Déclaration de M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, sur le développement des territoires autour des villes moyennes et sur l'accessibilité des villes moyennes et le renouvellement urbain, Le Puy-en-Velay le 11 septembre 2009.

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Circonstance : Rencontres nationales des "20 villes moyennes témoins" au Puy-en-Velay (Haute-Loire) le 11 septembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Ministre et maire du Puy,
Madame la Sénatrice,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Président du conseil régional
Monsieur le Président du conseil général
Monsieur le Président de la communauté d'agglomération
Monsieur le Président de la SNCF,
Monsieur le Président de Réseaux Ferrés de France,
Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux,
Mesdames et Messieurs les conseillers généraux,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'être là aujourd'hui avec vous pour clôturer ces premières rencontres nationales des « 20 villes moyennes témoins », dans cette belle cité du Puy en Velay, et dont chaque ruelle, chaque place, chaque monument évoquent une histoire millénaire.
Ce déplacement en Haute-Loire est pour moi un temps d'échange et de découverte. C'est aussi une nouvelle occasion de me rendre compte à quel point nous devons continuer à travailler ensemble, les collectivités, l'Etat, les grands opérateurs de services publics, les acteurs économiques, pour développer l'attractivité des territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains comme le sont les villes moyennes, pour réduire les déséquilibres et les fractures territoriales, pour valoriser leurs potentialités, pour développer des synergies entre eux.
J'apprécie la tonalité des rencontres d'aujourd'hui organisées par la DIACT que je remercie, rencontres organisées en lien avec la Communauté d'agglomération du Puy en Velay et la Fédération des Maires des Villes Moyennes.
J'ai reçu récemment une délégation de maires issue de cette fédération, emmenée par toi cher Bruno (Bourg-Broc). Nous avons eu une conversation utile et franche et j'ai pu entendre vos inquiétudes sur les effets de la concentration d'entreprises et de services, souvent dans les capitales régionales. La situation d'Albi, de Cambrai ou de Roanne, que je connais bien, a notamment été évoquée.
Je le dis à nouveau aujourd'hui devant vous : les villes moyennes doivent jouer un rôle proactif par rapport aux grandes villes, dans un esprit de complémentarité. Car c'est toute l'organisation de l'espace urbain français qui a besoin de leur dynamisme.
La France a la chance d'avoir un réseau très dense de villes moyennes qu'il faut conforter. Dotées d'une histoire, d'un patrimoine, d'un potentiel industriel et rural, d'un fort potentiel humain, puisque 20 % de la population française y résident, et créatrices de richesse (80 % du PIB proviennent des villes, métropoles et villes moyennes), les villes moyennes jouent un rôle de premier plan entre le monde urbain et le monde rural.
Elles ont donc vocation à être des forces d'entraînement pour l'ensemble des territoires et à stimuler la croissance économique. Je souhaite les aider à renforcer leur rayonnement par rapport au territoire qui les entoure, par des actions fortes et ciblées.
Je pense notamment au nouvel appel à projets pour les pôles d'excellence rurale, annoncé par le Premier ministre, François FILLON mardi dernier, lors d'un déplacement à Sauveterre de Guyenne. Les villes moyennes de moins de 30 000 habitants sont parfaitement éligibles à ce dispositif qui vise à promouvoir une meilleure articulation entre les espaces.
Evidemment les actions en faveur des villes moyennes ne peuvent pas être identiques. Car les situations sont différentes en fonction des territoires et des régions dans lesquelles elles se situent, que ce soit en termes de démographie, d'activité économique, de gouvernance... Les villes du Nord-Est doivent souvent faire face à un déclin de leur population, celles du Sud-Ouest bénéficient au contraire d'une croissance démographique importante.
De la même manière, les dynamiques métropolitaines ou le renouveau des espaces ruraux environnants n'ont pas les mêmes effets selon les villes concernées.
Les situations d'Albi ou de Compiègne, par exemple, ne sont pas comparables à celles de Rodez, Arras ou Mont-de-Marsan.
C'est dans cet esprit que l'expérimentation « 20 villes moyennes témoins » a été lancée par la DIACT en avril 2007.
Cette expérimentation, dédiée aux villes moyennes et à leur agglomération, a reposé sur un dialogue nourri entre l'Etat, les collectivités territoriales et les opérateurs, au plus près du terrain, sur la base d'une confrontation de diagnostic pour 4 politiques sectorielles majeures : la santé, l'enseignement supérieur, l'accessibilité et le renouvellement urbain.
Ce dialogue et cet échange de vues ont permis de restituer des 1res expériences dont il faudra tirer les enseignements. Je remercie, à ce titre, les maires des villes et les présidents d'agglomération qui se sont portés volontaires à l'expérimentation ; je pense en particulier à Brigitte Barège à Montauban, Serge Lepeltier à Bourges, Philippe Bonnecarrère à Albi, Michel Apchin à Saumur, Frédéric Cuvillier à Boulogne sur Mer ou Christian Grimbert à Creil.
Toutes ces expérimentations ne sont pas encore terminées et je souhaite qu'on accélère les travaux.
Les tables rondes d'aujourd'hui ont porté sur l'accessibilité des villes moyennes et le renouvellement urbain, principalement dans les quartiers de la gare.
L'évolution des pratiques et des modes de déplacements a élargi les limites urbaines et régionales, l'amélioration de l'accessibilité doit aussi être une chance pour les villes moyennes tout en veillant à ce qu'elles proposent une offre de services attractive en qualité et en quantité. Comment y parvenir ?
L'expérimentation au Puy en Velay est porteuse d'enseignements, sur la manière dont l'agglomération du Puy, qui s'intègre progressivement dans l'aire métropolitaine Lyon/Saint-Etienne, cherche à attirer des habitants les plus éloignés par une offre territoriale touristique et culturelle adaptée et spécialisée, par l'amélioration des liaisons des transports collectifs entre les 2 régions (Auvergne et Rhône Alpes) et avec l'extérieur.
Montauban est un autre exemple tout aussi intéressant. La ligne TGV Bordeaux-Toulouse la placera à 1 heure de Bordeaux et à 3 heures de Paris.
Brigitte Barèges compte s'appuyer sur ce grand projet pour conforter le rayonnement de sa ville et construire son projet de développement urbain autour d'une nouvelle gare.
Ces 2 exemples soulignent que si les infrastructures de transports peuvent participer au rayonnement des villes moyennes, nous devons trouver le bon équilibre entre vitesse et desserte, optimiser la fréquence des arrêts dans les gares et de veiller à une bonne articulation des TGV et des trains régionaux.
A ce titre, il est important que le réseau des trains Intercités (Corail, c'est-à-dire interrégionaux) continue de jouer son rôle de desserte des villes moyennes.
Ce réseau a vieilli et c'est un problème qui dure depuis un certain temps. Il faut l'entretenir, le moderniser, pour offrir un mode de transports plus adapté, rendant de vrais services différents du TGV, en répondant aux attentes de nombreux habitants. Ce réseau peut contribuer, en le rénovant, à accroître le rayonnement des villes moyennes, leur lien entre elles et avec les territoires qui les entourent. C'est donc un vrai enjeu d'aménagement du territoire et j'ai proposé, en liaison avec M. PEPY et D. BUSSEREAU, que l'économie réalisée par la SNCF du fait de la suppression de la taxe professionnelle, soit réutilisée pour moderniser et développer les lignes Intercités.
Au-delà des aspects financiers, c'est aussi la qualité du service, l'articulation des modes de transports (l'intermodalité), l'harmonisation de la billettique qui sont ici en jeu.
Au coeur de l'accessibilité des villes, la gare incarne cette intégration de logiques différentes. Comme le dit si bien Fabienne Keller, « elle est un lieu de croisements, un lieu de vie, dont il convient d'organiser les fonctionnalités, commerciales en particulier, en liaison avec le reste de l'agglomération ».
L'enjeu est double aujourd'hui : il s'agit de repositionner la gare au coeur de la ville en aménageant des liaisons internes avec les autres quartiers et en proposant une offre de services de transports diversifiée et complémentaire.
Le projet de transformation du quartier de la Gare de Gournay-les-Usines dans l'agglomération creilloise en un centre urbain attractif, par une reconquête des friches industrielles et l'amélioration des déplacements inter-quartiers, est un exemple particulièrement intéressant. Le succès d'une telle opération nécessite un partenariat fort.
Les échanges avec la SNCF et RFF doivent être renforcés; aussi je demande à Guillaume PEPY et à Hubert du MESNIL de regarder de près ce projet, essentiel pour le rayonnement de Creil.
Mais au-delà des quartiers gare, c'est du renouvellement urbain des villes moyennes dont il est aussi question. L'ambiance des espaces publics constitue un atout majeur pour attirer puis fixer durablement les habitants.
L'exemple de Lens-Liévin est éclairant. Située dans l'aire métropolitaine lilloise, l'agglomération a fait le choix de redynamiser son tissu urbain et ses espaces périphériques, en s'appuyant sur trois grands projets à vocation sportive et culturelle :
le musée du Louvre à Lens, le pôle d'excellence sportif de Liévin et l'Ecopôle de Loos-en-Gohelle, lieu d'éducation au développement durable situé sur un ancien site minier.
Une des objectifs que nous pouvons rechercher est de s'appuyer sur des équipements ou des événements attachés aux spécificités culturelles ou patrimoniales locales, pour renforcer la centralité et le rayonnement des villes moyennes inscrites dans un large bassin de vie. Dans ce cadre, les villes moyennes pourraient par exemple accueillir certaines pièces des collections des musées qui sont en dépôt et qui ne sont pas exposées. Ce serait aussi une manière de créer l'événement et de renforcer leur attractivité.
Ces propositions sont loin d'être exhaustives, autant d'idées qui montrent que nous ne devons pas opposer le monde rural, les villes moyennes et les métropoles, mais au contraire renforcer leurs atouts respectifs, leur complémentarité, leur interdépendance et leur mise en réseau. Je pourrais dire que la forme urbaine emblématique du monde rural, c'est la ville moyenne, mais ce serait encore trop simpliste.
Je suis donc prêt à engager un groupe de travail avec la Fédération des villes moyennes, y compris en abordant la liaison avec les grandes villes et l'espace rurale, sur la base de projets concrets qui me seraient présentés, car sur ce sujet il n'y a pas de politique unique ni de solution universelle, chaque ville est particulière.
Je suis donc à l'écoute de vos initiatives, vos idées, vos besoins et attentif à vos propositions.
Mon action pour l'aménagement du territoire, je la conçois ainsi, depuis le terrain. Nous devons échanger avec vous, je crois à la réciprocité d'une même démarche qui, en associant une vision ascendante à une vision descendante, participe du même engagement au service de nos concitoyens et des territoires.
L'expérimentation qui nous a rassemblés aujourd'hui a permis de restituer plusieurs témoignages, de construire une série de constats argumentés permettant aux villes moyennes d'accélérer la prise de conscience de leur place et de leurs potentialités.
Je tiens donc à remercier la DIACT et à féliciter les organisateurs de cette journée, ainsi que les collectivités partenaires qui ont participé à cet événement, et je vous donne rendez-vous, dès à présent pour une seconde journée sur les 2 autres thèmes de l'expérimentation, celui de la santé et de l'enseignement supérieur qui seront organisés avant la fin de l'année.
Je vous remercie.
Source http://www.diact.gouv.fr, le 23 septembre 2009