Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Bienvenue et bonjour. On se demandait encore où vous étiez passé. Vous prépariez ce forum qui fait aujourd'hui de Paris la capitale mondiale de l'environnement, une fois de plus. Alors, on est injuste avec vous ?
Je ne sais pas. Ce qui est clair, c'est qu'on est devant une urgence climatique absolument majeure. Il faut bien avoir en tête ce dont il s'agit. Un jeune de 20 ans aujourd'hui, qui aura donc 30 ans en 2020, la calotte glaciaire, enfin l'Arctique aura probablement disparu, en tous les cas c'est assez probable ; l'acidification va poser des océans va poser des problèmes halieutiques, des problèmes de poissons, absolument majeurs.
Il n'y aura plus de forêts ?
Les forêts, la forêt de Guinée Equatoriale a déjà quasiment disparu ; le lac Tchad est vide. Donc, le problème du réchauffement climatique est un sujet majeur, c'est un sujet mondial, c'est un sujet vital.
Mais ne nous découragez pas dès le matin !
Non, non, je ne vous décourage pas, je donne simplement... Parce qu'on est, nous, dans un pays très, très tempéré, donc on ne perçoit pas forcément ces conséquences-là, mais il suffit d'aller se promener un peu dans le monde pour se rendre compte. La question est : on sait que, quoi qu'il arrive, en 2020 on aura + 2 degrés. La question, c'est de ne pas passer à 4 ou 5 degrés, parce que là c'est irréversible. Alors pour ça, on est capable d'inverser cette tendance mais ce n'est pas très simple, il faut que...
2020, 2020, c'est...
2020, mais c'est demain, vous avez 20 ans aujourd'hui, 2020, c'est quand vous fêterez vos 30 ans. C'est dans un quart d'heure.
Il y a une vingtaine de pays qui négocient ferme à Paris, ces pays ne sont pas n'importe qui puisqu'ils représentent 80 % de la consommation énergétique mondiale, 80 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de pollueurs, et le thème c'est : "Quel accord planétaire contre le réchauffement climatique sur la route de Copenhague dans six mois ?".
Oui, parce que, il y a eu Kyoto, il y a eu quelques engagements, dans l'ensemble pas respectés d'ailleurs ou pas signés, sauf l'Europe et la France. On a à nouveau rendez-vous donc dans six mois. On sait maintenant par les scientifiques, qu'il faut absolument que les pays industrialisés, qui sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, réduisent leurs émissions de 25 à 40 %.
Et ils vont le faire ?
Alors, il y a eux et il y a les grands émergents, Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Afrique du Sud...
Mais les développés, donnez des réponses. Où vous en êtes ? Au stade où on en est, est-ce que les pays développés vont descendre de 25 à 40 ou de 30 % ?
Les pays développés : un, l'Europe a passé un accord, a pris des engagements contraignants au mois de décembre dernier, entre 20 et 30 %. L'Europe pollue, enfin émet deux fois moins de gaz à effet de serre que les Etats-Unis par habitant ou que le Canada, pour fixer les ordres de grandeur. Juste un chiffre : Etats-Unis, 23 tonnes par habitant et par an ; Europe, en moyenne un peu moins de 12 ; la France, un peu plus de 8 ; la Chine, 3 à peu près ; et l'Inde, moins d'une tonne. Et l'Afrique rien du tout.
Ce qui veut dire qu'on a des devoirs à l'égard des pays qui polluent moins ?
Nous avons des devoirs. La France, elle, a pris des engagements clairs dans le cadre de son Grenelle de l'environnement, nous sommes engagés sur une réduction d'un quart de nos émissions de gaz à effet de serre, c'est fait, c'est en route. L'Europe a pris des engagements au mois de décembre, sous présidence française, c'est pour ça qu'on assure un certain leadership, c'est pour ça que la réunion est à Paris. Maintenant, nous discutons avec nos amis Américains, Canadiens, Australiens, Japonais, pour les pays développés, et avec les Chinois pour les autres. Les Etats-Unis, et c'est le grand retour des Etats-Unis...
Voilà, après huit ans d'absence sous G. Bush, l'administration Obama est présente, elle a envoyé des experts. Est-ce qu'elle évolue ? Il paraît qu'elle évolue trop lentement. Et que les Américains, même avec Obama, ne tiennent pas leurs promesses ? C'est vrai ou faux
Attendez ! D'abord, les Etats-Unis ont changé d'attitude par rapport à ce sujet. Avant il y avait un déni du sujet, ils refusaient même d'en discuter. Ils sont de retour à la table des négociations, c'est clair et c'est une très bonne nouvelle. La difficulté c'est que les engagements concrets qu'ils sont en train de proposer sont de l'ordre de moins 5, moins 6 % par rapport aux émissions de 1990.
Donc insuffisant ?
Donc, c'est insuffisant. On est contents du retour des Etats-Unis dans la discussion et en même temps, on a envie de leur dire : attendez, "yes you can", quoi, enfin vous pouvez, vous pouvez faire beaucoup plus. Regardez cette pauvre Europe le fait, 27 pays ont pris des engagements contraignants. Vous, la première puissance du monde, qui émettez deux fois plus que nous, vous devez faire au moins autant que l'Europe. C'est l'enjeu de la discussion d'hier.
Mais on dit que malgré B. Obama, les industriels et le Congrès américain ne sont pas très "chauds" pour le refroidissement de la planète. Le numéro 1 des Nations Unies, Ban Ki-moon, disait hier, et il demandait aux Etats-Unis d'en faire plus, de faire comme les autre. Est-ce que vous le demandez vous aussi ?
Oui, mais bien entendu, c'est ce que j'ai porté hier pendant toute la réunion. On peut accepter l'idée qu'il y ait un peu de retard à l'allumage parce qu'ils reviennent de loin, si j'ose dire, donc il y a un peu de délai de deux, trois, quatre ans. Mais il est inconcevable qu'ils ne fassent pas au minimum ce que fait l'Europe, et c'est ce qu'on demande également au Japon et à l'Australie. Alors l'Australie est quasiment d'accord, on avance bien. Mais il y a deuxième aspect : c'est que, sur sujet, c'est absolument mondial. Donc, que font les autres ? J'ai le sentiment que nos amis chinois sont absolument déterminés à lutter contre les gaz à effet de serre. Vous savez que ça a été une espèce de prétexte permanent :"mais si la Chine ne fait rien, ce n'est pas la peine que l'Europe fasse plus que les Etats-Unis. La Chine fait aujourd'hui des efforts. C'est ce que disait le numéro 2 chinois, il disait hier : "de toute façon, Copenhague ou pas, pour nous c'est vital immédiatement. Vital ! et c'est stratégique, quoi qu'il arrive". Car la compétition de demain sera la compétition verte. La compétitivité est là. En clair, les premières voitures décarbonées prendront le leadership des voitures mondiales. Tous les emplois de demain seront des emplois d'une économie robuste parce que sobres en carbone.
La France est numéro 1 en la matière, on voit bien ce qui est en train de se faire ici, l'Europe, etc., vous l'expliquez bien. Est-ce qu'un compromis a minima serait suffisant ?
Mais on ne négocie pas avec le climat ! Le problème est relativement simple : ou on conteste les analyses scientifiques, qui ont déjà quelques années, et à mon avis la situation un peu plus grave malheureusement que les scénarii des 2500 experts du GIEC de l'ONU, où on ne le conteste pas. Si on ne les conteste pas, il faut qu'on baisse massivement nos émissions de gaz à effet de serre. Mais ce n'est pas douloureux ! Regardez, la France le fait en ce moment sans drame.
Est-ce que vous croyez, vous, que l'homme est le seul coupable du dérèglement du climat ?
Je ne sais pas si c'est le seul, en tous les cas c'est un acteur absolument majeur.
Mais il n'est pas le seul ?
Je ne suis pas un expert. La communauté mondiale, l'ONU, a demandé à un groupe de 2500 experts d'y voir clair. On leur a donnés le Prix Nobel à ces gens-là. Alors, il me paraît assez difficile d'aller contester, et d'ailleurs personne ne conteste sérieusement, les conclusions du GIAC.
Même C. Allègre ne nie nullement le changement climatique. Il dit : "nous considérons que le phénomène essentiel est l'augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes - canicule, fortes pluies avec inondations et sècheresse avec manque d'eau potable -, le tout avec des répartitions géographiques et apparemment aléatoires". Est-ce qu'on ne lui fait pas une fausse querelle ?
Je n'en sais rien, je n'ai pas à commenter ça. Ce que je sais - ça c'est le pari de Pascal - quoi qu'il arrive, le réchauffement a lieu ; quoi qu'il arrive, notre activité humaine, nos émissions de gaz à effet de serre sont indiscutables. Alors, est-ce que 100 % de corrélation ou 80 ? Quelle importance. Et de toute façon, il n'y a pas que les gaz à effet de serre. Il y a un risque majeur de famine : 2 milliards de personnes vivent du poisson et de ses dérivés, aujourd'hui. On a un problème de ressources halieutiques majeur ! Les forêts sont dévastées ! Le petit réchauffement modifie les problèmes de cultures !
On vous écoute, on reste couché ce matin, on ne sort plus, on ne sort plus, on se cache !
Mais non, pas du tout, puisque je vous dis qu'on est capables de... Simplement, il faut un accord avec les Chinois, les Américains, les Canadiens.
Les ONG menacent, des élus de la majorité menacent, comme A. Juppé, contre le Grenelle de l'environnement. Et éventuellement, Copenhague et C. Allègre, ministre, il faut choisir. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette injonction, vous ?
Non, mais je n'ai pas... D'abord il n'y a pas d'injonction à faire, et je n'ai pas à commenter des rumeurs, je passerais mon temps à le faire. J'ai vu qu'il y avait ce matin un nouveau ministre de l'Education nationale en lisant la presse. Je ne suis pas en situation...
Non, mais qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas en situation de commenter, et notamment pas les injonctions des uns et des autres !
Mais avant que C. Allègre soit éventuellement ministre, sans lui laisser l'occasion de s'expliquer, des ONG tranchent ! Pourquoi ce sectarisme aujourd'hui, cette forme d'intolérance ?
Ecoutez ! Il y a aujourd'hui les 18 pays à Paris pour mener un travail absolument majeur pour préparer Copenhague, c'est gentil, c'est de ça dont je souhaite parler aux auditeurs. Pour le reste, je ne commente pas les rumeurs !
Donc, je ne vous demande pas si vous voulez rester là où vous êtes ?
Je suis extrêmement heureux... Vous imaginez le caractère passionnant de l'action !
D'accord. Dernière question, différents milieux de la Formule 1, des élus et des politiques espèrent que pour favoriser les innovations technologiques aujourd'hui et la recherche, un Grand prix de France de formule 1 serait organisé, et autour du circuit de Flins. A quelles conditions seriez-vous favorable ?
Mais je n'ai pas à être favorable. Je suis un ministre en charge de l'Ecologie. Il y a des règles en France. Si un dossier est déposé sur Flins, nous regarderons le problème du terrain, apparemment c'est sur un terrain inondable, c'est sur un terrain des zones de captage, il faut faire des raccordements autoroutiers, faire une gare, il faut regarder. Mon rôle...
Mais par principe, vous êtes favorable ou défavorable ?
Mais je n'ai pas... On n'est pas dans une monarchie où j'ai à avoir des opinions. Je n'ai rien contre la Formule 1, le terrain apparemment est compliqué, c'est le moins qu'on puisse en dire, c'est mon rôle d'alerter dans le cadre de ce dossier.
Et qui décidera, à votre avis ?
Mais c'est la procédure, il y a des enquêtes publiques, une loi sur l'eau...
La procédure, avec une moustache, avec une barbe, la procédure ?
Non, non, mais il y a des règles, on est dans un pays démocratique, il y a des règles. Et notre règle, c'est de respecter la biodiversité, les captages d'eau, etc.
Bonne journée, merci d'être venu, vous avez intérêt à vous montrer un peu plus, hein !
Je fais mon travail, vous savez, je suis dans la salle des machines.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mai 2009
Je ne sais pas. Ce qui est clair, c'est qu'on est devant une urgence climatique absolument majeure. Il faut bien avoir en tête ce dont il s'agit. Un jeune de 20 ans aujourd'hui, qui aura donc 30 ans en 2020, la calotte glaciaire, enfin l'Arctique aura probablement disparu, en tous les cas c'est assez probable ; l'acidification va poser des océans va poser des problèmes halieutiques, des problèmes de poissons, absolument majeurs.
Il n'y aura plus de forêts ?
Les forêts, la forêt de Guinée Equatoriale a déjà quasiment disparu ; le lac Tchad est vide. Donc, le problème du réchauffement climatique est un sujet majeur, c'est un sujet mondial, c'est un sujet vital.
Mais ne nous découragez pas dès le matin !
Non, non, je ne vous décourage pas, je donne simplement... Parce qu'on est, nous, dans un pays très, très tempéré, donc on ne perçoit pas forcément ces conséquences-là, mais il suffit d'aller se promener un peu dans le monde pour se rendre compte. La question est : on sait que, quoi qu'il arrive, en 2020 on aura + 2 degrés. La question, c'est de ne pas passer à 4 ou 5 degrés, parce que là c'est irréversible. Alors pour ça, on est capable d'inverser cette tendance mais ce n'est pas très simple, il faut que...
2020, 2020, c'est...
2020, mais c'est demain, vous avez 20 ans aujourd'hui, 2020, c'est quand vous fêterez vos 30 ans. C'est dans un quart d'heure.
Il y a une vingtaine de pays qui négocient ferme à Paris, ces pays ne sont pas n'importe qui puisqu'ils représentent 80 % de la consommation énergétique mondiale, 80 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de pollueurs, et le thème c'est : "Quel accord planétaire contre le réchauffement climatique sur la route de Copenhague dans six mois ?".
Oui, parce que, il y a eu Kyoto, il y a eu quelques engagements, dans l'ensemble pas respectés d'ailleurs ou pas signés, sauf l'Europe et la France. On a à nouveau rendez-vous donc dans six mois. On sait maintenant par les scientifiques, qu'il faut absolument que les pays industrialisés, qui sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, réduisent leurs émissions de 25 à 40 %.
Et ils vont le faire ?
Alors, il y a eux et il y a les grands émergents, Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Afrique du Sud...
Mais les développés, donnez des réponses. Où vous en êtes ? Au stade où on en est, est-ce que les pays développés vont descendre de 25 à 40 ou de 30 % ?
Les pays développés : un, l'Europe a passé un accord, a pris des engagements contraignants au mois de décembre dernier, entre 20 et 30 %. L'Europe pollue, enfin émet deux fois moins de gaz à effet de serre que les Etats-Unis par habitant ou que le Canada, pour fixer les ordres de grandeur. Juste un chiffre : Etats-Unis, 23 tonnes par habitant et par an ; Europe, en moyenne un peu moins de 12 ; la France, un peu plus de 8 ; la Chine, 3 à peu près ; et l'Inde, moins d'une tonne. Et l'Afrique rien du tout.
Ce qui veut dire qu'on a des devoirs à l'égard des pays qui polluent moins ?
Nous avons des devoirs. La France, elle, a pris des engagements clairs dans le cadre de son Grenelle de l'environnement, nous sommes engagés sur une réduction d'un quart de nos émissions de gaz à effet de serre, c'est fait, c'est en route. L'Europe a pris des engagements au mois de décembre, sous présidence française, c'est pour ça qu'on assure un certain leadership, c'est pour ça que la réunion est à Paris. Maintenant, nous discutons avec nos amis Américains, Canadiens, Australiens, Japonais, pour les pays développés, et avec les Chinois pour les autres. Les Etats-Unis, et c'est le grand retour des Etats-Unis...
Voilà, après huit ans d'absence sous G. Bush, l'administration Obama est présente, elle a envoyé des experts. Est-ce qu'elle évolue ? Il paraît qu'elle évolue trop lentement. Et que les Américains, même avec Obama, ne tiennent pas leurs promesses ? C'est vrai ou faux
Attendez ! D'abord, les Etats-Unis ont changé d'attitude par rapport à ce sujet. Avant il y avait un déni du sujet, ils refusaient même d'en discuter. Ils sont de retour à la table des négociations, c'est clair et c'est une très bonne nouvelle. La difficulté c'est que les engagements concrets qu'ils sont en train de proposer sont de l'ordre de moins 5, moins 6 % par rapport aux émissions de 1990.
Donc insuffisant ?
Donc, c'est insuffisant. On est contents du retour des Etats-Unis dans la discussion et en même temps, on a envie de leur dire : attendez, "yes you can", quoi, enfin vous pouvez, vous pouvez faire beaucoup plus. Regardez cette pauvre Europe le fait, 27 pays ont pris des engagements contraignants. Vous, la première puissance du monde, qui émettez deux fois plus que nous, vous devez faire au moins autant que l'Europe. C'est l'enjeu de la discussion d'hier.
Mais on dit que malgré B. Obama, les industriels et le Congrès américain ne sont pas très "chauds" pour le refroidissement de la planète. Le numéro 1 des Nations Unies, Ban Ki-moon, disait hier, et il demandait aux Etats-Unis d'en faire plus, de faire comme les autre. Est-ce que vous le demandez vous aussi ?
Oui, mais bien entendu, c'est ce que j'ai porté hier pendant toute la réunion. On peut accepter l'idée qu'il y ait un peu de retard à l'allumage parce qu'ils reviennent de loin, si j'ose dire, donc il y a un peu de délai de deux, trois, quatre ans. Mais il est inconcevable qu'ils ne fassent pas au minimum ce que fait l'Europe, et c'est ce qu'on demande également au Japon et à l'Australie. Alors l'Australie est quasiment d'accord, on avance bien. Mais il y a deuxième aspect : c'est que, sur sujet, c'est absolument mondial. Donc, que font les autres ? J'ai le sentiment que nos amis chinois sont absolument déterminés à lutter contre les gaz à effet de serre. Vous savez que ça a été une espèce de prétexte permanent :"mais si la Chine ne fait rien, ce n'est pas la peine que l'Europe fasse plus que les Etats-Unis. La Chine fait aujourd'hui des efforts. C'est ce que disait le numéro 2 chinois, il disait hier : "de toute façon, Copenhague ou pas, pour nous c'est vital immédiatement. Vital ! et c'est stratégique, quoi qu'il arrive". Car la compétition de demain sera la compétition verte. La compétitivité est là. En clair, les premières voitures décarbonées prendront le leadership des voitures mondiales. Tous les emplois de demain seront des emplois d'une économie robuste parce que sobres en carbone.
La France est numéro 1 en la matière, on voit bien ce qui est en train de se faire ici, l'Europe, etc., vous l'expliquez bien. Est-ce qu'un compromis a minima serait suffisant ?
Mais on ne négocie pas avec le climat ! Le problème est relativement simple : ou on conteste les analyses scientifiques, qui ont déjà quelques années, et à mon avis la situation un peu plus grave malheureusement que les scénarii des 2500 experts du GIEC de l'ONU, où on ne le conteste pas. Si on ne les conteste pas, il faut qu'on baisse massivement nos émissions de gaz à effet de serre. Mais ce n'est pas douloureux ! Regardez, la France le fait en ce moment sans drame.
Est-ce que vous croyez, vous, que l'homme est le seul coupable du dérèglement du climat ?
Je ne sais pas si c'est le seul, en tous les cas c'est un acteur absolument majeur.
Mais il n'est pas le seul ?
Je ne suis pas un expert. La communauté mondiale, l'ONU, a demandé à un groupe de 2500 experts d'y voir clair. On leur a donnés le Prix Nobel à ces gens-là. Alors, il me paraît assez difficile d'aller contester, et d'ailleurs personne ne conteste sérieusement, les conclusions du GIAC.
Même C. Allègre ne nie nullement le changement climatique. Il dit : "nous considérons que le phénomène essentiel est l'augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes - canicule, fortes pluies avec inondations et sècheresse avec manque d'eau potable -, le tout avec des répartitions géographiques et apparemment aléatoires". Est-ce qu'on ne lui fait pas une fausse querelle ?
Je n'en sais rien, je n'ai pas à commenter ça. Ce que je sais - ça c'est le pari de Pascal - quoi qu'il arrive, le réchauffement a lieu ; quoi qu'il arrive, notre activité humaine, nos émissions de gaz à effet de serre sont indiscutables. Alors, est-ce que 100 % de corrélation ou 80 ? Quelle importance. Et de toute façon, il n'y a pas que les gaz à effet de serre. Il y a un risque majeur de famine : 2 milliards de personnes vivent du poisson et de ses dérivés, aujourd'hui. On a un problème de ressources halieutiques majeur ! Les forêts sont dévastées ! Le petit réchauffement modifie les problèmes de cultures !
On vous écoute, on reste couché ce matin, on ne sort plus, on ne sort plus, on se cache !
Mais non, pas du tout, puisque je vous dis qu'on est capables de... Simplement, il faut un accord avec les Chinois, les Américains, les Canadiens.
Les ONG menacent, des élus de la majorité menacent, comme A. Juppé, contre le Grenelle de l'environnement. Et éventuellement, Copenhague et C. Allègre, ministre, il faut choisir. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette injonction, vous ?
Non, mais je n'ai pas... D'abord il n'y a pas d'injonction à faire, et je n'ai pas à commenter des rumeurs, je passerais mon temps à le faire. J'ai vu qu'il y avait ce matin un nouveau ministre de l'Education nationale en lisant la presse. Je ne suis pas en situation...
Non, mais qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas en situation de commenter, et notamment pas les injonctions des uns et des autres !
Mais avant que C. Allègre soit éventuellement ministre, sans lui laisser l'occasion de s'expliquer, des ONG tranchent ! Pourquoi ce sectarisme aujourd'hui, cette forme d'intolérance ?
Ecoutez ! Il y a aujourd'hui les 18 pays à Paris pour mener un travail absolument majeur pour préparer Copenhague, c'est gentil, c'est de ça dont je souhaite parler aux auditeurs. Pour le reste, je ne commente pas les rumeurs !
Donc, je ne vous demande pas si vous voulez rester là où vous êtes ?
Je suis extrêmement heureux... Vous imaginez le caractère passionnant de l'action !
D'accord. Dernière question, différents milieux de la Formule 1, des élus et des politiques espèrent que pour favoriser les innovations technologiques aujourd'hui et la recherche, un Grand prix de France de formule 1 serait organisé, et autour du circuit de Flins. A quelles conditions seriez-vous favorable ?
Mais je n'ai pas à être favorable. Je suis un ministre en charge de l'Ecologie. Il y a des règles en France. Si un dossier est déposé sur Flins, nous regarderons le problème du terrain, apparemment c'est sur un terrain inondable, c'est sur un terrain des zones de captage, il faut faire des raccordements autoroutiers, faire une gare, il faut regarder. Mon rôle...
Mais par principe, vous êtes favorable ou défavorable ?
Mais je n'ai pas... On n'est pas dans une monarchie où j'ai à avoir des opinions. Je n'ai rien contre la Formule 1, le terrain apparemment est compliqué, c'est le moins qu'on puisse en dire, c'est mon rôle d'alerter dans le cadre de ce dossier.
Et qui décidera, à votre avis ?
Mais c'est la procédure, il y a des enquêtes publiques, une loi sur l'eau...
La procédure, avec une moustache, avec une barbe, la procédure ?
Non, non, mais il y a des règles, on est dans un pays démocratique, il y a des règles. Et notre règle, c'est de respecter la biodiversité, les captages d'eau, etc.
Bonne journée, merci d'être venu, vous avez intérêt à vous montrer un peu plus, hein !
Je fais mon travail, vous savez, je suis dans la salle des machines.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mai 2009