Interview de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, dans "Journal de l'île de La Réunion" du 29 juin 2008, sur la protection de l'environnement et de la biodiversité en outre-mer.

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Média : Journal de l'Ile de la Réunion

Texte intégral

JIR : Quels sont, pour le Secrétaire d'État chargé de l'Outre-Mer, les enjeux de cette conférence sur la biodiversité ultramarine ?
Yves Jégo : Je constate que l'Outre-Mer représente la première richesse de biodiversité française et européenne. 80 % des richesses naturelles de notre pays sont situées dans les territoires d'Outre-Mer.
C'est un capital à préserver mais aussi à mettre en valeur et à faire fructifier. En lançant le Grenelle de l'environnement il y a plus un peu plus d'un an, le Président de la République s'est engagé résolument dans une voie d'avenir, celle de la transformation de nos habitudes afin de valoriser la préservation de la planète comme nouveau levier de notre développement. La Réunion avec le projet présidentiel « Réunion 2030 » est en avance sur la métropole. Je me réjouis qu'une conférence de très haut niveau devienne l'un des évènements de la Présidence française de l'Union Européenne afin de démontrer que les Outres-mers sont une chance non seulement pour la France mais aussi pour la totalité de l'Europe.
JIR : Peut-on attendre de cette conférence un plan d'actions concret du type "Grenelle de l'environnement" pour la biodiversité outre-mer dans le cadre de la présidence française de l'Europe ?
Yves Jégo : Il est évident que c'est un axe fort de la Présidence française et que l'initiative du Grenelle de l'environnement va prendre une dimension européenne. Je souhaite que cette conférence internationale soit l'occasion de renforcer la prise de conscience de certaines urgences mais aussi du formidable potentiel de cet axe de développement économique. En un mot, il est possible aujourd'hui de sauver la planète d'un destin funeste tout en créant de nouvelles activités pour les hommes qui y vivent. L'exemple de « Réunion 2030 » prouve que tout ceci peut être concret.
JIR : L'UICN pointe dans le bilan de la stratégie nationale pour la biodiversité (fin mai) un retard dans la mise en place du volet dédié à l'outremer. Pourquoi ce retard, lorsque l'on connaît l'importance de ce patrimoine ? Est-ce une de vos priorités de l'impulser ? Quels en sont les objectifs ? Quels moyens vont y être consacrés ?
Yves Jégo : Effectivement, nous devons prendre un rythme nouveau pour que l'outre-mer devienne, comme c'est le cas ici avec le projet GERRI, exemplaire vis-à-vis de la métropole mais aussi exemplaire vis à vis de toute l'Europe.
J'ai demandé aux préfets de bien vouloir se mobiliser pour engager très vite des plans ambitieux et mettre les élus locaux, chaque fois que cela sera nécessaire, devant leurs responsabilités. Je pense ici à la Réunion, à la question lancinante du traitement des déchets et de l'assainissement. Je le dis aux élus, les crédits sont là et les maires doivent assumer leurs responsabilités en matière environnementale faute de quoi cette région risque de prendre un retard considérable. Au bout de 100 jours de présence au Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer, je considère que la question environnementale est l'une des clés du succès de l'avenir de nos territoires et j'entends bien faire de ce sujet une de mes priorités dans les semaines et les mois qui viennent.
JIR : La biodiversité est, selon le rapport de l'UICN de 2006, le parent pauvre en matière de financement outre-mer. Est-ce selon vous exact ? Allez-vous impulser un changement en la matière ?
Yves Jégo : Nous avons attribué des crédits conséquents dans les différents contrats de projet et contrats de développement et nous finançons en moyenne à hauteur de 25 % toutes les actions consacrées à la biodiversité. Dans le cadre du travail mené de façon remarquable par le Comité Opérationnel Outre-Mer du Grenelle de l'environnement, Comité dont la présidence est assurée par Mme Nassima Dindar, nous avons proposé une enveloppe de financement supplémentaire de près de 300 000 000 euros sur la période 2009-2013 dont la moitié sera consacrée à la mise en oeuvre du plan de stratégie nationale pour la biodiversité Outre-Mer.
JIR : Avez-vous des annonces à faire en la matière lors de votre participation et de votre visite à La Réunion ?
Yves Jégo : Je viens pour rencontrer les principaux acteurs et je rencontrerai particulièrement les maires pour leur redire que chacun doit prendre sa part dans ce combat. L'enjeu est tel qu'il faut évidemment additionner nos compétences et nos moyens plutôt que de les diviser. J'entends bien que des décisions soient prises notamment en matière de traitement des déchets et d'assainissement dans les mois qui viennent pour montrer de façon concrète qu'au-delà du discours, il y a une volonté de chacun de répondre de façon pragmatique à ce défi. En quatre mois, c'est mon quatrième voyage à la Réunion et je suis heureux de cette opportunité qui m'est offerte avec mes collègues Jean-Louis Borloo et Michèle Alliot-Marie, pour saluer l'ambition environnementale de l'île.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 août 2008