Texte intégral
F. Laborde.- Avec B. Kouchner, ce matin, nous allons évidemment revenir sur les différents épisodes du week-end, autour de la crise financière et économique mondiale. Bonjour B. Kouchner. Bonjour. Merci d'être avec nous. On va commencer par cette affaire qui n'est pas directement liée à la crise, mais qui l'influence évidemment, c'est celle qui concerne D. Strauss-Kahn au FMI, une affaire de coeur. Sa femme, dit-elle, a « tourné l'éponge » (sic). Reste que D. Strauss-Kahn étant directeur général du FMI, dans les circonstances actuelles, l'affaire, on peut dire, tombe mal. Est-ce que c'est très embarrassant pour la France ?
Non. L'affaire tombe mal, je me demande d'ailleurs pourquoi elle tombe si bien, en un moment où on a tant besoin de D. Strauss-Kahn. Au fond, de quoi s'agit-il ? D'une affaire privée, sans victime, sans préjudice, et sans plainte apparemment. Alors, il y a une enquête interne, attendons le résultat de l'enquête interne du Fonds monétaire international. Moi, D. Strauss-Kahn est mon ami, je sais son talent, je sais qu'il est nécessaire qu'un homme comme celui-là, à la tête d'une institution qui, justement, devait jouer un rôle particulier dans la remise en ordre de notre système économique, que cet homme puisse jouer son rôle pleinement. Ça, c'est essentiel. Le reste, c'est de l'ordre du privé, en effet, n'en parlons pas.
Il y a une enquête, il y a quand même une enquête interne parce qu'on dit qu'il aurait peut-être pu donner des émoluments supplémentaires, ou que sais-je, en tout cas il y a un contrôle interne du FMI...
Ah, ça c'est bien la moindre des choses, mais attendons les résultats.
C'est une procédure somme toute normale, qui...
Je le crois. Enfin, vous savez, il y a eu l'affaire Wolfowitz...
L'ancien président de la Banque centrale...
Là, le moins que l'on puisse dire, c'est que cet homme avait abusé de son pouvoir. D. Strauss-Kahn dit n'en avoir pas abusé et apparemment, ce que nous en savons, c'est que, en tout cas les avocats, disent que le traitement, parce que cette dame est partie vers un autre institut bancaire, et son traitement de départ a été le même que celui des autres. Attendons les résultats de l'enquête. Moi, je garde entièrement ma confiance à D. Strauss-Kahn et je le sais, nous en avons besoin. Nous en avons besoin, précisément dans un FMI rénové, qui prendrait en charge par exemple les pays émergeants, et les pays en développement vont jouer un rôle considérable...
La Chine, l'Inde....
La Chine, l'Inde, les grands pays, vont tirer la croissance, qui chez nous n'existe plus pour un temps, eh bien c'est le rôle du FMI que de balancer, d'harmoniser, et il serait vraiment dommage d'en être empêché. Cette institution a besoin de D. Strauss-Kahn.
Donc, même les anglo-saxons n'ont pas intérêt à ce qu'un Français soit déstabilisé à la tête du FMI, parce qu'on a pu y voir malice, c'est sorti dans la presse anglo-saxonne, on sait que les Américains sont très jaloux des influences qu'ils peuvent avoir dans ces institutions-là.
Je pense qu'il y a quelques malices, mais oublions-les vite pour que le travail puisse se faire. Le monde en a besoin et en particulier ceux qui souffrent le plus, c'est-à-dire ceux qui étaient le plus démunis, pas les plus riches.
Alors, revenons justement à cette régulation qui est en train de se mettre en place, sous l'égide du président N. Sarkozy. Il est allé rencontrer le président américain G. Bush avec M. Barroso ce week-end. Et finalement, les Américains se sont ralliés à l'idée d'un grand sommet international sur la finance mondiale.
Oui, je pense que c'est le bon sens. Rien ne marchait plus, on n'y comprenait plus grand-chose. De bulle en bulle, on ne savait pas à qui appartenait quoi ; ces produits financiers, qui étaient vendus à d'autres, d'où provenaient-ils, qu'est-ce qui les gageait, à qui appartenaient-ils ? C'était vraiment un Capharnaüm impossible. Alors, la crise est là, qui le prouve, exactement. Certains avaient dit que l'économie de marché, oui, le capitalisme financier débridé, non, non et non.
Certains ! Ce n'était pas du côté des Etats-Unis !
Non, au contraire.
C'était plutôt en Europe.
Et c'est d'ailleurs pour ça qu'il est légitime, comme l'a demandé le président Sarkozy, que la première réunion, une des premières réunions mondiales, du G8 probablement, se tienne aux Etats-Unis, parce que c'est là que tout a commencé, c'est là quand même que les erreurs ont été commises massivement, qui ont essaimé dans le monde entier. Alors, pour le moment, nous savons, oui, le président Bush n'était pas tellement favorable au départ...
Ce n'est pas dans la culture anglo-saxonne.
Oui, en général, mais enfin, vous savez, anglo-saxonne, quand on parle de l'Angleterre, l'Angleterre a été au contraire une des premières...
A réagir.
...A réagir très fortement, donc les Anglais ont réagi très bien. Le président Bush a parlé d'une série de sommets, disant, après tout : « Il faut que les grandes lignes soient définies », premier sommet, et puis qu'ensuite les appareils soient adaptés et certainement plusieurs sommets. Une géométrie variable, G8, G10, G14, G20, disent les uns et les autres, en tout cas les pays émergeants, qui ne sont jamais invités au G8, c'est quand même extraordinaire que la Chine et l'Inde, qui représentent près de la moitié des habitants de la terre, à eux deux...
Et la Chine, qui a des ressources monétaires absolument gigantesques et qui possède...
Et dont dépendra beaucoup de choses, parce que, évidemment, elle a des bons du Trésor américain, elle a une quantité de dollars invraisemblable, donc, tout ça, oui, tous ces pays devraient être associés à l'effort général.
On voit qu'il y a quand même encore aujourd'hui une vraie différence de projections ; j'allais dire, pour simplifier, côté français et européen, on serait assez d'accord sur un système bien régulé, bien contrôlé par le Fonds monétaire international. On entend les Américains dire « oui, mais enfin, quand même, pas trop, il faut garder les mérites du capitalisme, il ne faut pas... pas de protectionnisme, pas d'excès dans le contrôle ».
Je le comprends bien. Personne ne veut, d'ailleurs, un protectionnisme, il faut au contraire que les produits puissent circuler mais qu'ils soient l'objet d'une réglementation quasi générale, pas forcément rigide comme de l'acier, mais qu'il y ait une réglementation, il n'y en avait pas, que les agences de notation aient quand même un certain nombre de lignes à suivre, que... comment gager l'argent ? Il faut quand même qu'on le sache d'une façon définie ; que les normes comptables soient pour le moins balancées et pas aussi différentes qu'elles le sont maintenant. Tout le monde pense que ça, c'est nécessaire. Alors, maintenant, personne ne remet en cause l'économie de marché, c'est ce qui nous a permis la croissance qui a quand même régné sur le monde depuis longtemps. Mais que cette économie de marché soit très précisément, comment dirais-je, tenue, qu'il y ait une armature à cela, que l'on ne puisse pas faire n'importe quoi. A un moment donné, on parlait d'un gouvernement économique pour l'Europe, par exemple, eh bien l'Eurogroupe vient de démontrer qu'il était nécessaire. Il ne faut pas laisser aller à vau-l'eau des spéculations sans fin. Plus personne ne savait, en voyant passer... Alors, il y a des traders qui gagnaient énormément d'argent et puis il y a des traders qui en faisaient perdre considérablement.
Oui, c'est-à-dire qu'ils gagnaient, mais ils perdaient rarement, ou ils perdaient moins que les autres.
Enfin, en tout cas, le bilan est vraiment catastrophique, et maintenant il faut prendre ça sérieusement. Ça regarde tout le monde, vous comprenez ? C'est l'épargnant que l'on veut protéger, encore une fois ce n'est pas le banquier, c'est l'épargnant. Si tout le monde se précipitait vers les banques, ce serait catastrophique. Heureusement, chez nous, il y a une confiance maintenue ; chez nous, la France.
Oui, bien sûr. Est-ce que le risque aujourd'hui ce n'est pas aussi que... On voit que les instruments sont là pour... et réguler ce marché financier, reste la situation économique. Les Européens ne se sont pas entendus encore sur une espèce de plan de relance de l'économie européenne, alors qu'on sait que ça va avoir des impacts, tout ça, quand même, sur l'économie européenne.
Oui, bien sûr, bien sûr. Là, il s'agissait d'une crise financière et nous craignons qu'une crise économique ne suive et qu'il y ait, on l'avait déjà vu, un certain nombre de délocalisations, donc plus de chômage. Mais c'est ça ! Vous comprenez, pardon, le ministère des Affaires étrangères comprend cela depuis longtemps. On parlait d'un ministère de la globalisation, de la mondialisation. C'est nécessaire. L'ensemble doit être pris en compte, pas seulement le mouvement des capitaux, pas seulement la croissance mais aussi la crise alimentaire, mais aussi la démographie, mais aussi les migrations. Il faut maintenant que l'on ait une conscience de la planète, globalement, et pas seulement sur l'environnement, mais aussi avec l'environnement. C'est ça qu'il faut faire. Or, ça prendra un certain temps, parce qu'il y avait, chacun de son côté tirait et tentait d'en avoir les bénéfices. Ce n'est plus suffisant.
Une toute dernière question. On a vu que trois responsables des Caisses d'Épargne avaient démissionné la nuit dernière, parce que justement il y avait eu des placements pour le moins hasardeux. C'est dans la droite ligne de ce que souhaite le président Sarkozy, aujourd'hui ? Cette façon de réagir ?
Oui, eh bien il avait été très clair, je crois, on ne peut pas, comme ça, jouer avec l'argent des autres, sans à un moment donné en répondre devant les autres, justement, et que la justice passe aussi. Au moins un peu plus de morale. Or, ce monde financier était entièrement profondément immoral. Alors c'est dommage pour des gens qui ont très bien travaillé à la Caisse d'Épargne...
Comme C. Milhaud.
Comme C. Milhaud, par exemple, mais enfin, bon, je pense qu'on ne va pas l'accabler. Je crois qu'il fallait marquer quelque chose comme un retour de la moralité.
Merci beaucoup, B. Kouchner, d'être venu...
L'argent lui-même, d'ailleurs, de ce point de vue, cette circulation est immorale.
Oui. Merci d'être venu nous voir ce matin. Très bonne journée à vous, très bonne journée à vous tous qui nous regardez all around the world, comme on dit en anglais, tout autour du monde, parce qu'il faut quand même dire, cher B. Kouchner, que nous sommes regardés, à Télématin, via TV5, dans le monde entier. N'est-ce pas William ?
W. Leymergie : Ah oui. Oui... Ah, si j'avais su !
Saluez nos compatriotes. Saluons nos compatriotes !
Si j'avais su, j'aurais fait attention !
W. Leymergie : Si vous aviez su, vous auriez fait 8 minutes de plus. Eh bien oui !
W. Leymergie : Eh bien oui, je m'en doutais. Et en 25 langues ! En 25 langues, j'ai parlé de globalisation !
W. Leymergie : Effectivement. 165 pays, je vous signale. Ce n'est pas mal. Bravo !
W. Leymergie : Bon, merci beaucoup. Au revoir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 octobre 2008
Non. L'affaire tombe mal, je me demande d'ailleurs pourquoi elle tombe si bien, en un moment où on a tant besoin de D. Strauss-Kahn. Au fond, de quoi s'agit-il ? D'une affaire privée, sans victime, sans préjudice, et sans plainte apparemment. Alors, il y a une enquête interne, attendons le résultat de l'enquête interne du Fonds monétaire international. Moi, D. Strauss-Kahn est mon ami, je sais son talent, je sais qu'il est nécessaire qu'un homme comme celui-là, à la tête d'une institution qui, justement, devait jouer un rôle particulier dans la remise en ordre de notre système économique, que cet homme puisse jouer son rôle pleinement. Ça, c'est essentiel. Le reste, c'est de l'ordre du privé, en effet, n'en parlons pas.
Il y a une enquête, il y a quand même une enquête interne parce qu'on dit qu'il aurait peut-être pu donner des émoluments supplémentaires, ou que sais-je, en tout cas il y a un contrôle interne du FMI...
Ah, ça c'est bien la moindre des choses, mais attendons les résultats.
C'est une procédure somme toute normale, qui...
Je le crois. Enfin, vous savez, il y a eu l'affaire Wolfowitz...
L'ancien président de la Banque centrale...
Là, le moins que l'on puisse dire, c'est que cet homme avait abusé de son pouvoir. D. Strauss-Kahn dit n'en avoir pas abusé et apparemment, ce que nous en savons, c'est que, en tout cas les avocats, disent que le traitement, parce que cette dame est partie vers un autre institut bancaire, et son traitement de départ a été le même que celui des autres. Attendons les résultats de l'enquête. Moi, je garde entièrement ma confiance à D. Strauss-Kahn et je le sais, nous en avons besoin. Nous en avons besoin, précisément dans un FMI rénové, qui prendrait en charge par exemple les pays émergeants, et les pays en développement vont jouer un rôle considérable...
La Chine, l'Inde....
La Chine, l'Inde, les grands pays, vont tirer la croissance, qui chez nous n'existe plus pour un temps, eh bien c'est le rôle du FMI que de balancer, d'harmoniser, et il serait vraiment dommage d'en être empêché. Cette institution a besoin de D. Strauss-Kahn.
Donc, même les anglo-saxons n'ont pas intérêt à ce qu'un Français soit déstabilisé à la tête du FMI, parce qu'on a pu y voir malice, c'est sorti dans la presse anglo-saxonne, on sait que les Américains sont très jaloux des influences qu'ils peuvent avoir dans ces institutions-là.
Je pense qu'il y a quelques malices, mais oublions-les vite pour que le travail puisse se faire. Le monde en a besoin et en particulier ceux qui souffrent le plus, c'est-à-dire ceux qui étaient le plus démunis, pas les plus riches.
Alors, revenons justement à cette régulation qui est en train de se mettre en place, sous l'égide du président N. Sarkozy. Il est allé rencontrer le président américain G. Bush avec M. Barroso ce week-end. Et finalement, les Américains se sont ralliés à l'idée d'un grand sommet international sur la finance mondiale.
Oui, je pense que c'est le bon sens. Rien ne marchait plus, on n'y comprenait plus grand-chose. De bulle en bulle, on ne savait pas à qui appartenait quoi ; ces produits financiers, qui étaient vendus à d'autres, d'où provenaient-ils, qu'est-ce qui les gageait, à qui appartenaient-ils ? C'était vraiment un Capharnaüm impossible. Alors, la crise est là, qui le prouve, exactement. Certains avaient dit que l'économie de marché, oui, le capitalisme financier débridé, non, non et non.
Certains ! Ce n'était pas du côté des Etats-Unis !
Non, au contraire.
C'était plutôt en Europe.
Et c'est d'ailleurs pour ça qu'il est légitime, comme l'a demandé le président Sarkozy, que la première réunion, une des premières réunions mondiales, du G8 probablement, se tienne aux Etats-Unis, parce que c'est là que tout a commencé, c'est là quand même que les erreurs ont été commises massivement, qui ont essaimé dans le monde entier. Alors, pour le moment, nous savons, oui, le président Bush n'était pas tellement favorable au départ...
Ce n'est pas dans la culture anglo-saxonne.
Oui, en général, mais enfin, vous savez, anglo-saxonne, quand on parle de l'Angleterre, l'Angleterre a été au contraire une des premières...
A réagir.
...A réagir très fortement, donc les Anglais ont réagi très bien. Le président Bush a parlé d'une série de sommets, disant, après tout : « Il faut que les grandes lignes soient définies », premier sommet, et puis qu'ensuite les appareils soient adaptés et certainement plusieurs sommets. Une géométrie variable, G8, G10, G14, G20, disent les uns et les autres, en tout cas les pays émergeants, qui ne sont jamais invités au G8, c'est quand même extraordinaire que la Chine et l'Inde, qui représentent près de la moitié des habitants de la terre, à eux deux...
Et la Chine, qui a des ressources monétaires absolument gigantesques et qui possède...
Et dont dépendra beaucoup de choses, parce que, évidemment, elle a des bons du Trésor américain, elle a une quantité de dollars invraisemblable, donc, tout ça, oui, tous ces pays devraient être associés à l'effort général.
On voit qu'il y a quand même encore aujourd'hui une vraie différence de projections ; j'allais dire, pour simplifier, côté français et européen, on serait assez d'accord sur un système bien régulé, bien contrôlé par le Fonds monétaire international. On entend les Américains dire « oui, mais enfin, quand même, pas trop, il faut garder les mérites du capitalisme, il ne faut pas... pas de protectionnisme, pas d'excès dans le contrôle ».
Je le comprends bien. Personne ne veut, d'ailleurs, un protectionnisme, il faut au contraire que les produits puissent circuler mais qu'ils soient l'objet d'une réglementation quasi générale, pas forcément rigide comme de l'acier, mais qu'il y ait une réglementation, il n'y en avait pas, que les agences de notation aient quand même un certain nombre de lignes à suivre, que... comment gager l'argent ? Il faut quand même qu'on le sache d'une façon définie ; que les normes comptables soient pour le moins balancées et pas aussi différentes qu'elles le sont maintenant. Tout le monde pense que ça, c'est nécessaire. Alors, maintenant, personne ne remet en cause l'économie de marché, c'est ce qui nous a permis la croissance qui a quand même régné sur le monde depuis longtemps. Mais que cette économie de marché soit très précisément, comment dirais-je, tenue, qu'il y ait une armature à cela, que l'on ne puisse pas faire n'importe quoi. A un moment donné, on parlait d'un gouvernement économique pour l'Europe, par exemple, eh bien l'Eurogroupe vient de démontrer qu'il était nécessaire. Il ne faut pas laisser aller à vau-l'eau des spéculations sans fin. Plus personne ne savait, en voyant passer... Alors, il y a des traders qui gagnaient énormément d'argent et puis il y a des traders qui en faisaient perdre considérablement.
Oui, c'est-à-dire qu'ils gagnaient, mais ils perdaient rarement, ou ils perdaient moins que les autres.
Enfin, en tout cas, le bilan est vraiment catastrophique, et maintenant il faut prendre ça sérieusement. Ça regarde tout le monde, vous comprenez ? C'est l'épargnant que l'on veut protéger, encore une fois ce n'est pas le banquier, c'est l'épargnant. Si tout le monde se précipitait vers les banques, ce serait catastrophique. Heureusement, chez nous, il y a une confiance maintenue ; chez nous, la France.
Oui, bien sûr. Est-ce que le risque aujourd'hui ce n'est pas aussi que... On voit que les instruments sont là pour... et réguler ce marché financier, reste la situation économique. Les Européens ne se sont pas entendus encore sur une espèce de plan de relance de l'économie européenne, alors qu'on sait que ça va avoir des impacts, tout ça, quand même, sur l'économie européenne.
Oui, bien sûr, bien sûr. Là, il s'agissait d'une crise financière et nous craignons qu'une crise économique ne suive et qu'il y ait, on l'avait déjà vu, un certain nombre de délocalisations, donc plus de chômage. Mais c'est ça ! Vous comprenez, pardon, le ministère des Affaires étrangères comprend cela depuis longtemps. On parlait d'un ministère de la globalisation, de la mondialisation. C'est nécessaire. L'ensemble doit être pris en compte, pas seulement le mouvement des capitaux, pas seulement la croissance mais aussi la crise alimentaire, mais aussi la démographie, mais aussi les migrations. Il faut maintenant que l'on ait une conscience de la planète, globalement, et pas seulement sur l'environnement, mais aussi avec l'environnement. C'est ça qu'il faut faire. Or, ça prendra un certain temps, parce qu'il y avait, chacun de son côté tirait et tentait d'en avoir les bénéfices. Ce n'est plus suffisant.
Une toute dernière question. On a vu que trois responsables des Caisses d'Épargne avaient démissionné la nuit dernière, parce que justement il y avait eu des placements pour le moins hasardeux. C'est dans la droite ligne de ce que souhaite le président Sarkozy, aujourd'hui ? Cette façon de réagir ?
Oui, eh bien il avait été très clair, je crois, on ne peut pas, comme ça, jouer avec l'argent des autres, sans à un moment donné en répondre devant les autres, justement, et que la justice passe aussi. Au moins un peu plus de morale. Or, ce monde financier était entièrement profondément immoral. Alors c'est dommage pour des gens qui ont très bien travaillé à la Caisse d'Épargne...
Comme C. Milhaud.
Comme C. Milhaud, par exemple, mais enfin, bon, je pense qu'on ne va pas l'accabler. Je crois qu'il fallait marquer quelque chose comme un retour de la moralité.
Merci beaucoup, B. Kouchner, d'être venu...
L'argent lui-même, d'ailleurs, de ce point de vue, cette circulation est immorale.
Oui. Merci d'être venu nous voir ce matin. Très bonne journée à vous, très bonne journée à vous tous qui nous regardez all around the world, comme on dit en anglais, tout autour du monde, parce qu'il faut quand même dire, cher B. Kouchner, que nous sommes regardés, à Télématin, via TV5, dans le monde entier. N'est-ce pas William ?
W. Leymergie : Ah oui. Oui... Ah, si j'avais su !
Saluez nos compatriotes. Saluons nos compatriotes !
Si j'avais su, j'aurais fait attention !
W. Leymergie : Si vous aviez su, vous auriez fait 8 minutes de plus. Eh bien oui !
W. Leymergie : Eh bien oui, je m'en doutais. Et en 25 langues ! En 25 langues, j'ai parlé de globalisation !
W. Leymergie : Effectivement. 165 pays, je vous signale. Ce n'est pas mal. Bravo !
W. Leymergie : Bon, merci beaucoup. Au revoir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 octobre 2008