Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi de m'exprimer devant vous.
Un grand plaisir d'être aux côtés de Michel Rocard. Monsieur le Premier ministre, vos derniers travaux ont été cruciaux, sur un sujet épineux. Je veux vous remercier d'avoir au-delà de toute approche partisane fait progresser notre pays.
Un grand plaisir, également, de m'exprimer devant vous. J'ai devant moi des décideurs économiques et d'éminents représentants de la Place financière de Paris convaincus à l'économie verte. Et s'il y en a encore quelques-uns qui demandent à l'être, je ne doute pas qu'ils le seront au terme de ce colloque.
Mesdames, Messieurs,
Il y a un an, nous connaissions l'une des pires crises financières. L'explosion de la bulle immobilière, la contraction du crédit mais également une certaine irresponsabilité financière ont fait vaciller le monde. Si aujourd'hui la crise financière semble jugulée, la page économique n'est pas tournée.
Mais parce qu'elle ne se mesure pas au tableau des valeurs du CAC, la crise écologique, elle, semble s'oublier. Et pourtant, ses signes s'offrent à nos yeux réticents :
- Cette année, l'eau tuera dix fois plus de population que toutes les guerres dans le monde ;
- Depuis le début de mon propos, cinq surfaces forestières de la taille d'un terrain de football ont disparu de la planète ;
- Nous nous préparons à une crise de la biodiversité phénoménale qui se traduira par une profonde crise alimentaire.
Et si nous voulions êtes juste mercantiles, ces désastres écologiques ont un impact économique potentiellement dévastateurs : le rapport Stern évalue, à titre d'exemple, le coût de l'inaction en matière de changement climatique entre 5% et 20% du PIB mondial !
En d'autres termes, cette crise est plus grave car elle touche les fondements même de la croissance et du développement humain.
I. Pourtant, la crise écologique comme la crise financière est une opportunité
Elle nous redonne la liberté de pensée :
- Une opportunité démocratique : face aux défis écologiques et aux changements qu'ils exigent, c'est à la société toute entière de décider des objectifs et des moyens. C'est l'idée même du Grenelle de l'Environnement : désormais, jamais plus une décision écologique ne pourra être prise sans un débat préalable de société.
- Une opportunité politique et - notamment pour la communauté internationale : le temps est venu de reconnaître les biens publics mondiaux et donc la communauté internationale. Nous ne ferons pas l'économie d'une réflexion sur la création d'une Organisation mondiale de l'environnement capable de discuter avec l'OMC.
- Une opportunité économique. Celle de redonner enfin à l'écologie tout sens étymologique : « l'économie de la maison ».
Ne recommençons pas comme hier. Un nouveau modèle naît, c'est notre responsabilité.
A. Opportunité de donner à l'écologie toute sa dimension économique.
Trop longtemps, l'écologie a été vécue comme une négation du développement industriel voire comme le retour vers un âge d'or préindustriel. Une tragique erreur qui nous a fait perdre du temps. Et puis c'est une vision étriquée de l'Histoire. Plus il y a d'hommes, plus nous avons besoin de richesses. C'est pourquoi l'écologie ne peut pas être la justification bien pensante de l'entrave au développement économique, dès lors que celui-ci est maîtrisé dans ses excès.
Nous aurons besoin de progrès technologiques.
A l'inverse, nous ne pouvons pas imaginer résoudre la crise écologique par la seule technologie.
L'exemple de la voiture électrique me conforte dans ce point de vue. Prototype de l'idée évidente, le concept s'est fracassé sur la réalité quotidienne et l'incapacité à mettre en place des infrastructures adaptées. L'absence d'approche globale du projet a été un échec. Nous avons perdu quinze ans. Quinze années que nous allons tenter de rattraper en présentant, dans les prochains jours, un plan ambitieux mais réaliste sur la voiture électrique. Ce n'est pas parce que cela n'a pas marché une première fois que nous devons en abandonner l'idée.
Le renoncement n'est pas une politique en soi. Surtout en matière écologique. Car ne rien faire est criminel : pour nous, nos enfants et l'idée que l'on se fait du génie humain et du progrès. L'Homme n'est pas né pour subir mais pour faire.
B. L'écologie, un moteur durable de croissance
L'équation qui est devant nous est sans inconnue : l'Humanité n'a de cesse de croître. Il y aura de plus en plus d'Hommes et de moins en moins de ressources sur terre.
Cet enjeu de demain est un facteur de la croissance d'aujourd'hui. Quels sont nos moyens d'action ?
Certains ne demandent qu'à être exploités. C'est le recyclage avec la réutilisation systématique de tout bien. Ce sont les technologies qui permettent d'améliorer l'efficacité énergétique de la construction et de la rénovation de bâtiments au secteur automobile. D'autres ne demandent qu'à être développés. C'est l'innovation en matière de conception des produits pour les faire moins lourds, moins consommateurs de ressources naturelles et mieux biodégradables.
C'est la carte de la croissance à venir.
Dès aujourd'hui, la France a décidé d'investir, en particulier, sur trois grandes catégories d'investissements :
- les économies d'énergie ;
- la gestion de l'eau et le traitement des déchets ;
- le développement des techniques de production d'énergie sobres en carbone. A ce titre, le Président de la République a décidé de porter l'effort de recherche sur les énergies renouvelables à 400 millions d'euros par an.
Ces orientations sont au coeur du Grenelle. Dans les dix prochaines années, ses programmes permettront de générer un niveau d'activité de 450 milliards d'euros et de créer 600.000 emplois supplémentaires - quel que soit le niveau de qualification. En consolidant le modèle économique du Grenelle et les dépenses vertes du plan de relance, la France consacre 18 milliards d'euros de crédits publics pour la seule période 2009-2010.
Je suis convaincue que les valeurs du monde à venir sont différentes, radicalement différentes.
Aujourd'hui, le PIB nous aveugle. Il faut revoir nos indicateurs.
C'est tout le sens des conclusions de la Commission Stiglizt remises la semaine dernière au Président de la République. Ce rapport est tout sauf un rapport de plus. Son enjeu n'est pas nul. La France doit se saisir de ses conclusions. Elle les portera au niveau international afin d'intégrer dans le PIB véritable étalon des Nations, malheureusement les indices et les critères qui chiffreront la valeur des richesses de demain.
II. Une opportunité : ça se saisit...
Mesdames, Messieurs,
Nous ne sommes pas les seuls au monde...
Selon une récente étude du Programme des Nations Unies pour l'environnement, les dépenses vertes sont un moteur de croissance. Ainsi, d'ici 2020, le marché mondial des produits et services liés à l'environnement devrait doubler et atteindre plus de 2700 milliards de dollars par an (Etude PNUE, Avril 2009). En particulier, le marché des éco-industries devrait lui aussi doubler dans les dix prochaines années.
C'est un potentiel de croissance extraordinaire. C'est une manne verte qui aiguise tous les appétits de nos concurrents.
Le train de la croissance verte va donc passer ; l'essentiel est de ne pas rester sur le quai... Cela exige un effort d'accompagnement et de financement.
A. Accompagner la croissance verte.
Pour livrer tout son potentiel, la croissance verte nécessite un accompagnement structurel. Les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités.
Ainsi, pour faire de la France un pays leader dans le domaine des éco-activités, nous avons installé, il y a plus d'un an, le comité d'orientation stratégique des éco-industries. L'objectif de ce partenariat public-privé est d'identifier les enjeux et les priorités des éco-industries. D'ores-et-déjà, une série d'actions en faveur d'une meilleure connaissance du secteur, du soutien à l'innovation, de la compétitivité des entreprises, notamment des PME et de la formation, a été arrêtée dans le cadre du plan Eco-tech 2012.
Mais prendre le train de la croissance verte, c'est aussi permettre à nos entreprises de disposer des moyens humains pour investir ces nouveaux marchés. C'est un défi majeur pour notre appareil de formation.
Tel est l'objectif du Plan sur lequel travaille ma collègue Valérie Létard. Présenté avant la fin de l'année, ce plan s'articulera autour de quatre axes majeurs :
- l'identification des métiers concernés,
- la définition des besoins en formation,
- le recrutement,
- la valorisation des métiers de la croissance verte.
Par ailleurs, vous savez que le Président de la République veut mettre la croissance verte au coeur du Grand emprunt.
Mais naturellement, Mesdames, Messieurs, pas de finance = pas de croissance verte.
La filière verte est naissante. A nous, à vous, de la consolider.
Pour ce faire, il faut certes des investissements publics, notamment sur les infrastructures.
Mais la croissance verte a davantage besoin d'investissements privés qu'une politique keynésienne classique.
Son financement pose donc d'emblée la question de sa répartition entre financement public et privé.
Les pouvoirs publics ont certes un rôle fondamental. D'ailleurs, de nombreux outils sont déjà à disposition : le soutien à la recherche, le soutien aux entreprises innovantes, le soutien à la création d'entreprises, le soutien par la commande publique ou les incitations fiscales, le développement de pôles de compétitivité.
Mais, pour accroître l'efficacité de ces outils, ils doivent être complétés par des financements privés, et notamment bancaires. Votre rôle est essentiel. Il est de votre responsabilité d'irriguer ces filières de vos financements autant, si ce n'est davantage que les secteurs de l'économie traditionnelle.
Les dispositifs existent, notamment en faveur des particuliers. Je pense notamment à l'éco-prêt à taux zéro qui rencontre un véritable succès - 30 000 prêts.
Mais c'est sur le financement des entreprises innovantes en matière de développement durable que je vous demande un effort. L'écologie, plus que beaucoup d'autres secteurs, est un puits sans fond de l'innovation. De part mes fonctions, je suis amenée, quotidiennement, à rencontrer des chefs d'entreprises ou à visiter de toutes petites entreprises qui exaltent le génie inventif. Mais ces pépites d'innovation se heurtent, encore, parfois, trop souvent, à la frilosité bancaire. Je vais prendre un exemple : une papeterie qui ferme. L'outil industriel pouvait être réutilisé pour faire des isolants. Nous n'avons jamais trouvé les financements.
J'ai conscience qu'il y a un risque à financer de telles initiatives. Mais nombre de grands projets qui ont révolutionné le 19ème ou le 20ème siècle n'auraient jamais vu le jour si vos prédécesseurs n'avaient osé prendre de risques... Et des risques, vous savez en prendre !
Osez et innovez, Mesdames et Messieurs... Osez sélectionner des projets novateurs en matière de développement durable en vous fondant aussi sur la capacité de leurs promoteurs à les conduire. Innovez dans la conception de nouveaux produits adaptés aux attentes de vos clients.
Mesdames, Messieurs,
J'ai besoin de vous pour faire naître ce nouveau modèle.
La France a pris ses responsabilités en engageant une profonde mutation de sa société du carbone.
Cette évolution doit nous permettre de laisser vivable la planète à ceux qui nous succéderont. C'est notre devoir moral. Mais nous pouvons faire de cette évolution une source d'oxygène pour notre économie. C'est une responsabilité collective.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 23 septembre 2009
C'est un grand plaisir pour moi de m'exprimer devant vous.
Un grand plaisir d'être aux côtés de Michel Rocard. Monsieur le Premier ministre, vos derniers travaux ont été cruciaux, sur un sujet épineux. Je veux vous remercier d'avoir au-delà de toute approche partisane fait progresser notre pays.
Un grand plaisir, également, de m'exprimer devant vous. J'ai devant moi des décideurs économiques et d'éminents représentants de la Place financière de Paris convaincus à l'économie verte. Et s'il y en a encore quelques-uns qui demandent à l'être, je ne doute pas qu'ils le seront au terme de ce colloque.
Mesdames, Messieurs,
Il y a un an, nous connaissions l'une des pires crises financières. L'explosion de la bulle immobilière, la contraction du crédit mais également une certaine irresponsabilité financière ont fait vaciller le monde. Si aujourd'hui la crise financière semble jugulée, la page économique n'est pas tournée.
Mais parce qu'elle ne se mesure pas au tableau des valeurs du CAC, la crise écologique, elle, semble s'oublier. Et pourtant, ses signes s'offrent à nos yeux réticents :
- Cette année, l'eau tuera dix fois plus de population que toutes les guerres dans le monde ;
- Depuis le début de mon propos, cinq surfaces forestières de la taille d'un terrain de football ont disparu de la planète ;
- Nous nous préparons à une crise de la biodiversité phénoménale qui se traduira par une profonde crise alimentaire.
Et si nous voulions êtes juste mercantiles, ces désastres écologiques ont un impact économique potentiellement dévastateurs : le rapport Stern évalue, à titre d'exemple, le coût de l'inaction en matière de changement climatique entre 5% et 20% du PIB mondial !
En d'autres termes, cette crise est plus grave car elle touche les fondements même de la croissance et du développement humain.
I. Pourtant, la crise écologique comme la crise financière est une opportunité
Elle nous redonne la liberté de pensée :
- Une opportunité démocratique : face aux défis écologiques et aux changements qu'ils exigent, c'est à la société toute entière de décider des objectifs et des moyens. C'est l'idée même du Grenelle de l'Environnement : désormais, jamais plus une décision écologique ne pourra être prise sans un débat préalable de société.
- Une opportunité politique et - notamment pour la communauté internationale : le temps est venu de reconnaître les biens publics mondiaux et donc la communauté internationale. Nous ne ferons pas l'économie d'une réflexion sur la création d'une Organisation mondiale de l'environnement capable de discuter avec l'OMC.
- Une opportunité économique. Celle de redonner enfin à l'écologie tout sens étymologique : « l'économie de la maison ».
Ne recommençons pas comme hier. Un nouveau modèle naît, c'est notre responsabilité.
A. Opportunité de donner à l'écologie toute sa dimension économique.
Trop longtemps, l'écologie a été vécue comme une négation du développement industriel voire comme le retour vers un âge d'or préindustriel. Une tragique erreur qui nous a fait perdre du temps. Et puis c'est une vision étriquée de l'Histoire. Plus il y a d'hommes, plus nous avons besoin de richesses. C'est pourquoi l'écologie ne peut pas être la justification bien pensante de l'entrave au développement économique, dès lors que celui-ci est maîtrisé dans ses excès.
Nous aurons besoin de progrès technologiques.
A l'inverse, nous ne pouvons pas imaginer résoudre la crise écologique par la seule technologie.
L'exemple de la voiture électrique me conforte dans ce point de vue. Prototype de l'idée évidente, le concept s'est fracassé sur la réalité quotidienne et l'incapacité à mettre en place des infrastructures adaptées. L'absence d'approche globale du projet a été un échec. Nous avons perdu quinze ans. Quinze années que nous allons tenter de rattraper en présentant, dans les prochains jours, un plan ambitieux mais réaliste sur la voiture électrique. Ce n'est pas parce que cela n'a pas marché une première fois que nous devons en abandonner l'idée.
Le renoncement n'est pas une politique en soi. Surtout en matière écologique. Car ne rien faire est criminel : pour nous, nos enfants et l'idée que l'on se fait du génie humain et du progrès. L'Homme n'est pas né pour subir mais pour faire.
B. L'écologie, un moteur durable de croissance
L'équation qui est devant nous est sans inconnue : l'Humanité n'a de cesse de croître. Il y aura de plus en plus d'Hommes et de moins en moins de ressources sur terre.
Cet enjeu de demain est un facteur de la croissance d'aujourd'hui. Quels sont nos moyens d'action ?
Certains ne demandent qu'à être exploités. C'est le recyclage avec la réutilisation systématique de tout bien. Ce sont les technologies qui permettent d'améliorer l'efficacité énergétique de la construction et de la rénovation de bâtiments au secteur automobile. D'autres ne demandent qu'à être développés. C'est l'innovation en matière de conception des produits pour les faire moins lourds, moins consommateurs de ressources naturelles et mieux biodégradables.
C'est la carte de la croissance à venir.
Dès aujourd'hui, la France a décidé d'investir, en particulier, sur trois grandes catégories d'investissements :
- les économies d'énergie ;
- la gestion de l'eau et le traitement des déchets ;
- le développement des techniques de production d'énergie sobres en carbone. A ce titre, le Président de la République a décidé de porter l'effort de recherche sur les énergies renouvelables à 400 millions d'euros par an.
Ces orientations sont au coeur du Grenelle. Dans les dix prochaines années, ses programmes permettront de générer un niveau d'activité de 450 milliards d'euros et de créer 600.000 emplois supplémentaires - quel que soit le niveau de qualification. En consolidant le modèle économique du Grenelle et les dépenses vertes du plan de relance, la France consacre 18 milliards d'euros de crédits publics pour la seule période 2009-2010.
Je suis convaincue que les valeurs du monde à venir sont différentes, radicalement différentes.
Aujourd'hui, le PIB nous aveugle. Il faut revoir nos indicateurs.
C'est tout le sens des conclusions de la Commission Stiglizt remises la semaine dernière au Président de la République. Ce rapport est tout sauf un rapport de plus. Son enjeu n'est pas nul. La France doit se saisir de ses conclusions. Elle les portera au niveau international afin d'intégrer dans le PIB véritable étalon des Nations, malheureusement les indices et les critères qui chiffreront la valeur des richesses de demain.
II. Une opportunité : ça se saisit...
Mesdames, Messieurs,
Nous ne sommes pas les seuls au monde...
Selon une récente étude du Programme des Nations Unies pour l'environnement, les dépenses vertes sont un moteur de croissance. Ainsi, d'ici 2020, le marché mondial des produits et services liés à l'environnement devrait doubler et atteindre plus de 2700 milliards de dollars par an (Etude PNUE, Avril 2009). En particulier, le marché des éco-industries devrait lui aussi doubler dans les dix prochaines années.
C'est un potentiel de croissance extraordinaire. C'est une manne verte qui aiguise tous les appétits de nos concurrents.
Le train de la croissance verte va donc passer ; l'essentiel est de ne pas rester sur le quai... Cela exige un effort d'accompagnement et de financement.
A. Accompagner la croissance verte.
Pour livrer tout son potentiel, la croissance verte nécessite un accompagnement structurel. Les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités.
Ainsi, pour faire de la France un pays leader dans le domaine des éco-activités, nous avons installé, il y a plus d'un an, le comité d'orientation stratégique des éco-industries. L'objectif de ce partenariat public-privé est d'identifier les enjeux et les priorités des éco-industries. D'ores-et-déjà, une série d'actions en faveur d'une meilleure connaissance du secteur, du soutien à l'innovation, de la compétitivité des entreprises, notamment des PME et de la formation, a été arrêtée dans le cadre du plan Eco-tech 2012.
Mais prendre le train de la croissance verte, c'est aussi permettre à nos entreprises de disposer des moyens humains pour investir ces nouveaux marchés. C'est un défi majeur pour notre appareil de formation.
Tel est l'objectif du Plan sur lequel travaille ma collègue Valérie Létard. Présenté avant la fin de l'année, ce plan s'articulera autour de quatre axes majeurs :
- l'identification des métiers concernés,
- la définition des besoins en formation,
- le recrutement,
- la valorisation des métiers de la croissance verte.
Par ailleurs, vous savez que le Président de la République veut mettre la croissance verte au coeur du Grand emprunt.
Mais naturellement, Mesdames, Messieurs, pas de finance = pas de croissance verte.
La filière verte est naissante. A nous, à vous, de la consolider.
Pour ce faire, il faut certes des investissements publics, notamment sur les infrastructures.
Mais la croissance verte a davantage besoin d'investissements privés qu'une politique keynésienne classique.
Son financement pose donc d'emblée la question de sa répartition entre financement public et privé.
Les pouvoirs publics ont certes un rôle fondamental. D'ailleurs, de nombreux outils sont déjà à disposition : le soutien à la recherche, le soutien aux entreprises innovantes, le soutien à la création d'entreprises, le soutien par la commande publique ou les incitations fiscales, le développement de pôles de compétitivité.
Mais, pour accroître l'efficacité de ces outils, ils doivent être complétés par des financements privés, et notamment bancaires. Votre rôle est essentiel. Il est de votre responsabilité d'irriguer ces filières de vos financements autant, si ce n'est davantage que les secteurs de l'économie traditionnelle.
Les dispositifs existent, notamment en faveur des particuliers. Je pense notamment à l'éco-prêt à taux zéro qui rencontre un véritable succès - 30 000 prêts.
Mais c'est sur le financement des entreprises innovantes en matière de développement durable que je vous demande un effort. L'écologie, plus que beaucoup d'autres secteurs, est un puits sans fond de l'innovation. De part mes fonctions, je suis amenée, quotidiennement, à rencontrer des chefs d'entreprises ou à visiter de toutes petites entreprises qui exaltent le génie inventif. Mais ces pépites d'innovation se heurtent, encore, parfois, trop souvent, à la frilosité bancaire. Je vais prendre un exemple : une papeterie qui ferme. L'outil industriel pouvait être réutilisé pour faire des isolants. Nous n'avons jamais trouvé les financements.
J'ai conscience qu'il y a un risque à financer de telles initiatives. Mais nombre de grands projets qui ont révolutionné le 19ème ou le 20ème siècle n'auraient jamais vu le jour si vos prédécesseurs n'avaient osé prendre de risques... Et des risques, vous savez en prendre !
Osez et innovez, Mesdames et Messieurs... Osez sélectionner des projets novateurs en matière de développement durable en vous fondant aussi sur la capacité de leurs promoteurs à les conduire. Innovez dans la conception de nouveaux produits adaptés aux attentes de vos clients.
Mesdames, Messieurs,
J'ai besoin de vous pour faire naître ce nouveau modèle.
La France a pris ses responsabilités en engageant une profonde mutation de sa société du carbone.
Cette évolution doit nous permettre de laisser vivable la planète à ceux qui nous succéderont. C'est notre devoir moral. Mais nous pouvons faire de cette évolution une source d'oxygène pour notre économie. C'est une responsabilité collective.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 23 septembre 2009