Texte intégral
C. Barbier.- L'Union pour la Méditerranée a vu le jour hier. La France a dû renoncer à son projet initial pour se couler dans ce qu'on appelle "le processus de Barcelone". Etes-vous un peu déçue ?
R.- Non, non, non, je pense que l'Europe avait besoin de nouveau souffle qu'est l'Union pour la Méditerranée. Il est important que les pays de la bordure Nord et Sud de la Méditerranée puissent se retrouver sur autre chose que des - comment dire ? - des liens en négatif, comme la lutte contre la lutte contre le terrorisme, comme l'immigration, et qu'il y ait aussi la question du dialogue des cultures, de l'économie, de l'environnement. Et je crois que N. Sarkozy peut être fier de ce qu'il a initié, et on verra au début de la présidence française de l'Union comment tout cela va se concrétiser. Mais en tout cas, je suis heureuse de voir que des pays comme l'Allemagne se soient associés à tout cela. Donc, on est contents.
Q.- On a un peu cédé quand même à un diktat de l'Allemagne ? L'Allemagne a posé ses conditions ?
R.- C'est un processus européen, il ne s'agit pas d'une décision unilatérale de la France. Donc, cela a vocation a être endossé par l'ensemble de nos partenaires, ou du moins ceux qui sont sur le pourtour de la Méditerranée. Il était normal que l'Allemagne donne son avis. C'est ça la construction européenne.
Q.- Il y aura un Sommet tous les deux ans, c'est un peu mince quand même pour faire avancer les dossiers au sud de la Méditerranée. Par exemple, le dossier des droits de l'homme, ce n'est pas en ayant une réunion tous les deux ans qu'on va bouger les pays qui ont des problèmes.
R.- Cela n'empêche pas qu'il existe dans le cadre de l'Union européenne, d'autres procédures, d'autres processus qui permettent de parler très facilement des droits de l'homme. Si je devais attendre l'Union méditerranéenne pour parler aujourd'hui des droits de l'homme en Europe, je ne parlerais pas des droits de l'homme. Donc, vous voyez bien que, c'est un plus qui s'ajoute. On trouve un autre cadre pour les droits de l'homme. Mais enfin, aujourd'hui, des processus existent. Lorsque le président de la République ou bien les instances européennes sont présentes en Méditerranée, il parle aujourd'hui des droits de l'homme. Donc, c'est un processus en plus, ce qui n'enlève rien.
Q.- La Turquie penser que l'Union pour la Méditerranée c'est une invention française pour bloquer son entrée à elle, la Turquie, dans l'Union européenne. C'est vrai ?
R.- Non, je ne crois pas, je ne crois pas. Je ne pense pas qu'on puisse présenter les choses comme cela. Qu'aurait-on dit si la Turquie n'était pas associée. Donc, je pense qu'il faut croire en l'avenir. Je pense que l'Union pour la Méditerranée est une porte ouverte sur l'Europe qui permet aux Européens de tendre la main aux pays du sud de la Méditerranée. Aux pays du Sud de la Méditerranée de se dire qu'il y a d'autres horizons que ceux dont je vous parlais tout à l'heure, c'est-àdire, les questions migratoires ou les questions de terrorisme, etc. Et il y a un ciment positif. Et d'ailleurs, le ciment positif, l'un des tout premiers, c'est le dialogue des cultures, qui permettra à des pays comme la Turquie de promouvoir leur culture, d'apporter leur savoir, de se faire connaître aux yeux des Européens. Et le Salon du livre, par exemple actuel, qui a pour invité Israël, est un ressort aussi de ce dialogue des cultures entre le Sud et le Nord de la Méditerranée.
Q.- Justement, ce Salon du livre a été inauguré hier, il est critiqué, il y a un fond de boycott. Est-ce que vous comprenez ceux qui trouvent inopportun d'avoir mélangé littérature et politique, d'avoir installé ce Salon l'année des 60 ans d'Israël ?
R.- Je crois que ce qu'il faut voir d'abord, c'est qu'Israël est invité de ce Salon, il ne faut pas y voir une instrumentalisation politique. Cela tombe à un moment où il y a effectivement S. Peres. Mais S. Peres est aujourd'hui un homme qui est engagé, à la fois, sur le plan littéraire et sur le plan politique. Il ne faut dissocier les deux composantes en lui. Je trouve dommage qu'on se serve de ce Salon pour faire de la politique, parce que je pense qu'il faut voir l'aspect littéraire des choses, la création, et surtout, encore une fois, ce dialogue des cultures, c'est cela que la France veut porter. La France a toujours eu une image vis-à-vis des pays arabes, une image très positive. Elle n'est certainement pas prête à gâcher cela, au contraire. Elle poursuit dans cette voie en disant aux pays arabes : voilà, vous êtes des pays pleins de culture, et à Israël également, des plein de culture, qui pouvez offrir une image particulière de votre histoire, et nous, nous sommes prêts à accueillir cela. Donc, je crois qu'il faut profiter de ce Salon du livre pour que les écrivains arabes et israéliens se rencontrent, discutent, débattent. Parce que la littérature c'est aussi une force politique, elle n'a pas besoin qu'on y ajoute des polémiques pour avoir du sens. Le sens est déjà.
Q.- N'auriez-vous pas dû au nom des droits de l'homme protester contre les récentes incursions à Gaza de l'armée israéliennes ?
R.- Je l'ai déjà fait. Mais simplement ça n'a pas été repris forcément. J'étais il y a dix jours au Conseil des droits de l'homme, à Genève, qui est l'instance onusienne des droits de l'homme, devant l'ensemble des pays membres du Conseil des droits de l'homme, quasiment le monde entier, j'ai donné la position française, qui était effectivement de condamner, à la fois, les actions du Hamas et celles des incursions sur Gaza d'Israël. C'était le lendemain de dimanche, lorsque Israël avait fait ses incursions militaires.
Q.- Il y a des manifestations anti-chinoises au Tibet en ce moment, manifestations réprimées, à cinq mois des Jeux. Vous soutenez les moines manifestants ?
R.- Ecoutez, ce qu'il faut voir, c'est qu'il n'y a pas à réprimer des manifestations menées par des hommes qui ne cherchent qu'une reconnaissance politique. On peut être d'accord ou pas d'accord. De mon point de vue, la répression n'est pas la solution, n'est absolument pas la solution. On l'a bien vu pour la Birmanie, lorsque les bonzes birmans ont défilé, nous étions parmi les premiers à condamner cela. Donc, nous ne voulons absolument pas que des personnes qui manifestent pour leurs droits, quel que soit ce que peut penser la Chine de ces droits-là, soient réprimées d'une quelconque manière.
Q.- Le Tibet, libre et indépendant, ça vous ferait plaisir ?
R.- Je veux que tout se fasse dans la paix. C'est-à-dire, il ne faut pas que le sang coule, il ne faut pas que cela conduise à des répressions brutales. Donc, si cela peut passer par la négociation politique, que les Chinois, les Tibétains peuvent trouver un moyen d'accorder leurs voix, effectivement je serais pour.
Q.- D'ici les Jeux, les manifestations en faveur des droits de l'homme vont se multiplier contre le régime chinois. Vous serez aux côtés des manifestants ? Cela va être délicat pour vous.
R.- Mais j'ai déjà plusieurs fois exprimé ma position sur, par exemple, des cas individuels. On a vu des bloggers, des journalistes chinois, qui ont été emprisonnés ces dernières semaines, et j'ai à chaque fois écrit aux autorités chinoises, j'ai à chaque fois aussi exprimé une position publique. Et donc, il faudra le faire.
Q.- Mais sans appeler au boycott des Jeux ?
R.- Non, non. La France n'est pas favorable au boycott, parce qu'on trouve que le boycott n'est jamais une solution. Si on avait boycotté les Jeux Olympiques de Moscou, ce n'est pas...Le boycott n'a pas attendu la chute du Mur du Berlin. Donc, ce n'est jamais la solution, il faut toujours profiter de l'ouverture. J'avais d'ailleurs fait une tribune dans un quotidien français avec mon collègue, B. Laporte, pour exprimer la position française qui était sans ambiguïté : pas de boycott, mais nous ne restons pas non plus les bras ballants face à une Chine, face à la Chine, si elle ne respecte pas les droits de l'homme.
Q.- Second tour des municipales dimanche, vous êtes troisième de liste à Colombes. Si vous êtes battue, présenterez-vous votre démission du Gouvernement ?
R.- Ce n'est pas la règle qui a été posée, je crois. Mais enfin, c'est au président de la République de prendre ses décisions.
Q.- A l'inverse, si vous êtes élue, et que vous prenez des responsabilités dans la municipalité de Colombes, est-ce que ça sera compatible, maire ou adjoint au maire, avec ministre, il y a toute une polémique sur ce cumul ?
R.- Ecoutez, d'abord, je ne suis pas maire...
Q.- Non, mais vous êtes quand même dans un poste qui vous amène à voyager beaucoup, c'est un peu embêtant...
R.- Oui, mais je ne suis que secrétaire d'Etat, je ne suis pas maire, donc je n'ai vocation qu'à être conseillère municipale ou maire-adjoint. Mais en tout cas, ce qu'il faut savoir c'est que... enfin moi je m'interroge. Quand un ancien Premier ministre était Premier ministre sans être élu, on lui reprochait tout le temps de ne pas être élu...
Q.- C'est D. de Villepin...
R.-...et maintenant que vous avez des ministres qui vont chercher l'onction du suffrage universel, on leur dit : il y a un problème. Donc, je crois qu'il faut être équilibré. On peut être simple secrétaire d'Etat et avoir un poste de conseiller municipal ou de maire-adjoint, qui vous permet d'être au contact des réalités. Parce que la diplomatie, c'est la diplomatie, avec... qui nous éloigne de la France beaucoup. Et je pense que de temps en temps, revenir à ces fondamentaux français, être au contact des gens, ce n'est peut-être pas si mal.
Q.- Alors, coup de colère du Président, mercredi, contre l'excès de gentillesse de l'UMP à l'égard du MoDem. Vous, vous êtes sur une liste où l'UMP et le MoDem ont fusionné...
R.- Nous sommes l'une des rares villes où l'UMP et le MoDem ont effectivement conclu un accord.
Q.- Alors, que répondez-vous au Président ?
R.- Je respecte totalement la position du Président. Il a dit de tenir compte des réalités locales aussi. Et les réalités locales, c'est que le MoDem de Colombes est un MoDem dont beaucoup des membres viennent de l'UMP. Et donc la fusion s'est faite en fait naturellement. Aucun de nous deux n'a renoncé à un aspect de son programme. Cela s'est fait en une demi journée, sans éclat, sans bruit, sans fureur, et c'était très bien. D'ailleurs, si le PS avait pu s'allier avec le MoDem, il l'aurait fait. Donc, ils sont venus avec nous, tout naturellement, parce que c'est des cousins proches, on va dire.
Q.- Vous souhaitez la victoire de F. Bayrou à Pau ?
R.- Oh ! Ecoutez, tout dépend. Moi je pense aux Palois. Je me dis quel est l'intérêt des Palois. Si F. Bayrou a l'intention d'être un maire proche des Palois, avec les Palois, tous les jours avec les Palais, moi je dis c'est très bien pour les Palois. Si c'est pour servir un destin national dans x années, là je m'interroge. Donc, je crois qu'il fait penser d'abord aux Palois avant de penser à soi.
Q.- Le Président doit-il opérer, au lendemain des municipales, une vigoureuse reprise en main de l'UMP et du Gouvernement, pour relancer la machine ?
R.- Le Président prendra ses décisions. Il est le plus à même, avec le recul et la hauteur de la fonction, à juger de ce qu'il faut faire ou non. Je serais très mal placée pour le dire à sa place.
Q.- Vous trouvez l"UMP en état de léthargie, comme le dit P. Balkany, depuis les législatives ?
R.- Oh ! Moi j'ai une très bonne relation avec P. Devedjian. Il a été et il est encore pour moi d'un grand soutien, et donc cela dépend des villes, peut-être. Mais en tout cas, pour nous, à Colombes, il a été présent, il nous aide beaucoup.
Q.- Le droit de mourir quand on souffre trop, comme dans le cas de C. Sebire, est-ce que ce n'est pas un droit de l'homme qu'il faudrait inscrire dans la loi, comme l'ont fait de nombreux pays ?
R.- Je crois que notre position a été donnée par la garde des Sceaux et le Premier ministre sur le fondement de la Convention européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie. Donc, les textes concordent...
Q.- Et la vôtre, votre position personnelle ?
R.- ... Mais je suis troublée, je suis touchée par la difficulté de cette femme. J'ai tendance à être en empathie - c'est un point de vue purement personnel - j'ai tendance à être en empathie, et pour dire clairement, à souffrir avec elle. Donc, je comprends, et je ne veux pas porter un jugement, comment dire, tranchant et simple. Donc, chacun vit ses difficultés. Elle est plus à même de juger. Mais je crois que le président de la République a proposé une solution avec cette nouvelle expertise médicale, et peut-être qu'elle pourra l'accepter, c'est à elle de le voir. Mais en tout cas, je ne peux qu'être touchée par ce qui lui arrive.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mars 2008
R.- Non, non, non, je pense que l'Europe avait besoin de nouveau souffle qu'est l'Union pour la Méditerranée. Il est important que les pays de la bordure Nord et Sud de la Méditerranée puissent se retrouver sur autre chose que des - comment dire ? - des liens en négatif, comme la lutte contre la lutte contre le terrorisme, comme l'immigration, et qu'il y ait aussi la question du dialogue des cultures, de l'économie, de l'environnement. Et je crois que N. Sarkozy peut être fier de ce qu'il a initié, et on verra au début de la présidence française de l'Union comment tout cela va se concrétiser. Mais en tout cas, je suis heureuse de voir que des pays comme l'Allemagne se soient associés à tout cela. Donc, on est contents.
Q.- On a un peu cédé quand même à un diktat de l'Allemagne ? L'Allemagne a posé ses conditions ?
R.- C'est un processus européen, il ne s'agit pas d'une décision unilatérale de la France. Donc, cela a vocation a être endossé par l'ensemble de nos partenaires, ou du moins ceux qui sont sur le pourtour de la Méditerranée. Il était normal que l'Allemagne donne son avis. C'est ça la construction européenne.
Q.- Il y aura un Sommet tous les deux ans, c'est un peu mince quand même pour faire avancer les dossiers au sud de la Méditerranée. Par exemple, le dossier des droits de l'homme, ce n'est pas en ayant une réunion tous les deux ans qu'on va bouger les pays qui ont des problèmes.
R.- Cela n'empêche pas qu'il existe dans le cadre de l'Union européenne, d'autres procédures, d'autres processus qui permettent de parler très facilement des droits de l'homme. Si je devais attendre l'Union méditerranéenne pour parler aujourd'hui des droits de l'homme en Europe, je ne parlerais pas des droits de l'homme. Donc, vous voyez bien que, c'est un plus qui s'ajoute. On trouve un autre cadre pour les droits de l'homme. Mais enfin, aujourd'hui, des processus existent. Lorsque le président de la République ou bien les instances européennes sont présentes en Méditerranée, il parle aujourd'hui des droits de l'homme. Donc, c'est un processus en plus, ce qui n'enlève rien.
Q.- La Turquie penser que l'Union pour la Méditerranée c'est une invention française pour bloquer son entrée à elle, la Turquie, dans l'Union européenne. C'est vrai ?
R.- Non, je ne crois pas, je ne crois pas. Je ne pense pas qu'on puisse présenter les choses comme cela. Qu'aurait-on dit si la Turquie n'était pas associée. Donc, je pense qu'il faut croire en l'avenir. Je pense que l'Union pour la Méditerranée est une porte ouverte sur l'Europe qui permet aux Européens de tendre la main aux pays du sud de la Méditerranée. Aux pays du Sud de la Méditerranée de se dire qu'il y a d'autres horizons que ceux dont je vous parlais tout à l'heure, c'est-àdire, les questions migratoires ou les questions de terrorisme, etc. Et il y a un ciment positif. Et d'ailleurs, le ciment positif, l'un des tout premiers, c'est le dialogue des cultures, qui permettra à des pays comme la Turquie de promouvoir leur culture, d'apporter leur savoir, de se faire connaître aux yeux des Européens. Et le Salon du livre, par exemple actuel, qui a pour invité Israël, est un ressort aussi de ce dialogue des cultures entre le Sud et le Nord de la Méditerranée.
Q.- Justement, ce Salon du livre a été inauguré hier, il est critiqué, il y a un fond de boycott. Est-ce que vous comprenez ceux qui trouvent inopportun d'avoir mélangé littérature et politique, d'avoir installé ce Salon l'année des 60 ans d'Israël ?
R.- Je crois que ce qu'il faut voir d'abord, c'est qu'Israël est invité de ce Salon, il ne faut pas y voir une instrumentalisation politique. Cela tombe à un moment où il y a effectivement S. Peres. Mais S. Peres est aujourd'hui un homme qui est engagé, à la fois, sur le plan littéraire et sur le plan politique. Il ne faut dissocier les deux composantes en lui. Je trouve dommage qu'on se serve de ce Salon pour faire de la politique, parce que je pense qu'il faut voir l'aspect littéraire des choses, la création, et surtout, encore une fois, ce dialogue des cultures, c'est cela que la France veut porter. La France a toujours eu une image vis-à-vis des pays arabes, une image très positive. Elle n'est certainement pas prête à gâcher cela, au contraire. Elle poursuit dans cette voie en disant aux pays arabes : voilà, vous êtes des pays pleins de culture, et à Israël également, des plein de culture, qui pouvez offrir une image particulière de votre histoire, et nous, nous sommes prêts à accueillir cela. Donc, je crois qu'il faut profiter de ce Salon du livre pour que les écrivains arabes et israéliens se rencontrent, discutent, débattent. Parce que la littérature c'est aussi une force politique, elle n'a pas besoin qu'on y ajoute des polémiques pour avoir du sens. Le sens est déjà.
Q.- N'auriez-vous pas dû au nom des droits de l'homme protester contre les récentes incursions à Gaza de l'armée israéliennes ?
R.- Je l'ai déjà fait. Mais simplement ça n'a pas été repris forcément. J'étais il y a dix jours au Conseil des droits de l'homme, à Genève, qui est l'instance onusienne des droits de l'homme, devant l'ensemble des pays membres du Conseil des droits de l'homme, quasiment le monde entier, j'ai donné la position française, qui était effectivement de condamner, à la fois, les actions du Hamas et celles des incursions sur Gaza d'Israël. C'était le lendemain de dimanche, lorsque Israël avait fait ses incursions militaires.
Q.- Il y a des manifestations anti-chinoises au Tibet en ce moment, manifestations réprimées, à cinq mois des Jeux. Vous soutenez les moines manifestants ?
R.- Ecoutez, ce qu'il faut voir, c'est qu'il n'y a pas à réprimer des manifestations menées par des hommes qui ne cherchent qu'une reconnaissance politique. On peut être d'accord ou pas d'accord. De mon point de vue, la répression n'est pas la solution, n'est absolument pas la solution. On l'a bien vu pour la Birmanie, lorsque les bonzes birmans ont défilé, nous étions parmi les premiers à condamner cela. Donc, nous ne voulons absolument pas que des personnes qui manifestent pour leurs droits, quel que soit ce que peut penser la Chine de ces droits-là, soient réprimées d'une quelconque manière.
Q.- Le Tibet, libre et indépendant, ça vous ferait plaisir ?
R.- Je veux que tout se fasse dans la paix. C'est-à-dire, il ne faut pas que le sang coule, il ne faut pas que cela conduise à des répressions brutales. Donc, si cela peut passer par la négociation politique, que les Chinois, les Tibétains peuvent trouver un moyen d'accorder leurs voix, effectivement je serais pour.
Q.- D'ici les Jeux, les manifestations en faveur des droits de l'homme vont se multiplier contre le régime chinois. Vous serez aux côtés des manifestants ? Cela va être délicat pour vous.
R.- Mais j'ai déjà plusieurs fois exprimé ma position sur, par exemple, des cas individuels. On a vu des bloggers, des journalistes chinois, qui ont été emprisonnés ces dernières semaines, et j'ai à chaque fois écrit aux autorités chinoises, j'ai à chaque fois aussi exprimé une position publique. Et donc, il faudra le faire.
Q.- Mais sans appeler au boycott des Jeux ?
R.- Non, non. La France n'est pas favorable au boycott, parce qu'on trouve que le boycott n'est jamais une solution. Si on avait boycotté les Jeux Olympiques de Moscou, ce n'est pas...Le boycott n'a pas attendu la chute du Mur du Berlin. Donc, ce n'est jamais la solution, il faut toujours profiter de l'ouverture. J'avais d'ailleurs fait une tribune dans un quotidien français avec mon collègue, B. Laporte, pour exprimer la position française qui était sans ambiguïté : pas de boycott, mais nous ne restons pas non plus les bras ballants face à une Chine, face à la Chine, si elle ne respecte pas les droits de l'homme.
Q.- Second tour des municipales dimanche, vous êtes troisième de liste à Colombes. Si vous êtes battue, présenterez-vous votre démission du Gouvernement ?
R.- Ce n'est pas la règle qui a été posée, je crois. Mais enfin, c'est au président de la République de prendre ses décisions.
Q.- A l'inverse, si vous êtes élue, et que vous prenez des responsabilités dans la municipalité de Colombes, est-ce que ça sera compatible, maire ou adjoint au maire, avec ministre, il y a toute une polémique sur ce cumul ?
R.- Ecoutez, d'abord, je ne suis pas maire...
Q.- Non, mais vous êtes quand même dans un poste qui vous amène à voyager beaucoup, c'est un peu embêtant...
R.- Oui, mais je ne suis que secrétaire d'Etat, je ne suis pas maire, donc je n'ai vocation qu'à être conseillère municipale ou maire-adjoint. Mais en tout cas, ce qu'il faut savoir c'est que... enfin moi je m'interroge. Quand un ancien Premier ministre était Premier ministre sans être élu, on lui reprochait tout le temps de ne pas être élu...
Q.- C'est D. de Villepin...
R.-...et maintenant que vous avez des ministres qui vont chercher l'onction du suffrage universel, on leur dit : il y a un problème. Donc, je crois qu'il faut être équilibré. On peut être simple secrétaire d'Etat et avoir un poste de conseiller municipal ou de maire-adjoint, qui vous permet d'être au contact des réalités. Parce que la diplomatie, c'est la diplomatie, avec... qui nous éloigne de la France beaucoup. Et je pense que de temps en temps, revenir à ces fondamentaux français, être au contact des gens, ce n'est peut-être pas si mal.
Q.- Alors, coup de colère du Président, mercredi, contre l'excès de gentillesse de l'UMP à l'égard du MoDem. Vous, vous êtes sur une liste où l'UMP et le MoDem ont fusionné...
R.- Nous sommes l'une des rares villes où l'UMP et le MoDem ont effectivement conclu un accord.
Q.- Alors, que répondez-vous au Président ?
R.- Je respecte totalement la position du Président. Il a dit de tenir compte des réalités locales aussi. Et les réalités locales, c'est que le MoDem de Colombes est un MoDem dont beaucoup des membres viennent de l'UMP. Et donc la fusion s'est faite en fait naturellement. Aucun de nous deux n'a renoncé à un aspect de son programme. Cela s'est fait en une demi journée, sans éclat, sans bruit, sans fureur, et c'était très bien. D'ailleurs, si le PS avait pu s'allier avec le MoDem, il l'aurait fait. Donc, ils sont venus avec nous, tout naturellement, parce que c'est des cousins proches, on va dire.
Q.- Vous souhaitez la victoire de F. Bayrou à Pau ?
R.- Oh ! Ecoutez, tout dépend. Moi je pense aux Palois. Je me dis quel est l'intérêt des Palois. Si F. Bayrou a l'intention d'être un maire proche des Palois, avec les Palois, tous les jours avec les Palais, moi je dis c'est très bien pour les Palois. Si c'est pour servir un destin national dans x années, là je m'interroge. Donc, je crois qu'il fait penser d'abord aux Palois avant de penser à soi.
Q.- Le Président doit-il opérer, au lendemain des municipales, une vigoureuse reprise en main de l'UMP et du Gouvernement, pour relancer la machine ?
R.- Le Président prendra ses décisions. Il est le plus à même, avec le recul et la hauteur de la fonction, à juger de ce qu'il faut faire ou non. Je serais très mal placée pour le dire à sa place.
Q.- Vous trouvez l"UMP en état de léthargie, comme le dit P. Balkany, depuis les législatives ?
R.- Oh ! Moi j'ai une très bonne relation avec P. Devedjian. Il a été et il est encore pour moi d'un grand soutien, et donc cela dépend des villes, peut-être. Mais en tout cas, pour nous, à Colombes, il a été présent, il nous aide beaucoup.
Q.- Le droit de mourir quand on souffre trop, comme dans le cas de C. Sebire, est-ce que ce n'est pas un droit de l'homme qu'il faudrait inscrire dans la loi, comme l'ont fait de nombreux pays ?
R.- Je crois que notre position a été donnée par la garde des Sceaux et le Premier ministre sur le fondement de la Convention européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie. Donc, les textes concordent...
Q.- Et la vôtre, votre position personnelle ?
R.- ... Mais je suis troublée, je suis touchée par la difficulté de cette femme. J'ai tendance à être en empathie - c'est un point de vue purement personnel - j'ai tendance à être en empathie, et pour dire clairement, à souffrir avec elle. Donc, je comprends, et je ne veux pas porter un jugement, comment dire, tranchant et simple. Donc, chacun vit ses difficultés. Elle est plus à même de juger. Mais je crois que le président de la République a proposé une solution avec cette nouvelle expertise médicale, et peut-être qu'elle pourra l'accepter, c'est à elle de le voir. Mais en tout cas, je ne peux qu'être touchée par ce qui lui arrive.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mars 2008