Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, en réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale sur le déroulement des événements lors du passage de la flamme olympique à Paris, Paris le 9 avril 2008.

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Circonstance : Réponse de Bernard Kouchner à une question d'actualité à l'Assemblée nationale à Paris le 9 avril 2008

Texte intégral

Monsieur Folliot, je vais tenter de vous répondre avec la conviction du militant des Droits de l'Homme que je n'ai jamais cessé d'être et avec le sens de la responsabilité d'un ministre des Affaires étrangères. Les deux ne sont pas incompatibles et se rejoignent dans la nécessité d'oeuvrer pour le dialogue entre les autorités chinoises et le Dalaï-Lama.
Pour répondre précisément à vos questions, j'ai été, comme vous, très malheureusement surpris par le déroulement de cette manifestation - d'autant que j'avais reçu au Quai d'Orsay les groupes de militants des Droits de l'Homme et de militants du Tibet que vous connaissez bien. Ne revenons pas sur cette sombre journée : des enquêtes administratives ont été diligentées par le ministre de l'intérieur afin d'en savoir plus sur le déroulement des événements. Il reste que je suis singulièrement surpris, je le répète, par la conduite de ceux qui, aux termes de la Charte olympique, avaient la responsabilité de cette manifestation. Les Chinois, par leur comportement dans les rues de Paris, ont également surpris les sportifs, dont l'étonnement n'était pas inférieur au mien.
La position officielle de la France est d'appeler au dialogue : il est possible de parler et d'entendre à la fois les autorités chinoises et le Dalaï-Lama.
Pour ce qui est du boycott ou de la participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, lorsque l'évolution le permettra, le président de la République s'exprimera sur sa position personnelle.
En attendant, aucun des vingt-sept pays membres de l'Union européenne ne demande le boycott des Jeux Olympiques eux-mêmes. Personne ne le demande, personne, personne !
Dans quelles conditions pourrions-nous faire progresser le dialogue ? Nous parlons avec les autorités chinoises et je m'adresse au Dalaï-Lama au moins deux fois par semaine. Comme vous l'avez souligné - et cela leur est commun - personne ne réclame l'indépendance du Tibet : voilà peut-être une possibilité pour se parler.
Quoi qu'il en soit, la critique est facile alors qu'il est bien difficile dans ce cas de concilier les Droits de l'Homme et la responsabilité. Mais nous le ferons - avec votre aide, j'en suis sûr !Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2008