Texte intégral
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau du Sénat, Présidents de commissions et Présidents de groupes, mes chers collègues,
Nous sommes heureux, le Bureau du Sénat, les Présidents et moi-même, de vous accueillir en ce début d'année 2009 pour la « cérémonie des voeux ».
Je vous remercie d'être présents nombreux, ici au Petit Luxembourg. Je reconnais qu'aujourd'hui, j'ai un concurrent sérieux outre-Atlantique !
Les Parisiens ne m'en voudront pas de saluer un peu particulièrement leurs confrères venus de province qui représentent la Presse de nos régions et de nos départements.
Mes voeux s'adressent à chacun d'entre vous mais aussi à ceux de nos concitoyens qui nous regardent sur la chaîne Public Sénat à cet instant.
2008 a mis le monde à l'épreuve. Je ne m'y attarderai pas aujourd'hui car nous avons désormais à nous projeter vers l'avenir et à nous tourner résolument vers 2009. Il nous faut d'ailleurs avoir bien conscience qu'au-delà de difficultés prévisibles, 2009 peut nous apporter aussi des motifs d'espérance.
Vous qui êtes des observateurs, des décrypteurs de l'évolution de notre société, vous avez constaté que la conscience de la nécessité d'agir est mondiale, que des plans d'action de relance ont été décidés partout, et que celui qui accède aujourd'hui à la Présidence des Etats-Unis d'Amérique proposera, dans quelques jours, un plan de relance massif pour son pays. Vous aurez noté que ces plans ont des objectifs globalement convergents. Peu doutent de l'intérêt d'une refondation responsable du libéralisme économique.
Encore faudra-t-il qu'à Londres, en avril prochain, on sache passer des bonnes intentions à des décisions concrètes.
Aujourd'hui, moi j'ai une certitude : les mots clés de 2009 seront : politique et volonté. Et de cela, je me réjouis.
Il nous faudra, chacun dans nos responsabilités, faire preuve de volonté. Et qui dit volonté, dit courage. Courage de proposer, de dialoguer, de décider mais aussi courage de contre proposer. Je ne doute pas un seul instant que, dans notre pays, tel sera le cas.
Plus que jamais, le volontarisme politique portera les réformes. Face aux doutes, aux angoisses de nos concitoyens, c'est à nous, hommes et femmes politiques, de leur apporter le souffle et la volonté d'une résistance optimiste à l'adversité. C'est à nous, représentants de la Nation, de promouvoir l'intérêt général et de démontrer ainsi toute la légitimité de l'intervention politique.
La politique, dans toutes les acceptions du terme, doit mettre les Français au centre de toutes les décisions.
Faire de la politique, c'est aussi donner espoir aux jeunes ; c'est ouvrir des perspectives aux entreprises et à ceux qui les font vivre, leurs salariés ; c'est assurer la sécurité de tous ; c'est garantir les libertés tant individuelles que collectives.
2009 sera donc l'année des analyses politiques, de décisions politiques, et donc il faudra faire preuve de courage politique.
2009, l'année des analyses politiques. Elles sont essentielles pour identifier tous les risques induits par la crise mondiale. Ces risques, ils ont pour noms le protectionnisme et le repli crispé sur des solutions purement nationales. Ces risques, ils ont pour noms la remise en cause des valeurs fondatrices de nos sociétés et, malheureusement comme toujours, la désignation si facile de boucs émissaires et le développement des extrémismes.
Mais à crise globale, solutions globales. Voilà pourquoi, je suis depuis longtemps un partisan d'une refondation régulatrice du libéralisme économique. J'ai l'impression d'être moins seul aujourd'hui !
Les décisions politiques devront suivre. Pour ces nouvelles régulations, il va falloir solliciter une coopération internationale et une réglementation plus stricte, notamment des marchés financiers. Il va falloir coordonner les mesures de stimulation économique.
C'est pourquoi je suis aux côtés du Président de la République, du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement pour refuser la fatalité des errements du marché et assurer, de manière concrète et volontaire, la relance de notre économie.
Mais 2009 doit être aussi « l'année des Parlements »... de tous les Parlements, je pense à nos amis européens et au Parlement européen qui sera renouvelé cette année.
Dans des sociétés mises à mal entre le besoin d'évolution et l'exigence de sécurité, les Parlements devront savoir jouer un rôle central. Face aux risques de crispation identitaire, de démagogie, d'exploitation de tout ce qui peut nous séparer, n'est-ce pas aux Parlements qu'il appartient de s'affirmer comme le lieu de l'échange démocratique, du respect mutuel et de la recherche de la synthèse entre les opinions de chacun ?
Le Parlement est d'abord, c'est sa nature, un lieu de débat. S'y expriment des valeurs qui sont débattues collectivement. Il est la « chambre d'échos » de ce que nous disent nos concitoyens, leurs doutes, leurs angoisses, leurs interrogations, leurs espérances.
A ce sujet, je voudrais mettre l'accent sur une partie de la population que, pour moi, on n'écoute pas assez. Je veux parler des jeunes. Je souhaite que le Parlement, et le Sénat en particulier, sache mieux écouter et mieux accompagner les jeunes Français. Au fond, notre jeunesse n'est pas si bien traitée qu'on l'imagine. Elle est quelque peu « déboussolée » dans un monde qui ne la traite pas avec suffisamment d'attention. Elle est parfois l'oubliée de nos solidarités. Ce sera, pour nous, les Sénateurs, une priorité en 2009.
Les défis du temps incitent le Parlement à imaginer des solutions novatrices. Il devra s'atteler à dynamiser nos territoires et leur gouvernance ; à promouvoir les solidarités républicaines ; à garantir, dans la liberté, la sécurité intérieure ; à réformer la justice et le système pénitentiaire.
Des solutions novatrices, le Sénat en présentera dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales.
Cette réforme, voulue par le Président de la République et souhaitée par tant d'élus locaux que nous rencontrons, interpelle directement le Sénat qui est la Maison des Territoires. Nous, les Sénateurs, sommes garants de la cohésion territoriale du pays. Je vous le dis sincèrement : les Français peuvent avoir confiance dans le Sénat pour faire preuve à la foi d'audaces et de réalisme, pour dépasser la satisfaction de l'immédiateté et pour répondre à l'attente du citoyen et des élus locaux.
Vous le savez bien : le poids financier et humain des collectivités locales et territoriales est considérable. Plus de 200 milliards de budget, 70 % de l'investissement public, 1.800.000 agents publics. Tout cela encadré, entraîné par un demi-million d'élus.
Nos concitoyens expriment une forte attente de proximité, mais aussi une vision d'avenir pour les territoires sur lesquels ils vivent. Cela manifeste un besoin de resserrement des liens civiques avec les élus de la démocratie locale.
Nous, les Sénateurs, sommes très attentifs à l'affirmation du fait métropolitain et à la naissance d'une nouvelle ruralité, dont la vocation est loin d'être seulement agricole. Nous pensons que ces deux évolutions sont porteuses du développement durable de notre pays.
Le Sénat abordera ce débat en parfaite connaissance d'un dossier par nature complexe. C'est tout le sens de la mission sénatoriale sur l'organisation territoriale. C'est tout le sens des débats que nous organiserons au fur et à mesure des contributions externes et internes. Je sais que la presse régionale et départementale est prête à participer au débat démocratique en organisant avec les lecteurs des tables rondes et des échanges. Je participerai au premier d'entre eux lundi prochain 26 janvier, à Bordeaux, avec votre confère, le journal Sud-Ouest.
Des solutions novatrices, le Sénat en présentera sur les textes qu'il examinera dans les prochains mois. Le Parlement sera saisi de dossiers lourds. Le Premier ministre l'a confirmé, il poursuivra son programme de réforme avec un rythme soutenu. Ici, au Sénat, nous aborderons sans tabou les réformes ambitieuses concernant l'hôpital, l'Outre-mer, la programmation militaire, la loi pénitentiaire, la sécurité intérieure, le Grenelle 2, la formation professionnelle. Sur tous ses sujets, le Sénat fera entendre sa voix.
Mais si 2009 est l'année du Parlement, c'est aussi du fait de la réforme constitutionnelle votée en juillet 2008.
En tant que Président du Sénat, je considère cette réforme comme une chance pour le Parlement et que peut s'ouvrir l'ère d'un parlementarisme rénové.
Vous constaterez très rapidement, Mesdames et Messieurs les journalistes, les changements et leurs conséquences. En premier lieu, je pense que vous parlerez plus du Parlement et que vous serez plus en contact avec lui.
En second lieu, ce parlementarisme rénové va favoriser le mode d'expression des groupes de l'opposition et des groupes minoritaires. Cela multipliera, je n'en doute pas, les occasions de venir au Palais du Luxembourg et l'occasion de rencontres avec les Sénateurs ! Je m'en réjouis.
Cette réforme offre des opportunités exceptionnelles au Parlement dans la fixation d'une partie importante de son ordre du jour. Elle renforce le rôle de tous les groupes politiques et ouvre des possibilités nouvelles en matière de contrôle, d'évaluation des politiques publiques, mais aussi dans le domaine de l'initiative législative.
Mais la condition de la réaffirmation du rôle du Parlement réside aussi dans son aptitude à clarifier les débats, à les rendre plus lisibles pour les Français.
Le droit d'amendement, j'ai déjà exprimé publiquement ma conviction, est consubstantiel à l'exercice de la fonction parlementaire. Ce droit, en même temps, il faut le défendre contre les dérives qui menacent l'expression même de ce droit en brouillant la lisibilité et la clarté du travail parlementaire. Je dois vous dire, pour ce qui est du Sénat, que ces dérives sont limitées, très limitées.
La question de la gestion du temps parlementaire n'est pas pour autant méprisable. Le temps du travail en commissions sera nécessairement accru pour la préparation au débat en séance publique. Il le sera aussi dans le domaine du contrôle et de l'évaluation. Le travail en séance ne devra pas être vidé de sa substance. Pour autant, vous le constaterez vous-même : la séance publique devrait être plus dynamique et plus compréhensible pour nos concitoyens. Cela sera aussi possible par un rôle accru des groupes politiques, tant de la majorité que de l'opposition et pour les groupes minoritaires.
Au Sénat, nous avons choisi de donner un « nouveau cap » à notre action. Vous le savez, il s'agit d'une orientation majoritairement choisie et collectivement organisée. Il s'agit d'une volonté commune d'être connus pour nos travaux. Il s'agit d'une volonté collective de promouvoir nos spécificités.
C'est ce que nous avons décidé au Bureau du Sénat. C'est ce que je vous ai présenté avec les Questeurs ces deux derniers mois et que nous avons déjà commencé à mettre en oeuvre. Nous allons continuer de manière déterminée. La stabilité de notre budget sur trois années ; la stricte adéquation de nos moyens à nos missions ; le recentrage de nos travaux autour des missions que la Constitution confère à notre assemblée, ce que j'ai appelé le « coeur de métier » ; la transparence, le contrôle et la certification renforcés de nos comptes, selon les modalités que nous avons choisies, en conformité avec la LOLF et avec le principe de l'autonomie des assemblées ; des informations complètes, compréhensibles et accessibles aux citoyens via notamment le site Internet du Sénat... Tout cela, nous l'avons initié, nous le mettons en place. Oui, nous le ferons et je vous en rendrai compte.
Je vous rappelle que le fait majoritaire n'a pas la même expression ici au Sénat qu'à l'Assemblée Nationale. Ici, aucun groupe n'est majoritaire. Ici, le rapport au temps n'est pas le même qu'à l'Assemblée Nationale. Les approches, les priorités, les sensibilités qui découlent de cette situation sont encore trop peu perçues. A nous, et à vous, de l'expliquer et de le faire partager par les Français.
Une autre spécificité du Sénat que nous avons commencé à affirmer, et que nous continuerons à pratiquer et à développer, est celle de la collégialité.
Une collégialité qui s'exprime d'abord au sein de nos commissions permanentes dans lesquelles les sensibilités politiques peuvent s'exprimer et échanger entre elles en totale liberté. Notre groupe de travail sénatorial sur la mise en oeuvre de la révision constitutionnelle n'a pas souhaité augmenter le nombre de commissions permanentes et les porter à 8 comme cela est maintenant possible. Il a préféré maintenir à 6 le nombre de ces commissions, plus, bien entendu, la commission en charge des affaires européennes.
La collégialité, c'est aussi une plus forte implication de nos groupes politiques dans les décisions collectives. Cette collégialité est renforcée dans sa pluralité au Bureau du Sénat. La plus forte implication des groupes dans la marche du Sénat va notamment se traduire par l'exercice du vote à la proportionnelle des Groupes au sein de la Conférence des Présidents. Nous veillerons aussi à renforcer le rôle des groupes de l'opposition et minoritaires dans l'accès à l'ordre du jour réservé au Parlement, dans l'organisation et la présidence des missions d'information et de contrôle, dans l'exercice du pouvoir de questionnement, dans la lisibilité des débats en séance publique.
Mais la collégialité, ce sont avant tout, les 343 Sénatrices et Sénateurs qui constituent, dans leur diversité, la richesse de notre assemblée.
Mesdames et Messieurs les journalistes, j'ai eu depuis le 1er octobre dernier l'occasion de rencontrer un certain nombre d'entre vous. Depuis cette date, vous avez rendu compte de nos travaux et de nos débats et constaté que l'apport du Sénat, sur chaque texte, est (assez) significatif.
D'autres changements vont intervenir prochainement.
D'ici l'été, Public Sénat aura un nouveau Président-Directeur-Général. Il aura été désigné collégialement, après une instruction conduite par nos collègues Catherine Tasca, Vice-Présidente, Bernard Saugey et Sylvie Desmarescaux , secrétaires du Sénat. Début février, un appel à candidatures sera rendu public ainsi que le détail de la procédure que je souhaite ouverte, transparente. Les projets des postulants devront correspondre à l'ambition du Sénat en matière d'information, de décentralisation et d'interactivité avec les collectivités territoriales et les Français. Cette désignation devra s'inscrire dans l'esprit d'indépendance et de pluralisme qu'il convient de conforter à Public Sénat.
Ce jour me permet de saluer le travail accompli par Jean-Pierre Elkabbach et les équipes de Public Sénat. Lui, et celles et ceux qui l'accompagnent, ont construit une chaîne politique unanimement reconnue pour sa qualité et son pluralisme. Aujourd'hui, elle séduit déjà plus de 17 millions de téléspectateurs par semaine. Je salue devant vous son professionnalisme, leur professionnalisme.
Lui et eux auront permis au Sénat de disposer d'un outil de communication qui, grâce à la TNT, va maintenant être développé, valorisé, mis en place et mis en phase avec la place qu'Internet occupe de plus en plus dans la communication. Aujourd'hui déjà 12 millions d'internautes, et demain, la volonté d'en fédérer encore plus.
Mais, pour dire aux Français ce qu'est le Sénat, Mesdames et Messieurs les journalistes, nous nous tournons vers vous.
Je sais que vous attendez avec impatience et pour certains, avec quelques inquiétudes, les orientations qui seront prises dans quelques jours suite aux Etats-Généraux de la presse. Je connais, pour avoir échangé avec nombre de responsables du secteur, les difficultés que vous rencontrez à tout niveau et je mesure que l'avenir de votre profession est soumise à de multiples contraintes, certaines liées à des choix politiques, d'autres aux contraintes économiques actuelles.
Le Sénat, en tant que garant de toutes les libertés, individuelles et collectives, veillera avec vigilance à ce que soient respectées la liberté et la vitalité de la presse, de toutes les presses.
Je me permets, puisque j'évoque votre secteur, d'ouvrir une brève parenthèse sur la réforme de l'audiovisuel. Vous avez constaté que le Sénat a examiné le texte avec le temps nécessaire à la concertation. Il l'a largement enrichi en adoptant 132 amendements significatifs. 132 amendements qui permettent d'une part, de garantir un financement pérenne à France Télévisions, et d'autre part, de garantir de nouveaux services aux téléspectateurs. De surcroît, toujours dans son rôle de gardien des libertés publiques, les Sénateurs, ont renforcé les pouvoirs du Parlement et l'indépendance de l'audiovisuel public. Je voudrais saluer à cette occasion les deux corapporteurs, Catherine Morin-Desailly et Michel Thiollière, ainsi que le travail de la Commission des Affaires culturelles sous la présidence de Jacques Legendre.
Mesdames et Messieurs les journalistes, l'équipe presse-médias de la Présidence et le Service communication du Sénat s'attachent déjà à être disponibles pour vous aider à trouver l'information que vous cherchez. Ils continueront à l'être.
Je répéterai en 2009, si vous le souhaitez, les rendez-vous avec la presse parlementaire que nous avons initiés à la fin 2008.
Je continuerai à rencontrer vos rédactions de manière informelle pour tisser les liens qui favorisent la compréhension mutuelle d'où naît l'information objective.
Mais je souhaite que ces échanges, vous les ayez avec le plus grand nombre de Sénatrices et de Sénateurs.
Nous, les Sénateurs, organiserons avec la presse, notamment de province, des débats publics sur les sujets que nous estimerons importants.
Nous affirmerons envers vous, journalistes, la logique de transparence que nous avons établie.
Nous nous efforcerons de faciliter votre travail, que vous soyez parisiens, provinciaux ou correspondants de la presse étrangère.
Je voudrais vous dire que ce ne sont pas simplement des paroles de début d'année. Il y aura des actes.
Avant de partager avec vous un moment de convivialité, je tiens à vous dire notre volonté de faciliter votre travail. Très concrètement, vous pouvez désormais disposer d'un badge nominatif avec puce magnétique vous permettant, sans avoir à vous soumettre aux procédures d'accueil que certains m'ont dit longues, l'accès « main-libre » au Palais du Luxembourg, à l'instar des Sénateurs. Symboliquement, je vais remettre à Sophie Huet, Présidente de l'Association des Journalistes Parlementaires, la carte, à toute Présidente, tout honneur, qui porte le n° 1.
Oui sincèrement et avec le respect que je porte à votre profession, à votre travail et à vous-mêmes, je vous souhaite une bonne et heureuse année. Bonne année pour vous-même, pour vos proches, mais également pour vos journaux, pour vos radios, pour vos télévisions, pour tous les supports qui sont ceux d'aujourd'hui et de demain.
Source http://www.senat.fr, le 22 janvier 2009
Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau du Sénat, Présidents de commissions et Présidents de groupes, mes chers collègues,
Nous sommes heureux, le Bureau du Sénat, les Présidents et moi-même, de vous accueillir en ce début d'année 2009 pour la « cérémonie des voeux ».
Je vous remercie d'être présents nombreux, ici au Petit Luxembourg. Je reconnais qu'aujourd'hui, j'ai un concurrent sérieux outre-Atlantique !
Les Parisiens ne m'en voudront pas de saluer un peu particulièrement leurs confrères venus de province qui représentent la Presse de nos régions et de nos départements.
Mes voeux s'adressent à chacun d'entre vous mais aussi à ceux de nos concitoyens qui nous regardent sur la chaîne Public Sénat à cet instant.
2008 a mis le monde à l'épreuve. Je ne m'y attarderai pas aujourd'hui car nous avons désormais à nous projeter vers l'avenir et à nous tourner résolument vers 2009. Il nous faut d'ailleurs avoir bien conscience qu'au-delà de difficultés prévisibles, 2009 peut nous apporter aussi des motifs d'espérance.
Vous qui êtes des observateurs, des décrypteurs de l'évolution de notre société, vous avez constaté que la conscience de la nécessité d'agir est mondiale, que des plans d'action de relance ont été décidés partout, et que celui qui accède aujourd'hui à la Présidence des Etats-Unis d'Amérique proposera, dans quelques jours, un plan de relance massif pour son pays. Vous aurez noté que ces plans ont des objectifs globalement convergents. Peu doutent de l'intérêt d'une refondation responsable du libéralisme économique.
Encore faudra-t-il qu'à Londres, en avril prochain, on sache passer des bonnes intentions à des décisions concrètes.
Aujourd'hui, moi j'ai une certitude : les mots clés de 2009 seront : politique et volonté. Et de cela, je me réjouis.
Il nous faudra, chacun dans nos responsabilités, faire preuve de volonté. Et qui dit volonté, dit courage. Courage de proposer, de dialoguer, de décider mais aussi courage de contre proposer. Je ne doute pas un seul instant que, dans notre pays, tel sera le cas.
Plus que jamais, le volontarisme politique portera les réformes. Face aux doutes, aux angoisses de nos concitoyens, c'est à nous, hommes et femmes politiques, de leur apporter le souffle et la volonté d'une résistance optimiste à l'adversité. C'est à nous, représentants de la Nation, de promouvoir l'intérêt général et de démontrer ainsi toute la légitimité de l'intervention politique.
La politique, dans toutes les acceptions du terme, doit mettre les Français au centre de toutes les décisions.
Faire de la politique, c'est aussi donner espoir aux jeunes ; c'est ouvrir des perspectives aux entreprises et à ceux qui les font vivre, leurs salariés ; c'est assurer la sécurité de tous ; c'est garantir les libertés tant individuelles que collectives.
2009 sera donc l'année des analyses politiques, de décisions politiques, et donc il faudra faire preuve de courage politique.
2009, l'année des analyses politiques. Elles sont essentielles pour identifier tous les risques induits par la crise mondiale. Ces risques, ils ont pour noms le protectionnisme et le repli crispé sur des solutions purement nationales. Ces risques, ils ont pour noms la remise en cause des valeurs fondatrices de nos sociétés et, malheureusement comme toujours, la désignation si facile de boucs émissaires et le développement des extrémismes.
Mais à crise globale, solutions globales. Voilà pourquoi, je suis depuis longtemps un partisan d'une refondation régulatrice du libéralisme économique. J'ai l'impression d'être moins seul aujourd'hui !
Les décisions politiques devront suivre. Pour ces nouvelles régulations, il va falloir solliciter une coopération internationale et une réglementation plus stricte, notamment des marchés financiers. Il va falloir coordonner les mesures de stimulation économique.
C'est pourquoi je suis aux côtés du Président de la République, du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement pour refuser la fatalité des errements du marché et assurer, de manière concrète et volontaire, la relance de notre économie.
Mais 2009 doit être aussi « l'année des Parlements »... de tous les Parlements, je pense à nos amis européens et au Parlement européen qui sera renouvelé cette année.
Dans des sociétés mises à mal entre le besoin d'évolution et l'exigence de sécurité, les Parlements devront savoir jouer un rôle central. Face aux risques de crispation identitaire, de démagogie, d'exploitation de tout ce qui peut nous séparer, n'est-ce pas aux Parlements qu'il appartient de s'affirmer comme le lieu de l'échange démocratique, du respect mutuel et de la recherche de la synthèse entre les opinions de chacun ?
Le Parlement est d'abord, c'est sa nature, un lieu de débat. S'y expriment des valeurs qui sont débattues collectivement. Il est la « chambre d'échos » de ce que nous disent nos concitoyens, leurs doutes, leurs angoisses, leurs interrogations, leurs espérances.
A ce sujet, je voudrais mettre l'accent sur une partie de la population que, pour moi, on n'écoute pas assez. Je veux parler des jeunes. Je souhaite que le Parlement, et le Sénat en particulier, sache mieux écouter et mieux accompagner les jeunes Français. Au fond, notre jeunesse n'est pas si bien traitée qu'on l'imagine. Elle est quelque peu « déboussolée » dans un monde qui ne la traite pas avec suffisamment d'attention. Elle est parfois l'oubliée de nos solidarités. Ce sera, pour nous, les Sénateurs, une priorité en 2009.
Les défis du temps incitent le Parlement à imaginer des solutions novatrices. Il devra s'atteler à dynamiser nos territoires et leur gouvernance ; à promouvoir les solidarités républicaines ; à garantir, dans la liberté, la sécurité intérieure ; à réformer la justice et le système pénitentiaire.
Des solutions novatrices, le Sénat en présentera dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales.
Cette réforme, voulue par le Président de la République et souhaitée par tant d'élus locaux que nous rencontrons, interpelle directement le Sénat qui est la Maison des Territoires. Nous, les Sénateurs, sommes garants de la cohésion territoriale du pays. Je vous le dis sincèrement : les Français peuvent avoir confiance dans le Sénat pour faire preuve à la foi d'audaces et de réalisme, pour dépasser la satisfaction de l'immédiateté et pour répondre à l'attente du citoyen et des élus locaux.
Vous le savez bien : le poids financier et humain des collectivités locales et territoriales est considérable. Plus de 200 milliards de budget, 70 % de l'investissement public, 1.800.000 agents publics. Tout cela encadré, entraîné par un demi-million d'élus.
Nos concitoyens expriment une forte attente de proximité, mais aussi une vision d'avenir pour les territoires sur lesquels ils vivent. Cela manifeste un besoin de resserrement des liens civiques avec les élus de la démocratie locale.
Nous, les Sénateurs, sommes très attentifs à l'affirmation du fait métropolitain et à la naissance d'une nouvelle ruralité, dont la vocation est loin d'être seulement agricole. Nous pensons que ces deux évolutions sont porteuses du développement durable de notre pays.
Le Sénat abordera ce débat en parfaite connaissance d'un dossier par nature complexe. C'est tout le sens de la mission sénatoriale sur l'organisation territoriale. C'est tout le sens des débats que nous organiserons au fur et à mesure des contributions externes et internes. Je sais que la presse régionale et départementale est prête à participer au débat démocratique en organisant avec les lecteurs des tables rondes et des échanges. Je participerai au premier d'entre eux lundi prochain 26 janvier, à Bordeaux, avec votre confère, le journal Sud-Ouest.
Des solutions novatrices, le Sénat en présentera sur les textes qu'il examinera dans les prochains mois. Le Parlement sera saisi de dossiers lourds. Le Premier ministre l'a confirmé, il poursuivra son programme de réforme avec un rythme soutenu. Ici, au Sénat, nous aborderons sans tabou les réformes ambitieuses concernant l'hôpital, l'Outre-mer, la programmation militaire, la loi pénitentiaire, la sécurité intérieure, le Grenelle 2, la formation professionnelle. Sur tous ses sujets, le Sénat fera entendre sa voix.
Mais si 2009 est l'année du Parlement, c'est aussi du fait de la réforme constitutionnelle votée en juillet 2008.
En tant que Président du Sénat, je considère cette réforme comme une chance pour le Parlement et que peut s'ouvrir l'ère d'un parlementarisme rénové.
Vous constaterez très rapidement, Mesdames et Messieurs les journalistes, les changements et leurs conséquences. En premier lieu, je pense que vous parlerez plus du Parlement et que vous serez plus en contact avec lui.
En second lieu, ce parlementarisme rénové va favoriser le mode d'expression des groupes de l'opposition et des groupes minoritaires. Cela multipliera, je n'en doute pas, les occasions de venir au Palais du Luxembourg et l'occasion de rencontres avec les Sénateurs ! Je m'en réjouis.
Cette réforme offre des opportunités exceptionnelles au Parlement dans la fixation d'une partie importante de son ordre du jour. Elle renforce le rôle de tous les groupes politiques et ouvre des possibilités nouvelles en matière de contrôle, d'évaluation des politiques publiques, mais aussi dans le domaine de l'initiative législative.
Mais la condition de la réaffirmation du rôle du Parlement réside aussi dans son aptitude à clarifier les débats, à les rendre plus lisibles pour les Français.
Le droit d'amendement, j'ai déjà exprimé publiquement ma conviction, est consubstantiel à l'exercice de la fonction parlementaire. Ce droit, en même temps, il faut le défendre contre les dérives qui menacent l'expression même de ce droit en brouillant la lisibilité et la clarté du travail parlementaire. Je dois vous dire, pour ce qui est du Sénat, que ces dérives sont limitées, très limitées.
La question de la gestion du temps parlementaire n'est pas pour autant méprisable. Le temps du travail en commissions sera nécessairement accru pour la préparation au débat en séance publique. Il le sera aussi dans le domaine du contrôle et de l'évaluation. Le travail en séance ne devra pas être vidé de sa substance. Pour autant, vous le constaterez vous-même : la séance publique devrait être plus dynamique et plus compréhensible pour nos concitoyens. Cela sera aussi possible par un rôle accru des groupes politiques, tant de la majorité que de l'opposition et pour les groupes minoritaires.
Au Sénat, nous avons choisi de donner un « nouveau cap » à notre action. Vous le savez, il s'agit d'une orientation majoritairement choisie et collectivement organisée. Il s'agit d'une volonté commune d'être connus pour nos travaux. Il s'agit d'une volonté collective de promouvoir nos spécificités.
C'est ce que nous avons décidé au Bureau du Sénat. C'est ce que je vous ai présenté avec les Questeurs ces deux derniers mois et que nous avons déjà commencé à mettre en oeuvre. Nous allons continuer de manière déterminée. La stabilité de notre budget sur trois années ; la stricte adéquation de nos moyens à nos missions ; le recentrage de nos travaux autour des missions que la Constitution confère à notre assemblée, ce que j'ai appelé le « coeur de métier » ; la transparence, le contrôle et la certification renforcés de nos comptes, selon les modalités que nous avons choisies, en conformité avec la LOLF et avec le principe de l'autonomie des assemblées ; des informations complètes, compréhensibles et accessibles aux citoyens via notamment le site Internet du Sénat... Tout cela, nous l'avons initié, nous le mettons en place. Oui, nous le ferons et je vous en rendrai compte.
Je vous rappelle que le fait majoritaire n'a pas la même expression ici au Sénat qu'à l'Assemblée Nationale. Ici, aucun groupe n'est majoritaire. Ici, le rapport au temps n'est pas le même qu'à l'Assemblée Nationale. Les approches, les priorités, les sensibilités qui découlent de cette situation sont encore trop peu perçues. A nous, et à vous, de l'expliquer et de le faire partager par les Français.
Une autre spécificité du Sénat que nous avons commencé à affirmer, et que nous continuerons à pratiquer et à développer, est celle de la collégialité.
Une collégialité qui s'exprime d'abord au sein de nos commissions permanentes dans lesquelles les sensibilités politiques peuvent s'exprimer et échanger entre elles en totale liberté. Notre groupe de travail sénatorial sur la mise en oeuvre de la révision constitutionnelle n'a pas souhaité augmenter le nombre de commissions permanentes et les porter à 8 comme cela est maintenant possible. Il a préféré maintenir à 6 le nombre de ces commissions, plus, bien entendu, la commission en charge des affaires européennes.
La collégialité, c'est aussi une plus forte implication de nos groupes politiques dans les décisions collectives. Cette collégialité est renforcée dans sa pluralité au Bureau du Sénat. La plus forte implication des groupes dans la marche du Sénat va notamment se traduire par l'exercice du vote à la proportionnelle des Groupes au sein de la Conférence des Présidents. Nous veillerons aussi à renforcer le rôle des groupes de l'opposition et minoritaires dans l'accès à l'ordre du jour réservé au Parlement, dans l'organisation et la présidence des missions d'information et de contrôle, dans l'exercice du pouvoir de questionnement, dans la lisibilité des débats en séance publique.
Mais la collégialité, ce sont avant tout, les 343 Sénatrices et Sénateurs qui constituent, dans leur diversité, la richesse de notre assemblée.
Mesdames et Messieurs les journalistes, j'ai eu depuis le 1er octobre dernier l'occasion de rencontrer un certain nombre d'entre vous. Depuis cette date, vous avez rendu compte de nos travaux et de nos débats et constaté que l'apport du Sénat, sur chaque texte, est (assez) significatif.
D'autres changements vont intervenir prochainement.
D'ici l'été, Public Sénat aura un nouveau Président-Directeur-Général. Il aura été désigné collégialement, après une instruction conduite par nos collègues Catherine Tasca, Vice-Présidente, Bernard Saugey et Sylvie Desmarescaux , secrétaires du Sénat. Début février, un appel à candidatures sera rendu public ainsi que le détail de la procédure que je souhaite ouverte, transparente. Les projets des postulants devront correspondre à l'ambition du Sénat en matière d'information, de décentralisation et d'interactivité avec les collectivités territoriales et les Français. Cette désignation devra s'inscrire dans l'esprit d'indépendance et de pluralisme qu'il convient de conforter à Public Sénat.
Ce jour me permet de saluer le travail accompli par Jean-Pierre Elkabbach et les équipes de Public Sénat. Lui, et celles et ceux qui l'accompagnent, ont construit une chaîne politique unanimement reconnue pour sa qualité et son pluralisme. Aujourd'hui, elle séduit déjà plus de 17 millions de téléspectateurs par semaine. Je salue devant vous son professionnalisme, leur professionnalisme.
Lui et eux auront permis au Sénat de disposer d'un outil de communication qui, grâce à la TNT, va maintenant être développé, valorisé, mis en place et mis en phase avec la place qu'Internet occupe de plus en plus dans la communication. Aujourd'hui déjà 12 millions d'internautes, et demain, la volonté d'en fédérer encore plus.
Mais, pour dire aux Français ce qu'est le Sénat, Mesdames et Messieurs les journalistes, nous nous tournons vers vous.
Je sais que vous attendez avec impatience et pour certains, avec quelques inquiétudes, les orientations qui seront prises dans quelques jours suite aux Etats-Généraux de la presse. Je connais, pour avoir échangé avec nombre de responsables du secteur, les difficultés que vous rencontrez à tout niveau et je mesure que l'avenir de votre profession est soumise à de multiples contraintes, certaines liées à des choix politiques, d'autres aux contraintes économiques actuelles.
Le Sénat, en tant que garant de toutes les libertés, individuelles et collectives, veillera avec vigilance à ce que soient respectées la liberté et la vitalité de la presse, de toutes les presses.
Je me permets, puisque j'évoque votre secteur, d'ouvrir une brève parenthèse sur la réforme de l'audiovisuel. Vous avez constaté que le Sénat a examiné le texte avec le temps nécessaire à la concertation. Il l'a largement enrichi en adoptant 132 amendements significatifs. 132 amendements qui permettent d'une part, de garantir un financement pérenne à France Télévisions, et d'autre part, de garantir de nouveaux services aux téléspectateurs. De surcroît, toujours dans son rôle de gardien des libertés publiques, les Sénateurs, ont renforcé les pouvoirs du Parlement et l'indépendance de l'audiovisuel public. Je voudrais saluer à cette occasion les deux corapporteurs, Catherine Morin-Desailly et Michel Thiollière, ainsi que le travail de la Commission des Affaires culturelles sous la présidence de Jacques Legendre.
Mesdames et Messieurs les journalistes, l'équipe presse-médias de la Présidence et le Service communication du Sénat s'attachent déjà à être disponibles pour vous aider à trouver l'information que vous cherchez. Ils continueront à l'être.
Je répéterai en 2009, si vous le souhaitez, les rendez-vous avec la presse parlementaire que nous avons initiés à la fin 2008.
Je continuerai à rencontrer vos rédactions de manière informelle pour tisser les liens qui favorisent la compréhension mutuelle d'où naît l'information objective.
Mais je souhaite que ces échanges, vous les ayez avec le plus grand nombre de Sénatrices et de Sénateurs.
Nous, les Sénateurs, organiserons avec la presse, notamment de province, des débats publics sur les sujets que nous estimerons importants.
Nous affirmerons envers vous, journalistes, la logique de transparence que nous avons établie.
Nous nous efforcerons de faciliter votre travail, que vous soyez parisiens, provinciaux ou correspondants de la presse étrangère.
Je voudrais vous dire que ce ne sont pas simplement des paroles de début d'année. Il y aura des actes.
Avant de partager avec vous un moment de convivialité, je tiens à vous dire notre volonté de faciliter votre travail. Très concrètement, vous pouvez désormais disposer d'un badge nominatif avec puce magnétique vous permettant, sans avoir à vous soumettre aux procédures d'accueil que certains m'ont dit longues, l'accès « main-libre » au Palais du Luxembourg, à l'instar des Sénateurs. Symboliquement, je vais remettre à Sophie Huet, Présidente de l'Association des Journalistes Parlementaires, la carte, à toute Présidente, tout honneur, qui porte le n° 1.
Oui sincèrement et avec le respect que je porte à votre profession, à votre travail et à vous-mêmes, je vous souhaite une bonne et heureuse année. Bonne année pour vous-même, pour vos proches, mais également pour vos journaux, pour vos radios, pour vos télévisions, pour tous les supports qui sont ceux d'aujourd'hui et de demain.
Source http://www.senat.fr, le 22 janvier 2009