Texte intégral
R. Sicard Demain, nouveau mouvement de grève, nouveau mouvement social. Il y a un sondage qui montre que 78 % des Français sont favorables au mouvement, Est-ce que cela ne produit pas un vrai malaise social, une aggravation du malaise social des Français ?
On peut comprendre quand même. On est dans une période de crise totalement inédite, et moi, je vois bien, avec tous ceux avec lesquels j'ai l'occasion d 'en parler, notamment à Meaux, le message premier c'est l'inquiétude, l'inquiétude par rapport à son emploi, et puis par rapport au pouvoir d'achat. Donc, évidemment que ces mouvements de grève sont des mouvements qui traduisent d'abord cette inquiétude, bien sûr, c'est parfaitement compréhensible.
Face à cela, F. Fillon dit qu'il n'y aura pas de nouveau geste du Gouvernement, pas de nouveau plan de relance. Est-ce que ce n'est pas pousser à bout les salariés ?
Non, pas du tout. L'objectif, ce n'est pas de faire un geste par semaine, l'objectif, c'est de lancer des initiatives très importantes, c'est ce qu'on a fait en début d'année, qui s'inscrivent dans la durée, et puis qui soient lisibles.
Mais cela parait insuffisant aux salariés...
Disons les choses telles qu'elles sont : on est au mois de mars. Nous avons lancé le plan de relance de 26 milliards d'euros au mois de janvier pour s'inscrire dans l'année avec, à la clef, d'énormes mesures d"'investissement ; qui vont servir à quoi ? A tenir l'emploi. Quand vous accélérer les constructions de routes, d'universités, d'équipements publics. Quand vous donnez des commandes aux entreprises pour qu'elles créent de l'emploi, évidemment, c'est bon pour lutter contre la crise, cela ne se fait en claquant des doigts. On est dans une période difficile. Quand, de la même manière, nous avons pris des mesures que nous adoptons cette semaine, comme par exemple, la remise intégrale de deux tiers de l'impôt sur le revenu pour cette année pour les Français les plus modestes, c'est la même chose, c'est pour soutenir la situation de pouvoir d'achat dans cette période. Pourquoi je vous dis cela ? C'est parce que ce ne serait pas responsable de la part d'un Gouvernement et d'une majorité de vouloir absolument, tous les jours, toutes les semaines, annoncer quelque chose de nouveau, comme si c'était une manière de régler le problème. D'ailleurs, on l'a bien vu, le 18 février dernier, lorsque le Président Sarkozy a annoncé aux partenaires sociaux les mesures que nous votons cette semaine - ça faisait à peu près 2,6 milliards -, la semaine suivante, on disait, "oui, mais cette semaine, vous proposez quoi ?" On voit bien que tout cela n'est pas responsable. Il faut, en réalité, s'inscrire dans la durée.
Mais quand la crise s'aggrave, est-ce qu'il ne faut pas adapter le dispositif ?
Mais le dispositif que l'on a mis en place, c'est un dispositif pour crise très grave. 26 milliards d'euros d'investissements, on n'a jamais fait ça, c'est colossal ! Et c'est un plan de relance que l'on a coordonné avec tous les pays européens. Donc il faut bien voir que là, on est sur du très lourd en termes d'investissements, avec une priorité, c'est l'emploi. Je vois bien, partout, lorsque l'on parle avec nos administrés, que nous disent-ils ? Je le dis, parce que mes amis députés ont le même retour que moi dans ma circonscription ; les gens disent quoi ? "On a l'angoisse par rapport à l'emploi, c'est le sujet numéro 1. C'es t pour cela que j'ai une différence avec le PS : eux, disent qu'il faut privilégier le pouvoir d'achat ; moi, je pense que c'est l'emploi qui détermine le pouvoir d'achat et pas l'inverse. C'est pour cela que, très concrètement, celui qui est hyper angoissé aujourd'hui de perdre son emploi, parce que, par exemple, il est en CDD, ou qu'il risque d'être victime d'un licenciement, ou celui qui est aujourd'hui à la recherche d'un poste, dit "mais je vais peut-être être chômeur de longue durée", c'est pour eux qu'on réfléchit. Et nous d'ailleurs, les députés UMP, on est en train de préparer un texte de loi, dans le cadre de la nouvelle Constitution, avec quelques mesures très opérationnelles en matière d'emploi que l'on présentera pour le mois de mai.
Quel genre de mesures ?
Des mesures très concrètes, aussi bien du point de vue des salariés que du point de vue des employeurs, pour, par exemple, faire en sorte que le contrat de transition professionnelle profite aussi aux CDD. Il y a des tas de mesure, on y reviendra. On est d'ailleurs en train d'y travailler avec les partenaires sociaux, et avec le Gouvernement. C'est tout ce qui peut permettre de faciliter encore l'emploi et l'employabilité des Français.
Est-ce que vous êtes de ceux qui pensent qu'il peut y avoir une radicalisation du mouvement social ?
Je ne le souhaite pas. Après tout, c'est aussi la responsabilité de chacun. Nous, on est des responsables politiques, moi, ma conviction, depuis très longtemps, c'est qu'il faut dite la vérité aux gens. Je crois qu'il faut arrêter de tourner autour du pot, quand il y a une crise, il faut le dire, quand il y a des angoisses il faut les assumer. A une condition, c'est de montrer - c'est ça la responsabilité des politiques - le chemin à suivre. Et moi, mon idée là-dessus, c'est qu'il faut déjà réfléchir à l'après-crise. Alors, évidemment, quand je dis ça, on dit "mais ils sont fous"...
Ça parait loin aujourd'hui...
Oui, sauf que je vais vous dire une chose monsieur Sicard, c'est qu'en réalité, c'est parce que l'on parle d'effort maintenant, parce que l'on montre maintenant les mesures que l'on prend que l'on doit obligatoirement dire ce que l'on veut pour demain. C'est quoi l'après-crise ? Elle touche le monde entier, la planète entière, et en réalité, après cette crise, qui va arriver évidemment, quand on aura...
Elle est là, elle est là...
Oui, mais l'après-crise. Que voudront les gens de toute la planète ? Ils regarderont les pays les plus attractifs, c'est-à-dire des pays dans lesquels on éduque le mieux les enfants, dans lequel il y a les meilleurs services publics, dans lequel il y a l'eau la plus propre, l'air le plus propre... Croyez-moi, la France a des atouts fantastiques dans ce domaine. Donc, construisons la croissance de demain dès maintenant, à travers cela. Dans les années 1960, 1970, on a investit dans le nucléaire, dans le TGV, aujourd'hui, c'est de cela dont on profite. Eh bien c'est la même chose pour demain, il faut anticiper.
L'après-crise, vous le voyez quand : 2010, 2011, 2012 ?...
C'est très difficile de savoir. Il y a des moments où on dit : tiens ! Il y a de tous petits signaux de reprise. Par exemple, il semblerait, d'après ce qu'on me dit, que la construction avec le Plan de relance qu'on commence à initier c'est un petit mieux. Cela peut être un élément. Il est vrai que les mesures de soutien à l'économie que nous prenons, elles vont aussi dans ce sens. En même temps, il ne faut pas se tromper, la crise c'est long. Et puis il y a eu tellement d'erreurs qui ont été commises, tellement de régulations qui ont manqué, notamment sur les marchés financiers. Il faut aussi que les gouvernements du monde se mettent d'accord. Et c'est pour cela que ce qu'on appelle le G20, la réunion du début du mois d'avril à Londres, où ils tous se retrouver notamment avec les Américains, les Européens, les Asiatiques, ça va être pour mettre les pieds dans le plat, et pour dire que tout cela ne peut pas recommencer comme avant.
Quand L. Parisot dit que les syndicats mettent de l'huile sur le feu, font de la démagogie, est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
Je ne suis plus porte-parole, j'ai été porte-parole pendant longtemps...
Du Gouvernement...
"Porte-parole de carrière" on aurait pu dire ; maintenant, je ne suis plus tout cela. Donc, moi je ne suis plus les commentaires de commentaires. Je note ce que dit Mme Parisot, je note aussi ce que disent les syndicats dans l'autre sens : "le compte n'y est pas", "il en faut plus". Bon, chacun est dans son rôle. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ma responsabilité à moi, animant notre majorité à l'Assemblée, c'est de dire "attention, il faut bien voir qu'on est sur un effort, que c'est dur, que pour beaucoup de gens, c'est une vraie épreuve. Tenons bon, tenons bon avec un cap". C'est pour cela que je vous parle aussi de l'après crise, parce qu'il faut anticiper l'avenir - première qualité de l'aptitude au commandement - c'est aussi d'anticiper l'avenir, et c'est à cela qu'on travaille maintenant.
Dans votre majorité, il y a un débat sur ce qu'on appelle le bouclier fiscal. Beaucoup de députés UMP disent : il faudrait l'assouplir pour que l'effort en temps de crise soit partagé par tous. Et visiblement, N. Sarkozy est contre.
Je suis obligé de vous dire que moi aussi je suis contre. Et ce pour une raison simple : je reconnais que c'est toujours beaucoup plus populaire d'aller dire : allez ! On tape les riches, ce sera toujours ça de pris. Ok ! J'entends le message.
Est-ce qu'en temps de crise, il faut partager l'effort entre tous ?
Il faut se poser d'abord la première question : est-ce que l'effort est partagé ? Vous savez que notre pays a une particularité : le tiers des revenus des Français ce sont des revenus sociaux, liés notamment à la protection sociale, qui est une des meilleures du monde. C'est le score le plus élevé en Europe. Dans le même temps, le taux de fiscalité des plus favorisés est l'un des plus élevés d'Europe. Et on considère qu'au bout d'un certain seuil, si on continue de sur-fiscaliser les plus fortunés, qu'est-ce qui se passe ? Et c'est le ministre du Budget, ex ministre du Budget, qui vous le dit : ils s'en vont. Alors quand ils s'en vont, on a tout perdu, parce que qu'est-ce qui se passe, sur qui ça repose la charge fiscale ? Eh bien sûr les classes moyennes. Et donc moi je propose que nous lancions, nous - et c'est ce que nous sommes en train de faire - les états généraux de la dépense publique, avec les députés, on les lance aujourd'hui. Notre idée est simple : on va traquer la dépense publique inutile et on va en parler avec les Français dans les circonscriptions. Et Dieu sait s'il y a des économies à réaliser. Dépenses publiques et même dépenses fiscales. Il y a des économies d'impôts qui ne sont peut-être pas forcément utiles. On peut regarder tout cela, et croyez-moi, on ramènera de l'argent public.
Et aussi que l'ex ministre du Budget sait qu'il y a des déficits abyssaux avec la crise. Qui va payer ? Les classes moyennes ?
Non, justement, c'est cela l'objectif. Quand il y a des déficits, comment on les paye ? Soit en faisant de l'hyper inflation - c'est ce qu'on a fait dans les années 30. C'est juste une folie. L'autre manière, c'est d'augmenter les impôts. Cela casse la croissance, surtout dans un pays comme le nôtre où les impôts sont élevés. La troisième formule, c'est quoi ? C'est effectivement d'aller chercher la croissance. D'où l'idée de réfléchir à l'après-crise et d'investir maintenant, donc de créer de la croissance qui ramène des impôts dans ce qui permettra demain de faire de notre pays un pays attractif. Et puis, l'intérêt aussi, c'est de traquer les dépenses publiques inutiles. On dépense beaucoup pour relancer la croissance, mais là où ce n'est pas utile, eh bien, supprimons les dépenses. Regardez les départements et les régions ! Si demain, on les fusionnait, cela ferait des économies. Personne n'y perdrait, ni en terme d'identité ni en terme d'efficacité. Et ce serait moins cher en impôts locaux. Cela vaut la peine d'essayer.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2009
On peut comprendre quand même. On est dans une période de crise totalement inédite, et moi, je vois bien, avec tous ceux avec lesquels j'ai l'occasion d 'en parler, notamment à Meaux, le message premier c'est l'inquiétude, l'inquiétude par rapport à son emploi, et puis par rapport au pouvoir d'achat. Donc, évidemment que ces mouvements de grève sont des mouvements qui traduisent d'abord cette inquiétude, bien sûr, c'est parfaitement compréhensible.
Face à cela, F. Fillon dit qu'il n'y aura pas de nouveau geste du Gouvernement, pas de nouveau plan de relance. Est-ce que ce n'est pas pousser à bout les salariés ?
Non, pas du tout. L'objectif, ce n'est pas de faire un geste par semaine, l'objectif, c'est de lancer des initiatives très importantes, c'est ce qu'on a fait en début d'année, qui s'inscrivent dans la durée, et puis qui soient lisibles.
Mais cela parait insuffisant aux salariés...
Disons les choses telles qu'elles sont : on est au mois de mars. Nous avons lancé le plan de relance de 26 milliards d'euros au mois de janvier pour s'inscrire dans l'année avec, à la clef, d'énormes mesures d"'investissement ; qui vont servir à quoi ? A tenir l'emploi. Quand vous accélérer les constructions de routes, d'universités, d'équipements publics. Quand vous donnez des commandes aux entreprises pour qu'elles créent de l'emploi, évidemment, c'est bon pour lutter contre la crise, cela ne se fait en claquant des doigts. On est dans une période difficile. Quand, de la même manière, nous avons pris des mesures que nous adoptons cette semaine, comme par exemple, la remise intégrale de deux tiers de l'impôt sur le revenu pour cette année pour les Français les plus modestes, c'est la même chose, c'est pour soutenir la situation de pouvoir d'achat dans cette période. Pourquoi je vous dis cela ? C'est parce que ce ne serait pas responsable de la part d'un Gouvernement et d'une majorité de vouloir absolument, tous les jours, toutes les semaines, annoncer quelque chose de nouveau, comme si c'était une manière de régler le problème. D'ailleurs, on l'a bien vu, le 18 février dernier, lorsque le Président Sarkozy a annoncé aux partenaires sociaux les mesures que nous votons cette semaine - ça faisait à peu près 2,6 milliards -, la semaine suivante, on disait, "oui, mais cette semaine, vous proposez quoi ?" On voit bien que tout cela n'est pas responsable. Il faut, en réalité, s'inscrire dans la durée.
Mais quand la crise s'aggrave, est-ce qu'il ne faut pas adapter le dispositif ?
Mais le dispositif que l'on a mis en place, c'est un dispositif pour crise très grave. 26 milliards d'euros d'investissements, on n'a jamais fait ça, c'est colossal ! Et c'est un plan de relance que l'on a coordonné avec tous les pays européens. Donc il faut bien voir que là, on est sur du très lourd en termes d'investissements, avec une priorité, c'est l'emploi. Je vois bien, partout, lorsque l'on parle avec nos administrés, que nous disent-ils ? Je le dis, parce que mes amis députés ont le même retour que moi dans ma circonscription ; les gens disent quoi ? "On a l'angoisse par rapport à l'emploi, c'est le sujet numéro 1. C'es t pour cela que j'ai une différence avec le PS : eux, disent qu'il faut privilégier le pouvoir d'achat ; moi, je pense que c'est l'emploi qui détermine le pouvoir d'achat et pas l'inverse. C'est pour cela que, très concrètement, celui qui est hyper angoissé aujourd'hui de perdre son emploi, parce que, par exemple, il est en CDD, ou qu'il risque d'être victime d'un licenciement, ou celui qui est aujourd'hui à la recherche d'un poste, dit "mais je vais peut-être être chômeur de longue durée", c'est pour eux qu'on réfléchit. Et nous d'ailleurs, les députés UMP, on est en train de préparer un texte de loi, dans le cadre de la nouvelle Constitution, avec quelques mesures très opérationnelles en matière d'emploi que l'on présentera pour le mois de mai.
Quel genre de mesures ?
Des mesures très concrètes, aussi bien du point de vue des salariés que du point de vue des employeurs, pour, par exemple, faire en sorte que le contrat de transition professionnelle profite aussi aux CDD. Il y a des tas de mesure, on y reviendra. On est d'ailleurs en train d'y travailler avec les partenaires sociaux, et avec le Gouvernement. C'est tout ce qui peut permettre de faciliter encore l'emploi et l'employabilité des Français.
Est-ce que vous êtes de ceux qui pensent qu'il peut y avoir une radicalisation du mouvement social ?
Je ne le souhaite pas. Après tout, c'est aussi la responsabilité de chacun. Nous, on est des responsables politiques, moi, ma conviction, depuis très longtemps, c'est qu'il faut dite la vérité aux gens. Je crois qu'il faut arrêter de tourner autour du pot, quand il y a une crise, il faut le dire, quand il y a des angoisses il faut les assumer. A une condition, c'est de montrer - c'est ça la responsabilité des politiques - le chemin à suivre. Et moi, mon idée là-dessus, c'est qu'il faut déjà réfléchir à l'après-crise. Alors, évidemment, quand je dis ça, on dit "mais ils sont fous"...
Ça parait loin aujourd'hui...
Oui, sauf que je vais vous dire une chose monsieur Sicard, c'est qu'en réalité, c'est parce que l'on parle d'effort maintenant, parce que l'on montre maintenant les mesures que l'on prend que l'on doit obligatoirement dire ce que l'on veut pour demain. C'est quoi l'après-crise ? Elle touche le monde entier, la planète entière, et en réalité, après cette crise, qui va arriver évidemment, quand on aura...
Elle est là, elle est là...
Oui, mais l'après-crise. Que voudront les gens de toute la planète ? Ils regarderont les pays les plus attractifs, c'est-à-dire des pays dans lesquels on éduque le mieux les enfants, dans lequel il y a les meilleurs services publics, dans lequel il y a l'eau la plus propre, l'air le plus propre... Croyez-moi, la France a des atouts fantastiques dans ce domaine. Donc, construisons la croissance de demain dès maintenant, à travers cela. Dans les années 1960, 1970, on a investit dans le nucléaire, dans le TGV, aujourd'hui, c'est de cela dont on profite. Eh bien c'est la même chose pour demain, il faut anticiper.
L'après-crise, vous le voyez quand : 2010, 2011, 2012 ?...
C'est très difficile de savoir. Il y a des moments où on dit : tiens ! Il y a de tous petits signaux de reprise. Par exemple, il semblerait, d'après ce qu'on me dit, que la construction avec le Plan de relance qu'on commence à initier c'est un petit mieux. Cela peut être un élément. Il est vrai que les mesures de soutien à l'économie que nous prenons, elles vont aussi dans ce sens. En même temps, il ne faut pas se tromper, la crise c'est long. Et puis il y a eu tellement d'erreurs qui ont été commises, tellement de régulations qui ont manqué, notamment sur les marchés financiers. Il faut aussi que les gouvernements du monde se mettent d'accord. Et c'est pour cela que ce qu'on appelle le G20, la réunion du début du mois d'avril à Londres, où ils tous se retrouver notamment avec les Américains, les Européens, les Asiatiques, ça va être pour mettre les pieds dans le plat, et pour dire que tout cela ne peut pas recommencer comme avant.
Quand L. Parisot dit que les syndicats mettent de l'huile sur le feu, font de la démagogie, est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
Je ne suis plus porte-parole, j'ai été porte-parole pendant longtemps...
Du Gouvernement...
"Porte-parole de carrière" on aurait pu dire ; maintenant, je ne suis plus tout cela. Donc, moi je ne suis plus les commentaires de commentaires. Je note ce que dit Mme Parisot, je note aussi ce que disent les syndicats dans l'autre sens : "le compte n'y est pas", "il en faut plus". Bon, chacun est dans son rôle. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ma responsabilité à moi, animant notre majorité à l'Assemblée, c'est de dire "attention, il faut bien voir qu'on est sur un effort, que c'est dur, que pour beaucoup de gens, c'est une vraie épreuve. Tenons bon, tenons bon avec un cap". C'est pour cela que je vous parle aussi de l'après crise, parce qu'il faut anticiper l'avenir - première qualité de l'aptitude au commandement - c'est aussi d'anticiper l'avenir, et c'est à cela qu'on travaille maintenant.
Dans votre majorité, il y a un débat sur ce qu'on appelle le bouclier fiscal. Beaucoup de députés UMP disent : il faudrait l'assouplir pour que l'effort en temps de crise soit partagé par tous. Et visiblement, N. Sarkozy est contre.
Je suis obligé de vous dire que moi aussi je suis contre. Et ce pour une raison simple : je reconnais que c'est toujours beaucoup plus populaire d'aller dire : allez ! On tape les riches, ce sera toujours ça de pris. Ok ! J'entends le message.
Est-ce qu'en temps de crise, il faut partager l'effort entre tous ?
Il faut se poser d'abord la première question : est-ce que l'effort est partagé ? Vous savez que notre pays a une particularité : le tiers des revenus des Français ce sont des revenus sociaux, liés notamment à la protection sociale, qui est une des meilleures du monde. C'est le score le plus élevé en Europe. Dans le même temps, le taux de fiscalité des plus favorisés est l'un des plus élevés d'Europe. Et on considère qu'au bout d'un certain seuil, si on continue de sur-fiscaliser les plus fortunés, qu'est-ce qui se passe ? Et c'est le ministre du Budget, ex ministre du Budget, qui vous le dit : ils s'en vont. Alors quand ils s'en vont, on a tout perdu, parce que qu'est-ce qui se passe, sur qui ça repose la charge fiscale ? Eh bien sûr les classes moyennes. Et donc moi je propose que nous lancions, nous - et c'est ce que nous sommes en train de faire - les états généraux de la dépense publique, avec les députés, on les lance aujourd'hui. Notre idée est simple : on va traquer la dépense publique inutile et on va en parler avec les Français dans les circonscriptions. Et Dieu sait s'il y a des économies à réaliser. Dépenses publiques et même dépenses fiscales. Il y a des économies d'impôts qui ne sont peut-être pas forcément utiles. On peut regarder tout cela, et croyez-moi, on ramènera de l'argent public.
Et aussi que l'ex ministre du Budget sait qu'il y a des déficits abyssaux avec la crise. Qui va payer ? Les classes moyennes ?
Non, justement, c'est cela l'objectif. Quand il y a des déficits, comment on les paye ? Soit en faisant de l'hyper inflation - c'est ce qu'on a fait dans les années 30. C'est juste une folie. L'autre manière, c'est d'augmenter les impôts. Cela casse la croissance, surtout dans un pays comme le nôtre où les impôts sont élevés. La troisième formule, c'est quoi ? C'est effectivement d'aller chercher la croissance. D'où l'idée de réfléchir à l'après-crise et d'investir maintenant, donc de créer de la croissance qui ramène des impôts dans ce qui permettra demain de faire de notre pays un pays attractif. Et puis, l'intérêt aussi, c'est de traquer les dépenses publiques inutiles. On dépense beaucoup pour relancer la croissance, mais là où ce n'est pas utile, eh bien, supprimons les dépenses. Regardez les départements et les régions ! Si demain, on les fusionnait, cela ferait des économies. Personne n'y perdrait, ni en terme d'identité ni en terme d'efficacité. Et ce serait moins cher en impôts locaux. Cela vaut la peine d'essayer.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2009