Déclaration de Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, à RMC le 18 décembre 2008, sur les augmentations de tarifs de la SNCF et aux péages des autoroutes, et sur la lutte contre la conduite en état d'ivresse.

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Texte intégral

J.-J. Bourdin.- Demain, les vacances pour beaucoup de Français, beaucoup de monde dans les gares notamment. Est-ce que les mesures de sécurité ont été renforcées après ce qui s'est passé au Printemps ?
 
Bien sûr ! On est en vigilance rouge permanente depuis un certain nombre de mois avec les évènements d'Afghanistan, la présence de nos troupes, etc. Et bien sûr, pendant les grands départs, dans les gares, dans les aéroports, dans tous les lieux publics, il y aura une présence policière, de gendarmerie, renforcée par l'armée dans le cadre de Vigipirate très, très visible. Et en même temps, toutes les mesures de surveillance seront naturellement prises. Il va y avoir beaucoup de monde qui va partir, et aussi sur les routes.
 
Vous renforcez la surveillance ?
 
Voilà. Et sur les routes aussi, il y aura beaucoup de monde, il y aura beaucoup de gendarmes et beaucoup de policiers pour faire en sorte que les départs en vacances se fassent dans de bonnes conditions. Il y aura aussi beaucoup de monde, on ne pense pas souvent à eux, pour entretenir les routes, je pense à tous ces gens de l'Equipement qui pendant les derniers jours, on a eu beaucoup de neige, ont travaillé jour et nuit.
 
Alors, D. Bussereau, puisque on est dans la gare, restons-y. Le prix des billets TGV va augmenter, les billets TGV vont être plus chers, j'ai entendu G. Pépy...
 
Oui, c'est vrai. Pour deux raisons. La première c'est que comme nous devons bâtir beaucoup d'infrastructures nouvelles, beaucoup de lignes TGV nouvelles, beaucoup d'aménagements nouveaux. Réseau Ferré de France qui bâtit ces infrastructures doit augmenter ces péages pour financer tout cela, donc ça se répercute sur la SNCF et donc sur les prix du billet. La deuxième, c'est que la SNCF mène sa politique commerciale en fonction du remplissage de ses trains. Mais, vous savez, il y a une limite à tout cela, c'est la concurrence. Sur Paris- Marseille, le train est en concurrence avec l'avion, Air France, plus des low cost, plus la voiture. Dans un an, dans un an exactement, si je reviens sur votre antenne, je vous parlerai de la concurrence internationale puisque dans un an, les Allemands, les Espagnols, les Italiens, pourront circuler sur le réseau français, et ne vont pas manquer de le faire, comme la SNCF qui est une entreprise en pleine forme va envoyer ses trains sur les autres réseaux. C'est-à-dire que vous pourrez avoir, je vais dire n'importe quoi, un Vintimille, à côté de Nice, un Vintimille - Paris qui sera assuré par une rame italienne. Vous pourrez avoir les Allemands qui feront un Francfort-Bordeaux. Et donc tout ça, ça va jouer sur les prix parce que les compagnies vont se faire concurrence sur le confort, les prestations, mais également sur les prix.
 
Mais ça va augmenter de combien ? Vous mettez une limite à la SNCF ?
 
La SNCF est libre de ses prix, à partir du moment où elle respecte son contrat de service public avec l'Etat qui est d'être le transporteur de tous les Français, pas de minorité.
 
Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que vous fixez une limite, quelle limite ?
 
Ecoutez, la limite c'est celle du bon sens. C'est au président de la SNCF d'apprécier jusqu'à quand il peut éventuellement faire des augmentations sans pour autant gêner ou poser problème à sa clientèle. On le laisse libre, c'est une entreprise, s'il y avait évidemment des augmentations scandaleuses, on le dirait, mais ce n'est pas le cas, G. Pépy est un bon gestionnaire.
 
Quand cette augmentation ?
 
C'est quand la SNCF le veut, et quand elle le veut et où elle le veut, c'est elle qui gère. On n'est plus dans un régime où l'Etat dit, "Monsieur Pépy vous devez fixer tel prix". Simplement, on observe parce qu'on respecte les Français.
 
Et les autoroutes, même chose pour les autoroutes ?
 
Alors, les autoroutes c'est un petit peu différent. Il y a des contrats...
 
Ah !
 
...entre les sociétés d'autoroutes et l'Etat. On leur demande des prestations, par exemple je leur ai demandé d'être plus accueillantes aux poids-lourds, d'avoir des tarifs plus modulés pour les poids-lourds qui sont en difficulté actuellement du fait de la crise, le jour, la nuit, d'avoir plus d'offres par exemple d'aires de stationnement pour les poids-lourds qui parfois stationnent sur les bas côtés ou sur les... voilà. Donc, à partir de ça, on leur demande un certain nombre de choses et ensuite on discute avec elles, les sociétés d'autoroutes, on discute avec elles des augmentations.
 
Et pourquoi est-ce que ça augmente plus que l'inflation ?
 
Parce qu'on demande aux autoroutes, aux sociétés d'autoroutes : 1/ de moderniser leurs installations ; 2/ malgré le Grenelle de l'environnement où nous sommes d'accord avec J.-L. Borloo pour qu'un certain nombre de compléments de réseaux autoroutiers se font, qui ne sont pas toujours les plus rentables, donc il y a là une action des sociétés d'autoroutes ; et puis, les sociétés d'autoroutes vont être aussi les partenaires des futures lignes TGV. On va en construire 2 000 km d'ici 2020, 2 500 après. Ce sont les grands groupes de travaux publics français qui vont participer à tout ça. Voilà, donc, attendez, je vous...
 
...et pourquoi est-ce que certains tronçons...
 
.. non, mais je vous réponds franchement. Oui, franchement. L'Etat surveille les prix des autoroutes et en même temps quand nous demandons des prestations complémentaires aux sociétés d'autoroutes, nous essayons de trouver un équilibre correct, convenable, pour tout le monde.
 
Pourquoi est-ce que ce certains tronçons sont beaucoup plus chers que d'autres tronçons ?
 
Ça c'est une question de fréquentation, c'est une question de coût du tronçon. J'ai inauguré récemment avec le Premier ministre en Savoie une autoroute qui permet de relier - qui va être très pratique pour tous ceux qui vont aux sports d'hiver - Annecy à Genève. A Genève, oui. Elle traverse le Col de Sion, c'est une route très difficile en termes d'accès, etc., avec des tunnels. C'est normal, si vous voulez, que le prix soit un peu plus cher que lorsqu'on est dans une autoroute dans la Beauce où il n'y a pas eu tous ces ouvrages d'art à réaliser.
 
Bien, la route, la mortalité sur la route. Les récents chiffres, chiffres de novembre ?
 
Ecoutez, chiffres de novembre : bons.
 
C'est-à-dire ?
 
C'est-à-dire -15 à peu près.
 
-15 % de tués sur la route.
 
Oui, mais les chiffres d'octobre étaient mauvais.
 
Etaient mauvais, effectivement !
 
Donc, ça veut dire qu'il faut faire très attention. Ce matin, avec J.-L. Borloo, nous lançons deux campagnes.
 
Alors, l'alcool.
 
L'alcool, parce que c'est la... il y a trois causes de mortalité, je vous les rappelle : l'alcool, la vitesse et le non respect de la signalisation. L'alcool, première cause, 1 000 morts à peu près par an. Donc, on lance une campagne de sensibilisation vers les adultes en utilisant toute une série de personnalités du monde de la radio et de la télévision qui viennent faire des témoignages.
 
Quatre spots télé et cinq spots radio.
 
Voilà ! Ils vont nous dire qu'il faut se tester, voilà. Ensuite, on fait une campagne sur les jeunes, puisque vous savez que malheureusement il y a un développement de formes d'alcoolisation chez les jeunes, en particulier pendant ces fêtes de fin d'année - tout le monde va faire la fête, et c'est sympathique - en leur disant « prenez des précautions, dans le groupe il y en a toujours un qui ne boit pas d'alcool ».
 
Mais ça fait des années qu'on leur dit ça.
 
Oui, mais vous savez, une campagne, vous savez en France on est passé de 10 000 morts sur les routes à 4 500 et l'objectif en fin du quinquennat du Président Sarkozy c'est 3 000. Et, qu'est-ce qui a fait que ça a changé ? 1/ bien sûr, la répression, soyons clairs, on a été sévères et on sera toujours de plus en plus sévères ; et 2è/ les campagnes d'information qui ont fini par rentrer dans notre tête. Et, vous le constatez bien sur les routes, on voit bien que les gens roulent moins vite : 1/ par peur des radars ; et 2/ parce qu'aujourd'hui ce n'est plus forcément la mode de rouler à tombeau ouvert sur une route.
 
Mais jusque-là parce que l'essence était très chère aussi.
 
Oui, ça a certainement joué.
 
Ca a joué un temps ! Un temps !
 
Je pense qu'on a eu un moment qui est situé en septembre-octobre où il y a eu moins de circulation, et paradoxalement, J.-J. Bourdin, c'est là où on a eu les plus mauvais résultats parce que quand il y a moins de circulation, il y a moins d'encombrements, et on roule plus vite. Et le mois d'octobre qui était celui où le carburant a été le plus cher est celui où nous avons eu le plus d'accidents. C'est le paradoxe de la situation.
 
Revenons sur l'alcool, 0,5, on garde le même taux ?
 
On garde le taux de 0,5.
 
Taux 0,5, on ne change pas là.
 
Non.
 
Bon, on garde le même taux. Mais quelles mesures vous prenez au-delà des campagnes de sensibilisation ?
 
Si vous voulez, il y a toute une série de mesures. D'abord, faire en sorte qu'on puisse à tout moment s'auto-évaluer, donc c'est l'éthylotest dans la voiture.
 
C'est-à-dire, packs d'éthylotest...
 
Voilà, généralisé, vous en avez une pile dans votre voiture comme vous avez un paquet de bonbons, un paquet de chewing-gum.
 
Obligatoire ?
 
Pas obligatoire, mais...
 
Un jour obligatoire ?
 
Vraisemblablement, vraisemblablement.
 
L'éthylotest sera obligatoire dans la voiture ?
 
Vraisemblablement, un jour.
 
Quand ?
 
Je ne sais pas, mais je pense que nous sommes partis dans cette direction. 2/ Vous vous souvenez...
 
... les éthylotests sont fiables, totalement fiables aujourd'hui ?
 
Je l'espère ! 2/ Vous vous souvenez, je vous en ai...
 
... l'éthylotest qui empêche la voiture de démarrer.
 
Ah, alors ça, attendez... Il y a trois choses. Il y a le petit éthylotest que vous avez, que vous achetez au bureau de tabac, vous vous testez et vous le jetez après, voilà, bon.
 
Il sera obligatoire ce petit éthylotest comme le triangle ou le gilet.
 
Je pense qu'il faudra arriver à cette mesure, à condition qu'on puisse l'acheter pas cher et qu'on dise aux automobilistes vous en avez toujours quatre ou cinq dans la voiture, bon, première mesure. Deuxième mesure, et je vous en ai déjà parlé, J.-J. Bourdin, vous vous en souviendrez certainement, j'ai demandé aux constructeurs automobiles français, et pas seulement français, d'envisager l'éthylotest embarqué en série comme il y a l'allume cigare. On rentre dans sa voiture, on se teste. Ca c'est le deuxième type, c'est l'éthylotest embarqué dans la voiture comme accessoire de la voiture. Et il y a ce à quoi vous faisiez allusion, l'éthylotest anti-démarrage. Alors, là, on l'envisage dans deux cas : 1/ pour les automobilistes qui ont été pris en état d'alcoolémie, qui ont perdu leur permis et qui ensuite recommencent à conduire, on les obligera à le faire avec un éthylotest anti-démarrage qu'ils devront payer à leurs frais, et c'est au moins 1 000 euros, installer dans leur véhicule.
 
C'est-à-dire que si j'ai été condamné pour conduite en état d'ivresse, je devrai installer dans mon véhicule un éthylotest anti-démarrage à mes frais, ça coûte 1 000 euros.
 
Voilà, à peu près. Alors, ça c'est un projet qui n'est pas encore traduit par un texte de loi pour des raisons d'encombrement du Parlement.
 
Mais il sera traduit par un texte de loi ?
 
Absolument ! Nous l'avons décidé sous l'autorité du Premier ministre, avec M. Alliot-Marie, il y a déjà quelques mois. Et la quatrième mesure, c'est pour nous enfants, vous savez que tous les jours il y a des centaines, des milliers d'enfants, des millions d'enfants même qui circulent sur les roues des cars scolaires. A partir de la prochaine rentrée scolaire - évidemment, on prendra les temps de latence qu'il faut pour que les entreprises s'équipent - obligation de l'éthylotest anti-démarrage dans les autocars de transport scolaire. Ce sont des mesures lourdes, importantes...
 
... qui seront annoncées tout à l'heure ?
 
Qui sont déjà en cours de mise en oeuvre, et nous rajoutons une campagne pour faire savoir tout cela.
 
Et vous rajoutez une campagne. Bien, D. Bussereau est notre invité ce matin.
  Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 décembre 2008