Texte intégral
F. Laborde- Hier, au côté de C. Lagarde, vous avez un peu fait le point et vous avez constaté que les objectifs de croissance ne pouvaient pas être tenus. Y a-t-il de quoi être inquiet ? On sait que l'Amérique est au bord de la récession ; est-ce un risque pour l'Europe et pour la France ?
R.- Le Gouvernement est à la fois lucide sur la situation économique internationale et en même temps, il est déterminé à poursuivre les réformes, à continuer dans le cap qui est nécessaire pour les finances publiques de notre pays, mais pour vie quotidienne de nos concitoyens. Lucide sur la situation internationale, il y a effectivement une crise financière grave aux Etats-Unis, qui impacte la croissance des Américains mais aura des répercussions sur les pays au niveau économique au niveau européen, et en même temps, il est déterminé à poursuivre les réformes parce que nous avons besoin plus que jamais de cela pour améliorer la vie quotidienne des Français.
Q.- Mais est-ce qu'il y a encore de l'argent dans les caisses, comme dirait quelqu'un de connu pour financer ces réformes ?
R.- D'abord, je rappelle que le président de la République, la semaine dernière, lors du Conseil des ministres, s'est engagé à ce que le principe de l'équilibre budgétaire soit maintenu à la fin du mandat, parce que c'et nécessaire à une vie économique saine. J'observe qu'autour de nous, la plupart des grands pays développés l'ont fait et que c'est parce que l'on a rétabli les finances publiques que l'on pourra mieux répartir les fruits de la croissance et améliorer la vie quotidienne des Français.
Q.- J'entends bien, mais concrètement, comment peut-on financer un certain nombre de mesures ? Est-ce que, par exemple, vous allez vendre des actifs que vous avez fait avec une partie d'EDF, de GDF pour financer la modernisation des universités ? Parce qu'il faut bien trouver l'argent pour financer tout cela.
R.- D'abord, le Gouvernement avait fait preuve d'une saine prudence puisque, dans le budget prévu pour 2008, il avait prévu une réserve, une réserve importante de 7 milliards d'euros. Ensuite, nous verrons, seront publiés demain les résultats du déficit par rapport à ce qui était prévu initialement, et c'est au ministre du Budget...
Q.-... Ils seront forcément un peu plus importants que prévu.
R.- Le Premier ministre s'est exprimé hier sur ce sujet, nous verrons quel sera le chiffre définitif. Ce qui est certain, c'est que la gestion prudente qui a été la nôtre, nous devons la retenir, et en particulier sur les dépenses, nous devons être très fermes sur nos dépenses. En même temps, il y a un environnement économique mondial qui justifie plus que jamais la politique que nous avons menée depuis neuf mois. Et quand j'entends monsieur Hollande nous expliquer qu'il faudrait renoncer aux mesures sur les heures supplémentaires ou sur, par exemple...
Q.- Une partie du paquet fiscal notamment...
R.- Oui, eh bien c'est aberrant, c'est absurde. C'est parce que nous avons pris ces mesures en août dernier qu'aujourd'hui, par exemple, nous sommes sans doute mieux placés que l'Allemagne en termes de croissance pour l'année 2008.
Q.- L. Gallois, le patron d'EADS, dit que l'euro est trop fort et que c'est un handicap majeur. C'est vrai qu'il vend des avions donc sur le marché international, c'est un handicap. Est-ce qu'il faudrait que la banque européenne fasse quelque chose pour au moins baisser les taux sur l'euro ?
R.- Vous connaissez la position régulière du président de la République sur ce sujet, et du Gouvernement, qui a toujours alerter la BCE, sur le fait qu'un euro trop fort pouvait avoir effectivement des conséquences négatives sur l'économie française. Donc nous restons sur cette position. En même temps, c'est la responsabilité...
Q.- Monsieur Trichet n'entend pas bien, manifestement...
R.-... C'est la responsabilité de la BCE sur ce sujet.
Q.- Puisque l'on parle de banque, vous avez évoqué hier les ententes illicites entre banques, concernant les taux d'intérêt, pour le client, pour ceux qui vont emprunter pour avoir de l'argent pour acheter leur maison et vous dites qu'il y a peut-être des ententes illicites, en tout cas, il y a une enquête en cours.
R.- Il y a une enquête en cours. Il faut rester prudent puis que c'est la prérogative de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes qui a mené cette enquête dans le cadre de sa responsabilité. Si cette enquête était avérée, évidemment, ce serait très grave. Et ce que j'ai dit hier, c'est que nous observons un e multiplication de ce type d'entente. On l'a vu récemment dans le domaine du jouet ou encore dans les produits, les détergents...
Q.- Dans les téléphones portables...
R.- Ou dans la téléphonie, qui avait été une entente importante fortement condamnée dans le domaine de la concurrence. Eh bien à chaque fois qu'il y a des ententes de ce type, qui est la victime ? C'est le consommateur final, c'est vous, c'est moi. Et cela entraîne mécaniquement une augmentation du prix de la prestation ou du produit. C'est pour cela que le Gouvernement est très vigilant là-dessus et qu'il va renforcer la responsabilité et le pouvoir des autorités de concurrence dans notre pays.
Q.- Mais quand aurez-vous les résultats de cette enquête ? Dans trois semaines, vous pourrez dire aux banques : "maintenant, ça suffit ! On sait que vous vous êtes entendues sur les prix du crédit, vous allez baisser vos taux !" ?
R.- Mais la procédure suit son cours. C'est-à-dire que la Direction de la concurrence fait son travail, elle a mené des enquêtes, elle rendra ses conclusions, et ce seront ensuite les autorités judiciaires...
Q.- Et les délais ?
R.-... à se prononcer dans les prochaines semaines.
Q.- Alors, puisque l'on parle justement de consommation, parlons de la distribution aussi. Vous avez engagé une réforme de la distribution. Est-ce que vous vous êtes fait une religion, si je puis dire, sur l'ouverture des magasins le dimanche ? Pensez-vous qu'il faille aller dans cette direction-là ?
R.- Nous avons toujours dit que nous pensions que le système actuel n'était pas adapté au monde d'aujourd'hui. Il ne faut pas, évidemment, passer d'un extrême à l'autre, qui est aujourd'hui l'interdiction d'ouverture le dimanche, à l'ouverture partout en France tous les dimanches. Par contre, nous pensons que nous pouvons assouplir notre système actuel. Nous pouvons l'assouplir dans les grandes agglomérations, où il y a à la fois la volonté des consommateurs d'aller faire leurs courses, des magasins de pouvoir faire des affaires le dimanche, et parfois aussi, des salariés de vouloir travailler le dimanche pour gagner davantage, avoir davantage de pouvoir d'achat.
Q.- Et donner un peu de vie aussi dans les centres urbains parfois...
R.- Voilà. Donc quand c'est le cas, on pourrait imaginer un assouplissement, mais le groupe UMP à l'Assemblée nationale qui aujourd'hui travaille sur cette question, qui proposera au Gouvernement une réforme dans le cadre d'une proposition de loi d'initiative parlementaire.
Q.- Vous avez reçu les grands responsables de la distribution pour justement...
R.- ... Encore hier soir avec C. Lagarde, à Bercy.
Q.- ... leur demander de faire des efforts, en termes de prix et de pouvoir d'achat ?
R.- Alors, "des efforts", bien sûr, mais plus que des efforts : il faut réformer enfin, définitivement, la loi. La France est trop chère...
Q.- La loi Galland ?
R.- Oui, il faut mettre un terme à la loi Galland ; il faut sortir d'un système absurde, qui a contribué à augmenter les marges des industriels et celles des distributeurs. Et qui a payé la facture ? Le consommateur final ! Donc on va sortir définitivement de ce système, ce sera dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie. La France est un pays trop cher par rapport à ses voisins au niveau des prix alimentaires. Et le seul moyen de faire baisser les prix, c'est de mettre davantage de concurrence dans ce système et davantage de transparence dans la chaîne entre industriels et distributeurs. C'est ce que nous allons faire.
Q.- Un tout dernier mot, très rapide : vous avez été tout récemment nommé porte-parole du Gouvernement. C'est un poste qui vous plaît, qui vous convient ? C'est beaucoup de travail quand même, non ?
R.- C'est un challenge à la fois difficile mais enthousiasmant, d'expliquer mieux aux Français ce qu'est la politique du Gouvernement, de faire de la pédagogie, de leur faire partager notre volonté de réformer le pays.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 mars 2008
R.- Le Gouvernement est à la fois lucide sur la situation économique internationale et en même temps, il est déterminé à poursuivre les réformes, à continuer dans le cap qui est nécessaire pour les finances publiques de notre pays, mais pour vie quotidienne de nos concitoyens. Lucide sur la situation internationale, il y a effectivement une crise financière grave aux Etats-Unis, qui impacte la croissance des Américains mais aura des répercussions sur les pays au niveau économique au niveau européen, et en même temps, il est déterminé à poursuivre les réformes parce que nous avons besoin plus que jamais de cela pour améliorer la vie quotidienne des Français.
Q.- Mais est-ce qu'il y a encore de l'argent dans les caisses, comme dirait quelqu'un de connu pour financer ces réformes ?
R.- D'abord, je rappelle que le président de la République, la semaine dernière, lors du Conseil des ministres, s'est engagé à ce que le principe de l'équilibre budgétaire soit maintenu à la fin du mandat, parce que c'et nécessaire à une vie économique saine. J'observe qu'autour de nous, la plupart des grands pays développés l'ont fait et que c'est parce que l'on a rétabli les finances publiques que l'on pourra mieux répartir les fruits de la croissance et améliorer la vie quotidienne des Français.
Q.- J'entends bien, mais concrètement, comment peut-on financer un certain nombre de mesures ? Est-ce que, par exemple, vous allez vendre des actifs que vous avez fait avec une partie d'EDF, de GDF pour financer la modernisation des universités ? Parce qu'il faut bien trouver l'argent pour financer tout cela.
R.- D'abord, le Gouvernement avait fait preuve d'une saine prudence puisque, dans le budget prévu pour 2008, il avait prévu une réserve, une réserve importante de 7 milliards d'euros. Ensuite, nous verrons, seront publiés demain les résultats du déficit par rapport à ce qui était prévu initialement, et c'est au ministre du Budget...
Q.-... Ils seront forcément un peu plus importants que prévu.
R.- Le Premier ministre s'est exprimé hier sur ce sujet, nous verrons quel sera le chiffre définitif. Ce qui est certain, c'est que la gestion prudente qui a été la nôtre, nous devons la retenir, et en particulier sur les dépenses, nous devons être très fermes sur nos dépenses. En même temps, il y a un environnement économique mondial qui justifie plus que jamais la politique que nous avons menée depuis neuf mois. Et quand j'entends monsieur Hollande nous expliquer qu'il faudrait renoncer aux mesures sur les heures supplémentaires ou sur, par exemple...
Q.- Une partie du paquet fiscal notamment...
R.- Oui, eh bien c'est aberrant, c'est absurde. C'est parce que nous avons pris ces mesures en août dernier qu'aujourd'hui, par exemple, nous sommes sans doute mieux placés que l'Allemagne en termes de croissance pour l'année 2008.
Q.- L. Gallois, le patron d'EADS, dit que l'euro est trop fort et que c'est un handicap majeur. C'est vrai qu'il vend des avions donc sur le marché international, c'est un handicap. Est-ce qu'il faudrait que la banque européenne fasse quelque chose pour au moins baisser les taux sur l'euro ?
R.- Vous connaissez la position régulière du président de la République sur ce sujet, et du Gouvernement, qui a toujours alerter la BCE, sur le fait qu'un euro trop fort pouvait avoir effectivement des conséquences négatives sur l'économie française. Donc nous restons sur cette position. En même temps, c'est la responsabilité...
Q.- Monsieur Trichet n'entend pas bien, manifestement...
R.-... C'est la responsabilité de la BCE sur ce sujet.
Q.- Puisque l'on parle de banque, vous avez évoqué hier les ententes illicites entre banques, concernant les taux d'intérêt, pour le client, pour ceux qui vont emprunter pour avoir de l'argent pour acheter leur maison et vous dites qu'il y a peut-être des ententes illicites, en tout cas, il y a une enquête en cours.
R.- Il y a une enquête en cours. Il faut rester prudent puis que c'est la prérogative de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes qui a mené cette enquête dans le cadre de sa responsabilité. Si cette enquête était avérée, évidemment, ce serait très grave. Et ce que j'ai dit hier, c'est que nous observons un e multiplication de ce type d'entente. On l'a vu récemment dans le domaine du jouet ou encore dans les produits, les détergents...
Q.- Dans les téléphones portables...
R.- Ou dans la téléphonie, qui avait été une entente importante fortement condamnée dans le domaine de la concurrence. Eh bien à chaque fois qu'il y a des ententes de ce type, qui est la victime ? C'est le consommateur final, c'est vous, c'est moi. Et cela entraîne mécaniquement une augmentation du prix de la prestation ou du produit. C'est pour cela que le Gouvernement est très vigilant là-dessus et qu'il va renforcer la responsabilité et le pouvoir des autorités de concurrence dans notre pays.
Q.- Mais quand aurez-vous les résultats de cette enquête ? Dans trois semaines, vous pourrez dire aux banques : "maintenant, ça suffit ! On sait que vous vous êtes entendues sur les prix du crédit, vous allez baisser vos taux !" ?
R.- Mais la procédure suit son cours. C'est-à-dire que la Direction de la concurrence fait son travail, elle a mené des enquêtes, elle rendra ses conclusions, et ce seront ensuite les autorités judiciaires...
Q.- Et les délais ?
R.-... à se prononcer dans les prochaines semaines.
Q.- Alors, puisque l'on parle justement de consommation, parlons de la distribution aussi. Vous avez engagé une réforme de la distribution. Est-ce que vous vous êtes fait une religion, si je puis dire, sur l'ouverture des magasins le dimanche ? Pensez-vous qu'il faille aller dans cette direction-là ?
R.- Nous avons toujours dit que nous pensions que le système actuel n'était pas adapté au monde d'aujourd'hui. Il ne faut pas, évidemment, passer d'un extrême à l'autre, qui est aujourd'hui l'interdiction d'ouverture le dimanche, à l'ouverture partout en France tous les dimanches. Par contre, nous pensons que nous pouvons assouplir notre système actuel. Nous pouvons l'assouplir dans les grandes agglomérations, où il y a à la fois la volonté des consommateurs d'aller faire leurs courses, des magasins de pouvoir faire des affaires le dimanche, et parfois aussi, des salariés de vouloir travailler le dimanche pour gagner davantage, avoir davantage de pouvoir d'achat.
Q.- Et donner un peu de vie aussi dans les centres urbains parfois...
R.- Voilà. Donc quand c'est le cas, on pourrait imaginer un assouplissement, mais le groupe UMP à l'Assemblée nationale qui aujourd'hui travaille sur cette question, qui proposera au Gouvernement une réforme dans le cadre d'une proposition de loi d'initiative parlementaire.
Q.- Vous avez reçu les grands responsables de la distribution pour justement...
R.- ... Encore hier soir avec C. Lagarde, à Bercy.
Q.- ... leur demander de faire des efforts, en termes de prix et de pouvoir d'achat ?
R.- Alors, "des efforts", bien sûr, mais plus que des efforts : il faut réformer enfin, définitivement, la loi. La France est trop chère...
Q.- La loi Galland ?
R.- Oui, il faut mettre un terme à la loi Galland ; il faut sortir d'un système absurde, qui a contribué à augmenter les marges des industriels et celles des distributeurs. Et qui a payé la facture ? Le consommateur final ! Donc on va sortir définitivement de ce système, ce sera dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie. La France est un pays trop cher par rapport à ses voisins au niveau des prix alimentaires. Et le seul moyen de faire baisser les prix, c'est de mettre davantage de concurrence dans ce système et davantage de transparence dans la chaîne entre industriels et distributeurs. C'est ce que nous allons faire.
Q.- Un tout dernier mot, très rapide : vous avez été tout récemment nommé porte-parole du Gouvernement. C'est un poste qui vous plaît, qui vous convient ? C'est beaucoup de travail quand même, non ?
R.- C'est un challenge à la fois difficile mais enthousiasmant, d'expliquer mieux aux Français ce qu'est la politique du Gouvernement, de faire de la pédagogie, de leur faire partager notre volonté de réformer le pays.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 mars 2008