Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des ports et de la vie associative, sur le projet de loi "Hôpital, patients, santé et territoires" et le rôle des Agences régionales de santé dans cette organisation, Dreux le 7 novembre 2008.

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Circonstance : Déplacement au centre hospitalier de Dreux le 7 novembre 2008

Texte intégral

Monsieur le préfet,
Monsieur le Président du conseil d'administration, cher Gérard HAMEL,
Monsieur le directeur du CH de Dreux, cher Patrice LORSON,
Monsieur le président de la CME, cher Dr. Nicolas LETELLIER,
Mesdames et Messieurs,
Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant les origines lointaines du centre hospitalier de Dreux. Le premier Hôpital, ou « Maison Dieu », situé à l'emplacement de l'ancien Hôtel des Postes, existait avant l'an mille.
Constructions et rénovations se sont ensuite enchaînées, pour aboutir à la configuration actuelle.
Un hôpital public, cependant, ce n'est pas seulement un bâtiment. Ce ne sont pas seulement des équipements.
Ce sont des équipes et des patients, des malades et des soignants.
Dans le service neuro-vasculaire que nous venons de visiter ensemble, particulièrement en pointe dans la région, des hommes et des femmes craignent de garder des séquelles et de s'installer dans la dépendance.
A leurs côtés, des médecins tentent de trouver les solutions les mieux adaptées.
En permettant aux hélicoptères sanitaires de voler de jour comme de nuit et par mauvais temps, l'expérimentation de radionavigation, à laquelle j'ai pu assister, constitue une opportunité pour l'accès aux soins et la réduction des délais d'intervention.
Dans le nouveau centre de médecine physique et de réadaptation (MPR), un sportif blessé, une femme paralysée sont pris en charge pour des traumatismes transitoires ou définitifs.
Des soignants les accompagnent, du mieux qu'ils peuvent, dans cette réadaptation.
Je voudrais rendre ici l'hommage qu'il mérite à leur engagement au service du patient.
C'est pour lui que vous travaillez.
C'est pour lui, aussi, que mon projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » a été élaboré.
Le texte, pensé du point de vue du patient, a, en effet, été conçu pour lui garantir l'accès, sur tout le territoire et en toute sécurité, à une offre de soins de qualité.
Ma politique de santé, je veux le dire d'emblée, est d'abord en ce sens une politique de justice.
La perspective d'une médecine à plusieurs vitesses est intolérable. Nous ne pouvons admettre que les plus démunis, les plus fragilisés, ceux qui sont moins bien instruits ou qui n'habitent pas au bon endroit, soient moins bien soignés.
Nous ne pouvons pas non plus accepter que les Français continuent à se rendre aux urgences parce qu'ils ne trouvent pas de médecin près de chez eux, ni que, faute de structure adaptée, ils restent, par défaut, à l'hôpital.
C'est pour répondre aux problèmes de nos concitoyens que mon projet de loi a été conçu. Cependant, c'est avec vous, par vous et pour vous, professionnels de l'hôpital public, que ce projet existe.
Avec vous, parce que les représentants des professionnels de santé ont, avec les partenaires sociaux, avec les représentants des patients, pris part à la longue concertation qui a été menée.
Par vous, parce que, comme le texte le prévoit notamment, le corps médical jouera, aux côtés du vrai « patron » que devra être le directeur de l'hôpital, un rôle essentiel dans la conception du projet médical.
Pour vous, enfin, parce que, attachés aux valeurs de l'hôpital public, vous appelez de vos voeux une plus grande coopération entre la ville et l'hôpital et, au sein même de l'hôpital, entre les différents métiers.
Vous comprenez, vous réclamez, à juste titre, que des bâtiments vétustes soient rénovés pour éviter d'accueillir vos patients dans de mauvaises conditions. Telle est la raison d'être, à Dreux, du projet de reconstruction-rénovation partielle candidat au plan Hôpital 2012.
Il en est de même pour notre système de santé.
Le texte « Hôpital, patients, santé et territoires » est d'abord marqué par le souci de préserver les fondements solidaires de notre édifice de soins.
Nous tous, attachés à notre système de santé, redoutons aujourd'hui la dégradation de ce patrimoine commun.
Chacun sait que, si nous ne faisons rien, l'inégalité se développera.
En ce sens, l'institution des Agences régionales de santé (ARS), clef de voûte de mon projet, répond à la nécessité de renforcer l'ancrage territorial des politiques de santé et d'assurer une plus juste répartition de l'offre de soins.
En outre, à l'heure actuelle, la dispersion des interlocuteurs ou la complexité des structures fait perdre bien trop de temps. C'est toujours au final la qualité des soins qui en pâtit.
Les ARS ont dans cette perspective été conçues comme l'interlocuteur unique, qui travaillera au quotidien avec les professionnels de santé et leur permettra de mieux coordonner leurs efforts, de mieux exercer leurs métiers.
Elus locaux, professionnels de santé et associations de malades, désormais associés, pourront unir leurs forces, au plus grand bénéfice de tous.
L'hôpital de demain, désengorgé, recentré sur ses missions, doté d'un management modernisé, doit maintenant voir le jour.
Je sais que l'hôpital de Dreux sera à l'avant-garde de ce combat.
En adhérant parmi les premiers au réseau français Hôpitaux Promoteurs de Santé, vous avez ainsi démontré votre foi en une approche globale de la santé, intégrant les aspects psychiques et sociaux en plus de la dimension physique. Cette foi, je la partage avec vous.
Par la création de l'Unité de Prévention et d'Education (UPE), vous avez prouvé que l'hôpital pouvait responsabiliser le patient et devait s'ouvrir sur la ville. Cette responsabilisation comme cette ouverture sont des principes forts inscrits dans mon projet de loi.
Les Euréliens, déjà fortement touchés par la précarité et par un taux de chômage important, risquent d'être encore plus fragilisés, comme tous nos concitoyens, par les difficultés économiques actuelles et à venir.
S'il est un droit que nous devons impérativement garantir, dans ces circonstances, c'est le droit à la santé, le droit aux soins.
Ce droit sera maintenu au prix d'un effort de modernisation sans précédent.
Le statu quo n'est pas tenable. Il fallait cette réforme.
Je l'ai présentée en Conseil des ministres le 22 octobre. Je veux mettre à profit l'intervalle qui court jusqu'à son examen par le Parlement pour expliquer ce texte à ceux qui, sur le terrain, en seront les bénéficiaires et, inlassablement, poursuivre l'échange avec eux. C'est le sens de ma présence à Dreux aujourd'hui.
Pour vous et avec vous, je mènerai avec conviction ce grand projet.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 26 novembre 2008