Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les relations bilatérales entre la France et le Burkina-Faso, et les questions régionales, notamment le processus électoral en Côté-d'Ivoire, Ouagadougou le 27 janvier 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner au Burkina Faso le 27 janvier 2008 : point de presse à l'issue de son entretien avec le président burkinabe Blaise Compaoré à Ouagadougou le 27

Texte intégral

Q - Quel est l'objet de cette visite et sur quoi ont porté les échanges avec le chef de l'Etat, M. Blaise Compaoré ?
R - Eh bien l'amitié d'abord ! Et puis les rencontres qui n'ont pas pu avoir lieu. Deux projets de voyage que j'ai dû remettre. Donc, d'abord, retrouver le président Blaise Compaoré, que je connais depuis très longtemps - j'ose le dire : mon ami le président Blaise Compaoré. Nous avons abordé tous les sujets.
D'abord, nous avons parlé des relations bilatérales : les grands travaux dans le domaine de l'éducation, dans le domaine des infrastructures, les actions de l'Agence française de Développement. Nous avons également parlé du coton et de la privatisation mieux organisée autour de Dagris.
Nous avons ensuite examiné la situation régionale et la situation internationale. La situation régionale, c'est l'influence très bénéfique du Burkina Faso sur la crise en Côte d'Ivoire, avec les élections qui se présentent, théoriquement, en juin - en tout cas sûrement cette année : il s'agit là d'un progrès. Les choses semblent mieux se présenter, grâce au Burkina Faso, grâce au président Compaoré et au ministre des Affaires étrangères. Nous avons également parlé de la réunion de l'Union africaine, du Darfour et de l'opération européenne au Tchad.
Enfin, plus largement, nous nous sommes entretenus - puisque le Burkina Faso est maintenant membre non permanent du Conseil de sécurité -, de la question du Kosovo et du projet de résolution concernant l'Iran.
Q - Vous parlez d'élections en Côte d'Ivoire se présentant "théoriquement en juin". Est-ce que cela veut dire que vous n'êtes pas assez sûr que les élections aient lieu début juin ?
R - Je le souhaite en tout cas. Lorsque, avec le président Sarkozy, nous avons vu le président Gbagbo à Lisbonne, c'était le mois de juin qui était prévu. Maintenant, il y a des obstacles techniques dont on nous précise qu'ils vont peut-être retarder un petit peu le processus électoral. Tout le monde est d'accord, mais vous savez qu'il y a l'inscription, la façon dont on pourrait peut-être ajouter de nouveaux inscrits sur les listes électorales. Il y aurait un, deux ou trois millions de participants supplémentaires à ces élections, ce qui représenterait un total de près de huit millions. C'est du travail, bien sûr, et je comprends que ce soit difficile mais il y aura des élections en tout cas : c'est la promesse.
Q - Mais pas en juin ?
R - En juin, je l'espère, je le souhaite ! M. Laurent Gbagbo avait dit juin. Maintenant, il y a des impératifs techniques. Ce n'est pas grave de repousser l'élection d'un ou deux mois. Franchement, ce n'est pas un problème. L'essentiel, c'est que cela ait lieu cette année. Avec la participation, ô combien bénéfique, du Burkina Faso ! Tous les protagonistes, c'est-à-dire M. Bédié, M. Ouattara, M. Gbagbo sont d'accord. C'est bien, car auparavant ils ne l'étaient pas.
Q - Sur Dagris, qu'est-ce que vous avez dit exactement ?
R - Il faut préciser ces éléments. Il y a une participation de l'Agence française de Développement, des propositions qui sont plus raisonnables que la privatisation. Cette participation est provisoire, pour pouvoir ouvrir Dagris aux intérêts africains. La participation de l'Agence française de Développement est quand même un bon relais, c'est très important.
Et puis, il y a aussi un redressement des cours du coton, qui est une perspective encourageante.
Q - Mais le Président Wade avait parlé de la participation des Etats africains...
R - Ce n'est pas du tout exclu, pourquoi pas ? Encore une fois, la participation de l'Agence française de Développement est provisoire. Mais l'idée de Dagris était plus de privatiser que de nationaliser. Il faut donc qu'on en parle. En tout cas, il faut que cela marche et que ce soit plus efficace. Nous avons mis du temps et les propositions étaient difficiles à préciser. Maintenant c'est en bonne voie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 janvier 2008