Texte intégral
C. Barbier.- Après demain, c'est le premier jour des municipales. Tous les sondages prédisent plutôt un dimanche noir pour l'UMP, à part dans quelques villes dont peut-être al vôtre, Chantilly. Est-ce votre impression, est-ce que vous restez optimiste pour la mobilisation militante UMP, dimanche ?
R.- Dimanche noir, peut-être dans les sondages mais en réalité, le 9 mars, je ne suis pas sûr qu'il soit si noir que cela.
Q.- Pourquoi ?
R.- Mais parce que... vous voyez bien d'ailleurs, on voit quelques sondages ce matin qui montrent une tendance inverse. Quand on va dans les villes, on ne tombe pas sur le même pessimisme. Moi, je crois à la réalité des urnes. Je crois aussi à la réalité des faits locaux. Nous verrons bien le 9 mars. Je ne crois pas non plus aux chroniques des défaites annoncées. Moi je pense qu'il y a beaucoup de raisons d'être optimiste pour le 9. Et puis pour le 16, parce que l'entre-deux tours sera là aussi extrêmement intéressant à suivre.
Q.- Il y a 36.000 communes mais on va regarder les communes les plus célèbres, les plus fameuses, qui attirent l'attention. Si la droite, par exemple, perd Toulouse, Strasbourg, Marseille, ce sera vécu comme une bérézina, même si sur les milliers de communes qui restent, vous résistez...
R.- Et si la droite gagne Tourcoing, si la droite gagne d'autres villes...
Q.- Belfort ?
R.- Belfort, par exemple, encore avec D. Meslot, il y a quand même beaucoup de raisons, ici ou là... Si la droite gagne Le Puy, tiens ! L. Wauquiez peut gagner Le Puy. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de villes... L. Chatel à Chaumont, etc., il y a beaucoup de villes dans lesquelles les choses peuvent basculer à droite. Je ne vois pas pourquoi on parle des villes que la ville peut gagner. Parlons aussi des villes que la droite peut gagner, et il y en a beaucoup, même si on part en réalité avec 30 ou 40 villes qui ont été gagnées aux dernières élections municipales, donc on part de haut...
Q.- C'était un bon millésime.
R.- C'était un bon millésime, masqué, c'est vrai, par la défaite de Paris et par la défaite de Lyon. Mais dans l'ensemble des autres villes, la droite avait fait de très bons scores. Donc, il faut tenir, tenir cela. Je vois, moi, quand même beaucoup... je vais soutenir des candidats, comme tout le monde ; il y a beaucoup de contacts sur le terrain. Moi je vois des gens plutôt optimistes, inquiets parce qu'à deux jours des élections, on est toujours très, très inquiet, mais en même temps, des équipes renforcées, des équipes qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche non plus, qui sont fiers de ce que la droite a fait et qui l'assument.
Q.- "Ce scrutin aura une signification politique que j'entendrai", a déclaré N. Sarkozy hier dans le Figaro. Quelle signification politique, à part une contestation personnelle par les Français du Président qu'ils ont élu l'année dernière ?
R.- Un scrutin cela a toujours une signification évidemment ; les Français votent, donc, cela a une signification. Le président de la République est...
Q.- C'est un message au Président !
R.- Oui, c'est un message au Président ; c'est un message à la majorité ; c'est aussi un message local. Je crois que c'est toujours difficile de faire la part des choses. Mais bien évidemment, il faut toujours tenir compte des messages qui sont envoyés par l'électorat, même s'ils sont plus floutés, parce que ce sont des messages d'ordre local. Le message qu'il faudra retenir quel qu'il soit, me semble-t-il, que nous gagnons, que nous perdions, que ce soit un équilibre difficile à contester, le message qu'on doit garder de cette campagne, en tout cas et ce qu'on entend sur le terrain, c'est une très, très grande impatience de nos concitoyens, une patience énorme des Français, on l'a encore vu hier sur les retraites, énorme impatience à la quelle il faut évidemment répondre. On s'est attelé à la faire ; le président de la République, le Premier ministre, le Gouvernement dans son ensemble est terriblement mobilisé. On a plusieurs années pour répondre à cela, jusqu'à la fin du quinquennat. Et en même temps, on doit marquer au fur et à mesure du temps, parce que les gens veulent des résultats rapides, on doit marquer les choses au fur et à mesure du temps, rapidement, à partir de mesures de fond, de réformes de fond.
Q.- N'est-il pas temps de lancer un appel au MoDem quand même pour vous rabibocher avec ces anciens alliés que sont les centristes ?
R.- Je ne crois pas à cela. Je ne crois pas aux appels politiques de cette nature. Le MoDem fait un peu du ski parallèle ; on le voit bien. Sa position sur Paris n'est pas très claire, c'est le moins qu'on puisse dire. Sa position sur d'autres villes ne l'est pas non plus. Donc, le MoDem, me semble-t-il, est ancré à droite, bien évidemment, au centre droit ; les électeurs du MoDem doivent évidemment nous rejoindre lorsque ce sera le cas. On l'a vu dans les différentes élections, aux élections présidentielles par exemple, aux élections législatives aussi. Il faut parler avec le MoDem bien entendu, mais il faut aussi que le MoDem sorte de l'ambiguïté et de la personnalisation du pouvoir dans laquelle il est.
Q.- L'une des leçons à tirer ne serait-ce pas de changer la gouvernance de l'UMP qui n'a pas vraiment trouver son équilibre dans le post- Sarkozy ?
R.- Je ne sais pas s'il faut changer tellement les gouvernances que cela. Je vois que le nombre de militants ne faiblit pas ; le Parti est un Parti en ordre de marche ; les investitures se sont passées de façon très correctes. Le mois de janvier a été formidable. Quand on a invité T. Blair ou A. Merkel dans des débats, c'était très nouveau à l'UMP. Et c'était vraiment un grand moment. Maintenant, l'UMP, elle doit dialoguer, elle doit dialoguer avec les autres. Le Gouvernement s'est ouvert ; l'UMP doit aussi s'ouvrir, en même temps être forte sur ce quelle est, c'est-à-dire un grand parti de rassemblement dans lequel on accepte évidemment les opinions diverses, où on doit mettre en valeur les opinions diverses. Mais nous le faisons. Donc, l'UMP au contraire doit continuer à s'ouvrir et doit continuer à appuyer la politique du Gouvernement avec sa différence, la différence qu'est le parti politique.
Q.- Pas de remaniement majeur d'après le Président après les municipales. On vous a garanti que vous restiez au Budget ?
R.- On ne m'a rien garanti du tout. Ce n'est pas vraiment un sujet dont on parle de cette façon. J'ai le sentiment que... oui, oui, bien sûr, je vais rester dans ce ministère du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction publique. Moi, je crois à la stabilité des gouvernants. Quand vous voulez faire quelque chose, mais ce n'est pas dans une entreprise aussi, s'il y a des entrepreneurs, des artisans qui nous écoutent, si on change sans arrêt le casting, cela ne peut pas marcher. Vous ne pouvez pas sans arrêt être dans la fin des dossiers, la redécouverte par un autre des dossiers. Soit il y a des erreurs, et à ce moment là, le Président et le Premier ministre en tirent les conséquences, soit il n'y en a pas et il faut à ce moment là vraiment être dans la durée. C'est dans la durée qu'on réformera le pays, ce n'est pas dans le zapping.
Q.- Dans la durée le pouvoir d'achat des retraités sera préservée, a promis F. Fillon hier soir sur TF1. Combien cela va-t-il coûter ? Où allez-vous prendre l'argent ?
R.- Le pouvoir d'achat des retraités doit être indexé sur l'inflation. C'est que cela là-dessus que ça ( ?).
Q.- Laquelle ? Celle de l'Insee ou l'inflation réelle que voient les Français ?
R.- C'est un débat difficile en dix minutes. C'est un débat compliqué. L'inflation, c'est l'inflation moyenne ; c'est comme cela qu'on la calcule depuis dix ou quinze ans. Puis après, il y a une inflation qu'on mesure mois par mois, qui parfois est un peu différente. Il est certain que le pouvoir d'achat des retraités n'a pas été assez augmenté. Les 1,1 % résultent d'un calcul et d'un calcul sur lequel... historique ! Ça fait très longtemps qu'on calcule comme cela. Là, on est dans une période exceptionnelle dans laquelle les prix ont augmenté d'une façon très forte, pétrole, alimentaire, et qu'on retrouve directement, malheureusement, dans son porte-monnaie en moins. Dons il faut en tenir compte. Le Premier ministre l'a indiqué très clairement, nous réadapterons. Nous allons réajuster évidemment les choses sur la base d'une idée très simple, c'est que les retraites doivent être indexées sur l'inflation.
Q.- Le Président a rappelé aussi l'objectif de baisse des effectifs de la fonction publique. Allez-vous augmenter la cadence ? Combien de suppressions de postes en 2009 ?
R.- J'ai l'intention de présenter un budget avec une réduction des postes de fonctionnaires sur la base de ce qui était indiqué. C'est-à-dire le non remplacement d'une personne sur deux partant en retraite, avec en contrepartie une augmentation des rémunérations des fonctionnaires ; la moitié de l'économie est rebasculée vers les fonctionnaires et en même temps, un appel à la modernisation des administrations. Lorsqu'on modernise les administrations, à la fois les fonctionnaires je pense y ont vraiment intérêt, c'est plus de responsabilité, mais aussi plus de rémunération, à terme, fondée sur un travail différent. Je crois vraiment à cela : la qualité du service publique et en même temps des fonctionnaires moins nombreux mais mieux rémunérés. Nous avons commencé à la faire en rebasculant un certain nombre de mesures sur des catégories de fonctionnaires. Nous devons continuer à la faire en accord évidement avec les partenaires syndicaux et avec les fonctionnaires dans leur ensemble.
Q.- Une loi sur l'intéressement sera votée en juin avec des cadeaux fiscaux pour les entreprises qui joueront le jeu. L'Etat en a-t-il les moyens ?
R.- Oui, parce que ce n'est pas de la dépense, cela c'est vraiment de l'investissement...
Q.- ( ?) Si vous faites un cadeau fiscal !
R.- Cela ne marche pas comme cela ! L'intéressement, c'est comment on fait dans une entreprise pour intéresser des salariés à des objectifs, qui peuvent être des objectifs salariaux, des objectifs de productivité, des objectifs de toute nature, pas nécessairement d'ailleurs chiffrés. Dans les petites entreprises - enfin c'est surtout dans les grandes entreprises - dans les petites entreprises il n'y a pas d'intéressement. Donc, il faut pouvoir bien évidemment développer l'intéressement. Et pour inciter les entreprises, sans les obliger à le faire, pour les inciter il faut évidemment une sorte d'incitation fiscale. Je crois que c'est une bonne manière d'utiliser la fiscalité. Il ne faut pas non plus bien évidemment multiplier cela, parce que cela peut poser des problèmes en terme de rentrées fiscales. Il y a beaucoup de niches fiscales déjà. Je pense qu'il faut concentrer nos niches fiscales sur ce qui va directement vers l'emploi et vers la distribution du pouvoir d'achat supplémentaire.
Q.- Vous avez transmis mercredi à D. Migaud et G. Carrez du Parlement, la liste des Français qui ont fraudé le fisc en cachant leur argent à Lichtenstein.
R.- Qui ont peut- être fraudé le Fisc.
Q.- Peut-être ! Pourquoi ne pas rendre publique cette liste ?
R.- Mais parce que le secret fiscal est quelque chose d'important. On n'est pas dans un pays dans lequel on met comme cela sur des affiches les noms de personnes qui sont suspectées de quoique ce soit. On ne jette pas en pâture des noms. A d'autres époques, on a fait cela. Ce n'est pas La République française. La République française, elle a des règles, c'est le secret fiscal et en même temps c'est l'instruction, c'est le contrôle fiscal et après c'est l'instruction vis-à-vis de la justice. Donc, pour l'instant nous nous contrôlons l'ensemble de ces données, de ces noms. Je les ai montré aux parlementaires. Nous allons bientôt déclancher des contrôles fiscaux. Nous attendons des informations supplémentaires, puis on transmettra à la justice s'il y a fraude.
Q.- Pour calmer la curiosité publique est-ce que vous confirmez qu'il n'y a pas célébrités, ni sportifs ?
R.- Il n'y a pas de célébrité dans cette liste de noms, je vous le confirme.
Q.- Etes-vous prêt à aider l'Allemagne dans son combat, pour que le secret bancaire soit levé dans les pays qui le pratiquent trop ?
R.- Je suis d'autant plus près que c'est ce que nous faisons. La France préside le Forum mondial de lutte contre les pays à "fiscalité dommageable", dit-on, à l'intérieur de l'OCDE. J'ai écrit à mon homologue Monsieur Steinbrück hier. Je l'ai eu au téléphone et je l'aurai lundi encore à nouveau. Nous allons nous rencontrer. Nous devons nous mener ensemble des mesures contre la fraude fiscale. On a transformé les paradis fiscaux en enfers fiscaux pour les fraudeurs. Aujourd'hui, s'il y a quelqu'un qui veut investir, prendre la matière fiscale, la retirer d'un pays d'une façon opaque et l'amener dans un paradis fiscal, on voit bien qu'avec les technologies modernes nul n'est à l'abri que cela se sache. Et donc, je ne conseille à personne de le faire. Nous avons, nous, une fiscalité à rendre plus attractive, bien sûr, mais nous avons aussi un devoir de morale qui est celui de lutter contre la fraude. Et cela je le ferai vraiment avec beaucoup de fermeté, à la demande du Président et du Premier ministre.
Q.- I. Deby, le Président du Tchad va gracier les membres de l'Arche de Zoé, si les 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts sont versés aux familles. L'Etat va-t-il payer ?
R.- Je n'ai pas le sentiment que cela doive payer cela. Evidemment, ce n'est pas une dette de l'Etat, mais c'est un sujet que nous allons évoquer avec la justice et qui ne concerne pas directement l'Etat.
Q.- En un mot, J.-M. Barroso considère que l'euro fort ne handicape pas les exportations françaises. Etes-vous d'accord ?
R.- Si ! Ça handicape les exportations françaises, évidemment que cela handicape les exportations françaises. L'euro fort simplement cela a un avantage, c'est que cela permet de diminuer les prix des matières importées, notamment le pétrole. Mais on voit bien d'ailleurs qu'il y a un accord aujourd'hui de la part même du patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, pour dire l'euro ne doit pas augmenter. On voit les Américains maintenant qui disent que leur dollar doit être aussi un peu plus fort. Il y a un problème évidemment de valeur des monnaies. Et l'euro est aujourd'hui à niveau trop élevé.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008
R.- Dimanche noir, peut-être dans les sondages mais en réalité, le 9 mars, je ne suis pas sûr qu'il soit si noir que cela.
Q.- Pourquoi ?
R.- Mais parce que... vous voyez bien d'ailleurs, on voit quelques sondages ce matin qui montrent une tendance inverse. Quand on va dans les villes, on ne tombe pas sur le même pessimisme. Moi, je crois à la réalité des urnes. Je crois aussi à la réalité des faits locaux. Nous verrons bien le 9 mars. Je ne crois pas non plus aux chroniques des défaites annoncées. Moi je pense qu'il y a beaucoup de raisons d'être optimiste pour le 9. Et puis pour le 16, parce que l'entre-deux tours sera là aussi extrêmement intéressant à suivre.
Q.- Il y a 36.000 communes mais on va regarder les communes les plus célèbres, les plus fameuses, qui attirent l'attention. Si la droite, par exemple, perd Toulouse, Strasbourg, Marseille, ce sera vécu comme une bérézina, même si sur les milliers de communes qui restent, vous résistez...
R.- Et si la droite gagne Tourcoing, si la droite gagne d'autres villes...
Q.- Belfort ?
R.- Belfort, par exemple, encore avec D. Meslot, il y a quand même beaucoup de raisons, ici ou là... Si la droite gagne Le Puy, tiens ! L. Wauquiez peut gagner Le Puy. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de villes... L. Chatel à Chaumont, etc., il y a beaucoup de villes dans lesquelles les choses peuvent basculer à droite. Je ne vois pas pourquoi on parle des villes que la ville peut gagner. Parlons aussi des villes que la droite peut gagner, et il y en a beaucoup, même si on part en réalité avec 30 ou 40 villes qui ont été gagnées aux dernières élections municipales, donc on part de haut...
Q.- C'était un bon millésime.
R.- C'était un bon millésime, masqué, c'est vrai, par la défaite de Paris et par la défaite de Lyon. Mais dans l'ensemble des autres villes, la droite avait fait de très bons scores. Donc, il faut tenir, tenir cela. Je vois, moi, quand même beaucoup... je vais soutenir des candidats, comme tout le monde ; il y a beaucoup de contacts sur le terrain. Moi je vois des gens plutôt optimistes, inquiets parce qu'à deux jours des élections, on est toujours très, très inquiet, mais en même temps, des équipes renforcées, des équipes qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche non plus, qui sont fiers de ce que la droite a fait et qui l'assument.
Q.- "Ce scrutin aura une signification politique que j'entendrai", a déclaré N. Sarkozy hier dans le Figaro. Quelle signification politique, à part une contestation personnelle par les Français du Président qu'ils ont élu l'année dernière ?
R.- Un scrutin cela a toujours une signification évidemment ; les Français votent, donc, cela a une signification. Le président de la République est...
Q.- C'est un message au Président !
R.- Oui, c'est un message au Président ; c'est un message à la majorité ; c'est aussi un message local. Je crois que c'est toujours difficile de faire la part des choses. Mais bien évidemment, il faut toujours tenir compte des messages qui sont envoyés par l'électorat, même s'ils sont plus floutés, parce que ce sont des messages d'ordre local. Le message qu'il faudra retenir quel qu'il soit, me semble-t-il, que nous gagnons, que nous perdions, que ce soit un équilibre difficile à contester, le message qu'on doit garder de cette campagne, en tout cas et ce qu'on entend sur le terrain, c'est une très, très grande impatience de nos concitoyens, une patience énorme des Français, on l'a encore vu hier sur les retraites, énorme impatience à la quelle il faut évidemment répondre. On s'est attelé à la faire ; le président de la République, le Premier ministre, le Gouvernement dans son ensemble est terriblement mobilisé. On a plusieurs années pour répondre à cela, jusqu'à la fin du quinquennat. Et en même temps, on doit marquer au fur et à mesure du temps, parce que les gens veulent des résultats rapides, on doit marquer les choses au fur et à mesure du temps, rapidement, à partir de mesures de fond, de réformes de fond.
Q.- N'est-il pas temps de lancer un appel au MoDem quand même pour vous rabibocher avec ces anciens alliés que sont les centristes ?
R.- Je ne crois pas à cela. Je ne crois pas aux appels politiques de cette nature. Le MoDem fait un peu du ski parallèle ; on le voit bien. Sa position sur Paris n'est pas très claire, c'est le moins qu'on puisse dire. Sa position sur d'autres villes ne l'est pas non plus. Donc, le MoDem, me semble-t-il, est ancré à droite, bien évidemment, au centre droit ; les électeurs du MoDem doivent évidemment nous rejoindre lorsque ce sera le cas. On l'a vu dans les différentes élections, aux élections présidentielles par exemple, aux élections législatives aussi. Il faut parler avec le MoDem bien entendu, mais il faut aussi que le MoDem sorte de l'ambiguïté et de la personnalisation du pouvoir dans laquelle il est.
Q.- L'une des leçons à tirer ne serait-ce pas de changer la gouvernance de l'UMP qui n'a pas vraiment trouver son équilibre dans le post- Sarkozy ?
R.- Je ne sais pas s'il faut changer tellement les gouvernances que cela. Je vois que le nombre de militants ne faiblit pas ; le Parti est un Parti en ordre de marche ; les investitures se sont passées de façon très correctes. Le mois de janvier a été formidable. Quand on a invité T. Blair ou A. Merkel dans des débats, c'était très nouveau à l'UMP. Et c'était vraiment un grand moment. Maintenant, l'UMP, elle doit dialoguer, elle doit dialoguer avec les autres. Le Gouvernement s'est ouvert ; l'UMP doit aussi s'ouvrir, en même temps être forte sur ce quelle est, c'est-à-dire un grand parti de rassemblement dans lequel on accepte évidemment les opinions diverses, où on doit mettre en valeur les opinions diverses. Mais nous le faisons. Donc, l'UMP au contraire doit continuer à s'ouvrir et doit continuer à appuyer la politique du Gouvernement avec sa différence, la différence qu'est le parti politique.
Q.- Pas de remaniement majeur d'après le Président après les municipales. On vous a garanti que vous restiez au Budget ?
R.- On ne m'a rien garanti du tout. Ce n'est pas vraiment un sujet dont on parle de cette façon. J'ai le sentiment que... oui, oui, bien sûr, je vais rester dans ce ministère du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction publique. Moi, je crois à la stabilité des gouvernants. Quand vous voulez faire quelque chose, mais ce n'est pas dans une entreprise aussi, s'il y a des entrepreneurs, des artisans qui nous écoutent, si on change sans arrêt le casting, cela ne peut pas marcher. Vous ne pouvez pas sans arrêt être dans la fin des dossiers, la redécouverte par un autre des dossiers. Soit il y a des erreurs, et à ce moment là, le Président et le Premier ministre en tirent les conséquences, soit il n'y en a pas et il faut à ce moment là vraiment être dans la durée. C'est dans la durée qu'on réformera le pays, ce n'est pas dans le zapping.
Q.- Dans la durée le pouvoir d'achat des retraités sera préservée, a promis F. Fillon hier soir sur TF1. Combien cela va-t-il coûter ? Où allez-vous prendre l'argent ?
R.- Le pouvoir d'achat des retraités doit être indexé sur l'inflation. C'est que cela là-dessus que ça ( ?).
Q.- Laquelle ? Celle de l'Insee ou l'inflation réelle que voient les Français ?
R.- C'est un débat difficile en dix minutes. C'est un débat compliqué. L'inflation, c'est l'inflation moyenne ; c'est comme cela qu'on la calcule depuis dix ou quinze ans. Puis après, il y a une inflation qu'on mesure mois par mois, qui parfois est un peu différente. Il est certain que le pouvoir d'achat des retraités n'a pas été assez augmenté. Les 1,1 % résultent d'un calcul et d'un calcul sur lequel... historique ! Ça fait très longtemps qu'on calcule comme cela. Là, on est dans une période exceptionnelle dans laquelle les prix ont augmenté d'une façon très forte, pétrole, alimentaire, et qu'on retrouve directement, malheureusement, dans son porte-monnaie en moins. Dons il faut en tenir compte. Le Premier ministre l'a indiqué très clairement, nous réadapterons. Nous allons réajuster évidemment les choses sur la base d'une idée très simple, c'est que les retraites doivent être indexées sur l'inflation.
Q.- Le Président a rappelé aussi l'objectif de baisse des effectifs de la fonction publique. Allez-vous augmenter la cadence ? Combien de suppressions de postes en 2009 ?
R.- J'ai l'intention de présenter un budget avec une réduction des postes de fonctionnaires sur la base de ce qui était indiqué. C'est-à-dire le non remplacement d'une personne sur deux partant en retraite, avec en contrepartie une augmentation des rémunérations des fonctionnaires ; la moitié de l'économie est rebasculée vers les fonctionnaires et en même temps, un appel à la modernisation des administrations. Lorsqu'on modernise les administrations, à la fois les fonctionnaires je pense y ont vraiment intérêt, c'est plus de responsabilité, mais aussi plus de rémunération, à terme, fondée sur un travail différent. Je crois vraiment à cela : la qualité du service publique et en même temps des fonctionnaires moins nombreux mais mieux rémunérés. Nous avons commencé à la faire en rebasculant un certain nombre de mesures sur des catégories de fonctionnaires. Nous devons continuer à la faire en accord évidement avec les partenaires syndicaux et avec les fonctionnaires dans leur ensemble.
Q.- Une loi sur l'intéressement sera votée en juin avec des cadeaux fiscaux pour les entreprises qui joueront le jeu. L'Etat en a-t-il les moyens ?
R.- Oui, parce que ce n'est pas de la dépense, cela c'est vraiment de l'investissement...
Q.- ( ?) Si vous faites un cadeau fiscal !
R.- Cela ne marche pas comme cela ! L'intéressement, c'est comment on fait dans une entreprise pour intéresser des salariés à des objectifs, qui peuvent être des objectifs salariaux, des objectifs de productivité, des objectifs de toute nature, pas nécessairement d'ailleurs chiffrés. Dans les petites entreprises - enfin c'est surtout dans les grandes entreprises - dans les petites entreprises il n'y a pas d'intéressement. Donc, il faut pouvoir bien évidemment développer l'intéressement. Et pour inciter les entreprises, sans les obliger à le faire, pour les inciter il faut évidemment une sorte d'incitation fiscale. Je crois que c'est une bonne manière d'utiliser la fiscalité. Il ne faut pas non plus bien évidemment multiplier cela, parce que cela peut poser des problèmes en terme de rentrées fiscales. Il y a beaucoup de niches fiscales déjà. Je pense qu'il faut concentrer nos niches fiscales sur ce qui va directement vers l'emploi et vers la distribution du pouvoir d'achat supplémentaire.
Q.- Vous avez transmis mercredi à D. Migaud et G. Carrez du Parlement, la liste des Français qui ont fraudé le fisc en cachant leur argent à Lichtenstein.
R.- Qui ont peut- être fraudé le Fisc.
Q.- Peut-être ! Pourquoi ne pas rendre publique cette liste ?
R.- Mais parce que le secret fiscal est quelque chose d'important. On n'est pas dans un pays dans lequel on met comme cela sur des affiches les noms de personnes qui sont suspectées de quoique ce soit. On ne jette pas en pâture des noms. A d'autres époques, on a fait cela. Ce n'est pas La République française. La République française, elle a des règles, c'est le secret fiscal et en même temps c'est l'instruction, c'est le contrôle fiscal et après c'est l'instruction vis-à-vis de la justice. Donc, pour l'instant nous nous contrôlons l'ensemble de ces données, de ces noms. Je les ai montré aux parlementaires. Nous allons bientôt déclancher des contrôles fiscaux. Nous attendons des informations supplémentaires, puis on transmettra à la justice s'il y a fraude.
Q.- Pour calmer la curiosité publique est-ce que vous confirmez qu'il n'y a pas célébrités, ni sportifs ?
R.- Il n'y a pas de célébrité dans cette liste de noms, je vous le confirme.
Q.- Etes-vous prêt à aider l'Allemagne dans son combat, pour que le secret bancaire soit levé dans les pays qui le pratiquent trop ?
R.- Je suis d'autant plus près que c'est ce que nous faisons. La France préside le Forum mondial de lutte contre les pays à "fiscalité dommageable", dit-on, à l'intérieur de l'OCDE. J'ai écrit à mon homologue Monsieur Steinbrück hier. Je l'ai eu au téléphone et je l'aurai lundi encore à nouveau. Nous allons nous rencontrer. Nous devons nous mener ensemble des mesures contre la fraude fiscale. On a transformé les paradis fiscaux en enfers fiscaux pour les fraudeurs. Aujourd'hui, s'il y a quelqu'un qui veut investir, prendre la matière fiscale, la retirer d'un pays d'une façon opaque et l'amener dans un paradis fiscal, on voit bien qu'avec les technologies modernes nul n'est à l'abri que cela se sache. Et donc, je ne conseille à personne de le faire. Nous avons, nous, une fiscalité à rendre plus attractive, bien sûr, mais nous avons aussi un devoir de morale qui est celui de lutter contre la fraude. Et cela je le ferai vraiment avec beaucoup de fermeté, à la demande du Président et du Premier ministre.
Q.- I. Deby, le Président du Tchad va gracier les membres de l'Arche de Zoé, si les 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts sont versés aux familles. L'Etat va-t-il payer ?
R.- Je n'ai pas le sentiment que cela doive payer cela. Evidemment, ce n'est pas une dette de l'Etat, mais c'est un sujet que nous allons évoquer avec la justice et qui ne concerne pas directement l'Etat.
Q.- En un mot, J.-M. Barroso considère que l'euro fort ne handicape pas les exportations françaises. Etes-vous d'accord ?
R.- Si ! Ça handicape les exportations françaises, évidemment que cela handicape les exportations françaises. L'euro fort simplement cela a un avantage, c'est que cela permet de diminuer les prix des matières importées, notamment le pétrole. Mais on voit bien d'ailleurs qu'il y a un accord aujourd'hui de la part même du patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, pour dire l'euro ne doit pas augmenter. On voit les Américains maintenant qui disent que leur dollar doit être aussi un peu plus fort. Il y a un problème évidemment de valeur des monnaies. Et l'euro est aujourd'hui à niveau trop élevé.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008