Texte intégral
M. Biraben, C. Roux & L. Mercadet.- M. Biraben : Le ministre de la Relance, P. Devedjian, est avec nous.
C. Roux : Il a sans doute moyennement apprécié que son Premier ministre se répande pour dire qu'aucun plan de relance ne permettrait d'éviter la récession et la crise. Autant dire au ministre de la Relance qu'il se bat contre des moulins à vent. Sa réponse : un site Internet pour montrer l'avancement du plan de relance point par point, alors que le Gouvernement pourrait faire aboutir un dossier enlisé depuis des années, la baisse de la TVA dans la restauration. Bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : P. Devedjian, bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Si la baisse de la TVA passe, est-ce que ce sera dans la restauration, est-ce que ce sera une bonne nouvelle pour le ministre de la Relance ?
Bien sûr, ça devrait créer de l'emploi, et le but de la relance, c'est d'abord de lutter contre le chômage. Donc oui.
C. Roux : Une baisse à combien, parce qu'il y a un débat sur baisser la TVA à 5,5 ou taux intermédiaire, qu'est-ce que vous demandez, vous, ce matin, en tant que ministre de la Relance ?
Eh bien, je pense que toute baisse est bonne d'abord, toute baisse est bonne de la TVA, parce qu'elle est stimulante pour la création d'emplois, pour l'activité. 5,5, c'est bien, oui.
C. Roux : Toute baisse de la TVA est bonne. Juste pour la restauration ?
Là-dessus, oui...
C. Roux : Parce qu'on se disait, il y a eu un changement de cap. Et pourquoi justement, pourquoi sur la restauration, ça serait positif, pourquoi ne pas l'étendre à d'autres secteurs, à la baisse de la TVA ?
Mais parce que là, on est dans la restauration, sur un secteur qui est lui-même très demandeur d'emplois, et très créateur, et qu'on aura, à ce moment-là, évidemment, un effet sur la consommation, sur la clientèle, et on le sait, quoi, ça a été calculé.
C. Roux : Et justement, ça a été calculé, vous avez une estimation chiffrée, combien ça pourrait créer d'emplois dans la restauration ?
Non, je ne fais pas de prévisions, surtout en ce moment, c'est assez difficile, mais c'est sûr que ça va dans le bon sens, c'est sûr que ça crée des emplois.
C. Roux : Ça coûte cher, dit un autre ministre du gouvernement, E. Woerth.
Oui, il a raison.
C. Roux : Il dit, lui, il vaudrait mieux que ce soit un taux intermédiaire, autour de 10 ou 12, parce que ça coûterait un milliard, alors que sinon, ça coûtera trois milliards et demi. Vous lui dites quoi ?
Ce que je lui dis, c'est que... je le comprends bien, il est le gardien de la caisse, et en ce moment, c'est difficile pour lui, je me mets à sa place. Moi, par contre, mon but, c'est de créer des emplois. Et c'est vrai qu'il faut y aller fortement.
C. Roux : Ça veut dire que ça vaut la peine ?
Je pense que ça vaut la peine, et puis, c'est un engagement qui a été pris depuis longtemps, et pas par N. Sarkozy, par J. Chirac, mais c'est bien que tout le monde voie que les hommes politiques tiennent leurs engagements.
C. Roux : On passe plus généralement au dossier de la relance, votre dossier. Est-ce que vous êtes dans l'autosatisfaction, à vous dire : tout avance assez vite, tout est formidable ou est-ce que vous vous dites : ça pourrait aller plus vite ?
Je ne suis pas dans l'autosatisfaction, d'abord, parce qu'il n'y a que les résultats qui peuvent donner de l'autosatisfaction, et encore, et que les résultats, eh bien, ils sont lents à venir, ils viennent, je les vois venir, mais...
C. Roux : Vous les voyez venir, vous ?
Oui. Je vois les chantiers s'ouvrir. Nous lançons 1.000 chantiers, et tous les jours, il y a des chantiers qui s'ouvrent, et donc il y a des recrutements, soit qui se font, soit qui sont maintenus. Donc ça, c'est un motif de satisfaction. Mais en même temps, le chômage est tellement fort, vous avez vu les chiffres, il est tellement fort...
C. Roux : 90.000 en un mois...
Et donc tout ce qu'on fait, eh bien, on nous incite à en faire encore plus.
C. Roux : Est-ce que vous comprenez que certains commentateurs puissent dire : ça ne va pas assez vite, tout simplement parce que le chômage explose, et que justement, les résultats, on ne les voit pas ?
Si, on les voit quand même, je vous dis, prenez notre site sur Internet, vous verrez, il y a maintenant plus de 700 chantiers qui sont positionnés sur le site, que vous pouvez regarder un par un, et ça, c'est effectif.
C. Roux : Sur l'emploi, quand est-ce qu'on verra l'effet sur l'emploi ?
On le verra vers la fin de l'année, parce que les statistiques le mesurent tardivement, mais on le voit tous les jours. Par exemple, les mesures sur les TPE, les très petites entreprises, qui ont déchargé complètement sur l'année 2009 tous les recrutements, il n'y a pas de charges sur les recrutements, zéro charge, eh bien, c'est 3.000 emplois par jour. Alors, dedans, il y a aussi un effet d'aubaine là-dedans, mais il y a des recrutements supplémentaires.
C. Roux : Alors, vous dites : on verra les résultats à la fin de l'année...
On les mesurera...
C. Roux : Bon, alors, on les mesurera. Combien d'emplois créés...
Voilà, mais on les voit tous les jours par le Plan de relance.
C. Roux : Combien d'emplois créés d'ici à la fin de l'année ? Vous avez des projections ?
Eh bien, je vais vous dire, oui, quand on donne un chiffre, on se moque de vous, alors je vais vous dire comment je le calcule, les professionnels du bâtiment considèrent que, un logement construit, c'est 1,2 emploi ; la CAPEB par exemple, qui est un organisme professionnel, considère ça. On va construire 100.000 logements, on est en train, on en a déjà fait 25.000. Eh bien, sur ces 100.000 logements, ça fait 120.000 emplois. On fait la rénovation de 20.000 logements. Ça, ça représente 36.000 emplois, 1,8 emploi par logement rénové, etc., etc. ; ça nous amène entre 150 et 200.000, si on arrive à faire tout ça dans l'année.
M. Biraben : L'Outremer, Caroline ?
C. Roux : Oui, l'Outremer, puisque vous allez aller défendre un plan de relance en Outremer, et vous avez ce matin un message de M. Alliot-Marie qui dit : la priorité, c'est de relancer l'économie en Outremer. Elle a raison ?
Oui, elle a raison...
C. Roux : Il faut aller plus vite en Outremer qu'en métropole ?
Il faut aller aussi vite qu'on le peut, mais dans les deux cas, il faut aller aussi vite qu'on le peut, simplement, ce n'est pas toujours facile. En Outremer, le plan de relance avait prévu 156 millions pour l'Outremer, et nous rajoutons 40 millions, notamment sur le logement. Donc ça fait presque 200 millions, rien que pour le plan de relance.
C. Roux : Et qu'est-ce que vous allez devoir vérifier sur place ?
Le démarrage des chantiers...
C. Roux : C'est-à-dire ?
Ce n'est pas le tout d'annoncer, de mettre de l'argent...
C. Roux : C'est-à-dire la bonne volonté des élus, c'est ça, c'est quoi ?
Non, l'administration, la bureaucratie qui, souvent, retarde les choses, enlise les dossiers...
C. Roux : C'est la faute des fonctionnaires...
Non, pas du tout, c'est notre système, on est tous responsables, notre système d'organisation collective qui est très compliqué, et qui souvent a pour objet de retarder l'aboutissement des dossiers. C'est la raison pour laquelle on a fait un ministère de la Relance, c'est pour suivre le dossier de A à Z.
M. Biraben : Alors, on parle déjà de la reprise.
C. Roux : Eh oui, c'est J.-C. Trichet qui annonce une possible reprise en 2010, dès 2010. Est-ce que vous approuvez ce calendrier ?
Oui, il a raison. Oui, il a raison, il y a plein de raisons pour cela. Premièrement, les emprunts toxiques, eh bien, progressivement, on les purge, donc à la fin de l'année, on en aura quand même purgé sans doute une part très importante. Donc ça assainit l'économie. En même temps, les matières premières ont baissé, vous avez vu le prix du pétrole par exemple, donc c'est aussi un facteur de relance. Et puis, tous les gouvernements prennent des mesures de relance, tout le monde, et ça finit par faire de l'effet quand même.
M. Biraben : Une question de spectateur tout de suite pour vous.
L. Mercadet : Bonjour Monsieur le ministre. Une question de Gaëlle sur l'aide aux constructeurs automobiles français, question très simple : à quoi ça va servir de construire des voitures que personne n'aura les moyens d'acheter ?
Eh bien, ce n'est pas vrai, la prime à la casse, ça nous a fait vendre environ 50.000 voitures de plus en France. Et celle que les Allemands ont prise a un grand succès sur les voitures françaises aussi. Donc oui, c'est acheté....
L. Mercadet : Vous savez que la «TATA «mobile» va arriver à 5.000 euros en France prochainement, dans deux ans, est-ce que les constructeurs français ne doivent pas prévoir des voitures à 5.000 euros ?
Oui, vous avez raison, en même temps, les constructeurs... et c'est une des causes de la crise, il n'y a pas seulement le problème des financiers, le problème des emprunts, il y a le fait que nos voitures ne correspondent pas assez à la demande des clients aujourd'hui, voilà. Donc c'est un des éléments du plan de relance, la restructuration de la filière automobile, toute l'action sur la recherche, ça passe par une nouvelle conception de l'automobile.
L. Mercadet : D'accord.
C. Roux : Alors, un mot sur Larry Summers, vous connaissez Larry Summers ?
J'en ai entendu parler maintenant...
C. Roux : Bon, il est conseiller économique d'Obama, et il adresse un message aux Européens, donc j'imagine qu'en tant que ministre de la Relance de la France, vous êtes concerné. Il dit en gros qu'il faut poursuivre l'effort de relance à la veille du G20, plutôt que de commencer à savoir comment on va réguler le capitalisme en prévision de cette réunion du G20. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
Je pense que les Etats-Unis devraient être modestes dans les leçons. Premièrement, la crise nous vient des Etats-Unis, c'est le système fou et dérégulé qui a empoisonné l'ensemble des économies. Deuxièmement, pour le plan de relance, il a raison, sauf que les Etats-Unis ont mis beaucoup de temps à lancer le leur, parce qu'il y avait une espèce de trou d'air politique avec le changement de présidence...
C. Roux : Ils ont mis beaucoup plus de moyens...
Ils ont mis beaucoup plus de moyens. Seulement, ils n'arrivent pas encore sur le terrain parce que les Etats-Unis, c'est un Etat fédéral, très grand, et pour accompagner chaque dollar jusqu'à l'aboutissement sur le chantier, créateur d'activité, ça, c'est assez dur aux Etats-Unis. Donc c'est très bien de nous dire ce qu'il faut faire, mais d'abord, il fallait le faire les premiers, il fallait le faire plus tôt, nous, on a été les premiers à le faire. Et deuxièmement, il faut aussi purger le système américain et instituer une régulation parce que ça donnera de la confiance.
C. Roux : Vous n'avez pas de leçon à recevoir des Américains. Ça, c'est dit...
M. Biraben : Voilà qui est dit !
Non, sur la crise...
M. Biraben : Envoyé !
Franchement, c'est nous qui payons la note.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2009
C. Roux : Il a sans doute moyennement apprécié que son Premier ministre se répande pour dire qu'aucun plan de relance ne permettrait d'éviter la récession et la crise. Autant dire au ministre de la Relance qu'il se bat contre des moulins à vent. Sa réponse : un site Internet pour montrer l'avancement du plan de relance point par point, alors que le Gouvernement pourrait faire aboutir un dossier enlisé depuis des années, la baisse de la TVA dans la restauration. Bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : P. Devedjian, bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Si la baisse de la TVA passe, est-ce que ce sera dans la restauration, est-ce que ce sera une bonne nouvelle pour le ministre de la Relance ?
Bien sûr, ça devrait créer de l'emploi, et le but de la relance, c'est d'abord de lutter contre le chômage. Donc oui.
C. Roux : Une baisse à combien, parce qu'il y a un débat sur baisser la TVA à 5,5 ou taux intermédiaire, qu'est-ce que vous demandez, vous, ce matin, en tant que ministre de la Relance ?
Eh bien, je pense que toute baisse est bonne d'abord, toute baisse est bonne de la TVA, parce qu'elle est stimulante pour la création d'emplois, pour l'activité. 5,5, c'est bien, oui.
C. Roux : Toute baisse de la TVA est bonne. Juste pour la restauration ?
Là-dessus, oui...
C. Roux : Parce qu'on se disait, il y a eu un changement de cap. Et pourquoi justement, pourquoi sur la restauration, ça serait positif, pourquoi ne pas l'étendre à d'autres secteurs, à la baisse de la TVA ?
Mais parce que là, on est dans la restauration, sur un secteur qui est lui-même très demandeur d'emplois, et très créateur, et qu'on aura, à ce moment-là, évidemment, un effet sur la consommation, sur la clientèle, et on le sait, quoi, ça a été calculé.
C. Roux : Et justement, ça a été calculé, vous avez une estimation chiffrée, combien ça pourrait créer d'emplois dans la restauration ?
Non, je ne fais pas de prévisions, surtout en ce moment, c'est assez difficile, mais c'est sûr que ça va dans le bon sens, c'est sûr que ça crée des emplois.
C. Roux : Ça coûte cher, dit un autre ministre du gouvernement, E. Woerth.
Oui, il a raison.
C. Roux : Il dit, lui, il vaudrait mieux que ce soit un taux intermédiaire, autour de 10 ou 12, parce que ça coûterait un milliard, alors que sinon, ça coûtera trois milliards et demi. Vous lui dites quoi ?
Ce que je lui dis, c'est que... je le comprends bien, il est le gardien de la caisse, et en ce moment, c'est difficile pour lui, je me mets à sa place. Moi, par contre, mon but, c'est de créer des emplois. Et c'est vrai qu'il faut y aller fortement.
C. Roux : Ça veut dire que ça vaut la peine ?
Je pense que ça vaut la peine, et puis, c'est un engagement qui a été pris depuis longtemps, et pas par N. Sarkozy, par J. Chirac, mais c'est bien que tout le monde voie que les hommes politiques tiennent leurs engagements.
C. Roux : On passe plus généralement au dossier de la relance, votre dossier. Est-ce que vous êtes dans l'autosatisfaction, à vous dire : tout avance assez vite, tout est formidable ou est-ce que vous vous dites : ça pourrait aller plus vite ?
Je ne suis pas dans l'autosatisfaction, d'abord, parce qu'il n'y a que les résultats qui peuvent donner de l'autosatisfaction, et encore, et que les résultats, eh bien, ils sont lents à venir, ils viennent, je les vois venir, mais...
C. Roux : Vous les voyez venir, vous ?
Oui. Je vois les chantiers s'ouvrir. Nous lançons 1.000 chantiers, et tous les jours, il y a des chantiers qui s'ouvrent, et donc il y a des recrutements, soit qui se font, soit qui sont maintenus. Donc ça, c'est un motif de satisfaction. Mais en même temps, le chômage est tellement fort, vous avez vu les chiffres, il est tellement fort...
C. Roux : 90.000 en un mois...
Et donc tout ce qu'on fait, eh bien, on nous incite à en faire encore plus.
C. Roux : Est-ce que vous comprenez que certains commentateurs puissent dire : ça ne va pas assez vite, tout simplement parce que le chômage explose, et que justement, les résultats, on ne les voit pas ?
Si, on les voit quand même, je vous dis, prenez notre site sur Internet, vous verrez, il y a maintenant plus de 700 chantiers qui sont positionnés sur le site, que vous pouvez regarder un par un, et ça, c'est effectif.
C. Roux : Sur l'emploi, quand est-ce qu'on verra l'effet sur l'emploi ?
On le verra vers la fin de l'année, parce que les statistiques le mesurent tardivement, mais on le voit tous les jours. Par exemple, les mesures sur les TPE, les très petites entreprises, qui ont déchargé complètement sur l'année 2009 tous les recrutements, il n'y a pas de charges sur les recrutements, zéro charge, eh bien, c'est 3.000 emplois par jour. Alors, dedans, il y a aussi un effet d'aubaine là-dedans, mais il y a des recrutements supplémentaires.
C. Roux : Alors, vous dites : on verra les résultats à la fin de l'année...
On les mesurera...
C. Roux : Bon, alors, on les mesurera. Combien d'emplois créés...
Voilà, mais on les voit tous les jours par le Plan de relance.
C. Roux : Combien d'emplois créés d'ici à la fin de l'année ? Vous avez des projections ?
Eh bien, je vais vous dire, oui, quand on donne un chiffre, on se moque de vous, alors je vais vous dire comment je le calcule, les professionnels du bâtiment considèrent que, un logement construit, c'est 1,2 emploi ; la CAPEB par exemple, qui est un organisme professionnel, considère ça. On va construire 100.000 logements, on est en train, on en a déjà fait 25.000. Eh bien, sur ces 100.000 logements, ça fait 120.000 emplois. On fait la rénovation de 20.000 logements. Ça, ça représente 36.000 emplois, 1,8 emploi par logement rénové, etc., etc. ; ça nous amène entre 150 et 200.000, si on arrive à faire tout ça dans l'année.
M. Biraben : L'Outremer, Caroline ?
C. Roux : Oui, l'Outremer, puisque vous allez aller défendre un plan de relance en Outremer, et vous avez ce matin un message de M. Alliot-Marie qui dit : la priorité, c'est de relancer l'économie en Outremer. Elle a raison ?
Oui, elle a raison...
C. Roux : Il faut aller plus vite en Outremer qu'en métropole ?
Il faut aller aussi vite qu'on le peut, mais dans les deux cas, il faut aller aussi vite qu'on le peut, simplement, ce n'est pas toujours facile. En Outremer, le plan de relance avait prévu 156 millions pour l'Outremer, et nous rajoutons 40 millions, notamment sur le logement. Donc ça fait presque 200 millions, rien que pour le plan de relance.
C. Roux : Et qu'est-ce que vous allez devoir vérifier sur place ?
Le démarrage des chantiers...
C. Roux : C'est-à-dire ?
Ce n'est pas le tout d'annoncer, de mettre de l'argent...
C. Roux : C'est-à-dire la bonne volonté des élus, c'est ça, c'est quoi ?
Non, l'administration, la bureaucratie qui, souvent, retarde les choses, enlise les dossiers...
C. Roux : C'est la faute des fonctionnaires...
Non, pas du tout, c'est notre système, on est tous responsables, notre système d'organisation collective qui est très compliqué, et qui souvent a pour objet de retarder l'aboutissement des dossiers. C'est la raison pour laquelle on a fait un ministère de la Relance, c'est pour suivre le dossier de A à Z.
M. Biraben : Alors, on parle déjà de la reprise.
C. Roux : Eh oui, c'est J.-C. Trichet qui annonce une possible reprise en 2010, dès 2010. Est-ce que vous approuvez ce calendrier ?
Oui, il a raison. Oui, il a raison, il y a plein de raisons pour cela. Premièrement, les emprunts toxiques, eh bien, progressivement, on les purge, donc à la fin de l'année, on en aura quand même purgé sans doute une part très importante. Donc ça assainit l'économie. En même temps, les matières premières ont baissé, vous avez vu le prix du pétrole par exemple, donc c'est aussi un facteur de relance. Et puis, tous les gouvernements prennent des mesures de relance, tout le monde, et ça finit par faire de l'effet quand même.
M. Biraben : Une question de spectateur tout de suite pour vous.
L. Mercadet : Bonjour Monsieur le ministre. Une question de Gaëlle sur l'aide aux constructeurs automobiles français, question très simple : à quoi ça va servir de construire des voitures que personne n'aura les moyens d'acheter ?
Eh bien, ce n'est pas vrai, la prime à la casse, ça nous a fait vendre environ 50.000 voitures de plus en France. Et celle que les Allemands ont prise a un grand succès sur les voitures françaises aussi. Donc oui, c'est acheté....
L. Mercadet : Vous savez que la «TATA «mobile» va arriver à 5.000 euros en France prochainement, dans deux ans, est-ce que les constructeurs français ne doivent pas prévoir des voitures à 5.000 euros ?
Oui, vous avez raison, en même temps, les constructeurs... et c'est une des causes de la crise, il n'y a pas seulement le problème des financiers, le problème des emprunts, il y a le fait que nos voitures ne correspondent pas assez à la demande des clients aujourd'hui, voilà. Donc c'est un des éléments du plan de relance, la restructuration de la filière automobile, toute l'action sur la recherche, ça passe par une nouvelle conception de l'automobile.
L. Mercadet : D'accord.
C. Roux : Alors, un mot sur Larry Summers, vous connaissez Larry Summers ?
J'en ai entendu parler maintenant...
C. Roux : Bon, il est conseiller économique d'Obama, et il adresse un message aux Européens, donc j'imagine qu'en tant que ministre de la Relance de la France, vous êtes concerné. Il dit en gros qu'il faut poursuivre l'effort de relance à la veille du G20, plutôt que de commencer à savoir comment on va réguler le capitalisme en prévision de cette réunion du G20. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
Je pense que les Etats-Unis devraient être modestes dans les leçons. Premièrement, la crise nous vient des Etats-Unis, c'est le système fou et dérégulé qui a empoisonné l'ensemble des économies. Deuxièmement, pour le plan de relance, il a raison, sauf que les Etats-Unis ont mis beaucoup de temps à lancer le leur, parce qu'il y avait une espèce de trou d'air politique avec le changement de présidence...
C. Roux : Ils ont mis beaucoup plus de moyens...
Ils ont mis beaucoup plus de moyens. Seulement, ils n'arrivent pas encore sur le terrain parce que les Etats-Unis, c'est un Etat fédéral, très grand, et pour accompagner chaque dollar jusqu'à l'aboutissement sur le chantier, créateur d'activité, ça, c'est assez dur aux Etats-Unis. Donc c'est très bien de nous dire ce qu'il faut faire, mais d'abord, il fallait le faire les premiers, il fallait le faire plus tôt, nous, on a été les premiers à le faire. Et deuxièmement, il faut aussi purger le système américain et instituer une régulation parce que ça donnera de la confiance.
C. Roux : Vous n'avez pas de leçon à recevoir des Américains. Ça, c'est dit...
M. Biraben : Voilà qui est dit !
Non, sur la crise...
M. Biraben : Envoyé !
Franchement, c'est nous qui payons la note.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2009