Texte intégral
Monsieur le Président Martin,
Mesdames et Messieurs,
Je vous disais l'année dernière que vous étiez les artisans véritables de la croissance française. C'est encore plus vrai cette année, puisque le chiffre d'affaires global des entreprises artisanales a progressé de 3,5 % en 2007, c'est-à-dire trois fois plus que les autres entreprises. Hervé Novelli a rappelé hier que vous étiez le premier employeur de France. En ces temps de crise financière, vous représentez des valeurs sûres, des entreprises solides, des métiers riches de traditions. L'économie de proximité, c'est aussi, tout simplement, l'économie réelle, celle que l'on voit tous les jours dans la rue en faisant ses courses.
Je m'adresse à vous aujourd'hui en tant que ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi bien sûr, mais aussi au nom du Président de la République, qui m'a demandé de le représenter. Le Président a affirmé en début d'année, lors de la remise du Prix du meilleur ouvrier de France, qu'il ne fallait pas « opposer l'excellence académique à l'excellence du travail manuel ». C'est une vérité qu'il ne faut pas hésiter à marteler aujourd'hui. Quand on sait que 15 % des entreprises du bâtiment ne parviennent pas à recruter la main-d'oeuvre dont elles ont besoin, on comprend que la réhabilitation du travail manuel est non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité économique.
Je ne vous répéterai pas des chiffres que vous connaissez : 700 000 entreprises exercent une activité artisanale à titre principal, générant 11,6 % du PIB national, et employant plus d'un français sur 10. Comme vous le rappelez dans l'ouvrage que vous venez de me donner, M. le Président - mais dont j'ai pu lire quelques extraits en avant-première... - vos PME ont créé 60 000 nouveaux emplois par an entre 2004 et 2007, concourant à faire baisser notre taux de chômage, qui est aujourd'hui, je vous le rappelle, à son niveau le plus bas depuis 25 ans (7,2 %).
Vous êtes des artisans. Cela signifie que chacun d'entre vous constitue une entreprise à lui tout seul, qu'il soit couvreur ou maçon ; boulanger ou charcutier ; coiffeur, un taxi ou un fleuriste. Vous êtes nos meilleures start-up ; des start-up qui plongent leurs racines dans des traditions séculaires, mais qui profitent de toutes les avancées de la modernité : les promoteurs de sites internet ont ainsi rejoint les 250 métiers de l'artisanat.
Nous savons tous ce que l'économie française vous doit. Pour la croissance que vous lui apportez, pour l'emploi que vous générez, pour la qualité de vos produits et de vos services. Et aussi, tout simplement, pour l'humanité que vous savez cultiver dans notre tissu économique. Le lien social, il passe pour chacun d'entre nous par la baguette de pain que l'on achète tous les matins, par la conversation du coiffeur, ou par les conseils du charcutier. Un lien social tendu sur l'ensemble du territoire, puisqu'un tiers des artisans est installé dans des communes rurales.
Si je ne devais m'appesantir sur un seul exemple, je prendrais celui du bâtiment : 1er secteur de l'artisanat avec plus de 350 000 entreprises et 900 000 actifs, il se porte mieux que jamais, avec 6,5 % de croissance de CA en 2007 et une progression du nombre d'entreprises de 15 % sur 10 ans. Qui ne s'est jamais dit, devant une fuite d'eau découverte le soir tard, un mur qui craquèle, ou une tuile déplacée : j'aurais dû être plombier, maçon, ou couvreur ?
Le premier chapitre de votre livre, M. le Président, s'intitule « Halte aux idées reçues ! » J'aimerais à mon tour mettre fin à quelques idées reçues, comme par exemple l'idée que la France ne serait pas un pays d'entrepreneurs. Non seulement c'est nous qui avons inventé le mot, au début du XVIIIe siècle, mais toutes les mesures que nous mettons en place depuis plus d'un an sont destinées à remettre l'entrepreneur au centre de notre vie économique.
J'aimerais donc, ( I ) après avoir rappelé les grandes lignes de notre réforme de la formation professionnelle, ( II ) vous exposer ce que l'Etat fait pour les PME, à la fois sur le plan national et européen.
( I ) La formation professionnelle
Ce qui définit vos métiers, c'est la transmission et la formation. Il n'y a pas de boulanger sans mitron, ni de maître-queue sans cuistot. Avant, l'apprentissage se faisait de père en fils, ou de maître à élève. Peu à peu, l'Etat a pris à sa charge une grande partie de ce processus. Cela implique des responsabilités, comme celle de s'adapter aux évolutions des métiers et du marché du travail.
C'est pourquoi, avec Laurent Wauquiez, j'ai ouvert le grand chantier de la réforme de la formation professionnelle. Le Gouvernement attache la plus grande importance à cette négociation et attend des résultats pour la fin de l'année. Il s'agira de renforcer les liens entre emploi et formation, de rendre plus juste le système de la formation professionnelle, et de permettre à chaque individu d'être davantage acteur de son parcours professionnel. L'UPA doit s'engager dans la négociation pour y apporter ses propositions innovantes, dans la lignée de son Livre Blanc. Vous venez de désigner votre chef de file pour la négociation en la personne de Bruno Lefebvre, vice président de l'OPCAMS, c'est-à-dire de l'Organisme paritaire collecteur pour les salariés de l'artisanat, des métiers et des services.
( 1 ) L'objectif majeur, ce sera pour nous de développer l'alternance.
Nos enfants savent bien que tout ne s'apprend pas en classe derrière un pupitre. L'Etat s'est engagé depuis longtemps à augmenter très sensiblement le nombre de jeunes qui acquièrent une qualification professionnelle par la voie de l'apprentissage. Ainsi entre 2004 et 2008, le nombre d'apprentis est passé de 369 000 à 430 000, soit une hausse de 17 %. Le taux de placement après 7 mois des apprentis, supérieur de 10 points (70 %) à celui de leurs jeunes collègues, nous encourage à continuer dans cette direction
La Présidence française de l'Union Européenne accorde une attention particulière à leur mobilité : nous invitons tous les apprentis à effectuer leur « grand Tour » d'Europe, pour améliorer leur technique, mais aussi tout simplement pour se sentir européen. Les moyens de l'améliorer seront examinés lors d'une conférence européenne sur « la formation initiale des jeunes en alternance en novembre 2008. Environ 12 000 apprentis provenant des 27 États membres de l'UE seront rassemblés le 3 octobre 2008 au Palais omnisports de Paris-Bercy. Vous participerez bien entendu à cette grande manifestation.
En ce qui concerne le contrat de professionnalisation, 170 000 nouveaux contrats seront signés cette année. Afin de mieux orienter ce dispositif vers ceux qui en ont le plus besoin, Jean-François Pilliard, président de l'AFPA, est chargé d'une mission de promotion du contrat de professionnalisation auprès des personnes sans qualification. L'enjeu de cette mission est de promouvoir la signature de 40 000 contrats de professionnalisation par an avec les adultes et les jeunes sans qualification. Si j'en crois les statistiques, 10 ans après avoir intégré l'un des métiers de l'artisanat, 40 % d'entre eux créeront leur entreprise.
( 2 ) Le deuxième objectif, c'est de renforcer la formation professionnelle continue des artisans et de leurs conjoints
Je voudrais rappeler que votre organisation a fait preuve de responsabilité en participant activement à la création du Fonds d'assurance formation unique de l'artisanat. Fort de cet exemple, le Gouvernement a proposé aux partenaires sociaux d'engager, dans le cadre de la négociation qui va très prochainement s'ouvrir, une réflexion visant à un regroupement significatif du nombre d'organismes paritaires collecteurs pour les salariés.
( II ) Le soutien aux PME
Un Français sur trois rêve de créer son entreprise. L'année dernière, notre pays a enregistré plus de 320 000 créations d'entreprise, un chiffre jamais atteint dans l'histoire de France. Cela signifie que toutes les deux minutes en France, une nouvelle entreprise voit le jour ! Cette tendance se confirme : 167 000 entreprises ont été créées sur les 6 premiers mois de l'année 2008, soit 9 % de plus que l'année dernière sur la même période. Ces créateurs viennent de tous les horizons : diplômé de HEC ou chômeur de longue durée ; senior qui veut tenter sa chance avant la retraite ou jeune homme plein de rêves... On compte ainsi, tous les ans, plus de 100 000 créateurs d'entreprise ayant moins de 35 ans.
Le rôle de l'Etat est bien entendu d'encourager cette tendance spontanée, ce que nous avons fait avec le statut de l'auto-entrepreneur, un statut qui, je vous le rappelle, simplifie les formalités et allège la fiscalité pour tous ceux qui se mettent à leur compte, mais ne change rien sur les obligations de qualification professionnelle qui font toute la valeur ajoutée de l'artisanat.
Mais le rôle de l'Etat est aussi, bien sûr, de permettre aux PME existantes d'être viables et de se développer. Que faut-il à des PME comme les vôtres, soumises à de fortes variations dans les commandes et les rythmes de production ? ( 1 ) la possibilité d'adapter le temps de travail des salariés, ( 2 ) des moyens de financement accrus, et ( 3 ) une transmission plus simple.
( 1 ) Le dispositif des heures supplémentaires doit répondre au premier impératif.
Il permet non seulement aux salariés de gagner plus, mais aussi aux chefs d'entreprise de n'être pas contraints par un temps de travail obligatoire trop rigide. Le succès de cette mesure n'est pas discutable, puisque nous enregistrons une hausse presque continue du nombre d'entreprises ayant recours aux heures supplémentaires : 38,1 % en octobre 2007 ; 50,9 % en décembre 2007 ; 53,2 % en février 2008 ; 54,5 % en avril 2008 ; 54,8 % en juin 2008... . A une écrasante majorité, ce sont vos entreprises, les entreprises de moins de 10 salariés, qui, pour 596 000 d'entres elles, se sont approprié cette mesure.
( 2) Le financement a été amélioré par la mesure ISF - PME
Combien de pères de famille, payant une petite somme d'ISF, le plus souvent suite à l'augmentation du prix de leur logement, n'ont-ils pas décidé d'investir cet argent dans l'entreprise de leur boucher ou de leur garagiste ? 1 milliard d'euros a ainsi été redirigé vers les PME grâce à ce dispositif très avantageux. L'ISF est un impôt qui touche le patrimoine : nous le transformons en investissement.
( 3 ) La loi de modernisation de l'économie, votée cet été, va faciliter la transmission d'entreprise
C'est un sujet qui vous concerne particulièrement, car vous êtes nombreux à former vos enfants pour qu'ils puissent un jour prendre le relai. La loi de modernisation de l'économie prévoit de manière générale d'abaisser le taux appliqué aux droits de mutations à titre onéreux de fonds de commerce ou de clientèle de 5 à 3 %. De plus, en cas de reprises familiales ou par des salariés ou dirigeants qui, de fait, connaissent le fonctionnement de l'entreprise, il est prévu d'instaurer un abattement de 300 000 euros avant application des droits de mutation à titre onéreux. Ce dispositif bénéficie aux apprentis, aux salariés ainsi qu'aux membres de la famille du cédant. Les acquéreurs devront s'engager à poursuivre leur activité ou leur fonction de dirigeant dans l'entreprise pendant cinq ans.
Le soutien aux PME se décline également sur le plan européen. Les petites et moyennes entreprises, c'est 50% de la croissance et de l'emploi en Europe. En ces temps difficiles pour tout le monde, il est de notre devoir de les soutenir collectivement. Avec mes collègues européens à l'Ecofin informel de Nice, le week-end dernier, nous avons donc demandé à la Banque Européenne d'Investissement, qui est le bras financier de l'Union Européenne, de lancer un programme global de soutien aux PME. Ce programme comportera deux aspects :
- la Banque Européenne d'Investissement (BEI) soutiendra le financement des PME grâce à l'augmentation de ses moyens financiers (de 15 milliards d'euros sur 2008-2009, soit plus 50% sur deux ans, et 30 Mds d'ici 2011).
- une simplification et une extension du dispositif de prêts pour mieux répondre au besoin des PME et couvrir un plus large champ d'investissement.
Un heureux hasard a voulu que nous nous retrouvions aujourd'hui dans l'Amphithéâtre Gaston Berger de la Cité des Sciences et de l'Industrie. Vous le savez peut-être, Gaston Berger est l'inventeur du concept de « prospective ». Et c'est bien à un exercice de prospective très complet et fouillé que s'est livré votre Président, Pierre MARTIN, dans son livre sur l'économie de proximité, en écrivant « qu'il n'est pas question d'opposer la mondialisation et l'économie de proximité ». Car il est vrai que l'économie de proximité nous aide à construire un modèle de société, et à définir notre identité nationale dans un espace mondialisé. On n'imaginerait pas la France sans ses artisans. On n'imaginerait pas les artisans sans l'UPA.
Je vous remercie.
Source http://www.upa.fr, le 22 septembre 2008
Mesdames et Messieurs,
Je vous disais l'année dernière que vous étiez les artisans véritables de la croissance française. C'est encore plus vrai cette année, puisque le chiffre d'affaires global des entreprises artisanales a progressé de 3,5 % en 2007, c'est-à-dire trois fois plus que les autres entreprises. Hervé Novelli a rappelé hier que vous étiez le premier employeur de France. En ces temps de crise financière, vous représentez des valeurs sûres, des entreprises solides, des métiers riches de traditions. L'économie de proximité, c'est aussi, tout simplement, l'économie réelle, celle que l'on voit tous les jours dans la rue en faisant ses courses.
Je m'adresse à vous aujourd'hui en tant que ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi bien sûr, mais aussi au nom du Président de la République, qui m'a demandé de le représenter. Le Président a affirmé en début d'année, lors de la remise du Prix du meilleur ouvrier de France, qu'il ne fallait pas « opposer l'excellence académique à l'excellence du travail manuel ». C'est une vérité qu'il ne faut pas hésiter à marteler aujourd'hui. Quand on sait que 15 % des entreprises du bâtiment ne parviennent pas à recruter la main-d'oeuvre dont elles ont besoin, on comprend que la réhabilitation du travail manuel est non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité économique.
Je ne vous répéterai pas des chiffres que vous connaissez : 700 000 entreprises exercent une activité artisanale à titre principal, générant 11,6 % du PIB national, et employant plus d'un français sur 10. Comme vous le rappelez dans l'ouvrage que vous venez de me donner, M. le Président - mais dont j'ai pu lire quelques extraits en avant-première... - vos PME ont créé 60 000 nouveaux emplois par an entre 2004 et 2007, concourant à faire baisser notre taux de chômage, qui est aujourd'hui, je vous le rappelle, à son niveau le plus bas depuis 25 ans (7,2 %).
Vous êtes des artisans. Cela signifie que chacun d'entre vous constitue une entreprise à lui tout seul, qu'il soit couvreur ou maçon ; boulanger ou charcutier ; coiffeur, un taxi ou un fleuriste. Vous êtes nos meilleures start-up ; des start-up qui plongent leurs racines dans des traditions séculaires, mais qui profitent de toutes les avancées de la modernité : les promoteurs de sites internet ont ainsi rejoint les 250 métiers de l'artisanat.
Nous savons tous ce que l'économie française vous doit. Pour la croissance que vous lui apportez, pour l'emploi que vous générez, pour la qualité de vos produits et de vos services. Et aussi, tout simplement, pour l'humanité que vous savez cultiver dans notre tissu économique. Le lien social, il passe pour chacun d'entre nous par la baguette de pain que l'on achète tous les matins, par la conversation du coiffeur, ou par les conseils du charcutier. Un lien social tendu sur l'ensemble du territoire, puisqu'un tiers des artisans est installé dans des communes rurales.
Si je ne devais m'appesantir sur un seul exemple, je prendrais celui du bâtiment : 1er secteur de l'artisanat avec plus de 350 000 entreprises et 900 000 actifs, il se porte mieux que jamais, avec 6,5 % de croissance de CA en 2007 et une progression du nombre d'entreprises de 15 % sur 10 ans. Qui ne s'est jamais dit, devant une fuite d'eau découverte le soir tard, un mur qui craquèle, ou une tuile déplacée : j'aurais dû être plombier, maçon, ou couvreur ?
Le premier chapitre de votre livre, M. le Président, s'intitule « Halte aux idées reçues ! » J'aimerais à mon tour mettre fin à quelques idées reçues, comme par exemple l'idée que la France ne serait pas un pays d'entrepreneurs. Non seulement c'est nous qui avons inventé le mot, au début du XVIIIe siècle, mais toutes les mesures que nous mettons en place depuis plus d'un an sont destinées à remettre l'entrepreneur au centre de notre vie économique.
J'aimerais donc, ( I ) après avoir rappelé les grandes lignes de notre réforme de la formation professionnelle, ( II ) vous exposer ce que l'Etat fait pour les PME, à la fois sur le plan national et européen.
( I ) La formation professionnelle
Ce qui définit vos métiers, c'est la transmission et la formation. Il n'y a pas de boulanger sans mitron, ni de maître-queue sans cuistot. Avant, l'apprentissage se faisait de père en fils, ou de maître à élève. Peu à peu, l'Etat a pris à sa charge une grande partie de ce processus. Cela implique des responsabilités, comme celle de s'adapter aux évolutions des métiers et du marché du travail.
C'est pourquoi, avec Laurent Wauquiez, j'ai ouvert le grand chantier de la réforme de la formation professionnelle. Le Gouvernement attache la plus grande importance à cette négociation et attend des résultats pour la fin de l'année. Il s'agira de renforcer les liens entre emploi et formation, de rendre plus juste le système de la formation professionnelle, et de permettre à chaque individu d'être davantage acteur de son parcours professionnel. L'UPA doit s'engager dans la négociation pour y apporter ses propositions innovantes, dans la lignée de son Livre Blanc. Vous venez de désigner votre chef de file pour la négociation en la personne de Bruno Lefebvre, vice président de l'OPCAMS, c'est-à-dire de l'Organisme paritaire collecteur pour les salariés de l'artisanat, des métiers et des services.
( 1 ) L'objectif majeur, ce sera pour nous de développer l'alternance.
Nos enfants savent bien que tout ne s'apprend pas en classe derrière un pupitre. L'Etat s'est engagé depuis longtemps à augmenter très sensiblement le nombre de jeunes qui acquièrent une qualification professionnelle par la voie de l'apprentissage. Ainsi entre 2004 et 2008, le nombre d'apprentis est passé de 369 000 à 430 000, soit une hausse de 17 %. Le taux de placement après 7 mois des apprentis, supérieur de 10 points (70 %) à celui de leurs jeunes collègues, nous encourage à continuer dans cette direction
La Présidence française de l'Union Européenne accorde une attention particulière à leur mobilité : nous invitons tous les apprentis à effectuer leur « grand Tour » d'Europe, pour améliorer leur technique, mais aussi tout simplement pour se sentir européen. Les moyens de l'améliorer seront examinés lors d'une conférence européenne sur « la formation initiale des jeunes en alternance en novembre 2008. Environ 12 000 apprentis provenant des 27 États membres de l'UE seront rassemblés le 3 octobre 2008 au Palais omnisports de Paris-Bercy. Vous participerez bien entendu à cette grande manifestation.
En ce qui concerne le contrat de professionnalisation, 170 000 nouveaux contrats seront signés cette année. Afin de mieux orienter ce dispositif vers ceux qui en ont le plus besoin, Jean-François Pilliard, président de l'AFPA, est chargé d'une mission de promotion du contrat de professionnalisation auprès des personnes sans qualification. L'enjeu de cette mission est de promouvoir la signature de 40 000 contrats de professionnalisation par an avec les adultes et les jeunes sans qualification. Si j'en crois les statistiques, 10 ans après avoir intégré l'un des métiers de l'artisanat, 40 % d'entre eux créeront leur entreprise.
( 2 ) Le deuxième objectif, c'est de renforcer la formation professionnelle continue des artisans et de leurs conjoints
Je voudrais rappeler que votre organisation a fait preuve de responsabilité en participant activement à la création du Fonds d'assurance formation unique de l'artisanat. Fort de cet exemple, le Gouvernement a proposé aux partenaires sociaux d'engager, dans le cadre de la négociation qui va très prochainement s'ouvrir, une réflexion visant à un regroupement significatif du nombre d'organismes paritaires collecteurs pour les salariés.
( II ) Le soutien aux PME
Un Français sur trois rêve de créer son entreprise. L'année dernière, notre pays a enregistré plus de 320 000 créations d'entreprise, un chiffre jamais atteint dans l'histoire de France. Cela signifie que toutes les deux minutes en France, une nouvelle entreprise voit le jour ! Cette tendance se confirme : 167 000 entreprises ont été créées sur les 6 premiers mois de l'année 2008, soit 9 % de plus que l'année dernière sur la même période. Ces créateurs viennent de tous les horizons : diplômé de HEC ou chômeur de longue durée ; senior qui veut tenter sa chance avant la retraite ou jeune homme plein de rêves... On compte ainsi, tous les ans, plus de 100 000 créateurs d'entreprise ayant moins de 35 ans.
Le rôle de l'Etat est bien entendu d'encourager cette tendance spontanée, ce que nous avons fait avec le statut de l'auto-entrepreneur, un statut qui, je vous le rappelle, simplifie les formalités et allège la fiscalité pour tous ceux qui se mettent à leur compte, mais ne change rien sur les obligations de qualification professionnelle qui font toute la valeur ajoutée de l'artisanat.
Mais le rôle de l'Etat est aussi, bien sûr, de permettre aux PME existantes d'être viables et de se développer. Que faut-il à des PME comme les vôtres, soumises à de fortes variations dans les commandes et les rythmes de production ? ( 1 ) la possibilité d'adapter le temps de travail des salariés, ( 2 ) des moyens de financement accrus, et ( 3 ) une transmission plus simple.
( 1 ) Le dispositif des heures supplémentaires doit répondre au premier impératif.
Il permet non seulement aux salariés de gagner plus, mais aussi aux chefs d'entreprise de n'être pas contraints par un temps de travail obligatoire trop rigide. Le succès de cette mesure n'est pas discutable, puisque nous enregistrons une hausse presque continue du nombre d'entreprises ayant recours aux heures supplémentaires : 38,1 % en octobre 2007 ; 50,9 % en décembre 2007 ; 53,2 % en février 2008 ; 54,5 % en avril 2008 ; 54,8 % en juin 2008... . A une écrasante majorité, ce sont vos entreprises, les entreprises de moins de 10 salariés, qui, pour 596 000 d'entres elles, se sont approprié cette mesure.
( 2) Le financement a été amélioré par la mesure ISF - PME
Combien de pères de famille, payant une petite somme d'ISF, le plus souvent suite à l'augmentation du prix de leur logement, n'ont-ils pas décidé d'investir cet argent dans l'entreprise de leur boucher ou de leur garagiste ? 1 milliard d'euros a ainsi été redirigé vers les PME grâce à ce dispositif très avantageux. L'ISF est un impôt qui touche le patrimoine : nous le transformons en investissement.
( 3 ) La loi de modernisation de l'économie, votée cet été, va faciliter la transmission d'entreprise
C'est un sujet qui vous concerne particulièrement, car vous êtes nombreux à former vos enfants pour qu'ils puissent un jour prendre le relai. La loi de modernisation de l'économie prévoit de manière générale d'abaisser le taux appliqué aux droits de mutations à titre onéreux de fonds de commerce ou de clientèle de 5 à 3 %. De plus, en cas de reprises familiales ou par des salariés ou dirigeants qui, de fait, connaissent le fonctionnement de l'entreprise, il est prévu d'instaurer un abattement de 300 000 euros avant application des droits de mutation à titre onéreux. Ce dispositif bénéficie aux apprentis, aux salariés ainsi qu'aux membres de la famille du cédant. Les acquéreurs devront s'engager à poursuivre leur activité ou leur fonction de dirigeant dans l'entreprise pendant cinq ans.
Le soutien aux PME se décline également sur le plan européen. Les petites et moyennes entreprises, c'est 50% de la croissance et de l'emploi en Europe. En ces temps difficiles pour tout le monde, il est de notre devoir de les soutenir collectivement. Avec mes collègues européens à l'Ecofin informel de Nice, le week-end dernier, nous avons donc demandé à la Banque Européenne d'Investissement, qui est le bras financier de l'Union Européenne, de lancer un programme global de soutien aux PME. Ce programme comportera deux aspects :
- la Banque Européenne d'Investissement (BEI) soutiendra le financement des PME grâce à l'augmentation de ses moyens financiers (de 15 milliards d'euros sur 2008-2009, soit plus 50% sur deux ans, et 30 Mds d'ici 2011).
- une simplification et une extension du dispositif de prêts pour mieux répondre au besoin des PME et couvrir un plus large champ d'investissement.
Un heureux hasard a voulu que nous nous retrouvions aujourd'hui dans l'Amphithéâtre Gaston Berger de la Cité des Sciences et de l'Industrie. Vous le savez peut-être, Gaston Berger est l'inventeur du concept de « prospective ». Et c'est bien à un exercice de prospective très complet et fouillé que s'est livré votre Président, Pierre MARTIN, dans son livre sur l'économie de proximité, en écrivant « qu'il n'est pas question d'opposer la mondialisation et l'économie de proximité ». Car il est vrai que l'économie de proximité nous aide à construire un modèle de société, et à définir notre identité nationale dans un espace mondialisé. On n'imaginerait pas la France sans ses artisans. On n'imaginerait pas les artisans sans l'UPA.
Je vous remercie.
Source http://www.upa.fr, le 22 septembre 2008