Interview de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, dans "Le Figaro" du 29 juillet 2008, sur le projet de loi de programme pour le développement économique et social de l'outre-mer.

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Le Figaro : Pourquoi une nouvelle loi programme est-elle nécessaire pour l'Outre-mer alors que la mise en oeuvre de la loi Girardin n'est pas achevée ?
Yves Jégo : La loi Girardin de 2002 reposait essentiellement sur deux principes : une baisse massive des charges pour les entreprises et une défiscalisation en faveur du logement libre. Depuis, le contexte économique et social a évolué. Force est de constater que, sur le premier point, elle n'a pas produit tous les effets espérés et que, sur le second, elle a favorisé le secteur libre alors qu'il reste un gros point noir sur le logement social. Il y a, à ce jour, 70 000 demandes de logements non satisfaites. La LOi de Développement Economique pour l'Outre-Mer (LODEOM) est une loi de courage et de rupture. Dès maintenant, nous choisissons de réorienter les crédits en accordant la priorité au logement social et à l'emploi durable à travers la création des zones franches globales d'activités promises par Nicolas Sarkozy.
Le Figaro : Dix milliards d'euros sur cinq ans, n'est-ce pas surprenant au moment où la priorité de la France est de réduire ses déficits ?
Yves Jégo : C'est effectivement un investissement lourd au profit de nos compatriotes d'Outre-mer. C'est aussi une volonté de sortir des logiques de saupoudrage afin de réorienter les crédits existants vers les priorités de chaque territoire. Il s'agit en fait d'encourager les entreprises créatrices d'emplois. C'est pour cela que nous allons créer les zones franches globales couvrant l'ensemble du territoire de chaque département d'Outre-mer. Dans ce cadre, nous allons par exemple baisser de 50 à 80% les impôts supportés par ces entreprises en privilégiant les secteurs les plus porteurs, ceci pour s'adapter à des situations évidemment très différentes d'un territoire à l'autre. Pour la première fois une loi pour l'Outre-mer n'est pas uniforme et prend en compte la diversité des collectivités. Le souhait du Gouvernement étant de sortir de la logique l'assistanat social pour développer le travail. Avec cette loi nous voulons parvenir, comme en métropole, au plein emploi, alors que le taux de chômage est aujourd'hui encore de 23% en moyenne Outre-mer.
Le Figaro : Vous rentrez de Polynésie. Sénateur sortant, Gaston Flosse est candidat à sa succession en septembre. Aura-t-il l'investiture de l'U.M.P. ?
Yves Jégo : Ce n'est pas au Secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer d'accorder les investitures de l'UMP. Je constate juste qu'une nouvelle page politique s'ouvre partout dans ces territoires pour la majorité. En faisant alliance avec l'indépendantiste Oscar Témaru, Gaston Flosse a signé définitivement, me semble-t-il, sa sortie de sa famille politique, voir du camp républicain.
Le Figaro : Pendant ce même voyage, Roger Karoutchi qui brigue comme vous l'investiture de l'U.M.P. pour les régionales en Ile-de-France a publié des listes de soutien. Votre portefeuille ministériel ne vous éloigne-t-il pas de cette campagne ?
Yves Jégo : Mais je ne suis pas en campagne ! Celle-ci ne s'ouvrira qu'au début 2009, quand les militants U.M.P. d'Ile-de-France désigneront leur chef de file. Je suis à 100% à la mission que m'a confiée le Président de la République. Mon seul souci pour l'heure est que le débat sur l'Ile-de-France ne se limite pas à Paris et aux départements de la petite couronne. Je veux faire entendre la voix de la moitié de la population francilienne qui vit dans les quatre départements de la Grande couronne. Dans cette campagne, qui s'ouvrira en 2009, je veux être la voix des « oubliés du Grand Paris ».
source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 août 2008