Interview de Mme Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, à RTL le 19 mars 2008, sur son entrée au gouvernement, l'adoption d'enfants par les couples homosexuels et l'euthanasie.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

C. Hondelatte.- Ce qui saute aux yeux, c'est que ce petit élargissement de l'équipe gouvernementale consacre, non pas l'ouverture, mais au contraire des sarkozystes canal historique, et parmi eux, la fidèle des fidèles N. Morano qui devient secrétaire d'Etat à la Famille. Bonjour madame la ministre. Ça vous va, "la ministre" ou vous êtes plutôt tendance" le ministre" ?
 
R.- Moi non, c'est plutôt la ministre.
 
Q.- C'est vrai que ce remaniement consacre les fidèles. N. Morano plutôt que C. Allègre ?
 
R.- Ecoutez, c'est le choix du président de la République. Je pense qu'il a fait cette nouvelle composition du Gouvernement, d'abord, au regard des priorités qu'il voulait donner à son action gouvernementale. Et puis, au regard aussi des personnalités qu'il a choisies pour faire entrer dans ce Gouvernement. Donc, la Famille, je pense, n'était pas suffisamment traitée dans le Gouvernement précédent, et c'est bien, qu'elle occupe à partir de ce matin sa part entière, parce qu'il y a beaucoup de travail à faire en la matière.
 
Q.- Il y a une déconnection avec les résultats des élections municipales, parce que vous, vous avez pris une grosse grosse gifle à Toul, vous êtes arrivée 3ème, et pourtant vous voilà ministre.
 
R.- Oui, mais je pense qu'il n'a pas justement voulu constitué cette nouvelle équipe au regard des élections municipales. Entrer dans un Gouvernement, ce n'est pas un acte de félicitation ou des remerciements. Je crois que c'est d'abord en fonction d'une attente du pays, des compétences, d'une personnalité que le président de la République juge digne d'assumer une mission. Et quand vous parlez de grande défaite à Toul, je voudrais vous dire, que là aussi, c'est une spécificité très locale, puisque la gauche ne l'a pas emporté, c'est une division de la droite qui nous a fait perdre. Dans beaucoup de secteurs dans notre pays, malheureusement, nous avons eu à vivre des divisions qui nous ont été fatales. Donc, voilà, après avoir eu une belle victoire aux élections législatives il y a quelques mois, cette défaite en est une, je l'assume, et je la trouve regrettable, au regard du fait que la gauche, n'a pas gagné. Mais c'est la droite qui a perdu, à cause d'une spécificité locale particulière.
 
Q.- Alors, on me dit que parmi les dossiers que vous allez trouver dans votre nouveau secrétariat d'Etat, il y a le projet de loi sur le droit opposable à la garde d'enfants. J'avoue que je ne sais pas de quoi il s'agit. Et vous ?
 
R.- C'est de permettre justement d'avoir un service public adapté, et que chacun puisse avoir un mode de garde, quand il a besoin d'un mode de garde pour ses enfants...
 
Q.- Des garderies, des choses comme ça ?
 
R.- Oui, une possibilité d'avoir un moyen de faire garder ses enfants, parce qu'on le sait très bien, dans beaucoup d'endroits, les familles rament pour trouver un mode de garde, une place en crèche, et tout ça, c'est un dossier sur lequel on va beaucoup s'atteler. Mais vous savez, c'est aussi un ministère qui est très transversal parce que la famille, ça touche aussi tout ce qui concerne l'école, ça touche aussi tout ce qui concerne la sécurité, la justice, et donc, il y a beaucoup de travail interministériel à faire, ce dont je me réjouis parce que c'est un dossier riche en actions à mener au service de la famille. Et je le ferai avec X. Bertrand, puisque c'est mon ministre de tutelle.
 
Q.- Cela comprend aussi l'éventuelle adoption d'enfants par les couples homosexuels, à laquelle vous êtes favorable ?
 
R.- Pour l'instant...
 
Q.- Vous étiez favorable, vous avez peut-être changé ?
 
R.- Ma position, je l'avais clairement prise quand j'étais membre de la commission d'information sur la famille et le droit de l'enfant, mais je suis d'abord aussi ministre de la nation, j'ai à appliquer un projet présidentiel et d'abord, je me tiendrai à ce projet présidentiel.
 
Q.- Qui ne comprend pas l'adoption d'enfants par des homosexuels.
 
R.- Le président de la République avait fait très clairement état de sa pensée en la matière et il n'y était pas favorable.
 
Q.- Donc, vous le remettez dans votre poche, tout comme d'ailleurs l'euthanasie, à laquelle vous êtes favorable. Vous avez vu la fin de non-recevoir qui a été opposée par le gouvernement à la demande de C. Sébire ?
 
R.- Oui. Alors, je reste évidemment fidèle à mes convictions, puisque entrer dans un gouvernement, c'est aussi être fidèle à ses convictions. Donc, j'étais à l'initiative de la loi sur la fin de vie et le droit des malades avec G. Gorce, ce qui a amené cette loi sur la fin de vie qui a été votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale. J'avais très clairement déclaré d'ailleurs, avec G. Gorce qui a fait une déclaration hier, qu'il y aurait des cas pathologiques qui ne pourraient pas rentrer dans le cadre de la loi, et c'est vrai qu'une loi n'est pas faite pour des cas particuliers. Mais nous avions proposé, après cette loi qui, pour nous était un cap à franchir et une belle étape, qu'il fallait aller plus loin en proposant une commission nationale d'exception d'euthanasie...
 
Q.- Qu'aurait pu saisir C. Sébire ; avec des psychiatres, des spécialistes quoi ?
 
R.- Voilà, pour des cas très spécifiques, en y incluant le président national du conseil d'éthique, le président aussi des soins palliatifs - je pense au docteur Aubry, je pense aussi à des médecins...mais vraiment une commission nationale qui traiterait de ces cas très particuliers, parce que, évidemment, on comprend cette souffrance, et puis je trouve assez dommage d'être obligé de quitter le territoire français pour pouvoir accéder au droit de mourir dans la dignité.
 
Q.- Premier Conseil des ministres, tout à l'heure. Ça va être rock'n'roll ?
 
F. Amara : N. Morano, c'est habituel. Moi, j'ai tendance à croire qu'elle est comme dans les personnalités de chez Tintin. C'est la Castafiore pour moi. Elle est sympa, mais elle énerve tout le monde et puis tout le monde la fuit.
 
Q.- Voilà, c'était F. Amara, votre nouvelle collègue. Elle vous a traitée de "Castafiore" !
 
R.- Oui, mais tout ça, premièrement, c'est du passé, cela fait partie ...
 
Q.- Le 3 décembre, ce n'est pas non plus....
 
R.- Oui, mais cela fait partie des anecdotes politiques. Moi, je suis engagée au service de la France et je le fais depuis plus de vingt ans ; je me consacre au service des Français et je le vis avec passion. Je peux vous dire que nous avons plus de choses à partager avec F. Amara, notamment dans nos objectifs de réussir pour ces jeunes qui vivent dans les banlieues, que ces détails qui, pour nous, sont dérisoires.
 
Q.- Alors, vous ne voulez pas me chanter "ah, je ris de me voir si belle en ce miroir !" ?
 
R.- Non, je ne vous chanterai pas ça. Je peux vous chanter la Marseillaise ou autre chose si vous le souhaitez, mais en tout état de cause, je vous le dis, dans une équipe ministérielle, il y a des personnalités avec qui on a plus d'affinités que d'autres, mais encore une fois, avec F. Amara, nous avons beaucoup plus d'objectifs et de points en commun que de choses qui, au final, nous éloignent.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 mars 2008