Texte intégral
Mon déplacement en Turquie a deux objectifs.
Le premier est simple : je veux porter un message d'amitié au peuple turc alors que la question du rapprochement de la Turquie à l'Union européenne assombrit nos relations. Ma présence aujourd'hui, l'importance de ma délégation, la richesse et la diversité des évènements organisés pendant mon séjour, illustrent la richesse de notre relation bilatérale et témoignent de notre volonté commune de relancer très fortement cette relation sur des bases définies en commun.
Depuis Ataturk, qui avait fait de la modernisation du pays son premier objectif, la Turquie continue avec efficacité et réussite sa marche vers le progrès et vers les réformes. Ces réformes indispensables pour vous-mêmes d'abord ; ces réformes indispensables aussi pour vous rapprocher des standards européens dans le cadre de votre négociation actuelle. Je veux dire le souhait, c'est mon deuxième objectif, qui est le nôtre de resserrer la coopération franco-turque dans cette marche.
Nombre de sociétés françaises sont étroitement liées à ce pays, ont beaucoup investi, ce partenariat a vocation à se renforcer dans un intérêt mutuel. Nous avons intérêt à travailler ensemble et j'ai souhaité être accompagné par une délégation d'entreprises françaises, composée de grands groupes mais également par un grand nombre de PME motivées par ce pays. J'irai dès ce soir les rejoindre, accompagné de M. Tuzmen, dans sa circonscription de Mersin où j'aurai plaisir à découvrir les réalités de la nouvelle Turquie mais que je sais dynamique et performante, qui seront très certainement riches en enseignements sur ce pays.
Les entreprises de nos deux pays jouent un rôle crucial dans notre relations bilatérales : d'abord parce qu'elles ont, depuis des décennies, contribué à construire une relation économique dense, dynamique et équilibrée ; ensuite parce que, à chaque fois que la conjoncture économique ou politique a pu affecter la pérennité de notre relation, les entreprises ont toujours constitué le point d'ancrage, le socle sur lequel nous avons pu nous appuyer pour reconstruire. C'est vrai de la période récente comme des turbulences qui étaient survenues après la crise économique de 2001.
Le nombre d'entreprises françaises implantées en Turquie ne cesse de croître : de 15 en 1985 elles sont passées aujourd'hui à plus de 260 et emploient plus de 65 000 salariés. Mieux, elles occupent souvent une place éminente dans leurs secteurs respectifs. J'ai visité l'usine AREVA de Gebze qui est le premier producteur et exportateur d'équipements électriques en Turquie ; mais je pourrais citer d'autres filiales françaises qui sont leaders en Turquie dans l'automobile, la grande distribution, la banque ou l'assurance, la restauration collective ou l'agroalimentaire. Toutes jouent un rôle majeur dans l'économie turque et emploient chacune plusieurs milliers de collaborateurs.
Ce faisant, au delà de leur contribution à la dimension économique de notre relation bilatérale, nos entreprises jouent un rôle considérable dans l'amélioration de la connaissance mutuelle. Parce qu'elles connaissent parfaitement la Turquie et en apprécient le dynamisme, la richesse et les brillantes perspectives, les entreprises françaises sont les avocats les plus fidèles et les plus efficaces de la Turquie auprès de leurs homologues en France et, au-delà, de l'opinion publique française.
En Turquie la contribution des entreprises est importante au-delà de leur seule activité économique, notamment par leur contribution à la formation, à la recherche et au développement, à la promotion de modes de gestion respectueux de l'environnement et de la responsabilité sociétale, voire par leurs interventions en termes de mécénat artistique ou scientifique. Je vous invite à vous mobiliser pour la réussite de la saison turque en France qui sera organisée de juillet 2009 à mars 2010 et qui vous permettra de projeter en France l'image d'un pays moderne, innovant et en croissance que vous êtes aujourd'hui. Pour réussir ensemble cette saison, la partie française a désigné M. Henri de CASTRIES, l'un des hommes d'affaires les plus illustres de France.
Les relations entre entreprises sont porteuses d'avenir, elles transcendent les difficultés politiques intergouvernementales. Au moment ou je vous parle se déroule un premier séminaire sur l'innovation avec le soutien de plusieurs partenaires turcs (le ministère du commerce extérieur, la TOBB, Tübitak) et français (les pôles de compétitivité qui sont venus avec moi mais aussi le MEDEF qui a signé l'année dernière avec son homologue, la TUSIAD, un accord pour la promotion d'un rapprochement entre pôles français et centres régionaux de l'innovation turcs). Je me ferai un plaisir de communiquer l'expérience française en la matière et je souhaite à terme qu'une véritable coopération puisse s'engager entre les pôles français et les « clusters » turcs.
Une illustration frappante de cet enrichissement mutuel est le nombre toujours plus élevé de cadres turcs, formés et repérés dans les implantations françaises, qui sont rapidement promis à des responsabilités importantes au siège des entreprises en France ou dans d'autres filiales dans le monde. Ce phénomène, tout à fait particulier à la Turquie, est révélateur à la fois des grandes qualités des collaborateurs turcs et de la confiance que placent en eux les entreprises françaises.
Je souhaite que la réflexion forcément neutre et désintéressée des chercheurs de l'Institut Français des Relations Internationales et de son partenaire le TEPAV contribue à alimenter la réflexion des pouvoirs publics, des responsables politiques et des milieux d'affaires dans ce domaine.
Je profite de cette assemblée, qui réunit les organismes des hommes d'affaires, comme la CCIP et le MEDEF du côté français et la TUSIAD et la TOBB du côté turc, pour vous indiquer que nous avons décidé, avec M. TUZMEN, de relancer un dialogue bilatéral actif et porteur d'avenir. Il prendra notamment la forme d'un comité d'homme d'affaires de haut niveau, qui aura pour mission de nous proposer des axes nouveaux de coopération bilatérale dans le domaine économique destinés à bâtir une relation sur des bases ambitieuses mais aussi concrètes et mutuellement bénéfiques.
Je compte sur vous pour vous approprier cette idée, elle peut être porteuse d'avenir et répond peut être à la suite à donner à ce forum auquel je participe ce matin.
Autant d'éléments positifs qui font que la Turquie, pont entre l'Orient et l'Occident, pays essentiel à l'équilibre de cette partie du Monde, restera toujours très proche de nous.
En dépit des forces centrifuges qui parfois nous éloignent, les entreprises, les hommes d'affaires, leurs associations et les think-tanks contribueront à rapprocher irréversiblement nos deux peuples, nos deux pays et nos intérêts. J'attends donc beaucoup de la contribution que vos réflexions apporteront en ce sens.
Je vous en remercie.
Source http://www.ambafrance-tr.org, le 29 février 2008