Texte intégral
N. Demorand.- Bienvenue au micro de France Inter. Enormément de sujets dans l'actualité. Des réformes importantes en vue : hôpital, allocations familiales, dépenses de santé, contrôle des chômeurs. Comment qualifiez-vous, B. Thibault, le moment dans lequel se trouve la France aujourd'hui ? Comment qualifier la philosophie des réformes en cours ?
R.- Si je me place du point de vue social mais aussi en relation avec le contexte économique actuel, mon sentiment c'est que le climat est de plus en plus lourd. J'entends par lourd, le sentiment que génère, systématiquement, voire quotidiennement, le Gouvernement qui par sa manière de gouverner mais aussi par le sens des réformes qu'il se propose de mettre en oeuvre, sans concertation la plupart du temps, multiplie les effets d'avance, contradictoires mais qui ont toutes pour caractéristique de montrer un affaiblissement du pacte social dans notre pays. Alors tantôt, c'est l'épisode de la carte de famille nombreuse. Et on dément. Et on confirme. Tantôt, c'est le non remboursement de l'optique. Tantôt, c'est maintenant les allocations familiales. Bref, cela devient de plus en plus inacceptable d'être confronté à un Gouvernement qui multiplie des annonces unilatérales, qui ont un impact, qui peuvent avoir des impacts sociaux sur le pouvoir d'achat mais pas seulement, considérables. Cela je pense que c'est source de protestations et de mobilisations. Et, à cet égard, je souhaite vraiment que le 1er mai soit saisi comme une opportunité par un grand nombre de salariés en manifestant très largement pour montrer leur mécontentement dans cette période.
Q.- Vous dites que le Gouvernement entretient un climat d'inquiétude, c'est cela, en France ?
R.- Pas simplement d'inquiétude mais de désaccord, de contestation très importante. Alors il y a compris un défit qui est posé aux organisations syndicales de notre pays. Je regrette que jusqu'à présent nous ne soyons pas en capacité - les organisations syndicales - de nous mettre d'accord pour faire en sorte que ces mécontentements, ces revendications soient portées avec plus de force et d'efficacité.
Q.- Deuxième chose, est-ce que le moment historique du modèle social français est d'après vous derrière nous et qu'on écrit là maintenant une nouvelle page ?
R.- Je ne pense pas qu'il soit derrière nous. Mais en même temps, parler de modèle dans un pays où la précarité de l'emploi progresse, où maintenant on en est à comptabiliser le nombre de travailleurs pauvres, c'est-à-dire que l'on puisse à la fois travailler et ne plus pouvoir se loger ou se déplacer, on ne peut pas prétendre simplement défendre un modèle. Il y a bien à redéfinir de nouveaux droits sociaux dans le contexte actuel. Ce n'est pas cela qui est à l'ordre du jour des discussions avec les employeurs, avec le Gouvernement. On est plutôt dans une phase où il faut rechercher des économies et où le social est en train d'être parmi les premiers postes où l'on recherche des économies.
Q.- Est-ce que vous êtes favorables, à la CGT, B. Thibault, au nouveau mode de contrôle des chômeurs ?
R.- Nous sommes l'année où nous devons rediscuter d'une nouvelle convention dite de l'indemnisation du chômage. Cette discussion doit avoir lieu cette année. Et nous voilà, une nouvelle fois, sur ce sujet là, comme sur tant d'autres, confrontés à un Gouvernement via des ministres qui annonce avant que les discussions soient ouvertes, l'orientation qu'ils ont déjà retenue. Ils ont retenu une orientation et c'est sur cette orientation-là que l'on doit discuter. Non, le problème n'est pas nouveau et ce débat récurrent sur l'attitude qui doit être celle des chômeurs n'est pas nouveau. Il faut rétablir quelques vérités. Il est faux de considérer que les chômeurs sont d'abord des salariés fainéants, qui se complaisent dans une situation d'exclusion. Il est faux de considérer que nous avons simplement un nombre de chômeurs au niveau où il est officiellement répertorié. Il y a plus de 4 millions de personnes qui n'ont pas de véritable emploi aujourd'hui. Le patronat a toujours refusé jusqu'à présent de discuter de ce que l'on appelait l'offre valable d'emploi. Tout le monde reconnaît, la CGT comme les autres syndicats, qu'un salarié privé d'emploi à un certain nombre d'obligations. Il y a à la fois un droit à l'emploi qui est prévu dans nos textes mais il y a aussi une obligation de travailler. Le tout étant de savoir ce que l'on précise comme obligation. Le patronat a toujours refusé de discuter de la notion d'offre valable d'emploi. Et aujourd'hui, on s'entend dire par les pouvoirs publics que ce qui serait une offre valable d'emploi serait toute offre proposée dans un rayon de transport de l'ordre de deux heures de déplacement par jour. J'avais cru comprendre qu'en période où l'on réfléchissait à un développement durable, il s'agissait notamment d'essayer de réduire les temps de transport, les coûts de transport, la pollution de transport. Et aujourd'hui, on nous dit que toute offre d'emploi dans un rayon d'action à une heure de transport doit être valable. Pire, on est en train de vouloir nous convaincre qu'un salarié devrait accepter de fait - cela pourrait être inscrit dans la loi - une réduction de son salaire antérieur dans un nouvel emploi de l'ordre de 30 %. Cela veut dire qu'au moment où l'on se bat dans les entreprises pour obtenir des augmentations de salaire, on aurait une loi qui préciserait que tout salarié privé d'emploi devrait accepter des emplois rémunérés à 70 % du salaire antérieur.
Q.- Donc, ça se fera sans la CGT ?
R.- Nous n'en sommes pas, je l'espère bien, à une décision officielle.
Q.- L. Wauquiez a dit : bon, voilà, c'est posé sur la table, on ne bougera pas.
R.- Nous allons tout faire pour défendre le bout de gras, si j'ose dire. Nous allons rencontrer le Gouvernement, nous allons continuer de négocier avec les employeurs. Et puis, s'il s'avère qu'on s'apprête à légiférer ou à prendre une disposition de ce type dans le droit français, naturellement, nous ne manquerons pas, pour ce qui nous concerne, de demander aux salariés d'intervenir sur ce débat-là.
Q.- Pavé dans la marre lancé par la Cour des Comptes, hier, concernant la SNCF et Réseau Ferré de France avec des pistes de réformes extrêmement lourdes pour essayer de revenir sur le déficit abyssal de Réseau Ferré de France. C'est l'un des bastions de la CGT, la SNCF. Votre position sur ce dossier : chiffon rouge ?
R.- Chiffon rouge, je ne sais pas. C'est vrai qu'on est dans une période, je vous le disais, où on ne sait jamais à quel degré il faut maintenant prendre telle ou telle information qui est diffusée, telle indiscrétion, telle prise de position. Est-ce vraiment une réorientation politique arbitrée ? Est-ce un ballon d'essai ? Rapport de la Cour des Comptes, je le prends comme tel. Le constat sur la détérioration du réseau ferroviaire français ne date pas d'aujourd'hui. L'absence d'engagements suffisants pose la question d'argent public. Pour maintenir des infrastructures publiques de transport, il faut de l'argent public. Cette absence d'investissements financiers relevée par la Cour des Comptes aujourd'hui se traduit par une détérioration de la qualité, voire dans certains endroits de la sûreté du réseau ferroviaire. C'est donc une préoccupation majeure, et la CGT a fait partie des syndicats qui ont soulevé ce problème depuis très longtemps. Autre chose est les préconisations ou les remèdes proposée. Là, je voudrais dire que l'orientation qui consisterait à dire que l'une des solutions serait de transférer le personnel sur le gestionnaire de l'infrastructure, ça ne résout absolument pas le problème du niveau des investissements financiers pour moderniser un réseau, d'une part. D'autre part, ça s'inspire de modèles d'exploitation de réseaux ferroviaires qui ont été utilisés dans de pays étrangers, notamment la Grande-Bretagne, qui, aujourd'hui, passent plus de temps à essayer de faire fonctionner différentes entreprises pour faire circuler les trains en temps et en heure alors qu'une des qualités de notre exploitation ferroviaire en France, un de nos atouts repose sur le fait d'avoir une entreprise intégrée avec toutes les spécialités à l'intérieur d'une même entreprise. Donc, ce serait une orientation assez nocive sur ses conséquences pour l'usager et le service public.
Q.- Dernière question, B. Thibault, il y une petite révolution dans le paysage syndical avec la modification des règles de représentativité. La CGT est à la une du quotidien Les Echos, ce matin, pour avoir accepté, justement, le compromis trouvé avec le patronat. C'est une bonne nouvelle, donc, j'imagine pour vous, puisque vous acceptez le compromis. Est-ce que ça va modifier en profondeur les choses, les rapports de force syndicaux ? Est-ce que vous avez aujourd'hui plus de pouvoir dans le paysage social ?
R.- Aujourd'hui, on n'a pas plus de pouvoir. Il nous faut parvenir - c'est une orientation très ancienne de la part de la CGT, nous l'avons inscrite dans nos objectives de congrès - parvenir à créer une véritable démocratie sociale. Il y a dans notre pays une démocratie politique, on peut toujours en débattre mais elle existe, elle a des fonctionnements, il y a des mécanismes pour l'organiser, ce n'est pas le cas au plan social. Depuis des décennies, nous sommes un des seuls pays européens où la minorité à la possibilité d'imposer son point de vue à la majorité dans les négociations et les accords sociaux.
Q.- C'est fini.
R.- C'est encore trop tôt. L'objectif, c'est d'installer, c'était l'objet des négociations avec les employeurs, de penser de nouveaux mécanismes et la CGT a beaucoup milité dans ce sens pour plus de démocratie, de relation entre l'opinion des salariés et le poids qu'aura chacun des syndicats dans les négociations et les conditions par lesquelles on appliquera ou on n'appliquera pas, à l'avenir, des accords modifiant le droit social, que cela porte sur la rémunération, le temps de travail, les conventions collectives. Bref, on n'aura peut-être l'occasion d'y revenir, il y aura plus de relations entre l'opinion des salariés et la représentation syndicale.
Q.- La CGT est devenue un syndicat réformiste ?
R.- La réforme par principe, ce débat-là est récurrent, cela n'a aucun sens. Il n'y a pas d'un coté les pro réformes et les anti-réformes de l'autre. Le débat doit de plus en plus porter sur la nature des réformes.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 avril 2008
R.- Si je me place du point de vue social mais aussi en relation avec le contexte économique actuel, mon sentiment c'est que le climat est de plus en plus lourd. J'entends par lourd, le sentiment que génère, systématiquement, voire quotidiennement, le Gouvernement qui par sa manière de gouverner mais aussi par le sens des réformes qu'il se propose de mettre en oeuvre, sans concertation la plupart du temps, multiplie les effets d'avance, contradictoires mais qui ont toutes pour caractéristique de montrer un affaiblissement du pacte social dans notre pays. Alors tantôt, c'est l'épisode de la carte de famille nombreuse. Et on dément. Et on confirme. Tantôt, c'est le non remboursement de l'optique. Tantôt, c'est maintenant les allocations familiales. Bref, cela devient de plus en plus inacceptable d'être confronté à un Gouvernement qui multiplie des annonces unilatérales, qui ont un impact, qui peuvent avoir des impacts sociaux sur le pouvoir d'achat mais pas seulement, considérables. Cela je pense que c'est source de protestations et de mobilisations. Et, à cet égard, je souhaite vraiment que le 1er mai soit saisi comme une opportunité par un grand nombre de salariés en manifestant très largement pour montrer leur mécontentement dans cette période.
Q.- Vous dites que le Gouvernement entretient un climat d'inquiétude, c'est cela, en France ?
R.- Pas simplement d'inquiétude mais de désaccord, de contestation très importante. Alors il y a compris un défit qui est posé aux organisations syndicales de notre pays. Je regrette que jusqu'à présent nous ne soyons pas en capacité - les organisations syndicales - de nous mettre d'accord pour faire en sorte que ces mécontentements, ces revendications soient portées avec plus de force et d'efficacité.
Q.- Deuxième chose, est-ce que le moment historique du modèle social français est d'après vous derrière nous et qu'on écrit là maintenant une nouvelle page ?
R.- Je ne pense pas qu'il soit derrière nous. Mais en même temps, parler de modèle dans un pays où la précarité de l'emploi progresse, où maintenant on en est à comptabiliser le nombre de travailleurs pauvres, c'est-à-dire que l'on puisse à la fois travailler et ne plus pouvoir se loger ou se déplacer, on ne peut pas prétendre simplement défendre un modèle. Il y a bien à redéfinir de nouveaux droits sociaux dans le contexte actuel. Ce n'est pas cela qui est à l'ordre du jour des discussions avec les employeurs, avec le Gouvernement. On est plutôt dans une phase où il faut rechercher des économies et où le social est en train d'être parmi les premiers postes où l'on recherche des économies.
Q.- Est-ce que vous êtes favorables, à la CGT, B. Thibault, au nouveau mode de contrôle des chômeurs ?
R.- Nous sommes l'année où nous devons rediscuter d'une nouvelle convention dite de l'indemnisation du chômage. Cette discussion doit avoir lieu cette année. Et nous voilà, une nouvelle fois, sur ce sujet là, comme sur tant d'autres, confrontés à un Gouvernement via des ministres qui annonce avant que les discussions soient ouvertes, l'orientation qu'ils ont déjà retenue. Ils ont retenu une orientation et c'est sur cette orientation-là que l'on doit discuter. Non, le problème n'est pas nouveau et ce débat récurrent sur l'attitude qui doit être celle des chômeurs n'est pas nouveau. Il faut rétablir quelques vérités. Il est faux de considérer que les chômeurs sont d'abord des salariés fainéants, qui se complaisent dans une situation d'exclusion. Il est faux de considérer que nous avons simplement un nombre de chômeurs au niveau où il est officiellement répertorié. Il y a plus de 4 millions de personnes qui n'ont pas de véritable emploi aujourd'hui. Le patronat a toujours refusé jusqu'à présent de discuter de ce que l'on appelait l'offre valable d'emploi. Tout le monde reconnaît, la CGT comme les autres syndicats, qu'un salarié privé d'emploi à un certain nombre d'obligations. Il y a à la fois un droit à l'emploi qui est prévu dans nos textes mais il y a aussi une obligation de travailler. Le tout étant de savoir ce que l'on précise comme obligation. Le patronat a toujours refusé de discuter de la notion d'offre valable d'emploi. Et aujourd'hui, on s'entend dire par les pouvoirs publics que ce qui serait une offre valable d'emploi serait toute offre proposée dans un rayon de transport de l'ordre de deux heures de déplacement par jour. J'avais cru comprendre qu'en période où l'on réfléchissait à un développement durable, il s'agissait notamment d'essayer de réduire les temps de transport, les coûts de transport, la pollution de transport. Et aujourd'hui, on nous dit que toute offre d'emploi dans un rayon d'action à une heure de transport doit être valable. Pire, on est en train de vouloir nous convaincre qu'un salarié devrait accepter de fait - cela pourrait être inscrit dans la loi - une réduction de son salaire antérieur dans un nouvel emploi de l'ordre de 30 %. Cela veut dire qu'au moment où l'on se bat dans les entreprises pour obtenir des augmentations de salaire, on aurait une loi qui préciserait que tout salarié privé d'emploi devrait accepter des emplois rémunérés à 70 % du salaire antérieur.
Q.- Donc, ça se fera sans la CGT ?
R.- Nous n'en sommes pas, je l'espère bien, à une décision officielle.
Q.- L. Wauquiez a dit : bon, voilà, c'est posé sur la table, on ne bougera pas.
R.- Nous allons tout faire pour défendre le bout de gras, si j'ose dire. Nous allons rencontrer le Gouvernement, nous allons continuer de négocier avec les employeurs. Et puis, s'il s'avère qu'on s'apprête à légiférer ou à prendre une disposition de ce type dans le droit français, naturellement, nous ne manquerons pas, pour ce qui nous concerne, de demander aux salariés d'intervenir sur ce débat-là.
Q.- Pavé dans la marre lancé par la Cour des Comptes, hier, concernant la SNCF et Réseau Ferré de France avec des pistes de réformes extrêmement lourdes pour essayer de revenir sur le déficit abyssal de Réseau Ferré de France. C'est l'un des bastions de la CGT, la SNCF. Votre position sur ce dossier : chiffon rouge ?
R.- Chiffon rouge, je ne sais pas. C'est vrai qu'on est dans une période, je vous le disais, où on ne sait jamais à quel degré il faut maintenant prendre telle ou telle information qui est diffusée, telle indiscrétion, telle prise de position. Est-ce vraiment une réorientation politique arbitrée ? Est-ce un ballon d'essai ? Rapport de la Cour des Comptes, je le prends comme tel. Le constat sur la détérioration du réseau ferroviaire français ne date pas d'aujourd'hui. L'absence d'engagements suffisants pose la question d'argent public. Pour maintenir des infrastructures publiques de transport, il faut de l'argent public. Cette absence d'investissements financiers relevée par la Cour des Comptes aujourd'hui se traduit par une détérioration de la qualité, voire dans certains endroits de la sûreté du réseau ferroviaire. C'est donc une préoccupation majeure, et la CGT a fait partie des syndicats qui ont soulevé ce problème depuis très longtemps. Autre chose est les préconisations ou les remèdes proposée. Là, je voudrais dire que l'orientation qui consisterait à dire que l'une des solutions serait de transférer le personnel sur le gestionnaire de l'infrastructure, ça ne résout absolument pas le problème du niveau des investissements financiers pour moderniser un réseau, d'une part. D'autre part, ça s'inspire de modèles d'exploitation de réseaux ferroviaires qui ont été utilisés dans de pays étrangers, notamment la Grande-Bretagne, qui, aujourd'hui, passent plus de temps à essayer de faire fonctionner différentes entreprises pour faire circuler les trains en temps et en heure alors qu'une des qualités de notre exploitation ferroviaire en France, un de nos atouts repose sur le fait d'avoir une entreprise intégrée avec toutes les spécialités à l'intérieur d'une même entreprise. Donc, ce serait une orientation assez nocive sur ses conséquences pour l'usager et le service public.
Q.- Dernière question, B. Thibault, il y une petite révolution dans le paysage syndical avec la modification des règles de représentativité. La CGT est à la une du quotidien Les Echos, ce matin, pour avoir accepté, justement, le compromis trouvé avec le patronat. C'est une bonne nouvelle, donc, j'imagine pour vous, puisque vous acceptez le compromis. Est-ce que ça va modifier en profondeur les choses, les rapports de force syndicaux ? Est-ce que vous avez aujourd'hui plus de pouvoir dans le paysage social ?
R.- Aujourd'hui, on n'a pas plus de pouvoir. Il nous faut parvenir - c'est une orientation très ancienne de la part de la CGT, nous l'avons inscrite dans nos objectives de congrès - parvenir à créer une véritable démocratie sociale. Il y a dans notre pays une démocratie politique, on peut toujours en débattre mais elle existe, elle a des fonctionnements, il y a des mécanismes pour l'organiser, ce n'est pas le cas au plan social. Depuis des décennies, nous sommes un des seuls pays européens où la minorité à la possibilité d'imposer son point de vue à la majorité dans les négociations et les accords sociaux.
Q.- C'est fini.
R.- C'est encore trop tôt. L'objectif, c'est d'installer, c'était l'objet des négociations avec les employeurs, de penser de nouveaux mécanismes et la CGT a beaucoup milité dans ce sens pour plus de démocratie, de relation entre l'opinion des salariés et le poids qu'aura chacun des syndicats dans les négociations et les conditions par lesquelles on appliquera ou on n'appliquera pas, à l'avenir, des accords modifiant le droit social, que cela porte sur la rémunération, le temps de travail, les conventions collectives. Bref, on n'aura peut-être l'occasion d'y revenir, il y aura plus de relations entre l'opinion des salariés et la représentation syndicale.
Q.- La CGT est devenue un syndicat réformiste ?
R.- La réforme par principe, ce débat-là est récurrent, cela n'a aucun sens. Il n'y a pas d'un coté les pro réformes et les anti-réformes de l'autre. Le débat doit de plus en plus porter sur la nature des réformes.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 avril 2008