de manière plus stricte dans cette affaire ?
R.- J'ai appliqué "le principe de précaution", que je connais bien, puisque c'est moi qui l'ai mis dans la loi française le premier, en 1995 ; je l'ai appliqué, avec les mesures que je viens de vous indiquer.
Q.- Allez, deux questions sur le fond de l'air politique. Vous n'êtes pas ministre de l'Ecologie, pour mesurer un peu les choses. Mais quel est votre sentiment sur le climat...
R.- Je m'intéresse à l'écologie.
Q.- Oui, bien sûr, mais quel est votre sentiment sur le climat politique aujourd'hui, je pense notamment à ces appels, ces pétitions qui se succèdent, en ce moment dans la presse ?
R.- J'ai trouvé que cette pétition, dont on a beaucoup parlé, n'était pas très digne, ni très décente.
Q.- "Appel à la vigilance républicaine", c'est ça, Marianne ?
R.- Oui, franchement, franchement ! Ce n'est pas d'ailleurs tellement l'agressivité de ce texte, même si j'observe que le devoir de s'opposer ne devrait pas l'emporter sur ...ou le besoin de s'opposer, sur le devoir d'objectivité. Mais c'est le caractère exagéré, agressif, systématiquement agressif de cet appel, et puis venant de gens qui ont la mémoire courte !
Q.- Alors, lesquels, parce qu'il y a pas mal de signataires ?
R.- Mme Royal, qui conseillé M. Mitterrand, M. de Villepin, qui était, lui aussi, secrétaire général de l'Elysée à une autre époque, devraient avoir un peu plus de mémoire ! Et quand j'observe la manière dont N. Sarkozy assume, c'est le président de la République depuis moins d'un an, voilà des gens d'ailleurs, qui ont perdu ou qui n'ont jamais été élus, et qui contestent immédiatement, comme de mauvais joueurs ou de mauvais perdants. Mais, mon point est le suivant : moi je vois le président de la République travailler, comme l'un de ses ministres. Je le vois travailler de manière transparente, de manière moderne, comme jamais ça n'a été le cas. On accuse ses conseillers, le secrétaire général, C. Guéant, de s'être exprimé. Moi je préfère des conseillers ou des secrétaires généraux qui s'expriment plutôt que des conseillers qui intriguent ! On a connu à d'autres époques, Mme Garaud, M. Foccart, et d'autres que je ne cite pas, qui travaillaient derrière, derrière les coulisses, derrière, dans le secret des cabinets. Je préfère cette transparence et cette modernité de N. Sarkozy.
Q.- Dernière question à l'ancien ministre des Affaires étrangères. La nomination de C. Ockrent comme directrice générale de la Holding France Monde, qui va maintenant fédérer l'audiovisuel extérieur, cela vous semble-t-il une bonne chose, est-ce normal ?
R.- Mais dès l'instant où c'est une femme compétente, elle exerçait dans l'audiovisuel public des responsabilités jusqu'à ce matin, personne ne la mettait en cause ! Tout le monde sait la qualité de son travail, l'indépendance de son ton, de son objectivité et son professionnalisme, c'est cela qui compte.
Q.- Ça ne vous chiffonne pas ?
R.- On ne va pas lui reprocher d'être la femme d'un ministre, dès l'instant où elle sait faire la différence.
Q.- Elle est difficile à faire, non, vu le type d'audiovisuel qu'elle est appelée à diriger, vu le type de fonction qu'exerce B. Kouchner ?
R.- Mais je suis sûr que C. Ockrent saura faire cette différence parce que c'est une professionnelle.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 février 2008