Texte intégral
M. Darmon - Il a été ministre de la Santé, puis ministre du Travail avant de choisir le ministère de la parole, il est secrétaire général de l'UMP depuis trente jours, aujourd'hui jour pour jour ; bonjour X. Bertrand.
Bonjour, M. Darmon.
Alors pas de gouvernement blues, quand vous voyez l'actualité gouvernementale en pleine effervescence ?
Pas de nostalgie. Et en plus, être à la tête du mouvement populaire qu'est l'UMP, ce n'est pas seulement être dans la parole, mais c'est aussi être dans des propositions concrètes que nous aurons à faire sur les DOM-TOM, sur le partage des richesses. Autant de sujets sur lesquels on sera au rendez-vous, on sera acteurs.
On va y venir. Alors en terme de parole, F. Lefebvre, porte-parole donc de l'UMP, déclare irresponsables S. Royal et O. Besancenot parce qu'ils sont aux Antilles, c'est un mot que vous reprenez ; c'est irresponsable d'aller voir les Antillais en ce moment ?
C'est totalement irresponsable de la part d'O. Besancenot, de J. Bove et de S. Royal de se livrer au numéro auquel ils ont pu participer à la Guadeloupe. Nous avons atteint avec O. Besancenot et S. Royal des sommets en matière de récupération politicienne. Des sommets, du jamais vu ! Aucune proposition avant sur justement les DOM-TOM, aucune proposition sur place, mais juste pour eux la volonté de se faire voir et de se faire entendre. Et encore...
Mais est-ce que ce n'est pas ça la politique justement ?
Non !
...Récupérer, rebondir sur l'actualité ? Est-ce que ce n'est pas de la récupération aussi quand on va voir des sinistrés après une tempête ou des blessés après un grave accident ? Ce n'est pas ça aussi la politique ?
Qu'est-ce qui est attendu, c'est d'être au côté pour faire des propositions et pour régler les problèmes. Qu'il y ait une situation difficile aux Antilles, tout le monde est d'accord, mais ce qu'il faut c'est avant tout faire des propositions. Et je vous l'ai dit, le mouvement populaire va aussi participer à ces états généraux de l'Outre-mer qu'a proposé le président de la République. Là il y a eu des mesures qui ont été des mesures concrètes sur place. Quand Y. Jégo a trouvé 131 solutions à 131 problèmes...
...Avant d'être rapatrié parce que la 132ème ne plaisait pas.
Tout simplement parce qu'il est bien évident que c'est aux entreprises et aux syndicats de trouver les solutions. Le dialogue social doit être renforcé, en Guadeloupe comme en Outre-mer, et d'ailleurs c'est l'un des cinq chantiers qui a été posé par le président de la République pour l'Outre-mer.
Mais justement, sur le fond, expliquez-nous, parce qu'il y a quelques temps, avant l'intervention de N. Sarkozy, il n'était pas question que l'Etat intervienne, c'était une question entre salariés et patronat, et puis après le président de la République parle, on ouvre le chéquier, l'Etat revient dans le jeu. Alors où est la cohérence ?
Ne confonds pas. Il ne faut pas qu'il y ait de confusion dans les esprits. Aujourd'hui, ce que propose le président de la République c'est de penser une nouvelle politique pour l'Outre-mer. Une nouvelle politique en terme de gouvernance, quelle est justement la meilleure façon de pouvoir gouverner, de prendre les décisions justement dans l'Outre-mer. L'autre sujet, c'est la baisse des prix : comment les prix se forment et comment se fait-il que la vie est forcément plus chère qu'ailleurs en Outre-mer ?
On le sait depuis des décennies, les monopoles, l'économie de comptoir...
Eh bien justement, il n'y a pas de fatalité à ce que cela continue. Voilà pourquoi il faut aujourd'hui penser une nouvelle politique pour l'Outre-mer et de bien veiller également à ce qu'on réfléchisse à des sujets très concrets. Pourquoi il n'y a pas plus d'élevage ? Pourquoi il y a des importations notamment, il y a de l'espace en Outre-mer, les pâtures. Pourquoi, justement, au moment où il y a le Salon de l'Agriculture, pourquoi on ne se pose pas la question de davantage d'agriculture et d'élevage sur place ? Ces questions-là ne sont pas des questions taboues.
D'ailleurs, vous irez tout à l'heure au Salon de l'Agriculture en sortant d'ici, vous ferez un stop au stand des Antilles ?
Je ne sais pas ce qui est prévu, mais j'aime bien effectivement l'Outre-mer, j'ai été ministre...
Est-ce que vous irez au stand des Antilles ?
Je ne sais pas, franchement...
Ni N. Sarkozy, ni F. Fillon ne se sont arrêtés au stand des Antilles.
Je ne sais pas ce qui est prévu dans le déplacement, mais j'aurais plaisir à rencontrer les Antillais, comme j'ai eu chaque fois plaisir dans l'Océan indien à rencontrer, que ce soit les habitants de La Réunion ou que ce soit ceux de Mayotte.
Eh bien on verra ça. Des voix s'élèvent au sein de la majorité pour dénoncer le projet de nommer F. Pérol, actuellement secrétaire général adjoint de l'Elysée, conseiller économique de N. Sarkozy, qui a organisé la fusion des banques Caisse d'épargne-Banque Populaire, et dont il pourrait prendre la tête. Est-ce que cela vous trouvez ça choquant, normal, légitime ?
Il y a quand même des professionnels de la polémique ! Il y a quand même des professionnels de la polémique qui ne vous apportent jamais aucune solution, qui ne se prononcent jamais sur le fond, mais qui cherchent encore une fois à rebondir sur tel ou tel évènement. Qu'est-ce qui est important ? Est-ce que la fusion Caisse d'épargne-Banque Populaire est un bon projet pour la France et pour les Français ? Oui. Et personne ne remet en cause le bien-fondé de ce projet. Est-ce que pour ce projet, il faudrait mettre le meilleur à ce poste ? La réponse est claire, c'est oui. Je ne sais pas exactement ce qui sera décidé, mais si c'était F. Pérol, pour moi, c'est le meilleur à ce poste. Il a la crédibilité...
Pourtant, il y a des règles de pantouflage pour éviter qu'un agent public aille dans le privé dans les mêmes secteurs dont il s'est occupé.
Quelqu'un qui vient travailler un moment donné pour l'Etat, c'est parce qu'il est compétent, et parce qu'il travaillerait pour l'Etat, il perdrait sa compétence ? Parce qu'il travaille pour l'Etat, il perdrait sa crédibilité. Je ne le crois pas. En revanche, personne n'a remis en cause le bienfondé des compétences, l'honnêteté, l'intelligence de F. Pérol. Et j'ai même vu d'ailleurs quelqu'un comme J.-L. Bianco, qui n'est pas n'importe qui, qui est parlementaire, qui est socialiste, proche de S. Royal, qui a été secrétaire général de l'Elysée, qui dit que ce serait même une bonne chose. Donc voilà pourquoi sur ce sujet-là, quand on a un projet important, un projet qui est bon pour la France et pour les Français, il faut mettre le meilleur à ce poste.
Quand vous dites professionnel de la polémique, F. Goulard, député UMP, proche de D. de Villepin, dit "N. Sarkozy est un bonapartisme interventionniste", c'est un professionnel de la polémique ?
F. Goulard est quand même le spécialiste des petites phrases. Je crois qu'on est aujourd'hui dans une période politique, notamment avec cette crise, qui est l'une des crises les plus importantes qu'on ait jamais connues, où si l'on pouvait mettre un peu entre parenthèses les petites phrases, ça ne ferait de mal à personne. D'ailleurs, vous m'avez cité d'autres personnalités de la majorité, vous m'avez cité un député, il y en a plus de 300 et le seul qui se soit exprimé dans ce sens.
Il y en a d'autres également. L'opinion lâche...
Lesquels ?
L'opinion lâche N. Sarkozy ces jours-ci ; pourquoi n'arrive t-il pas à convaincre alors qu'il s'exprime autant ?
Aujourd'hui, l'enjeu principal, est-ce que c'est la popularité ou est-ce que c'est de prendre les bonnes décisions pour sortir le plus vite possible de la crise ? Je crois que vous-même vous avez la réponse. C'est tout simplement de sortir le plus vite de cette crise. Dans tous les pays du monde, tous sans exception, tous les leaders qui sont en responsabilités connaissent une baisse de leurs sondages. La belle affaire ! Le vrai sujet aujourd'hui, c'est qu'il faut être sur le pont, il faut être en initiative, il faut prendre des décisions le plus vite possible et les appliquer le plus vite possible. Le sommet social de la semaine dernière et ses suites, apporte des nouvelles réponses face à la crise et c'est ça qui est important. Je préfère que l'on puisse mesurer les résultats apportés par nos décisions plutôt que de mesurer tous les jours les sondages, parce que quand les sondages ont remonté à un moment donné, on n'en a pas parlé. Quand ils baissent...
On en parle aussi quand les sondages montent...
Oh beaucoup moins, beaucoup moins !
Alors justement vous parliez des mots nouveaux, des mots importants. "Justice sociale" remplace aujourd'hui "pouvoir d'achat", on a le sentiment que c'est un changement de cap qui ne dit pas son nom. Pourquoi tout simplement ne pas dire "on change de politique, la situation l'impose et on passe à autre chose", peut-être que les Français trouveraient ça plus cohérent ?
On tient le cap. On tient le cap et le cap c'est celui...
Il a changé le cap !
Non. Quand vous êtes en pleine mer et que vous êtes confronté à une tempête, ce n'est pas le moment de jeter l'ancre, vous devez au contraire tenir le cap et avancer. Quel est notre cap ? C'est celui du travail et de l'emploi. Il faut mettre le paquet sur l'emploi, parce que quand vous avez un emploi...
Mais l'emploi se dégrade...
Vous avez un salaire tous les mois. Et aujourd'hui en France, on le voit bien, il y a davantage de chômeurs, voilà pourquoi nous réagissons et nous prenons de nouvelles mesures, mais la situation n'est pas tout à fait la même que dans d'autres pays, parce qu'on a anticipé avec le texte voté l'an dernier sur le pouvoir d'achat des Français, ces milliards d'euros sont là aujourd'hui dans l'économie, mais nous ne resterons pas non plus les bras croisés.
On a l'impression que ce fameux modèle social français est maintenant magnifié alors qu'avant qu'il était critiqué. Encore en mars dernier à Londres, N. Sarkozy disait "vous êtes le modèle". Aujourd'hui, c'est le modèle social français qui aujourd'hui est porté aux nues ; ce n'est pas un changement de cap ça ?
Vous savez, depuis 2004, j'étais ministre en charge de la Solidarité...
Justement, c'est pour ça que je vous pose la question...
Donc ce modèle social, je vais vous dire une chose, il a de l'importance ce modèle social, il a un vrai rôle protecteur...
Il a été critiqué à l'époque...
Il a un vrai rôle d'amortisseur quand il y a des crises. La seule chose c'est qu'il faut le moderniser, parce que si nous ne menons pas les réformes, nos enfants, eux, le modèle social ne sera plus qu'un lointain souvenir pour eux. Et c'est à nous de prendre nos responsabilités, c'est à nous de faire ce travail de réforme, mais tenir le cap du travail, de l'emploi c'est essentiel, parce que, je le répète, un emploi c'est un salaire tous les mois et c'est du pouvoir d'achat tous les mois. Et pour ceux qui sont éloignés de l'emploi, c'est la solidarité qui doit jouer. Les personnes handicapées, les personnes retraitées au 1er avril il y aura des augmentations importantes qui sont prévues et c'est normal parce que c'est le jeu de la solidarité. Mais c'est d'ailleurs la vocation du mouvement populaire qu'est l'UMP d'apporter des solutions et des solutions nouvelles.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24 février 2009
Bonjour, M. Darmon.
Alors pas de gouvernement blues, quand vous voyez l'actualité gouvernementale en pleine effervescence ?
Pas de nostalgie. Et en plus, être à la tête du mouvement populaire qu'est l'UMP, ce n'est pas seulement être dans la parole, mais c'est aussi être dans des propositions concrètes que nous aurons à faire sur les DOM-TOM, sur le partage des richesses. Autant de sujets sur lesquels on sera au rendez-vous, on sera acteurs.
On va y venir. Alors en terme de parole, F. Lefebvre, porte-parole donc de l'UMP, déclare irresponsables S. Royal et O. Besancenot parce qu'ils sont aux Antilles, c'est un mot que vous reprenez ; c'est irresponsable d'aller voir les Antillais en ce moment ?
C'est totalement irresponsable de la part d'O. Besancenot, de J. Bove et de S. Royal de se livrer au numéro auquel ils ont pu participer à la Guadeloupe. Nous avons atteint avec O. Besancenot et S. Royal des sommets en matière de récupération politicienne. Des sommets, du jamais vu ! Aucune proposition avant sur justement les DOM-TOM, aucune proposition sur place, mais juste pour eux la volonté de se faire voir et de se faire entendre. Et encore...
Mais est-ce que ce n'est pas ça la politique justement ?
Non !
...Récupérer, rebondir sur l'actualité ? Est-ce que ce n'est pas de la récupération aussi quand on va voir des sinistrés après une tempête ou des blessés après un grave accident ? Ce n'est pas ça aussi la politique ?
Qu'est-ce qui est attendu, c'est d'être au côté pour faire des propositions et pour régler les problèmes. Qu'il y ait une situation difficile aux Antilles, tout le monde est d'accord, mais ce qu'il faut c'est avant tout faire des propositions. Et je vous l'ai dit, le mouvement populaire va aussi participer à ces états généraux de l'Outre-mer qu'a proposé le président de la République. Là il y a eu des mesures qui ont été des mesures concrètes sur place. Quand Y. Jégo a trouvé 131 solutions à 131 problèmes...
...Avant d'être rapatrié parce que la 132ème ne plaisait pas.
Tout simplement parce qu'il est bien évident que c'est aux entreprises et aux syndicats de trouver les solutions. Le dialogue social doit être renforcé, en Guadeloupe comme en Outre-mer, et d'ailleurs c'est l'un des cinq chantiers qui a été posé par le président de la République pour l'Outre-mer.
Mais justement, sur le fond, expliquez-nous, parce qu'il y a quelques temps, avant l'intervention de N. Sarkozy, il n'était pas question que l'Etat intervienne, c'était une question entre salariés et patronat, et puis après le président de la République parle, on ouvre le chéquier, l'Etat revient dans le jeu. Alors où est la cohérence ?
Ne confonds pas. Il ne faut pas qu'il y ait de confusion dans les esprits. Aujourd'hui, ce que propose le président de la République c'est de penser une nouvelle politique pour l'Outre-mer. Une nouvelle politique en terme de gouvernance, quelle est justement la meilleure façon de pouvoir gouverner, de prendre les décisions justement dans l'Outre-mer. L'autre sujet, c'est la baisse des prix : comment les prix se forment et comment se fait-il que la vie est forcément plus chère qu'ailleurs en Outre-mer ?
On le sait depuis des décennies, les monopoles, l'économie de comptoir...
Eh bien justement, il n'y a pas de fatalité à ce que cela continue. Voilà pourquoi il faut aujourd'hui penser une nouvelle politique pour l'Outre-mer et de bien veiller également à ce qu'on réfléchisse à des sujets très concrets. Pourquoi il n'y a pas plus d'élevage ? Pourquoi il y a des importations notamment, il y a de l'espace en Outre-mer, les pâtures. Pourquoi, justement, au moment où il y a le Salon de l'Agriculture, pourquoi on ne se pose pas la question de davantage d'agriculture et d'élevage sur place ? Ces questions-là ne sont pas des questions taboues.
D'ailleurs, vous irez tout à l'heure au Salon de l'Agriculture en sortant d'ici, vous ferez un stop au stand des Antilles ?
Je ne sais pas ce qui est prévu, mais j'aime bien effectivement l'Outre-mer, j'ai été ministre...
Est-ce que vous irez au stand des Antilles ?
Je ne sais pas, franchement...
Ni N. Sarkozy, ni F. Fillon ne se sont arrêtés au stand des Antilles.
Je ne sais pas ce qui est prévu dans le déplacement, mais j'aurais plaisir à rencontrer les Antillais, comme j'ai eu chaque fois plaisir dans l'Océan indien à rencontrer, que ce soit les habitants de La Réunion ou que ce soit ceux de Mayotte.
Eh bien on verra ça. Des voix s'élèvent au sein de la majorité pour dénoncer le projet de nommer F. Pérol, actuellement secrétaire général adjoint de l'Elysée, conseiller économique de N. Sarkozy, qui a organisé la fusion des banques Caisse d'épargne-Banque Populaire, et dont il pourrait prendre la tête. Est-ce que cela vous trouvez ça choquant, normal, légitime ?
Il y a quand même des professionnels de la polémique ! Il y a quand même des professionnels de la polémique qui ne vous apportent jamais aucune solution, qui ne se prononcent jamais sur le fond, mais qui cherchent encore une fois à rebondir sur tel ou tel évènement. Qu'est-ce qui est important ? Est-ce que la fusion Caisse d'épargne-Banque Populaire est un bon projet pour la France et pour les Français ? Oui. Et personne ne remet en cause le bien-fondé de ce projet. Est-ce que pour ce projet, il faudrait mettre le meilleur à ce poste ? La réponse est claire, c'est oui. Je ne sais pas exactement ce qui sera décidé, mais si c'était F. Pérol, pour moi, c'est le meilleur à ce poste. Il a la crédibilité...
Pourtant, il y a des règles de pantouflage pour éviter qu'un agent public aille dans le privé dans les mêmes secteurs dont il s'est occupé.
Quelqu'un qui vient travailler un moment donné pour l'Etat, c'est parce qu'il est compétent, et parce qu'il travaillerait pour l'Etat, il perdrait sa compétence ? Parce qu'il travaille pour l'Etat, il perdrait sa crédibilité. Je ne le crois pas. En revanche, personne n'a remis en cause le bienfondé des compétences, l'honnêteté, l'intelligence de F. Pérol. Et j'ai même vu d'ailleurs quelqu'un comme J.-L. Bianco, qui n'est pas n'importe qui, qui est parlementaire, qui est socialiste, proche de S. Royal, qui a été secrétaire général de l'Elysée, qui dit que ce serait même une bonne chose. Donc voilà pourquoi sur ce sujet-là, quand on a un projet important, un projet qui est bon pour la France et pour les Français, il faut mettre le meilleur à ce poste.
Quand vous dites professionnel de la polémique, F. Goulard, député UMP, proche de D. de Villepin, dit "N. Sarkozy est un bonapartisme interventionniste", c'est un professionnel de la polémique ?
F. Goulard est quand même le spécialiste des petites phrases. Je crois qu'on est aujourd'hui dans une période politique, notamment avec cette crise, qui est l'une des crises les plus importantes qu'on ait jamais connues, où si l'on pouvait mettre un peu entre parenthèses les petites phrases, ça ne ferait de mal à personne. D'ailleurs, vous m'avez cité d'autres personnalités de la majorité, vous m'avez cité un député, il y en a plus de 300 et le seul qui se soit exprimé dans ce sens.
Il y en a d'autres également. L'opinion lâche...
Lesquels ?
L'opinion lâche N. Sarkozy ces jours-ci ; pourquoi n'arrive t-il pas à convaincre alors qu'il s'exprime autant ?
Aujourd'hui, l'enjeu principal, est-ce que c'est la popularité ou est-ce que c'est de prendre les bonnes décisions pour sortir le plus vite possible de la crise ? Je crois que vous-même vous avez la réponse. C'est tout simplement de sortir le plus vite de cette crise. Dans tous les pays du monde, tous sans exception, tous les leaders qui sont en responsabilités connaissent une baisse de leurs sondages. La belle affaire ! Le vrai sujet aujourd'hui, c'est qu'il faut être sur le pont, il faut être en initiative, il faut prendre des décisions le plus vite possible et les appliquer le plus vite possible. Le sommet social de la semaine dernière et ses suites, apporte des nouvelles réponses face à la crise et c'est ça qui est important. Je préfère que l'on puisse mesurer les résultats apportés par nos décisions plutôt que de mesurer tous les jours les sondages, parce que quand les sondages ont remonté à un moment donné, on n'en a pas parlé. Quand ils baissent...
On en parle aussi quand les sondages montent...
Oh beaucoup moins, beaucoup moins !
Alors justement vous parliez des mots nouveaux, des mots importants. "Justice sociale" remplace aujourd'hui "pouvoir d'achat", on a le sentiment que c'est un changement de cap qui ne dit pas son nom. Pourquoi tout simplement ne pas dire "on change de politique, la situation l'impose et on passe à autre chose", peut-être que les Français trouveraient ça plus cohérent ?
On tient le cap. On tient le cap et le cap c'est celui...
Il a changé le cap !
Non. Quand vous êtes en pleine mer et que vous êtes confronté à une tempête, ce n'est pas le moment de jeter l'ancre, vous devez au contraire tenir le cap et avancer. Quel est notre cap ? C'est celui du travail et de l'emploi. Il faut mettre le paquet sur l'emploi, parce que quand vous avez un emploi...
Mais l'emploi se dégrade...
Vous avez un salaire tous les mois. Et aujourd'hui en France, on le voit bien, il y a davantage de chômeurs, voilà pourquoi nous réagissons et nous prenons de nouvelles mesures, mais la situation n'est pas tout à fait la même que dans d'autres pays, parce qu'on a anticipé avec le texte voté l'an dernier sur le pouvoir d'achat des Français, ces milliards d'euros sont là aujourd'hui dans l'économie, mais nous ne resterons pas non plus les bras croisés.
On a l'impression que ce fameux modèle social français est maintenant magnifié alors qu'avant qu'il était critiqué. Encore en mars dernier à Londres, N. Sarkozy disait "vous êtes le modèle". Aujourd'hui, c'est le modèle social français qui aujourd'hui est porté aux nues ; ce n'est pas un changement de cap ça ?
Vous savez, depuis 2004, j'étais ministre en charge de la Solidarité...
Justement, c'est pour ça que je vous pose la question...
Donc ce modèle social, je vais vous dire une chose, il a de l'importance ce modèle social, il a un vrai rôle protecteur...
Il a été critiqué à l'époque...
Il a un vrai rôle d'amortisseur quand il y a des crises. La seule chose c'est qu'il faut le moderniser, parce que si nous ne menons pas les réformes, nos enfants, eux, le modèle social ne sera plus qu'un lointain souvenir pour eux. Et c'est à nous de prendre nos responsabilités, c'est à nous de faire ce travail de réforme, mais tenir le cap du travail, de l'emploi c'est essentiel, parce que, je le répète, un emploi c'est un salaire tous les mois et c'est du pouvoir d'achat tous les mois. Et pour ceux qui sont éloignés de l'emploi, c'est la solidarité qui doit jouer. Les personnes handicapées, les personnes retraitées au 1er avril il y aura des augmentations importantes qui sont prévues et c'est normal parce que c'est le jeu de la solidarité. Mais c'est d'ailleurs la vocation du mouvement populaire qu'est l'UMP d'apporter des solutions et des solutions nouvelles.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24 février 2009