Texte intégral
S. Paoli Quelle est la signification politique de la rumeur d'Abbeville ? Est-elle une autre expression de l'exaspération exprimée durant la campagne des municipales contre l'omniprésence du débat parisien. Etablit-elle la frontière entre le pays réel - celui qui a les pieds dans l'eau - et le pays virtuel - celui de la décision politique ? Paris responsable de tout et même des inondations : est-ce le procès du centralisme ou plus généralement l'expression d'une lassitude politique dont L. Jospin et J. Chirac font les frais lors de leurs déplacements en province ? Que dites-vous de cette rumeur d'Abbeville qui concerne directement Paris et ce que représente Paris aujourd'hui ?
- "La rumeur n'a évidemment aucun fondement objectif mais elle traduit assez bien l'exaspération et en même temps le fatalisme des habitants qui sont aujourd'hui touchés par les inondations de la Somme. C'est extrêmement dur de vivre les pieds dans l'eau. Je voudrais donc exprimer ma compassion et ma solidarité aux personnes qui vivent cela, qui savent que cela va durer plusieurs jours, que l'eau continue aujourd'hui à monter. Cette rumeur trouve une certaine crédibilité dans cette situation très difficile à vivre au quotidien pour les habitants d'Abbeville et de la région de la Somme."
Ce qui est troublant, c'est que les explications données par des experts, et non plus par des responsables politiques, n'arrivent pas à satisfaire la population de cette région qui dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas et qui n'est pas normal.
- "Soyons clair : ce que les habitants de la Somme attendent aujourd'hui, ce n'est pas qu'on leur dise qu'ils ont raison et que la rumeur est fondée. Ce qu'ils attendent, c'est que l'eau baisse et qu'ils puissent au plus vite nettoyer les conséquences de cette inondation. Il va être difficile, à chaud, de faire réfléchir. En revanche, il faut dès maintenant se poser un certain nombre de questions, qu'on aurait dû se poser il y a longtemps déjà : avons-nous consacrer tous les moyens qui devaient l'être à l'élaboration des plans de prévention des risques ? C'est avant l'inondation qu'on tente de les prévenir, ce n'est pas une fois qu'on a les pieds dans l'eau qu'on trouve des solutions et des expédients qui ne peuvent pas être efficaces et qui ne peuvent finalement que contribuer à sauver des vies et des biens, mais pas à protéger réellement les populations. Avons-nous également entretenu la Somme et ses affluents comme ils auraient dû l'être ? Cela ne semble pas être le cas. C'est pourquoi j'ai souhaité qu'une mission d'inspection soit envoyée sur place, comme une autre l'a été en Bretagne après les évènements de Quimperlé et de Redon, pour permettre de faire le point sur une stratégie qui permettrait de protéger dans l'avenir les populations."
Est-ce qu'un ministre de l'Aménagement du territoire, ce que vous êtes en l'occurrence, entend tout de même le message qu'il y a dans cette rumeur ? Parce qu'il y a décidément toujours Paris et le reste. D'ailleurs maintenant, c'est le reste et Paris.
- "J'entends d'autant plus que, semble-t-il, les inégalités continuent à croître entre Paris, sa première couronne et certaines régions qui subissent les effets d'un mal développement croissant. D'ailleurs, quand on cherche à localiser des équipements ou des établissements publics, on est toujours tenté de le faire à Paris ou dans les grandes capitales régionales. On a réellement de grandes difficultés en France à penser à un aménagement du territoire équilibré. Je vais vous en donner un exemple : on a localisé le Sacrotron, après des mois et des années de discussions, à Orsay, en Ile-de-France. Je comprends donc d'une certaine façon l'exaspération, l'inquiétude de ceux qui se demandent si à Paris on prend en compte leurs problèmes avec suffisamment d'acuité. Pour ce qui me concerne, la réponse est pourtant positive : nous cherchons à rééquilibrer le territoire, mais nous devons le faire avec des élus locaux qui, dans le contexte de la décentralisation, ont parfois un peu de difficulté, sur des politiques comme celles de l'aménagement du territoire et de l'environnement, à faire le lien entre les réflexions à long terme auxquelles on les appelle et l'impact direct et concret sur les populations. Pour ce qui concerne la prévention des inondations par exemple, ce sont des politiques de long terme, un peu frustrantes, un peu pénibles, un peu "tâcheronnes", mais qui vont porter leurs fruits dans l'avenir. Il ne faut donc pas perdre de temps pour les mettre en place."
Je posais aussi la question de la lassitude politique : on est frappé de voir à quel point J. Chirac et L. Jospin, quand ils font des déplacements en province - les griefs de toutes natures ne manquent pas- sont interpellés, voire même agressés verbalement par l'opinion.
- "Le résultat des élections municipales montre une attente qui reste encore un peu diffuse. On a par exemple eu envie, dans nombres de situations, de sortir les sortants en faveur d'équipes dont il ne paraît pas prouvé qu'elles soient davantage proches du terrain ou plus concrètes et attentives aux besoins de la population. Mais je voudrais par dessus tout noter l'absence de débat politique dans notre pays. On a énormément discuté de problèmes de personnes, de conflits entre des patrons de tel ou tel parti. Je ne suis pas certaine que des millions de Français aient été passionnés par les motifs qui opposaient P. Séguin et J. Tiberi pendant la campagne des municipales par exemple. La seule façon de répondre à ce genre d'exaspération ou d'inquiétudes, c'est de revenir à un débat politique digne de ce nom, de faire en sorte que pour ce qui concerne en tout cas le Gouvernement et la majorité plurielle, nous soyons en mesure de formuler de façon claire des objectifs et d'inviter les Français à contractualiser avec nous sur cette base-là. Pour moi, les choses sont assez nettes : le premier objectif reste le recul de la pauvreté et du chômage. On a encore deux millions de personnes qui sont au chômage dans ce pays. C'est peut-être dans ce contexte que nous avons été amenés à réagir de façon si brutale, si violente, aux annonces de licenciements dans des entreprises qui font des profits conséquents et pour lesquelles l'explication selon laquelle elles préfèrent licencier quand cela va bien n'apparaît pas du tout crédible."
Cela veut-il dire que toute cette mauvaise humeur qui s'exprime aujourd'hui - on a quitté la seule question de la crue - témoigne d'un besoin de l'opinion...
- "Je ne suis pas non plus sûre qu'on puisse généraliser et considérer qu'il y a un rejet général de la politique à partir de l'exaspération des habitants de la Somme. Ils sont d'abord exaspérés parce qu'ils ont les pieds dans l'eau, il faut quand même le rappeler !"
Il y avait la Somme en effet, mais il y a le reste aussi : il y a des déplacements en province hors de la Somme qui montrent bien qu'il y a une vraie lassitude.
- "Il y a eu un déplacement en province du Président de la République, où il a été confronté à la colère de chômeurs qui lui ont rappelé qu'ils auraient aimé qu'il aille dire ce qu'il sait devant le juge qui lui avait demandé de venir témoigner. C'est ancré sur un phénomène très particulier..."
Il y a aussi toute la réalité sociale avec des mouvements partout, des grèves. Tout cela traduit quand même une réalité politique et économique. Est-ce un besoin de l'opinion qui pense que maintenant que la croissance est repartie, il faut la partager ?
- "Pour ce qui me concerne, je partage cette aspiration. C'est vrai que sortant de pratiquement vingt années de crise, les salariés les plus modestes ont évidemment soif de bénéficier à leur tour d'un mieux dans leur vie quotidienne et dans leur portefeuille. Le Gouvernement doit être attentif à cette attente et consacrer ses forces, comme il l'a fait depuis quatre ans, au recul de la pauvreté et à l'amélioration des conditions de vie des plus modestes. Je pense aussi bien évidemment à un coup de pouce sur les bas salaires ou sur les minima sociaux qu'à une attention, jour après jour, aux services publics qui sont quand même des éléments tout à fait essentiels de la redistribution et de l'accès aux services des plus modestes."
Attendez-vous de la part de L. Jospin dans les jours qui viennent, peut-être même dans les heures qui viennent, une déclaration un peu forte ? On a l'impression que ça ne bouge plus beaucoup. A part les coups de gueule du Premier ministre contre la presse dans l'avion, il ne se passe pas grand chose.
- "En même temps, cela aurait été paradoxal de dire : "nous avons une solution, nous la sortons du chapeau." Le message qui est passé est simple et il faut y répondre. L'attente des Français se situe sur le terrain de l'emploi, sur celui de la santé et de l'éducation. Trois chantiers fondamentaux, prioritaires sur lesquels on doit consacrer nos efforts dans la période à venir, ainsi bien sûr que sur les conditions qui permettent d'améliorer la qualité de vie au quotidien des gens dans les grandes villes. Je crois qu'on a sous-estimé les difficultés du quotidien pour se déplacer, pour se loger, pour avoir accès à des services qui rendent la vie quotidienne tout simplement tolérable et supportable."
Cela vous a-t-il surpris que L. Jospin perde un petit peu son sang froid ? C'est un homme qui se contrôle bien habituellement, mais qui d'un seul coup, .. Je reprends d'ailleurs quelques articles de la presse - P. Clarke y faisait référence l'autre jour : "Jospin pète les plombs." Ce n'est pas dans son caractère ?
- "Je crois que le Premier ministre doit être fatigué, ce qui est assez logique, après les mois que nous venons de vivre. Je crois qu'une semaine de vacances serait très utile pour lui comme pour nous, et je l'invite d'ailleurs à la prendre, parce que nous avons besoin ensuite de mobiliser nos forces au service de notre projet commun. L. Jospin n'est pas un surhomme et je crois que cette colère doit être interprétée comme un symptôme invitant à prendre un petit peu de recul et un petit peu de repos. On en a tous besoin."
Une dernière chose : on est assez surpris de découvrir que les maires d'Ile-de- France ignoraient le passage du train des déchets nucléaires et que nul n'est tenu de communiquer sur le transport des déchets nucléaires dans ce pays. C'est sidérant !
- "Il y a quelques années, j'avais animé une caravane qui s'appelait "Plutonium connection" qui avait pour objet de faire savoir aux maires des communes concernées qu'ils étaient régulièrement traversées par des trains de déchets nucléaires. Ils ne le savaient pas. Ils trouvaient cela effectivement un peu fort de café de ne pas le savoir. Ceci montre bien que le nucléaire n'est pas une industrie comme les autres dans notre pays et que l'absence de transparence reste la règle en dépit des efforts qui ont été déployés depuis quelques années. La reprise des convois de déchets s'explique par le fait que les piscines des électriciens allemande sont pleines. Elle illustre d'une façon assez éclatante que les électriciens allemands et le gouvernement allemand cherchent en France de la sécurité politique, de la tranquillité politique et des sites d'entreposage de moyenne durée leurs déchets. Le retraitement des déchets n'est pas ce qui est prioritairement recherché par les électriciens allemands. Je crois qu'il faut en être conscient. C'est un point qui viole la loi Bataille, qui doit évoluer. La France est tout à fait hypocrite et ambiguë à l'égard de son industrie nucléaire. Elle doit clarifier ces points. Pour ce qui me concerne, j'ai bien l'intention en tout cas de m'y atteler."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 11 avril 2001)
- "La rumeur n'a évidemment aucun fondement objectif mais elle traduit assez bien l'exaspération et en même temps le fatalisme des habitants qui sont aujourd'hui touchés par les inondations de la Somme. C'est extrêmement dur de vivre les pieds dans l'eau. Je voudrais donc exprimer ma compassion et ma solidarité aux personnes qui vivent cela, qui savent que cela va durer plusieurs jours, que l'eau continue aujourd'hui à monter. Cette rumeur trouve une certaine crédibilité dans cette situation très difficile à vivre au quotidien pour les habitants d'Abbeville et de la région de la Somme."
Ce qui est troublant, c'est que les explications données par des experts, et non plus par des responsables politiques, n'arrivent pas à satisfaire la population de cette région qui dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas et qui n'est pas normal.
- "Soyons clair : ce que les habitants de la Somme attendent aujourd'hui, ce n'est pas qu'on leur dise qu'ils ont raison et que la rumeur est fondée. Ce qu'ils attendent, c'est que l'eau baisse et qu'ils puissent au plus vite nettoyer les conséquences de cette inondation. Il va être difficile, à chaud, de faire réfléchir. En revanche, il faut dès maintenant se poser un certain nombre de questions, qu'on aurait dû se poser il y a longtemps déjà : avons-nous consacrer tous les moyens qui devaient l'être à l'élaboration des plans de prévention des risques ? C'est avant l'inondation qu'on tente de les prévenir, ce n'est pas une fois qu'on a les pieds dans l'eau qu'on trouve des solutions et des expédients qui ne peuvent pas être efficaces et qui ne peuvent finalement que contribuer à sauver des vies et des biens, mais pas à protéger réellement les populations. Avons-nous également entretenu la Somme et ses affluents comme ils auraient dû l'être ? Cela ne semble pas être le cas. C'est pourquoi j'ai souhaité qu'une mission d'inspection soit envoyée sur place, comme une autre l'a été en Bretagne après les évènements de Quimperlé et de Redon, pour permettre de faire le point sur une stratégie qui permettrait de protéger dans l'avenir les populations."
Est-ce qu'un ministre de l'Aménagement du territoire, ce que vous êtes en l'occurrence, entend tout de même le message qu'il y a dans cette rumeur ? Parce qu'il y a décidément toujours Paris et le reste. D'ailleurs maintenant, c'est le reste et Paris.
- "J'entends d'autant plus que, semble-t-il, les inégalités continuent à croître entre Paris, sa première couronne et certaines régions qui subissent les effets d'un mal développement croissant. D'ailleurs, quand on cherche à localiser des équipements ou des établissements publics, on est toujours tenté de le faire à Paris ou dans les grandes capitales régionales. On a réellement de grandes difficultés en France à penser à un aménagement du territoire équilibré. Je vais vous en donner un exemple : on a localisé le Sacrotron, après des mois et des années de discussions, à Orsay, en Ile-de-France. Je comprends donc d'une certaine façon l'exaspération, l'inquiétude de ceux qui se demandent si à Paris on prend en compte leurs problèmes avec suffisamment d'acuité. Pour ce qui me concerne, la réponse est pourtant positive : nous cherchons à rééquilibrer le territoire, mais nous devons le faire avec des élus locaux qui, dans le contexte de la décentralisation, ont parfois un peu de difficulté, sur des politiques comme celles de l'aménagement du territoire et de l'environnement, à faire le lien entre les réflexions à long terme auxquelles on les appelle et l'impact direct et concret sur les populations. Pour ce qui concerne la prévention des inondations par exemple, ce sont des politiques de long terme, un peu frustrantes, un peu pénibles, un peu "tâcheronnes", mais qui vont porter leurs fruits dans l'avenir. Il ne faut donc pas perdre de temps pour les mettre en place."
Je posais aussi la question de la lassitude politique : on est frappé de voir à quel point J. Chirac et L. Jospin, quand ils font des déplacements en province - les griefs de toutes natures ne manquent pas- sont interpellés, voire même agressés verbalement par l'opinion.
- "Le résultat des élections municipales montre une attente qui reste encore un peu diffuse. On a par exemple eu envie, dans nombres de situations, de sortir les sortants en faveur d'équipes dont il ne paraît pas prouvé qu'elles soient davantage proches du terrain ou plus concrètes et attentives aux besoins de la population. Mais je voudrais par dessus tout noter l'absence de débat politique dans notre pays. On a énormément discuté de problèmes de personnes, de conflits entre des patrons de tel ou tel parti. Je ne suis pas certaine que des millions de Français aient été passionnés par les motifs qui opposaient P. Séguin et J. Tiberi pendant la campagne des municipales par exemple. La seule façon de répondre à ce genre d'exaspération ou d'inquiétudes, c'est de revenir à un débat politique digne de ce nom, de faire en sorte que pour ce qui concerne en tout cas le Gouvernement et la majorité plurielle, nous soyons en mesure de formuler de façon claire des objectifs et d'inviter les Français à contractualiser avec nous sur cette base-là. Pour moi, les choses sont assez nettes : le premier objectif reste le recul de la pauvreté et du chômage. On a encore deux millions de personnes qui sont au chômage dans ce pays. C'est peut-être dans ce contexte que nous avons été amenés à réagir de façon si brutale, si violente, aux annonces de licenciements dans des entreprises qui font des profits conséquents et pour lesquelles l'explication selon laquelle elles préfèrent licencier quand cela va bien n'apparaît pas du tout crédible."
Cela veut-il dire que toute cette mauvaise humeur qui s'exprime aujourd'hui - on a quitté la seule question de la crue - témoigne d'un besoin de l'opinion...
- "Je ne suis pas non plus sûre qu'on puisse généraliser et considérer qu'il y a un rejet général de la politique à partir de l'exaspération des habitants de la Somme. Ils sont d'abord exaspérés parce qu'ils ont les pieds dans l'eau, il faut quand même le rappeler !"
Il y avait la Somme en effet, mais il y a le reste aussi : il y a des déplacements en province hors de la Somme qui montrent bien qu'il y a une vraie lassitude.
- "Il y a eu un déplacement en province du Président de la République, où il a été confronté à la colère de chômeurs qui lui ont rappelé qu'ils auraient aimé qu'il aille dire ce qu'il sait devant le juge qui lui avait demandé de venir témoigner. C'est ancré sur un phénomène très particulier..."
Il y a aussi toute la réalité sociale avec des mouvements partout, des grèves. Tout cela traduit quand même une réalité politique et économique. Est-ce un besoin de l'opinion qui pense que maintenant que la croissance est repartie, il faut la partager ?
- "Pour ce qui me concerne, je partage cette aspiration. C'est vrai que sortant de pratiquement vingt années de crise, les salariés les plus modestes ont évidemment soif de bénéficier à leur tour d'un mieux dans leur vie quotidienne et dans leur portefeuille. Le Gouvernement doit être attentif à cette attente et consacrer ses forces, comme il l'a fait depuis quatre ans, au recul de la pauvreté et à l'amélioration des conditions de vie des plus modestes. Je pense aussi bien évidemment à un coup de pouce sur les bas salaires ou sur les minima sociaux qu'à une attention, jour après jour, aux services publics qui sont quand même des éléments tout à fait essentiels de la redistribution et de l'accès aux services des plus modestes."
Attendez-vous de la part de L. Jospin dans les jours qui viennent, peut-être même dans les heures qui viennent, une déclaration un peu forte ? On a l'impression que ça ne bouge plus beaucoup. A part les coups de gueule du Premier ministre contre la presse dans l'avion, il ne se passe pas grand chose.
- "En même temps, cela aurait été paradoxal de dire : "nous avons une solution, nous la sortons du chapeau." Le message qui est passé est simple et il faut y répondre. L'attente des Français se situe sur le terrain de l'emploi, sur celui de la santé et de l'éducation. Trois chantiers fondamentaux, prioritaires sur lesquels on doit consacrer nos efforts dans la période à venir, ainsi bien sûr que sur les conditions qui permettent d'améliorer la qualité de vie au quotidien des gens dans les grandes villes. Je crois qu'on a sous-estimé les difficultés du quotidien pour se déplacer, pour se loger, pour avoir accès à des services qui rendent la vie quotidienne tout simplement tolérable et supportable."
Cela vous a-t-il surpris que L. Jospin perde un petit peu son sang froid ? C'est un homme qui se contrôle bien habituellement, mais qui d'un seul coup, .. Je reprends d'ailleurs quelques articles de la presse - P. Clarke y faisait référence l'autre jour : "Jospin pète les plombs." Ce n'est pas dans son caractère ?
- "Je crois que le Premier ministre doit être fatigué, ce qui est assez logique, après les mois que nous venons de vivre. Je crois qu'une semaine de vacances serait très utile pour lui comme pour nous, et je l'invite d'ailleurs à la prendre, parce que nous avons besoin ensuite de mobiliser nos forces au service de notre projet commun. L. Jospin n'est pas un surhomme et je crois que cette colère doit être interprétée comme un symptôme invitant à prendre un petit peu de recul et un petit peu de repos. On en a tous besoin."
Une dernière chose : on est assez surpris de découvrir que les maires d'Ile-de- France ignoraient le passage du train des déchets nucléaires et que nul n'est tenu de communiquer sur le transport des déchets nucléaires dans ce pays. C'est sidérant !
- "Il y a quelques années, j'avais animé une caravane qui s'appelait "Plutonium connection" qui avait pour objet de faire savoir aux maires des communes concernées qu'ils étaient régulièrement traversées par des trains de déchets nucléaires. Ils ne le savaient pas. Ils trouvaient cela effectivement un peu fort de café de ne pas le savoir. Ceci montre bien que le nucléaire n'est pas une industrie comme les autres dans notre pays et que l'absence de transparence reste la règle en dépit des efforts qui ont été déployés depuis quelques années. La reprise des convois de déchets s'explique par le fait que les piscines des électriciens allemande sont pleines. Elle illustre d'une façon assez éclatante que les électriciens allemands et le gouvernement allemand cherchent en France de la sécurité politique, de la tranquillité politique et des sites d'entreposage de moyenne durée leurs déchets. Le retraitement des déchets n'est pas ce qui est prioritairement recherché par les électriciens allemands. Je crois qu'il faut en être conscient. C'est un point qui viole la loi Bataille, qui doit évoluer. La France est tout à fait hypocrite et ambiguë à l'égard de son industrie nucléaire. Elle doit clarifier ces points. Pour ce qui me concerne, j'ai bien l'intention en tout cas de m'y atteler."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 11 avril 2001)