Interview de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, dans "La Croix" du 18 juillet 2008, sur la situation politique en Polynésie et la hausse des investissements de l'Etat.

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Média : La Croix

Texte intégral

La Croix : Quels sont les objectifs de votre visite en Polynésie ?
Yves Jégo : C'est mon 15ème déplacement en 4 mois de fonction à l'Outre-Mer et le 1er en Polynésie française. J'y viens dans un souci de proximité et d'écoute, mais aussi pour m'assurer de la mise en place des comités de pilotage qui devront donner corps au contrat de projets de développement signé récemment par le président de la République et le président de Polynésie française , Gaston Tong Sang. Ce contrat de projets est conséquent. Il représente, en plus des traditionnels crédits de fonctionnement et d'investissement eux-mêmes en augmentation de plus de 40% ces dernières années, 177 millions d'euros d'investissements de l'Etat, répartis sur 6 ans. Il concerne divers domaines : le logement social, la santé, la protection des populations, l'environnement, l'université et la recherche... Il s'agit de permettre à la Polynésie française, qui connaît bien des difficultés sociales de combler son retard. Je compte bien revenir de cette visite avec un calendrier précis d'application de ces investissements, que je rendrai public. J'ajoute que le gouvernement vient d'acter une augmentation sur trois ans de 17% des crédits de la mission Outre-Mer. Compte tenu de nos contraintes budgétaires c'est un signe pour la Polynésie comme pour tous les territoires d'Outre-Mer de la volonté politique du Président de la République de se donner les moyens d'appliquer partout une politique ambitieuse de renouveau économique et social.
La Croix : La majorité du président Gaston Tong Sang à l'Assemblée de Polynésie est étroite. La situation politique dans ce territoire peut-elle, dans ces conditions, se stabiliser durablement ?
Yves Jégo : L'État n'a pas à intervenir dans les jeux politiques locaux. Pourtant vous me permettrez de formuler un voeu pour que l'instabilité politique prenne fin, car elle hypothèque le développement de la Polynésie française et reporte toujours à plus tard les réponses aux attentes de la population. Je voudrais faire appel à la responsabilités des uns et des autres. Il faut savoir, par exemple, qu'aujourd'hui en Polynésie, sur 48 communes, il n'y en a que deux qui ont l'eau courante. Il y a donc urgence à sortir des manoeuvres politiques pour amener de l'activité économique et des emplois.
La Croix : Sur un plan politique, la droite est aujourd'hui divisée en Polynésie, le sénateur Gaston Flosse ayant fait alliance avec l'indépendantiste Oscar Temaru. Comment jugez-vous cette alliance ?
Yves Jégo : Comme Secrétaire d'État chargé de l'Outre-Mer, je n'ai pas à commenter les alliances de tel ou tel. Mon souci est plutôt de faire en sorte que la population ne paye pas les conséquences des querelles politiques dans sa vie quotidienne et que les grands projets de développement ne soient pas entravées par les jeux de pouvoir. L'État doit faire preuve de neutralité et être le garant du respect des institutions et des résultats sortis des urnes. Je ne viens pas en donneur de leçon a qui que ce soit mais avec le souci qu'une fois les élections passées le travail d'intérêt général puisse s'accomplir. Quant à la situation de la droite, je fais confiance à l'U.M.P. et à sa Secrétaire nationale à l'Outre-Mer.
La Croix : Vous venez quand même de créer le Club des élus de la majorité présidentielle en outre-mer...
Yves Jégo : Ce club a vocation à rassembler toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans l'action de Nicolas Sarkozy, qu'ils soient de l'U.M.P. ou d'une autre formation. Il se veut avant tout un club de réflexion sur l'avenir et est détaché de mon action au gouvernement.
La Croix : Que pensez-vous de l'initiative de Gaston Flosse et Oscar Temaru de proposer pour la Polynésie le processus qui est en cours en Nouvelle-Calédonie (réconciliation et référendum d'autodétermination à terme) ?
Yves Jégo : Vous le savez la Polynésie française bénéficie déjà d'un statut de large autonomie qui lui est propre. Il faut évidemment prendre en compte les spécificités de chaque territoire, mais j'ai le pressentiment que cette question institutionnelle n'est pas la priorité des polynésiens aujourd'hui. Avant d'envisager à nouveau de changer les statuts je me permets une question : ne faut il pas d'abord que l'énergie des uns et des autres soit concentrée sur la résorption des questions économiques et sociales qui menacent la cohésion de la société polynésienne ? Soyons clair les statuts et les institutions actuelles le permettent parfaitement si la volonté politique locale de faire triompher l'intérêt général est réellement présente.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 août 2008